Blanquer dénonce "l'islamo-gauchisme"
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Re: Blanquer dénonce "l'islamo-gauchisme"
Disons qu'il soutient une position anti-islam extrême. Mais c'est bien sur ces idées qu'il a été élu maire d'une ville de 77000 habitants.indian a écrit:Je ne connais pas ce monsieur Ménard, mais si il propose une telle idée, c'est peut être qu'il parle de wahhabisme-salafiste.
Car si tel est le cas, je serai en accord avec lui.
Re: Blanquer dénonce "l'islamo-gauchisme"
Spin a écrit:Disons qu'il soutient une position anti-islam extrême. Mais c'est bien sur ces idées qu'il a été élu maire d'une ville de 77000 habitants.indian a écrit:Je ne connais pas ce monsieur Ménard, mais si il propose une telle idée, c'est peut être qu'il parle de wahhabisme-salafiste.
Car si tel est le cas, je serai en accord avec lui.
Ah, ok, merci je comprends donc un peu mieux.
Je soutiens moi-meme aussi une position anti-sectaire sous toutes ses formes et autres extrémismes idéologiques.
Même que je les combats.
Par contre au sujet de l'iSLaM, c'est un tout autre sujet.
indian- Messages : 2844
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Re: Blanquer dénonce "l'islamo-gauchisme"
Du Venezuela à l’islamo-gauchisme
mercredi 2 décembre 2020
Mais cette ligne de la dénonciation de l’islamo-gauchisme empruntée littéralement aux sectes d’extrême droite a depuis lors été appliquée à tout ce qui tient tête au pouvoir. Puisque personne ne se solidarisait des Insoumis, la haine s’est répandue de tous côtés. Ainsi quand Blanquer, ministre de l’Éducation nationale la reprend à son compte pour attaquer des travaux de recherches universitaires ou des présidents d’université.
- Spoiler:
Ainsi quand Anne Hidalgo l’attribue à EELV et à nous, peu avant d’approuver la loi sécurité globale et notamment son article 24 contre la liberté de la presse. Ces convergences permettent de mieux comprendre le mécanisme politique qui est en jeu et sa portée espérée. Il s’agit d’organiser une nouvelle latéralisation du champ politique. À l’heure où la stratégie « faire barrage à l’extrême droite » en votant pour n’importe qui d’autre ne fonctionne plus du fait de l’attitude du macronisme, il faut changer le menu. Pour que Macronistes, PS, et la droite d’EELV se retrouvent au deuxième tour, il leur faut un commun dénominateur, plus fort que les divergences écologiques et sociales. La haine des musulmans et la logorrhée pseudo-laïque et républicaine en tiennent lieu à présent.
D’abord il s’agit d’une opération concertée. Non au sens d’un complot. Il s’agit en fait d’un effet de système lié à la pression de l’extrême droite sur les esprits. La fameuse lepénisation des esprits est désormais acquise sous la forme du zemourisme de salon. Certains milieux y évoluent avec la familiarité d’un « chez soi ». Cela fonctionne alors comme un marqueur d’appartenance à la « bonne société » politiquement correcte. Il n’empêche : la haine des musulmans en général qui s’abrite derrière l’attribution de l’étiquette « islamo gauchiste » et ses variantes, repose d’abord sur la phobie personnelle de ceux qui la manient. Il s’agit en fait d’un racisme « mondain » c’est-à-dire acceptable entre gens de bonne compagnie. Ce racisme se cache derrière des expressions qui se veulent plus conceptuelles que les grossières injures racistes traditionnelles.
Deuxièmement, avec « islamo-gauchiste », il s’agit d’une filiation directe avec l’état d’esprit de ceux qui dénonçaient autrefois de « judéo-bolchevisme ». L’assignation d’un concept religieux à une position politique est la forme qui permet de lier en un affect unique deux pulsions primales : une détestation politique de principe (l’extrême droite hait la gauche qui le lui rend bien) avec une pulsion de haine de ce qui est différent (les musulmans aujourd’hui comme les juifs hier). Le flou du concept est censé englober plus facilement. Qu’est-ce qu’un « islamo-gauchiste » ? Un islamiste de gauche ? Une gauche qui penserait prendre appui sur la religion musulmane ? De tels alliages ne résistent pas à cinq minutes d’examen rationnel. C’est pourquoi il est juste de parler à ce sujet de phobie, c’est-à-dire d’une pulsion irrationnelle qui fait perdre son contrôle intellectuel à ceux qui en sont atteints. Par exemple la personne qui est allée tirer sur des croyants musulmans à la sortie de la mosquée à Bayonne. Crise de démence sénile (cela fut évoqué) ou pas, il est certain que l’irrationalité de l’acte s’est construite autour d’une phobie bien précise : celle des musulmans.
Troisièmement : comme il est impossible de montrer un cas concret « d’islamo gauchisme », l’attribution de l’étiquettes se fait pas itération : « marabout, bout de ficelle, selle de cheval ». Pour cela le calomniateur colle des segments, pratique un montage : on montre la manif du 10 novembre sans citer ni ses motifs ni les appelants, ni les références innombrables à la laïcité ni la marseillaise finale mais en exhibant un manipulateur qui crie « Allah Akbar ». Cas isolé parmi des dizaines de milliers de personnes. Les nervis de la ligue de défense juive appelés à la rescousse par le CRIF étaient beaucoup plus nombreux pour traiter de « putes à bougnoules » les femmes députés insoumises venues participer à la marche en hommage à Mireille Knoll. Il va de soi que nous n’avons pas confondu ces tristes personnages avec le sens politique de la marche.
A côté du collage/montage de scènes, il y a aussi l’art d’installer un paysage de fausses « questions-qui-se-posent ». Exemples. « Certains vous attribuent une tendance islamo-gauchiste que leur répondez-vous ? ». Ou bien : « Avez-vous l’intention d’abroger la loi sur la burqa ? ». Évidemment, les plus malins n’attendent que des justifications et des négations qui en réalité fonctionnent comme autant de justifications, preuves qu’il n’y a « pas de fumée sans feu » et ainsi de suite. Ce genre de procédé d’enfermement culmine avec l’accusation « d’ambiguïté ». Impossible à répondre puisque l’accusation ne repose sur aucun fait énoncé. Il n’est pas étonnant que ce soit une spécialité d’Olivier Faure, patron du PS et sans doute l’un des socialistes les plus ambigu sur la gauche puisqu’il a souhaité participer à la majorité macroniste après avoir fait le serre-file à l’Assemblée nationale de la loi El Khomri. Sur cette base, avec cette méthode un large éventail d’injonctions tordues se présente. Exemple : « les Verts doivent clarifier leur position à l’égard de la République » a asséné Anne Hidalgo. Doit-on lui demander qu’elle-même clarifie sa position sur la pédophilie si on en croit ses alliés EELV au conseil de Paris ? Par exemple.
J’ai pris le temps d’analyser ce moment de la lutte de l’extrême droite et des petites mains manipulatrices qui lui servent de poissons-pilotes dans les rangs de la gauche sous couvert de laïcité et même de République. En effet je sais que ce sera le principal produit dans l’égout que préparent d’aucuns contre notre famille en vue des présidentielles. Après la période « Venezuela » à toutes les sauces, une nouvelle histoire pourrie est en train de s’écrire. Aux USA et en Grande Bretagne, ce fut le pilonnage sans fin sur le thème de l’antisémitismes contre Sanders et Corbin. Ici, en France, la variante locale est « l’islamo-gauchisme » et ses produits dérivés. Autour de nous, j’y vois le retour de la maladie sénile de la gauche qui a déjà donné Doriot et Déat dans le passé : une phobie ethniciste doublée d’un délire de grands mots sur la civilisation et la barbarie justifiant les pires errements et violences.
Récapitulons : l’accusation d’islamo gauchisme et ses variantes (« collabos, ambiguïté », etc.) ne sont pas des analyses mais des attributions infamantes sans preuve. Elles sont produites à l’extrême droite et relayées par leurs agents conscients ou non. Ils sont toujours animé par un racisme conscient ou non mais très prégnant. C’est donc toujours, et sans exception, un acte de militantisme politique. L’emballage « laïque » ou « républicain » est un prétexte pour masquer le caractère raciste de l’imputation. La dérive de ceux qui s’engagent sur la pente ou l’on emprunte à l’extrême droite ses mots est connue. Elle finit dans le « déatisme ».
C’est notre famille qui paie le plus lourd tribu aux meurtres du djihadisme politique comme on l’a vu en Algérie et en Tunisie. La preuve ce sont les collusions répétées de nos accusateurs avec les religieux partout où ils en ont l’occasion et quand ils exercent des responsabilités comme c’est le cas d’Anne Hidalgo et de quelques autres du même acabit.
Tout ceux-là produisent et attisent des braises de guerre de religion, mortelles non seulement pour le combat social qu’elles fracturent mais pour le pays lui-même qu’elles déchirent. C’est pourquoi la réplique ne doit pas être la multiplication des justifications contre ce message adverse mais la lutte implacable contre ceux qui l’émettent. Il s’agit de mettre à jour ce qu’ils sont, d’où ils parlent et pourquoi ils le font. Évidemment, il faudra discerner dans chaque cas la nature de l’intérêt à l’œuvre. À un bout on trouvera que d’aucun sont justes des nigauds qui répètent ce qu’ils ont entendu comme ils le feraient de n’importe quel ragot. À l’autre bout on trouvera des racistes à peine masqués et des agents ouverts ou cachés de l’extrême droite. Le zemmourisme est une maladie qui doit redevenir honteuse.
https://melenchon.fr/2020/12/02/du-venezuela-a-lislamo-gauchisme/
Idriss- Messages : 7075
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Re: Blanquer dénonce "l'islamo-gauchisme"
« Islamo-gauchisme » : un mot pour bastonner
Par Philippe Marlière (University College London)
Publié le 15 décembre 2020
TRIBUNE. Pour Philippe Marlière, professeur de sciences politiques à l’University College de Londres, pris à partie par « Valeurs Actuelles », le terme, violent, est conçu pour intimider les universitaires qui dénoncent les discriminations contre les musulmans en France.
Dans un article récemment publié sur BibliObs, le chercheur en science politique Samuel Hayat a estimé que la notion « d’islamo-gauchisme » était un concept de bric et de broc. Il a montré que ce mot est convoqué pour rassembler celles et ceux qui veulent en découdre avec l’islam et les musulmans, tout en délégitimant la gauche intellectuelle et les sciences sociales. Je souscris totalement à un tel point de vue. Je souhaiterais ici montrer que l’usage du mot « islamo-gauchisme » renvoie à un registre et des intentions encore plus sinistres que ne l’entend mon collègue.
https://www.nouvelobs.com/bibliobs/20201215.OBS37559/islamo-gauchisme-un-mot-pour-bastonner.html
Idriss- Messages : 7075
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Re: Blanquer dénonce "l'islamo-gauchisme"
On ne voit pas la date pour le Figaro. Pour juger, il faudrait voir exactement ce qu'ils racontent. L'amalgame avec l'autre titre, heu, ça fait bizarre.Idriss a écrit:
- Spoiler:
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k7643329d/f3.item.zoom?fbclid=IwAR0uypSF4--56lLokM4eXr5Re0DPm2KuSREvZ28SszRq7_OYF4jLjqUwJb4
Re: Blanquer dénonce "l'islamo-gauchisme"
Spin a écrit:
On ne voit pas la date pour le Figaro. Pour juger, il faudrait voir exactement ce qu'ils racontent. L'amalgame avec l'autre titre, heu, ça fait bizarre.
Comment l’islamo-gauchisme gangrène les universités
DÉCRYPTAGE - Sur les bancs de la fac, dans la recherche en sciences humaines, un certain discours propage des concepts militants importés des États-Unis, au détriment d’une majorité silencieuse.
Par Caroline Beyer
Publié le 11/02/2021
https://www.lefigaro.fr/actualite-france/comment-l-islamo-gauchisme-gangrene-les-universites-20210211
Idriss- Messages : 7075
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Re: Blanquer dénonce "l'islamo-gauchisme"
Merci ! Je ne suis pas abonné, mais je vois que l'expression est définie comme "la convergence entre intégristes musulmans et groupes d'extrême-gauche". Une convergence, parce qu'on a des ennemis communs, n'est pas un complot ("complot judéo-maçonnique", quels ennemis communs ?).Idriss a écrit:
Comment l’islamo-gauchisme gangrène les universités[/b]
DÉCRYPTAGE - Sur les bancs de la fac, dans la recherche en sciences humaines, un certain discours propage des concepts militants importés des États-Unis, au détriment d’une majorité silencieuse.
Par Caroline Beyer
Publié le 11/02/2021
https://www.lefigaro.fr/actualite-france/comment-l-islamo-gauchisme-gangrene-les-universites-20210211
Re: Blanquer dénonce "l'islamo-gauchisme"
Dans la foulée, à nouveau une déclaration de ministre d'extrême-droite :
https://www.revolutionpermanente.fr/Islamo-gauchisme-Derriere-la-rhetorique-reactionnaire-Frederique-Vidal-s-attaque-a-la-liberteDimanche 14 février sur CNEWS la ministre de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation, Frédérique Vidal, interrogée par Jean-Pierre Elkabbach sur l’article « Comment l’islamo-gauchisme gangrène les universités » du Figaro, publié le 12 février, déclarait : « Moi je pense que l’islamo-gauchisme gangrène la société dans son ensemble et que l’université n’est pas imperméable, [elle] fait partie de la société » (...) Si la ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche prétend défendre les libertés de recherche et d’expression et affirme ainsi qu’« on ne peut pas interdire l’approche critique à l’université », le sens même de cette offensive contre l’« islamogauchisme » à l’université, présenté comme un danger vital, est de censurer sinon contrôler l’ensemble des discours critiques qui s’y réalisent et ce non sans recourir à la provocation. Et lorsque Jean-Pierre Elkabbach ironise « Il y a une sorte d’alliance entre Mao Zedong, si je puis dire, et l’Ayatollah Khomeini » celle-ci répond, sourire aux lèvres : « mais vous avez raison » (...)
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Re: Blanquer dénonce "l'islamo-gauchisme"
Nouveau communiqué du CPU face à ces propos inexcusables :
http://www.cpu.fr/actualite/islamo-gauchisme-stopper-la-confusion-et-les-polemiques-steriles/Interrogée sur CNews, la ministre de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation a annoncé qu’elle allait demander « notamment au CNRS » de faire une enquête sur « l’ensemble des courants de recherche » à propos de « l’islamo-gauchisme » à l’université, « de manière à ce qu’on puisse distinguer ce qui relève de la recherche académique et ce qui relève du militantisme et de l’opinion ».
La CPU fait part de sa stupeur face à une nouvelle polémique stérile sur le sujet de l’« islamo-gauchisme » à l’université. « L’islamo-gauchisme » n’est pas un concept. C’est une pseudo-notion dont on chercherait en vain un commencement de définition scientifique, et qu’il conviendrait de laisser, sinon aux animateurs de Cnews, plus largement, à l’extrême droite qui l’a popularisé. Utiliser leurs mots, c’est faire le lit des traditionnels procureurs prompts à condamner par principe les universitaires et les universités.
Comme l’avait justement rappelé dans une tribune le 26 octobre dernier la ministre de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation, « l’université n’est ni la matrice de l’extrémisme, ni un lieu où l’on confondrait émancipation et endoctrinement. L’université n’est pas un lieu d’encouragement ou d’expression du fanatisme, » mais « le lieu où s’apprennent le doute comme la modération ainsi que la seule de nos institutions capable d’éclairer l’ensemble de la société, de l’école aux médias, par une connaissance scientifiquement établie, discutée et critiquée collégialement. » Rien ne saurait justifier un changement de discours à ce sujet.
La CPU regrette donc la confusion entre ce qui relève de la liberté académique, la liberté de recherche dont l’évaluation par les pairs est garante, et ce qui relève d’éventuelles fautes ou d’infractions, qui font l’objet si nécessaire d’enquêtes administratives (par l’Inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche), ou d’enquêtes pénales. La CPU s’étonne ainsi de l’instrumentalisation du CNRS dont les missions ne sont en aucun cas de produire des évaluations du travail des enseignants-chercheurs, ou encore d’éclaircir ce qui relève « du militantisme ou de l’opinion ». La CPU réclame, au minimum, des clarifications urgentes, tant sur les fondements idéologiques d’une telle enquête, que sur la forme, qui oppose CNRS et universités alors que la recherche est menée conjointement sur nos campus par les chercheurs et les enseignants-chercheurs.
La CPU appelle à élever le débat. Si le gouvernement a besoin d’analyses, de contradictions, de discours scientifiques étayés pour l’aider à sortir des représentations caricaturales et des arguties de café du commerce, les universités se tiennent à sa disposition. Le débat politique n’est par principe pas un débat scientifique : il ne doit pas pour autant conduire à raconter n’importe quoi.
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Re: Blanquer dénonce "l'islamo-gauchisme"
Heu, encore un site trotskiste. Je ne dis pas que ça leur donne forcément tort, mais enfin ils sont juges et partie quelque part. Et ils n'ont pas l'air pressés de dénoncer l'islamisme (ils n'y sont pas obligés, mais on est en droit de s'interroger s'ils ne le font pas plus que ça).-Ren- a écrit:https://www.revolutionpermanente.fr/Islamo-gauchisme-Derriere-la-rhetorique-reactionnaire-Frederique-Vidal-s-attaque-a-la-liberte
Et aussi, quelle censure concrète y-a-t-il eu au nom de la lutte contre l'"islamo-gauchisme" ? Parce que soutenir qu'il existe une convergence de mauvais aloi entre extrême-gauche et islamisme (même si on trouve ailleurs l'équivalent entre islamisme et extrême-droite, voir le succès de Mein Kampf dans le monde musulman, le double jeu du RN, etc.), c'est d'abord une opinion qui doit pouvoir s'exprimer. La liberté, d'accord, mais pas toujours pour les mêmes.
Re: Blanquer dénonce "l'islamo-gauchisme"
Et alors ? Tu postes bien des liens venant des extrémistes de dreuz-info.Spin a écrit:Heu, encore un site trotskiste
En tant que catholique, je n'ai pas grand-chose à voir avec la pensée trotskiste.
Mais dans l'état actuel du monde politique français, s'uniformisant à l'extrême-droite, je suis bien obligé de citer le peu de sources d'opposition qui existent encore.
Il y a une différence entre s'exprimer de façon argumentée dans un débat d'idée et utiliser une étiquette vidée de tout contenu précis - ce qui est le cas ici. Et il y a une différence entre s'exprimer au café du comptoir et s'exprimer comme ministre de l'éducation ou comme ministre de l'enseignement supérieur.Spin a écrit:soutenir qu'il existe une convergence de mauvais aloi entre extrême-gauche et islamisme (même si on trouve ailleurs l'équivalent entre islamisme et extrême-droite, voir le succès de Mein Kampf dans le monde musulman, le double jeu du RN, etc.), c'est d'abord une opinion qui doit pouvoir s'exprimer
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Re: Blanquer dénonce "l'islamo-gauchisme"
Pour alimenter la réflexion :
http://www.contretemps.eu/decryptage-documentaire-islamophobie-judith-bernard/Racontars sur la bête qui vient. À propos du documentaire « Islamogauchisme, la trahison du rêve européen »
Judith Bernard, 4 février 2021
- Spoiler:
Journaliste et co-fondatrice du site Hors-série, metteuse en scène et comédienne, Judith Bernard décrypte ici le documentaire d’Yves Azeroual « Islamogauchisme, la trahison du rêve européen ». Davantage qu’une analyse d’un phénomène politique émergent, ce documentaire offre un puissant révélateur des obsessions identitaires (et notamment islamophobes) d’une partie conséquente des élites, notamment médiatiques et politiques, mais aussi d’une forme patente d’escroquerie intellectuelle.
« Il y a tout un milieu islamogauchiste, visiblement vous en faites partie ».
C’est ainsi que Brice Couturier m’a située, un soir d’octobre 2020, dans l’émission 28 minutes sur Arte : nous étions en train de parler de la reprise des attentats terroristes sur le sol français, et le fait que j’avance l’hypothèse d’un lien entre le terrorisme et les frappes militaires menées par les armées occidentales depuis vingt ans dans les mondes musulmans l’avait littéralement effaré. À la question que je lui retournais, de savoir ce que ça voulait dire exactement, « l’islamogauchisme », l’inusable producteur/chroniqueur de France Culture me renvoya à cet « excellent film documentaire d’une heure et demie sur internet » dont il avait oublié l’auteur, et le titre aussi d’ailleurs, mais enfin « qui en parle très bien », de « l’islamogauchisme », et qu’il me conseilla fissa de voir.
Comme je suis scrupuleuse, j’ai obtempéré et regardé « Islamogauchisme, la trahison du rêve européen », d’Yves Azeroual – intégralement, méthodiquement : je n’ai pas loupé une miette de ce très copieux gloubi-boulga par lequel un aréopage de néo-cons, prétendant faire la cartographie du territoire inquiétant de « l’islamogauchisme », livre à son insu une radiographie extrêmement préoccupante de son propre univers mental.
Docu cheap et grosses ficelles
- Spoiler:
Pour la forme, c’est une classique succession d’interviews d’essayistes, journalistes et autres intellectuels médiatiques, de personnalités politiques d’envergure petite à moyenne, et d’un chercheur du CNRS égaré là comme en ses propres repères. Le tout est précédé d’un prologue assez croquignolet : il s’agit d’une animation vidéo représentant des cartes à jouer : à l’effigie de différentes personnalités dont on comprend qu’elles incarnent les « islamogauchistes » qu’il faut prendre en horreur, ces cartes se glissent, s’alignent, se retournent, révèlent leur dessous comme elles le feraient dans les mains d’un joueur de bonneteau se livrant à des tours de passe-passe.
On devine qu’est suggéré ici le motif de la duplicité et de l’arnaque à quoi l’islamogauchisme est associé par ses détracteurs, comme en témoigne par exemple cet effet de splitscreen combinant, dans le cadre supérieur, des cartes à l’effigie de Clémentine Autain et d’Eric Coquerel (dame et roi de cœur), et dans le cadre inférieur une carte à l’effigie d’Houria Bouteldja, tête en bas comme tout ce qui tient de la diablerie, et dame de pique évidemment – chez Pouchkine, c’est un signe très funeste.
Le splitscreen, par les effets de démultiplication de l’image qu’il permet, esquisse quant à lui l’idée d’une redoutable prolifération – d’une invasion, pourrait-on dire.
Le registre du racontar
- Spoiler:
S’agissant des tours de passe-passe, c’est du côté de la rhétorique que nos locuteurs excellent. Amalgames, sophismes, généralisations abusives, hyperboles mensongères jusqu’à la fake news, ils ne reculent devant rien, sans avancer jamais ni la moindre preuve ni la moindre source pour étayer leurs élucubrations. On est là dans le registre discursif du racontar, qui ne dit rien de ce dont il prétend parler, mais révèle tout de celui qui l’emploie – ce qui en fait toute la saveur.
Ce registre agit comme un puissant révélateur des convictions, préjugés et autres inclinations douteuses propres à ceux qui s’y exposent. En l’occurrence : un imaginaire colonial persistant, un impérialisme allant de soi, un sionisme virulent, un racisme anti-arabe sous-jacent, déguisé sous une islamophobie décomplexée, et cerise sur le gâteau, l’étendard du féminisme, mais porté par un borgne – l’œil intraitable s’agissant des arabo-musulmans, aveugle aussitôt que le patriarcat exerçant ses violences est blanc et bourgeois.
De l’obscurantisme des illuminés
- Spoiler:
Le plaisant de l’affaire est que ces croisés de la « laïcité », de la « République » et de ses-valeurs-universelles prétendent lutter contre l’obscurantisme, se situant implicitement du côté des Lumières. Hélas, des Lumières ils omettent de mobiliser l’outil primordial, la vertu cardinale : la Raison. Laquelle commande la rigueur logique (une concomitance ne fait ni une identité ni une causalité), postule la faculté de discernement (l’amalgame est une erreur de jugement particulièrement coupable), et repose a minima sur l’exigence de la démonstration et l’administration de la preuve. Faute de quoi leur discours ne peut être compris autrement que comme une immense hallucination collective, assénée avec l’aplomb que seules autorisent les positions les plus dominantes du spectre social.
Sans prétendre à l’exhaustivité, et pour reprendre et compléter les propos que j’ai tenus dans l’émission Façon puzzle, je propose ici quelques exemples des principaux procédés rhétoriques, joints à un peu d’analyse – puisque lutter contre l’obscurantisme exige normalement des formes raisonnées et, si possible, convaincantes.
1) Amalgames calomnieux
- Spoiler:
Le procédé qui domine l’ensemble est l’amalgame ; anticipant la critique, la voix off s’ouvre d’ailleurs sur une habile précaution qui croit désamorcer ce reproche : « Leur argument favori (aux islamogauchistes, NDLR) : pas d’amalgame ». Mais de notre part ce n’est pas un « argument » : c’est la réfutation d’une faute logique. Car c’est bien une faute logique que de confondre systématiquement deux notions distinctes en les prétendant substituables sans le moindre dommage sémantique. Ainsi le discours tenu « confond-il » tout au long du documentaire « musulman » et « islamiste ». Confond, c’est-à-dire, emploie l’un puis l’autre adjectifs indifféremment, comme si les deux termes étaient parfaitement analogues.
Par exemple les propos de Laurent Bouvet évoquant « le nouveau prolétariat, les immigrés, rabattus sur leur condition musulmane » est enchaîné sans transition logique avec celui de Caroline Fourest à propos de « la maladie infantile qui, au nom du progressisme, tend à prendre les islamistes, y compris les plus réactionnaires, les plus totalitaires, pour les nouveaux damnés de la terre ». Est-il besoin de montrer qu’un tel enchaînement produit une équivalence implicite entre cette suite de syntagmes : « prolétariat de condition musulmane »/ « damnés de la terre »/ « islamistes – « réactionnaires » « totalitaires » ? Sur les 90 minutes que compte le documentaire, pas une seule seconde ne sera consacrée à faire l’effort d’une définition de ce que veut dire « islamiste » et de ce qui pourrait le distinguer de l’adjectif « musulman ».
D’une manière générale, le champ lexical de l’islam est employé avec la plus grande désinvolture, les locuteurs piochant au hasard dans un grand sac de mots ressentis comme équivalents – « musulman », « islamiste », « islam radical », « islam politique », « fondamentalisme », « totalitarisme » – et laissant croire (c’est apparemment leur sentiment) qu’en tout musulman il y a un prosélyte prêt à tout pour convertir l’intégralité du corps social à sa doctrine totalitaire.
L’autre amalgame structurant la rhétorique de l’ensemble identifie antisionisme et antisémitisme, et se réalise majoritairement par des effets de montage : lorsque la voix off déplore par exemple que « la gauche reste souvent sourde face à l’explosion de l’antisémitisme », les images venant à l’appui de cet énoncé ne documentent rien de cette « explosion » qu’il faudrait chiffrer et sourcer, et se contentent de montrer une manifestation de soutien à la Palestine, où figurent deux pancartes lisibles : « Stop à la collaboration avec le terrorisme israélien » et « Israël = danger pour l’humanité » ; toutes les allégations d’antisémitisme du documentaire seront systématiquement illustrées par des exemples d’énoncés antisionistes pourtant dépourvus d’ambiguïté.
On connaît la position des néocons vis-à-vis des revendications antisionistes ; elles seraient la forme socialement acceptable d’un antisémitisme tapi au fond de l’âme (en des endroits où nul ne peut rien prouver) ; qu’on nous permette de leur retourner le procès d’intention, en considérant que cet interdit qu’ils prétendent jeter sur les positions anti-impérialistes et anti-colonialistes trahit chez eux une âme livrée à la poursuite sans trêve, sans remords et sans scrupule, du rêve colonialiste et impérialiste, prétendûment civilisateur mais objectivement barbare.
2) Qualifications fallacieuses
- Spoiler:
Elles sont très habituelles dans ce champ politique et l’on n’est pas surpris de les trouver dès l’ouverture du documentaire, dans la voix off du prologue : la mouvance islamogauchiste serait composée « de militants indigénistes, décolonialistes et autres racialistes (…) dont le discours antisioniste fleure bon l’antisémitisme ». Tout ça est asséné avec une pléthore d’occurrences en -isme, où le suffixe suggère une revendication portée à l’excès, et croit circonscrire un corps de doctrine faisant référence.
Mais, s’il est vrai que les marxistes se réclament de Marx, et que le communisme revendique le commun, voire la Commune, jamais les Indigènes de la République, ni, je crois, les décoloniaux en général, n’ont revendiqué l’indigénat : ils en déplorent la persistance sous des formes nouvelles, et s’ils se disent « indigènes », c’est pour dénoncer d’être encore traités comme tels après que la République leur a raconté des sornettes sur l’égalité de ses citoyens. Ils ne sont pas indigénistes, donc, et ne se diront « indigènes » qu’aussi longtemps qu’ils n’auront pas été entendus et respectés.
Racialistes ils le sont encore moins, puisque le racialisme postule l’existence de races biologiques, et voisine pour cette raison avec le racisme, tandis que les décoloniaux posent la race comme un fait social, historique, résultant du racisme, qu’ils luttent pour déconstruire. Ces qualifications ne sont pas seulement inadéquates, elles sont diffamatoires, en leur prêtant un racisme (et un antisémitisme, bien sûr) que nul n’a jamais pu démontrer ni poursuivre en justice pour la bonne raison qu’ils en sont dépourvus, et qu’ils en sont même les plus acharnés adversaires.
3) Citations apocryphes
- Spoiler:
Les locuteurs de ce documentaire ont quelque chose de Don Quichotte : croyant livrer une bataille superbe contre de terribles dragons, ils fouettent piteusement l’air face à des moulins à vent. Assourdis, sans doute, par leur vacarme, et leurs propres effets de manche, ils n’entendent rien de ce qu’on dit, mais ce n’est pas grave : ils inventent. Ainsi ont-ils l’assurance de pouvoir poursuivre leur admirable geste.
Raphaël Enthoven, par exemple, n’aime pas les Gilets jaunes et s’aime beaucoup leur portant le fer : il raconte à leur sujet qu’ils « ont tenté de prospérer sur le sentiment que le gilet jaune était une étoile jaune ou que le gaz lacrymogène était comparable au Zyklon B ». Je ne sais pas d’où il sort cette élucubration abjecte ; de son propre cerveau vibrionnant ? Du tweet d’un allumé qui serait tombé sous ses yeux, et qu’il aurait cru pouvoir étendre, en une généralisation confinant au délire, à l’ensemble des Gilets Jaunes ? On ne le saura pas, le documentaire ne produisant jamais la moindre source, et il ne se trouvera évidemment personne parmi ses doctes locuteurs pour défendre les Gilets jaunes, puisqu’ils sont « antisémites » : la preuve, un jour, un Gilet jaune a insulté Alain Finkielkraut – que le caractère antisémite de l’insulte soit avéré n’autorise nullement à inférer de cet individu, indiscutablement coupable, à la culpabilité générale des Gilets jaunes, sauf à se livrer à l’une de ces généralisations abusives qui joignent à la faute logique la calomnie.
La réalisation parfaite de cette invention d’un crime prêté à l’adversaire pour mieux le démolir s’accomplit dans la citation apocryphe : le procédé consiste à attribuer à son adversaire une citation haïssable, pour déduire combien l’adversaire est haïssable. Qu’importe que la citation soit une pure invention ? Il suffira de la répéter à l’infini, tout le monde finira par y croire et par haïr à l’unisson – la haine est si délectable qu’elle se satisfait volontiers de mirages.
Voici plusieurs années que Caroline Fourest affirme, et elle le redit dans le documentaire, qu’Houria Bouteldja dit « qu’on ne doit pas dénoncer un viol quand il commis par un immigré, parce que ce serait de la trahison communautaire ». Houria Bouteldja n’a jamais écrit cela, elle ne l’a jamais dit. Dans Les Blancs, les juifs et nous elle rapporte le cas d’une femme (noire) qui dit n’avoir pas voulu porter plainte contre son agresseur (noir), parce que les prisons sont déjà pleines d’hommes comme lui – « comme vous », dit-elle au journaliste qui l’interroge, noir également[4]. Ce passage est descriptif, pas prescriptif. Houria Bouteldja n’y voit pas un programme, mais un problème, qu’elle analyse. Analyser : c’est là un crime inexpiable, semble-t-il, venant d’une « indigène ».
Pascal Bruckner n’est pas meilleur lecteur de Bouteldja : affirmant que son livre est « un cri de haine contre les juifs » (juifs que dans le livre elle appelle ses « cousins », qui en quittant le Maghreb ont « laissé un vide que nous ne pourrons plus combler et dont je suis inconsolable », écrit-elle p. 56), il poursuit son étrange résumé selon lequel le texte ferait des « juifs les francs-tireurs de la Blanchité, là pour écraser les musulmans partout dans le monde ». Pas un mot de vrai, pas une citation exacte, pas une interprétation fidèle au sens du texte. Ce n’est pas grave : on invente. Ainsi les moulins brassent-ils inlassablement le vent de leur colère chimérique.
4) Amputation de la dialectique et concomitances aberrantes
- Spoiler:
Une astuce récurrente dans le documentaire consiste à amputer une chaîne de causalité de l’une de ses parties ; ainsi tronquée, la dimension dialectique s’effondre pour laisser place à une concomitance aberrante. La voix off par exemple fait cet étrange constat : « Dans les mois qui suivent les attentats du 11 septembre 2001, la plupart des groupes d’extrême gauche stigmatisent non les auteurs de l’attentat, mais l’islamophobie qui selon eux grimpe avec force ». Dénoncer l’islamophobie, dès 2001 ? Oui, en novembre de cette année-là, Alain Gresh publie en effet dans le Monde Diplomatique un article qui dénonce la déferlante d’interprétations islamophobes appliquées aux attentats, de la part de prétendus experts qui croient pouvoir affirmer que le terrorisme sort tout armé du Coran, que l’islam est, dans sa doctrine, intrinsèquement violent et criminogène.
Cette séquence de l’histoire occultée – celle où, justement, l’islamophobie s’articule, s’exprime et se répand partout – les discours de contre-attaque passent pour des plaidoyers sortis de nulle part, comme autant de tentatives de légitimation du terrorisme, évidemment incompréhensibles dès lors qu’est effacée la dialectique qui les a engendrés. Mais le documentaire ne pouvait pas mentionner cette séquence massivement islamophobe : dans l’univers mental dont il émane, l’islamophobie ce n’est pas un fait social, c’est, dès le prologue, « un étendard », derrière lequel avancent (souvent masqués : souvenons-nous du motif de la duplicité) les « islamogauchistes », ces « idiots utiles » qui ne voient pas le « danger islamiste », victimes d’un aveuglement que nos néocons ne se lassent pas de déplorer.
De la bête qui vient
- Spoiler:
Ce danger pourtant semble massif ; il forme une « vague » contre laquelle il faut faire un barrage. C’est l’obsession de Caroline Fourest, de faire « barrage » (on ne compte plus les occurrences) ; hydraulique, le barrage, puisque ce qui vient est liquide et promet une « submersion ». C’est Zohra Bitan qui a le mot, ça lui vient dans une phrase sur Tariq Ramadan :
« sous couvert de costards, d’une attitude occidentalisée (…), derrière ça y a un package bien huilé de comment il voudrait que les musulmans en France, et les musulmanes, vivent. C’est la construction d’une vague qui viendrait submerger une norme sociale et collective à laquelle nous sommes attachés ».
Vous la sentez venir, la vague ? Celle dont, déjà, Marine le Pen parlait quand elle déplorait la « submersion migratoire »… Les envahisseurs désormais ne viennent plus d’ailleurs : ils sont là, parmi nous, prêts à nous déborder – « nous » qui ? Les non-musulmans, sans doute. On ne s’étonnera pas de l’ethnocentrisme de la même Zohra Bitan qui se scandalise de ce « que 90% des femmes dans les pays musulmans ne vivent pas librement au sens où MOI JE LE CONÇOIS », ni du racisme crasse qu’elle manifeste avec ses tournures essentialisantes, quand elle reproche aux islamogauchistes de « protéger systématiquement tout ce qui touche le maghrébin, le musulman, l’habitant des quartiers, sans aucune distinction ». « C’est d’un racisme supra-violent », ajoute-t-elle, sans percevoir qu’elle confesse ce qu’elle croit dénoncer.
Philippe Val, lui, voit plutôt un « cheval de Troie pour rentrer dans la société » – il ne fait décidément aucun doute que ça veut nous faire la guerre (par la ruse, comme tout ce qui est fourbe). « Ça » quoi ? Les islamistes, les musulmans, les islamogauchistes ? Ce doit être un « package », là aussi. Un package explosif, barbare, en tout cas très sauvage : « On a tellement envie qu’on peut apprivoiser tout ça (sic) alors que c’est pas apprivoisable », poursuit-il. Un animal, alors ? Pire encore :
« les maires seraient complaisants au nom de la diversité, mais en réalité ils ont peur : ils pensent qu’en autorisant ce qu’ils autorisent, ils vont échapper à la bête, au monstre ».
Voilà, vous êtes prévenus : ce qui vient, c’est un monstre. Dans les vapeurs de ce documentaire esquissant une nébuleuse bien nébuleuse, on n’a pas vraiment compris ce que c’était que ce « monstre », mais on sent que ça enfle, que ça menace, et que nos chevaliers, eux, bien droits dans leurs valeurs (la République, tout ça) veillent. Les yeux grand ouverts, tandis que les islamogauchistes, eux, « ferment les yeux » – sur l’antisémitisme, mais aussi sur « les agressions sexuelles de masse » (selon la voix off, en une hyperbole confinant à la fake news) qui ont frappé Cologne à la Saint-Sylvestre 2015.
Il ne faut évidemment jamais sous-estimer la violence des agressions sexuelles, et celles de Cologne n’échappent pas à cette règle de gravité ; mais entre les rumeurs médiatiques initiales qui annonçaient plus d’un millier d’agressions sexuelles et la réalité qui a subsisté après examen judiciaire des plaintes, l’affaire est apparue comme une forme très typique d’emballement. Largement démontée, elle a retrouvé devant les tribunaux des proportions moins spectaculaires : 52 mises en examen, dont la majorité pour vols[5] (pour information, en France il se produit quotidiennement pas loin de 200 viols qui émeuvent peu nos chasseurs d’islamogauchistes).
On ne saurait donc, à propos de Cologne, parler « d’agressions sexuelles de masse » sans mentir. « L’audace eût été de dire la vérité », pérore pourtant à ce sujet Enthoven, au paroxysme de la fatuité au moment où il ment le plus éhontément.
Se défendre face à l’escroquerie intellectuelle
Les faits, au fond, ce n’est pas leur affaire. Ils savent bien que dans une société d’opinion, le pouvoir de véridiction tient moins dans l’examen des faits et l’exercice de la raison que dans la position sociale de ceux qui parlent : assis très haut dans la certitude de leur incontestabilité, ils peuvent faire passer leurs sophismes, leurs péroraisons et leurs mensonges pour des assertions éclairées, et savent pouvoir compter sur le psittacisme de leurs homologues pour que la « bonne parole » soit partout répandue.
Brice Couturier, ce soir d’octobre où il m’a recommandé ce documentaire devant le petit million de téléspectateurs d’Arte, n’a pas manqué à l’appel des perroquets, et c’est un grand péril que de promouvoir largement un tel ramassis d’élucubrations haineuses. Mais il n’est pas inutile d’en prendre connaissance et d’y aiguiser nos outils critiques : on en sait maintenant beaucoup plus sur lui et ses alliés, sur l’escroquerie intellectuelle en quoi consiste leur rhétorique, et le redoutable danger politique qu’ils font peser sur notre corps social déjà fort éprouvé, en l’abreuvant de leurs fantasmes et de leur haine.
Il semble impérieux de ne plus les laisser dire, urgent de défendre pied à pied l’exigence de raison, de responsabilité, d’honnêteté morale et intellectuelle qui censément oblige quiconque s’exprime dans l’espace public. Il ne s’agit pas ici que de veiller à la qualité de nos débats ; il s’agit, plus gravement encore, de prendre soin de notre corps social qui subit, outre les affres de la domination, les démons de la manipulation.
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Re: Blanquer dénonce "l'islamo-gauchisme"
Désolé, il y a un peu plus qu'une étiquette ne serait-ce qu'avec le mot "convergence" (et je n'ai pas pu lire la suite sur le Figaro).-Ren- a écrit:Il y a une différence entre s'exprimer de façon argumentée dans un débat d'idée et utiliser une étiquette vidée de tout contenu précis - ce qui est le cas ici.
Là, je veux bien. Je trouve que ce gouvernement improvise très maladroitement, pas seulement sur ce dossier, mais ce n'est pas suffisant pour justifier des procès d'intention.-Ren- a écrit:Et il y a une différence entre s'exprimer au café du comptoir et s'exprimer comme ministre de l'éducation ou comme ministre de l'enseignement supérieur.
Re: Blanquer dénonce "l'islamo-gauchisme"
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Idriss aime ce message
Re: Blanquer dénonce "l'islamo-gauchisme"
Ironie facile et à côté de la plaque, limite homme de paille (j'ai écrit "un peu plus qu'une..." pas "un peu plus d'une..."). Je me référais simplement à l'article du Figaro, sur ce que j'ai pu en lire n'étant pas abonné, pour dire qu'il ne s'arrête pas à l'étiquette puisqu'il y a au moins le complément "convergence".-Ren- a écrit:OK, je t'en propose 4 :Spin a écrit:Désolé, il y a un peu plus qu'une étiquette
Re: Blanquer dénonce "l'islamo-gauchisme"
Spin a écrit:
Heu, encore un site trotskiste. .
Est-ce que le HuffPost vous sied plus?
Idriss- Messages : 7075
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Re: Blanquer dénonce "l'islamo-gauchisme"
Je le sais bienSpin a écrit:j'ai écrit "un peu plus qu'une..." pas "un peu plus d'une..."
...mais face à la récupération de cette étiquette d'extrême-droite ridicule par les ministres de l'Education et de l'Enseignement Supérieur, désolé, mais un peu d'humour ne fait pas de mal !
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Re: Blanquer dénonce "l'islamo-gauchisme"
Anarcho mahométan avec ni dieu ni maître écrit en arabe est excellent en effet-Ren- a écrit:désolé, mais un peu d'humour ne fait pas de mal !
Idriss- Messages : 7075
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Re: Blanquer dénonce "l'islamo-gauchisme"
...en attendant, le CNRS recadre Vidal :
http://www.cnrs.fr/fr/l-islamogauchisme-nest-pas-une-realite-scientifique« L’islamogauchisme », slogan politique utilisé dans le débat public, ne correspond à aucune réalité scientifique. Ce terme aux contours mal définis, fait l’objet de nombreuses prises de positions publiques, tribunes ou pétitions, souvent passionnées. Le CNRS condamne avec fermeté celles et ceux qui tentent d’en profiter pour remettre en cause la liberté académique, indispensable à la démarche scientifique et à l’avancée des connaissances, ou stigmatiser certaines communautés scientifiques. Le CNRS condamne, en particulier, les tentatives de délégitimation de différents champs de la recherche, comme les études postcoloniales, les études intersectionnelles ou les travaux sur le terme de « race », ou tout autre champ de la connaissance.
Concernant les questions sociales, le rôle du CNRS, et plus généralement de la recherche publique, est d’apporter un éclairage scientifique, une expertise collective, s’appuyant sur les résultats de recherches fondamentales, pour permettre à chacun et chacune de se faire une opinion ou de prendre une décision. Cet éclairage doit faire état d’éventuelles controverses scientifiques car elles sont utiles et permettent de progresser, lorsqu’elles sont conduites dans un esprit ouvert et respectueux.
La polémique actuelle autour de l’ « islamogauchisme », et l’exploitation politique qui en est faite, est emblématique d’une regrettable instrumentalisation de la science. Elle n’est ni la première ni la dernière, elle concerne bien des secteurs au-delà des sciences humaines et des sciences sociales. Or, il y a des voies pour avancer autrement, au fil de l’approfondissement des recherches, de l’explicitation des méthodologies et de la mise à disposition des résultats de recherche. C’est là aussi la mission du CNRS.
C’est dans cet esprit que le CNRS pourra participer à la production de l’étude souhaitée par la Ministre de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation visant à apporter un éclairage scientifique sur les champs de recherche concernés. Ce travail s’inscrirait dans la continuité de travaux d’expertise déjà menés sur le modèle du rapport « Recherches sur les radicalisations, les formes de violence qui en résultent et la manière dont les sociétés les préviennent et s’en protègent » réalisé en 2016 par l’alliance Athena, qui regroupe l’ensemble des forces académiques en sciences humaines et sociales dans les universités, les écoles et les organismes de recherche, ou du rapport « Les sciences humaines et sociales face à la première vague de la pandémie de Covid-19 – Enjeux et formes de la recherche », réalisé par le CNRS en 2020.
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Re: Blanquer dénonce "l'islamo-gauchisme"
Ni Dieu ni maître en Arabe, je n'y aurais jamais pensé
Islamo bolchevique avec ces couleurs vertes et rouges, les feuilles de laurier et le croissant de lune, c'est plutôt fun je trouve, et puis la faucille et le marteau c'est tendance en ce moment
Manouba- Messages : 80
Réputation : 0
Date d'inscription : 06/02/2021
Localisation : France
Re: Blanquer dénonce "l'islamo-gauchisme"
Yep, la personne qui a créé ça sur FB a du génieManouba a écrit:Ni Dieu ni maître en Arabe, je n'y aurais jamais pensé
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Re: Blanquer dénonce "l'islamo-gauchisme"
Pour information, on en pensera ce qu'on voudra, le CRIF aussi s'en prend à l'islamo-gauchisme : http://www.crif.org/fr/actualites/interview-crif-documentaire-dyves-azeroual-islamogauchisme-la-trahison-du-reve-europeen
"Pourquoi et comment une poignée d'intellectuels et de politiques de gauche et d'extrême gauche, peu nombreux mais très influents dans les médias et dans la mouvance des droits de l'homme, ont-ils imposé une sanctuarisation de l'islam dans l'espace politique français, au point d’en devenir complaisant avec l’islamisme au nom du "Pas d'amalgame"? Yves Azéroual pointe les agissements troubles de personnalités de la gauche radicale, les complicités idéologiques et les risques pour notre démocratie européenne de voir l’islam politique et radical s’imposer...".
"Pourquoi et comment une poignée d'intellectuels et de politiques de gauche et d'extrême gauche, peu nombreux mais très influents dans les médias et dans la mouvance des droits de l'homme, ont-ils imposé une sanctuarisation de l'islam dans l'espace politique français, au point d’en devenir complaisant avec l’islamisme au nom du "Pas d'amalgame"? Yves Azéroual pointe les agissements troubles de personnalités de la gauche radicale, les complicités idéologiques et les risques pour notre démocratie européenne de voir l’islam politique et radical s’imposer...".
Re: Blanquer dénonce "l'islamo-gauchisme"
Bonjour à toutes et à tous,
On a le sentiment d'une forteresse assiégée par l'Islam, les islamo-gauchistes, la cancel-culture, l'intersectionnalité, le décolonialisme, les Évangélistes, les Amish, les partisans de la décroissance... qui s'introduisent partout jusque dans le temple du savoir l'Université et le CNRS... Les terroristes n'ont plus le monopole de la peur...
Au secours ! il est temps que des mesures fortes remettent de l'ordre dans tout ça !
Très cordialement
votre soeur pauline
On a le sentiment d'une forteresse assiégée par l'Islam, les islamo-gauchistes, la cancel-culture, l'intersectionnalité, le décolonialisme, les Évangélistes, les Amish, les partisans de la décroissance... qui s'introduisent partout jusque dans le temple du savoir l'Université et le CNRS... Les terroristes n'ont plus le monopole de la peur...
Au secours ! il est temps que des mesures fortes remettent de l'ordre dans tout ça !
Très cordialement
votre soeur pauline
Invité- Invité
Re: Blanquer dénonce "l'islamo-gauchisme"
La mise au point du CRIF est d'une grande netteté et intelligence, on aurait tort de la sous-estimer. Si cette expression "d'islamo-gauchiste" a un caractère outrancier, elle met quand même le doigt sur une réalité que les "élites" préfèrent ignorer... mais qui témoigne d'un embarras, à la limite de la scission, chez les intellectuels et universitaires français. La patrie des droits de l'homme devenant un terrain de chasse facile pour certains extrémismes musulmans, donc islamistes, depuis la burqa, puis le voile, en passant par la piscine séparée hommes-femmes, puis par la contestation ouverte de l'enseignement public (normal, dans le privé, on les vire, et on n'est pas obligé, comme dans le public, de les recaser), voilà qui fait beaucoup, et se termine par la décapitation d'un enseignant et d'un autre qui doit avoir une protection policière dans des zones où la République ne fait plus vraiment la loi !!
Il va falloir se réveiller, car cet état de chose va devenir insupportable et entraîner des bouleversements majeurs... pour arrêtre ces irénisme, cette gentillesse absurde envers des gens qui veulent nous abattre — et que nous abattrons finalement, car nous en avons les moyens, mais ce sera au détriment des musulmans modérés et intégrés. Et peut-être par le passage obligé de l'extrême-droite au pouvoir.
Il va falloir se réveiller, car cet état de chose va devenir insupportable et entraîner des bouleversements majeurs... pour arrêtre ces irénisme, cette gentillesse absurde envers des gens qui veulent nous abattre — et que nous abattrons finalement, car nous en avons les moyens, mais ce sera au détriment des musulmans modérés et intégrés. Et peut-être par le passage obligé de l'extrême-droite au pouvoir.
Jans- Messages : 3566
Réputation : 0
Date d'inscription : 21/03/2018
Age : 68
Localisation : IdF
Re: Blanquer dénonce "l'islamo-gauchisme"
Bonjour Jans,
Comment font les autres patries ?
Cela me fait songer à l'argument un peu désuet contre l'usage du cannabis : il y a un continuum fatal qui fait glisser inexorablement de l'insignifiant à l'horreur.
On commence par des repas sans porc à la cantine et on finit avec le World Trade Center...
Un des soucis que je perçois dans l'évolution législative est qu'elle peut très bien encourager le comportement schizophrénique classique que beaucoup d'entre nous connaissons depuis l'adolescence : face à l'autorité je suis une brebis, mais dans le secret je nourris la haine contre le système répressif et intolérant.
Il me semble que Clémenceau et Briand avait perçu ce danger.
très cordialement
votre soeur pauline
Jans a écrit:La patrie des droits de l'homme devenant un terrain de chasse facile pour certains extrémismes musulmans, donc islamistes
Comment font les autres patries ?
Jans a écrit:depuis la burqa, puis le voile, en passant par la piscine séparée hommes-femmes, puis par la contestation ouverte de l'enseignement public (normal, dans le privé, on les vire, et on n'est pas obligé, comme dans le public, de les recaser), voilà qui fait beaucoup, et se termine par la décapitation d'un enseignant et d'un autre qui doit avoir une protection policière dans des zones où la République ne fait plus vraiment la loi !!
Cela me fait songer à l'argument un peu désuet contre l'usage du cannabis : il y a un continuum fatal qui fait glisser inexorablement de l'insignifiant à l'horreur.
On commence par des repas sans porc à la cantine et on finit avec le World Trade Center...
Un des soucis que je perçois dans l'évolution législative est qu'elle peut très bien encourager le comportement schizophrénique classique que beaucoup d'entre nous connaissons depuis l'adolescence : face à l'autorité je suis une brebis, mais dans le secret je nourris la haine contre le système répressif et intolérant.
Il me semble que Clémenceau et Briand avait perçu ce danger.
très cordialement
votre soeur pauline
Invité- Invité
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