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Histoire de l'exégèse biblique

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Histoire de l'exégèse biblique Empty Histoire de l'exégèse biblique

Message  Jans Dim 5 Aoû - 11:58

Je vous propose ici un condensé de mes nombreuses lectures sur ce sujet. Des 15 paragraphes de l'ensemble, voici les trois premiers :

Histoire de l’exégèse de la bible (1)

Avec la seconde moitié du XVè siècle, la bible change de statut : elle passe de l’oralité transmise par les clercs à celui d’un écrit imprimé, diffusé, et on sait en Allemagne le rôle déterminant joué par Luther, même si des bibles en langues vernaculaire ont existé avant lui. Pour l’Eglise catholique, la seule référence est la Vulgate en latin de St Jérôme, traduite entre 390 et 405, directement depuis le texte hébreu pour l'Ancien Testament et du texte grec pour le Nouveau Testament. En ceci, elle s’oppose à la Vetus Latina (« vieille bible latine »), traduite du grec de la Septante. Le fait de puiser directement aux sources judaïques lui donne aux yeux des chrétiens latins, un « plus ». Force est de constater, cependant, que la différence entre la Vetus Latina et la Vulgata est relativement cosmétique, essentiellement stylistique.

Les commentaires écrits d’exégètes catholiques (par exemple le Verbo Dei) sont en fait jusqu’à cette date des écrits théologiques destinés à entraîner la soumission à l’autorité romaine. Les écrits de Calvin et Luther restent dans ce sillage, revendiquant bien sûr leur liberté et le droit de chacun à lire la Bible, selon l’adage : « sola scriptura ». Des controverses disputent de savoir s’il faut privilégier la Vulgate ou la Septante, de la justesse des temps bibliques. Mais le premier vrai tournant de la réflexion exégétique se produit quand certains théologiens protestants se rendent compte de l’importance du savoir (pris ailleurs que dans la bible) sur le pays (Palestine), les un et coutumes juives, l’époque de Jésus... Ainsi, on parvient aux problèmes soulevés dans le NT = : Jésus a-t-il institué l’eucharistie la veille (dit Jean) ou le jour de la Pâque juive (disent les synoptiques) ? au vu des nouvelles connaissances, il apparaît impensable que le procès de Jésus ait eu lieu un jour solennellement chômé, donc Jean a raison. La bible entière se voit ainsi à la fois éclairée et questionnée par le savoir profane, et ce mouvement va s’accentuer tout au long du siècle des Lumières.

Histoire de l’exégèse de la bible (2)

En réaction, les théologiens gallicans (Fleury, Bossuet, Fénelon) enseignent aussi que la foi ne repose pas sur l’Ecriture, mais sur l’autorité de l’Église, garantie par la succession apostolique. Allant plus loin que les Luthériens, les Sociniens, dissidents protestants, plus radicaux, ne trouvent dans le NT aucun des dogmes chrétiens ; à la fin du XVIIè siècle, le « retour à l’Écriture » revendique la place du philologue dans le commentaire biblique et exprime l’aspiration à situer le texte en son temps. Une « histoire critique du Vieux Testament » apparaît ; ainsi, la construction de la tour de Babel ou l’endurcissement de Pharaon par Dieu peut se comprendre comme des manières de parler propres aux Hébreux.

L’interprétation de l’Apocalypse subit aussi une relecture protestante : leurs commentateurs lurent le texte comme une immense prédiction des châtiments successifs qui, par la main des différents réformateurs, s’abattaient sur l’Église romaine. Cette interprétation connut une énorme fortune en Angleterre au XVIIè siècle et soutint l’espérance de ceux qui luttaient contre le catholicisme latent des Stuarts. L’apologétique catholique réplique en soulignant que, l’Écriture étant pleine d’obscurités, la foi ne peut reposer en dernière analyse que sur l’autorité de la Tradition de l’Église, laquelle est infaillible. D’où le mépris envers la distinction établie par Spinoza entre les passages législatifs du pentateuque qu’il faut attribuer à Moïse et le reste de la collection (Moïse racontant sa propre mort dans le Deutéronome, ch. 34). Mais avec les Lumières, la prééminence de la raison va fortement ébranler l’apologétique catholique, assez naïve du XVIIè siècle.

Histoire de l’exégèse de la bible (3)

Le véritable grand coup de tonnerre vint d’un théologien protestant allemand, David Friedrich Strauss, qui, en 1835, à l’âge de 27 ans, en s’appuyant sur la littérature juive non biblique, publia une « Vie de Jésus » (Leben Jesu), qui à la fois le rendit célèbre et lui enleva toute perspective d’enseignement biblique (il devint professeur de lycée). Car Strauss tend à montrer, le premier, que l’historicité du NT est fortement contestable. Ainsi, il montre la contradiction de la descendance de David par Joseph, pense que le récit lucanien de la virginité de Marie est une légende poétique-mythique — car que Joseph a eu ensuite des enfants avec elle (on lit en Mtt 1,25 : « il ne la connût pas jusqu’à ce que / avant que.. : ἕως οὗ ἔτεκεν τὸν.. ), soutient Strauss (qui bien sûr pense aux frères et soeurs de Jésus, considérés d’abord comme des demi-frères, avant de devenir chez Jérôme, adepte de la virginité perpétuelle, des cousins), qui souligne ensuite que Mtt 21,7 est une impossibilité due à une mauvaise lecture de Zacharie 9,9.. Le théologien Karl Barth critiqua ce livre, tandis qu’il inspira bien des chercheurs après lui, dont le célèbre Albert Schweitzer, qui loua son sens de la précision. « la vie de Jésus » fut traduite en français par Littré.

Pour le philologue et exégète strasbourgeois Euduard Reuss (1804-1891), l’approche de la bible (« Histoire de l’Écriture sainte, le Nouveau Testament », 1842, en allemand) doit être plus nuancée. Pour Reuss, la formation de la Bible doit tenir compte de l’histoire culturelle du judaïsme pour l’ancien Testament et du christianisme primitif pour le Nouveau Testament. Il rejette l’explication « mythique » des miracles évangéliques, qui sont essentiellement des signes pour la foi. Les récits de la résurrection de Jésus sont difficiles à appréhender par notre raison, mais la proclamation de la résurrection constitue le fondement de la transcendance du message biblique. Vis-à-vis du protestantisme francophone, l’influence de Reuss fut importante, en lui révélant la richesse de la recherche biblique allemande. Témoin des controverses sur la Bible et la Réforme auxquelles le Réveil avait donné naissance en France, il estimait que les différents protagonistes connaissaient insuffisamment les sources de l’inspiration chrétienne en négligeant l’étude objective des documents bibliques. Avec Timothée Colani, il crée en 1850 la Revue de théologie et de philosophie chrétienne, plus connue sous la désignation de Revue de Strasbourg, dont le but était d’initier le protestantisme de langue française aux nouvelles méthodes d’étude de la Bible. Toujours avec le souci de ne pas détruire l’autorité de la Bible et de concilier science et foi, il a permis aux protestants orthodoxes ou évangéliques de mieux accepter les résultats de la critique biblique, établissant ainsi un pont entre les deux tendances du protestantisme français de son époque. Le retentissement de son œuvre fut considérable tant en France qu’à l’étranger, en particulier en Grande Bretagne.

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Message  Roque Dim 5 Aoû - 12:54

Jans a écrit:Le véritable grand coup de tonnerre
Peut-être peut on commencer par Hermann Samuel Reimarus (1694-1768) un homme de lettres et philosophe allemand.
Wikipédia a écrit:Il est le gendre et collaborateur de Johann Albert Fabricius. Maîtrisant l'hébreu et d'autres langues orientales, il est connu pour son déisme profond, conforme aux exigences de la pure rationalité. Il rejette les miracles et les mystères à l'exception de la Création, et défend comme vérité naturelle l'existence de Dieu bon et sage, et l'immortalité de l'âme.
Il est - à ma connaissance - le premier qui a initié la (les) " quêtes du Jésus historique ". De multiples auteurs (athée, rationalistes, libéraux, disciples de la Formgeschichte, ...) obscurs ou renommés se sont jetés dans cette quête pendant un siècle et demi - étant entendu que l'exégèse de chacun de ces auteurs s'est pliée, s'est adaptée à la thèse de chaque auteur. Ce gauchissement de l'exégèse est particulièrement sensible lorsque les questions posées sont " indécidables " et/ou que l'incertitude est complète. C'est - à la limite - un grand terrain de jeu pratiquement totalement dérégulé ...

Avec plus ou moins de bonheur chaque auteur a publié, a produit des résultats, des visions nouvelles, bonnes ou mauvaises ... selon le point de vue du lecteur.

Au final, il semble bien que tout cet immense travail de critique et de déconstruction (qui signifie destruction en fait) informe plus sur l'idéologie et les préjugés des chercheurs que sur le Jésus historique. Je pense que tel était - en substance - le point de vue d'Albert Schweitzer au premier quart du 20ème siècle constatant que les résultats de cet immense mouvement n'étaient pas très probants ... Ce " Jésus historique " est même jugé totalement inaccessible par certaines écoles (Formgeschichte).

Le mouvement maintenant à plus de deux siècles de son initiateur sous l'influence des Lumières, me semble marquer le pas et manquer d'inspiration pour se renouveler, pour poursuivre ... Une fois que les experts du Jésus Seminar on reconnu que pour la plupart ils ne croyaient pas authentiques les textes [des Évangiles] qu'il étudiaient, il n'y a plus grand chose à " dire " ... sinon " fermer la boutique " ! Mais la quête (encore actuelle) du " Jésus historique " qui considère Jésus comme un véritable juif - semble la plus prometteuse.

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Message  Jans Dim 5 Aoû - 13:39

Merci pour ces remarques ! Il est bien clair que l'aperçu que je livre ici ne saurait être exhaustif, à moins d'occuper 200 pages, et encore...

Je pense qu'il n'est que partiellement vrai que l'on voit s'affronter partisans et adversaires du christianisme dans ces travaux d'exégèse, car bien des chercheurs et savants sont des croyants en quête de vérité et d'approfondissement, que leur formation et haute culture empêchent d'avoir une lecture "naïve" de la bible ; je ne parle bien sûr pas de la dogmatique, où une approche scientifique est par définition impossible, car le spirituel ne relève pas de la science — ce qui n'a pas empêché des générations d'athées assez obtus de croire pouvoir démontrer que, pour la résurrection par exemple, les apôtres avaient été victimes d'hallucinations, ou que les guérisons de Jésus seraient toutes explicables un jour... Du côté catholique, la frilosité dans la recherche a été la cause de bien des malentendus et de reculs dans la compréhension du Jésus historique et du christianisme primitif.

J'ajoute ici 3 autres paragraphes :

Histoire de l’exégèse de la bible (4)

La « Vie de Jésus » de Renan, qui connut 13 éditions de 1863 à 1864, part sur d’autres bases. Renan prend ses distances vis-à-vis de Strauss, parce qu’il n’estime pas devoir reconnaître la présence de mythes dans les évangiles (il s’appuie sur Reuss). Renan critique cependant l’exégèse du protestantisme libéral, et interprète l’histoire de Jésus à la lumière d’un comparatisme qui ne s’appuie plus sur la philologie, mais sur la psychologie clinique, or celle-ci s’emploie à traiter le phénomène religieux comme une illusion (ce sera aussi la thèse de Freud, qui n’apportera pas non plus de démonstration pertinente). Pour Renan, Jésus apporte une morale ; son style, facile et fleuri, ne reflète pas les grandes connaissances philologiques et culturelles qu’il avait du moyen Orient, on passe avec Renan de l’étonnement à la déception. Pour l’exégèse catholique, point n’est besoin d’entrer dans des analyses fines : Ébranlée dans ses certitudes traditionnelles, elle amalgame toutes recherches exégétiques autres que la catholique en les qualifiant de « rationalistes ». C’est un trait de la culture catholique, depuis le XVIIè siècle, de voir dans le protestantisme un ferment de dissolution intellectuelle et sociale. Sous le Second Empire, et avec en plus la traduction française de l’origine des espèces (Darwin) en 1866, elle va devoir faire front de tous côtés.

Un grand exégète catholique, Fulcran Vigouroux, préside en 1873 à l ‘édition de La Sainte Bible (40 volumes), comportant le texte de la Vulgate avec une traduction française, et de substantielles introductions. L’introduction générale, due à un prêtre normand, Charles Trochon, recadre l’ensemble : « Rien n’est plus opposé au mythe que la Bible, qui offre partout le caractère historique le plus formel et le moins discutable » ; voilà qui a le mérite d’être clair, à défaut d’être subtil. L’épiscopat français applaudit. Un autre manuel, celui de Gilly, futur évêque de Nîmes, trouve sa voie dans les années 1880 avec plus de subtilité : « Le Christ et les apôtres se sont adaptés aux conceptions juives sur la place des païens dans le Royaume de Dieu et sur le caractère temporel de celui-ci » ; il a donc l’intuition de certaines difficultés d’interprétation du NT, qui vont faire irruption un quart de siècle plus tard.

Histoire de l’exégèse de la bible (5)

La Bible, livre humain et/ou divin ? telle est une des grandes interrogations des exégètes catholiques face aux critiques développées par les adeptes des méthodes littéraires et historico-critiques, car le fondement catholique, c’est la doctrine de l’Inspiration : Si Moïse n’est pas le rédacteur du Pentateuque, la Bible est livrée au mensonge, sauf à reconnaître un fait actuel d’évidence, à savoir que les auteurs n’écrivent pas selon les normes d’exactitude modernes. Mais les catholiques sont-ils prêts à cela ? Le théologien Le Hir tente une percée, mêlée de perplexité, fin des années 70 : « On sait ce que c’est que l’inspiration divine, c’est-à-dire que Dieu a dicté l’Écriture Sainte, mais comme on voit aussi dans ces livres les efforts du travail de l’homme, il est difficile de dire précisément jusqu’où les livres saints sont l’oeuvre de Dieu et combien le travail de l’homme y a concouru. » Le théologien Henri Vollot, professeur à la Sorbonne, dit prudemment : « il faut lire la Bible comme un document oriental auquel l’unité rigoureuse fait défaut ».

De son côté, Charles Lenormant, bon catholique, et qui professait à la Sorbonne un cours à forte tendance religieuse sur les origines du peuple hébreu, note que le Christ ayant laissé son oeuvre entre les mains des apôtres, il entra, dès les origines chrétiennes, un élément de discussion dans les affaires de l’Église, ce qui laisse un certain espace à la liberté des écrivains de l’âge apostolique. ». Ces propos tiennent leur intérêt historique de leur précocité, ayant été prononcés de 1836 à 1846. Dans des travaux postérieurs (1883), Lenormant annonce son ralliement à deux conclusions importantes de l’exégèse critique. Il admet l’hypothèse documentaire : « Je ne crois pas possible de maintenir la thèse de ce qu’on appelle l’unité de composition des livres du Pentateuque... je tiens pour démontrée la distinction de deux documents fondamentaux, élohiste et jéhoviste, qui ont servi de sources au rédacteur définitif. » ; Pour la Genèse, celle-ci « est une édition expurgée de la tradition chaldéenne, ou bien l’on verra dans les deux narrations deux formes divergentes du même rameau de la tradition primitive. » Les déclarations de Lenormant furent vivement critiquées. Une brochure de l’abbé Rambouillet, vicaire à Saint-Philippe-du-Roule, signala l’opinion de Lenormant sur l’inspiration comme contraire à la doctrine de l’Église. Si Dieu est l’auteur des livres, il ne peut y avoir d’erreur. Pour Jean-Baptiste Hogan, sulpicien, il n’y a aucune erreur dans les textes de la bible, mais « chaque genre de composition a ses formes propres, ses exigences variables suivant l’époque et le milieu dans lesquels il se produit. » La véracité de Dieu n’est pas engagée, dit-il, si les hommes, par leur faute ou par suite de leur infirmité native se trompent sur le vrai sens de ses paroles.

Histoire de l’exégèse de la bible (6)

L’histoire de l’exégèse devient de plus en plus celle de l’inerrance biblique : Dieu étant l’Inspirateur, le véritable rédacteur, tout est vrai, on n’y peut rien changer, car il n’y a pas d’errement. Cette doctrine deviendra le pivot de la lutte contre le modernisme, qui constitue l’essentiel du livre de François Laplanche « La crise de l’origine » (où, disons-le franchement, la part belle est faite aux exégètes catholiques ; mais étant donné à la fois l’ampleur des problèmes et la stature de leurs contradicteurs, ce livre intéressera des lecteurs d’horizons idéologiques divers).

Entre alors en scène Alfred Loisy (1857-1940), personnage considérable, dont il nous faut esquisser la biographie. En 1874, il entre au Grand Séminaire de Chalons-en-Champagne . Après avoir été ordonné sous-diacre, il est envoyé à l’École de Théologie de l'Institut catholique de Paris. Tombé malade, il revient en Champagne où il est ordonné diacre (mars 1879) puis prêtre (juin 1879). Il est alors brièvement curé de Landricourt avant d'être nommé à Paris. À l'Institut catholique de Paris, où il entra par la suite, il avança si vite dans l'étude de l'hébreu que le recteur, Mgr d'Hulst, lui confia rapidement un cours. Dès 1886 il est chargé de l'enseignement de l’Écriture sainte à l'Institut Catholique de Paris tout récemment ouvert. La publication de sa leçon de clôture de l'année 1891-1892, intitulée La composition et l'interprétation historique des Livres Saints l'expose à l'hostilité de sa hiérarchie ; Mgr d'Hulst, qui l'avait soutenu jusque-là, le suspend d'abord d'enseignement, puis le révoque définitivement en 1893. Il est nommé aumônier, chargé de l'éducation des jeunes filles dans un couvent de dominicaines à Neuilly. Il n'en continue pas moins ses recherches, mais se trouve en porte-à-faux de plus en plus prononcé avec les dogmes de l'Église romaine. Tombé gravement malade en 1899, il quitte son aumônerie et croit devoir l'année suivante renoncer par honnêteté à la petite pension que l'archevêché sert aux prêtres infirmes. C'est alors que des amis le font nommer à l'École pratique des hautes études, ce qui prenait de court sa hiérarchie : « censurer un enseignement donné en Sorbonne paraissait un coup trop hardi, et l'on n'y pensa pas, au moins sous Léon XIII6. »

En 1902, entendant réfuter L'Essence du Christianisme (Das Wesen des Christentums) du théologien protestant Adolf von Harnack, Loisy fait paraître L'Évangile et l'Église. Ce livre, qu'on appellera le petit livre rouge, pour son format et la couleur de la couverture, fait un énorme scandale ; il est condamné dans plusieurs diocèses. En décembre 1903, cinq de ses livres sont mis à l'index. Ayant refusé de souscrire à l'encyclique Pascendi, promulguée en 1907, Loisy fait l'objet d'un décret d'excommunication vitandus par la Congrégation du Saint-Office le 7 mars 1908 — ce qui interdisait à tout catholique de lui adresser la parole. L'année suivante, il est nommé à la chaire d'histoire des religions du Collège de France (où il enseigne jusqu.à son départ à la retraite en 1932).

Comment Loisy aborde-t-il la question de l’inerrance fin 1893 ? Avec subtilité et fidélité envers Rome : La Bible vient, selon lui, tout à la fois de Dieu et de l’homme. Les énoncés bibliques sont vrais pour leur temps ; Dieu parle aux hommes de chaque époque le langage qu’ils peuvent comprendre ; ce langage est donc relativement vrai ; la perpétuité de la doctrine chrétienne est celle d’une doctrine qui vit et qui grandit sans cesser d’être identique à elle-même... La vérité religieuse contenue dans la Bible ne peut être mise au jour que par le travail de l’interprétation.. La vérité des Écritures est coordonnée à l’infaillibilité de l’Église qui l’interprète. Monseigneur D’Hulst exprime des pensées voisines. L’effort de l’apologétique se porte maintenant sur l’affirmation de la continuité sans faille entre Jésus-Christ et l’Église.

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Message  Roque Mar 7 Aoû - 10:36

Jans a écrit:Je pense qu'il n'est que partiellement vrai que l'on voit s'affronter partisans et adversaires du christianisme dans ces travaux d'exégèse,
Je pense différemment de vous sur ce point ... on est en présence d'écoles avec des options parfois très tranchées s'opposant à d'autre écoles souvent au prix d'un " unilatéralisme systématique " qui est à l'esprit critique ce que le lance flamme est au pistolet à bouchon. Beaucoup d'egos surdimensionnés ... et de coups de menton. Il me semble qu'avec le recul du temps beaucoup de prises de positions flamboyantes ressemblent à l'enfoncement de portes largement entre'ouvertes (la course pour trouver la " formule juste " en premier, c'est à dire un challenge rhétorique ... sans grand rapport à la " vérité ") ou même sont " forcées et inutiles " ... Beaucoup de ces textes vieillissent mal ...
Jans a écrit:car bien des chercheurs et savants sont des croyants en quête de vérité et d'approfondissement, que leur formation et haute culture empêchent d'avoir une lecture "naïve" de la bible ;
Permettez moi de n'avoir pas une vision aussi naïve que vous ...

Au point où en est arrivé votre exposé, il me semble possible déjà de souligner que dès le début du 20ème siècle la conception du texte biblique du NT a changé et est devenue progressivement commune notamment aux catholiques et aux protestants. Je veux dire qu'à partir des 17ème et 18ème siècles on a découvert une masse très importantes de manuscrits anciens ou très anciens du Nouveau Testament.

Alors qu'on s'écharpait  avant cette période sur une base de division religieuse (disons jusqu'au 16ème siècle) en disant : " C'est mon manuscrit qui est la source authentique " - " Non c'est moi qui ai la source authentique " ... on a réalisé que devant près de vingt mille  manuscrits en latin et en grec provenant de plusieurs centres géographiques dispersés, il fallait arrêter de jouer aux imbéciles sectaires et qu'il fallait bien se résigner à faire un tri, à choisir parmi les leçons jugées les plus authentiques probables. Ce travail a été fait à la fin du 19ème siècle.

Pratiquement toutes les Bibles depuis la première de ce type : la Segond 1910 sont établies sur le même principe pour le Nouveau Testament : le texte retenu est issu de la critique textuelle (c'est vrai pour toutes les Bibles chrétiennes désormais). Un accord sur le texte grec de référence commun du NT a même été possible entre catholiques et protestants en 1996, si ma mémoire est bonne. Cet appui sur la critique textuelle a un impact certain sur la pratique de l'exégèse actuelle.

Le texte araméen du Nouveau Testament n'a pas été pris en compte dans cet examen des leçons et cet accord final, car il est très méconnu des Eglises développées à partir de Rome et de Constantinople. La reconstitution de la prosodie et des " colliers  " de récitation de ces quatre Évangiles, la redécouverte assez récente de manuscrits indiquant les modalités de récitation alternée et - même - les balancements rythmiques accompagnant cette récitation plaident cependant pour le caractère original de ces textes en araméen (non traduit du grec). Ces textes ont, en grande partie, été conservés par les Eglises dites orientales - araméophones, puis syriaques.

En fait j'attends un peu la suite, car nous sommes en 2018 et le panorama a rudement changé depuis Loisy ! Je suis assez curieux de voir comment cet auteur traite le devenir de la théorie documentaire et de l'approche historico-critique notamment au sein de l'Eglise catholique ...

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Message  Jans Mer 8 Aoû - 17:36

bonjour Roque,

je percois bien votre irritation, il est toujours desagreable de voir ses connaissances bousculees. je ne parle pas de l’etablissement du texte definitif mais de la critique historico-culturelle qui a forcement un volet linguistique. Vous dites bien du mal de gens que vous n’avez pas lus. Or je cite des erudits universitaires chercheurs et linguistes internationaux.
les manuscrits syriaques ou armeniens ont un interet mais ils datent du V,VI siecle. Quand on lit bien le grec, on voit bien que c’est la langue originale des evangiles . ainsi en Jean chap 3, nicomede comprend mal : le terme grec veut dire de nouveau ou d’en haut ; l’ambiguite n’existe pas en hebreu.
je suis en conge et ne reviens que dans 12 jours.
l’approche catholique ? elle obeit a la theologie, d’ou ses limites.
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Message  Roque Mer 8 Aoû - 23:20

Jans a écrit:l’approche catholique ? elle obeit a la theologie, d’ou ses limites.
Attendons donc pour voir comment vous allez démontrer cela.

Bonnes vacances :poucevert:

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Message  Jans Jeu 9 Aoû - 9:07

bonjour Roque,
je suis dans une demarche de dialogue, d’echange d’informations, pas de polemique ni d’affrontement, ce qui n’aurait aucun interet sauf pour les imbeciles et les sectaires en mal de conversion !
Vous ne m’agressez pas ni ne m’irritez si vous pensez differemment de moi. je vous expose le resultat de longues annees de travail, c’est tout.
Il est bien vrai que l’Eglise cathholique a toujours eu un probleme a accepter les recherches exegetiques, Loisy et le Pere Lagrange en ont fait mes frais. Quand c’est delicat, le probleme est minimise, detourne ou tu. De grands linguistes ont demontre depuis longtemps que nazoraios et sa variante plus rare nazarenos ne derivaient pas de Nazareth et que Matthieu fait une citation de l’AT qui n’existe pas et donc l’a probablement inventee : la TOB dira au bas de la page « citation non trouvee » !! La fin de Marc est un pieux ajout tardif : on dira seulement « fin non attestee dans plusieurs manuscrits » ! En clair : on sait depuis un siecle que la communaute primitive l’a ajoutee. Et pourquoi serait ce interddit ? l Esprit saint continue d agir ! idem pour les sacrements : ils n’existent pas formellement dans le judaisme de Jesus mais ont montre leur pleine efficience !
donc l’entetement n’est pas toujours la bonne voie...
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Message  Roque Jeu 9 Aoû - 13:46

Jans a écrit:Il est bien vrai que l’Eglise catholique a toujours eu un problème a accepter les recherches exégétiques, Loisy et le Père Lagrange en ont fait mes frais. Quand c’est délicat, le problème est minimisé, détourné ou tu.
C'était certainement le cas au moment de la crise dite " moderniste ", mais c'était il y a 100 ans et le coup de frein sur les recherches exégétiques a lui aussi montré ses limites. Il a fait son temps et beaucoup de choses sont arrivées depuis lors. Pour ma part, je pense que la déconstruction exégétique de la Bible a jeté ses derniers feux et est à bout de souffle. Le tigre est devenu un chat mouillé. C'est pourquoi j'attends de voir où votre auteur va nous mener su ce sujet de la résistance de l'Eglise aux nouvelles méthodes exégétiques.
Jans a écrit:De grands linguistes ont demontre depuis longtemps que nazoraios et sa variante plus rare nazarenos ne derivaient pas de Nazareth
Le réponse à cette question est plus facile à trouver en passant par l'hébreu.  :arrow: (je cherche le lien qui est sur ce forum, c'est dans un sujet sur Nazareth : les notzrim correspondaient à un clan tribal davidique (descendant du roi David) venu de Babylone et implanté en Galilée sous Jean Hyrcan dans une opération de re-judaïsation de cette région désertée depuis l'effondrement du royaume du nord ...) En attente du lien pas encore trouvé !
Jans a écrit:Matthieu fait une citation de l’AT qui n’existe pas et donc l’a probablement inventée : la TOB dira au bas de la page « citation non trouvée » !!
De quel verset s'agit-il ?
Jans a écrit:La fin de Marc est un pieux ajout tardif : on dira seulement « fin non attestée dans plusieurs manuscrits » !
Cela est évidemment connu et débattu. Je pense que c'est la version avec 16 chapitres qui est canonique. La question est alors de savoir précisément comment et quand le canon a été établi. Au tournant du premier et second siècle, les questions étaient bien différentes ... rien à voir avec les méthodes exégétiques de Loisy et Lagrange, évidemment !

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Message  Jans Jeu 9 Aoû - 14:49

mais pourquoi parler de deconstruction exegetique ? les savants et erudits dont je parle ne m’ont jamais eloigne de l’essentiel, ils ne sont pas en guerre contre l’Eglise ! et moi non plus !
pour Matthieu c’est 2,23 . Marc s’arrete pour l’exegese internationale a 16,9 : »elles eurent peur ».
la recherche actuelle s’oriente aux USA sur le probleme fort delicat des ipsissima verba : les paroles authentiques du Seigneur. Avec une idee farfelue : decider en votant dans un groupe de chercheurs... Cela dit, pas besoin de longues etudes pour comprendre que Jesus n’a pas dit : »ils vous flagelleront dans LEURS synagogues ».
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Message  Roque Jeu 9 Aoû - 22:51

Jans a écrit:mais pourquoi parler de deconstruction exegetique ?
Je dis que cette déconstruction a eu cours et qu'elle a atteint ses limites.
Jans a écrit:la recherche actuelle s’oriente aux USA sur le problème fort délicat des ipsissima verba : les paroles authentiques du Seigneur. Avec une idee farfelue : décider en votant dans un groupe de chercheurs...
Ceci est un bon exemple. L'idée de voter sur un tel sujet est effectivement étrange (en fait provocante pour se faire un coup de pub, je crois aussi)... mais quand 85% (de mémoire) des versets mis au vote sont jugées inauthentiques, la question devient alors : " Pourquoi continuer à travailler sur un matériau pourri ". Le mieux est alors d'abandonner complètement ce terrain de recherche qui n'a plus aucun sens. Et je pense bien que depuis plus de 10 ans ce groupe est en panne. Ce groupe est un des représentants de l'enlisement de la troisième quête du Jésus historique.
Jans a écrit:Cela dit, pas besoin de longues études pour comprendre que Jésus n’a pas dit : »ils vous flagelleront dans LEURS synagogues »

D'abord, l'expression " leurs synagogues " est utilisée 5 fois dans les Évangiles de Mt, Mc et Lc. Il faudrait trouver une explication dans chaque cas.
Ensuite : " Prenez garde aux hommes: ils vous livreront aux tribunaux et vous flagelleront dans leurs synagogues. "  (Mt 10, 17) peut faire allusion aux " petits sanhédrins " tribunaux de 23 notables attachés à certaines synagogues (Mc 13, 9 ; Lc 21, 12-13) ; l'expression " leurs synagogues " désignant les synagogues de ces tribunaux. On voit donc qu'on peut interpréter cette formule " leurs synagogues " de deux façons différentes, comme vous (c'est impossible) et comme moi (c'est possible). Il y a une incertitude ;
Finalement : on peut questionner, mettre en doute, critiquer, c'est tout à fait légitime. Avoir des hypothèses préférentielles, des convictions construites ou non est tout à fait légitime également. Dire qu'on n'a pas d'avis sur ces sujets serait bien souvent mentir.

Mais, tout autre chose est de nier l'incertitude " en s'appuyant sur son a priori " et de décréter : " Jésus n'a pas dit ceci ou cela ". C'est une faute logique à deux volets : c'est une négation partiale et une affirmation arrogante. Cela prouverait - si c'était votre cas - que déjà vous avez trop confiance en votre capacité à discerner la vérité sans preuve claire et aussi que vous aimez plus vos préjugés que les Évangiles. Là, la faute devient une faute morale qui consiste à affirmer " voir " alors que c'est faux. C'est votre droit, mais c'est la voie certaine de sortie de la foi chrétienne.

Cette attitude est courante à titre individuel et de façon ponctuelle. Mais parfois elle est cultivée à grande échelle. Quand cette méthode est appliquée d'un bout à l'autre d'un ouvrage d’exégèse en ne retenant que ce qui sert la thèse soutenant et en occultant/disqualifiant (de façon partiale) tous les arguments incertains ou contraires, c'est ce que j'appelle " l'unilatéralisme systématique ". Quelque soit l'habillage intellectuel ou méthodologique on est proche de l'imposture. D'après moi, ça existe, je l'ai rencontré parmi les " pour " comme parmi les " contre ". C'est le même mal des egos surdimentionnés !
Roque a écrit:En attente du lien pas encore trouvé !
Le lien c'est celui-ci : https://dialogueabraham.forum-pro.fr/t3191p150-nazareth-existait-il-a-l-epoque-de-jc#67702
Dans ce sujet vous trouverez une empoignade - à peine courtoise - de deux mois sur la question de l'existence ou non de Nazareth. Effectivement avant l'arrivée du clan davidique en Galilée, l'emplacement de Natzareth étant vacant depuis l'âge de bronze et n'avait donc pas de nom. Il est certain que ce lieu vacant n'a pas pu donner son nom aux Notzrim venus de Babylone.
Jans a écrit:Matthieu fait une citation de l’AT qui n’existe pas et donc l’a probablement inventee : la TOB dira au bas de la page « citation non trouvee » !!
Ma TOB ne dit pas « citation non trouvée ». Je trouve ceci : " Mt 21, 11 ; Mt 26, 71 ; Jn 1, 45 ; Ac 10, 38. "
Une explication possible de la " prophétie " de Mt 2, 23 se trouve dans le lien donné ci-dessus sur les Notzrim.
:arrow: https://dialogueabraham.forum-pro.fr/t3191p150-nazareth-existait-il-a-l-epoque-de-jc#67702


Dernière édition par Roque le Jeu 23 Aoû - 16:45, édité 1 fois

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Message  Spin Dim 12 Aoû - 8:52

Roque a écrit:En fait j'attends un peu la suite, car nous sommes en 2018 et le panorama a rudement changé depuis Loisy ! Je suis assez curieux de voir comment cet auteur traite le devenir de la théorie documentaire et de l'approche historico-critique notamment au sein de l'Eglise catholique ...
Au sein de l'Eglise Catholique, je sais que la BJ résumait la thèse documentaire (sous une forme aseptisée mais présentée comme largement acquise) il y a déjà quelques décennies.

Sur ses évolutions globales, à un niveau académique (telle qu'elle est enseignée à Harvard et autres universités prestigieuses) un mien résumé d'un livre qui n'a pas plus d'un quart de siècle http://bouquinsblog.blog4ever.com/qui-a-ecrit-la-bible-richard-friedman.
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Message  Jans Lun 13 Aoû - 11:30

je vous remercie pour ces infos. n’etant pas chez moi, je cite de memoire, il faut m’excuser.
je persiste : Jesus n’a pas pu dire ´´dans LEURS synagogues’´, mais cela cadre parfaitement avec la situation du christianisme des annees 80. De meme, il est ahurissant que Jean (le redacteur) puisse laisser penser qu.en 30 chretiens et juifs etaient separes , pourtant il oppose les disciples aux Ioudaioi : les juifs !! terme inconnu des synoptiques !
vous semblez dire que je ne suis pas chretien, du fait de nos divergences, c est une erreur, je ne suis plus catholique stricto sensu, c est different.
Il est evident que les evangiles temoignent a la fois des annees 30 et 80, il y a longtemps qu’on s’en est apercu. Les redacteurs montrent Pilate comme un brave type, ll’inverse de ce qu’il etait : facon de ne pas s’aliener les Romains en 80...
soutenir la litteralite des textes, et l’historicite absolue, c’est impossible, sans parler des citations fantaisistes de Matthieu (il cite aussi. l’AT sur Bethlehem de facon erronee).
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Message  Spin Lun 13 Aoû - 12:40

Jans a écrit: Les redacteurs montrent Pilate comme un brave type, ll’inverse de ce qu’il etait :  facon de ne pas s’aliener les Romains en 80...
Pas si simple. Flavius Josèphe montre Pilate comme impitoyable voire féroce quand son autorité était défiée (il était payé pour ça), mais pouvant aussi se montrer compréhensif face à une demande non-violente (voir l'histoire de la statue qu'il a fini par retirer à la demande de juifs, je vais essayer de retrouver).
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Message  -Ren- Lun 13 Aoû - 12:44

Spin a écrit:(voir l'histoire de la statue qu'il a fini par retirer à la demande de juifs, je vais essayer de retrouver).
C'est ici : http://remacle.org/bloodwolf/historiens/Flajose/guerre2.htm#_ftnref87

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Message  Jans Lun 13 Aoû - 12:57

pas si simple ? Pilate a ete destitue en 36 pour cruaute envers le peuple juif !
Mais en 80, personne ne s’en souvient. Encore une fois : l’exegese linguistique et historico-critique n’est pas une entreprise de demolition, c’est le desir de vraiment comprendre et d’agir en adulte - et cela permet d’eclairer bien des choses.
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Message  Spin Lun 13 Aoû - 14:17

Jans a écrit:pas si simple ? Pilate a ete  destitue en 36 pour cruaute envers le peuple juif !
Non, pas envers le peuple juif, dans la répression d'une révolte des Samaritains. Cette histoire n'est pas claire du tout. Il a été invité par son supérieur Vitellius à aller s'expliquer devant l'Empereur. Pas de chance pour lui, quand il est arrivé à Rome ce n'était plus Tibère mais Caligula, qui n'était peut-être pas aussi fou que sa réputation mais quand même pas net. La suite est aussi très floue (suicide ? si oui pourquoi ?).

Ce qui fait penser à ce passage de l'Evangile apocryphe des Douze Apôtres qui laisse entendre que Tibère a envisagé d'accepter Jésus comme roi, et qu'Hérode, qui n'entendait pas abandonner son trône de tétrarque, a fait capoter l'affaire. Et voir Luc 23:12.
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Message  Jans Lun 13 Aoû - 19:34

il faut beucoup de bonne volonte pour accepter comme authentiques toutes les paroles soi disant dites lors des interrogatoires et proces, d’autant que l’obstacle d’un proces lors d’une fete ou la nuit est une circonstance aggravante. le reniement de Pierre, genant, doit etre authentique. Pour le reste.... on se dit que tout cela a une grande valeur theologique et catechetique, ce qui n’est deja pas si mal, mais on sait bien qu’on en a aucune trace chez Paul ni dans les discours de Pierre au debut des Actes. C qui est evident, c’est le souci de (de)montrer que les predictions de l’AT s.accomplissent..bref, tout cela est quand meme passablement tire par les cheveux.... y compris l’episode de Barrabas, inconnu du rabbinat...
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Message  Spin Lun 13 Aoû - 19:46

Jans a écrit: y compris l’episode de Barrabas, inconnu du rabbinat...
Et absurde tel qu'il est raconté. On ne trouve nulle part ailleurs trace de cette coutume de libérer un prisonnier choisi par la foule (que se passe-t-il si cette foule est divisée ?). Dans les manuscrits les plus anciens, il s'agissait de Jésus Barabbas (Origène le dit quelque part et précise qu'on ne pouvait lui laisser ce nom). Une explication possible est que Barabbas et Jésus étaient le même homme et que quelqu'un dans la chaine de transmission n'a pas compris, ou pas admis que Jésus ait pu être accusé de meurtre (voir l'affaire des changeur du temple).
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Message  Jans Mer 15 Aoû - 21:57

qu il soit dit et redit que la critique textuelle ne touche pas a l essentiel, la foi en Jesus Christ, pour deux raisons : a) rien ne permet de mettre em doute l evenent extraordinaire de la perception de jesus vivant apres sa mort ; b) les developpements theplogiques ulterieurs (sacrememts, vie de l Eglise) sont pleinwments valides : il fallait passer du message du ressuscite au message SUR le ressuscite : le mot “bonne nouvelle” change de contenu.
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Message  Jans Ven 17 Aoû - 12:56

Bonjour, étant de retour, je continue cette histoire de l'exégèse :

Histoire de l’exégèse de la bible (7)

Une des tendances de l’exégèse des religions du XIXè siècle sera la mythologie comparée, dont le principal représentant fut Max Müller (1823 – 1900). D’origine allemande, il vint en Angleterre pour étudier des documents indiens et il devait y vivre le restant de ses jours. Il devint professeur de philologie comparée à Oxford puis professeur de théologie comparée (1868-75). Il analysait les mythologies comme des rationalisations de phénomènes naturels, les débuts primitifs de la science dans une perspective évolutionniste. Müller cherchait notamment à étudier dans les textes de la culture védique les fondements des cultures indo-européennes en général. Il prépara une édition critique des Rig-Vedas qui lui prit près de 25 ans. Mais des objections sérieuses sont faites à cette méthode, notamment par William Whitney, linguiste et orientaliste américain. D’abord, l’extrapolation : valable s’il s’agit d’aires culturelles très rapprochées (Germains et Scandinaves, Indiens et Iraniens), la méthode de la mythologie comparée noie toutes les différences pour les ramener à l’unité. Ensuite, le privilège accordé aux récits mythiques dans l’intelligence des religions lui semble exorbitant. Les rites, dans leur organisation systématique et leur fonction sociale apparaissent de plus en plus importantes pour l’étude des religions.

En 1876 est lancée la Revue historique, dont le premier directeur sera Maurice Vernes (études de théologie aux facultés de Montauban et de Strasbourg et docteur en théologie en 1874. Nommé en 1877 maître de conférence d’histoire de la philosophie à la Sorbonne, il devint professeur à la Faculté de théologie protestante (1879) puis en 1880 directeur d’études). Celui-ci rejette à la fois la mythologie comparée, le traditionalisme catholique et l’évolutionnisme religieux ; il propose d’étudier chaque religion en fonction des conditions socio-culturelles où naissent les textes. Dans le domaine des études bibliques, Vernes va insister sur la relation de la littérature apocalyptique juive à l’écriture du Nouveau Testament, son intérêt principal étant le messianisme juif.
Vernes s’inscrit là dans un courant initié par des Allemands : Lücke (Essai d’une introduction à l’Apocalypse de Jean et à la littérature apocalyptique en général, 1848), et Hilgenfeld (l’apocalyptique juive dans son développement historique, 1857). Ils ont attiré de bonne heure l’attention des érudits sur ce domaine, notamment dans le mivre de Daniel et des livres juifs non canoniques. Ces croyances, assurent-ils, forment le matériau de la première eschatologie chrétienne, avant la pénétration du christianisme par la théologie du judaïsme hellénistique (peu encline à l’apocalyptique).

« Que devait, que pouvait signifier telle parole de Jésus aux yeux de ses contemporains, s’interroge Vernes. Quand il envoie ses disciples annoncer la prochaine venue du royaume de Dieu, que signifiait cette proclamation aux yeux de gens simples ? Une seule chose, très claire tant données les préoccupations du temps : L’ère messianique va incessamment commencer. Quand Jésus dit, lui aussi : Le royaume de Dieu approche, il ne veut pas dire autre chose, et il croit voir à l’horizon prochain la venue du règne divin, la révolution à laquelle il aspire comme ses compatriotes et à laquelle il donne un tour éminemment religieux. » Vernes reproche notamment à Reuss de confondre la proclamation de la bonne nouvelle, dont l’effet intérieur est immédiat, et la venue du royaume de Dieu, qui n’est pas encore réalisée.
L’irruption de l’apocalypse juive dans l’exégèse chrétienne du NT va peser lourd dans l’évolution de cette dernière.

Histoire de l’exégèse de la bible (8)

En ce dernier quart du XIXè siècle, de vifs débats ont lieu dans le protestantisme français sur la nature exacte du royaume de Dieu annoncé par Jésus. On a déjà vu en (7) l’opinion de Vernes. Reuss écrit en 1876, dans sa présentation des évangiles synoptiques, que les propos de Jésus sont très clairs : Ils parlent d’une parousie visible, postérieure à la ruine de Jérusalem, mais la suivant immédiatement. Auguste Sabatier, qui enseigne la dogmatique réformée à Strasbourg puis à Paris, dit de son côté que « Jésus et les siens ont vécu dans la croyance qu’ils touchaient aux derniers temps, que le monde présent allait finir et que la catastrophe préparée par Dieu était imminente ». Exagérations ou justesse d’interprétation ? Pour les catholiques, dont Hogan [voir : (5)], la proximité du retour du Christ constitue sans discussion le clair message du NT. Pour lui, le problème consiste avant tout à sauver l’inerrance biblique ; il pense donc que Jésus annonçant la simultanéité de son retour et de la chute de Jérusalem, est une mauvaise compréhension de la part des apôtres ; d’autres textes suggèrent la lente progression du royaume de Dieu. Cependant, Hogan note aussi que la 2è épître de Pierre (ch 3,9) enseigne avec insistance la proximité certaine du retour du Christ. Il écrit donc, devant cette difficulté, pour sauver l’inerrance biblique : « Avant de prétendre trouver en faute une parole de la Bible, il faut commencer par s’assurer qu’on l’a comprise comme elle a dû l’être par ceux à qui elle était adressée. » L’exégèse chrétienne du XXè siècle héritera donc de grandes tâches : penser le passage de l’imminence du royaume à l’installation de l’Église dans le monde, apprécier la force subversive de l’évangile par rapport à l’ordre temporel, situer le christianisme par rapport au judaïsme.

Au début du XXè siècle, les fronts vont se durcir, et l’on va parler dans le camp catholique de la « science catholique » ; l’expression vient de loin, elle a été lancée par Lamennais dans un article de l’Avenir. Selon lui, la valeur de cette expression tient à ce que le catholicisme, et lui seul, possède l’authentique savoir de l’origine. On est là dans le domaine de la dogmatique. Que doit-on comprendre ? Que l’investigation historique bien conduite n’est pas relativiste, elle confirme la transcendance de la vérité catholique. D’Hulst, premier recteur de l’Institut catholique de Paris, explique aux lecteur du Correspondant : À mesure que l’Antiquité grecque et romaine nous livre plus complètement ses secrets, il devient plus impossible de contester aux auteurs des quatre Évangiles et du livre des Actes le caractère de témoins oculaires ou de narrateurs contemporains. C’est ainsi que, sans recourir à la Révélation, et rien qu’en faisant oeuvre de critique, l’apologiste peut établir la réalité d ela vie du Sauveur, de ses miracles, de sa mort, de s résurrection, de ses prophéties connues avant l’événement et vérifiées par l’événement. » L’Église garantit l’inspiration de l’Ancien Testament, donc la vérité historique de ses récits, parmi lesquels celui de l’origine de l’espèce humaine à partir d’un couple unique, et également celui de l’Exode. D’Hulst en conclut dans ses Conférences de Notre-Dame en 1891 à la nécessité de relier la morale à la religion catholique (l’anti-protestantisme est de rigueur) ; cette vision du monde entraîne la condamnation sans appel de la neutralité scolaire. Mais à cette belle assurance vont s’opposer des prises de position puissantes, à commencer par celle d’Alfred Loisy.

Histoire de l’exégèse de la bible (9)

Les recherches de Loisy sur le NT, qu’il publie à partir de 1893 (la crise de la foi dans le temps présent) le conduisent à dire ceci : « L’Église est obligée actuellement de subir le mouvement scientifique qui se produit en dehors d’elle, mais elle s’efforce de le maintenir là où il est, en dehors d’elle, et de garder jalousement contre tout contact profane sa science à elle, ce qu’on appelle sans rire la science catholique. ». les écrits de Loisy (surtout L’Évangile et l’Église, 1902, et Autour d’un petit livre, 1903) sont mis à l’Index le 16 décembre 1903. L’excommunication de l’exégète suivra en 1908. Loisy inaugure l’histoire de l’école dite progressiste, et condamnée par le catholicisme sous le nom de modernisme. L’intransigeance de Rome remonte à plus haut : Léon XIII appelle en novembre 1885 le soutien de la puissance publique à l’Église catholique en écrivant : « Des preuves nombreuses et éclatantes, à savoir la vérité des prophéties, une multitude de miracles, la rapidité avec laquelle la foi s’est propagée, le témoignage des martyrs et d’autres arguments semblables prouvent à l’évidence que la seule religion véritable est celle dont Jésus-Christ lui-même est l’auteur et qu’il a donné mission à l’Église de garder et de propager. ».

L’Église catholique est sur la défensive, elle constate dans les lycées et universités une présentation des faits religieux par des historiens laïques brillants, souvent rationalistes. Ainsi, une lettre épiscopale du 14 septembre 1909 condamne plusieurs manuels scolaires en usage dans les écoles primaires publiques. Mais la France n’est pas partagée de manière simple entre « cléricaux » et « anticléricaux », il existe aussi une large couche d’esprits qui cherchent à la morale un fondement métaphysique ou religieux, mais ils sont rebelles à tout dogmatisme. Quelques esprits catholiques clairvoyants (dont Émile Boutroux en 1910) se demandent si l’intransigeance de Pie X, qui vient de condamner toute forme de modernisme, pourra se maintenir longtemps.
Le courant laïque est fort. On voit apparaître des chaire d’histoire des religions à l’Université de Paris : Charles Guignebert, agrégé d’histoire et docteur en 1902, esprit rationaliste brillant et d’une grande érudition, devient en 1906 chargé d’enseignement d’histoire du christianisme ancien à la Faculté des Lettres de Paris. Il sera professeur titulaire en 1919. Loisy accède au Collège de France en 1909. Ses « petits livres rouges » avaient osé démontrer avec une rigueur toute allemande et une élégance bien française que loin d'avoir été instituée par Jésus, l'Église chrétienne s'est construite elle-même sur la mémoire du Ressuscité ou que loin d'avoir été annoncés par l'Ancien Testament, les Évangiles n'ont fait que s'y référer pour légitimer leur message novateur. Ces petits livres et autres articles qui ont fait grand bruit dans le monde clérical au tout début du siècle. Après le passage en revue de diverses théories générales des religions, le manuscrit retrace les grandes étapes de la mutation décisive qui va des prophètes d'Israël jusqu'à l'Église chrétienne en passant par Jésus de Nazareth ; il développe enfin diverses propositions en vue de la réforme du régime intellectuel de l'Église en insistant notamment sur l'intégration entre la raison et la foi par une autolimitation réciproque de la théologie et des sciences historiques. S'opposant doublement à l'idéalisme protestant et à l'enfermement scolastique du magistère romain, l'examen critique des théories des religions s'appuie sur la perspective d'un dogme chrétien en perpétuel développement ; vision progressive que Loisy doit principalement au cardinal Newman, théologien anglican passé au catholicisme. « On ne trouvera pas le culte de la Vierge avant que soit réglé celui du Christ et la papauté se dessinera seulement à mesure que l'Église sera consolidée » (p. 78). Dans sa réflexion sur les liens entre religion et révélation, l'auteur s'inscrit en faux contre les thèses conciliaires de Vatican I (1870). L'exégète conteste ainsi que les Évangiles soient l'accomplissement en droite ligne des prophéties israélites ou que les miracles de Jésus puissent justifier à eux seuls la foi chrétienne. De même, la résurrection du Christ renvoie moins à un fait biologiquement inexplicable qu'à une vision de foi décisive.
La riposte de l’Église catholique sera forte.
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Message  Roque Ven 17 Aoû - 22:13

Jans c'est bien, mais toutes ces querelles partisanes - parfois de personnes - représentent-elles bien l'évolution des techniques de l'exégèse biblique - proprement dit. Depuis Reimarus - il y a maintenant plus de 250 ans - il y a eu une transformation d'ensemble de l'approche exégétique chez les chrétiens. Selon moi - beaucoup de chrétiens ont dépassé le " littéralisme ", le " fondamentalisme " (en versant beaucoup dans un relativisme assez flou teinté d'athéisme, il faut le reconnaître) - encore très prévalent chez les musulmans.

Tout semble se limiter de la crise moderniste qui débute il y a 100 ans. Cette histoire de l’exégèse de la bible s'arrête-t-elle avant Vatican II concile déjà vieux de 50 ans ?

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Message  Jans Ven 17 Aoû - 22:27

Ce sujet me tenait à coeur, il y a tant à dire. Je suppose que vous voyez l'ampleur du sujet et la masse de travail derrière la synthèse ? Et en même temps, qui serait exhaustif ? J'ai la modeste prétention d'apporter des éléments importants et utiles pour se faire une idée de l'exégèse depuis 2 siècles. Vous verrez par la suite ce que j'ai encore à dire. Je sais bien que c'est là une entreprise étrangère à l'Eglise catholique, voire subversive : l'Eglise ne dit-elle pas de puis toujours qu'elle est seule à juger de ce qui se doit être compris ? Oui, mais le protestantisme est passé par là et avec lui des cohortes d'hommes subtils, pieux, soucieux de scruter en vérité les saintes écritures — mais sans y appliquer les oukases d'une hiérarchie pesante, car l'Esprit saint pénètre tout croyant. C'est la liberté des enfants de Dieu et, d'une certaine façon, la malédiction du catholicisme, qui est justement plus une orthodoxie (rigueur de la doctrine) qu'une orthopraxie : la vie que l'on mène en foi chrétienne, le protestantisme va vers une orthopraxie, et le judaïsme encore plus. Donc rien d'étonnant à ce que la résistance soit forte face à l'interprétation libre, savante, érudite, rigoureuse du NT. En catholicité, on craint moins les criminels que les errements doctrinaux. L'actualité des 300 prêtres catholiques ayant abusé de mille enfants en Amérique (et couverts par la hiérarchie) le montre amplement. On en reste stupéfait.
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Message  Le publicain Sam 18 Aoû - 16:25

Bonjour à tous et à toutes.

Voici le lien vers la lettre encyclique du Pape Pie XII sur les études bibliques : Divino Afflante Spiritu. Je vous invite à la lire afin de savoir ce que dit vraiment l'Église Catholique de l'exégèse biblique.

http://w2.vatican.va/content/pius-xii/fr/encyclicals/documents/hf_p-xii_enc_30091943_divino-afflante-spiritu.html

Bonne lecture.

Le publicain

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Message  Jans Sam 18 Aoû - 17:53

Il va de soi que Divino afflante spiritu de 1943 a marqué une césure nette : Rome admettait que Moïse n'avait peut-être pas raconté sa propre mort et que Jonas était peut-être un récit symbolique !

Voici la suite de mon histoire :

Histoire de l’exégèse de la bible (10)

Un décret du Saint-Office (Lamentabili sane exitu) du 4 juillet 1907 vise avant tout l’exégèse de Loisy, dresse une liste des propositions condamnées, rappelant deux principes généraux : l’interprétation des Écritures est soumise à l’autorité doctrinale de l’Église ; Dieu étant l’auteur de l’Écriture, celle-ci ne comporte pas d’erreur. L’Évangile selon saint Jean doit être tenu pour historique et pas seulement symbolique, il n’est pas permis de dire que les évangiles n’affirment pas la divinité du Christ, ni que la résurrection du Christ n’est pas proprement un fait d’ordre historique ; ni que Jésus n’a pas voulu fonder une Église, mais seulement annoncer le royaume de Dieu.

Une Commission biblique pontificale, créée par Léon XIII en octobre 1902, s’était vue confier le domaine des études bibliques, en 1904 elle a le soin exclusif de conférer les grades en Écriture sainte. Elle décide qu’il fallait respecter le sens littéral historique des trois premiers chapitres de la Genèse ; cela bien admis, on pouvait entendre « les jours » de la création autrement qu’au sens littéral. Pour l’exégèse du NT, il est interdit de dire que els discours de Jésus sont fictifs. L’évangile grec de Matthieu reproduit fidèlement un original araméen, ce qui en fait le plus ancien de tous.

Le 8 septembre 1907, Pie X fait publier l’encyclique Pascendi, qui explique et condamne les erreurs modernistes, dont le fondement est l’agnosticisme :
« L'agnosticisme nie toute possibilité de connaissance scientifique des phénomènes. D'où Dieu n'est ni objet direct de science, ni un personnage historique. "Qu'advient-il, après cela, de la théologie naturelle, des motifs de crédibilité, de la révélation extérieure...?". Toute vérification temporelle de la foi est niée, et la foi se transforme en fidéisme. L'intellectualisme remplace le réalisme chrétien. Cette proposition moderniste s'élève directement contre ce qu'a toujours enseigné l'Eglise, comme en témoigne cette citation du de revelatione, au canon premier: "si quelqu'un dit que la lumière naturelle de l'humaine raison est incapable de faire connaître avec certitude, par le moyen des choses créées le seul et vrai Dieu, notre Créateur et Maître, qu'il soit anathème". Somme toute, l'agnosticisme peut être réduit à ce simple mot : ignorance. »

Pour anéantir la cause intellectuelle du modernisme qu'est l'ignorance de la vraie et sainte doctrine, le pape ordonne l'étude dans les séminaires de la philosophie thomiste. "Nous voulons et ordonnons que la philosophie scolastique soit mise à la base des sciences sacrées. Et "sur cette base philosophique, que l'on élève solidement l'édifice théologique). Solide éducation amène de solides idées... (N'oublions pas que saint Pie X est fils de paysan). L'enseignement ayant été réformé, il ne s'agit pas que des professeur viennent jeter le trouble dans l'esprit de leurs élèves... « Ainsi, tous les professeurs modernistes doivent quitter leurs chaires d'enseignement, pour laisser la place à des personnes "sûres" De même, le sacerdoce ne doit pas être donné à quelqu'un suspect d'idées modernistes, dans la mesure où il risquerait de corrompre ses confrères. Tout ceci n'est que mesure de prudence, la même qui serait prise à l'égard d'une maladie contagieuse... Faites tout au monde pour bannir de votre diocèse tout livre pernicieux. En effet, ce n'est pas tout de préserver les fidèles du contact verbal avec les modernistes, mais il faut encore leur supprimer tout moyen d'action par voie de presse. C'est là encore mesure de prudence. »
Un dominicain, le Père Lagrange, fera bientôt les frais de ces mesures ; dans un commentaire de saint Marc, dirigé contre Loisy, Lagrange a le malheur de soutenir que Marc pourrait être antérieur à Matthieu et de récuser l’authenticité de la finale de l’Évangile (ce qui est admis par tous aujourd’hui), donc d’entretenir une notion insuffisante de l’inerrance biblique. Son livre est interdit. Lagrange envoie des lettres de soumission, ses livres échappent à l’Index.
Histoire de l’exégèse de la bible (11)

En 1909, un ouvrage nouveau va frapper l’opinion publique : l’Orpheus de Salomon Reinach (650 pages, dix éditions épuisées en un an, traductions en 5 langues). Né en 1858, Salomon Reinach est un membre brillant de l’intelligentsia française au tournant des deux siècles, reçu premier à l’École normale supérieure et à l’agrégation de grammaire ; il se consacre à la philologie classique et à l’archéologie, et publie très vite de nombreux articles sur les religions, qui formeront bientôt 5 volumes. Son projet est de constituer une généalogie de la religion, donc en expliquer l’origine, et s’appuie sur la méthode comparative. Reinach met à l’origine de la religion le totémisme et la magie. Les chapitres sur les religions autres que le judaïsme et le christianisme ne soulevèrent pas d’objection.

Il considère que le christianisme s’élabora dans le monde juif par le mélange des doctrines mosaïques, grecques et persanes. Reinach remarque la proximité de doctrine entre Jésus et le grand docteur pharisien Hillel ; dès lors l’hostilité prêtée à Jésus envers les pharisiens ne peut guère s’expliquer que comme un projection dans les Évangiles de polémiques très postérieures. Selon lui, les synoptiques dérivent de deux sources : un Marc primitif et un recueil de discours (logia en grec) appelé « Q », initiale de Quelle, la source en allemand (hypothèse toujours utilisée). Marc actuel utiliserait le Marc primitif mais aussi Matthieu et Luc. Reinach fait état d’un certain scepticisme quant aux repères solides pour l’historien, face aux contradictions des récits (ceux de l’enfance, du tombeau, de la résurrection), au manque d’attestations convergentes (Pierre chef de l’Église ne se trouve que chez Matthieu), et à l’absence de sacrements institués par Jésus-Christ ; s’y ajoutent les données de l’histoire juive ou romaine qui contredisent le récit (faux portrait de Pilate, date du recensement, date du procès de Jésus, inadmissible pour des coutumes juives).
Conclusion de Salomon Reinach : « En somme, nos Évangiles nous apprennent ce que différentes communautés chrétiennes croyaient savoir de Jésus entre 70 et 100 après l’ère chrétienne ; ils reflètent un travail légendaire et explicatif qui, pendant quarante ans au moins, s’est fait au sein des communautés. »

La publication de l’Orpheus provoqua une intense mobilisation de la science catholique à tous les échelons. La méthode comparative présentait il est vrai des faiblesses, et entraîner judaïsme et christianisme dans le sillage du totémisme et de la magie était certainement excessif. Cela dit, Batiffol, sulpicien et exégète, admet la théorie des deux sources ; il distingue entre les enseignements de Jésus, solides grâce à la mémoire des communautés juives et les récits, dont la présentation à des fins de catéchèse est évidente — sans que cela autorise à nier leur historicité, même si on peut concéder que tel détail a pu être ajouté en écho à l’Ancien Testament.

La science catholique dut quand même faire quelques concessions ; on reconnut la nécessité de mettre à part l’Évangile de Jean, dont la densité symbolique et la profondeur mystique rendent difficile la distinction entre les faits et leur interprétation par le rédacteur. La position de Harnack, grand théologien protestant, est admise en gros : Certes, la christologie va connaître de profonds développements dans l’histoire du christianisme primitif, mais ce constat ne doit pas troubler la foi. Les exégètes catholiques entendent ne pas choisir entre la conception du royaume chère au protestantisme libéral (le royaume intérieur, déjà offert à ceux qui ont une âme d’enfant de DIeu) et celle de l’école opposée, l’école eschatologique (le royaume social et visible, encore à venir, qui paraîtra avec éclat et soudaineté).

Histoire de l’exégèse de la bible (12)

Jusqu’à la fin de sa vie, Loisy restera opposé aux thèses de « l’école mythique », pour laquelle l’histoire de Jésus constitue une stimulante invention ; il concède aux mythologues la transformation de l’histoire de Jésus en mythe de salut par la passion divine, mais refuse absolument aux mythologues le droit de nier l’existence historique de Jésus. L ‘argument de Loisy se fonde d’abord sur la critique littéraire des synoptiques ; Loisy choisit de modifier la théorie des deux sources de Reinach en donnant ses affirmations comme des probabilités : Matthieu et Luc ont utilisé Marc dans sa forme actuelle, mais non un proto-Marc. Quand ils rapportent des discours absents dans Marc, ils ont dû utiliser un recueil de discours ; Marc semble avoir utilisé de son côté un récit abrégé de l’histoire de Jésus. Pour Loisy, il existe dans les synoptiques deux traditions distinctes : la première est celle que reflètent les sources, elle représente la foi des témoins ayant connu Jésus ; la seconde reflète la foi des communautés chrétiennes à la fin du premier siècle. Or le portrait de Jésus recueilli par cette première tradition est si différent de la christologie portée par la seconde tradition qu’il doit correspondre, en gros, à des souvenirs historiques. Il y a donc lieu de lire la tradition synoptique deux niveaux. Par exemple, le baptême de Jésus par Jean est un fait historique difficilement contestable, mais Marc l’a modifié en décrivant le baptême comme une consécration messianique. Pour Loisy, Jésus annonce à la suite de Jean (emprisonné) le règne de Dieu, et il ne doute pas de l’imminence d’un tel royaume. Loisy considère que le procès imaginé par les évangélistes, au centre duquel est le sanhédrin, comme totalement invraisemblable, il pense qu’il y a eu simplement dénonciation auprès de Pilate. Dans cette perspective, Loisy estime que la parole : « mon royaume n’est pas de ce monde » n’a pas dû être dite par le Jésus historique, car elle est totalement contraire à la conception juive du royaume messianique.
Pour confirmer l’existence historique de Jésus, Loisy recourt à la littérature johannique : là même où apparaît la préexistence éternelle du Christ-Seigneur ou du Logos divin, l’histoire de Jésus reste ineffaçable : le comportement de la famille de Jésus, son crucifiement sont des scandales, qu’un mythe aurait évité.

Un des grands esprits de l’Histoire antique, Guignebert (athée), enseigne en Sorbonne l’Antiquité chrétienne de 1919 à 1921. Lui aussi critique sévèrement les positions des mythologues, et son argumentation est proche de celle de Loisy : il faut souligner l’écart entre les sources des Évangiles, qui décrivent Jésus comme un homme de son temps, et les « modifications rédactionnelles » transformant ces simples récits en manifestations messianiques ou même en théophanies ; cet écart serait invraisemblable dans l’hypothèse de la création purement mythique de l’histoire de Jésus. Guignebert hésitera sur la possibilité d’attribuer à Jésus lui-même des affirmations messianiques sur sa personne. Pourquoi la prédication de Jésus sur l’imminence du royaume n’aurait-elle pas suffi à alarmer Pilate, sans déclaration messianique formelle ? Guignebert souligne par ailleurs les phénomènes d’osmose que le judaïsme de la diaspora a connus avec la pensée hellénique, il remarque comment Philon d’Alexandrie s’éloigne déjà de la pensée juive en taisant le messianisme et en introduisant le dualisme âme/corps dans l’anthropologie religieuse. En 1921, Guignebert va présenter l’hellénisation du christianisme par l’Église d’Antioche et par Paul comme un produit direct des syncrétismes judéo-païens, mais aura l’honnêteté de reconnaître que cette reconstruction est hypothétique.

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Message  Roque Dim 19 Aoû - 9:25

Nous sommes donc au mieux en 1920 - pas vraiment sortis de la crise moderniste. L'exposé pourrait être plus intéressant si vous parveniez  jusqu'à Benoit XVI par exemple (pas encore mort et qui a formulé une opinion sur l'approche historico-critique). De quand date donc ce livre dont vous faites le résumé et quels en sont les auteurs ? Mais j'y pense ... s'agit-il d'une compilation de vos notes de lecture puisque vous commencez en disant qu'il s"agit : " d'un condensé de mes nombreuses lectures sur ce sujet. " ?

Jans a écrit:En 1921, Guignebert va présenter l’hellénisation du christianisme par l’Église d’Antioche et par Paul comme un produit direct des syncrétismes judéo-païens, mais aura l’honnêteté de reconnaître que cette reconstruction est hypothétique.
Surprenant, beaucoup d’exégètes accumulateurs et " entasseurs " d'hypothèses superposées plus au moins biaisées ou téméraires n'ont pas cette honnêteté. Est-ce que ce genre d’exégète existe encore ?

Je n'ai pas lu Guignebert, mais à l'occasion d'une joute à peine courtoise avec un mythiste obstiné, j'ai acheté l'un des livres de Guignebert et eu l'occasion d'examiner une citation de Guignebert par ce mythiste concernant justement les Notzrim. Je dois dire que Guignebert sur ce point était allusif, pas vraiment clair et à la limite du tendancieux, alors que ce mythiste croyait dur comme fer à cette pseudo démonstration de Guignebert (et confondant Notzrim avec Nazaréens). C'est ainsi qu'on passe de l'honnêteté (reconnaître une hypothèse comme une supposition, ce que fait Guignebert ici) à l'unilatéralisme systématique qui balaie de façon aveugle toutes les incertitudes et objections - ce que faisait ce mythiste.

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