[Printemps Arabe] Egypte
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Re: [Printemps Arabe] Egypte
ARTICLE DU JOURNAL EGYPTIEN AL-AHRAM
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Pour en revenir à 'Égypte , voici un article du journal égyptien al-ahram faisant un état de la question et montrant de manière un peu plus précise les enjeux et les inquiétudes de libéraux.
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Le déchirement de l'Egypte
Hicham Mourad05-12-2012
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l’Egypte est plus que jamais divisée. Jamais le pays n’a été aussi déchiré sur la marche à suivre après la chute du régime de Hosni Moubarak le 11 février 2011. La bipolarisation est ainsi à son paroxysme entre les formations islamistes, Frères musulmans en tête, et les forces libérales et civiles autour d’une multitude de questions cruciales pour l’avenir de l’Egypte.
L’étincelle qui a mis le feu aux poudres était la déclaration constitutionnelle du 22 novembre par laquelle le président Mohamad Morsi, qui cumule les pouvoirs exécutif et législatif (après la dissolution mi-juin de la Chambre basse du Parlement), s’est attribué des pouvoirs absolus, mettant ses décisions à l’abri de tout recours judiciaire. Le document décrié protège également le Conseil consultatif, la Chambre haute du Parlement et l’assemblée constituante, chargée de rédiger une nouvelle Constitution, de toute dissolution. Les deux organes, largement dominés par les islamistes, risquaient la dissolution après que plusieurs plaintes eurent été déposées devant la Haute Cour constitutionnelle.
Pour le camp présidentiel, la déclaration constitutionnelle visait à porter un coup préventif contre les « résidus » de l’ancien régime au pouvoir judiciaire, notamment la Cour constitutionnelle, qui, selon lui, cherchent à entraver la marche de la révolution égyptienne et complotent contre le régime en place. Or, les plaintes déposées contre le Conseil consultatif et l’assemblée constituante sont l’oeuvre des forces libérales qui étaient à la pointe du soulèvement populaire contre Moubarak. Celles-ci sont accusées par le camp présidentiel de faire alliance objective avec les partisans de l’ancien régime, tant leur objectif commun est d’affaiblir la mainmise de la confrérie sur le pouvoir.
Les deux instances défendues par la déclaration constitutionnelle sont fortement contestées par les forces libérales et risquaient la dissolution pour de sérieuses raisons. Le Conseil consultatif était touché par la même carence juridique qui avait invalidé en juin l’Assemblée du peuple. Tous deux étaient élus suivant la même loi électorale qui avantageait les partis politiques au détriment des candidats indépendants. Cette loi était déclarée inconstitutionnelle par la Cour constitutionnelle, car elle enfreignait l’égalité des chances entre les candidats indépendants et ceux des partis aux législatives de fin 2011 jusqu’au début 2012. La dissolution du Conseil consultatif était inéluctable. La composition de l’assemblée constituante a, quant à elle, fait couler beaucoup d’encre. Deux logiques s’affrontaient. La première, défendue par les Frères musulmans et les partis salafistes, soutient que les partis majoritaires aux deux Chambres du Parlement (la mouvance islamiste avait remporté les deux tiers des sièges de l’Assemblée du peuple et plus de 85 % de ceux du Conseil consultatif) ont le droit de dominer la constituante, car ils représentent la volonté de la majorité du corps électoral. Les libéraux, soutenus par les catégories socioprofessionnelles sous-représentées et/ou marginalisées au Parlement tels les femmes, les jeunes, les coptes, les paysans et les ouvriers, avancent que la composition de la constituante ne doit pas refléter la vision d’une seule force politique, en l’occurrence islamiste, majoritaire aujourd’hui, mais qui pourrait devenir minoritaire demain au gré des élections, et que cette composition doit au contraire refléter les composantes de la société dans toute leur diversité.
L’incapacité des libéraux, malgré leurs protestations, de modifier la composition de la constituante, ou de modifier, comme ils le souhaitaient, son produit final, les a poussés, ainsi que les représentants des chrétiens (10 % de la population), à se retirer, car ils refusaient de cautionner la version finale de la Constitution, forcée par la majorité islamiste. 26 membres se sont ainsi retirés sur un ensemble de 100 que compte la constituante. D’autres membres dits de substitution les ont remplacés. Ce sont finalement 85 membres qui ont voté à la hâte et à l’unanimité, dans une séance marathon de 16 heures, vendredi 30 novembre, le texte final de la Constitution. Le but était clair : terminer le travail avant une éventuelle dissolution de l’assemblée par la Cour constitutionnelle, qui avait prévu de rendre son verdict sur les plaintes le 2 décembre.
Le texte final de la Constitution comporte certes des avancées majeures, telle la limitation du mandat présidentiel à 4 ans, renouvelable une seule fois. Certaines formules, souhaitées par les libéraux, ont également fait leur apparition dans le texte définitif, comme celles prohibant les détentions arbitraires et la torture, ou celles protégeant le droit d’association. Mais d’autres, plus controversées, sont introduites, avec parfois des formulations vagues et imprécises, sujettes à de diverses interprétations, comme celle interdisant la diffamation des personnes. Une formule que plusieurs craignent qu’elle ne soit utilisée pour limiter la liberté d’expression. La constituante a également rejeté l’interdiction de la peine de prison dans les délits d’opinion, une demande longtemps souhaitée par le syndicat des Journalistes. Les libéraux contestent aussi l’article définissant les « principes » de la charia, la source principale de la législation, considérant qu’il pourrait être interprété d’une façon restrictive, ou le rôle accordé à Al-Azhar dans l’interprétation des questions liées à la charia, autrefois attribué à l’appareil judiciaire. Les féministes rejettent, pour leur part, une partie de l’article 10. Celui-ci souligne que l’Etat veille à assurer un équilibre entre les obligations de la femme envers sa famille et son travail. Les féministes considèrent ce texte comme une ingérence dans la vie privée de la femme. Enfin, le budget de l’armée reste largement en dehors du contrôle du Parlement, alors que celui-ci doit, en cas de législation touchant à l’institution militaire, prendre au préalable l’avis du Conseil de défense national, créé le 18 juin dernier par le Conseil suprême des forces armées et composé majoritairement de militaires. Bien que limitant l’application de la justice militaire aux civils, la nouvelle Constitution accorde aux tribunaux militaires le droit de juger des civils dans le cas des « crimes touchant aux forces armées ».
Le texte de la nouvelle Constitution doit être rapidement soumis à un référendum populaire, le 15 décembre. Le président Morsi espère ainsi faire baisser la tension créée par sa déclaration constitutionnelle. D’un côté, la possible dissolution de l’assemblée constituante, redoutée par la confrérie, sera sans raison d’être, puisque cette instance a déjà terminé son travail qui sera bientôt soumis à l’approbation de la population. D’un autre côté, le président avait annoncé, dans une tentative de calmer les mécontents, qu’il remettrait, après le référendum sur la Constitution, le pouvoir législatif, qu’il détenait depuis la dissolution de la Chambre basse du Parlement, au Conseil consultatif, en attendant l’élection d’une nouvelle Chambre des députés. Le problème avec ce scénario imaginé par la présidence est qu’il passe sous silence l’absence de consensus dans la rédaction de la Constitution, une règle que les différents protagonistes, dont le président, avaient promis de respecter. Par ailleurs, remettre le pouvoir législatif, bien que de manière temporaire, au Conseil consultatif sera largement contesté, car celui-ci n’était pas élu pour tenir ce rôle et les électeurs, qui se sont rendus aux urnes lors des législatives, en ont été bien conscients. La preuve : alors que le taux de participation à l’élection de l’Assemblée du peuple a atteint 53 %, il n’a pas dépassé les 7 % dans le cas du Conseil consultatif. En tout cas, l’opposition libérale, qui avait toujours eu du mal à mobiliser les foules pour sa cause, entend saisir l’occasion en or qui se présente et capitaliser ces réalités et l’erreur de la déclaration constitutionnelle pour entamer la crédibilité du chef d’Etat.
Pour en revenir à 'Égypte , voici un article du journal égyptien al-ahram faisant un état de la question et montrant de manière un peu plus précise les enjeux et les inquiétudes de libéraux.
Dernière édition par Yahia le Jeu 3 Jan - 14:58, édité 1 fois
Re: [Printemps Arabe] Egypte
Crise en Égypte : du bon usage des islamistes
Par Tariq Ramadan Jeudi 13 Décembre 2012
http://www.saphirnews.com/Crise-en-Egypte-du-bon-usage-des-islamistes_a15872.html
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- Lorsqu’en août 2012 Mohamed Morsi démet, à la suite de l’attaque dans le Sinaï, le chef des services secrets, puis le président du CSFA, le maréchal Tantaoui, ainsi que le chef de l’État major, le général Sami Anan, la population se réjouit et le monde interprète ces gestes comme « un contre-coup d’Etat militaire ». Le nouveau Président aurait eu le courage d’écarter une armée égyptienne pourtant si puissante : il va en tirer, pour un temps, un gain symbolique.
Cette lecture, bien trop optimiste, ne correspondait pas aux faits : ces décisions ont été prises non pas contre l’armée mais bien en accord avec les dirigeants les plus influents, avec l’idée de donner un rôle nouveau à l’armée au cœur d’un Etat dirigé par des civils. Le gouvernement de Mohamed Morsi, soucieux de sa légitimité et de sa sécurité intérieures et internationales, n’avait d’autre choix que de composer avec les militaires et de négocier avec l’administration américaine qui la soutient depuis des décennies. Il n’a cessé de le faire durant les derniers mois.
Ce n’est d’ailleurs pas sans étonnement que l’on a vu les Etats-Unis accepter – avec autant de facilité – le rôle de médiateur joué par le gouvernement Morsi lors de la dernière attaque israélienne sur Gaza. Quelle surprise d’ailleurs que le gouvernement de Netanyahu ait, lui aussi, accepté – au moment même des bombardements – qu’un ministre de l’Intérieur islamiste d’Egypte (des Frères musulmans, proche de ceux dont il exécutait sommairement les responsables) puisse se rendre à Gaza ! Quelle trouble quand, en sus, les Israéliens acceptèrent, en Egypte, les termes d’un cessez-le-feu ! Le gouvernement de Morsi engrangeait une seconde victoire symbolique : hier contre l’armée, aujourd’hui face à Israël avec la double reconnaissance intérieure et internationale. Lecture des faits sans doute trop hâtive encore.
C’est armé de cette légitimité que le président Morsi a voulu forcer la marche en avant vers la stabilité politique. Il savait les forces d’opposition particulièrement actives et le pouvoir judiciaire menaçait même, semble-t-il, de proposer une nouvelle élection présidentielle. L’octroi par décret de pouvoirs discrétionnaires temporaires au Président (décret qu’il a finalement accepté d’annuler le 9 décembre 2012) et l’élaboration définitive du texte de la Constitution soumis à référendum ont soulevé les opposants et les foules.
Mohamed Morsi aurait-il pu aller si loin s’il ne se sentait pas – ne se savait pas – protégé ? La lecture des événements, comme du texte de la Constitution, nous permet d’avoir une idée plus claire de qui protège l’actuel président et de qui son propre gouvernement va assurer la protection à l’avenir. Alors que des dizaines de milliers de manifestants se massaient devant le palace présidentiel, c’est la garde républicaine et l’armée qui assuraient la protection des lieux et des personnes.
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Re: [Printemps Arabe] Egypte
Je viens de traduire la lettre qu'a écrite un mu'tazilite égyptien sur la nouvelle Constitution. Lettre qui a été publié online par El Watan le 25/12/2012. Lien sur mon blog : http://mutazilareturn.over-blog.com/article-lettre-d-un-mu-tazilite-egyptien-sur-la-nouvelle-constitution-113961045.html Bonne lecture !
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Re: [Printemps Arabe] Egypte
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Re: [Printemps Arabe] Egypte
Mamun a écrit:Je viens de traduire la lettre qu'a écrite un mu'tazilite égyptien sur la nouvelle Constitution. Lettre qui a été publié online par El Watan le 25/12/2012. Lien sur mon blog : http://mutazilareturn.over-blog.com/article-lettre-d-un-mu-tazilite-egyptien-sur-la-nouvelle-constitution-113961045.html Bonne lecture !
Merci , "Mamun", ne nous avoir fait découvrir cette lettre. Cette réaction mu'tazilite, intéressante par son existence, me paraît un peu défaillante dans son expression.
D'après les extraits dont j'ai eu connaissance, le fond du problème préexistait, à savoir la référence constitutionnelle à la Charia ( Article 2). Cette référence existait déjà avant la révolution, sans nulle contestation, ce qui, en suivant le mode de raisonnement de l'auteur de cette réaction, exclurait déjà tous les non-musulmans. L'article constitutionnel 219 critiqué ne fait que préciser l'article 2 de la constitution sur la Charia: il circonscrit donc la référence préexistante qui est celle de la majorité de la population, l'islam, à celle de la majorité des musulmans, le sunnisme, excluant ainsi la pensée chi'ite, mu'tazilite, ou autres minoritaires parmi les majoritaires. En ne s'attaquant qu'à ce dernier article 219 , l'auteur semble valider de facto la pertinence de l'article 2. Son plaidoyer en est affaibli par ce qu'il semble quelque peu opportuniste, "pro domo". Ou alors pas assez "osé", et carrément pas "laïc". Assis entre deux chaises.
Par ailleurs, contrairement à ce qu'il fait penser, la référence aux "principes" de la charia (et non pas aux "règles" comme avaient souhaité les salafistes), même restreinte à sa conception sunnite, ne signifie pas, en soi, l'exclusion des citoyens pensant autrement. Le champ référentiel est certes restreint, mais pas les droits, qui dépendent, eux, de la manière concrète dont ces "principes" seront compris, et surtout des lois précises concrètement votées... dans un rapport de forces politiques. Rêvons un peu d'une majorité "mu'tazlite": rien ne l'empêcherait de voter des lois compatibles avec la constitution en "comprenant" à sa manière, les "principes" ainsi définis, et surtout en nommant elle-même les juges qui en décideraient. Rapport de force politique.
Le vrai problème à mes yeux est l'incapacité des forces en présence de nouer un véritable dialogue débarrassé des visions machiavéliques imputées au camp d'en face. Ni les majoritaires, ni les majoritaires ne semblent en mesure de le faire.
Et en fin de compte, si je puis partager l'ensemble de ses inquiétudes,et justement en raison de cette absence de dialogue, elles ne seraient vérifiées que par leur application concrètes sur le terrain juridique. Or cette application dépend essentiellement du rapport de force politique . Les frères musulmans ont bien joué. Je renvoie la balle aux faiblesses et aux divisions internes du camp adverse...Pourquoi sont-ils aussi faibles , eux ?
Plus de détails sur al-ahram:
http://hebdo.ahram.org.eg/NewsContent/0/4/132/1077/La-charia-dans-la-nouvelle-Constitution-de-l%E2%80%99Egypt.aspx
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La charia dans la nouvelle Constitution de l’Egypte
Hicham Mourad19-12-2012
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Après avoir participé dans 10 gouvernorats, à la première phase du référendum sur la nouvelle Constitution, samedi 15 décembre, les Egyptiens s’apprêtent dans les 17 gouvernorats restants à retrouver le chemin des urnes, le 22 décembre, pour dire « oui » ou « non » au texte controversé, dont les pourfendeurs accusent, entre autres, de jeter les bases d’un Etat religieux. Les islamistes, Frères musulmans et salafistes, qui avaient dominé l’assemblée constituante chargée de rédiger la nouvelle Constitution, s’en défendent. Les dirigeants de la confrérie, en particulier, assurent que l’islam n’a jamais connu d’Etat religieux et que leur objectif est d’établir un Etat civil, mais à cadre de référence islamique. Qu’en est-il réellement dans le projet de Constitution ?
Le terme « charia » (loi islamique) est cité explicitement dans 3 articles du projet de la nouvelle Constitution. D’abord, l’article 2 statue, exactement dans les mêmes termes que l’ancienne Constitution de 1971, que « les principes de la charia sont la source principale de la législation ». Mais le nouveau texte a ajouté, à l’insistance notamment des salafistes qui voulaient au départ remplacer le terme « principes » par celui plus contraignant de « règles », un article explicatif (numéro 219) définissant les « principes de la charia ». Cet article indique que ceux-ci incluent « leur évidence globale, leurs règles fondamentales et de jurisprudence et leurs sources acceptées par les doctrines sunnites et la communauté plus large ». Cette définition « technique », tirée du jargon des oulémas, inconnue de la majorité des Egyptiens, viserait à réduire la marge de liberté des parlementaires dans l’élaboration des lois et de la Haute Cour constitutionnelle dans l’interprétation des principes de la charia. La Cour avait d’habitude adopté une ligne libérale dans la définition de ces principes à tel point que, selon ses détracteurs islamistes, la charia s’est retrouvée confinée au seul statut personnel (mariage, divorce, héritage, etc.). La Cour prenait pour seul cadre de référence les règles de la charia, autour duquel il existe une quasi unanimité. Or, celles-ci sont très peu nombreuses et constituent une minorité, le reste faisant l’objet de divergences entre les différentes écoles théologiques et les hommes de religion. Dans ce sens, l’article 219 pourrait être interprété comme élargissant le champ d’application de la charia, pour inclure par exemple des sujets comme l’interdiction des taux d’intérêts sur les prêts bancaires et la mixité dans les écoles et les universités ainsi que la baisse de l’âge de mariage des filles. Le projet de la nouvelle Constitution a approfondi cette même logique en exigeant, dans l’article 4, de prendre l’avis d’Al-Azhar, la plus haute autorité sunnite, dans les questions relatives à la charia. Certes, l’avis de cette institution est consultatif, mais il est difficile de voir un juge rendre un verdict contraire, notamment après l’inclusion dans la Constitution des articles 4 et 219. Ceci s’applique également aux députés dans l’exercice de leur travail législatif.
Hormis ces 3 articles, le texte de la nouvelle Constitution contient des termes nouveaux et des subtilités de langage qui pourraient élargir le champ d’application de la charia. L’article 10, par exemple, stipule que l’Etat et « la société » veillent au respect des « valeurs morales de la famille égyptienne ». Selon des juristes, l’inclusion du terme « société » pourrait être interprétée comme autorisant des individus à faire appliquer la loi islamique par eux-mêmes ou ouvrir la voie à la création d’une police religieuse, à l’instar de celle de « la promotion de la vertu et la prévention du vice » existant en Arabie saoudite.Par ailleurs, l’article 76 précise que tout crime et toute sanction doivent être établis en fonction d’« un texte constitutionnel » ou d’une loi. La Constitution de 1971 mentionnait uniquement le terme « loi », mais à l’insistance des salafistes, l’article a été modifié pour inclure également celui de « texte constitutionnel », qui voudrait dire que des crimes et des sanctions pourraient être établis en vertu des articles de la Constitution relatifs à la charia, sans que ceux-ci soient nécessairement transformés en lois par le Parlement. Enfin, le texte de la Constitution consacre toute une partie, composée de trois chapitres, aux droits et aux libertés des citoyens, dont les libertés de culte, d’expression, de création artistique ainsi que de la presse. La protection de ces droits et ces libertés est plus fermement formulée dans le projet de la nouvelle Constitution que dans celle de 1971. Mais le dernier article (numéro 81) de cette partie pose des limites à l’exercice de ces droits et ces libertés en indiquant qu’ils ne doivent pas entrer en contradiction avec les principes de la première partie consacrée à l’Etat et la société, dont l’article 2. Pour plusieurs juristes, l’article 81 pourrait permettre aux islamistes de limiter les droits fondamentaux des citoyens, au nom de la charia.
La portée réelle de tous les articles précédemment cités dans l’élargissement du champ d’application de la charia ou dans l’imposition de restrictions sur l’exercice des libertés et des droits fondamentaux dépend en premier lieu de l’Autorité qui l’appliquerait, le gouvernement, mais aussi de l’interprétation que donnerait la Cour constitutionnelle à ses dispositions. Formulé en termes simples, l’article 219 signifie que toute loi doit être en conformité avec les quatre sources reconnues par les doctrines de l’islam sunnite, à savoir le Coran, la sunna (les paroles et les actes du prophète Mohamad), Al-Qiyas (raisonnement par analogie) et Al-Ijma (consensus des savants). Mais, les tenants de cette méthode traditionaliste d’interprétation de la charia divergent sur le sens à donner aux règles de celle-ci dans le monde d’aujourd’hui, ce qui laisserait une marge de liberté aux députés dans l’élaboration des lois et à la Cour constitutionnelle dans l’interprétation des textes. L’article 219 aura comme effet pratique de modifier les arguments qu’utiliseraient les uns et les autres pour plaider leurs causes concernant la conformité de certaines lois à la charia, comme exigé par l’article 2 de la Constitution. Mais les débats et les divergences se poursuivraient entre les diverses écoles religieuses sur l’interprétation à donner aux règles de la charia. L’institution d’Al-Azhar, appelée à donner son avis sur les questions liées à la loi islamique, est elle-même traversée par des divergences entre réformistes et traditionalistes. Elle tient des positions modérées sur la charia. Rien n’empêche que l’équilibre des forces au sein d’Al-Azhar ne se transforme à l’avenir, sous un régime politique dominé par les islamistes, en faveur des rigoristes.
Re: [Printemps Arabe] Egypte
Salam,
Merci pour ces commentaires Yahia. Je ne suis pas spécialiste de ce qui se passe en Egypte, mais je peux quand même procéder à quelques remarques. D'abord, l'auteur de la lettre précise bien au début que tout le projet, ou simplement, la Constitution regorge de choses mauvaises, mais il choisit sciemment pour l'exemple un article, lui-même relevant d'une partie de la Constitution.
Ce que l'auteur trouve dommage, c'est que cette Constitution est la résultante directe de la révolution. Autrement dit, peu importe que cette règle existait déjà avant, à la limite c'est même logique qu'elle existât déjà avant. par contre, il est illogique qu'elle soit reprises dans un projet qui se veut le résultat d'un mouvement populaire, d'où les islamistes, initialement, étaient absents (il faut se le rappeler).
Enfin, si un pays devait avoir une majorité mu'tazilite, j'espère que ses citoyens hypothétiques auront eu la sagesse de ne pas légiférer à partir de la religion....Mais ce qui m'a intéressé avant tout dans cette lettre, c'est qu'elle donne un côté bien vivant du mu'tazilisme, le sortant ainsi des vieux livres. Ni de moi, comme quoi, je ne suis pas seul (surtout que maintenant Walid s'est joint à nous,où va-t-on s'arrêter ???....héhé !!!)
Wa salam
P.S: bon ok je m'enflamme un peu je crois !
Merci pour ces commentaires Yahia. Je ne suis pas spécialiste de ce qui se passe en Egypte, mais je peux quand même procéder à quelques remarques. D'abord, l'auteur de la lettre précise bien au début que tout le projet, ou simplement, la Constitution regorge de choses mauvaises, mais il choisit sciemment pour l'exemple un article, lui-même relevant d'une partie de la Constitution.
Ce que l'auteur trouve dommage, c'est que cette Constitution est la résultante directe de la révolution. Autrement dit, peu importe que cette règle existait déjà avant, à la limite c'est même logique qu'elle existât déjà avant. par contre, il est illogique qu'elle soit reprises dans un projet qui se veut le résultat d'un mouvement populaire, d'où les islamistes, initialement, étaient absents (il faut se le rappeler).
Enfin, si un pays devait avoir une majorité mu'tazilite, j'espère que ses citoyens hypothétiques auront eu la sagesse de ne pas légiférer à partir de la religion....Mais ce qui m'a intéressé avant tout dans cette lettre, c'est qu'elle donne un côté bien vivant du mu'tazilisme, le sortant ainsi des vieux livres. Ni de moi, comme quoi, je ne suis pas seul (surtout que maintenant Walid s'est joint à nous,où va-t-on s'arrêter ???....héhé !!!)
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Mamun- Messages : 578
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Re: [Printemps Arabe] Egypte
je comprends que cela te fasse plaisirMamun a écrit:
....Mais ce qui m'a intéressé avant tout dans cette lettre, c'est qu'elle donne un côté bien vivant du mu'tazilisme, le sortant ainsi des vieux livres. Ni de moi, comme quoi, je ne suis pas seul (surtout que maintenant Walid s'est joint à nous,où va-t-on s'arrêter ???....héhé !!!)
Mamun a écrit:
Ce que l'auteur trouve dommage, c'est que cette Constitution est la résultante directe de la révolution. Autrement dit, peu importe que cette règle existait déjà avant, à la limite c'est même logique qu'elle existât déjà avant. par contre, il est illogique qu'elle soit reprises dans un projet qui se veut le résultat d'un mouvement populaire, d'où les islamistes, initialement, étaient absents (il faut se le rappeler).
La perpétuelle illusion des activistes de représenter la population, leur habituel aveuglement sur les contradictions des aspirations populaires, le retour aux normes qui suivent toujours historiquement tout soulèvement populaire..... Quant on est adepte de la rationalité, on devrait quand même faire preuve d'un peu de réalisme . Les forces en présences étaient là depuis des années: la révolte populaire ( et non pas une révolution) ne les a en rien abolies, loin de là. Les votes populaires se suivent et les confirment. D'un côté une activité de plusieurs dizaines d'années, de l'autre côté, quoi ? Un activisme tout neuf (ils étaient où avant ?), désorganisé, sans leaders crédibles,aux déchirements internes multiples, de vagues rêves de liberté mal définie, sans vision à long terme, ni capacité politique à ressembler... Désolé, mais il y a du boulot à faire pour améliorer tout cela !
En attendant qu'elle plaise ou non ( et elle ne me plaît pas), la constitution est démocratiquement adoptée, tout comme bien des choses désagréables et injustes sont démocratiquement adoptées chez nous. A l'opposition donc de s'organiser pour changer les choses dans un autre sens, par la voire démocratique, si elle en est capable....
Re: [Printemps Arabe] Egypte
Yahia a écrit:
La perpétuelle illusion des activistes de représenter la population, leur habituel aveuglement sur les contradictions des aspirations populaires, le retour aux normes qui suivent toujours historiquement tout soulèvement populaire..... Quant on est adepte de la rationalité, on devrait quand même faire preuve d'un peu de réalisme . Les forces en présences étaient là depuis des années: la révolte populaire ( et non pas une révolution) ne les a en rien abolies, loin de là. Les votes populaires se suivent et les confirment. D'un côté une activité de plusieurs dizaines d'années, de l'autre côté, quoi ? Un activisme tout neuf (ils étaient où avant ?), désorganisé, sans leaders crédibles,aux déchirements internes multiples, de vagues rêves de liberté mal définie, sans vision à long terme, ni capacité politique à ressembler... Désolé, mais il y a du boulot à faire pour améliorer tout cela !
En attendant qu'elle plaise ou non ( et elle ne me plaît pas), la constitution est démocratiquement adoptée, tout comme bien des choses désagréables et injustes sont démocratiquement adoptées chez nous. A l'opposition donc de s'organiser pour changer les choses dans un autre sens, par la voire démocratique, si elle en est capable....
Rationalistes ou non, on en reste pas moins humains. On s'enthousiasme peut-être à tort, mais bon...Pour le reste, je suis d'accord, la Constitution a été votée démocratiquement...eh bien alors quoi ??? On doit se taire et accepter sans rien dire ? Où est le droit à l'expression, le droit à dire qu'on aime pas ? C'est peut-être la première étape qui permettra la construction d'une vraie opposition future. Au lieu de faire l'esprit chagrin comme toi Yahia , je ne trouve pas cette réaction géniale, superbe, mais salutaire. En attendant mieux.
Mamun- Messages : 578
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Re: [Printemps Arabe] Egypte
http://www.lavie.fr/religion/lamatinale/une-professeure-copte-condamnee-pour-blaspheme-en-egypte-12-06-2013-41337_400.phpUne professeure copte a été condamnée le 11 juin par un tribunal à Louxor à payer une amende de 11.000 euros (100.000 livres égyptiennes) pour avoir ”insulté l’islam”.
Accusée par trois de ses élèves de 10 ans, Dimyana Obeid Abd Al-Nour aurait fait des commentaires "blasphématoires”, notamment en évoquant la figure d’Akhenaton, le pharaon qui a introduit une forme de monothéisme en Egypte ancienne. Selon certains témoins –des enfants, donc– la professeure aurait aussi comparé Chennouda III à Mohammed, le prophète de l’islam (...)
Surtout depuis l’arrivée au pouvoir des Frères musulmans l’année dernière, les chrétiens se disent victimes de restrictions religieuses de plus en plus liberticides. En ce qui concerne les procès pour blasphème, ils seraient utilisés d’une façon disproportionnée à l’égard des chrétiens (...) Ainsi, sur les 36 procès pour blasphème portés devant les tribunaux en 2012, 41% étaient dirigés contre des chrétiens, alors que ces derniers ne représentent que 10% des Egyptiens (...)
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Re: [Printemps Arabe] Egypte
http://www.lemonde.fr/afrique/article/2013/06/25/egypte-la-democratie-menacee_3436343_3212.html(...) L'ambassadrice des Etats-Unis en Egypte, Anne Patterson, a beau sermonner l'opposition en soutenant que "ce n'est que par les élections que la démocratie se réalise, et que Mohamed Morsi n'est pas Hosni Moubarak", le président égyptien fait depuis son élection, il y a un an, en juin 2012, une expérience singulière. Plus les Frères musulmans enchaînent les victoires électorales, plus leur légitimité paraît fragile et plus s'aggrave le blocage politique et institutionnel qui paralyse le pays (...)
Aujourd'hui, l'ensemble des forces politiques non islamistes demande la démission de Mohamed Morsi et la tenue d'une élection présidentielle anticipée. Une manifestation "millionnaire" est prévue le 30 juin contre le président, qui crie au coup d'Etat.
Ce dernier est-il, comme il le prétend, la victime d'une élite libérale déconnectée du pays réel et prête à paralyser les institutions pour faire échec aux islamistes ? Se heurte-t-il à la résistance d'une bureaucratie pléthorique et corrompue ? "Si la société n'est pas capable de garantir un minimum de respect pour l'opinion du leader choisi par la volonté du peuple, si la minorité retarde délibérément la reconstruction des institutions de l'Etat, le plus probable, c'est le retour de la dictature", ont menacé les Frères musulmans, le 18 juin (...)
L'interminable épreuve de force entre le président et le pouvoir judiciaire est un des exemples par excellence de ces blocages. A chaque nouvelle embûche mise sur son chemin par les hautes autorités judiciaires, Mohamed Morsi a réagi de manière plus autoritaire. Face aux juges qui n'ont pas hésité, entre autres, à dissoudre le Parlement à peine élu et à déclarer anticonstitutionnelles la Constituante et la Chambre haute, le président a tenté le coup de force. Il s'est d'abord arrogé les pouvoirs législatifs et a déclaré inattaquables ses décrets. Puis il a évincé le procureur général et soumis à référendum une Constitution rejetée par l'opposition.
En vain : les législatives prévues en avril, afin de redonner à l'Egypte un Parlement, ont été reportées sine die en attendant qu'une seconde mouture de la loi électorale passe à nouveau sous les fourches caudines de la Haute Cour constitutionnelle, qui ne manquera sans doute pas de l'invalider à nouveau. Quant à la Constitution, elle est loin d'établir la charia... Au terme de ce bras de fer avec les autorités judiciaires, Mohamed Morsi apparaît à la fois plus autoritaire et plus impuissant (...)
La "frérisation" de l'Etat, dénoncée à toute force par ses opposants, qui affirment que les Frères placent leurs pions "jusqu'au quatrième niveau de l'Etat", se heurte à des résistances tenaces. Lorsque Mohamed Morsi évince le procureur général en novembre 2012, la Haute Cour constitutionnelle se venge : elle rejette son projet de loi sur la réforme de la justice qui aurait mis à la retraite plus de 13 000 juges, et empêche ainsi les Frères de placer leurs hommes dans la magistrature. Quand son nouveau ministre de la culture remplace le directeur des Archives et la directrice de l'Opéra du Caire, le ministère est investi et paralysé par des centaines d'intellectuels en colère. Le 16 juin, la nomination de 7 nouveaux gouverneurs issus de la confrérie (portant leur nombre à 11 sur 27) a provoqué une flambée de violence dans les régions du Delta, du Fayoum et dans le Sud. Les sièges des gouvernorats d'Ismaïlia, de Menoufia, de Kalyubia, de Damiette et de Dakahlia ont été pris d'assaut et occupés par des milliers de manifestants en colère. La nomination au gouvernorat de Louxor d'Adel El-Khayat, un membre de l'Al-Gamaa Al-Islamiya, un groupe impliqué dans les attaques terroristes à Louxor en 1997, a provoqué un tollé dans tout le pays. Il a dû annoncer sa démission dimanche 23 juin.
Si Mohamed Morsi est arrivé au pouvoir en juin 2012, ce n'est pourtant que grâce au soutien des révolutionnaires, des libéraux et des Frères "défroqués" qui lui permettent d'arracher de justesse 51,8 % des voix face à Ahmed Chafik, un cacique de l'ancien régime ("fouloul"). Un an plus tard, libéraux et foulouls sont galvanisés, unis contre celui qu'ils accusent de vouloir monopoliser le pouvoir au service d'une secte illégale. Cette opposition n'est pas la seule : à l'autre bout du spectre politique, un nombre croissant de salafistes n'hésitent plus à critiquer ouvertement le bilan du président (...)
Venu chercher l'appui du nouveau pape des coptes, Théodore II, et du grand imam d'Al-Azhar contre les manifestations prévues le 30 juin, il a essuyé une véritable gifle en s'entendant répondre que les coptes étaient libres de descendre dans la rue s'ils le souhaitaient et que refuser l'autorité du président n'était en rien contraire à l'islam (...)
Au-delà des trois quarts du personnel politique qui lui sont désormais hostiles, Mohamed Morsi s'est aussi mis à dos un nombre de plus en plus important d'Egyptiens modestes et des classes moyennes qui constituent pourtant sa principale base électorale. Car les dossiers économiques et sociaux brûlants n'ont pas trouvé de solution malgré les efforts des Frères. On découvre avec stupeur que ces derniers manquent de technocrates qualifiés et surtout n'ont pas de plan pour s'attaquer à un sujet aussi pressant que la réforme du système de subventions, qui dévore 25 % du budget de l'Etat.
Pénuries de blé, de fioul, de gazole, trafic de pain, coupures d'électricité quotidiennes, insécurité, hausse de la criminalité (qui a triplé depuis la révolution selon les chiffres du ministère de l'intérieur), impunité de nombreux responsables de l'ancien régime... Ces échecs sont très violemment ressentis par le citoyen lambda (...)
Les Frères musulmans défendent à grand renfort de fichiers PowerPoint un bilan truffé de chiffres maison sur les douze derniers mois qui contrastent avec la dégradation sensible du quotidien : augmentation du PIB, des investissements - de 170 milliards de livres (18,5 milliards d'euros) à 181 milliards -, du nombre de touristes - de 8 à 9 millions -, de la production locale de blé, etc. Des chiffres qui masquent mal la réalité d'une économie portée à bout de bras par les prêts étrangers obtenus par Mohamed Morsi afin de maintenir à flot les caisses d'un Etat où la transparence budgétaire est inexistante.
Comble de l'ironie, les ONG des Frères musulmans prospèrent sur les ruines de l'Etat qu'ils dirigent désormais : à Alexandrie, le gouverneur a accusé les Frères d'agréer en priorité des organisations islamistes chargées de distribuer le pain subventionné pour éviter la contrebande (...)
Partout la tension est palpable, des bagarres dans les stations-service aux émeutes devant les boulangeries subventionnées. Les lynchages en pleine rue se multiplient, à l'image de l'assassinat de quatre chiites dimanche 23 juin, dans un village de la banlieue du Caire. La découverte, le 18 juin, d'une cargaison de grenades lacrymogènes dans le coffre de la voiture du nouveau gouverneur de Kafr Al-Shaikh (delta du Nil) a ranimé le spectre d'un affrontement généralisé entre pro et anti-Morsi. Au cours des derniers heurts entre les islamistes et leurs opposants, l'apparition d'hommes casqués et armés d'un bâton a alimenté des craintes quant à l'existence de milices islamistes, toujours démentie par la confrérie.
Dans les urnes, l'érosion de la base des Frères est incontestable : entre leur victoire massive aux législatives de novembre 2011, la présidentielle qu'ils n'auraient pas gagnée sans le soutien des libéraux et leur référendum sur la Constitution entaché de soupçons de fraude, la confrérie n'a cessé de perdre des voix, et la participation électorale de baisser en flèche. Depuis avril, ils ont perdu le contrôle des syndicats professionnels qui étaient leurs bastions depuis les années 1990 et ont été écrasés aux élections de l'Union des étudiants (...)
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Re: [Printemps Arabe] Egypte
Comme le dit Marcel Pagnol, le mot "révolution" - appelé aussi "printemps" ici - défini bien ce qu'il en est : c'est l'achèvement d'un cycle , le moment où tout ce qui a été en mouvement se retrouve à sa place initiale .
C'est bien pourquoi il est sage et raisonnable de ne rien attendre d'une révolution !
On en sait quelque chose: partout où il y a eu "révolution" - comme en France aussi - les cartes sont restées les mêmes, elles ont changées de main mais pas de camp - celui du Pouvoir , ceux qui se sont fait "trouer la peau" n'y ont rien gagné .
Quand ce n'est pas pour pire encore, quand ils ont "tout perdu" comme dans le cas des révolutions "prolétariennes " !
...
C'est bien pourquoi il est sage et raisonnable de ne rien attendre d'une révolution !
On en sait quelque chose: partout où il y a eu "révolution" - comme en France aussi - les cartes sont restées les mêmes, elles ont changées de main mais pas de camp - celui du Pouvoir , ceux qui se sont fait "trouer la peau" n'y ont rien gagné .
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GILBERT-MICHEL- Messages : 1088
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Re: [Printemps Arabe] Egypte
http://www.lemonde.fr/afrique/article/2013/07/02/la-presidence-egyptienne-rejette-l-ultimatum-de-l-armee_3440080_3212.htmlLa présidence égyptienne a rejeté implicitement dans la nuit du lundi 1er au mardi 2 juillet l'ultimatum lancé plus tôt par l'armée au chef de l'Etat Mohamed Morsi, lui laissant 48 heures pour satisfaire les "demandes du peuple", faute de quoi elle imposerait une feuille de route.
Déterminée "à poursuivre dans la voie qu'elle a choisi pour mener une réconciliation nationale globale", l'administration note que "la déclaration des forces armées n'a pas été soumise" à la présidence avant sa diffusion et contient "des signes pouvant causer la confusion". "L'Etat démocratique égyptien civil est une des plus importantes réalisations de la révolution du 25 janvier" 2011 qui a renversé l'ex-président Hosni Moubarak, poursuit le communiqué, affirmant que "l'Egypte ne permettra absolument aucun retour en arrière quelles que soient les circonstances"
Lundi soir, le commandement militaire avait affirmé dans un message lu à la télévision que "si les revendications du peuple ne sont pas satisfaites, (les forces armées) annonceront une feuille de route et des mesures pour superviser sa mise en œuvre". Les opposants au président Morsi, mobilisés en masse depuis dimanche notamment sur l'emblématique place Tahrir du Caire, ont explosé de joie à cette annonce (...)
Khaled Dawoud, porte-parole du Front de salut national (FSN), une coalition rassemblant des libéraux et des personnalités de gauche, a d'ores et déjà annoncé qu'aucun dialogue avec M. Morsi n'était possible "car nous considérons qu'il n'est plus légitime"
Le mouvement a décidé dans la soirée de désigner l'ex-candidat à la présidence Mohamed El-Baradei comme son représentant dans d'éventuelles discussions avec l'armée. "Nos revendications, que nous allons présenter à l'armée, sont principalement que le président Morsi démissionne et que nous allons avoir besoin d'un gouvernement fort et d'un président intérimaire, dont nous proposons qu'il s'agisse du président de la Cour constitutionnelle" (...)
Depuis lundi, six ministre du gouvernement ont démissionné, dont aucun n'appartient à la confrérie islamiste (...)
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Re: [Printemps Arabe] Egypte
http://www.rue89.com/2013/07/03/egypte-larmee-a-trahi-peuple-vive-larmee-243923Une année après ce scrutin démocratique historique, l’armée semble avoir conservé le rôle d’assesseur, clé des urnes en mains. Après le «printemps arabe», l’«hiver islamiste» et l’«automne salafiste», le retour en force de l’armée semble marquer l’avènement de l’«été militaire» (...)
La «Révolution du 25 janvier», surnom de la rupture entre le peuple et le despote Hosni Moubarak, n’en était pas une… Les quelques embrassades observées entre soldats et manifestants dans les rues égyptiennes n’étaient non pas des scènes de fraternisation : il s’agissait pour l’armée d’exprimer son traditionnel rôle de défenseur suprême de la nation égyptienne et non pas de rendre publique une quelconque forme d’amour fusionnel. L’establishment ne s’est pas solidarisé avec les manifestants, il a seulement cessé de soutenir Moubarak.
Ce dernier prévoyait effectivement de propulser son fils Gamal Moubarak à la présidence, assurant ainsi la configuration «République héréditaire» à l’image de la dynastie républicaine al-Assad en Syrie. Voyant d’un mauvais œil ce «réformiste de l’intérieur» aux relents libéraux, les militaires ont ainsi saisi le moment opportun pour faire «dégager» Moubarak comme le réclamaient les manifestants (...)
Au deuxième acte, la «mère du peuple» –par le biais du Conseil suprême des forces armées (CSFA)– s’est arrogé le droit –ou précisément tous les droits– de superviser l’après-dictature, autrement dit la transition vers la démocratie. Et ce, en prétendant répondre aux aspirations du peuple (...) Probablement pressée, sans doute intéressée, elle a imposé un calendrier électoral restreint (législatives en novembre 2011-janvier 2012) ne donnant pas assez de temps à ce peuple en colère pour s’organiser et se préparer à concrétiser ses aspirations. Or, comment des partis politiques naissants peuvent-ils s’organiser et mener une campagne en moins d’une année ? Pire qu’une erreur de parcours, cette donne révélait en réalité le désir de la «mère du peuple» de tromper ce dernier (...)
En voulant que le pouvoir lui revienne, en voulant la démocratie, le peuple revendiquait son dû face à une structure qui le lui a volé. Ce dû c’est le pouvoir, que l’armée détient économiquement via sa part de PIB (inconnue mais certainement immense) et exerce politiquement via les officiers qu’elle a faits présidents (Nasser, Sadate, et Moubarak). Contre toute libéralisation politique, elle s’est donc alliée avec un autre conservatisme : celui des Frères musulmans (...)
Ni «mère» ni «Frères», le peuple s’est finalement laissé séduire par l’opposition. Cette dernière, qui s’est faite le porte-parole du peuple ces derniers jours à travers Mohamed Baradei, un ex-fonctionnaire international revenu de l’étranger par la plus opportune des coïncidences, a récupéré autant que faire se peut les protestations populaires : elle qui prétend la représenter évite pourtant les mêmes rues que celles qui ont conduit à la chute de Moubarak (...)
Le peuple égyptien a été triplement trahi :
•trahi par l’armée qui a délaissé « son » peuple au profit d’une alliance avec des Frères aussi conservateurs qu’elle ;
•trahi par les Frères qu’elle a portés au pouvoir, qui lui ont promis « justice et liberté » et qui se sont improvisés en cheikhs manipulant l’islam à des fins politiques ;
•et enfin trahi par une opposition factice, incarnée par une myriade d’anciens exilés (« Courage fuyons ») et de bourgeois « cairo-centrés » qui passent plus de temps sur Twitter et sur les ondes hertziennes que dans les rues de l’Egypte profonde.
Comme toute histoire sentimentale, celle-ci est extrêmement compliquée. Elle met en lumière tous les cercles vicieux qui se sont formés dans les rondes de manifestants place Tahrir. Elle explique enfin pourquoi ceux qui huaient les hélicoptères militaires survolant la place Tahrir en juin 2012 les applaudissent en juin et juillet 2013 : bernés par l’armée, bercés par les Frères et aujourd’hui charmés par l’opposition, ils ne savent plus où donner de la tête.
Peut-être l’Egypte, « oum el dounya » (« la mère du monde ») comme on la surnomme, a-t-elle accouché d’orphelins.
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Re: [Printemps Arabe] Egypte
Mohamed Morsi, victime d’un coup d’Etat militaire
Par la rédaction d'oumma.com
C’est dans une explosion de joie que les milliers d’Egyptiens anti-Morsi ont célébré, hier soir, place Tahrir, le véritable coup d’Etat militaire qui a, sans autre forme de procès, écarté du sommet de l’Etat le président de l’Egypte de l’après-autocratie, élu démocratiquement.
Si personne ne peut nier que le bilan de Mohamed Morsi, champion des Frères Musulmans, confronté à l’épreuve du pouvoir, du marasme économique, et de la diversité sociale de ses concitoyens, n’a pas produit le miracle escompté, ni sur le plan économique ni sur le plan de la concorde nationale, et fait même craindre la « frérisation » de l’administration du pays, il faut aussi reconnaître, dans le même souci d’objectivité, que son éjection manu militari et devant les caméras du monde entier bafoue toutes les règles démocratiques en vigueur, après une seule petite année de gouvernance.
L’entrée en scène de l’armée qui, de manière très radicale, assure avoir agi dans l’intérêt de la paix civile afin de démêler une situation devenue inextricable, tout en promettant d’œuvrer rapidement dans le sens d’un retour au processus démocratique, n’est pas sans rappeler les heures funestes du coup d’état de 1992 en Algérie, même si comparaison n’est pas raison.
Toutefois, comment ne pas établir un parallèle historique avec le coup de force des généraux algériens qui poussèrent sans ménagement le président Chadli à la démission, refusant la politique de cohabitation avec le FIS prônée par ce dernier? Ils firent alors parler les armes et imposèrent le règne de la junte militaire, envoyant leurs chars dans les rue d’Alger pour mieux piétiner la démocratie et les urnes qui avaient parlé.
Sur un échiquier mondial qui n’en espérait pas tant en si peu de temps, l’empressement de l’Arabie saoudite à féliciter chaudement le président par intérim de l’Egypte en dit long sur les rapports de force en jeu, tout comme le silence du Qatar, seul pays du Golfe à avoir soutenu sans retenue les Frères Musulmans égyptiens et l’économie du pays, est révélateur du sentiment cuisant d’échec qui doit habiter ses hauts dignitaires.
Alors que l’heure est à la liesse populaire, amplifiée par des médias occidentaux qui sont tous au diapason, se réjouissant sans la moindre réserve, ni nuance, de la destitution de « l’islam politique », nul doute que la mise au ban du président Morsi, sorti grand vainqueur des urnes, risque fort de radicaliser ses plus fervents partisans, et d’envoyer un très mauvais signal aux peuples arabes qui ont cru aux vertus démocratiques et qui réalisent aujourd’hui le miroir aux alouettes qu’elles recouvraient en Egypte.
http://oumma.com/17339/mohamed-morsi-victime-dun-coup-detat-militaire
Idriss- Messages : 7128
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Re: [Printemps Arabe] Egypte
J'y pense très fort aussi. Mais il y a quand même quelques différences notables, je crois. La première, c'est cette pétition qui a recueilli 22 millions de signatures.comment ne pas établir un parallèle historique avec le coup de force des généraux algériens qui poussèrent sans ménagement le président Chadli à la démission, refusant la politique de cohabitation avec le FIS prônée par ce dernier? Ils firent alors parler les armes et imposèrent le règne de la junte militaire, envoyant leurs chars dans les rue d’Alger pour mieux piétiner la démocratie et les urnes qui avaient parlé
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Re: [Printemps Arabe] Egypte
Un Etat dans l’Etat
Pour de nombreux spécialistes de l’Egypte, les militaires n’ont en réalité aucun intérêt à rester en première ligne. Principale bénéficiaire de l’aide américaine (1,3 milliard de dollars par an), l’armée a également la mainmise sur une bonne part de l’économie égyptienne, une manne dont profite une partie de la population, en particulier les familles dont sont issus les quelques 450 000 hommes qui la composent (en nombre, l’armée égyptienne est la dixième, ou la onzième armée du monde).
A l’instar de l’armée soviétique qui fut longtemps son modèle, elle a d’abord appris à devenir autosuffisante (approvisionnement, vivres, armement) puis elle a élargi ses activités à des secteurs aussi variés que l’immobilier, l’industrie chimique, le bâtiment, l’électroménager, l’élevage etc. , au point qu’environ 30% de l’activité économique du pays serait désormais entre ses mains.
Cette position hégémonique lui a d’ailleurs probablement permis d’accélérer la chute des Frères musulmans en bloquant les approvisionnements dans un pays où, ces dernières semaines, l’essence était devenue rare et les coupures d’électricité de plus en plus fréquentes, deux sources d’énergie qui sont miraculeusement devenues un peu plus disponibles depuis le départ de Mohamed Morsi, le 3 juillet.
« L’armée se sent légataire de l’avenir du régime politique mais aussi de l’ensemble de la société », confiait vendredi 5 juillet, sur l’antenne de RFI, Vincent Geisser, enseignant à l’Institut français du Proche-Orient. « L’armée, poursuivait-il, apparaît avant tout comme un médiateur aux yeux d’une bonne partie de la population, un rôle de garant qu’elle avait déjà tenu entre la chute de Moubarak et l’élection de Mohamed Morsi ». Un arbitre qui se pose donc en comptable des règles du jeu mais aussi (mais surtout ?) de ses propres intérêts . http://www.rfi.fr/afrique/20130705-egypte-armee-arbitre-incontournable-terrain-politique-abdelfatah-al-sissi
Idriss- Messages : 7128
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Re: [Printemps Arabe] Egypte
-Ren- a écrit:J'y pense très fort aussi. Mais il y a quand même quelques différences notables, je crois. La première, c'est cette pétition qui a recueilli 22 millions de signatures.comment ne pas établir un parallèle historique avec le coup de force des généraux algériens qui poussèrent sans ménagement le président Chadli à la démission, refusant la politique de cohabitation avec le FIS prônée par ce dernier? Ils firent alors parler les armes et imposèrent le règne de la junte militaire, envoyant leurs chars dans les rue d’Alger pour mieux piétiner la démocratie et les urnes qui avaient parlé
On peut penser aussi à Pinochet .....
22 millions de signatures dans un pays d’analphabètes dont c'est pas la tradition de signer des pétitions, c'est pas un peu trop beau...non?
Idriss- Messages : 7128
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Re: [Printemps Arabe] Egypte
Nous sommes d'accordIdriss a écrit:22 millions de signatures dans un pays d’analphabètes dont c'est pas la tradition de signer des pétitions, c'est pas un peu trop beau...non?
Je reprends le suivi d'info :
http://www.lemonde.fr/afrique/article/2013/07/09/egypte-la-presidence-promet-des-legislatives-avant-2014_3444523_3212.htmlMoins d'une semaine après que l'armée a renversé Mohamed Morsi, le président intérimaire de l'Egypte, Adli Mansour, a fixé un calendrier pour organiser des élections législatives avant 2014. Une déclaration immédiatement dénoncée par un responsable des Frères musulmans.
Selon le président, des élections parlementaires auront lieu une fois que des amendements à la Constitution, actuellement suspendue, auront été soumis à référendum, dans un délai maximal de quatre mois et demi. Ces élections, précise M. Mansour, devront avoir lieu dans les quinze jours suivant l'approbation de ces amendements par référendum. Ce scrutin sera ensuite suivi d'une élection présidentielle, qui devrait avoir lieu après la réunion du Parlement nouvellement élu.
La Constitution adoptée en décembre dernier et accusée par l'opposition d'ouvrir la voie à l'islamisation de la législation a été suspendue la semaine dernière après la destitution du président Mohamed Morsi par l'armée. Mercredi soir, l'armée a nommé M. Mansour, président de la Haute Cour constitutionnelle, au poste de président intérimaire. La chambre haute, qui assurait le travail législatif et était dominée par les islamistes, a été dissoute (...)
Au lendemain d'une manifestation durement réprimée par les militaires, dans laquelle 51 personnes sont mortes, les Frères ont appelé à une nouvelle journée de manifestations (...)
http://www.lemonde.fr/idees/article/2013/07/09/en-egypte-l-inadmissible-violence-de-l-armee_3444735_3232.htmlL'armée a tiré sur des centaines de sympathisants des Frères musulmans devant le club des officiers de la garde républicaine. Ils s'y étaient donné rendez-vous pour la prière du matin et afin de réclamer la libération de Mohamed Morsi, l'un des leurs, chassé du pouvoir par l'armée le 3 juillet, et qu'ils pensaient être détenu en ce lieu.
Y a-t-il eu provocation ? L'armée a-t-elle réagi à quelques tirs isolés ? Certains manifestants ont-ils tenté de prendre d'assaut le camp de la garde ? Les faits sont encore discutés, mais non le nombre de manifestants tombés sous les balles des soldats – au moins 51 –, ni celui des blessés – plusieurs centaines.
La majorité des récits collectés par la presse internationale fait état de tirs délibérés de l'armée sur des manifestants très largement pacifiques. Certains ont été tués ou blessés dans le dos, à plusieurs centaines de mètres de l'entrée du camp de la garde républicaine, comme s'ils avaient été poursuivis par les soldats.
Que l'armée ait cédé à une provocation ou ait perpétré un massacre de sang froid, le résultat est le même : une tragédie humaine et un désastre politique (...)
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Re: [Printemps Arabe] Egypte
Attention aux préjugés ! Le taux égyptien d'alphabétisation pour les adultes était estimé à 72% en 2010, et bien plus pour les jeunes générations. http://en.wikipedia.org/wiki/Literacy_rate#EgyptIdriss a écrit:
22 millions de signatures dans un pays d’analphabètes
à+
Re: [Printemps Arabe] Egypte
Je n'avais pas pensé à vérifier, merciSpin a écrit:Attention aux préjugés ! Le taux égyptien d'alphabétisation pour les adultes était estimé à 72% en 2010, et bien plus pour les jeunes générations
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Re: [Printemps Arabe] Egypte
Oui la formule était un peu malheureuse ....(mais combien de ses égyptiens ont appris à lire dans des institutions caritatives des fréres musulmans, palliant aux graves carences de l'état egyptien...)
J'ai pas de sympathie particulière pour les fréres musulmans , mais c'est pas une raison pour être naïf non plus:
http://www.arretsurimages.net/articles/2013-07-17/Egypte-Le-Monde-et-Libe-devoilent-les-dessous-du-mouvement-anti-Morsi-id6014
J'ai pas de sympathie particulière pour les fréres musulmans , mais c'est pas une raison pour être naïf non plus:
http://www.arretsurimages.net/articles/2013-07-17/Egypte-Le-Monde-et-Libe-devoilent-les-dessous-du-mouvement-anti-Morsi-id6014
Idriss- Messages : 7128
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Re: [Printemps Arabe] Egypte
A partir du moment où l'administration et l'économie se délitent gravement, il est un peu normal que l'ensemble des élites (armée, patronat, etc.) réagissent. C'est insuffisant pour parler de complot avec des objectifs inavouables (lesquels ? je n'ai pas vu dans l'article). Après, on peut toujours soutenir que la dégradation a été "voulue" quelque part (genre Chili sous Allende). On sait que les USA soutiennent économiquement l'Egypte... à condition qu'elle soutienne en retour leur politique, ce qui en soi est un peu normal. Après (bis) selon le jugement qu'on porte sur cette politique...Idriss a écrit:Oui la formule était un peu malheureuse ....(mais combien de ses égyptiens ont appris à lire dans des institutions caritatives des fréres musulmans, palliant aux graves carences de l'état egyptien...)
J'ai pas de sympathie particulière pour les fréres musulmans , mais c'est pas une raison pour être naïf non plus: http://www.arretsurimages.net/articles/2013-07-17/Egypte-Le-Monde-et-Libe-devoilent-les-dessous-du-mouvement-anti-Morsi-id6014
Les Frères Musulmans sont un mouvement puissant, solidement structuré et discipliné, avec un objectif clair depuis l'origine (1928) : restaurer le califat, donc une autorité qui doit s'imposer à tous les sunnites, décider notamment de la paix et de la guerre en leur nom. Il est fatal que tout ce qui vise un pouvoir quelconque dans le monde sunnite y voie un danger...
à+
Re: [Printemps Arabe] Egypte
http://www.lemonde.fr/afrique/article/2013/07/20/mobilisation-des-islamistes-en-egypte-trois-morts_3450410_3212.htmlTrois femmes ont été tuées, vendredi 19 juillet, à Mansura, dans le delta du Nil, lors d'affrontements entre factions rivales, alors que des dizaines de milliers de partisans de Mohamed Morsi s'étaient rassemblés dans tout le pays pour réclamer le retour du président islamiste déchu. Les affrontements entre partisans de l'ancien président et opposants ont également fait au moins sept blessés.
Des cortèges partis de dix-huit mosquées du Caire à l'appel des Frères musulmans ont convergé dans l'après-midi vers deux sites que les islamistes occupent depuis près de trois semaines : la mosquée Rabaa al-Adawiya dans un faubourg de la capitale, et les abords de l'Université du Caire, plus proche du centre-ville.
A Rabaa al-Adawiya, la foule brandissait de pancartes sur lesquelles on pouvait lire "où est passé mon vote ?" (...) Cette journée de protestation a été intitulée "briser le coup d'Etat" (...)
Une partie des manifestants s'est dirigée vers le ministère de la défense et le quartier général de la Garde républicaine, situés dans les environs de la mosquée, mais ont été empêchés d'y accéder par des barrages de l'armée. Le 8 juillet une cinquantaine de personnes avaient été tuées devant le siège de la Garde.
De nombreux slogans visaient le chef de l'armée et ministre de la défense, le général Abdel Fattah al-Sissi, homme-clé dans la destitution de M. Morsi et nouvel homme fort du pays. "Sissi dégage, Morsi est le président", scandaient certains en brandissant des portraits du président déchu. D'autres traitaient le général de "traître" ou "d'assassin".
Des manifestations islamistes ont également eu lieu en province, à al-Arich (nord Sinaï), Marsa Matrouh (nord-ouest), Beni Sueif et Minya (Moyenne Egypte), ainsi qu'à Alexandrie (nord, la deuxième ville du pays), selon la télévision publique (...)
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Re: [Printemps Arabe] Egypte
Fabrication de la guerre civile en Egypte : de « mystérieux » tireurs embusqués massacrent les partisans de Morsi
http://fr.sott.net/article/15821-Fabrication-de-la-guerre-civile-en-Egypte-de-mysterieux-tireurs-embusques-massacrent-les-partisans-de-Morsi
http://fr.sott.net/article/15821-Fabrication-de-la-guerre-civile-en-Egypte-de-mysterieux-tireurs-embusques-massacrent-les-partisans-de-Morsi
The New York Times a récemment publié quelques paragraphes révélateurs sur la question :
« Alors que le président Mohamed Morsi tenait une réunion en petit comité dans ses quartiers lors de ses dernières heures en tant que premier dirigeant élu de l'Égypte, il a reçu un appel d'un ministre étranger arabe avec une ultime offre pour mettre un terme à une confrontation avec les grands généraux du pays, ont déclaré les conseillers exécutifs avec le président [Obama].
Le ministre étranger a dit qu'il agissait en tant qu'émissaire de Washington, ont déclaré les conseillers, et il a demandé si M. Morsi accepterait la nomination d'un nouveau cabinet et premier ministre qui s'emparerait de tous les pouvoirs législatifs et remplacerait ses gouverneurs provinciaux élus.
Les conseillers ont déclaré qu'ils connaissaient déjà la réponse de M. Morsi. Il avait répondu à une proposition semblable en montrant son cou. « Ceci avant cela », avait-il dit à ses assistants, jurant à nouveau de mourir avant d'accepter ce qu'il considérait être un coup d'état de fait et donc un coup de massue porté à la démocratie égyptienne.
Son premier conseiller en politique étrangère, Essam el-Haddad, a ensuite quitté la pièce pour appeler l'ambassadrice des États-Unis, Anne W. Patterson, pour dire que M. Morsi refusait. Quand il est revenu, il a déclaré qu'il avait parlé à Susan E. Rice, conseillère en sécurité nationale, et que la prise de pouvoir militaire était sur le point de commencer, ont déclaré les conseillers exécutifs.
« Mère vient de nous dire qu'on arrêterait de jouer dans une heure », envoya par texto un assistant à un collègue, jouant sur l'expression égyptienne sarcastique pour le mécène occidental du pays, « Mère Amérique ». » http://www.nytimes.com/2013/07/07/world/middleeast/morsi-spurned-deals-to-the-end-seeing-the-military-as-tamed.html?pagewanted=all&_r=1&
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Re: [Printemps Arabe] Egypte
Le mythe d’une démocratie kaki
Par Ian BURUMA | mercredi, août 7, 2013
http://www.lorientlejour.com/article/827020/le-mythe-dune-democratie-kaki-.html
Le général Abdel Fattah al-Sissi, instigateur du coup militaire, a promis de s’opposer avec détermination et force aux Frères musulmans de Morsi. Lors de deux incidents indépendants en juillet, les forces de sécurité ont ouvert le feu sur les partisans des Frères alors qu’ils manifestaient pacifiquement contre le renversement et l’arrestation de Morsi, provoquant la mort de près de 200 personnes. Les unités de la police secrète, actives sous l’ancien régime du président Hosni Moubarak (et connues pour leur fréquente utilisation de la torture) sont en train d’être reconstituées pour la première fois depuis la révolution de 2011. Rien de tout cela n’est ni démocratique ni libéral. Et de nombreux Égyptiens, y compris les militants des droits de l’homme, ont approuvé.
- Spoiler:
Un homme, sauvagement battu par un membre des forces armées sur la place Tahrir en 2011, déclare aujourd’hui que le peuple égyptien devrait « se rallier » à l’armée, et que tous les dirigeants des Frères musulmans devraient être arrêtés. Esraa Abdel Fattah, un éminent militant prodémocratie, a qualifié le parti de Morsi de gang de terroristes soutenu par des forces étrangères. L’armée tient le même discours : mesures spéciales, force maximum et unités de sécurité restaurées sont nécessaires pour « combattre le terrorisme ». Certains commentateurs étrangers ont tout autant été leurrés que les Égyptiens qui ont soutenu l’intervention de l’armée. Un romancier hollandais bien connu a lui aussi eu la même réaction classique, prétendant qu’il se souciait bien peu de ce qui pouvait arriver aux militants pro-Morsi, puisqu’ils n’étaient tous que des « islamo-fascistes. » Et les gouvernements étrangers, y compris celui des États-Unis, détournent leur regard. L’administration du président Barack Obama refuse de qualifier les évènements de « coup d’État ». Le secrétaire d’État John Kerry a même prétendu que l’armée était en train de « restaurer la démocratie ». Il n’y a aucun doute sur le fait que le gouvernement Morsi était inexpérimenté, et même en certaines occasions incompétent, et il s’est montré réticent à entendre d’autres vues que celles de ses partisans, lesquels étaient souvent loin d’être libéraux. Mais les partisans de Morsi ne sont pas des terroristes soutenus par des forces étrangères. Et Morsi n’est pas non plus une version égyptienne de l’ayatollah iranien Ruhollah Khomeyni.
Les élections qui ont porté Morsi au pouvoir ont, pour la première fois, accordé une voix politique à des millions de gens, dont un grand nombre sont pauvres, sans éducation et religieux. Ils ne sont peut-être pas de bons démocrates, ou même tolérant particulièrement d’autres points de vue. Nombre d’entre eux avaient des opinions – par exemple sur le rôle de la femme, sur le sexe et sur la place de l’islam dans la vie publique – que les libéraux laïques abhorrent. Mais réduire ces gens au silence par la force et les qualifier de terroristes soutenus par l’étranger ne peuvent aboutir qu’à une seule chose : plus de violences. Si l’issue d’élections démocratiques n’est pas respectée, les gens trouveront d’autres moyens de se faire entendre. L’inclination autocratique de Morsi a pu porter tort à la démocratie ; mais le renverser par la force lui porte un coup mortel. Comment combler le fossé entre les élites laïques urbanisées, plus ou moins occidentalisées, et les pauvres ruraux dans les pays en développement est un vieux problème. Une solution est d’imposer une modernisation laïque en oppressant les pauvres et leurs organisations religieuses. L’Égypte a déjà enduré le régime dur d’un État laïque policier, qu’il soit de droite ou de gauche. L’autre solution est d’accorder une chance à la démocratie.
Cela n’est pas possible sans autoriser une forme d’expression religieuse dans la vie publique. Aucune démocratie au Moyen-Orient qui ne prendrait pas l’islam en compte ne fonctionnera. Mais, sans la liberté d’exprimer des vues et des croyances différentes, la démocratie demeure autoritariste. Les partis islamistes ont du mal à accepter cet état de fait. De nombreux islamistes préféreraient peut-être une démocratie autoritariste plutôt que libérale. Mais les libéraux qui favorisent réellement la démocratie doivent accepter que les islamistes soient, eux aussi, autorisés à jouer un rôle politique. L’alternative serait de revenir à une autocratie autoritariste. Se féliciter du coup militaire contre Morsi accorde toute sa probabilité à cette dernière alternative.
Idriss- Messages : 7128
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Re: [Printemps Arabe] Egypte
http://www.lemonde.fr/afrique/article/2013/08/14/avec-les-freres-musulmans-l-armee-a-aussi-ecrase-la-democratie-naissante-en-egypte_3461731_3212.htmlLes islamistes ne sont pas les seules victimes de l'assaut donné mercredi par les forces de sécurité contre les deux "sit-in" de militants pro-Morsi, au prix, semble-t-il, de plus de 230 morts selon des bilans encore provisoires à l'échelle nationale. Les libéraux ont été politiquement laminés par le choix du tout-sécuritaire qui a prévalu. Mohamed El-Baradei l'a bien compris, en donnant sa démission mercredi, en milieu d'après-midi.
Jusqu'au bout, le Prix Nobel de la paix 2005 a lutté pour arracher une solution pacifique au sein du gouvernement de transition installé après la destitution par l'armée du président islamiste Mohamed Morsi. Mais les "sécuritaires", dont la ligne est incarnée par le chef d'état-major et ministre de la défense, Abdel Fattah Al-Sissi, l'ont emporté.
C'est un terrible retour en arrière, à commencer par la mise en place du pire symbole des années Moubarak : l'état d'urgence, en vigueur pendant les trente ans de règne de l'ex-raïs, qui a été réinstauré pour une durée d'un mois. Il donne le droit à l'armée d'arrêter et de juger des civils. C'est une négation de tous les acquis de la révolution de janvier 2011 (...)
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