La neutralité, la laïcité et l'islamophobie
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Re: La neutralité, la laïcité et l'islamophobie
Oui, je n'avais pas pensé à ceux là, mais ils continuent à mentir ou même à se mentir à eux-mêmes pour manger, certes et surtout être quelqu'un aux yeux des autres.Spin a écrit:
Je ne sais pas si "ceux qui ont le pouvoir" croient ou non. Après, je parle aussi des modestes imams de quartiers ou de villages, dont c'est le gagne-pain et la raison de vivre.
gad- Messages : 993
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Re: La neutralité, la laïcité et l'islamophobie
bon je vais définir un peu ma position.
J'ai rencontré l'islam de deux façons, la première en voyageant dans les pays musulmans, ou j'ai rencontré à la fois des êtres et des lieux, architecture, paysages etc Maghreb, plusieurs fois, et entre temps, stop jusqu'en Afghanistan (pour donner un repère, avant l'invasion des Russes, époque hyppie, fumette, libération des moeurs etc).
Deuxièmement après la lecture de Guénon et la recherche d'une voie spirituelle (voie intérieure qui dois s'accompagner des pratiques extérieures), la lecture n'a pas été seule et elle est insuffisante, là aussi interviennent des rencontres.
L'avis de Guénon est évident : l'islam fait partie des religions régulières, chaque religion est une adaptation aux temps et aux lieux, l'islam est la dernière tradition révélée (c'est aussi ce que dit la doctrine islamique, l'exclusivité de chaque forme et sa tendance dominatrice, ses justifications relatives et ses limites, tout ça fait également partie des développements doctrinaux exposés par d'autres intellectuels apparus à la suite de Guénon, le rôle particulier de l'islam dans cet ensemble a également été étudié, avec des divergences selon les auteurs, mais aucun ne remettant en cause la légitimité de l'islam).
Je ne vais pas entrer dans les détails doctrinaux, mais j'ai suffisamment étudié la gnose islamique, pour dire qu'il n'y a aucune contradiction avec la gnose de l'hindouisme et du taoïsme, judaïsme, de la gnose tout court, et qu'entre initiés des différentes formes il y a un langage commun derrière les divergences extérieures.
J'ai rencontré aussi bien en islam qu'ailleurs des êtres réalisés et lumineux, qu'il n'y a aucune contradiction pour eux entre soufis, yogis, taoïstes etc que l'oeuvre de Guénon est un instrument incomparable pour comprendre les liens profonds entre les divers ésotérismes, et avec les formes occidentales comme la Franc-Maçonnerie .
Je ne dis pas qu'il y a énormément de problèmes dans le contact avec l'Occident, mais ça demanderait d'autres développements.
En ce moment je me concentre plus sur le taoïsme et j'apprends le chinois, je suis aussi en train de lire un pavé de plus de mille pages du prix Nobel Olga Tokarczuk qui se passe dans le monde juif/catholique/orthodoxe d'Europe de l'Est avec l'histoire du prétendu Messie Sabbataï Tsevi qui a du se convertir à l'islam, mais on ne sait pas trop il a peut-être gardé les pratiques juives en secret ou bien il avait compris l'unité des formes.
"Sabbataï Tsevi eut par la suite une attitude ambiguë, justifiant sa conversion par un ordre divin, mais conservant certaines pratiques juives et kabbalistes (voir marranisme) qui lui vaudront finalement son exil. "
Wikipedia
J'ai rencontré l'islam de deux façons, la première en voyageant dans les pays musulmans, ou j'ai rencontré à la fois des êtres et des lieux, architecture, paysages etc Maghreb, plusieurs fois, et entre temps, stop jusqu'en Afghanistan (pour donner un repère, avant l'invasion des Russes, époque hyppie, fumette, libération des moeurs etc).
Deuxièmement après la lecture de Guénon et la recherche d'une voie spirituelle (voie intérieure qui dois s'accompagner des pratiques extérieures), la lecture n'a pas été seule et elle est insuffisante, là aussi interviennent des rencontres.
L'avis de Guénon est évident : l'islam fait partie des religions régulières, chaque religion est une adaptation aux temps et aux lieux, l'islam est la dernière tradition révélée (c'est aussi ce que dit la doctrine islamique, l'exclusivité de chaque forme et sa tendance dominatrice, ses justifications relatives et ses limites, tout ça fait également partie des développements doctrinaux exposés par d'autres intellectuels apparus à la suite de Guénon, le rôle particulier de l'islam dans cet ensemble a également été étudié, avec des divergences selon les auteurs, mais aucun ne remettant en cause la légitimité de l'islam).
Je ne vais pas entrer dans les détails doctrinaux, mais j'ai suffisamment étudié la gnose islamique, pour dire qu'il n'y a aucune contradiction avec la gnose de l'hindouisme et du taoïsme, judaïsme, de la gnose tout court, et qu'entre initiés des différentes formes il y a un langage commun derrière les divergences extérieures.
J'ai rencontré aussi bien en islam qu'ailleurs des êtres réalisés et lumineux, qu'il n'y a aucune contradiction pour eux entre soufis, yogis, taoïstes etc que l'oeuvre de Guénon est un instrument incomparable pour comprendre les liens profonds entre les divers ésotérismes, et avec les formes occidentales comme la Franc-Maçonnerie .
Je ne dis pas qu'il y a énormément de problèmes dans le contact avec l'Occident, mais ça demanderait d'autres développements.
En ce moment je me concentre plus sur le taoïsme et j'apprends le chinois, je suis aussi en train de lire un pavé de plus de mille pages du prix Nobel Olga Tokarczuk qui se passe dans le monde juif/catholique/orthodoxe d'Europe de l'Est avec l'histoire du prétendu Messie Sabbataï Tsevi qui a du se convertir à l'islam, mais on ne sait pas trop il a peut-être gardé les pratiques juives en secret ou bien il avait compris l'unité des formes.
"Sabbataï Tsevi eut par la suite une attitude ambiguë, justifiant sa conversion par un ordre divin, mais conservant certaines pratiques juives et kabbalistes (voir marranisme) qui lui vaudront finalement son exil. "
Wikipedia
DenisLouis- Messages : 1062
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Re: La neutralité, la laïcité et l'islamophobie
Guénon s'est fait musulman est a été intégré comme tel dans l'Oumma. Mais qu'y représente-t-il vraiment ? Quelle y est son influence ? Et donc, est-ce qu'il apporte des raisons particulières d'ignorer, rejeter, censurer, les critiques fondamentales de l'Islam ?DenisLouis a écrit:L'avis de Guénon est évident : l'islam fait partie des religions régulières, chaque religion est une adaptation aux temps et aux lieux, l'islam est la dernière tradition révélée (c'est aussi ce que dit la doctrine islamique, l'exclusivité de chaque forme et sa tendance dominatrice, ses justifications relatives et ses limites, tout ça fait également partie des développements doctrinaux exposés par d'autres intellectuels apparus à la suite de Guénon, le rôle particulier de l'islam dans cet ensemble a également été étudié, avec des divergences selon les auteurs, mais aucun ne remettant en cause la légitimité de l'islam).
Je ne vois pas bien ce que signifie "légitimité de l'Islam".
Re: La neutralité, la laïcité et l'islamophobie
Ca dépend de ce que tu considères comme représentatif. L'ésotérisme n'est pas majoritaire, mais de mon point de vue c'est ce qui est important. C'est pour cela que j'ai mentionné un peu d'où je parlais.
La légitimité, là encore on est obligé de faire intervenir une notion d'autorité, de foi si l'on veut, c'est l'idée, explicitée dans l'islam, et actualisée pour le monde moderne et l'Occident par Guénon (et Schuon entre autres même si il y a des divergences de points de vues) , que toutes les traditions principales relèvent d'une autorité unique, primordiale, et qu'elles sont des adaptations aux lieux, aux temps, aux mentalités.
Je ne rentre pas dans le détail des critiques, non que je pense que cela soit impossible, mais parce que cela n'appartient pas à mon emploi du temps en priorité, et qu'il y a des spécialistes.
La légitimité, là encore on est obligé de faire intervenir une notion d'autorité, de foi si l'on veut, c'est l'idée, explicitée dans l'islam, et actualisée pour le monde moderne et l'Occident par Guénon (et Schuon entre autres même si il y a des divergences de points de vues) , que toutes les traditions principales relèvent d'une autorité unique, primordiale, et qu'elles sont des adaptations aux lieux, aux temps, aux mentalités.
Je ne rentre pas dans le détail des critiques, non que je pense que cela soit impossible, mais parce que cela n'appartient pas à mon emploi du temps en priorité, et qu'il y a des spécialistes.
DenisLouis- Messages : 1062
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Re: La neutralité, la laïcité et l'islamophobie
Je reviens sur les imâms parce qu'il y a des conceptions un peu imaginaires.
Le rôle d'un imâm n'est pas celui d'un prêtre, il n'appartient pas à une hiérarchie. Ce serait plutôt comparable à un rabbin dans la mesure où il est choisi librement par une communauté.
Quel est son rôle ? La définition la plus étroite, c'est juste celui qui dirige la prière, même une seule prière collective aura un imâm qui ne sera pas forcement le même dans une autre prière. Même pour deux, il y en a un qui fera l'imâm, c'est à dire prononcera les paroles en premier et fera les gestes en premier.
Plus largement c'est celui qui dirige la prière du vendredi et qui fait le prône. Ce qui suppose quelques connaissances.
Mais tout ça est variable, on peut être imâm de 10, de 100, d'une ville et chacun peut aller un jour à une mosquée ou à une autre.
Ce n'est pas non plus obligatoirement une profession, même si dans les pays musulmans c'est le cas, ce qui n'empêche pas qu'il y ait des imâms bénévoles, soit ponctuellement, soit pour des petits groupes. Idem en France, ils peuvent être des retraités dans une petite mosquée, un étudiant, un travailleur immigré malaisien ou un étudiant pour un ou quelques jours, des imâms payés par un pays étranger ou rétribués en partie ou totalement par les fidèles.
Le rôle d'un imâm n'est pas celui d'un prêtre, il n'appartient pas à une hiérarchie. Ce serait plutôt comparable à un rabbin dans la mesure où il est choisi librement par une communauté.
Quel est son rôle ? La définition la plus étroite, c'est juste celui qui dirige la prière, même une seule prière collective aura un imâm qui ne sera pas forcement le même dans une autre prière. Même pour deux, il y en a un qui fera l'imâm, c'est à dire prononcera les paroles en premier et fera les gestes en premier.
Plus largement c'est celui qui dirige la prière du vendredi et qui fait le prône. Ce qui suppose quelques connaissances.
Mais tout ça est variable, on peut être imâm de 10, de 100, d'une ville et chacun peut aller un jour à une mosquée ou à une autre.
Ce n'est pas non plus obligatoirement une profession, même si dans les pays musulmans c'est le cas, ce qui n'empêche pas qu'il y ait des imâms bénévoles, soit ponctuellement, soit pour des petits groupes. Idem en France, ils peuvent être des retraités dans une petite mosquée, un étudiant, un travailleur immigré malaisien ou un étudiant pour un ou quelques jours, des imâms payés par un pays étranger ou rétribués en partie ou totalement par les fidèles.
DenisLouis- Messages : 1062
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Re: La neutralité, la laïcité et l'islamophobie
Guénon ne s'est pas "fait musulman" et a déclaré qu'un être ayant atteint un certain état ne peut être converti à quoi que ce soit.
Une autre manière, pas la seule, de voir les choses, c'est de savoir que les "Rose-Croix", c'est à dire les êtres conscients de l'unité des religions et en ayant réalisé en eux-même le constat, adoptent la religion du pays dans lequel ils vivent. Au départ il n'était pas parti pour rester, mais les circonstances en ont décidé autrement.
En fait son initiation au soufisme aurait eu lieu en Europe, par l'intermédiaire du peintre suédois Aguéli, lequel était disciple du sheikh égyptien Elîsh El-Kebîr, Aguéli lui-même serait devenu musulman à la suite d'une vision d'Ibn Arabi.
Mais, tant qu'il était en Europe, Guénon est resté chrétien au moins formellement, il avait aussi déjà des contacts avec l'hindouisme et le taoïsme (pour ce dernier par l'intermédiaire d'un administrateur français au Viet-Nam, pour l'hindouisme les intermédiaires humains ne sont pas connus, tout ce qu'on sait c'est qu'il était connu en Inde par Ramana Maharshi par ex).
Une autre manière, pas la seule, de voir les choses, c'est de savoir que les "Rose-Croix", c'est à dire les êtres conscients de l'unité des religions et en ayant réalisé en eux-même le constat, adoptent la religion du pays dans lequel ils vivent. Au départ il n'était pas parti pour rester, mais les circonstances en ont décidé autrement.
En fait son initiation au soufisme aurait eu lieu en Europe, par l'intermédiaire du peintre suédois Aguéli, lequel était disciple du sheikh égyptien Elîsh El-Kebîr, Aguéli lui-même serait devenu musulman à la suite d'une vision d'Ibn Arabi.
Mais, tant qu'il était en Europe, Guénon est resté chrétien au moins formellement, il avait aussi déjà des contacts avec l'hindouisme et le taoïsme (pour ce dernier par l'intermédiaire d'un administrateur français au Viet-Nam, pour l'hindouisme les intermédiaires humains ne sont pas connus, tout ce qu'on sait c'est qu'il était connu en Inde par Ramana Maharshi par ex).
DenisLouis- Messages : 1062
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Re: La neutralité, la laïcité et l'islamophobie
Merci, c'est intéressant, mais alors on n'est plus dans le sujet.DenisLouis a écrit:Guénon ne s'est pas "fait musulman" et a déclaré qu'un être ayant atteint un certain état ne peut être converti à quoi que ce soit.
Une autre manière, pas la seule, de voir les choses, c'est de savoir que les "Rose-Croix", c'est à dire les êtres conscients de l'unité des religions et en ayant réalisé en eux-même le constat, adoptent la religion du pays dans lequel ils vivent. Au départ il n'était pas parti pour rester, mais les circonstances en ont décidé autrement.
En fait son initiation au soufisme aurait eu lieu en Europe, par l'intermédiaire du peintre suédois Aguéli, lequel était disciple du sheikh égyptien Elîsh El-Kebîr, Aguéli lui-même serait devenu musulman à la suite d'une vision d'Ibn Arabi.
Mais, tant qu'il était en Europe, Guénon est resté chrétien au moins formellement, il avait aussi déjà des contacts avec l'hindouisme et le taoïsme (pour ce dernier par l'intermédiaire d'un administrateur français au Viet-Nam, pour l'hindouisme les intermédiaires humains ne sont pas connus, tout ce qu'on sait c'est qu'il était connu en Inde par Ramana Maharshi par ex).
Re: La neutralité, la laïcité et l'islamophobie
Bonsoir DenisLouis,
à quoi te réfères-tu avec ces "Rose-Croix" ? Merci pour ta réponse !
à quoi te réfères-tu avec ces "Rose-Croix" ? Merci pour ta réponse !
Une autre manière, pas la seule, de voir les choses, c'est de savoir que les "Rose-Croix", c'est à dire les êtres conscients de l'unité des religions et en ayant réalisé en eux-même le constat, adoptent la religion du pays dans lequel ils vivent.
Jans- Messages : 3566
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Re: La neutralité, la laïcité et l'islamophobie
Il y a :
*les Rose-Croix historiques (RosenKreuz),
https://fr.wikipedia.org/wiki/Christian_Rosenkreutz,
*les grades maçonniques,
*les différents mouvements rosicruciens,
là je parlais plutôt de l'état :
"La distinction que nous indiquons est loin de se réduire à une simple question de terminologie, et elle se rattache en réalité à quelque chose qui est d’un ordre beaucoup plus profond, puisque le terme de Rose-Croix est proprement, comme nous l’avons expliqué, la désignation d’un degré initiatique effectif...
Il marque donc très exactement la restauration de l’« état primordial », ou, ce qui revient au même, l’achèvement de l’initiation aux « petits mystères ». " ("Aperçus sur l'initiation").
*Petits mystères (il emploie la terminologie de l'antiquité classique) : état primordial, adamique, centre de l'état humain.
*Grands mystères : les états supra humains.
Il emploie la terminologie des mystères de l'antiquité grecque, mais par ex dans "La Grande Triade" il montre qu'il y a l'exact équivalent dans le taoïsme, "homme véritable" et "homme transcendant", de même en islam "homme parfait" et "homme universel".
Ou encore lié au symbolisme de la croix, "petits mystères"= branche horizontale ou surface horizontale jusqu'au centre, "grands mystères" = axe vertical.
*les Rose-Croix historiques (RosenKreuz),
https://fr.wikipedia.org/wiki/Christian_Rosenkreutz,
*les grades maçonniques,
*les différents mouvements rosicruciens,
là je parlais plutôt de l'état :
"La distinction que nous indiquons est loin de se réduire à une simple question de terminologie, et elle se rattache en réalité à quelque chose qui est d’un ordre beaucoup plus profond, puisque le terme de Rose-Croix est proprement, comme nous l’avons expliqué, la désignation d’un degré initiatique effectif...
Il marque donc très exactement la restauration de l’« état primordial », ou, ce qui revient au même, l’achèvement de l’initiation aux « petits mystères ». " ("Aperçus sur l'initiation").
*Petits mystères (il emploie la terminologie de l'antiquité classique) : état primordial, adamique, centre de l'état humain.
*Grands mystères : les états supra humains.
Il emploie la terminologie des mystères de l'antiquité grecque, mais par ex dans "La Grande Triade" il montre qu'il y a l'exact équivalent dans le taoïsme, "homme véritable" et "homme transcendant", de même en islam "homme parfait" et "homme universel".
Ou encore lié au symbolisme de la croix, "petits mystères"= branche horizontale ou surface horizontale jusqu'au centre, "grands mystères" = axe vertical.
Dernière édition par DenisLouis le Jeu 26 Nov - 19:11, édité 2 fois
DenisLouis- Messages : 1062
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Re: La neutralité, la laïcité et l'islamophobie
Pour ce qui est de la représentativité du soufisme, ça dépend des pays. Si on entend par représentativité la visibilité extérieure :
-Au Sénégal, c'est relativement important avec le mouridisme, influence économique et politique (les vendeurs d'articles en cuir et de diverses marchandises sur les foires chez nous sont des mourides, fondateur Ahmadou Bamba).
-Au Maghreb avec le "maraboutisme", c'est à dire la dévotion populaire envers les saints, qui sont aussi des maitres avec des voies initiatiques réservées à un plus petit nombre.
-En Inde, Indonésie, Malaisie, influence importante. En Inde il y un voisinage entre hindouisme et islam ésotérique, dans le passé autour des sultans, à l'heure actuelle dans la musique par ex, aussi avec guru Nanak le fondateur du sikhisme.
"Selon Guru Nanak, discuter quels composants de sa croyance proviennent de l'hindouisme, quels sont musulmans, c'est discuter comme un idiot qui cherche quelle religion possède le droit de professer des concepts universels tels que la bonté, la charité, l'honnêteté, la vénération du nom de dieu, le respect des autres."Wiki
-En Egypte c'est aussi le culte populaire des saints, lesquels sont aussi des maitres spirituels comme au Maghreb.
Mais l'influence de l'ésotérisme ce n'est pas principalement sa visibilité extérieure, souvent l'accroissement numérique s'accompagne d'un affaiblissement doctrinal ou de dérives vers la politique.
-Au Sénégal, c'est relativement important avec le mouridisme, influence économique et politique (les vendeurs d'articles en cuir et de diverses marchandises sur les foires chez nous sont des mourides, fondateur Ahmadou Bamba).
-Au Maghreb avec le "maraboutisme", c'est à dire la dévotion populaire envers les saints, qui sont aussi des maitres avec des voies initiatiques réservées à un plus petit nombre.
-En Inde, Indonésie, Malaisie, influence importante. En Inde il y un voisinage entre hindouisme et islam ésotérique, dans le passé autour des sultans, à l'heure actuelle dans la musique par ex, aussi avec guru Nanak le fondateur du sikhisme.
"Selon Guru Nanak, discuter quels composants de sa croyance proviennent de l'hindouisme, quels sont musulmans, c'est discuter comme un idiot qui cherche quelle religion possède le droit de professer des concepts universels tels que la bonté, la charité, l'honnêteté, la vénération du nom de dieu, le respect des autres."Wiki
-En Egypte c'est aussi le culte populaire des saints, lesquels sont aussi des maitres spirituels comme au Maghreb.
Mais l'influence de l'ésotérisme ce n'est pas principalement sa visibilité extérieure, souvent l'accroissement numérique s'accompagne d'un affaiblissement doctrinal ou de dérives vers la politique.
DenisLouis- Messages : 1062
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Re: La neutralité, la laïcité et l'islamophobie
Il faut hélas reconnaître que Christian Ronsenkreutz et ses Rose-Croix relèvent de la plaisanterie, de l'imitation d'ésotérisme, les Rose-Croix n'ayant jamais existé —mais ont stimulé l'imagination. Le 18è grade du REAA (Rite Ecossais Ancien et Accepté), Chevalier Rose-Croix a marqué longtemps la hiérarchie de plusieurs systèmes écossais. C'est un cadre de symbolique maçonnique pour rappeler la passion du Christ et apprendre aux nouveaux chevaliers que l'on peut retrouver la Parole perdue / sacrée grâce à la Foi, l'Espérance et la Charité.
Jans- Messages : 3566
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Re: La neutralité, la laïcité et l'islamophobie
Sans autrement prendre parti, que ce soit une invention voire un canular n'est pas en soi a priori rédhibitoire. La Gnose de Princeton est un canular, mais je trouve les réflexions de son inventeur, Raymond Ruyer, très intéressantes.Jans a écrit:Il faut hélas reconnaître que Christian Ronsenkreutz et ses Rose-Croix relèvent de la plaisanterie, de l'imitation d'ésotérisme, les Rose-Croix n'ayant jamais existé —mais ont stimulé l'imagination.
On est loin du sujet, il faudrait un autre fil.
Re: La neutralité, la laïcité et l'islamophobie
sans prendre parti.. on ne vous demande pas de prendre parti ! Vous avez compris ou non que je parle de ce que je connais bien ?Sans autrement prendre parti, que ce soit une invention voire un canular n'est pas en soi a priori rédhibitoire
Jans- Messages : 3566
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Re: La neutralité, la laïcité et l'islamophobie
C'est quoi ce ton? On ne se sent plus pis.... ?Jans a écrit: on ne vous demande pas de prendre parti ! Vous avez compris ou non que je parle de ce que je connais bien ?
gad- Messages : 993
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Re: La neutralité, la laïcité et l'islamophobie
Du calme, je parle en général.Jans a écrit:sans prendre parti.. on ne vous demande pas de prendre parti ! Vous avez compris ou non que je parle de ce que je connais bien ?Sans autrement prendre parti, que ce soit une invention voire un canular n'est pas en soi a priori rédhibitoire
Re: La neutralité, la laïcité et l'islamophobie
La République laïque de Jean‑Luc Mélenchon : un débat qui fracture la gauche et bien plus encore
16 février 2021
Le président du groupe parlementaire La France insoumise mène actuellement une fronde, sur les bancs de l’Assemblée nationale, contre le projet de loi « séparatisme », finalement rebaptisé « projet de loi confortant le respect des principes de la République ».
Dans son discours du 1ᵉʳ février, Jean‑Luc Mélenchon juge « inutile » et « dangereuse » une loi qui selon lui demanderait aux associations musulmanes de prêter des « serments d’allégeance » à la République.
« Non, les chemins de la raison ne s’ouvrent pas à la faux. Non, la porte de l’universel ne s’ouvre pas à coups de pied. Non, l’amour de la République, comme tout amour, ne vaut rien sous la menace. »
Jean‑Luc Mélenchon réaffirme ainsi une conception de la laïcité qui ne doit pas être un « athéisme d’État », imposé par la contrainte, mais une séparation stricte où l’État, « indifférent » à la religion, garantit à chacun une liberté absolue de conscience.
La laïcité a selon lui apporté une contribution historique essentielle à la sortie des guerres de religion en France et son enjeu principal est aujourd’hui encore de garantir « l’unité du pays ».
Or, le député considère que ce projet de loi ouvre au contraire « la porte à un déferlement » contre les musulmans.
Le ministre de la Justice Éric Dupond-Moretti a réagi en dénonçant un propos « inadmissible » qui, en laissant entendre que le gouvernement « stigmatise » les musulmans, risque de « renforcer l’attraction » exercée sur eux par l’islamisme, ce qui fait « incontestablement » le jeu du « séparatisme ».
Comment cette critique d’une complicité avec l’islamisme s’est-elle imposée et banalisée à l’encontre de Jean‑Luc Mélenchon, alors même que, pendant la plus grande partie de sa vie politique, celui-ci était identifié comme un laïcard républicain virulent et intransigeant ?
Sa rupture avec le journal satirique Charlie Hebdo, parce que ce dernier a été la victime et le symbole du fanatisme abject des djihadistes, est un facteur de poids qui a favorisé ce retournement de sens.
L'auteur réalise sa thèse sous la direction de Frédéric Sawicki.
source: https://theconversation.com/la-republique-la-que-de-jean-luc-melenchon-un-debat-qui-fracture-la-gauche-et-bien-plus-encore-151955
16 février 2021
Auteur: Valentin Soubise
Doctorant en science politique, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
Déclaration d’intérêts:
Valentin Soubise ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.
Le président du groupe parlementaire La France insoumise mène actuellement une fronde, sur les bancs de l’Assemblée nationale, contre le projet de loi « séparatisme », finalement rebaptisé « projet de loi confortant le respect des principes de la République ».
Dans son discours du 1ᵉʳ février, Jean‑Luc Mélenchon juge « inutile » et « dangereuse » une loi qui selon lui demanderait aux associations musulmanes de prêter des « serments d’allégeance » à la République.
« Non, les chemins de la raison ne s’ouvrent pas à la faux. Non, la porte de l’universel ne s’ouvre pas à coups de pied. Non, l’amour de la République, comme tout amour, ne vaut rien sous la menace. »
Jean‑Luc Mélenchon réaffirme ainsi une conception de la laïcité qui ne doit pas être un « athéisme d’État », imposé par la contrainte, mais une séparation stricte où l’État, « indifférent » à la religion, garantit à chacun une liberté absolue de conscience.
La laïcité a selon lui apporté une contribution historique essentielle à la sortie des guerres de religion en France et son enjeu principal est aujourd’hui encore de garantir « l’unité du pays ».
Or, le député considère que ce projet de loi ouvre au contraire « la porte à un déferlement » contre les musulmans.
Le ministre de la Justice Éric Dupond-Moretti a réagi en dénonçant un propos « inadmissible » qui, en laissant entendre que le gouvernement « stigmatise » les musulmans, risque de « renforcer l’attraction » exercée sur eux par l’islamisme, ce qui fait « incontestablement » le jeu du « séparatisme ».
Comment cette critique d’une complicité avec l’islamisme s’est-elle imposée et banalisée à l’encontre de Jean‑Luc Mélenchon, alors même que, pendant la plus grande partie de sa vie politique, celui-ci était identifié comme un laïcard républicain virulent et intransigeant ?
Sa rupture avec le journal satirique Charlie Hebdo, parce que ce dernier a été la victime et le symbole du fanatisme abject des djihadistes, est un facteur de poids qui a favorisé ce retournement de sens.
- Charlie Hebdo : Je t’aime… moi non plus:
- Charlie Hebdo : Je t’aime… moi non plus
Le 16 janvier 2015, Jean‑Luc Mélenchon prononce une oraison funèbre à la mémoire d’un « camarade » qu’il désigne comme un « héros » de la laïcité :
« Charb, tu as été assassiné par nos plus anciens, nos plus cruels, nos plus constants, nos plus bornés ennemis, les fanatiques religieux ».
Devant les proches du dessinateur, le tribun adjoint à son propos une promesse : « Charb, ils n’auront jamais le dernier mot ».
Cinq ans plus tard, Charlie Hebdo n’a pas de mots assez durs pour accuser le dirigeant insoumis d’avoir renoncé à ses « positions intransigeantes » sur la laïcité :
« On est passé de la République à l’indigénisme ».
En cause : la marche contre l’islamophobie du 10 novembre 2019 jugée « nauséabonde » et la participation du député des Bouches-du-Rhône qualifiée de « compromission odieuse » avec l’islamisme du fait de la présence de représentants d’associations accusés d’être proches des Frères musulmans.
Le leader insoumis a-t-il vraiment « trahi » Charlie et ses propres convictions républicaines ?
Comment comprendre cette polémique autour du candidat à la présidentielle 2022 ?
- Deux gauches irréconciliables sur la laïcité:
- Deux gauches irréconciliables sur la laïcité
Suite à l’attentat de Conflans-Sainte-Honorine et à l’assassinat de Samuel Paty en octobre 2020, à la faveur d’un climat de recherche de coupables politiques, voire de « chasse aux sorcières » selon certains, d’autres acteurs se sont engouffrés dans cette fenêtre d’opportunité pour alimenter la même thèse.
Le ministre de l’Éducation nationale Jean‑Michel Blanquer affirme alors que « Jean‑Luc Mélenchon est un jour républicain et le lendemain islamo-gauchiste ! » et qu’il restera « dans l’Histoire […] pour cette trahison ».
La maire de Paris Anne Hidalgo fait alors de ces « ambiguïtés » avec le cadre républicain son principal argument pour rejeter la candidature de Jean‑Luc Mélenchon en 2022.
La virulence et la gravité de ces accusations ne doivent pas faire oublier que le dirigeant insoumis est loin d’être le seul à avoir soutenu la marche contre l’islamophobie du 10 novembre 2019.
L’appel a été signé par une très vaste palette d’organisations et de figures de la gauche politique, syndicale, associative et médiatique.
Le Parti socialiste (PS) est en fait le seul parti de gauche notable qui n’ait ni appelé ni participé à cette manifestation. C’est dire que les attaques à l’encontre de Jean‑Luc Mélenchon participent en fait surtout d’une « offensive payante des “laïcards” », comme l’écrit le journal Le Monde, et du creusement d’un fossé de plus en plus abyssal entre deux gauches irréconciliables : l’une est accusée d’avoir transformé le combat laïc en cheval de Troie de la haine des musulmans et elle désigne l’autre comme la complice de réactionnaires religieux voire du terrorisme djihadiste lui-même.
- Laïcité et défense des musulmans : une étroite ligne de crête:
- Laïcité et défense des musulmans : une étroite ligne de crête
Jean‑Luc Mélenchon, dont l’ambition politique affichée depuis qu’il a quitté le PS en 2008 est de refonder politiquement la gauche et le peuple, dit vouloir éviter le piège de cette opposition stérile.
Il affirme vouloir ouvrir la voie d’une ligne de crête entre les deux « camps » de cette « guerre des gauches ».
Une démarche que ne renierait pas le député européen Raphaël Glucksmann quand celui-ci déclare que la gauche doit cesser d’être « borgne » :
« Elle doit être radicalement anti-intégriste et antiraciste. La gauche doit voir le problème avec ses deux yeux. »
Cette double préoccupation est déjà présente en 2004 chez Jean‑Luc Mélenchon. Au nom de la lutte contre le « communautarisme », le sénateur finit par trancher pour l’interdiction du voile à l’école (et 10 ans plus tard, il considère encore qu’il s’agit d’un « signe de soumission » des femmes).
Pourtant, celui qui est alors identifié comme un « laïcard » virulent rencontre déjà des difficultés à se positionner dans un débat dès 2004 dans l'ouvrage Causes républicaines paru au Seuil « piégé » par les « instrumentalisations racistes » de la laïcité. Dès 2004, il écrit :
« Pour être franc, je n’aimais pas l’idée d’une loi contre le port du voile à l’école […], je sentais autour du débat la présence répugnante des arabophobes, cohorte sournoise de la haine. »
De même, lors de la polémique autour des « prières de rue musulmanes » en 2010, expression fortement médiatisée à l’époque, le dirigeant du Parti de gauche (PG) s’en prend à la présidente du FN qui compare le phénomène à l’occupation nazie mais il affirme :
« Pour autant, condamner les délires de Le Pen ce n’est pas s’accommoder des prières dans la rue. »
Le combat antiraciste ne doit pas introduire, par un effet de compensation et de « façon insidieuse », l’idée que « l’intransigeance laïque » conduirait « au racisme ou à “l’islamophobie” ».
- La défense d’une « laïcité étendue »:
La défense d’une « laïcité étendue »
On peut observer une constance dans le parcours politique de Jean‑Luc Mélenchon : il ne considère pas « que le problème essentiel de la France ce soit l’antisémitisme et l’islamisme », auxquels on consacre des « émissions non-stop » dans « un gavage sans fin ».
En 2004, la principale menace n’émane pas selon lui du voile islamique mais des régionalistes corses et bretons qui revendiquent un droit « communautariste » dérogatoire.
Le sénateur prône alors une « laïcité étendue » contre ces « nouveaux fronts » prioritaires. Il se dit même excédé « de voir la seule vindicte antireligieuse tenir lieu de discours de référence laïque. »
Il affirme aussi que l’Église catholique, du fait de l’histoire, du concordat, et de son influence politique, représente une menace bien plus sérieuse pour la laïcité que le culte musulman.
En 2020, il n’existe selon lui en France aucun « parti de masse qui serait le djihadisme terroriste ou bien même l’islamisme politique ».
Il juge ces phénomènes très minoritaires, privés de représentation électorale et donc loin de représenter une menace sérieuse pour la laïcité.
Ces prises de position tendent à rejoindre Olivier Roy quand le politiste souligne qu’il n’y a jamais eu en France un degré de consensus aussi élevé qu’aujourd’hui sur la laïcité, puisqu’elle est défendue d’un bout à l’autre du champ partisan.
- Antiracisme, islamophobie : le pouvoir des mots:
- Antiracisme, islamophobie : le pouvoir des mots
Les propos de Jean‑Luc Mélenchon témoignent en fait d’une cohérence de long cours quand il affirme :
« La laïcité, ce n’est pas la haine d’une religion. L’État laïc, ce n’est pas un athéisme d’État. »
Mais ce qui a évolué en revanche est son rapport à un ensemble de mots et concepts antiracistes.
L’État laïc, ce n’est pas un athéisme d’État.
En mars 2015, le PG ne participe pas à un meeting à Saint-Denis (co-organisé entre autres par le NPA, le PCF, EELV, mais aussi par le PIR, le CCIF et l’UOIF) contre « l’islamophobie », car comme l’explique le communicant et coordinateur du PG Eric Coquerel : Avec ce terme, il « est difficile en effet de faire la part entre la libre critique de la religion et le racisme ».
Jean‑Luc Mélenchon confirme ce point de vue huit mois plus tard.
Je conteste le terme d'islamophobie. On a le droit de ne pas aimer l'islam comme on a le droit de ne pas aimer le catholicisme. #SLT
— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) November 21, 2015
En novembre 2020, le député insoumis préfère toujours parler de « haine des musulmans » plutôt que d’islamophobie mais cette préférence lexicale ne justifie plus, à elle seule, une absence de soutien aux militants qui combattent le racisme en employant le terme « islamophobie » :
« La vie n’est pas une partie de Scrabble » et « ceux qui font des pinailles sur les mots offrent des diversions, c’est tout, et rien d’autre. »
La défense des victimes du racisme est désormais jugée prioritaire sur le choix des concepts qui servent à désigner ce combat. Le terme d’ailleurs ne serait finalement « pas si inadapté que ça » pour décrire
« la phobie […] des gens qui deviennent fous quand ils voient des musulmans ou qu’ils voient une mosquée ».
Jean‑Luc Mélenchon affirme avoir évolué en constatant que les musulmans ne considéraient pas le terme islamophobie comme une tentative d’interdire la critique de l’islam mais comme un moyen de les stigmatiser.
- Une prise de conscience d’un décalage avec les musulmans:
- Une prise de conscience d’un décalage avec les musulmans
C’est donc la prise de conscience de son décalage vis-à-vis d’« opprimés » que le « tribun du peuple » se devrait de représenter, qui justifie ce revirement chez Jean‑Luc Mélenchon.
À l’encontre d’une vision nominaliste qui voudrait que la vérité d’un mot soit inscrite objectivement en lui, c’est ici une conception privilégiant ses usages sociaux qui l’emporte : le terme « islamophobie » serait essentiellement devenu un objet de conflit entre ceux qui stigmatisent les musulmans et ceux qui leur résistent.Cette conception est dénoncée comme relativiste et contestée par Henri Peña-Ruiz, le philosophe qui faisait anciennement autorité au sein du PG sur la question de la laïcité (et qui se retrouve aujourd’hui désavoué par le leader insoumis) :
Une conférence du philosophe Henri Peña-Ruiz proche de Jean‑Luc Melenchon en 2019.
« S’incliner devant une expression partisane et fausse sous prétexte qu’elle est répandue c’est renoncer à une clarification idéologique nécessaire ».
Pour le philosophe, admettre le concept d’islamophobie, c’est accepter un glissement du combat antiraciste sur un terrain religieux qui lui est étranger et qui le défigure.
Il est certain que, malgré la participation de nombreuses organisations progressistes à la marche du 10 novembre 2019, le dirigeant insoumis n’est pas parvenu à imposer dans le débat public sa propre définition de l’événement : une « manifestation de fraternité du peuple français qui s’est achevée par une Marseillaise vibrante ».
L’attaque de la mosquée de Bayonne est restée absente des débats et le thème de la trahison « islamo-gauchiste », jusque-là cantonné à l’extrême droite, a fait une percée inédite au sein de la majorité, de ses alliés et de nombreux acteurs médiatiques légitimes.
Le politiste Samuel Hayat compare ce phénomène à la rhétorique du « judéo-bolchévisme » qui a consisté au début du XXe siècle à « utiliser le climat antisémite très répandu » pour attaquer la gauche.
- Le multiculturalisme est un fait:
- Le multiculturalisme est un fait
Dans l’idéal mélenchonien, la laïcité à la française ne doit pas s’opposer au multiculturalisme.
La laïcité n’y est pas considérée comme l’élément d’un modèle culturel assimilationniste mais comme un principe d’unité politique de la communauté souveraine, reposant sur l’égalité absolue de tous les citoyens devant une loi indivisible.
La République laïque doit assurer une protection des individus en situation minoritaire. Dès 2000, le sénateur écrit :
« Le droit à une identité culturelle personnelle a un préalable : la laïcité absolue de l’État. »
Dans cette perspective, la République laïque est le bien de ceux qui n’en ont aucun autre, qui sont exclus de la propriété matérielle comme de l’appartenance ethnique au « clan » ou à la « race » majoritaire.
Cette dimension est fondamentale pour ce pied-noir né à Tanger qui se considère comme un immigré maghrébin déraciné et privé de tout terroir. Ce raisonnement est explicité par Raquel Garrido :
« Quand tu es immigré, il n’y a rien de plus solide que l’histoire républicaine des Français pour faire corps avec le reste de [la population]. »
(Entretien avec l’auteur du présent article, 12 août 2020)
En 2011, Mélenchon affirme à l’encontre du président Nicolas Sarkozy :
« De toute façon le multiculturalisme est un fait. […] Ce qui n’est pas un fait c’est que cela fonde des droits politiques. »
Voici comment le propos est reformulé en 2020 dans une critique destinée cette fois-ci à Emmanuel Macron :
« Le communautarisme, ce n’est pas la pratique d’une communauté […]. Nombre de Français participent à des communautés de toutes sortes et pas seulement religieuses […]. Le communautarisme c’est précisément quand une communauté décide que les règles qu’elle veut s’appliquer à elle-même s’appliquent contre les lois et en dépit de ce qu’en pensent les membres de cette communauté. […] Le communautarisme est notre adversaire en toutes circonstances. »
On retrouve dans cette citation l’idée qu’il faut protéger les individus contre des communautés qui voudraient de force les embrigader juridiquement comme leurs « membres ».
- Du particulier à l’universel : la « créolisation »:
Du particulier à l’universel : la « créolisation »
En septembre 2020, Jean‑Luc Mélenchon emprunte le concept de « créolisation » au philosophe martiniquais Édouard Glissant.
Il cherche ainsi à décrire un fait sociologique objectif résultant du « métissage » des arts et des langages, un choc permanent des cultures dans une société qui ne peut jamais connaître d’état stationnaire.
Ce qui est nouveau chez le dirigeant insoumis, outre l’emploi du mot, est que cette « créolisation » sert à désigner « le chaînon manquant entre l’universalisme dont [il se] réclame et la réalité vécue qui le dément ».
Ce n’est donc pas l’assimilation à une norme dominante donnée a priori mais le mouvement historique de créolisation entre différents groupes humains qui constitue le processus réel de progression vers « l’homme universel qui peut-être bien n’existera jamais, mais qui est un point d’horizon vers lequel il est possible de se diriger, de cœur et d’esprit »
L’universalisme abstrait dont le député insoumis est depuis longtemps le défenseur ne doit plus occulter la réalité des différences ni invisibiliser le tort subi par les dominés qui en sont exclus.
Mais si Jean‑Luc Mélenchon a conscience que l’existence d’inégalités et de discriminations contredit constamment l’universalisme, cela ne doit jamais conduire à abandonner ce dernier au motif qu’il serait un mythe.
En 2012, il affirme déjà que la devise républicaine est « un mensonge, car il n’y a pas de liberté, ni d’égalité ni de fraternité dans cette société. »
Pour autant, elle ne doit pas être abandonnée, au contraire, elle est le symbole qui doit être constamment brandi pour chercher à en rapprocher le plus possible la réalité.
Au Karl Marx de La Question juive qui rejette les droits de l’Homme comme une mystification bourgeoise dissimulant l’exploitation, Jean‑Luc Mélenchon semble alors préférer le philosophe Jacques Rancière qui souligne l’efficacité et la performativité de la « phrase égalitaire » : affirmer et croire en une égalité qui n’existe pas encore est le seul moyen de la faire progresser dans la réalité.
L'auteur réalise sa thèse sous la direction de Frédéric Sawicki.
source: https://theconversation.com/la-republique-la-que-de-jean-luc-melenchon-un-debat-qui-fracture-la-gauche-et-bien-plus-encore-151955
Idriss- Messages : 7081
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Re: La neutralité, la laïcité et l'islamophobie
Plus un groupe social s’émancipe de ses conditions d’origine de dominé et accède à des postes de ‘dominants’, plus les discriminations à son encontre augmentent…
https://www.bondyblog.fr/politique/depuis-quand-lislam-est-un-probleme-en-france/
Le sociologue Hicham Benaïssa a écrit: "Lors d’une formation, j’explique que dans une entreprise privée, une femme, qui occupe, par exemple, un poste de responsable ressources humaines, a parfaitement le droit d’être voilée. Scandale au sein de cette formation, où les gens répondent ‘comment pouvez vous dire ça, la laïcité ce n’est pas ça…’.
À la sortie de cette réunion, je passe par l’ascenseur et je vois une dame qui porte le voile, avec un balai et une serpillère. Je lui parle et elle me dit qu’elle travaille dans cette entreprise depuis 4 ans, qu’elle passe dans les bureaux, faire le ménage, avec son voile qui ne pose pas de problème.
Le voile de cette femme de ménage n’était pas vu. Et s’il n’était pas vu, c’est qu’il était à sa place symbolique. Or, le voile de la responsable des ressources humaines, lui, est vu, parce qu’il n’est pas à sa place supposée. Et c’est à ce moment-là qu’il pose problème. Il s’est émancipé de la place originelle qu’on lui attribuait jusqu’à maintenant."
https://www.bondyblog.fr/politique/depuis-quand-lislam-est-un-probleme-en-france/
Idriss- Messages : 7081
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-Ren- et red1 aiment ce message
Re: La neutralité, la laïcité et l'islamophobie
Bonjour à toutes et à tous,
Je viens de commencer la lecture du numéro spécial de Marianne consacré à la laïcité.
Je réalise enfin que dans l'histoire de la laïcité, ses promoteurs sont souvent convaincus que ce qui est en jeu est l'universalisme.
Je crois percevoir ici l'influence du positivisme...
Cette prétention à l'universalisme était le fruit de l'histoire mais aussi, à mon avis, l'expression d'un accord global entre toutes les convictions, sur un fond évangélique, dans le domaine de la morale voire de l'éthique.
Pour simplifier on enlève D.ieu, béni soit-Il, et on le remplace par la raison et la patrie et tout le monde est d'accord sur le bien et le mal, sur la toute-puissance du père de famille, la charité, la solidarité, la contraception, l'avortement, la place des femmes, le travail des adolescents, l'homosexualité, souvent le divorce, souvent la peine de mort, souvent le blasphème... etc.
Évidemment, avec la "mondialisation" l'universalisme est désormais un peu plus délicat à manipuler.
J'ai l'impression qu'il y a en France (et probablement partout) une volonté de fonder un nouvel universalisme sur la démocratie.
Serait ainsi proclamé universel ce qui est voté par les parlementaires ou promu par la majorité des médias.
Mais une telle prétention est-elle légitime ?
Très cordialement
votre sœur pauline
Je viens de commencer la lecture du numéro spécial de Marianne consacré à la laïcité.
Je réalise enfin que dans l'histoire de la laïcité, ses promoteurs sont souvent convaincus que ce qui est en jeu est l'universalisme.
Je crois percevoir ici l'influence du positivisme...
Cette prétention à l'universalisme était le fruit de l'histoire mais aussi, à mon avis, l'expression d'un accord global entre toutes les convictions, sur un fond évangélique, dans le domaine de la morale voire de l'éthique.
Pour simplifier on enlève D.ieu, béni soit-Il, et on le remplace par la raison et la patrie et tout le monde est d'accord sur le bien et le mal, sur la toute-puissance du père de famille, la charité, la solidarité, la contraception, l'avortement, la place des femmes, le travail des adolescents, l'homosexualité, souvent le divorce, souvent la peine de mort, souvent le blasphème... etc.
Évidemment, avec la "mondialisation" l'universalisme est désormais un peu plus délicat à manipuler.
J'ai l'impression qu'il y a en France (et probablement partout) une volonté de fonder un nouvel universalisme sur la démocratie.
Serait ainsi proclamé universel ce qui est voté par les parlementaires ou promu par la majorité des médias.
Mais une telle prétention est-elle légitime ?
Très cordialement
votre sœur pauline
Invité- Invité
Re: La neutralité, la laïcité et l'islamophobie
La France, « pas assez laïque »
« La France doit devenir un Etat plus laïc », a également estimé de façon surprenante le pape François. «Votre laïcité est incomplète. La France doit devenir un pays plus laïc », car sa laïcité « résulte parfois trop de la philosophie des Lumières, pour laquelle les religions étaient une sous-culture. Et la France n’a pas encore réussi à dépasser cet héritage »
Idriss- Messages : 7081
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Re: La neutralité, la laïcité et l'islamophobie
Idriss a écrit:Plus un groupe social s’émancipe de ses conditions d’origine de dominé et accède à des postes de ‘dominants’, plus les discriminations à son encontre augmentent…Le sociologue Hicham Benaïssa a écrit: "Lors d’une formation, j’explique que dans une entreprise privée, une femme, qui occupe, par exemple, un poste de responsable ressources humaines, a parfaitement le droit d’être voilée. Scandale au sein de cette formation, où les gens répondent ‘comment pouvez vous dire ça, la laïcité ce n’est pas ça…’.
À la sortie de cette réunion, je passe par l’ascenseur et je vois une dame qui porte le voile, avec un balai et une serpillère. Je lui parle et elle me dit qu’elle travaille dans cette entreprise depuis 4 ans, qu’elle passe dans les bureaux, faire le ménage, avec son voile qui ne pose pas de problème.
Le voile de cette femme de ménage n’était pas vu. Et s’il n’était pas vu, c’est qu’il était à sa place symbolique. Or, le voile de la responsable des ressources humaines, lui, est vu, parce qu’il n’est pas à sa place supposée. Et c’est à ce moment-là qu’il pose problème. Il s’est émancipé de la place originelle qu’on lui attribuait jusqu’à maintenant."
https://www.bondyblog.fr/politique/depuis-quand-lislam-est-un-probleme-en-france/
Idriss- Messages : 7081
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Date d'inscription : 25/05/2012
Re: La neutralité, la laïcité et l'islamophobie
Lettre ouverte à Caroline Fourest (par une victime du Bataclan, mais pas du syndrome)
20 avr. 2021 Par Christophe Naudin Blog : Le blog de Christophe Naudin
Suivant les travaux de Caroline Fourest depuis longtemps, l'ayant lue, et partageant pendant longtemps un certain nombre de ses combats et de ses inquiétudes, je me dois de réagir aujourd'hui. Deux de ces idées me choquent particulièrement : son concept de «syndrome du Bataclan», et les accusations qu'elle porte sur celles et ceux qui ont décidé d'employer le terme «islamophobie».
- suite:
Suivant les travaux de Caroline Fourest depuis longtemps, l’ayant lue, et partageant pendant longtemps un certain nombre de ses combats et de ses inquiétudes, je me dois de réagir aujourd’hui. Deux de ces idées me choquent particulièrement : son concept de «syndrome du Bataclan», et les accusations qu’elle porte sur celles et ceux qui ont décidé d’employer le terme «islamophobie»
Je suis votre travail et votre parcours depuis le début des années 2000, j’ai lu plusieurs de vos nombreux ouvrages : Tirs croisés, Frère Tariq, La tentation obscurantiste, Le choc des préjugés, Les nouveaux soldats du pape, et plus récemment Génération offensée.
Je suivais vos articles dans Charlie Hebdo. Sans être toujours d’accord avec vous, loin s’en faut, en particulier sur la méthode (et c’est important), ou sur un anticléricalisme trop abrupt et buté, je partageais quelques-unes de vos idées, et surtout de vos inquiétudes, singulièrement sur l’influence et l’aveuglement d’une partie de la gauche face à l’islam politique, les alliances mortifères, avec les conséquences sur l’analyse du jihadisme, dont je parle dans mon ouvrage et dans ce blog.
Je pestais parfois sur certaines critiques qui vous étaient adressées, que je trouvais malhonnêtes, voire mensongères, souvent applaudies par des gens qui ne vous avaient pas lue (un peu comme pour Charlie, d’ailleurs). Comme vous, je trouvais insupportable les accusations de racisme contre Charlie Hebdo, ses caricaturistes et ses journalistes.
J’étais d’accord avec vous sur le danger que représentait Tariq Ramadan, parce que j’avais aussi fait l’effort de le lire et de l’écouter (juste avant de vous lire, vous), au contraire de celles et ceux trop nombreux et nombreuses qui se sont allié.e.s ou affiché.e.s avec lui, sans faire preuve d’un minimum d’esprit critique, parce qu’il était censé partager les mêmes combats…
Mais ça, c’était avant…
Depuis quelques années déjà, je ne vous suis plus. Et pas seulement à cause « d’erreurs » que vous avez pu commettre, ou de choix avec lesquels je serais en désaccord, des orientations et des alliances politiques que je ne partagerais pas (ou plus), d’un cheminement avec lequel je ne me sentirais plus raccord. C’est lié à mon vécu, autant qu’à mes propres travaux.
Il y a eu deux casus belli pour moi.
Le premier est votre « notion » (je ne sais pas trop quel terme trouver, je l’avoue) de « syndrome du Bataclan ». Vous l’avez utilisée dans un article de Marianne, en juin 2018, pour réagir à l’affaire Médine, quand celui-ci devait se produire dans la salle de concerts. Dans mon livre (et dans celui sur Charles Martel) ou sur le net, je me suis déjà exprimé au sujet de Médine, sur ce concert, sur le personnage. J’ai expliqué pourquoi je n’étais pas contre sa venue au Bataclan, et pourquoi c’était grave que, finalement, il n’y joue pas suite aux pressions et aux menaces de l’extrême droite et des identitaires (car c’est ce qui est arrivé).
Certaines victimes étaient d’accord, d’autres non, et je le comprenais. On en discutait, car je trouvais tout à fait compréhensible de ne pas être d’accord avec moi sur le sujet, qu’on soit victime de terrorisme ou pas. Mais l’emploi de ce « concept » ( ?) de votre part, je l’ai pris comme un crachat – alors que vous osez vous-même affirmer que ce concert était un « immense glaviot lancé à la figure des victimes ». Vous vous êtes rabaissée au niveau de l’extrême droite, que vous combattez pourtant depuis si longtemps, en récupérant la douleur des victimes et en prétendant parler à leur place, et même à la place des propriétaires du Bataclan –victimes également.
J’avais déjà été traité (et je l’ai été encore bien après) de victime du syndrome de Stockholm, de « dhimmi », de « lèche-babouches » et j’en passe, mais je ne pensais pas que quelqu’un comme vous oserait aller sur ce terrain là. Car votre « syndrome du Bataclan » est exactement dans la même logique, et vous vous en servez principalement, de façon cynique, pour attaquer vos ennemis politiques.
Pour moi, c’est impardonnable.
L’autre casus belli, moins personnel, plus sur le fond, est votre critique de l’emploi du terme « islamophobie », et les accusations que vous portez aujourd’hui contre celles et ceux qui décident de l’utiliser. Je passe sur votre erreur au sujet de son origine. Je suis d’accord avec vous quand vous affirmez qu’il est employé pour discréditer toute critique de la religion musulmane, voire de l’islam politique.
Le souci est que vous estimez que c’est systématique. Or, ça ne l’est pas. Comme pour d’autres concepts, tout dépend de « qui parle ». Quand nous avons écrit, avec William Blanc, notre livre sur Charles Martel et la bataille de Poitiers, nous n’avons pas hésité longtemps à employer le terme, même si des chercheurs proches de nous politiquement se refusaient encore à l’utiliser. Les rencontres en librairie, et plus globalement la réception de notre ouvrage, nous ont donné raison : les lecteurs et lectrices comprenaient bien le terme « islamophobie » comme une haine envers l’islam et les musulmans, pas juste une critique de la religion, légitime selon nous. Si bien que même Charlie Hebdo a choisi comme titre de notre interview de mai 2015 : « Charles Martel, fabrique d’une icône islamophobe »…
Admettons cependant que l’emploi de ce terme fasse encore débat, que certain.e.s refusent toujours de l’employer (je ne parlerai pas ici des intellectuel.le.s qui revendiquent de pouvoir être islamophobes). C’est leur liberté. Le souci est quand vous et d’autres accusez celles et ceux qui l’emploient de complicité avec le terrorisme.
Vous participez ces jours-ci à la mascarade gouvernementale des « États Généraux de la laïcité », tombés de nulle part, et qui réunissent des gens tous d’accord entre eux sur le sujet…Dans votre intervention, vous déclarez que « ce mot [piégé] a tué les dessinateurs de Charlie Hebdo et Samuel Paty », et qu’on n’aurait donc pas le droit de l’utiliser à cause de ça !
Mais de quel droit vous permettez-vous ce genre de sortie ?
Ce n’est pas le mot « islamophobie », ni même son accusation, qui ont tué, ce sont des terroristes jihadistes, leur idéologie qui, oui, a des causes – entre autres- religieuses. Sur le coup de la colère, le 7 janvier 2015, j’ai vomi toutes celles et ceux qui avaient taxé de racistes Charlie Hebdo, et j’en ai fait les complices des terroristes.
Mais cette réaction, selon moi légitime et compréhensible à ce moment, sidéré par l’horreur, je l’ai dépassée depuis bien longtemps, et je ne me trompe pas aujourd’hui, ni de coupables, ni de complices. J’en veux toujours à une certaine gauche pour son aveuglement, ses analyses fausses voire malhonnêtes du jihadisme, mais je n’en fais pas pour autant les complices des jihadistes. C’est bien ensuite de dire, comme vous le faites dans votre intervention, qu’il faut combattre la haine contre les musulmans, mais pensez-vous vraiment que c’est la bonne méthode ?
C’est en lien direct avec votre analyse (et celle de bien d’autres) des résultats des différents sondages sur la laïcité à l’école. Je passe sur les biais méthodologiques de la plupart, et notamment du plus récent, pour m’attarder sur certains points qui semblent vous choquer, vous et vos (parfois nouveaux) alliés politiques.
En tant qu’enseignant, ayant moi aussi montré et analysé, avec mes élèves, des caricatures de Mahomet, et ce à plusieurs reprises (la dernière fois, c’était fin mars dernier…), je pense être assez bien placé pour réagir, à mon niveau, qui a le mérite d’être concret et celui du terrain. Oui, de plus en plus de mes élèves (et je ne parle que des miens), loin d’être tous et toutes musulman.e.s, ont du mal à supporter la critique ou la satire de la religion, et il est difficile de leur faire comprendre la différence entre « l’idéologie » et celles et ceux qui y croient (en sachant que cette idée là est tout autant débattue, comme l’ont montré récemment les polémiques autour de la « Lettre aux professeurs sur la liberté d’expression », de François Héran).
Pour autant, doit-on s’inquiéter que, pour les élèves, la laïcité soit avant tout une question de liberté ? En quoi cela serait un mal ?
La laïcité ne serait donc pas, avant tout, la garantie de la liberté de conscience et du libre exercice du culte, dans le respect de l’ordre public ? Les élèves qui refusent catégoriquement toute critique ou satire de la religion, et plus encore celles et ceux qui légitiment la violence, restent ultra-minoritaires. Et, surtout, ils se taisent la majorité du temps, parce que leur endoctrinement leur apprend à passer sous les radars.
Celles et ceux qui s’expriment (et qu’il faudrait « signaler »), parfois avec la virulence et la provocation adolescentes, se posent surtout des questions, bombardé.e.s d’infos contradictoires, entre politiques, médias et entourages plus ou moins proches. Ils et elles cherchent des réponses, pas à être signalé.e.s comme jihadistes en herbe. Pourquoi ne pas se demander d’où ces élèves pensent que la laïcité est contre la religion, et en particulier contre l’islam ? Cela ne viendrait que des islamogauchistes (leurs profs en particulier) ?
Pas des tirs de barrage des politiques, de droite comme d’une certaine gauche, qui emploient ce terme de laïcité uniquement en lien avec la lutte, pas seulement contre le terrorisme, mais également contre l’islamisme, et de plus en plus contre l’islam, les précautions sémantiques sautant, en particulier depuis l’assassinat de Samuel Paty ? Ou alors, cette conception de la laïcité qui en fait un instrument anticlérical, voire « athée », comme l’écrivait récemment votre ancien collègue Gérard Biard dans Charlie Hebdo ?
Je l’ai écrit et dit, et j’en suis fatigué, que j’en veux à « ma » gauche de ses erreurs, qui la rendent aujourd’hui en grande partie inaudible sur ces sujets.
C’est grave car ce qui se passe depuis l’assassinat de Samuel Paty, et même depuis fin 2019 (ce qui m’avait conduit à participer à la fameuse Marche contre l’islamophobie), est vraiment préoccupant, et peut-être irréversible. Ce n’est pas avec le « projet de loi confortant le respect des principes de la République », ou ces États Généraux de la laïcité, que les choses vont s’arranger.
Votre choix de participer à tout cela, loin d’être efficace, ne fait que fabriquer du séparatisme, justement. Pire, cela renforce tout autant celles et ceux que vous prétendiez combattre, à l’extrême droite comme dans l’islamisme. Les clivages s’agrandissent, les positions de plus en plus caricaturales, cyniques et destructrices se nourrissent les unes des autres, et le trou au milieu ressemble de plus en plus à un abîme.
Je ne vous suis donc plus, Caroline Fourest. Pourtant, quand il y aura un attentat islamophobe meurtrier, même du niveau de celui que j’ai vécu, je ne ferai pas de vous une complice des terroristes. En revanche, la responsabilité du climat qui ronge de plus en plus le pays, vous l’avez déjà, aux côtés de vos amis comme de beaucoup de vos ennemis.
https://blogs.mediapart.fr/christophe-naudin/blog/200421/lettre-ouverte-caroline-fourest-par-une-victime-du-bataclan-mais-pas-du-syndrome
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Re: La neutralité, la laïcité et l'islamophobie
Elle est ministre de quoi déjà ?
red1- Messages : 831
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Re: La neutralité, la laïcité et l'islamophobie
Et quant à moi, je boycotte, puisque l'EN il y a quelques années m'a justement refusé une formation sérieuse sur la laïcité (DU dirigé par John Tolan) que j'ai dû payer en candidat libre (donc 3 fois le prix) et en rattrapant mes absences par avance pour pouvoir y assister.Idriss a écrit:Cette formation «laïcité » est imposée aux personnels de l’éducation nationale
Des enseignants qui ont critiqué la vision «laïcarde » et islamophobe de son contenu ont été réprimés
Un prof a été convoqué au rectorat pour avoir critiqué cette formation made in Blanquer
Formation qui m'a donné une base universitaire (et inter-professionnelle) sérieuse sur le sujet... ce qui me permet de constater que Blanquer est l'un des pires ennemis de la loi d'équilibre de 1905 que j'aie jamais vu (sic.)
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