Blanquer dénonce "l'islamo-gauchisme"
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Blanquer dénonce "l'islamo-gauchisme"
Mon ministre vient de franchir un pas de plus dans la lepénisation :
...donner du poid à l'expression fourre-tout d'extrême-droite "islamo-gauchiste" (équivalent de l'autre expression fourre-tout "judéo-bolchévique") et poser l'UNEF et la France Insoumise comme "complices intellectuels" de ce drame terroriste alors que l'on est ministre de l'Education, ça mériterait condamnation par la Justice. Si elle existait encore en France.
https://www.20minutes.fr/politique/2890959-20201022-jean-michel-blanquer-denonce-islamo-gauchisme-universitesLe ministre de l’Education nationale Jean-Michel Blanquer a dénoncé ce jeudi matin « l’islamo-gauchisme » qui « fait des ravages à l’université », prenant notamment pour cibles le syndicat étudiant UNEF et la France Insoumise.
« Notre société a été beaucoup trop perméable à des courants de pensée », a déclaré le ministre dans une interview à Europe 1. « Ce qu’on appelle l’islamo-gauchisme fait des ravages », poursuit le ministre de l’Education nationale. « Il fait des ravages à l’université, il fait des ravages quand l’UNEF cède à ce type de chose, il fait des ravages quand dans les rangs de la France Insoumise, vous avez des gens qui sont de ce courant-là et s’affichent comme tels. Ces gens-là favorisent une idéologie qui ensuite, de loin en loin, mène au pire », a affirmé Jean-Michel Blanquer.
Appelant à « combattre le fanatisme », il a pointé du doigt toutes les formes de « complicités intellectuelles » de crimes comme celui du professeur Samuel Paty, assassiné pour avoir montré des caricatures de Mahomet.
Ces propos font suite à une surenchère politique depuis l’assassinat du professeur. Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a suscité un début de controverse mardi, se disant « choqué » par la vue des rayons « communautaires » des supermarchés (...)
...donner du poid à l'expression fourre-tout d'extrême-droite "islamo-gauchiste" (équivalent de l'autre expression fourre-tout "judéo-bolchévique") et poser l'UNEF et la France Insoumise comme "complices intellectuels" de ce drame terroriste alors que l'on est ministre de l'Education, ça mériterait condamnation par la Justice. Si elle existait encore en France.
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Re: Blanquer dénonce "l'islamo-gauchisme"
Ce grave dérapage du ministre va être l'occasion de revenir sur ce fameux qualificatif "islamo-gauchiste" que l'on m'a souvent lancé à la tête sur internet (pendant qu'à gôôôche on préférait me qualifier de "crypto-nazi" ). Je commence avec cet article de Libé :
https://www.liberation.fr/debats/2016/04/14/islamo-gauchisme-aux-origines-d-une-expression-mediatique_1445857(...) L'islamo-gauchisme. De la famille des « insultes policées et intellectuelles », l’expression a de nouveau été utilisée récemment par Elisabeth Badinter.
«Islamo-gauchiste» : le mot n’est pas nouveau, mais il revient régulièrement dans les discours des défenseurs d’une laïcité parfois qualifiée de «combat», qui revendiquent un «parler vrai» sur l’islam et l’islamisme. « Taxer d’islamophobie ceux qui ont le courage de dire : "Nous voulons que les lois de la République s’appliquent à tous et d’abord à toutes" est une infamie », poursuit ainsi la médiatique philosophe. Aux accusations d’islamophobie répond ainsi le procès en islamo-gauchisme – les deux termes vont souvent de pair dans les débats.
Pour ceux qui l’utilisent, l’expression «islamo-gauchisme» est une alerte, un mot «choc» pour décrire l’alliance contre-nature d’une partie de la gauche avec un islamisme réactionnaire. « Il désigne ceux qui, au nom d’une vision communautariste et américanisée de l’identité, combattent le féminisme universaliste et la laïcité », estime ainsi l’essayiste Caroline Fourest, qui l’utilise couramment. Pour les autres, ceux qui en font les frais, elle n’est qu’une arme pour disqualifier une lutte légitime : faire entendre la voix des musulmans « racialisés » et « discriminés ». « Une expression valise qui sert simplement à refuser le débat et à stigmatiser », pointe Edwy Plenel, le patron de Mediapart. Le terme, à vocation médiatique, n’a en tout cas pas d’assise scientifique. Il se rapprocherait plutôt du montage séduisant et efficace pour dire un phénomène complexe et discuté. (...)
Il est aisé de fixer les étapes clés de sa popularisation dans le débat public et les médias ces dernières années.
Dès 2002, chez Pierre-André Taguieff
- Spoiler:
En janvier 2002, Pierre-André Taguieff l’utilise ainsi dans son livre La Nouvelle Judéophobie. L’historien des idées y condamne l’antisionisme de « la nouvelle configuration tiers-mondiste, néo-communiste et néo-gauchiste, plus connue sous la désignation médiatique de "mouvement antimondialisation" ». « Des Juifs, écrit-il, peuvent être tolérés, voire acceptés dans cette mouvance islamo-gauchiste, à condition qu’ils fassent preuve de palestinophilie inconditionnelle et d’antisionisme fanatique. » A l’époque, Taguieff est actif au sein de la Fondation du 2-Mars, d’une tendance souverainiste et d’orientation chevènementiste, aux côtés du démographe Emmanuel Todd ou encore de la future plume de Sarkozy, Henri Guaino.
« Je ne peux pas dire avec certitude que l’expression est une invention personnelle, explique-t-il aujourd’hui à Libération. Mais les réactions de mes contemporains après mon premier usage de ce mot, en 2000-2001, exprimaient leur étonnement : à l’époque, on disait plutôt, ironiquement, "islamo-progressistes", ou, dans les années 80, "palestino-progressistes". En utilisant cette expression, j’ai essayé de montrer qu’un certain tiers-mondisme gauchiste se retrouvait côte à côte, dans les mobilisations propalestiniennes notamment, avec divers courants islamistes. »
Dès 2002, chez Pierre-André Taguieff
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La thèse prend de l’ampleur en 2003, à l’occasion du Forum social européen de Saint-Denis. Des centaines d’ONG, des dizaines de milliers de militants sont réunis lors de ce grand rassemblement altermondialiste. Mais c’est la présence d’un homme qui va créer à elle seule la polémique : le théologien musulman Tariq Ramadan, invité à débattre avec José Bové, de la Confédération paysanne, et Daniel Bensaïd, de la Ligue communiste révolutionnaire. L’année suivante, le Nouvel observateur et Charlie Hebdo se lancent dans la bataille à l’occasion d’un nouveau forum organisé à Londres. Dans le premier, Claude Askolovitch signe un article titré «Les gauchistes d’Allah», tandis que dans le second, c’est Fiammetta Venner qui se demande ironiquement si «un autre jihad est possible». Sans parler expressément d’islamo-gauchisme, tous deux dénoncent des rapprochements entre altermondialistes et «islamistes».
Dans la même période, l’utilisation du mot explose, à l’occasion cette fois d’un débat très français : les défenseurs de la loi interdisant les signes religieux ostensibles à l’école, qui vise avant tout le voile et sera votée en 2004, l’utilisent alors à l’envi pour désigner les militants de la gauche, souvent radicale, qui y sont opposés. Sylvie Tissot, sociologue à Paris-VIII, et les membres du collectif Une école pour tous en ont fait les frais. « L’expression avait évidemment pour but de nous disqualifier, estime-t-elle. A l’époque, le terme désignait un militantisme hétéroclite où l’on retrouvait aussi bien des chrétiens de gauche que des personnes engagées dans la solidarité internationale… D’où, j’imagine, le qualificatif de "gauchistes". Nous travaillions avec des associations musulmanes, comme le Collectif des musulmans de France (CMF). Pour ceux qui nous traitaient d’islamo-gauchistes, c’était une compromission avec des gens "infréquentables". » Comme le relève Laurent Lévy dans son livre «la Gauche», les Noirs et les Arabes (Ed. La Fabrique, 2010), « des personnalités de la gauche radicale » sont accusées par ce sobriquet d’être les «idiots utiles» de l’islamisme, des « gauchistes en mal de combat tiers-mondiste ».
L’argument historique d’un parti trotskiste britannique
- Spoiler:
Pour jutifier l’emploi du terme, une référence historique revient régulièrement : un article rédigé en 1994 par Chris Harman, leader du Socialist Workers Party (SWP), le parti trotskiste britannique, intitulé «Le Prophète et le prolétariat» (...) Cette longue réflexion sur la nature de l’islamisme et l’état des luttes sociales de l’époque conclut que la gauche a commis deux erreurs : la première est d’avoir considéré les islamistes comme «fascistes», la seconde de les avoir imaginés «progressistes». Il faudrait par conséquent que la gauche s’adresse aux convaincus de l’islamisme pour les ramener dans son giron, conclut-il. La position est plus nuancée qu’un simple appel à s’allier aux islamistes – c’est pourtant cette idée qui demeurera.
Autre exemple convoqué : le lancement, au début des années 2000 en Grande-Bretagne, du Parti du respect, fondé par l’ancien travailliste George Galloway avec, notamment, l’universitaire Salma Yaqoob. Mais aussi, plus ancien, le pablisme, un mouvement trotskiste allié au FLN lors de la guerre d’Algérie – une ligne politique plus communément appelée «tiers-mondisme». Autrement dit, si l’islamo-gauchisme n’est pas un courant politique auto-défini, certains estiment qu’il existe et peut être désigné ainsi. C’est le cas de Claude Askolovitch, qui explique à Libé qu’il continue d’utiliser le mot dans cette acception, tout en refusant les interprétations qu’en font Caroline Fourest et Elisabeth Badinter. Contrairement à elles, Askolovitch accepte en effet le terme «islamophobie» et ce qu’il désigne.
Plusieurs essayistes vont quoi qu’il en soit reprendre le mot, et faire évoluer son sens. Comme Pascal Bruckner, dans son livre la Tyrannie de la pénitence (Grasset, 2006) – ce qui lui vaut l’honneur d’être considéré comme le maître d’œuvre du concept, sur la version anglaise de la page Wikipédia consacrée à l’islamo-gauchisme (traduit : islamo-leftism). La même année, Caroline Fourest consacre un livre à la «tentation obscurantiste» : « Une partie de la gauche semble avoir perdu tous ses repères. Celle que l’on surnomme "islamo-gauchiste" alors qu’il vaudrait peut-être mieux parler de gauche obscurantiste, pro-islamiste. »
Des institutions visées à leur tour
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Puis c’est au tour du philosophe Alain Finkielkraut. Lors d’une conférence sur l’enseignement de la Shoah organisée par le mémorial de Yad Vashem à Jérusalem, en 2010, il dit craindre « un mouvement islamo-gauchiste ostensiblement indifférent à la mémoire de la Shoah » (...) La définition du terme déjà s’élargit : « L’union de gens issus de l’immigration et d’intellectuels progressistes. »
Depuis, l’islamo-gauchisme resurgit régulièrement au fil des aléas de l’actualité – de l’affaire Siné en 2008 («De quoi Siné est-il le nom ?» se demande alors BHL dans le Monde) à l’affaire Kamel Daoud aujourd’hui, en passant par la polémique sur la candidate voilée Ilham Moussaïd sur les listes du NPA en Paca, en 2010. Les accusés sont de plus en plus nombreux : José Bové, Alain Gresh (du Monde diplomatique), Annick Coupé (de l’union syndicale Solidaires), Michel Tubiana (de la Ligue des droits de l’homme) hier ; la conseillère régionale Clémentine Autain, Edwy Plenel ou des journalistes de Libé aujourd’hui. « Désormais ce mot ne désigne plus des personnes minoritaires – la laïcité inclusive a gagné des sympathisants – mais des institutions, comme l’Observatoire de la laïcité et son président, Jean-Louis Bianco » (...)
Pierre-André Taguieff reconnaît le risque d’extension illimitée du concept d’islamo-gauchisme : « Ce genre d’amalgame se justifie à condition d’en définir le sens précisément, explique-t-il. Mais le sens devient de plus en plus vague à mesure qu’il devient un terme polémique. On ne peut pas maîtriser les effets de langage. »
Dans les Intellectuels faussaires (Ed. Jean-Claude Gawsewitch, 2011), le géopolitologue Pascal Boniface critique férocement ces « concepts aussi creux intellectuellement que clinquants dans la formulation ». « L’originalité du concept pourrait plaider en sa faveur, mais c’est en réalité un non-sens, comme l’étaient par le passé les expressions "hitléro-trotskistes" ou "judéo-bolcheviques". Elles aussi se voulaient disqualifiantes. Elles aussi ne reposaient que sur des fantasmes. »
Certains islamo-gauchistes désignés ont fini par s’emparer du terme pour le retourner et s’en revendiquer ironiquement, ou au moins revendiquer ce qu’il désigne. Ainsi, Clémentine Autain assume : « Je ne comprends pas exactement ce que veut dire le mot, mais si ça désigne l’intersectionnalité des luttes, alors oui, c’est ça qui me préoccupe. Je suis de gauche, et je me bats contre le rejet des musulmans en France. »
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Re: Blanquer dénonce "l'islamo-gauchisme"
Article de blog paru un an après (je passe sur la première partie liée à la personnalité de l'auteur... tout en éprouvant une vive sympathie pour la démarche... qui après tout a aussi été la mienne à chaque fois qu'une nouvelle insulte était lancée contre moi sur internet) :
https://blogs.mediapart.fr/francois-munier/blog/200517/quest-ce-quun-islamo-gauchisteQu'est-ce qu'un « islamo-gauchiste » ? (...)
J'ai connu, à l'époque de leur gloire, des « cathos de gauche », voire d'extrême-gauche. Le PSU en hébergeait quelques uns. Pour ces derniers, le prolétariat mondial était porteur des espérances messianiques chrétiennes. Il y avait donc un « christiano-gauchisme ». Il reste aujourd'hui des catholiques (et des protestants) militants sincères des droits humains et de la justice sociale. J'ai plaisir à les retrouver dans des combats communs et je ne commence pas nos rencontres en leur demandant ce qu'ils pensent du pape et de la capote, des prêtres pédophiles, etc.
Alors, j'ai cherché le pendant musulman de mes cathos d'extrême-gauche d'antan. Après tout, pourquoi pas ? (...) Dans d'autres pays musulmans, il y eut aussi des mouvements politiques alliant références religieuses et programme de progrès social et/ou anti-impérialiste (...)
J'ai aussi pensé aux accusations staliniennes, qui associaient la caractéristique revendiquée de certains adversaires (partisans de Trotski, Tito) à un préfixe infamant évoquant le nazisme : hitléro-trotskistes, gestapo-titistes. Mais là, j'ai un doute : quelle est la caractéristique revendiquée et quelle est l'apposition infamante ? A priori, ni le gauchisme, ni l'islam ne peuvent être associés au nazisme. Et ils ne sont pas infamants en eux-même (...)
Plutôt que Google, j'ai préféré chercher dans des quotidiens en ligne si l'islamo-gauchisme était un sujet pour leurs articles (...) Les archives en ligne des quotidiens ont une profondeur historique variable. Les comparaisons ne peuvent donc être faites que pour les années depuis 2010. Mais on constate que « Le Monde » emploie les termes islamo-gauchiste, etc. de façon rarissime avant 2010 (...) A partir de 2014, c'est explosion. (...) C'est le Figaro qui publie plus d'articles évoquant ces termes (...)
Une partie de cet emballement médiatique est dû aux attaques de Manuel Valls et ses amis contre les opposants à leur politique, notamment Benoît Hamon lors de la primaire de la « Belle alliance populaire » (...)
Schématiquement, on peut distinguer deux familles qui recourent aux terme « islamo-gauchisme », avec des points communs et des divergences entre elles :
- La famille néo-conservatrice, voire d'extrême-droite. Elle est bien représentée dans les colonnes du Figaro, avec surtout deux titulaires de tribunes : Gilles-William Goldnadel et Ivan Rioufol (...)
- La famille « nationale-laïque » ou « nationale-républicaine » (...)
Au-delà des différences sémantiques, de la moindre importance accordées par les néo-conservateurs etc.. aux questions sociétales, il y a des points communs [dont] l'absence de références précises et sourcées (...)
« L'islamo-gauchisme » est, dans le contexte français, un artefact opposé à ceux qui combattent la bien réelle islamophobie, affichée, revendiquée et pratiquée. (...)
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Re: Blanquer dénonce "l'islamo-gauchisme"
Principe de réalité là aussi. L'infiltration des milieux gauchistes (et de certains mouvements féministes, et cetera) par des islamistes, et les connivences qui en résultent, je ne vois pas comment on peut les nier. Il ne suffit pas de qualifier d'"extrême-droite" ceux qui les dénoncent. Le MRAP fait beaucoup moins parler de lui depuis que nombre de ses militants historiques l'ont quitté, ne voyant plus guère en lui qu'un instrument de l'islamisme.-Ren- a écrit:Ce grave dérapage du ministre va être l'occasion de revenir sur ce fameux qualificatif "islamo-gauchiste" que l'on m'a souvent lancé à la tête sur internet (pendant qu'à gôôôche on préférait me qualifier de "crypto-nazi" ). Je commence avec cet article de Libé :
Re: Blanquer dénonce "l'islamo-gauchisme"
La Réalité, c'est la complexité.Spin a écrit:Principe de réalité là aussi
Ici, nous sommes dans l'invective, le peu de réalité présent dans le concept initial a été depuis longtemps dilué.
Et qu'un ministre de l'Education Nationale ose reprendre une insulte comme si elle était un fait, voilà qui nous ramène aux pratiques de la France vichyste, de l'Allemagne nazi, des Etats-Unis maccarthystes ou de l'URSS stalinienne (pour ne faire qu'une première liste donnant matière à réflexion).
De la réalité ? Autant de "réalité" que pour le "judéo-bolchévisme", pour ne prendre que cet exemple.
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Re: Blanquer dénonce "l'islamo-gauchisme"
Ce n'est pas une raison pour faire l'autruche face à certaines dominantes.-Ren- a écrit:La Réalité, c'est la complexité.
Caricatural, peut-être, insulte, non.-Ren- a écrit:Et qu'un ministre de l'Education Nationale ose reprendre une insulte comme si elle était un fait, voilà qui nous ramène aux pratiques de la France vichyste, de l'Allemagne nazi, des Etats-Unis maccarthystes ou de l'URSS stalinienne (pour ne faire qu'une première liste donnant matière à réflexion).
Comparaison n'est pas raison. Ce concept ne se basait que sur l'origine juive supposée de certains dirigeants bolcheviques, sur fond d'antisémitisme nourri aux Protocoles des Sages de Sion. Le concept d'"islamo-gauchisme" ne fait que prendre en compte des infiltrations, positions convergentes et alliances locales patentes. NB il y a aussi une vieille collusion entre islamistes et FN puis RN, mais c'est une autre histoire.-Ren- a écrit:De la réalité ? Autant de "réalité" que pour le "judéo-bolchévisme", pour ne prendre que cet exemple.
Re: Blanquer dénonce "l'islamo-gauchisme"
Et "judéo-bolchévique" n'était qu'un doux nom que l'on donne aux gens ?Spin a écrit:Caricatural, peut-être, insulte, non.
...ce terme amalgame les musulmans en général et les personnes assimilées à la Gauche pour les rendre tous responsable du terrorisme islamiste que nos gouvernements ont cultivé pendant des années parce qu'il servait les objectifs des grandes entreprises capitalistes : non-seulement c'est une insulte visant à diaboliser de façon simpliste des catégories de personnes sans la moindre discrimination, mais en plus, comme toute insulte, ça permet de bloquer la réflexion parce qu'on peut toujours botter en touche avec un exemple foireux (exemple du passé : "mais si, judéo-bolchévique, c'est vrai, puisqu'on trouve des juifs chez les communistes")
En arriver là à nouveau, c'est dramatique.
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Re: Blanquer dénonce "l'islamo-gauchisme"
Heu, tu n'as pas l'impression d'amalgamer toi-même beaucoup de choses, là, de faire dire beaucoup de choses à cette expression ? Au fait, préférerais-tu "idiot ou idiote utile de l'islamisme", très répandu aussi, et peut-être plus pertinent et moins méchant par ce qu'il implique de naïveté ?-Ren- a écrit:..ce terme amalgame les musulmans en général et les personnes assimilées à la Gauche pour les rendre tous responsable du terrorisme islamiste que nos gouvernements ont cultivé pendant des années parce qu'il servait les objectifs des grandes entreprises capitalistes :
Parce qu'il n'est vraiment pas nécessaire de soutenir le terrorisme islamiste pour soutenir l'islamisme, et on englobe aussi cet aspect dans la dénonciation de l'"islamo-gauchisme". Dire par exemple que le Coran est un "livre de paix", sans autre nuance, c'est aussi soutenir l'islamisme (défini par Coran 3:110, Coran 8:39, et cetera). L'Islamisme ne dit pas autre chose. Pour ses théoriciens (Hassan Al Banna, Mawdudi, Khomeiny, Malik...), le projet islamiste est la seule solution viable pour apporter une fois pour toutes la paix sur terre : les lois humaines ont lamentablement échoué, donnant le chaos actuel (difficile de ne pas être un peu d'accord avec eux jusque-là), et donc il est plus que temps d'imposer la Loi de Dieu. Le marxisme-léninisme promettait aussi le "Grand Soir", la paix définitive sur la terre.
Je n'ai même pas pris position en disant tout cela.
Re: Blanquer dénonce "l'islamo-gauchisme"
Cette expression n'est pas mieux, et relève AUSSI de l'insulte.Spin a écrit:préférerais-tu "idiot ou idiote utile de l'islamisme", très répandu aussi, et peut-être plus pertinent et moins méchant par ce qu'il implique de naïveté ?
Parler des problèmes de fond, tout à fait d'accord. Et c'est d'ailleurs ce pour quoi ce forum a par exemple été créé.
Mais là, nous ne sommes pas dans le débat de fond, nous sommes dans l'insulte et rien d'autre. Une insulte qui ne sert qu'à créer l'amalgame et à disqualifier d'office. Le fruit en étant la haine.
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Re: Blanquer dénonce "l'islamo-gauchisme"
Tu devrais te renseigner sur l'historique de l'expression. Vladimir Ilitch Lénine ne nourrissait pas particulièrement de mépris pour Arthur Henderson, premier "idiot utile". Henderson, syndicaliste anglais, était loin d'être idiot tout court, loin d'être méprisable (il a reçu par la suite le Nobel de la Paix), mais son idéalisme l'empêchait clairement de voir les vrais objectifs du Bolchevisme. Jean-Paul Sartre, idiot utile emblématique (voir son pitoyable Nekrassov), s'en est par la suite repenti. Et moi-même je ne crains pas de dire que j'ai pu être "idiot utile" à une époque.-Ren- a écrit:Cette expression n'est pas mieux, et relève AUSSI de l'insulte.
Le problème de fond, c'est donc cet entrelacs de liens, alliances, connivences, entre gauchistes et islamistes. Aurais-tu une autre expression ?-Ren- a écrit:Parler des problèmes de fond, tout à fait d'accord. Et c'est d'ailleurs ce pour quoi ce forum a par exemple été créé.
Soit, mais est-ce une bonne façon d'entamer un débat de fond que de disqualifier sans chercher à la comprendre une expression d'un ministre, ou de qui que ce soit d'ailleurs ?-Ren- a écrit:Mais là, nous ne sommes pas dans le débat de fond, nous sommes dans l'insulte et rien d'autre. Une insulte qui ne sert qu'à créer l'amalgame et à disqualifier d'office. Le fruit en étant la haine.
Re: Blanquer dénonce "l'islamo-gauchisme"
Je connais l'historique de l'expression... que Lénine n'a PAS utilisé. Et comme pour le pseudo "islamo-gauchisme", il y a une différence entre une argumentation et un qualificatif qui devient rapidement une insulte fourre-tout.Spin a écrit:Tu devrais te renseigner sur l'historique de l'expression.
Le problème de fond, c'est d'abord pour moi la façon dont les pays occidentaux ont nourri et cajolé l'islamisme pour servir leurs buts impérialistes.Spin a écrit:Le problème de fond, c'est donc cet entrelacs de liens, alliances, connivences, entre gauchistes et islamistes
"sans chercher à comprendre" ? Je connais cette expression depuis bien longtemps.Spin a écrit:mais est-ce une bonne façon d'entamer un débat de fond que de disqualifier sans chercher à la comprendre une expression d'un ministre, ou de qui que ce soit d'ailleurs ?
Quant à "mon" ministre, il a prouvé une nouvelle fois qu'il n'a rien à faire à ce poste en utilisant cette insulte.
Il s'est disqualifié lui-même.
(ce qui détourne l'attention sur son récent mensonge sur le "soutien" de l'institution à mon collègue décédé)
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Re: Blanquer dénonce "l'islamo-gauchisme"
Argument classique, que je trouve simpliste voire fallacieux voire dangereux... et typique de ce qu'on appelle, que je persiste à appeler, l'esprit idiot utile, qui refuse par principe de voir un projet totalitaire pour ce qu'il est. Insultant ou pas, je l'ai longtemps partagé, je l'assume.-Ren- a écrit:Le problème de fond, c'est d'abord pour moi la façon dont les pays occidentaux ont nourri et cajolé l'islamisme pour servir leurs buts impérialistes.
D'abord, l'islamisme et le djihad ont quatorze siècles. Il y a peut-être eu beaucoup de compromissions et magouilles des Byzantins, des Perses, ou d'autres, pour que le djihad initial, de la toute première génération de musulmans, de ceux qui ont connu le Prophète, ait pu conquérir depuis la Tunisie jusqu'à l'Iran à partir d'un simple oasis. Et alors ?
Après, il est certain qu'on a un peu lancé Al Qaida et d'autres pour contrer la mainmise de l'URSS sur l'Afghanistan. Faut-il rappeler qu'à ce moment le bloc communiste venait de faire plier les USA au Vietnam, qu'il avançait un peu partout ? Bien sûr, on pouvait déjà constater qu'il pourrissait de l'intérieur, mais personne ne pouvait faire de pronostic précis (au passage, aujourd'hui ce sont plutôt les USA qui pourrissent de l'intérieur, mais pas encore au même degré). On a donc aidé les moudjahidin contre lui comme on avait aidé Staline contre Hitler. Question de priorité du moment.
Re: Blanquer dénonce "l'islamo-gauchisme"
Simpliste ? Alors que nous avons par exemple pu étudier sur ce forum la façon dont la France a soutenu et armé les djihadistes en Lybie puis en Syrie ? D'où l'incompréhension totale des djihadistes qui se sont fait incarcérer ensuite en France (cf leurs témoignages, collectés par les chercheurs qui ont travaillé sur le sujet ces dernières années)Spin a écrit:Argument classique, que je trouve simpliste voire fallacieux voire dangereux...
C'est tout frais, c'est réel. Et c'est toujours en cours.
Mais au lieu de remettre en question les politiques UMP/PS/LREM, on pointe LFI, parti qui n'a pas accédé au gouvernement... C'est, en soi, totalement délirant, en plus du caractère insultant de la chose.
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Re: Blanquer dénonce "l'islamo-gauchisme"
Réaction de la Conférence des Présidents d'Université, eux aussi insultés :
http://www.cpu.fr/actualite/luniversite-un-lieu-de-debats-et-de-construction-de-lesprit-critique/La Conférence des présidents d’université (CPU) souhaite faire part de l’émotion suscitée par les propos tenus par le ministre de l’Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports, Jean-Michel Blanquer, sur Europe 1 et au Sénat, le jeudi 22 octobre, qualifiant « les universités » de lieux où sévirait un « islamo-gauchisme » qui y « fait des ravages ».
Premier opérateur public de recherche en France, les universités sont des espaces d’élaboration et de transmission du savoir (...) Cette communauté enseignante et scientifique, du primaire au supérieur, a été frappée en son cœur par l’attentat islamiste perpétré contre Samuel Paty (...)
Non, les universités ne sont pas des lieux où se construirait une « idéologie » qui mène au pire. Non, les universités ne sont pas des lieux d’expression ou d’encouragement du fanatisme. Non, les universités ne sauraient être tenues pour complices du terrorisme.
La mission de diffusion de la culture scientifique et technique fait, au contraire, de nos établissements des institutions de démocratisation de la connaissance scientifique, indispensable dans la cité, à l’heure des désordres de l’information et du succès du complotisme, terreaux des extrémismes.
La recherche n’est pas responsable des maux de la société, elle les analyse. L’université est, par essence, un lieu de débats et de construction de l’esprit critique. En ces temps dramatiques, il est essentiel que l’unité soit de mise et que la cohésion nationale, appelée de ses vœux par le Président de la République, soit pour tous une invitation à éviter amalgames et raccourcis inutiles.
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Re: Blanquer dénonce "l'islamo-gauchisme"
Parler d'"insultes" pour ce qui est fondamentalement un terme polémique, discutable comme tout terme polémique (y compris "extrême-droite" ou "extrême-gauche" pour des gens qui ne se définissent pas eux-mêmes ainsi), c'est déjà refuser un débat.-Ren- a écrit:Réaction de la Conférence des Présidents d'Université, eux aussi insultés :
Je ne connais pas assez la situation actuelle des universités, je les ai quittées depuis trop longtemps, pour entrer dans un débat. Mais je n'oublie pas complètement que Pol Pot et sa sinistre équipe ont été formés et ont développé leurs idées à La Sorbonne. Fondé ou non, le soupçon actuel n'est pas a priori absurde.
Enfin "pas responsables des maux de notre société", cela ne sous-entendrait-il pas que le terrorisme islamiste est d'abord le fruit des "maux de notre société" ? Dans ce cas, c'est une position idéologique.
Re: Blanquer dénonce "l'islamo-gauchisme"
Spin a écrit:Principe de réalité là aussi. L'infiltration des milieux gauchistes (et de certains mouvements féministes, et cetera) par des islamistes, et les connivences qui en résultent, je ne vois pas comment on peut les nier. Il ne suffit pas de qualifier d'"extrême-droite" ceux qui les dénoncent. Le MRAP fait beaucoup moins parler de lui depuis que nombre de ses militants historiques l'ont quitté, ne voyant plus guère en lui qu'un instrument de l'islamisme.-Ren- a écrit:Ce grave dérapage du ministre va être l'occasion de revenir sur ce fameux qualificatif "islamo-gauchiste" que l'on m'a souvent lancé à la tête sur internet (pendant qu'à gôôôche on préférait me qualifier de "crypto-nazi" ). Je commence avec cet article de Libé :
Principe de réalité , la campagne pour les élections présidentielle a commenceé, si Marine est au deuxième tour Macron rempile pour 5 ans ...
Pour cela, vampiriser les voix de la droite traditionnelle , d'où un gouvernement de droite composé aux postes clé d'anciens UMP Sarkozistes pour la plus part, faire monter le RN ( loi sur le séparatismes et orienter les débats ) diviser l'opposition de gauche ( Ça c'est facile ) décrédibiliser La France Insoumise qui devient une cible ...
L'islam dans tous çà et les musulmans ? Un épouvantail facile a utiliser ...
Aucune honte pour tous ce petit monde d'exploiter le drame de cet odieux crime ...
Pourtant l'islamo-nazisme enfant de l'islamo-conservatisme a des valeurs de droite et partage beaucoup plus avec la droite plus ou moins extrême qu'avec la gauche , par exemple la détestation des intellectuels , des progressistes , des artistes , des minorités sexuelles ... La droite conservatrice est comme l'islam radical homophobe anti féministe , libéraux économiquement mais pour restreindre les libertés individuelles ...qui sont les amis du Qatar ou de l’Arabie saoudite pas les islamo gauchistes c'est certain ...pourtant c'est eux qui ont armé idéologiquement et financièrement le terrorisme islamiste !
Idriss- Messages : 7075
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Re: Blanquer dénonce "l'islamo-gauchisme"
Toi qui m'appelles islamo-gauchiste, laisse-moi te dire pourquoi le lâche, c'est toi
22 oct. 2020 Par Alexis DAYON Blog : Le blog de Alexis DAYON
Depuis quelques jours, tu as donné le ton. Un collègue a été atrocement assassiné (comme lui, j'enseigne l'EMC, et Vendredi je me suis vu à sa place). Toi, il n'a pas fallu une heure pour que tu sois sur tous les réseaux, toutes les ondes, à scander : toi, tu es brave ! Toi, tu nommes l'ennemi ! Moi, tu m'as tamponné un railleur "padamalgam", et depuis, je suis le lâche. Mais le lâche, c'est toi.
On t'a dit et redit que la formule appartenait à l'extrême-droite, qu'elle était le décalque exact du "judéo-bolchévique" brandi naguère par les pires gens pensables. Ça ne t'a pas arrêté. Combien moins cela t'arrêtera, maintenant que l'expression saute de bouche en bouche sur toutes les lèvres de la République, de Bernard Cazeneuve à Marine Le Pen en passant par Jean-Michel Blanquer ou Manuel Valls ! Ça y est, c'est entériné : le mot porte le sceau de l'officialité – et c'est que ce doit exiger de s'armer d'une bravoure immense, que de parler comme toutes les bouches sur tous les canaux où des bouches parlent ! Prenons le mot, donc, puisqu'il est adopté.
L'islamo-gauchisme, c'est ta créationhttps://blogs.mediapart.fr/alexis-dayon/blog/221020/toi-qui-mappelles-islamo-gauchiste-laisse-moi-te-dire-pourquoi-le-lache-cest-toi
- suite:
Il n'y a pas grand doute à ce sujet : tu me compteras au nombre des islamo-gauchistes. La vue d'une mère d'élève voilée ne m'emplit d'aucun effroi, ni non plus celle d'un voile porté par une femme dans la rue, à la plage, ou en train de faire son jogging. Les rayons halal ne me paraissent pas être la succursale du terrorisme. Et la dénomination même que tu aimes tant employer – tu sais, ton fameux "problème de l'Islam" – me paraît scandaleuse, parce que je n'aime pas qu'on dise à cinq millions de mes concitoyens, cinquante fois le jour, que leur existence est un "problème".
Bref, je coche les cases : je suis un islamo-gauchiste. Enfin, il paraît. C'est toi qui me le dis. Ce mot, c'est toi qui m'en affubles. Moi, je me sens islamo-que dalle. Moi, les Musulmans, en tant que tels, j'en pense rien : j'en ai rencontré des éclairés, des rétrogrades, des bons, des vils, des que je compte pour des amis et d'autres que j'aurais du mal à supporter ne serait-ce que le temps d'une conversation... comme partout, comme avec tout le monde, en fait. Les communautés, en règle générale, j'en pense rien ; c'est à peine si je sais que ça existe, et généralement, quand ça existe, je crois que c'est surtout parce qu'il y a des gens comme toi pour dire : "ces gens-là", qui ainsi assignent des individus divers à une catégorie unique et qui, par l'acte même d'assigner, produisent chez ces individus une communauté réelle de condition et d'intérêts qui est de devoir réagir à l'assignation. (En un autre temps, déjà, Jean-Paul Sartre expliquait que c'est l'antisémite qui, en décidant qu'il y a une "question juive", fait le Juif.)
En ce qui me concerne, je ne me compte que des concitoyens dont je voudrais qu'on respecte les droits, qu'on leur foute la paix, et qu'on arrête de leur demander de rendre des comptes pour des actes qu'ils n'ont pas commis, ou de décréter que leurs paroles et leurs actes ont un autre sens que celui qu'ils revendiquent. Un peu comme quand une femme porte un voile parce qu'elle dit que c'est sa façon d'aimer Dieu, et que toi, tu décrètes qu'elle le fait pour affirmer sa soumission aux hommes, parce que tu en as décidé ainsi, et que puisque tu en as décidé ainsi, alors c'est que toutes les femmes voilées font la promotion politique du patriarcat musulman, et que toi, très sensible à la domination du patriarcat (surtout musulman), tu es donc légitime à ouvrir la chasse générale aux femmes voilées. En sortie scolaire : provocation ! À la plage : provocation ! Au rayon course à pied chez Decathlon : provocation ! À la télévision dans un tutoriel cuisine : provocation ! Allons droit au but : pour toi, c'est leur existence qui est une provocation. Que t'ont-elles fait ?
Les femmes qui portent le voile, par leur existence même, t'offensent, et toi, tu ne supportes pas l'offense : tu as cela de commun avec celui que tu crois être ton ennemi – alors qu'il est bien plutôt ton reflet !
La loi dit qu'elles ont le droit, mais soyons honnêtes : tu t'en moques qu'elles aient le droit, et tu t'en moques de la loi. De nous deux – toi le fier défenseur de la laïcité et des principes de la République, moi le vil islamo-gauchiste – ce n'est pas moi qui veux refaire la loi de 1905 à ma sauce ou qui propose de réviser la Constitution, ce n'est pas moi qui veux mener une purge dans l'Observatoire de la laïcité. Moi la loi de 1905, elle me convient parfaitement. Nicolas Cadène qui s'applique à faire valoir avec rigueur l'esprit et la lettre de la loi, en rappelant chaque fois qu'il le faut (il le faut si souvent !) que le principe de laïcité n'est pas la chasse ouverte aux Musulmans, mais le principe garant de la liberté de culte et de la neutralité de la puissance publique, il me convient parfaitement. Toi, en revanche, tu as décidé de travestir la laïcité en ce qu'elle n'est pas, et d'en faire un principe de discrimination anti-musulman. Et quand, texte à l'appui, on te rappelle que ce que tu dis n'est pas la laïcité, que ce que tu dis n'est pas la loi, ta réponse, c'est de dire que dans ce cas, tu vas réécrire la loi. Réécrire la loi parce qu'elle ne te convient pas, parce qu'elle ne te permet pas d'asseoir ta loi comme toi, tu l'entends : mais qui donc est le séparatiste ?
La vérité, c'est que la vue d'une femme portant le voile, la vue d'un rayon halal, la vue d'une marche dénonçant l'islamophobie t'insupportent. La vérité, c'est que l'existence de "ces gens-là", pour autant que tu la vois, ou t'effraie – parce que pour toi, être Musulman, c'est déjà en soi un signal faible de radicalisation – ou t'offense – parce que tu es chez toi et que eux sont en trop, c'est bien cela ? Et la vérité, surtout, c'est que tu supportes mal l'offense. Vois-tu, les leçons d'EMC que je dispense à mes élèves – comme Samuel Paty, semble-t-il, dispensait les siennes – font grand cas de la notion d'offense chaque fois qu'il y est question de vivre ensemble : parce que vivre ensemble, c'est avant tout vivre avec des gens différents, des gens qui ne conçoivent pas identiquement ce qui est vrai, ce qui est sage, ce qui est beau, ce qui est bien... et que c'est pourquoi, avant tout bien, avant toute beauté, toute sagesse, toute vérité, ce qui en premier lieu est juste, c'est de réaliser un état politique du droit et des rapports sociaux qui permette à chacun de réaliser son existence selon l'idée qu'il s'en fait pour autant qu'il ne m'interdit pas de réaliser aussi la mienne, quand bien même sa conception de l'existence me serait offensante.
Et c'est pourquoi, dans mes leçons d'EMC, je transmets l'idée que vivre libres, ça commence par tolérer que la liberté d'autrui m'offense. Qui sait, peut-être finirai-je, moi aussi, assassiné pour cela ? Peut-être sera-ce par un intégriste, parce qu'un intolérant religieux aura hurlé en ligne contre une caricature que j'aurai diffusée ? Peut-être sera-ce par un fasciste, parce que toi (oui, toi), tu auras hurlé en ligne contre une séance trop islamo-gauchiste à ton goût – peut-être m'auras-tu traité de "collabo" et un fou furieux se sentira-t-il de ce fait la fibre d'un résistant en saisissant une arme à feu ? Toi comme l'intolérant religieux, au fond, avez cela en commun : vous supportez si mal l'offense ! À mes yeux, tu es son reflet. Vous faites à vous deux une espèce d'hydre à deux têtes. Ton intolérance et la sienne sont strictement symétriques. La sienne prépare le terrorisme intégriste ; la tienne prépare le terrorisme d'extrême-droite ; à la fin, les deux prennent les armes, et cette guerre, c'est votre œuvre commune.
Pour ma part, je n'ai pas de préférence entre telle ou telle brute. Et je me moque bien de savoir au nom de quelle intolérance me tuera la brute qui me tuera. Alors à toi comme à lui, qui tenez tant à distinguer entre "nous" et "eux" : comptez-moi parmi eux.
Le 10 novembre, le 10 janvier, si seulement tu savais regarder : c'est tout un !
Ah, j'en oublierais presque de confesser, parmi mes crimes, celui qui sera inexpiable à tes yeux ! Le 10 novembre 2019, j'étais dans la rue, après qu'un homme d'extrême-droite avait ouvert le feu à la sortie d'une mosquée, et je participais alors à cette marche contre l'islamophobie que tu as tant honnie – tu sais bien, celle que tu as unilatéralement rebaptisée "marche de la honte", "marche des islamistes", etc. Il paraît qu'il y avait des gens peu fréquentables, çà et là dans le cortège ; c'est bien le premier cortège de ma vie où l'on m'a tenu responsable de qui s'était retrouvé dans le cortège plutôt que du mot d'ordre au nom duquel le cortège défilait.
Où tu risques de ne plus bien comprendre, et de te dire que je suis au mieux un crétin, au pire un hypocrite, c'est quand je t'avouerai que le 10 janvier 2015 aussi, j'étais dans la rue, pour une autre marche : celle pour Charlie. Ce doit t'être inconcevable. Tu dois être en train de te dire qu'on ne peut pas défiler avec les victimes et les bourreaux, qu'il faut choisir ! — Il est vrai qu'à tes yeux, des Musulmans qui demandent simplement à ne plus être la cible perpétuelle d'une passion collective haineuse à travers tout le pays, c'est déjà "le camp des bourreaux"... Pour toi, c'est "eux" contre "nous", et mort au réel si le réel n'entre pas dans cette dichotomie grossière et dans ta rhétorique de guerre civile. Les terroristes ont remporté cette victoire sur ta conscience.
Pour ma part, le 10 novembre, le 10 janvier, tout ça me semble tout un : je veux vivre dans un pays où les caricaturistes puissent caricaturer, les croyants assister à leur culte, sans que des meurtriers ne leur tirent dessus. Cela me paraît d'une simplicité enfantine, mais ces temps-ci, plus rien n'est simple, plus rien n'est enfantin. Le poison a tout envahi, le racisme a pris possession des lieux, le lepénisme est devenu le mètre étalon de la pensée dans le discours public, il a revendiqué pour lui le camp des victimes, attribué aux autres celui des bourreaux, et il vient exiger de ceux qui ne plient pas qu'ils rendent des comptes. "Le jour où le crime se pare des dépouilles de l'innocence, par un curieux renversement, c'est l'innocence qui est sommée de fournir ses justifications", écrivait Albert Camus.
Le tournant raciste décomplexé de la société française, c'est, en plus d'une injustice, une victoire que tu concèdes à ceux dont tu te prétends l'ennemi
Danièle Obono, Jean-Luc Mélenchon, Edwy Plenel, Rokhaya Diallo, et tant d'autres encore : nous voilà donc repeints en "lâches" ou en "complaisants" quand ce n'est pas carrément en "complices" des atrocités terroristes – de là à dire que, parce que nous ne pensons pas que la solution rationnelle au terrorisme soit d'organiser un grand jeu de suspicion nationale à l'égard des Musulmans, nous ayons nous-mêmes "armé le bras des tueurs", il n'y a plus qu'un pas, que Pascal Bruckner franchit gaiement en plein plateau de télévision.
Plus largement : du haro mis par le ministre de l'intérieur sur les rayons halal des supermarchés aux logorrhées délirantes de Jean Messiha, Elisabeth Lévy, Pascal Praud ou Nadine Morano qui appellent à la restauration des bagnes, l'abandon de "l'état de droit qui nous désarme" ou l'interdiction des prénoms à consonance étrangère, il apparaît clairement que, en cette période difficile, le camp de la raison et de la mesure, c'est le vôtre ! Il serait pénible de me lancer dans une recension des cimes d'aberrations racistes accumulées depuis Vendredi (et il se trouve que Télérama en a recensé quelques unes).
Mais on en est là : un assassinat terroriste a été commis contre un professeur qui enseignait la liberté, et la réaction dans tout le pays consiste, au lieu de camper solidement sur le droit et de combattre l'intégrisme et le terrorisme avec l'arsenal juridique qui le permet déjà, à perdre la raison, à renoncer aux libertés publiques, à envisager d'adopter des lois d'exception ou de modifier la Constitution pour n'avoir pas à être tenus par nos propres règles de droit et, partout, tout le temps, à jeter un soupçon général sur nos concitoyens musulmans.
De façon un peu égoïste, presque mesquine, je pourrais me dire – moi qui suis chrétien – que si je tolère que ce traitement puisse être réservé aux Musulmans de ce pays, alors je consens implicitement et en principe à ce qu'un jour, peut-être, me soit réservé le même sort en tant que Chrétien. Mais soyons sérieux : je sais très bien que moi, personne ne va m'embêter. Personne ne jettera sur moi le soupçon d'être un identitaire occidentaliste promoteur de l'Europe blanche et de la chrétienté. Personne ne me demandera de me désolidariser des Anders Breivik de ce monde pour faire la démonstration que je suis un bon républicain.
De façon moins mesquine, alors : nous sommes simplement en train de réserver à une fraction de la population un traitement injustifiable, de décréter sans cesse des règles ad hoc pour lui dénier ses libertés les plus légales, afin de suivre l'actualité de perpétuelles et oiseuses surenchères autoritaires. D'ores et déjà, lorsqu'il arrive que des élèves me le fassent remarquer tandis que je leur parle d'égalité de droit perché sur mon nuage de concepts, je n'ai rien à répondre, et j'ai honte. Et un jour, ce que je crois, c'est que notre pays se retournera tout entier sur cette période et qu'il aura honte.
Enfin, il y a ceci, et ceci, au fond, je suis sûr que tu le pressens : ce reflet que tu prétends combattre, tu le nourris. Qu'un intégriste ait, par un acte de terrorisme, le pouvoir de faire éclore des milliers de fascistes, les derniers jours l'auront tristement démontré. L'inverse – le pouvoir du fascisme à faire éclore des intégristes, donc – n'est sans doute que plus silencieusement, mais pas moins certainement vrai. Que crois-tu, au juste, qu'ils sont en train d'accumuler en eux, les gamins musulmans qui grandissent dans ce pays en entendant leur mère traitée comme une pestiférée quand elle les accompagne en sortie scolaire ? En voyant leur père suivi par les regards suspicieux des Gérald Darmanin et des Christophe Barbier du supermarché lorsqu'il passe par le rayon halal ? Quand ils entendent la quasi-totalité de la sphère politique utiliser le nom de leur religion comme insulte servant à disqualifier l'opposition de gauche radicale ? Que crois-tu que tout cela puisse faire grandir en eux sinon une colère sourde ? Moi, en tout cas, à la seule idée que, né d'une autre famille, j'aurais pu avoir à subir cela, je sens la colère sourde.
Quelqu'un qui a à vivre tout ça t'en parlerait sans doute mieux que moi. Une amie musulmane qui n'a jamais d'autres mots à publier que des mots empreints de bonté et de délicatesse, m'écrivait hier : "J’ai l’impression que depuis vendredi on me tient par la gorge. Je reconnais plus le monde qui m’entoure. J’ai envie de redevenir enfant." Si cela, seulement, pouvait suffire à te donner une idée du mal que tu fais.
De petits séparatistes, c'est toi qui es en train d'en fabriquer, en ce moment-même, car ta rhétorique sépare, sans cesse. Ton ennemi juré, ton reflet, l'intégriste, ne rêve que de ça. Tu te crois inflexible, mais tu lui concèdes tout. Tu es en train de faire le travail pour lui. Tu instilles son poison. Ton poison. C'est le même. Et de ceux dont tu n'obtiendras pas la haine, tu gâches juste la vie.
Alors le lâche, vois-tu, c'est toi.
Idriss- Messages : 7075
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Re: Blanquer dénonce "l'islamo-gauchisme"
On a donc le discours habituel, pas d'amalgame, pas en mon nom, on n'est pas des terroristes potentiels.
Il m'arrive de me faire contrôler mon sac dans un commerce, mon titre de transport dans un train. Je suis donc vu l'espace d'un instant comme un voleur ou fraudeur potentiel. Et après ? On m'a même contrôlé souvent dans le cadre de Vigipirate, donc j'ai aussi été vu comme un terroriste potentiel. Et après ?
Tout être humain est un terroriste potentiel. Il se trouve que la probabilité est beaucoup plus élevée chez les musulmans. Donc, ils doivent s'attendre à être suspectés et contrôlés plus que d'autres, même s'ils n'y sont personnellement pour rien et même s'ils font personnellement tout ce qu'ils peuvent pour s'opposer au terrorisme. Beaucoup l'acceptent. Ceux qui ne l'acceptent pas renforcent le soupçon d'une complémentarité avec le terrorisme.
Il m'arrive de me faire contrôler mon sac dans un commerce, mon titre de transport dans un train. Je suis donc vu l'espace d'un instant comme un voleur ou fraudeur potentiel. Et après ? On m'a même contrôlé souvent dans le cadre de Vigipirate, donc j'ai aussi été vu comme un terroriste potentiel. Et après ?
Tout être humain est un terroriste potentiel. Il se trouve que la probabilité est beaucoup plus élevée chez les musulmans. Donc, ils doivent s'attendre à être suspectés et contrôlés plus que d'autres, même s'ils n'y sont personnellement pour rien et même s'ils font personnellement tout ce qu'ils peuvent pour s'opposer au terrorisme. Beaucoup l'acceptent. Ceux qui ne l'acceptent pas renforcent le soupçon d'une complémentarité avec le terrorisme.
Re: Blanquer dénonce "l'islamo-gauchisme"
Du "judéo-bolchévisme" à "l'islamo-gauchisme" : une même tentative de faire diversion
Publié le 08-06-2016
"L'islamo-gauchisme", voilà l'ennemi. C'est le message envoyé régulièrement Manuel Valls dans ses différentes prises de parole publiques. Un concept assez flou dans lequel le Premier ministre englobe à la fois Clémentine Autain et Tariq Ramadan. Professeur d’histoire contemporaine à l’université de Tel-Aviv, Shlomo Sand s'interroge sur l'utilisation de cette rhétorique.
http://leplus.nouvelobs.com/contribution/1524662-du-judeo-bolchevisme-a-l-islamo-gauchisme-une-meme-tentative-de-faire-diversion.html
Idriss- Messages : 7075
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Re: Blanquer dénonce "l'islamo-gauchisme"
Je trouve qu'il y a comme un côté arroseur arrosé, diaboliseur diabolisé, dans cette affaire. Cette expression, "islamo-gauchisme", revient constamment depuis de nombreuses années dans le discours de gens qu'on qualifie en bloc, avec ni plus ni moins de nuance et d'équité (il y a des forcenés des deux côtés), de "fachosphère", "extrême-droite", "islamophobe", et cetera. Sauf que maintenant, c'est un ministre d'un gouvernement qui se veut du centre (oui, je sais...).
Au moins sur ce que cela désigne, les mises en garde sont anciennes et ne venaient pas toujours de ce côté. Jean-Claude Barreau (De l'Islam en général et du monde moderne en particulier, 1991), Jean-Louis Péroncel Hugoz (Le radeau de Mahomet, 1984) alertaient déjà sur une islamisation rampante misant sur l'immigration, et sur l'aveuglement d'une certaine sensibilité de gauche toujours en quête de "damnés de la terre" à défendre.
Au moins sur ce que cela désigne, les mises en garde sont anciennes et ne venaient pas toujours de ce côté. Jean-Claude Barreau (De l'Islam en général et du monde moderne en particulier, 1991), Jean-Louis Péroncel Hugoz (Le radeau de Mahomet, 1984) alertaient déjà sur une islamisation rampante misant sur l'immigration, et sur l'aveuglement d'une certaine sensibilité de gauche toujours en quête de "damnés de la terre" à défendre.
Re: Blanquer dénonce "l'islamo-gauchisme"
Tribune :
https://www.nouvelobs.com/idees/20201027.OBS35262/l-islamo-gauchisme-comment-ne-nait-pas-une-ideologie.htmlSamuel Hayat a écrit:Alors que l’assassinat de Samuel Paty créait l’effroi dans toute la population, donnant lieu à de multiples prises de position et cérémonies officielles, des personnalités et courants politiques de droite en profitaient pour faire avancer leurs projets et leurs intérêts. Au sein du champ politique, ce fut l’occasion pour certain·es, comme le ministre de l’Intérieur, de se distinguer par des commentaires particulièrement outranciers. Il se préservait ainsi un espace à la droite du macronisme, en campagne contre le « séparatisme » – un thème jusque-là porté par la droite la plus nationaliste.
Pour les intellectuel·les et les publicistes réactionnaires, l’occasion était trop belle de ressortir leurs vieux arguments islamophobes, qui constituent leur fonds de commerce et leur assurent de faire à chaque attentat un bon coup, tant en termes de visibilité médiatique qu’en termes de vente de leurs livres et magazines. Mais ces personnes n’ont pas seulement besoin, pour exister, de se voir adoubées par les journalistes et présentateurs télé. Il leur faut aussi conquérir des positions contre les intellectuel·les qui ne partagent pas leurs vues, en les attaquant avec d’autant plus de virulence dans les médias qu’elles ont généralement peu de reconnaissance dans les autres arènes, et notamment dans le champ universitaire. Et pour cela, elles ont construit un outil rhétorique efficace, empruntant à la fois à la longue histoire des polémistes d’extrême-droite et à l’islamophobie ambiante : l’accusation d’islamo-gauchisme.
Les fortunes d’un nouvel -isme
Ce mot n’est pas un produit de la situation : il a été inventé par des intellectuel·les réactionnaires dans les années 2000, Pierre-André Taguieff en tête, pour qualifier péjorativement une partie du mouvement altermondialiste et antiraciste. Le terme a initialement une certaine cohérence : il vise à mettre en lumière des alliances supposées entre des personnalités et des groupes revendiquant leur identité musulmane et une partie de l’extrême-gauche.
- Spoiler:
De tels rapprochements ont pu avoir lieu, marginalement, dans le cadre de mouvements se voulant internationaux et inclusifs, en particulier au moment de la guerre en Irak qui a redonné temporairement de la vigueur à l’anti-impérialisme. Il faut se rappeler que le Forum social mondial, par exemple, réunissait alors non seulement des syndicats et des partis, mais aussi des milliers d’associations, y compris religieuses, et que les mouvements chrétiens y occupaient une place centrale, sans que cela ne choque grand-monde. Mais toute la magie linguistique des réactionnaires est de transformer ces alliances de circonstance en un tout cohérent, voire un projet politique, en utilisant un petit suffixe présent dans toutes les langues européennes : –isme.
Issu du grec ancien -ismos puis du latin -ismus, le suffixe –isme sert à indiquer une cohérence et une systématicité, permettant de transformer des mots ou des noms propres en des principes unificateurs. Le cube devient le cubisme, Marx le marxisme, la défaite le défaitisme… Cela fait des mots en -ismes d’excellents outils de groupement et de classement, que ce soit en matière philosophique, esthétique, scientifique, religieuse ou politique, permettant de résumer, en un mot, une doctrine complexe dans laquelle il sera possible de se reconnaître, et de se distinguer.
De là la très grande importance de ces -ismes dans l’histoire des idées politiques : libéralisme, conservatisme, socialisme, toutes les idéologies sont désignées par des -ismes… Mais justement parce que l’utilisation du -isme suggère une systématicité, il est facile d’utiliser ce suffixe pour venir disqualifier une attitude consistant à pousser un principe trop loin ou de le défendre de manière trop rigide. C’est comme ça qu’est inventé le mot gauchisme : Lénine utilise l’adjectif levizny (gauchiste) pour désigner l’attitude de certains communistes occidentaux refusant de participer aux élections ou aux syndicats par pureté révolutionnaire. Ce n’est pas le fait d’être de gauche (levi) qu’il critique, mais bien de l’être de manière qu’il juge excessive.
La force des concepts faibles
Le terme d’islamo-gauchisme permet alors aux personnes qui l’utilisent d’amalgamer en un tout cohérent une série d’attitudes et de positions très diverses – et de jouer sur l’ambiguïté que cet amalgame autorise. Islamo- renvoie à islamisme, mais aussi à islam, les deux termes entretenant déjà eux-mêmes une relation ambiguë.Le terme « gauchisme » peut lui aussi renvoyer à une doctrine particulière née d’une critique interne à l’extrême-gauche dans les années 1968 ou bien, comme chez Lénine, désigner une attitude jugée excessivement à gauche. La combinaison de ces deux termes connaît une incertitude similaire
- Spoiler:
En effet, le concept « d’islamisme » désigne à la fois une idéologie politico-religieuse cohérente issue du wahhabisme, la défense beaucoup plus floue d’une utilisation dite « politique » de l’islam (selon une conception de la séparation entre pouvoir temporel et pouvoir spirituel spécifique à l’occident chrétien, qui n’est jamais interrogée, et qui n’a d’ailleurs jamais empêché les chrétien·nes de toutes tendances d’agir en tant que tel·les dans la Cité) et, de manière encore plus vague, un usage supposé excessif de la religion musulmane.De Pierre-André Taguieff, on passe à Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Education nationale, dénonçant par ce terme dans le « Journal du Dimanche » du 25 octobre à la fois « une matrice intellectuelle venue des universités américaines et des thèses intersectionnelles » qui « converge avec les intérêts des islamistes », Edwy Plenel qui « déploie méthodiquement une stratégie de conquête des esprits », La France Insoumise qui cherche « chez les musulmans un substitut à leurs électeurs perdus » et Jean-Luc Mélenchon, coupable de « trahison » parce qu’il a participé à une marche contre l’islamophobie.
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qualifiant initialement (et déjà de manière indue) une stratégie politique, menée par des groupes identifiables, elle en vient progressivement à stigmatiser une attitude, celle d’une supposée complaisance avec l’islamisme (ou avec l’islam), caractérisée par le refus de voir dans l’islamisme (ou dans l’islam) la menace centrale pesant sur les sociétés occidentales, voire par le simple fait de s’opposer au racisme spécifique que subissent aujourd’hui les musulman.es, l’islamophobie.
Il serait facile, confronté à cette bouillie, de répondre par le mépris, non seulement pour le manque d’exigence intellectuelle du ministre, mais aussi pour le terme même d’islamo-gauchisme, dont cette interview montre la vacuité. Mais ce serait se tromper : c’est justement parce que ce terme ne cesse de perdre en précision qu’il gagne en efficacité. La force du terme, et ce qui justifie son usage par les réactionnaires, est qu’il permet de jouer sur les multiples ambiguïtés du mot
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et d’amalgamer des universitaires spécialistes de l’islam ou des questions raciales n’ayant souvent aucun lien avec l’extrême-gauche, des intellectuel.les, engagé.es ou non, ne travaillant pas du tout sur ces questions mais par exemple sur le féminisme, mais aussi des syndicats, des journaux, des associations luttant contre l’islamophobie, et de lier tout cela, sans le moindre début de preuve, au projet mortifère porté par les groupes djihadistes ou takfiristes inspirant des attentats et assassinats comme celui de Samuel Paty. Parler d’islamo-gauchisme à l’université permet alors de faire d’une pierre trois coups. D’abord, c’est jouer sur l’islamophobie ambiante pour amener les personnes les plus sensibles à ce discours à s’opposer à la gauche, et en particulier aux universitaires critiques. Deuxièmement, cela permet de donner des armes aux personnes de droite qui veulent avant tout attaquer la gauche universitaire. Enfin, cela apporte de l’eau au moulin des personnes qui, de manière plus générale, sont contre l’université et participent à sa destruction, comme le ministre Blanquer, en présentant les chercheurs en sciences sociales comme des traîtres à la science, utilisant leur position pour défendre à la fois le gauchisme et l’islamisme.
Islamo-gauchisme et judéo-bolchévisme, même structure, même combat ?
La dénonciation d’islamo-gauchisme active ainsi la perméabilité entre islamophobie, opposition à la gauche et anti-intellectualisme, trois éléments que partagent la plupart des plumes réactionnaires. Il permet de réunir autour d’un même combat des personnes venant plutôt de la gauche antireligieuse, d’autres venus de la droite et de l’extrême droite, d’autres en lutte contre les sciences sociales. C’est là son danger principal, comme le montre la fortune historique d’un autre mot, celui de judéo-bolchévisme, composé de la même manière qu’« islamo-gauchisme ».Cette comparaison montre que l’accusation d’islamo-gauchisme n’a rien d’anodine. Elle est dangereuse. Il ne suffit pas de faire valoir l’évidence, que cette idéologie n’existe pas, à l’université ni ailleurs, car c’est plus insidieusement un épouvantail créé pour permettre l’union de ceux et celles qui veulent stigmatiser les musulman·es, s’opposer à la gauche et délégitimer les sciences sociales, sous la houlette de politiciens et de publicistes réactionnaires.
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Le judéo-bolchévisme est initialement, au début du XXe siècle, une accusation faite aux partis communistes d’être contrôlés secrètement par des Juif·ves, dont le plan secret serait la déstabilisation de l’Occident et la domination mondiale. Certes, c’est une accusation antisémite, mais elle n’est pas seulement antisémite : elle permet surtout, en Russie, aux tsaristes, puis aux armées blanches contre-révolutionnaires à partir de 1917, d’utiliser le climat antisémite très répandu alors pour mobiliser contre le parti bolchévique, puis contre l’armée rouge. Ce mythe du judéo-bolchévisme amène les antisémites à devenir anticommunistes, et parallèlement rend les résistances antibolchéviques perméables aux idées antisémites, d’où des pogroms faisant des dizaines de milliers de morts parmi les Juif·ves russes là où les armées blanches triomphent. Et l’histoire ne s’arrête pas là : invention du pouvoir tsariste pour unir antisémites et anticommunistes, le mythe du judéo-bolchévisme quitte ensuite la Russie pour venir nourrir, dans les années 1920 et 1930, les mouvements d’extrême-droite européens, nazisme en tête. Ces mouvements unissent alors antisémites et anticommunistes dans une même alliance haineuse, aux conséquences catastrophiques.
Mais il y a une autre leçon à cette comparaison : pour construire le mythe du judéo-bolchévisme, les réactionnaires russes faisaient valoir la présence massive de Juif·ves au sein du mouvement communiste.
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Il faut le dire : c’est vrai, et c’est l’honneur du communisme que d’avoir accueilli en son sein des prolétaires de toutes origines, même et surtout les Juif·ves, qui subissaient alors en Europe et aux Etats-Unis non seulement l’exploitation capitaliste, comme tous les travailleurs, mais aussi un racisme systémique, parfois légalement organisé, comme en Russie. Il y avait de nombreux Juif·ves dans le parti bolchévique, car on y luttait contre toutes les oppressions, et les Juif·ves pouvaient y militer en tant que Juif·ves, comme en témoigne l’histoire de l’Union générale des travailleurs juifs (le Bund), qui existait en tant qu’organisation juive au sein du parti communiste russe. Parler de judéo-bolchévisme était évidemment paranoïaque, mais cela pouvait au moins s’appuyer sur une réalité, celle de l’inclusion des Juif·ves dans le mouvement communiste.
Peut-on en dire autant à propos de l’islamo-gauchisme ? On peut en douter. Les réactionnaires ne visent pas d’abord, avec ce terme, des musulman·es au sein des partis de gauche ou des départements de sciences sociales, mais des non-musulman·es qui seraient complices, volontairement ou non, des islamistes. Il y a une raison à cela : si l’accusation d’islamo-gauchisme ne vise pas les musulman·es, c’est qu’ils et elles sont anormalement sous-représenté·es dans les partis, y compris d’extrême-gauche, et dans les universités, y compris les départements de sciences sociales, du fait de la discrimination qui les frappe dans toute la société.
L’accusation d’islamo-gauchisme est d’autant plus délirante qu’à la différence du communisme du siècle dernier, les universités et les partis politiques français sont largement fermés aux minorités racisées, musulmanes ou non. Elle agit alors comme un révélateur de la gravité du racisme systémique en France, tellement ancré que même les accusations paranoïaques d’islamo-gauchisme ne sauraient trouver le moindre élément réel pour les étayer. La lutte contre les projets réactionnaires suppose alors non seulement de s’opposer pied à pied à toutes celles et tous ceux qui essaient de promouvoir cette étiquette intrinsèquement islamophobe, droitarde et anti-intellectuelle, mais aussi de se battre pour une université et une gauche réellement inclusives, ouvertes à tous·tes et en particulier aux dominé·es, parmi lesquel·les figurent aujourd’hui les musulman·es de France.
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Re: Blanquer dénonce "l'islamo-gauchisme"
S'ils pouvaient éviter cette horreur d'écriture inclusive... enfin passons. Cette discrimination demanderait à être analysée pour elle-même. On sait par ailleurs que dans les "quartiers" et "cités" à forte densité musulmane il devient de plus en plus difficile d'étudier sérieusement. La discrimination à l'emploi demande aussi à être analysée, sachant le genre de problèmes que posent, plus souvent qu'à leur tour, au moins certains musulmans... et on n'a généralement ni le temps de les moyens d'approfondir (revendications d'horaires et locaux pour les prières, de jours fériés spécifique, de menus spécifiques là où il y a une cantine, risque faible mais pas forcément négligeable d'embaucher un ou une terroriste, etc.).nouvelobs a écrit:Peut-on en dire autant à propos de l’islamo-gauchisme ? On peut en douter. Les réactionnaires ne visent pas d’abord, avec ce terme, des musulman·es au sein des partis de gauche ou des départements de sciences sociales, mais des non-musulman·es qui seraient complices, volontairement ou non, des islamistes. Il y a une raison à cela : si l’accusation d’islamo-gauchisme ne vise pas les musulman·es, c’est qu’ils et elles sont anormalement sous-représenté·es dans les partis, y compris d’extrême-gauche, et dans les universités, y compris les départements de sciences sociales, du fait de la discrimination qui les frappe dans toute la société.
"Islamophobe", ça demanderait à être un peu plus précisé là aussi. Ce qu'on prétend disqualifier (a fortiori interdire) on doit le définir et le délimiter le plus précisément possible. Et donc là on retrouve l'amalgame entre "islamophobie" et racisme. La défiance de plus en plus répandue à l'encontre des musulmans vise aussi bien les convertis de souche, qu'on voit aussi parfois devenir terroristes.L’accusation d’islamo-gauchisme est d’autant plus délirante qu’à la différence du communisme du siècle dernier, les universités et les partis politiques français sont largement fermés aux minorités racisées, musulmanes ou non. Elle agit alors comme un révélateur de la gravité du racisme systémique en France, tellement ancré que même les accusations paranoïaques d’islamo-gauchisme ne sauraient trouver le moindre élément réel pour les étayer. La lutte contre les projets réactionnaires suppose alors non seulement de s’opposer pied à pied à toutes celles et tous ceux qui essaient de promouvoir cette étiquette intrinsèquement islamophobe, droitarde et anti-intellectuelle, mais aussi de se battre pour une université et une gauche réellement inclusives, ouvertes à tous·tes et en particulier aux dominé·es, parmi lesquel·les figurent aujourd’hui les musulman·es de France.
Globalement, il me semble que l'accusation d'"islamo-gauchisme", rabâchée depuis des années dans certains milieux, vise surtout le constat, inévitable, qu'un certain politiquement correct (l'islamisme n'a rien à voir avec l'Islam, l'immense majorité des musulmans le réprouve, etc.) porté principalement par des gens de gauche (ou du moins c'est ce qui est le plus visible), est de moins en moins crédible, que donc ceux qui persistent à le soutenir peuvent s'attendre à être mis en cause.
Re: Blanquer dénonce "l'islamo-gauchisme"
Clémentine Autain sur le combat contre le terrorisme : « J’alerte : la France est en passe de perdre pied »
Tribune
Clémentine Autain Députée de Seine-Saint-Denis
Pour la députée de La France insoumise, le débat public est dominé par les idées d’extrême droite et la France « ressemble chaque jour un peu plus à une société préfasciste ».
La France a une nouvelle fois été touchée en son cœur. Devant l’horreur, l’abjection de l’assassinat d’un enseignant, l’hommage à Samuel Paty et la réaffirmation des principes fondateurs de notre République doivent nous rassembler. Malheureusement, ne respectant même pas ce temps de deuil, certains – Manuel Valls en tête – ont préféré les anathèmes et les insultes à la dignité et à la fraternité. C’est pourtant avec la raison et la réflexion que nous devons mener le débat sur la stratégie la mieux à même de combattre le terrorisme se revendiquant de l’islam, et l’offensive de courants obscurantistes.
La République n’est pas un concept ni une réalité figés. Elle est toujours inachevée. A chaque époque dans l’histoire, les confrontations ont fait rage entre républicains avant que ne soit dégagé un équilibre, toujours provisoire, garantissant la paix civile et un cadre pour la vie en commun. Refuser ce débat légitime, par malhonnêteté, paresse intellectuelle ou manipulation politique, c’est tourner le dos à l’esprit des Lumières que nous revendiquons haut et fort pour combattre les djihadistes et autres fondamentalistes. Nous avons besoin de confronter, honnêtement et sereinement, nos analyses et propositions. Face aux monstres, c’est dans la qualité et la rationalité de nos échanges que se situe notre force.
« La haine, la vindicte, l’empilement de lois liberticides ont pris le pas sur l’argumentation raisonnée et les mesures à même de toucher la cible »
J’alerte : la France est en passe de perdre pied. Au nom de la défense de la liberté et de la démocratie, notre pays s’enfonce dans le piétinement des libertés et de la démocratie. Le débat public est devenu un concours Lépine des idées d’extrême droite. Un jour, on nous propose d’interdire le voile dans tout l’espace public, le lendemain de n’autoriser que les prénoms contenus dans le calendrier, le surlendemain d’en finir avec les rayons halal ou casher dans les supermarchés. La haine, la vindicte, l’empilement de lois liberticides ont pris le pas sur l’argumentation raisonnée et les mesures à même de toucher la cible. Un tel climat ne nous sortira pas de l’immense difficulté dans laquelle nous nous trouvons : il ne peut conduire qu’à la guerre civile.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/10/28/clementine-autain-sur-le-combat-contre-le-terrorisme-j-alerte-la-france-est-en-passe-de-perdre-pied_6057616_3232.html
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Re: Blanquer dénonce "l'islamo-gauchisme"
Spin a écrit:Globalement, il me semble que l'accusation d'"islamo-gauchisme", rabâchée depuis des années dans certains milieux, vise surtout le constat, inévitable, qu'un certain politiquement correct (l'islamisme n'a rien à voir avec l'Islam, l'immense majorité des musulmans le réprouve, etc.
C'est tous de même paradoxale de se faire traiter d'islamo-gauchiste par la droite moisie , la droite identitaire , celle qui appelait les musulmans à les rejoindre lors "des manifs pour tous" contre le mariage homosexuel ...Les salafistes défendent des valeurs de droite conservatrice et détestent tous ce que la gauche porte ...
Et cette droite identitaire qui déteste le prolétaire encore plus quand il est basané et mange du coucous devient pragmatique quand il s'agit de faire des affaires ...On ne les entend plus quand la France vend des rafales à l’Arabie Saoudite .
Idriss- Messages : 7075
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Re: Blanquer dénonce "l'islamo-gauchisme"
Il me semble qu'elle s'accroche là au discours classique, "ce n'est pas l'Islam", etc. C'est ce discours qui passe de moins en moins, et fatalement cela ouvre des boulevards aux contre-discours les plus extrêmes...Idriss a écrit:Clémentine Autain sur le combat contre le terrorisme : « J’alerte : la France est en passe de perdre pied »
Malheureusement, ne respectant même pas ce temps de deuil, certains – Manuel Valls en tête – ont préféré les anathèmes et les insultes à la dignité et à la fraternité. C’est pourtant avec la raison et la réflexion que nous devons mener le débat sur la stratégie la mieux à même de combattre le terrorisme se revendiquant de l’islam, et l’offensive de courants obscurantistes.
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