Re: Pie XII, un pape décrié à tort ?

[DenisLouis]

Il y a deux choses différentes, d'une part l'Eglise catholique a contribué à sauver de nombreux enfants juifs, confiés par leurs parents, il fallait les baptiser, les parents étaient d'accord pour sauver leurs enfants,  parce que c'était la seule condition pour que les Allemands ne les considèrent pas comme des Juifs, même si ce n'était pas certain à 100 %, il fallait faire des faux papiers et des biographies fictives. Bien sur c'était une solution dictée par l'urgence et la nécessité, cela ne signifiait pas que les parents désiraient choisir le catholicisme pour leurs enfants.

"Comment expliquer l’évolution récente de la considération du rôle joué par Pie XII pour les juifs, chez les historiens et dans les mentalités?
Au cours des deux ou trois dernières années, les mentalités ont beaucoup changé sur le sujet. Cette évolution est surtout liée à un groupe d’historiens auquel j’appartiens et qui encourage les publications et les révélations sur l’attitude de Pie XII pendant la Seconde Guerre mondiale. C’est ce que font beaucoup Gary Krupp et sa fondation «Pave the Way» pour mettre en lumière tout ce qu’a fait le pontife."

https://www.cath.ch/newsf/un-reseau-de-sauvetage-des-juifs-dans-les-dioceses-francais/

Après il y a la question du baptême, et du consentement des enfants, il y avait eu déjà des affaires dans l'histoire, de la responsabilité des parents dans le choix de la religion, il y a un problème religieux, le Vatican ne considérait pas la religion juive comme légitime, et un problème plus général, des enfants adoptés et revendiqués par la suite par leurs parents naturels. Après si les parents avaient disparus, le plus probable est qu'ils soient restés dans la sphère catholique (Ca dépend aussi de l'âge et du degré d'imprégnation de la culture, de la religion), sauf des affaires de ce genre ou des familles juives, les institutions juives, réclament la réintégration dans la famille d'origine et où l'Eglise agit avec mauvaise volonté.
L'Eglise peut très bien considérer que le baptême est une marque qui ne peut s'effacer, alors que les Juifs pensaient surtout à une formalité extérieure.
Il n'y a pas unanimité chez les chrétiens  au sujet du baptême,  libre consentement  nécessaire ou non, si nécessaire ne peut pas être administré à des enfants (dans une optique théologique) :
https://fr.wikipedia.org/wiki/P%C3%A9dobaptisme

[Spin]

Après il y a la question du baptême, et du consentement des enfants, il y avait eu déjà des affaires dans l'histoire, de la responsabilité des parents dans le choix de la religion, il y a un problème religieux, le Vatican ne considérait pas la religion juive comme légitime,

Ce n'est pas exact, au moins depuis la Constitution Licet perfidia Judaorum de 1199 (https://bouquinsblog.blog4ever.com/licet-perfidia-judaorum-pape-innocent-iii). Illégitime, comme toutes les autres, elle aurait été éradiquée. Mais elle a été, au moins en principe et souvent réellement, protégée (voir par exemple l'action du Pape Urbain V... bon, ce n'était pas le Vatican mais Avignon, mais il voulait aussi retourner à Rome). C'est ce que Pie XII a continué encore une fois.

L'Eglise peut très bien considérer que le baptême est une marque qui ne peut s'effacer, alors que les Juifs pensaient surtout à une formalité extérieure.

Pour moi cette affaire, et sa conclusion, ont plutôt contribué à montrer que l'Eglise n'avait plus la même emprise qu'avant sur la société, qu'elle ne pouvait plus se comporter comme lors de l'affaire Mortara un siècle avant (https://fr.wikipedia.org/wiki/Affaire_Mortara), qu'elle en a laborieusement pris conscience. C'était aussi une question de rapport de forces.

[DenisLouis]

https://www.ledevoir.com/opinion/chroniques/94420/des-archives-parlent-non-pie-xii-n-a-pas-kidnappe-d-enfants-juifs

"Les dirigeants juifs sont conscients du problème que posent à Pie XII les enfants baptisés. Pour les sauver, en effet, des parents juifs ont consenti au subterfuge. Au cours des années, ces enfants seront élevés dans la foi chrétienne. (On l'ignore à ce moment-là, mais le baptême ne sauvera pas le juif découvert par les autorités d'occupation)."
"De ces archives, il ressort que Rome était disposé à favoriser le retour des enfants juifs à leurs familles, mais pas à les remettre à des institutions juives. Ainsi s'explique le refus du Vatican de répondre aux demandes du grand rabbin de Palestine. À partir de ces documents, Marrus a interrogé les archives d'Israël. Elles contenaient l'histoire des réunions du Congrès juif avec le pape"
"Faut-il comprendre que les enfants baptisés par leur famille d'asile n'allaient pas être retournés à leurs parents juifs? Tel paraît bien avoir été l'accord implicite auquel le Congrès en est venu avec le Vatican. Dans son journal personnel, Leon Kubowitzki, le secrétaire général du Congrès, écrit avoir dit au pape que les juifs ne demandaient pas le retour des enfants baptisés (un passage coupé du journal de Kubowitzki à sa publication)."
"Pour comprendre le cas des enfants juifs baptisés, il faut remonter plus loin dans l'histoire de l'Église et de ses rapports avec les juifs. Ni la guerre, ni l'extermination des juifs d'Europe, ni l'attitude de Pie XII ne l'expliquent. Depuis des siècles, l'Église enseignait que seuls les juifs convertis pouvaient échapper au sort qui leur était réservé, en ce monde et dans l'autre...
Si les juifs vivant en terre chrétienne résistent malgré tout à la conversion, quelques-uns s'y résignent. C'est ainsi que des enfants juifs seront baptisés, parfois contre le gré de leur mère, du seul fait que le père a décidé de se convertir. On en trouve le récit aux archives des anciens États pontificaux. Qui voulait quitter le misérable ghetto de Rome où il était reclus, et jouir des mêmes droits que le chrétien, n'avait pas d'autre choix"
"Dans la pensée catholique de l'époque, il était inconcevable qu'un enfant juif soit, une fois baptisé, élevé ailleurs qu'en milieu chrétien. Ces conversions forcées n'ont pas qu'une valeur de rappel historique. Aujourd'hui, les séparations de couples de religions différentes posent partout le problème de l'appartenance religieuse des enfants. La question prend une forme nouvelle mais non moins déchirante. La liberté de conscience vaut-elle aussi pour les enfants ?"

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