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Re: Paul
Il n'y a pas à proprement parler de l'ésotérisme dans la doctrine officielle de l'Église catholique : tout est clairement dit, expliqué, répété, et le néothomisme va dans ce sens (argumentation "rationnelle"). Cependant les grands mystiques parlent une autre langue, ou du moins essaient, car leur vécu est à un niveau très différent, difficile à comprendre et cerner. Ils ne parlent plus de dogmes mais d'expériences ineffables, et sont manifestement d'une tolérance et d'une ouverture aux autres religions ou spiritualités qui tranchent avec la doxa classique - ce qui explique qu'ils ne soient guère aimés des théologiens, quand ils ne sont pas pourchassés (avant d'être canonisés bien plus tard). Voir Teilhard de Chardin, qui met en sourdine le récit du péché originel dans la Genèse, et Charles de Foucauld pour son ouverture à l'islam. J'ai lu un jour une intéressante anecdote relatant la visite de moines tibétains à des trappistes français : ils n'ont pas eu besoin d'interprètes, ils se comprenaient facilement pour vivre la même chose intime sous des apparences différentes.
Il existe chez les individus des niveaux différents de compréhension, d'aperception du Divin ainsi que des façons de vivre plus ou moins évoluées - certains athées étant des saints laïques.
Il existe chez les individus des niveaux différents de compréhension, d'aperception du Divin ainsi que des façons de vivre plus ou moins évoluées - certains athées étant des saints laïques.
Jans- Messages : 3566
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Re: Paul
Formellement, il y a au moins les gens qui amènent Jésus. Il semble raisonnable de penser qu'ils ne vont pas partir sans savoir ce que Pilate va décider. Ils devaient être prêts à justifier leurs accusations si l'accusé s'en défendait...Jans a écrit:On peut difficilement considérer le dialogue avec Pilate d'historique. Personne n'était là pour l'entendre.
Re: Paul
Même le procès et la mort de Jésus, noyau des évangiles, ont tellement d'éléments complexes et contradictoires qu'on a bien du mal à démêler le vrai historique de l'ajouté ou "amélioré". Selon les évangiles, Jésus ne comparaît pas devant les mêmes personnes ; il est interrogé la nuit ou le matin il est arrêté avant ou au moment de pessah ; les 4 titulus indiqués en grec ne sont pas identiques ; les paroles de Jésus en croix non plus, les témoins de sa mort non plus... Bon, on ne peut pas demander des témoignages précis concernant un condamné dont on ignore qu'il va entrer dans l'Histoire, et dont on écrit la biographie 40 ans plus tard, il faut s'y résigner. Les récits autour du tombeau fourmillent de merveilleux, qui deviendra délirant dans les apocryphes ; un tombeau qu'aucun chrétien ne vénèrera ni ne mentionnera (et pas Paul non plus), et qui sera retrouvé miraculeusement au début du Vè siècle... Avouez, tout de même...
J'ai appris récemment qu'un historien a découvert que les coqs étaient interdits à Jérusalem ; alors qui a chanté pour le reniement de Pierre ? Et vous croyez vraiment qu'on a conservé la couronne d'épines du condamné ?!!
J'ai appris récemment qu'un historien a découvert que les coqs étaient interdits à Jérusalem ; alors qui a chanté pour le reniement de Pierre ? Et vous croyez vraiment qu'on a conservé la couronne d'épines du condamné ?!!
Jans- Messages : 3566
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Re: Paul
Il y a quelques années j'ai assisté à l'exposition annuelle de la couronne d'épines à Notre Dame de Paris, gardée pas les chevaliers du Saint Sépulcre, il y avait énormément de touristes chinois.
DenisLouis- Messages : 1062
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Re: Paul
Il y a eu pas mal de discussions autour de la revue "Etudes Traditionnelles" à ce sujet, effectivement des Chrétiens comme Borella disaient qu'il n'y avait plus de séparation entre Extérieur et Intérieur (qui était réservé au Grand Prêtre ou à une élite), plus de hiérarchie, et que ceci était montré par la déchirure du voile du Temple.Jans a écrit:Il n'y a pas à proprement parler de l'ésotérisme dans la doctrine officielle de l'Église catholique : tout est clairement dit, expliqué, répété, et le néothomisme va dans ce sens (argumentation "rationnelle").
Michel Vâlsan (maitre musulman mais de culture Orthodoxe auparavant) disait qu'il y avait en fait deux voiles, un entre le Saint et le Saint de Saints et un autre entre le Saint des Saints et l'extérieur, la seule déchirure visible de l'extérieur était celle du voile entre le Saint et l'extérieur, qui pourrait symboliser l'ouverture aux autres nations, on ne pouvait donc pas en tirer une conclusion définitive, d'autre part il faisait état de l'hésychasme dans l'Orthodoxie, qui représenterait une véritable voie initiatique.
DenisLouis- Messages : 1062
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Re: Paul
La paix sur vous,
1 ) Ce que je voulais dire c'est qu'il est difficile de dégoter la version originale de la traduction de Jérôme.
Je crois avoir trouvé un travail du grand spécialiste Tishendorf. Il a étudié le Codex Amiatinus, le plus ancien témoin connu de la traduction du NT mais qui date des alentours de 700. Ce travail confirme l'incroyable traduction "autre Christ"
2 ) Pour 2-Co 11:4 je ne crois pas qu'il s'agisse d'une traduction c'est une trahison.
3 ) Pour peccatum, c'est lourd de conséquences en effet. Car il est clair que le latin y voit un ratage quasi volontaire, ce n'est pas une étourderie, c'est une faute positive.
Le problème théologique est énorme puisque dans l'Ancien Testament seules les fautes involontaires sont pardonnables au prix d'un sacrifice...
4 ) À mes yeux, le latin Temptātĭō (épreuve, essai, test, attaque, atteinte...) est fort voisin de Peirasmos, c'est la francisation "tentation" qui s'en écarte énormément.
Jans a écrit:Jérôme traduit la bible à la fin du IVè siècle. Il ne travestit pas, mais faute tout aussi grande, il traduit en un latin d'Église et de théologie ce qui était dans la bouche de Jésus et des évangélistes un discours très ouvert, plus moral et spiritualiste que directement religieux.la Vulgate latine (j'ignore depuis quand car je ne dispose pas de la version authentique de Jérôme) a choisi de travestir le texte grec.
1 ) Ce que je voulais dire c'est qu'il est difficile de dégoter la version originale de la traduction de Jérôme.
Je crois avoir trouvé un travail du grand spécialiste Tishendorf. Il a étudié le Codex Amiatinus, le plus ancien témoin connu de la traduction du NT mais qui date des alentours de 700. Ce travail confirme l'incroyable traduction "autre Christ"
2 ) Pour 2-Co 11:4 je ne crois pas qu'il s'agisse d'une traduction c'est une trahison.
3 ) Pour peccatum, c'est lourd de conséquences en effet. Car il est clair que le latin y voit un ratage quasi volontaire, ce n'est pas une étourderie, c'est une faute positive.
Le problème théologique est énorme puisque dans l'Ancien Testament seules les fautes involontaires sont pardonnables au prix d'un sacrifice...
4 ) À mes yeux, le latin Temptātĭō (épreuve, essai, test, attaque, atteinte...) est fort voisin de Peirasmos, c'est la francisation "tentation" qui s'en écarte énormément.
Dernière édition par tamar35 le Jeu 29 Juin - 18:27, édité 1 fois
tamar35- Messages : 672
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Re: Paul
je ne vois pas de chap 14 dans 2 Corint
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Re: Paul
La paix sur vous,
C'est assez compliqué...
Nous n'avons à notre disposition qu'un corpus de textes qui affirment tous que Jésus est le Christ, où ont-ils été pêché ça ?
À quoi servirait d'inventer ce titre incompréhensible pour le monde hellénisé ? Un titre peut-être même tabou chez les Juifs puisque FJ l'évite.
Si on suit ce corpus comme un témoignage exhaustif, vous avez raison en ce sens qu'il n'a jamais clairement revendiqué ce titre mais il n'a jamais contredit celles et ceux qui le lui attribuait.
Mais ce corpus est-il exhaustif, transmet-il toutes les paroles de Jésus ?
Je vous rappelle que l'absence de preuve n'est pas une preuve de l'absence.
En fait à part l'absence relative, rien ne permet de penser que Jésus refuse d'être perçu comme "LE christ"
Pourquoi Jésus ne rétablit-il jamais la vérité s'il n'est pas le Christ ?
Pourquoi les auteurs entretiennent-ils un flou qui n'en est pas un à leurs yeux ?
Un auteur qui confesse que Jésus est le Christ a-t-il besoin que le héros de son récit revendique ce titre puisque tous ceux auxquels ce récit s'adresse savent que Jésus est surnommé le Christ ? N'est-il pas plus subtil de prétendre au "secret messianique" ?
Peut-être que "christ" est trop connoté judaïsme et qu'il peut faire de l'ombre à "fils de Dieu" ?
On peut encore se demander, s'il ne se voit pas Christ, pourquoi il conteste que le Christ soit fils de David ?
Le seul titre qui lui plaît bien est "fils", soit du Père soit de l'homme, mais surtout pas de David.
Si jamais Jésus a existé comme le NT en parle, je crois qu'il n'aime pas ce titre dont il est trop facile de se vêtir et qui, en définitive le rabaisse.
Bahouss a écrit:Tout au long de l'Evangile jamais Jésus ne s'est reconnu le Christ.tamar35 a écrit:En tout cas je ne vois pas en quoi cette version erronée, sans contestation possible, de 2-corinthiens 11:4 peut servir vos propos.
C'est assez compliqué...
Nous n'avons à notre disposition qu'un corpus de textes qui affirment tous que Jésus est le Christ, où ont-ils été pêché ça ?
À quoi servirait d'inventer ce titre incompréhensible pour le monde hellénisé ? Un titre peut-être même tabou chez les Juifs puisque FJ l'évite.
Si on suit ce corpus comme un témoignage exhaustif, vous avez raison en ce sens qu'il n'a jamais clairement revendiqué ce titre mais il n'a jamais contredit celles et ceux qui le lui attribuait.
Mais ce corpus est-il exhaustif, transmet-il toutes les paroles de Jésus ?
Je vous rappelle que l'absence de preuve n'est pas une preuve de l'absence.
En fait à part l'absence relative, rien ne permet de penser que Jésus refuse d'être perçu comme "LE christ"
Pourquoi Jésus ne rétablit-il jamais la vérité s'il n'est pas le Christ ?
Pourquoi les auteurs entretiennent-ils un flou qui n'en est pas un à leurs yeux ?
Un auteur qui confesse que Jésus est le Christ a-t-il besoin que le héros de son récit revendique ce titre puisque tous ceux auxquels ce récit s'adresse savent que Jésus est surnommé le Christ ? N'est-il pas plus subtil de prétendre au "secret messianique" ?
Peut-être que "christ" est trop connoté judaïsme et qu'il peut faire de l'ombre à "fils de Dieu" ?
On peut encore se demander, s'il ne se voit pas Christ, pourquoi il conteste que le Christ soit fils de David ?
Le seul titre qui lui plaît bien est "fils", soit du Père soit de l'homme, mais surtout pas de David.
Si jamais Jésus a existé comme le NT en parle, je crois qu'il n'aime pas ce titre dont il est trop facile de se vêtir et qui, en définitive le rabaisse.
tamar35- Messages : 672
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Re: Paul
La paix sur vous,
Mille excuses, je continuais sur 2 Corinthiens 11:4.Jans a écrit:je ne vois pas de chap 14 dans 2 Corint
tamar35- Messages : 672
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Re: Paul
La. paix sur vous,
Si ça se trouve, Jésus a pu raconter son aventure.Jans a écrit:On peut difficilement considérer le dialogue avec Pilate d'historique. Personne n'était là pour l'entendre.
tamar35- Messages : 672
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Re: Paul
ah oui, quand ? après il est incarcéré, torturé et exécuté.Si ça se trouve, Jésus a pu raconter son aventure.
Il faut accepter un fait très désagréable pour les croyants qui n'ont jamais vu les problèmes d'exégèse : Les évangiles ne sont que pour une faible part réellement historique, des épisodes ont été ajoutés pour faire croire que des prophéties s'accomplissaient (Jésus sur un âne en est un exemple patent), des paroles sont parfois mises dans la bouche de Jésus par le rédacteur, pour se conformer à la foi des années 70 ou 80 ou pour expliquer l'incroyable : les juifs ne veulent pas se convertir !! Ainsi, faire dire à Jésus qu'ils ne comprennent pas parce que Dieu a endurci leur coeur et qu'ils sont destinés à la mort, est tout à fait contraire à sa prédication et finalement absurde.
Pour prouver le caractère divin de Jésus, on met dans sa bouche des prédictions répétées sur sa mort et sur la trahison de Judas... expliquée durant le dernier repas : personne ne bouge ni ne réagit !! Judas, dont on décrit la mort de deux façons différentes : pendu ou le ventre qui éclate... Il faudrait savoir ! dans le tombeau, les bandelettes sont tantôt en désordre, tantôt pliées proprement... pourquoi pas repassées ?
Tout cela m'a fortement choqué lorsque je l'ai découvert peu à peu grâce aux exégètes allemands. Et on en eput pas revenir en arrière quand on a compris les mécanismes : De l'art de conter oriental.
Mais finalement, l'essentiel demeure : Dieu Père compatissant, le passage d'une dimension dans une autre à la mort, la nécessité de faire le bien, car le monde spirituel est bien plus grand et important que le monde matériel : c'est du moins ce que je crois.
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Re: Paul
J'ai pensé à mettre dans la section "que lisez vous" le livre de Eric Emmanuel Schmidt "Le défi de Jérusalem" qui raconte son voyage/pèlerinage en Israël/Palestine, accompli sur une suggestion du Vatican, il note l'imprécision de certains lieux et leur caractère hypothétique comme Bethléem ou d'autres lieux emblématiques, en tant qu'écrivain il remarque la pauvreté de la narration, comme l'épisode de Lazare, qui aurait pu être beaucoup plus intéressant et étoffé, on ne sait même pas ce qu'il devient ensuite (Schmidt a lui-même écrit "l'Evangile selon Pilate"), il réhabilite aussi Judas qui n'avait pas de problèmes financiers pouvant expliquer une trahison.
Mais il est sans doute erroné de raisonner selon les critères d'écriture postérieures, il y a d'autres possibilités si on admet une tradition orale, qui pourrait expliquer les différentes versions et celles qui n'ont pas été retenues, le texte pourrait entre autres représenter juste une trame de tel ou tel groupe, sur laquelle le récitant ou conteur peut varier à volonté, avant que l'on fixe une interprétation officielle, quand on voit que même pour l'histoire moderne bien plus documentée il existe des versions différentes selon les tendances idéologiques.
Mais il est sans doute erroné de raisonner selon les critères d'écriture postérieures, il y a d'autres possibilités si on admet une tradition orale, qui pourrait expliquer les différentes versions et celles qui n'ont pas été retenues, le texte pourrait entre autres représenter juste une trame de tel ou tel groupe, sur laquelle le récitant ou conteur peut varier à volonté, avant que l'on fixe une interprétation officielle, quand on voit que même pour l'histoire moderne bien plus documentée il existe des versions différentes selon les tendances idéologiques.
DenisLouis- Messages : 1062
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Re: Paul
"sans doute erroné"... plus de deux siècles de recherches et travaux exégétiques ont confirmé ces conclusions. La tradition orale ne peut pas rendre compte d'épisodes très littéraires, soigneusement rédigés (voir les longs monologues chez Jean). La tradition littéraire première ne peut pas rendre compte des derniers versets de Mtt (que l'on sait plus tardif que le texte originel) envoyant les apôtres en mission pour qu'ils baptisent "au nom du Père du Fils et de l'Esprit saint", formule ô combien trinitaire, impensable en l'an 35 ou 40.Mais il est sans doute erroné de raisonner selon les critères d'écriture postérieures, il y a d'autres possibilités si on admet une tradition orale, qui pourrait expliquer les différentes versions et celles qui n'ont pas été retenues, le texte pourrait entre autres représenter juste une trame de tel ou tel groupe, sur laquelle le récitant ou conteur peut varier à volonté, avant que l'on fixe une interprétation officielle
Jans- Messages : 3566
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Re: Paul
C'est encore plus vrai du "Tu es Pierre..." de Matthieu 16, qui emploie le mot "église" dans un sens anachronique (ailleurs dans le NT, il désigne occasionnellement une communauté locale de fidèles, non un bâtiment ni une institution globale... et donc on aurait un supposé fondateur qui ne prononcerait qu'une fois, dans tout ce qu'on a de lui, le nom de sa supposée fondation... entre autres sérieuses raisons de considérer ce passage comme grossièrement interpolé).Jans a écrit:"sans doute erroné"... plus de deux siècles de recherches et travaux exégétiques ont confirmé ces conclusions. La tradition orale ne peut pas rendre compte d'épisodes très littéraires, soigneusement rédigés (voir les longs monologues chez Jean). La tradition littéraire première ne peut pas rendre compte des derniers versets de Mtt (que l'on sait plus tardif que le texte originel) envoyant les apôtres en mission pour qu'ils baptisent "au nom du Père du Fils et de l'Esprit saint", formule ô combien trinitaire, impensable en l'an 35 ou 40.
Mais alors, où est-ce qu'on s'arrête de remettre en cause, jusqu'où va-t-on, a fortiori si on tient à accrocher sa foi personnelle à ces histoires ? Je ne crois pas qu'il puisse y avoir de réponse qui puisse faire consensus, en tout cas à brève échéance. Considérer que le Christ qui compte et celui des visions de Paul peut être une base intéressante, qui nous ramène d'ailleurs au sujet, mais peut-il y avoir consensus pour faire l'impasse sur ce qui a pu se passer avant ?
Re: Paul
Un des critères d'authenticité très probable défini par les exégètes est un fait ou une parole plusieurs fois attesté, selon la règle ancestrale (et aussi dans le Deutéronome) : testis unus, testis nullus : un seul témoin ne suffit pas. Donc Pierre institué une seule fois est peu probable.Mais alors, où est-ce qu'on s'arrête de remettre en cause, jusqu'où va-t-on, a fortiori si on tient à accrocher sa foi personnelle à ces histoires ?
La sobriété du témoignage va aussi dans le sens de la validité ; ainsi, Paul parlant de l'épisode de sa conversion vers Damas, est très sobre - contrairement à Luc, qui n'y était pas !!
Les multiples anges dans les récits du tombeau vide et les détails donnés (les bandelettes pliées..) ne sont pas bon signe. Les détails s'amplifient d'ailleurs dans les apocryphes rejetés.
Reste le point de départ du tout : un événement relevant du domaine spirituel concernant l'apparition ou la sensation de présence de Jésus vivant après sa mort, assez fort pour que l'attitude des disciples soit bouleversée et leur vie avec. On ne peut pas le gommer, même si les paroles ou les actes de Jésus dans ce contexte sont sujet à caution. car le développement de la suite serait proprement inexplicable.
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Re: Paul
Reste à savoir si les exégètes n'ont pas les mêmes a priori, les mêmes contraintes, que les rédacteurs ultimes.Jans a écrit:Un des critères d'authenticité très probable défini par les exégètes est un fait ou une parole plusieurs fois attesté, selon la règle ancestrale (et aussi dans le Deutéronome) : testis unus, testis nullus : un seul témoin ne suffit pas. Donc Pierre institué une seule fois est peu probable.
Et le récit de Paul ne permet pas d'exclure une hallucination d'ordre psychopathologique et non surnaturel.Jans a écrit:La sobriété du témoignage va aussi dans le sens de la validité ; ainsi, Paul parlant de l'épisode de sa conversion vers Damas, est très sobre - contrairement à Luc, qui n'y était pas !!
Dans le même ordre d'idée, le récit de l'arrestation selon Marc est le plus sobre et réaliste, celui de Jean étant le plus enjolivé. Mais, contrairement à Jean (et à Matthieu et Luc à un degré moindre), Marc n'impose pas l'idée que Jésus avait décidé de se laisser arrêter. Il peut espérer retourner en sa faveur les assaillants. Sauf que les disciples, qui étaient certainement prêts à se faire tuer pour lui, ne comprennent plus et sont pris de panique. Jésus n'a même pas le temps de lancer les citations bibliques qu'il avait préparées. Difficile, soit dit en passant, d'imaginer un déroulement plus atrocement humiliant (et pourquoi ne pas construire une christologie à partir de ça ?). Mais alors qu'est-ce qui reste de la Rédemption ?
Peut-être qu'il a, simplement, été retrouvé vivant pour peu de temps, et que cela a enflammé les imaginations puisque le travail de deuil n'était pas fait.Jans a écrit:Les multiples anges dans les récits du tombeau vide et les détails donnés (les bandelettes pliées..) ne sont pas bon signe. Les détails s'amplifient d'ailleurs dans les apocryphes rejetés.
Encore une fois, au nom de quoi fixer une limite à ne pas dépasser ?
Re: Paul
Les exégètes libres ( = ne relevant pas du Vatican) s'étalent dans l'espace et dans le temps, et soumettent leurs études aux jugements des autres spécialistes, puisqu'ils échangent en permanence ; c'est le plus souvent du travail universitaire assez pointu. On parvient ainsi sur des points précis à un point de non-retour (exemple : l'impossibilité de transmission orale pour les longs monologues chez Jean, autant de propos théologiques complexes ; l'authenticité de l'activité thaumaturgique de Jésus, confirmée par ses adversaires, la non création de religion nouvelle par Jésus, resté bon juif), pour d'autres, il peut y avoir divers avis (la Transfiguration : de quoi s'agit-il ? ; la virginité de Marie : conformation à la Septante, Isaïe en 7,14, ou réaction au fait que Jésus n'ait pas de père biologique connu ?) ; rares sont les exégètes qui pensent aujourd'hui que Jésus ait pu prédire son sort avec les détails (une façon pour le rédacteur de montrer son aspect divin).Reste à savoir si les exégètes n'ont pas les mêmes a priori, les mêmes contraintes, que les rédacteurs ultimes.
D'autres spécialistes s'occupent surtout des aspects linguistiques et de la pertinence de certaines traductions dans les langues vernaculaires. Ils parviennent ainsi à dire que le grec des évangiles n'est pas une traduction de l'araméen ou de l'hébreu (évident même pour le profane chez Jean, où l'entretien avec Nicodème fait état d'une subtilité linguistique possible dans le seul grec). Le fait que le Vatican ait déclaré la Vulgate intouchable à partir du Concile de Trente (1545-1563) a creusé le fossé avec les exégètes universitaires libres (d'où l'aberration actuelle de parler encore de "tentation" pour le grec peirasmos...). Elle a été légèrement retouchée au XXè siècle.
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Re: Paul
Suffit-il de ne pas "relever du Vatican" pour être "libre" ? Pourraient-ils, par exemple, considérer positivement les passages qui suggèrent que le Baptiste a désavoué Jésus ?Jans a écrit:Les exégètes libres ( = ne relevant pas du Vatican) s'étalent dans l'espace et dans le temps, et soumettent leurs études aux jugements des autres spécialistes, puisqu'ils échangent en permanence.
Re: Paul
Les dialogues entre Jésus et le Baptiste ne peuvent être que "reconstitués" : le problème et l'embarras de la jeune Église, est que Jésus n'avait pas besoin de baptême et que le Baptiste apparaît un moment comme supérieur, d'où "je ne suis pas digne" ou chez Jean "voici l'agneau de Dieu..." ; très très improbable !
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Re: Paul
Il faut comprendre que l’exégèse est un métier qui prend souvent une vie universitaire, après de longues études. Vos réactions (et les miennes) sont celles de profanes ; ce que je sais, je l’ai appris d’eux, surtout les Allemands qui sont plus libres ; la France a encore le poids catholique, on le comprend en comparant.
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Re: Paul
Il est vrai que par exemple ce sont des Allemands (Wundt) qui ont détecté les raisons de penser que certains textes chrétiens qui attaquaient en principe Simon le Magicien visaient en fait Paul, que l'opposition entre ce dernier et le groupe initial a été bien plus dure, et définitive, que le NT le laisse entendre. Sont-ils pour autant vraiment libres ?Jans a écrit:Il faut comprendre que l’exégèse est un métier qui prend souvent une vie universitaire, après de longues études. Vos réactions (et les miennes) sont celles de profanes ; ce que je sais, je l’ai appris d’eux, surtout les Allemands qui sont plus libres ; la France a encore le poids catholique, on le comprend en comparant.
Dans le domaine de l'exégèse de l'AT, de la thèse documentaire, Richard Friedman montre que les tenants classiques (Welhausen...) ont donné une date trop tardive à la source sacerdotale pour escamoter l'opposition radicale entre le groupe qui a produit cette source et les autres. Ils ont donc édulcoré. Mais Friedman aussi édulcore, à un autre niveau.
Re: Paul
L’histoire et la connaissance se font avec des soubresauts épistémologiques dus en grande partie à une subjectivité qui s’ignore à demi, d’où la nécessité de vigilance et d’esprit critique aiguisé ; c’est finalement la somme des connaissances qui permet un progrès et un gain - sauf précisément où cela est impossible du fait du verrouillage : en théologie et exégèse catholique - quoi passe son temps à traiter de mécréants ou d’adversaires déclarés ceux qui par leur travail et leurs connaissances expriment leurs divergences. Disons quand même que le chrétien de base peut être bcp plus nuancé.
Il faut de la subtilité : la critique historique de la naissance virginale peut très bien s’accompagner pour le croyant de la reconnaissance de la place éminente qu’occupe Marie dans la théologie et la vie du croyant. Seuls les esprits simples raisonnent en termes de binarité ; la réalité est au moins à 3 dimensions dialectiques : il n‘y a pas le vrai ou le faux sauf pour les enfants..,
Il faut de la subtilité : la critique historique de la naissance virginale peut très bien s’accompagner pour le croyant de la reconnaissance de la place éminente qu’occupe Marie dans la théologie et la vie du croyant. Seuls les esprits simples raisonnent en termes de binarité ; la réalité est au moins à 3 dimensions dialectiques : il n‘y a pas le vrai ou le faux sauf pour les enfants..,
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Re: Paul
Ce n'est pas que les théologiens catholiques ne sont pas libres, c'est que si leurs recherches sont jugées inadéquates ou contraire à la parole officielle, conforme à l'autorité hiérarchique, elles ne sont pas acceptées pour une diffusion publique à tous les croyants.
C'est plus une gestion de la communauté que ce soit appelé politique ou pastorale, il faut une ligne directrice, bien sur il y a d'autres formes de gestion des communautés.
Hiérarchique ou autoritaire descendante, élitiste et collégiale (les évêques) ou démocratique, il se peut que les différents modes soient concrétisés par les différentes branches du christianisme, chacune mettant l'accent sur un des aspects.
Les évangiles apocryphes sont maintenant assez connus des catholiques, ce n'était pas le cas dans les époques plus anciennes.
C'est plus une gestion de la communauté que ce soit appelé politique ou pastorale, il faut une ligne directrice, bien sur il y a d'autres formes de gestion des communautés.
Hiérarchique ou autoritaire descendante, élitiste et collégiale (les évêques) ou démocratique, il se peut que les différents modes soient concrétisés par les différentes branches du christianisme, chacune mettant l'accent sur un des aspects.
Les évangiles apocryphes sont maintenant assez connus des catholiques, ce n'était pas le cas dans les époques plus anciennes.
DenisLouis- Messages : 1062
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Re: Paul
L'explication est savoureuse, reconnaissons-le ! Il faut quand même ajouter que les auteurs "déviants" sont sanctionnés, et souvent sévèrement : Teilhard de Chardin fut interdit de lecture, et lui-même ne fut pas autorisé à devenir membre de l'Institut. Loisy fut condamné et rayé des cadres, alors qu'il combattait Harnack, lequel déniait toute continuité entre l'évangile du Christ et la théologie catholique. Congar ne pu exercer normalement qu'à la faveur du changement de style et de gouvernement dû au concile de Vatican II... la liste est longue. La TOB française (1971) dit à propos du chap 16,9-30 de Marc : "La tradition manuscrite est très incertaine pour cette finale de l'évangile (vv. 9-20). Elle n'est pas attestée par un certain nombre de témoins.". Dans la TOB allemande de 1980, je lis pour le même passage : "Ce passage ne se trouve pas dans les textes les plus anciens. il s'agit d'un résumé datant du IIè siècle et reprenant les récits se trouvant dans d'autres évangiles...". (Dieser Abschnitt befindet sich nicht in den ältesten Textzeugen. Es ist eine im 2. Jahrhundert entstandene Zusammenfassung der in anderen Evangelien stehenden Berichte...). Les Allemands aiment les précisions !Ce n'est pas que les théologiens catholiques ne sont pas libres, c'est que si leurs recherches sont jugées inadéquates ou contraire à la parole officielle, conforme à l'autorité hiérarchique, elles ne sont pas acceptées pour une diffusion publique à tous les croyants.
Jans- Messages : 3566
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Re: Paul
La paix sur vous,
Et surtout si l'on en croit le récit évangélique Jésus a survécu.
Sur la publicité de cet entretien, outre les témoins très probables dont notre ami Spin a parlé, Pilate a pu bavarder puisqu'il n'avait aucune raison de taire ses entretiens.Jans a écrit:ah oui, quand ? après il est incarcéré, torturé et exécuté.Si ça se trouve, Jésus a pu raconter son aventure.
Et surtout si l'on en croit le récit évangélique Jésus a survécu.
tamar35- Messages : 672
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Re: Paul
Vous sous-estimez l’imagination et les pieuses intentions des rédacteurs qui écrivent en n’oubliant jamais que les écrits ont un but théologique, pédagogique, catechetique, de persuasion. C’est normal pour l’époque et le sujet. Aucun exégète ne l’ignore, sinon il change de métier!‘
Jans- Messages : 3566
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