Les chrétiens et l'esclavage
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Blaise
Roque
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Les chrétiens et l'esclavage
Un vaste sujet... A traiter sur le plan historique pour éviter de sombrer dans le déni. Voici un livre pour commencer :
...Je ne connais pas G. Hervieux, je ne sais ce que vaut cet ouvrage paru en 2008, mais son sujet nous concerne directement :
https://dialogueabraham.forum-pro.fr/t45-les-musulmans-et-l-esclavage
...Je ne connais pas G. Hervieux, je ne sais ce que vaut cet ouvrage paru en 2008, mais son sujet nous concerne directement :
Sujet miroir :Pendant des siècles, Chrétiens et Musulmans ont asservi les Noirs et se sont aussi asservi les uns les autres pour des raisons religieuses. Pourtant, l'esclavage était-il conseillé par la Bible et le Coran ? Ou alors, ces textes ont-ils été interprétés de manière à ce qu'ils justifient sa pratique ? A partir de textes bibliques et coraniques, de commentaires de théologiens et de faits historiques, Guillaume Hervieux délivre un éclairage nouveau sur le rôle qu'ont joué ces religions dans la pratique, dans la condamnation et l'abolition de l'esclavage. Ce livre apporte une contribution aux débats très actuels qui touchent aux questions de la "mémoire de l'esclavage". Loin des positions manichéennes, cet ouvrage nous éclaire sur l'utilisation politique de ce thème et le rôle de cette mémoire dans la construction identitaire de « groupes », « communautés » et peuples. Il nous alerte sur les difficultés actuelles de ces religions à penser le vivre ensemble interculturel, une fraternité universelle sans adhésion à une religion particulière
http://societereligion.lyonne-blog.com/index.php?La-bible-le-coran-l-esclavage
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Re: Les chrétiens et l'esclavage
Quelques déclarations de St Paul qui ont une grande importance dans la pensée chrétienne relative à l'esclavage :
Il n'y a plus ni Juif, ni Grec ; il n'y a plus ni esclave, ni homme libre ; il n'y a plus l'homme et la femme ; car tous, vous n'êtes qu'un en Jésus Christ (Ga III, 28)
Il n'y a plus Grec et Juif, circoncis et incirconcis, barbare, Scythe, esclave, homme libre, mais Christ : il est tout et en tous (Col III, 11)
Nous avons tous été baptisés dans un seul Esprit en un seul corps, Juifs ou Grecs, esclaves ou hommes libres, et nous avons tous été abreuvés d'un seul Esprit (1 Cor XII, 13)
Il n'y a plus ni Juif, ni Grec ; il n'y a plus ni esclave, ni homme libre ; il n'y a plus l'homme et la femme ; car tous, vous n'êtes qu'un en Jésus Christ (Ga III, 28)
Il n'y a plus Grec et Juif, circoncis et incirconcis, barbare, Scythe, esclave, homme libre, mais Christ : il est tout et en tous (Col III, 11)
Nous avons tous été baptisés dans un seul Esprit en un seul corps, Juifs ou Grecs, esclaves ou hommes libres, et nous avons tous été abreuvés d'un seul Esprit (1 Cor XII, 13)
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Re: Les chrétiens et l'esclavage
En attendant l'ouverture d'un débat, je vais commencer à répertorier les textes catholiques. J'avais entamé ce travail sur un autre forum, je le reprends ici...
Le pape Jean VIII en 873 :
Le pape Eugène IV en 1435 :
Le pape Nicolas V en 1455 :
Le pape Paul III, en 1537 :
Une remarque importante : il faudrait pouvoir accéder aux originaux latin, pour vérifier les traductions (d'autant plus que ce message contient des traductions de traductions, puisque je n'ai trouvé parfois que des sources anglaises !). Romanus Pontifex, seul texte qui -contredisant les autres- autoriserait l'esclavage, a été ainsi discuté sur un autre forum :
Le pape Jean VIII en 873 :
Citation de Unum est d'après WikipediaIl est une chose pour laquelle nous devons paternellement vous admonester ; si vous ne la corrigez pas, vous encourrez un grand péché (...) Comme nous l'avons appris, à l'instigation des Grecs, beaucoup qui ont été enlevés captifs par les païens sont donc vendus dans vos régions et, après avoir été achetés par vos compatriotes, ils sont gardés sous le joug de l'esclavage : alors qu'il est avéré qu'il est pieux et saint comme il convient pour des chrétiens que lorsqu'ils les ont acheté des Grecs, vos compatriotes les renvoient libres pour l'amour du Christ (...) C'est pourquoi nous vous exhortons et nous vous commandons avec un amour paternel, si vous leur avez acheté des captifs, de les laisser aller libres pour le salut de votre âme
Le pape Eugène IV en 1435 :
source anglaise : http://www.papalencyclicals.net/Eugene04/eugene04sicut.htmIl y a peu, nous avons appris de notre frère Ferdinand (...) représentant des croyants (...) des Iles Canaries (...) les faits suivants : (...) certains chrétiens, nous le disons avec tristesse (...) ont approché ces îles (...) et avec des forces armées ont pris des captifs (...) Ils ont assujetti certains habitants de ces îles à un esclavage perpétuel, les ont vendus à d'autres personnes (...) Ainsi, Nous (...) exhortons (...) chacun et tous (...) à cesser par lui-même les faits sus-mentionnés (...) Et Nous n'ordonnons et commandons pas moins que (...) dans un intervalle de quinze jours à partir de la publication de ce texte (...) qu'ils rendent leur liberté antérieure à toutes et chacune des personnes de l’un ou l’autre sexe qui étaient jusque là résidentes desdites îles Canaries (...) Ces personnes doivent être totalement et à jamais libres et être relâchées sans exaction ni perception d’aucune somme d’argent
Le pape Nicolas V en 1455 :
source anglaise : http://www.arizonanativenet.com/media/ARRO/module1/pdf/TheBullRomanusPontifex1455.pdfNous (...) garantissons (...) a libre et ample faculté au susdit Roi Alfonso d'envahir, chercher, capturer, déporter et soumettre tous les Sarrasins et païens, et autres ennemis du Christ où qu'ils soient, de prendre possession de leurs royaumes, principautés, et de leurs possessions, et de tous leurs biens meubles et immeubles, et de réduire leur personne à l'esclavage perpétuel, et prendre la souveraineté de leurs royaumes, principautés, et de leurs biens afin de bénéficier de l'usage et des produits de ceux-ci
Le pape Paul III, en 1537 :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Sublimis_DeusNous (...) considérons quoi qu'il en soit, que les Indiens sont véritablement des hommes (...) que quoi qu'il puisse avoir été dit ou être dit de contraire, les dits Indiens et tous les autres peuples qui peuvent être plus tard découverts par les Chrétiens, ne peuvent en aucun cas être privés de leur liberté ou de la possession de leurs biens, même s'ils demeurent en dehors de la foi de Jésus-Chris t; et qu'ils peuvent et devraient, librement et légitimement, jouir de la liberté et de la possession de leurs biens, et qu'ils ne devraient en aucun cas être réduits en esclavage ; si cela arrivait malgré tout, cet esclavage serait considéré nul et non avenu
Une remarque importante : il faudrait pouvoir accéder aux originaux latin, pour vérifier les traductions (d'autant plus que ce message contient des traductions de traductions, puisque je n'ai trouvé parfois que des sources anglaises !). Romanus Pontifex, seul texte qui -contredisant les autres- autoriserait l'esclavage, a été ainsi discuté sur un autre forum :
http://www.cite-catholique.org/viewtopic.php?t=1111#p8920N'ayant pu pour l'instant me procurer le texte en latin, je me suis rabbattu sur une traduction en italien, car sur le "Bullarium Romanum" mis en ligne par la BNF, je n'ai pu retrouver dans les trois bulles de Nicolas V, cette fameuse bulle au roi du Portugal. Je vais tenter de me la procurer auprès de la biliothèque vaticane. Mais elle n'a pas semblée fondamentale au compilateur du XVIIème siècle numérisé et mis en ligne. Et je n'ai trouvé aucune traduction intégrale en français de cette fameuse bulle.
Une première objection à la thèse de la déportation en Amérique en vertu de la bulle "Pontifex Romanus", c'est qu'en 1454 (date de la bulle 8 janvier 1454), l'Amérique n'est pas découverte (découverte en octobre 1492, retour de Colomb en Europe, plusieurs mois plus tard). Or, à ma connaissance, il n'y eu aucune déportation en Europe. Elle n'a pu fonder la déportation;
Une deuxième objection c'est qu'il s'agit d'un "bulle" et non d'une lettre encyclique ou d'un document doctrinal. Elle est un document juridique spécial au Portugal, donnant des autorisations et une mission au roi du Portugal (faire précher l'Evangile dans les terres conquises). Elle ne s'adresse évidemment pas à l'ensemble des nations européenne.
Dans l'exposé de motifs elle CONSTATE, tout à fait incidemment d'ailleurs, que les Portugais ont fait prisonnier et parfois acquis des Noirs de Guinée. Que beacoup d'entre eux se sont convertis à la vraie foi. Ce qui ne veut nullement dire qu'il continuaient à rester esclaves, mais bien au contraire qu'ils étaient libérés du joug que faisait peser sur eux les musulmans. On peut du moins le supposer compte tenu de l'habitude islamique de l'esclavagisme des Noirs et de l'interdiction de l'esclavagisme par la papauté.
Enfin donc en janvier 1454, la chrétienté est sous le coup de la prise de Constantinople le 29 mai 1453 (connu en occident quelques semaines plus tard). Si la traduction italienne autorise la "schiavitù" ("esclavage") des Sarrazins, il n'est pas certain que la traduction soit bonne. En effet le pape se considère en guerre contre les musulmans et "la secte de l'infame Mahomet", ("la sette del infame Mahomet") selon la traduction que j'ai pu en lire.
Enfin, nous sommes le 8 janvier 1454, soit environ sept mois après la chute de Constantinople (29 mai 1453), à moins de temps encore de la confirmation de cette nouvelle dramatique pour la chrétienté. A mon avis le mot "servitude" est une mauvaise traduction du latin, pour désigner le statut de prisonniers de guerre Sarrazins musulmans (et nullement Noirs).
Vouloir faire de la papauté et donc des catholiques Européens, à partir de ce texte spécial, les doctrinaires de l'esclavagisme et de la déportation des Noirs en Amérique au XVIème siècle est donc gravement diffamant, alors que la papauté s'est toujours opposée à toute forme d'esclavage et alors que, même dans ce texte, on chercherait vainement de distinction raciste.
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Re: Les chrétiens et l'esclavage
Un débat sur le sujet dans les commentaires d'un billet de blog : http://plunkett.hautetfort.com/archive/2014/05/08/l-esclavage-autrefois%C2%A0-elements-historiques-pour-informer-ce-5365039.html
Je souhaite en particulier attirer votre attention sur cette remarque de notre ami Blaise :
Je souhaite en particulier attirer votre attention sur cette remarque de notre ami Blaise :
L’esclavage, c’est cruel à dire, n’a pas disparu (ou presque) de l’Europe occidentale en raison de la christianisation des élites. Ce qui fut vraiment décisif, c’est l’effondrement des structures impériales et d’un pouvoir centralisateur fort. En fin de compte, l’esclavage n’a continué à prospérer, après le haut moyen âge, qu’en terre d’islam, justement là où la puissance étatique s’était maintenue. Mais d’un point de vue doctrinal, l’islam était sur la même longueur d’onde que la tradition chrétienne : la réduction à l’esclavage d’un musulman par un autre musulman était prohibée.
Après les grandes conquêtes arabo-musulmanes, les abbassides, ont mis en place un modèle politique qui rendait l’esclavage structurellement indispensable : pour conforter leur pouvoir, ils ont procédé au désarmement complet de la population, y compris à celui des conquérants de la veille, – et ils ont remis le pouvoir militaire à des esclaves-soldats à leur dévotion. Autrement dit, à l’exception des marges, les sociétés arabes et ottomanes ont été organisées jusque très tard selon un clivage fondamental : d’un côté une population locale entièrement pacifiée, qui paye ses impôts ; de l’autre, une élite politico-militaire que les Etats allaient chercher dans les confins « barbares », grâce à la guerre et au commerce esclavagiste.
En Europe occidentale, par comparaison, la pratique de l’esclavage n’a commencé à prendre de l’ampleur qu’avec la montée en puissance de pouvoirs centralisateurs, à la fin du moyen âge et à l’époque moderne. La raison d’une telle réémergence est sans doute multifactorielle : pour un Etat, disposer de galères impliquait de recourir à une main d’œuvre servile : prisonniers musulmans ou de droit commun, protestants… L’esclavage était aussi un moyen de résoudre l’effondrement démographique dans les colonies américaines ; enfin, une telle pratique dépendait du modèle économique lui-même, inspiré du système féodal, avec ses plantations employant une main d’œuvre servile.
En passant, Christophe Colomb était Gênois ; et la pratique de l’esclavage n’était pas inconnue des Génois. Son erreur fut d’avoir vendus comme esclaves des populations que la Couronne d’Espagne considérait comme ses sujets.
La question douloureuse de l’esclavage conduit à nous interroger sur les structures de péché présentes dans les différentes sociétés, qu’elles aient ou non un passé chrétien, et à poser un regard critique sur notre propre tradition : Des pères de l’Eglise aussi importants que saint Augustin ont justifié l’esclavage en des termes beaucoup moins « égalitaires » que saint Paul, et il a fallu attendre Grégoire XVI pour que l’Eglise adopte une position abolitionniste.
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Re: Les chrétiens et l'esclavage
Et Jaco!
jaco a écrit:Depuis plus de 60ans on m a appris que le jeunesse allemande, n était pas responsable des crimes commis par leur parents,et j'ai toujours trouve cela normal, de plus je n'entend pas les Allemands se repentir sur les atrocités qu'ils ont commises.
Nous par contre on veut nous rendre responsable de l 'esclavagisme , commis par nos ancêtres, le passe est le passe on va pas passer notre temps a faire des excuses, a toute la planète,
Faut se mettre dans l' idée que si nous avions été les plus faibles c'est nous qui aurions été les esclaves.? et croyez moi nous aurions certainement été plus maltraites qu 'eux.
Idriss- Messages : 7124
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Re: Les chrétiens et l'esclavage
Cher Ren, j’ai été très surpris par le post de Patrice de Plunkett que tu cites. Je pensais en faire état ici, mais tu l'as déjà fait et de façon très précise, comme d'habitude.
Permets-mois quand même de signaler (d'après le lien vers Patrice de Plunkett) que d'autres papes ont pris également position contre l'esclavage : Pie II (1458-1464) et Sixte IV (1471-1484) - avant la découverte de l'Amérique en 1492 - et Urbain VIII (1623 à 1644) après. Le lien explique en outre bien ce qui est arrivé aux jésuites (attaques, lynchage, expulsion) qui ont voulu publier ce même texte au Brésil contre l'avis de l'autorité locale politique ou religieuse sous l'autorité du roi. Enfin, en 1686, l'Inquisition romaine publiera un document normatif de référence condamnant l'esclavage ... en tenant compte de ce que dit Blaise : " il a fallu attendre Grégoire XVI (18ème siècle) pour que l’Eglise adopte une position abolitionniste. "
Mon milieu d’origine « de gauche, antiraciste et anticlérical » m’a rendu profondément honteux du passé de mon Eglise et très enclin à faire repentance. Mais ma honte n’a d’égal que mon ignorance de la véritable histoire de l’Eglise. Je découvre petit à petit – et un peu par hasard - que la « légende noire » élaborée par « les Lumières » pour étouffer l’Eglise catholique n’est pas à 100% exacte (même prise de conscience que pour Pie XII).
Ces informations sont donc un " baume au cœur " pour moi
D’un certain côté, l’effet de cette ignorance et de cette culpabilité noire insufflée par mon milieu (très hostile à ma croyance) ont été " humiliants " et " purifiants ". Le point positif, je crois, est que je suis catholique par la foi, mais pas par fierté « identitaire ».
Permets-mois quand même de signaler (d'après le lien vers Patrice de Plunkett) que d'autres papes ont pris également position contre l'esclavage : Pie II (1458-1464) et Sixte IV (1471-1484) - avant la découverte de l'Amérique en 1492 - et Urbain VIII (1623 à 1644) après. Le lien explique en outre bien ce qui est arrivé aux jésuites (attaques, lynchage, expulsion) qui ont voulu publier ce même texte au Brésil contre l'avis de l'autorité locale politique ou religieuse sous l'autorité du roi. Enfin, en 1686, l'Inquisition romaine publiera un document normatif de référence condamnant l'esclavage ... en tenant compte de ce que dit Blaise : " il a fallu attendre Grégoire XVI (18ème siècle) pour que l’Eglise adopte une position abolitionniste. "
Mon milieu d’origine « de gauche, antiraciste et anticlérical » m’a rendu profondément honteux du passé de mon Eglise et très enclin à faire repentance. Mais ma honte n’a d’égal que mon ignorance de la véritable histoire de l’Eglise. Je découvre petit à petit – et un peu par hasard - que la « légende noire » élaborée par « les Lumières » pour étouffer l’Eglise catholique n’est pas à 100% exacte (même prise de conscience que pour Pie XII).
Ces informations sont donc un " baume au cœur " pour moi
D’un certain côté, l’effet de cette ignorance et de cette culpabilité noire insufflée par mon milieu (très hostile à ma croyance) ont été " humiliants " et " purifiants ". Le point positif, je crois, est que je suis catholique par la foi, mais pas par fierté « identitaire ».
Dernière édition par Roque le Lun 12 Mai - 21:39, édité 1 fois
Roque- Messages : 5064
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Re: Les chrétiens et l'esclavage
Oui, j'ai découvert dans ce lien d'autres éléments que ceux que j'avaient listé, il y a deux ans, dans ce fil de discussionRoque a écrit:Permets-mois quand même de signaler (d'après le lien vers Patrice de Plunkett) que d'autres papes ont pris également position contre l'esclavage
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Re: Les chrétiens et l'esclavage
Et le blog de Patrice de Plunkett en rajoute une couche. Il s'agit de l'interview de Jean-Joseph Boillot Professeur agrégé de sciences sociales, invité par le journaliste Louis Daufresne sur Radio Notre Dame. Boillot brosse un tableau global sur l'esclavage notamment sur la responsabilisé des nations qui ont industrialisé et mondialisé l'esclavage. http://plunkett.hautetfort.com/archive/2014/05/12/ l-occident -et-l-esclavage-aujourd-hui-et-hier -remarquabl-5367925.html
Les idées de Boillot sur cette question [de l'esclavage] :
Les idées de Boillot sur cette question [de l'esclavage] :
Quant au système économique et financier du turbo-capitalisme (l'argent pour l'argent, l'homme jetable), Boillot le démonte avec lucidité :- Il ne faut pas chercher à « dédouaner la responsabilité historique des Européens dans la mondialisation de l'esclavage sur un plan industriel ... »
- On ne peut pas s'en tirer (« comme on l'entend trop souvent ces temps-ci ») en disant : « l'esclavage ce sont les Africains et les Arabes ». Il faut, d'une part, se souvenir que « l'esclavage était le mode de production dominant dans l'histoire de l'humanité... C'est une question universelle qui regarde l'humanité, et non des races ou des régions du monde ». D'autre part, il faut constater que l'Occident – ou plutôt l'Europe – a une « responsabilité majeure » : « c'est la seule zone qui ait osé penser l'internationalisation de l'esclavage. Bordeaux et Nantes ont fait leur fortune autour de ça, même l'empire romain n'avait pas à ce point transformé la planète.... Les Américains allaient chercher des hommes en Chine pour les faire travailler sur leurs chemins de fer, en situation d'esclaves aux côtés des Noirs... L'Occident a un devoir d'explication : l'Europe a inventé aux XVIIIe et XIXe siècles un abominable système d'exploitation de la force de travail... La perception que l'Afrique et l'Asie ont de l'homme blanc reste marquée par la mémoire de cet esclavage. »
« L'Europe a apporté des choses positives mais massacré la planète. L'Occident est responsable de 80 % des gaz à effet de serre accumulés depuis la révolution industrielle liée aux Lumières... Avant les élections européennes, les Européens doivent admettre que ce qu'ils font a un impact sur reste du monde... L'Europe doit proposer au monde une réconciliation de la démocratie politique et d'un système économique respectueux de l'homme et de l'environnement. En ce moment on tourne en rond : c'est l'économie pour l'économie.... Mais la croissance pour quoi ? Notre système va dans le mur, et l'Europe, continent le plus riche du monde, ne semble pas capable de trouver une alternative. »
Roque- Messages : 5064
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Re: Les chrétiens et l'esclavage
Voilà un sujet qui m'interpelle!
Je voudrais revenir sur le comportement de l'Eglise catholique à l'ère des abolitions.
Dans son livre L'abolition de l'esclavage, un combat pour les droits de l'homme (Paris, Ed. Complexe, 1998), Chantal Georgel écrit (p. 58):
Les catholiques pouvaient-ils se satisfaire de cette législation [le Code Noir] ? Il faut le croire, car ils furent lents à s’émouvoir de l’esclavage. Le réveil catholique n’intervint guère en effet avant 1830-1840. Il est alors à mettre au crédit des congrégations missionnaires, telles les religieuses de Saint-Joseph de Cluny ou l’Institut du Sacré-Cœur de Marie, lequel avait lancé l’œuvre des Noirs, à la Réunion et à l’île Maurice. En 1839, le pape Grégoire XVI publia sa lettre apostolique In suprema apostolis fatigio, qui condamnait la traite.
Chantal Georgel cite Grégoire XVI (p. 59) :
Je voudrais revenir sur le comportement de l'Eglise catholique à l'ère des abolitions.
Dans son livre L'abolition de l'esclavage, un combat pour les droits de l'homme (Paris, Ed. Complexe, 1998), Chantal Georgel écrit (p. 58):
Les catholiques pouvaient-ils se satisfaire de cette législation [le Code Noir] ? Il faut le croire, car ils furent lents à s’émouvoir de l’esclavage. Le réveil catholique n’intervint guère en effet avant 1830-1840. Il est alors à mettre au crédit des congrégations missionnaires, telles les religieuses de Saint-Joseph de Cluny ou l’Institut du Sacré-Cœur de Marie, lequel avait lancé l’œuvre des Noirs, à la Réunion et à l’île Maurice. En 1839, le pape Grégoire XVI publia sa lettre apostolique In suprema apostolis fatigio, qui condamnait la traite.
Chantal Georgel cite Grégoire XVI (p. 59) :
In suprema apostolis fatigio a écrit:[...] Ces prescriptions et ces soins de nos prédécesseurs n'ont pas été inutiles, avec l'aide de Dieu, pour défendre les Indiens et les autres ci-dessus désignés, contre la cruauté des conquérants et contre la cupidité des marchands chrétiens. Non cependant que le Saint-Siège ait pu se réjouir pleinement des résultats de ses efforts dans ce but, puisque la traite des Noirs, quoique diminuée, en quelque partie, est cependant encore exercée par plusieurs chrétiens. Aussi, voulant éloigner un si grand opprobre de tous les pays chrétiens, après avoir mûrement examiné avec quelques uns des cardinaux de la Sainte Église romaine, appelés en conseil, marchant sur les traces de nos prédécesseurs, nous avertissons sur l'autorité apostolique, et nous conjurons instamment dans le Seigneur tous les fidèles, de quelque condition que ce soit, qu'aucun d'eux n'ose à l'avenir tourmenter injustement les Indiens, les Nègres, ou autres semblables, ou les dépouiller de leurs biens, ou les réduire en servitude, ou assister ou favoriser ceux qui se permettent ces violences à leur égard, ou exercer ce commerce inhumain par lequel les Nègres, comme si ce n'étaient pas des hommes mais de simples animaux réduits en servitude, de quelque manière que ce soit, sans aucune distinction et contre les droits de la justice et de l'humanité, son achetés, vendus et voués quelquefois aux travaux les plus durs ; et de plus, par l'appât du gain offert par ce même commerce aux premiers qui enlèvent les Nègres, des querelles et des guerres perpétuelles sont excitées dans leurs pays. De l'autorité apostolique, nous repoussons tout cela comme indigne du nom chrétien, et par la même autorité nous défendons sévèrement qu'aucun ecclésiastique ou laïque ose soutenir ce commerce des Nègres, sous quelque prétexte ou couleur que ce soit, ou prêcher ou enseigner en public et en particulier contre les avis que nous donnons dans ces lettres apostoliques.
In suprema apostolis fatigio, 1839
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Re: Les chrétiens et l'esclavage
Patricia Gravatt fournit un bref aperçu de l'attitude de l'Eglise à l'égard de l'esclavage dans les siècles qui ont précédé les combats abolitionnistes de la fin du XVIIIe et du XIXe :
En conclusion, l'auteure insiste sur l'« attitude ambiguë » adoptée par l'Eglise :
Détail intéressant, que j'ignorais :
Patricia Gravatt met aussi en avant la lettre encyclique de Léon XIII, In Plurimis, adressée en 1888 aux évêques du Brésil, qui ne se contente plus de condamner le commerce des esclaves, comme Pie VII et Grégoire XVI - mais l'esclavage comme tel.
La découverte de l’Amérique donne une actualité toute particulière au problème de l’esclavage. Non pas que l’Eglise se soit totalement désintéressée de cette question pendant des siècles mais l’asservissement des Indiens réactualise d’anciens débats où s’affrontent les deux lectures des Ecritures mentionnées plus haut. Les hommes d’Eglise partisans de l’esclavage trouvent dans les Ecritures et particulièrement dans saint Paul les arguments qui justifient leur position et ne réclament pas la libération des Indiens. Ceux qui condamnent l’esclavage s’appuient sur le commandement d’amour donné par Dieu aux hommes et demandent l’abolition de l’asservissement des Indiens. Leurs voix prévalent et l’Eglise déclare l’esclavage des Indiens injuste et contraire à tout droit. Cependant, quelques années plus tard, elle va autoriser et souvent justifier l’esclavage des Noirs. Une telle inconséquence fait s’élever quelques rares critiques religieuses telle celle de Epiphane de Moirans, qui en 1682 écrit un mémoire où il démontre les erreurs d’une Eglise qui accepte et justifie l’esclavage. Ce mémoire et son auteur sont rapidement contraints au silence par l’Eglise car ils contredisent un Etat de fait accepté aussi bien par les politiques que par les religieux. Il faudra, donc, attendre le XIXe siècle pour que l’Eglise réclame l’abolition de l’esclavage car, comme le remarque Richard Lehmann, l’abolition de l’esclavage est « davantage liée à des causes philosophiques, économiques et politiques qu’à l’action des communautés chrétiennes. »
(Patricia GRAVATT, L’Eglise et l’esclavage, Paris, L’Harmattan, 2003, p. 9)
En conclusion, l'auteure insiste sur l'« attitude ambiguë » adoptée par l'Eglise :
Sa seule prise de position claire fut la condamnation de l’esclavage des Indiens. En ce qui concerne les autres esclavages, elle a toujours hésité entre l’acceptation voire la justification et le refus, se référant aux Ecritures. Une lecture de la Bible autorise à penser que les lois édictées par Dieu et Jésus règlent de façon intemporelle la vie terrestre et surnaturelle de l’homme. Une autre lecture laisse croire que le contenu des Ecritures évolue et s’adapte aux mœurs. En matière d’esclavage, il faut décider si la loi divine et naturelle affirmant l’égalité des hommes, et si le commandement de Dieu exigeant que l’on aime son prochain comme soi-même, s’appliquent sans réserve ni délai, dès la vie terrestre.
L’Eglise est restée silencieuse parce qu’incapable de choisir. Jusqu’au XIXe siècle, elle n’a pas trouvé de condamnation explicite de l’esclavage dans les Ecritures et ne s’est pas sentie prête à mettre en question l’ordre social et économique. (Ibid., p. 111)
Détail intéressant, que j'ignorais :
Le cardinal Consalvi, représentant de Pie VII au Congrès de Vienne, contribue à obtenir que toutes les puissances s’engagent à réunir leurs efforts pour obtenir « l’abolition entière et définitive d’un commerce aussi odieux et aussi hautement réprouvé par les lois de la religion et de la nature. » (Ibid p. 107)
Patricia Gravatt met aussi en avant la lettre encyclique de Léon XIII, In Plurimis, adressée en 1888 aux évêques du Brésil, qui ne se contente plus de condamner le commerce des esclaves, comme Pie VII et Grégoire XVI - mais l'esclavage comme tel.
Blaise- Messages : 220
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Re: Les chrétiens et l'esclavage
Un autre livre, qui devrait être intéressant :
Jean MPISI, Les papes et l’esclavage des noirs. Le pardon de Jean-Paul II, Paris, L’Harmattan, 2008
L’auteur passe en revue les différentes positions adoptées par les papes concernant la traite et l’esclavage des Noirs.
Jean MPISI, Les papes et l’esclavage des noirs. Le pardon de Jean-Paul II, Paris, L’Harmattan, 2008
L’auteur passe en revue les différentes positions adoptées par les papes concernant la traite et l’esclavage des Noirs.
Dans le présent ouvrage, nous allons voir que devant la traite négrière, des pontifes romains vont adopter des attitudes différentes. Quelques rares de ces « vicaires du christ » vont la condamner, mais plusieurs autres, suivant la « voix autorisée » des Pères de l’Eglise et des théologiens, vont la cautionner, inconsciemment ou non, en autorisant Portugais et Espagnols à réduire en servitude les captifs africains pour les christianiser.
Globalement, ils croyaient que l’esclavage était bon pour les Noirs, un seul moyen de leur enlever le péché hérité de Cham, le fils indigne de Noé. C’est pourquoi, pendant deux siècles, ils se sont battus pour la suppression de l’esclavage des Amérindiens, et ont ignoré superbement le calvaire qu’endurait l’homme noir.
C’est seulement au XVIIIe siècle qu’ils ont pris conscience que l’esclavage de tout être humain était mauvais, et qu’il fallait éliminer ce fléau ; mais pour les Noirs, ils ne demandaient qu’une abolition progressive, et donc moins brutale, de l’esclavage, pour éviter qu’ils retournent à leur état « naturel », celui du paganisme !
De tous ces papes qui ont critiqué la traite et l’esclavage des Noirs, et/ou ont appelé à leur abolition, aucun n’a songé que les Africains avaient, pour se sentir en paix, besoin qu’on leur présente des excuses, pour le mal qu’on leur a fait, un mal indélébile qui marque tout leur être et qui a des conséquences psychologiques et sociales fâcheuses. Seul Jean-Paul II comprendra cela : il sera et restera l’unique Pontife romain à demander pardon aux Noirs pour le crime de la traite et de l’esclavage dont ont été victimes leurs ancêtres et dont ils souffrent encore.
Mais avant d’arriver au pardon du pape polonais, il faut commencer par évoquer les actions de ses « mémorables » prédécesseurs. (MPISI, 2008, p. 12)
Blaise- Messages : 220
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Re: Les chrétiens et l'esclavage
Je serai curieux d'en savoir plus sur ce point, dont l'étude a déjà été commencée sur ce forum ; pourrais-tu nous en dire plus sur https://dialogueabraham.forum-pro.fr/t523-la-malediction-de-cham-les-noirs-condamnes-a-l-esclavageGlobalement, ils croyaient que l’esclavage était bon pour les Noirs, un seul moyen de leur enlever le péché hérité de Cham, le fils indigne de Noé
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Re: Les chrétiens et l'esclavage
-Ren- a écrit:Globalement, ils croyaient que l’esclavage était bon pour les Noirs, un seul moyen de leur enlever le péché hérité de Cham, le fils indigne de Noé
Je serai curieux d'en savoir plus sur ce point, dont l'étude a déjà été commencée sur ce forum ; pourrais-tu nous en dire plus sur https://dialogueabraham.forum-pro.fr/t523-la-malediction-de-cham-les-noirs-condamnes-a-l-esclavage
Je ne suis pas en mesure, pour le moment, de développer des explications sur le sujet ; j’ai simplement cherché à rassembler de la documentation – mais sans avoir lu forcément dans leur intégralité les ouvrages cités. Je n’ai donc qu’une idée très vague du mythe de Cham et de ses conséquences pratiques. Jean Mpisi, en tout cas, a écrit un livre sur la justification théologique, par les chrétiens, de l’esclavage des Noirs :
Traite et esclavage au nom du christianisme, Paris, L’Harmattan, 2008
Le mythe de Cham y figure en bonne place.
Blaise- Messages : 220
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Re: Les chrétiens et l'esclavage
Peter Garnsey a écrit une synthèse sur les théories de l’esclavage dans l’Antiquité ; les propos tenus par saint Paul, saint Ambroise et saint Augustin y sont notamment abordés.
GARNSEY Peter, Conceptions de l’esclavage d’Aristote à saint Augustin, Paris, Les Belles Lettres, 2004.
Blaise- Messages : 220
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Re: Les chrétiens et l'esclavage
Un intéressant questionnaire tiré de ce livre, et qui nous donnerait matière à discussion :-Ren- a écrit:Un vaste sujet... A traiter sur le plan historique pour éviter de sombrer dans le déni. Voici un livre pour commencer :
... A vos claviers ?Guillaume Hervieux a écrit:On s'interroge peu sur les questions suivantes :
- Quel lien existe-t-il entre les traductions, les versions de l'époque et les discours sur l'esclavage ?
- Quelles théologies, quels enseignements de morale, issus des interprétations de la Bible, ont influencé la pratique de l'esclavage ?
- Comment de telles théologies, de tels enseignements ont-ils été perçus par la société civile ?
- Qui avait à l'époque accès directement aux textes bibliques ? Le fait que peu de personne aient pu accéder aux textes eux-mêmes (et aient dû se contenter de commentaires) a-t-il empêché une lecture favorable à l'abolition de l'esclavage ?
- Les traductions de la Bible dans les langues vernaculaires, leur diffusion par l'imprimerie, ont-elles joué un rôle dans la lutte pour l'abolition ?
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Re: Les chrétiens et l'esclavage
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Ce sont les blancs qui ont aboli l'esclavage
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Idriss- Messages : 7124
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Re: Les chrétiens et l'esclavage
Pas pu voir, "Erreur 404" !
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Re: Les chrétiens et l'esclavage
-Ren- a écrit:Pas pu voir, "Erreur 404" !
Nouveau lien!
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"CE SONT LES BLANCS QUI ONT ABOLI L'ESCLAVAGE". OUI, MAIS...
C'est une de ces phrases de gros bon sens, qui jaillissent d'un plateau de télé, et tournent ensuite longuement sur les réseaux sociaux : "ce sont des Blancs qui ont aboli l'esclavage", lance la journaliste de droite Charlotte d'Ornellas.
"Certes, concède Mathilde Larrère. Comme ce sont des patrons qui ont créé les délégués du personnel, ou des hommes qui ont accordé le droit de vote aux femmes." Faut-il se donner la peine de réfuter une telle évidence ? Mathilde s'y essaie tout de même. Et nous découvrons les complexités de l'épisode : oui, ce sont les Blancs, qui ont aboli l'esclavage. Mais avec bien des résistances. Parfois pour leur intérêt bien compris. Et sans abolir pour autant les rapports de domination.
Idriss- Messages : 7124
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Re: Les chrétiens et l'esclavage
Il me semble qu'il n'a pas été mentionné que John Wesley, fondateur du Méthodisme au dix-huitième siècle, était antiesclavagiste par principe. Harriet Beecher-Stowe, l'auteure de La case de l'Oncle Tom (http://bouquinsblog.blog4ever.com/la-case-de-l-oncle-tom-harriet-beecher-stowe), était pasteur méthodiste (John Wesley a aussi admis les femmes pasteurs). Le Général Lee était aussi méthodiste, et si étrange que ça paraisse il avait condamné l'esclavage comme un "fléau moral et politique" avant la Guerre de Sécession (où il a choisi son camp sous l'influence de sa famille).
Dans Why the West is Best (dont la traduction française cherche éditeur), Ibn Warraq détaille longuement les efforts d'Occidentaux y compris religieux pour arriver à l'abolition. Il affirme, et je ne connais pas de contre-exemple, qu'il n'y a jamais rien eu de comparable dans le monde musulman. Il raconte incidemment que son propre grand-père pourrait bien avoir été impliqué dans le commerce d'esclaves dans les années 1920.
Dans Why the West is Best (dont la traduction française cherche éditeur), Ibn Warraq détaille longuement les efforts d'Occidentaux y compris religieux pour arriver à l'abolition. Il affirme, et je ne connais pas de contre-exemple, qu'il n'y a jamais rien eu de comparable dans le monde musulman. Il raconte incidemment que son propre grand-père pourrait bien avoir été impliqué dans le commerce d'esclaves dans les années 1920.
Re: Les chrétiens et l'esclavage
Il n'y a rien eu de comparable dans l'Histoire à la vague abolitionniste des XVIIIe/XIXe ; ouvrage incontournable sur le sujet : http://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Bibliotheque-des-Histoires/La-revolution-abolitionnisteSpin a écrit:Il affirme, et je ne connais pas de contre-exemple, qu'il n'y a jamais rien eu de comparable dans le monde musulman
...elle est liée à un contexte mondial nouveau (évolution du rapport au religieux et à la raison, affirmation de l'individu acteur), et a été particulièrement favorisée par une Angleterre en lutte idéologique avec les USA depuis leur indépendance, et dont les revenus -du fait de la révolution industrielle notamment- dépendaient moins des formes traditionnelles d'exploitation humaine.
...Avant ce moment-clef, toutes les religions du monde s'accommodaient des esclavages - même si des individus, dans chacune de ces religions, islam y compris, l'ont critiqué (le sujet sur l'islam est ici : https://dialogueabraham.forum-pro.fr/t45-les-musulmans-et-l-esclavage )
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Re: Les chrétiens et l'esclavage
Ce qu'Ibn Warraq soutient, c'est qu'en effet les conditions étaient réunies, mais aussi que ce n'est pas tombé du ciel (normal, il est athée ). C'est le résultat d'un ensemble de concepts, principes, méthodes, qui n'ont été développés qu'en Occident depuis l'antiquité, auxquels le Christianisme a fortement contribué (il insiste par exemple, avec force érudition, sur la contribution des scolastiques médiévaux), même si ça n'a vraiment décollé que quand il s'est affaibli, avec le monde gréco-romain, etc. Mais pour le moment c'est in English...-Ren- a écrit:Il n'y a rien eu de comparable dans l'Histoire à la vague abolitionniste des XVIIIe/XIXe ; ouvrage incontournable sur le sujet : http://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Bibliotheque-des-Histoires/La-revolution-abolitionniste
...elle est liée à un contexte mondial nouveau (évolution du rapport au religieux et à la raison, affirmation de l'individu acteur), et a été particulièrement favorisée par une Angleterre en lutte idéologique avec les USA depuis leur indépendance, et dont les revenus -du fait de la révolution industrielle notamment- dépendaient moins des formes traditionnelles d'exploitation humaine.
...Avant ce moment-clef, toutes les religions du monde s'accommodaient des esclavages - même si des individus, dans chacune de ces religions, islam y compris, l'ont critiqué (le sujet sur l'islam est ici : https://dialogueabraham.forum-pro.fr/t45-les-musulmans-et-l-esclavage )
Re: Les chrétiens et l'esclavage
...dont la Révolution Industrielle - j'ai beau être chrétien, je suis bien obligé de constater que ce point non spirituel a eu un rôle énorme.Spin a écrit:ce n'est pas tombé du ciel (normal, il est athée ). C'est le résultat d'un ensemble de concepts, principes, méthodes, qui n'ont été développés qu'en Occident
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Re: Les chrétiens et l'esclavage
Quand on pense à la puissance temporelle de l'Eglise catholique au XIXè siècle, on se demande pourquoi elle n'a pas pu en faire autant que :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Victor_Sch%C5%93lcher
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Jans- Messages : 3577
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Re: Les chrétiens et l'esclavage
Vous voulez rire, là ? Elle est déjà bien limitée, la "puissance temporelle de l'Eglise" à cette époque.Jans a écrit:la puissance temporelle de l'Eglise catholique au XIXè siècle
Les abolitions au XIXe sont le fruit d'une conjonction complexe de nombreux facteurs, c'est un sujet qui dépasse de telles formulations simplistes.
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Re: Les chrétiens et l'esclavage
Voilà qui ressemble à une exécution en règle, tout y est : le ton péremptoire, la juste révolte devant la bêtise ou l'ignorance, la rectification nuancée d'une vérité complexe... hélas, hélas, pour qui connaît un peu l'histoire et l'Histoire, cette réaction, Ren, marque seulement une position cléricale bête et d'une ignorance crasse de la France de 1815 à 1900. Demandez-vous déjà qui maîtrise l'enseignement dans le pays jusqu'à la 3è République, et voyez aussi à quel point la hiérarchie catholique s'est rangée du côté du pouvoir et des nantis, le bon Ozanam, Lacordaire et Lamennais étant les exceptions. Non, l'esclavage ne fut pas aboli avec le soutien catholique, Schoelcher était seulement quelqu'un qui avait du coeur, de l'énergie et était allé aux colonies, où il avait vu la réalité ; la mini-révolution de 1848, honnie du trône et de l'autel, lui permit cette belle action.-Ren- a écrit:Vous voulez rire, là ? Elle est déjà bien limitée, la "puissance temporelle de l'Eglise" à cette époque.Jans a écrit:la puissance temporelle de l'Eglise catholique au XIXè siècle
Les abolitions au XIXe sont le fruit d'une conjonction complexe de nombreux facteurs, c'est un sujet qui dépasse de telles formulations simplistes.
Jans- Messages : 3577
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