Un enseignant démissionne du lycée Averroes
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HANNAT
-Ren-
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Un enseignant démissionne du lycée Averroes
[Exceptionnellement, je poste le texte intégral, puisqu'il est au cœur de la controverse]
http://www.liberation.fr/societe/2015/02/05/pourquoi-j-ai-demissionne-du-lycee-averroes_1196424Depuis la publication de mon texte intitulé «Aujourd’hui, le Prophète est aussi Charlie» dans Libération le 15 janvier, il y a eu quelques «rebonds» dans ma vie, et certains d’entre eux, très négatifs, m’ont mené à démissionner du lycée musulman Averroès de Lille, lycée sous contrat avec l’Etat où j’ai tenté d’exercer durant cinq mois éprouvants mon métier de professeur de philosophie.
J’ai reçu de nombreux soutiens et remerciements après la publication de ce texte, certains m’ont même parlé de «courage». Mais pour moi, prendre la plume pour faire entendre ma voix en tant que citoyen français de culture islamique après les horribles attentats contre Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher était surtout de l’ordre du devoir. Or, le jour même de la publication de ce texte, un proche de la direction de mon lycée vint m’interrompre en plein cours pour me dire en catimini dans le couloir attenant à ma classe : «Il est très bien ton texte, je suis d’accord avec toi sur le problème des musulmans qui manquent d’humour et de recul par rapport à leur religion, mais tu dois savoir que tu vas te faire beaucoup d’ennemis ici, et je te conseille de regarder derrière toi quand tu marcheras dans la rue…»
Par la suite, un enseignant décida d’afficher une photocopie de mon texte en salle des professeurs. Bien mal lui en prit ! Ma pauvre tribune libre sera retirée plusieurs fois du tableau d’affichage «Vie de l’établissement» par des collègues musulmans furieux qui crieront au sacrilège ! Puis le 20 janvier, un professeur du lycée, proche des frères Tariq et Hani Ramadan, publia une sorte de «réplique» sur le site «L’Obs Le plus». Dans cette tribune, il incrimina mon manque de raison, et tira à boulets rouges sur Charlie Hebdo en affirmant que ce journal «cultive l’abject» et qu’il «concourt, chaque jour, à la banalisation des actes racistes» (sic). Voilà donc ce que pensait un «représentant» du lycée Averroès d’un journal qui venait d’être attaqué tragiquement par des terroristes au nom d’Al Qaeda ! Pas étonnant alors que certains de mes élèves m’aient affirmé en cours que les caricaturistes de Charlie Hebdo assassinés l’avaient bien cherché, voire mérité… Et évidemment, nombre d’élèves me tiendront exactement le même discours que mon «contradicteur» : «vous n’auriez jamais dû écrire dans la presse que le Prophète est aussi Charlie !», «c’est un blasphème !», «vous léchez les pieds des ennemis de l’islam !», etc. Ce texte sera ensuite affiché à côté du mien en salle des professeurs, par souci du «débat démocratique», a-t-on essayé de me faire croire…
J’ai commencé à enseigner la philosophie au lycée Averroès en septembre 2014. Bien qu’on m’ait prévenu que cet établissement était lié à l’Union des Organisations Islamiques de France (UOIF), réputée proche de l’idéologie de Frères Musulmans, j’ai tout de même voulu tenter cette expérience en espérant pouvoir travailler dans l’esprit du grand philosophe Averroès, et donc contribuer, à ma mesure, au développement sur notre territoire national d’un islam éclairé par la raison, comme le philosophe andalou du XIIe siècle a tenté de le faire lui-même de son vivant. Mais en cinq mois de travail dans ce lycée, mon inquiétude et ma perplexité n’ont fait que s’accroître jusqu’à l’épilogue que fut cette réaction incroyable à un texte dont le tort principal aux yeux de mes détracteurs était sans doute d’être intitulé : «Aujourd’hui, le Prophète est aussi Charlie»…
Pour vous donner une première idée de l’illusion qui fait office d’image positive dans la vitrine publique de ce lycée, je vais vous relater ma première mauvaise surprise : la direction m’a confié des élèves de seconde pour deux heures hebdomadaires d’enseignement d’exploration en «Littérature et Société», alors en tant que professeur de philosophie, j’ai décidé de travailler avec eux sur un projet que j’ai nommé «L’esprit d’Averroès» afin de leur faire découvrir celui qui a donné son nom à leur lycée. Mais quelle n’a pas été ma surprise de constater que sur les rayons du CDI de cet établissement, il n’y avait ni livres du philosophe andalou, ni livres sur lui ! En revanche, j’y ai trouvé des ouvrages des frères Ramadan, très prisés dans ce lycée… J’ai dû alors me rabattre sur des bibliothèques municipales de Lille pour pouvoir commencer mon travail.
Pendant mes cours de philosophie avec mes quatre classes de terminale, les désillusions ont continué. Tout d’abord, le thème récurrent et obsessionnel des Juifs… En plus de vingt années de carrière en milieu scolaire, je n’ai jamais entendu autant de propos antisémites de la bouche d’élèves dans un lycée ! Une élève de terminale Lettres osa me soutenir un jour que «la race juive est une race maudite par Allah ! Beaucoup de savants de l’islam le disent !» Après un moment de totale sidération face à tant de bêtise, j’ai rétorqué à l’adresse de cette élève et de toute sa classe que le Prophète de l’islam lui-même n’était ni raciste, ni antisémite, et que de nombreux textes de la tradition islamique le prouvaient clairement. Dans une classe de terminale ES, un élève au profil de leader, m’a soutenu un jour en arborant un large sourire de connivence avec un certain nombre de ses camarades, que les Juifs dominent tous les médias français et que la cabale contre l’islam en France est orchestrée par ce lobby juif très puissant. Et j’ai eu beau essayer de démonter rationnellement cette théorie du complot sulfureuse, rien n’y a fait, c’était entendu : les Juifs sont les ennemis des musulmans, un point c’est tout ! Cet antisémitisme quasi «culturel» de nombre d’élèves du lycée Averroès s’est même manifesté un jour que je commençais un cours sur le philosophe Spinoza : l’un d’entre eux m’a carrément demandé pourquoi j’avais précisé dans mon introduction que ce philosophe était juif ! En sous-entendant, vous l’aurez compris, que le signifiant «juif» lui-même lui posait problème !
Autre cause de grosses tensions avec mes élèves : ma prétendue non-orthodoxie islamique ! Car évidemment, en tant que professeur de philosophie de culture islamique travaillant dans un lycée musulman, il m’arrivait régulièrement d’établir des passerelles entre mon cours et certains passages du Coran ou de la Sunna (un ensemble d’histoires relatant des propos et des actes du Prophète). Mais j’ai été agressé verbalement par des élèves qui considéraient que je n’avais aucune légitimité pour leur parler de la religion islamique, et de surcroît dans un cours de philosophie ! J’avais beau leur dire que c’était précisément la grande idée du philosophe Averroès que de considérer qu’il ne pouvait y avoir de contradiction entre la vérité philosophique et la vérité coranique, rien n’y faisait.
Et puis il y avait les thèmes et les mots tabous… La théorie darwinienne de l’évolution ? Le Coran ne dit pas cela, donc cette théorie est fausse ! J’avais beau me référer au livre de l’astrophysicien Nidhal Guessoum, Réconcilier l’islam et la science moderne dont le sous-titre est justement l’Esprit d’Averroès ! [Aux Presses de la Renaissance, ndlr], qui affirme avec de très solides arguments scientifiques et théologiques que la théorie de l’évolution est non seulement compatible avec le Coran, mais que plusieurs versets coraniques vont dans son sens, rien n’y faisait non plus.
Le mot «sexe» lui-même pouvait être tabou. Un jour, une élève (voilée) qui s’était proposée pour lire un texte de Freud, refusa de prononcer le mot «sexe» à chacune de ses occurrences dans l’extrait concerné, et c’est la même élève qui refusa lors d’un autre cours de s’asseoir à côté d’un garçon alors qu’il n’y avait pas d’autre place possible pour elle dans la salle où nous nous trouvions ! J’ai dû alors lui rappeler fermement que la mixité dans l’enseignement français était un principe intangible et non négociable. Enfin, combien d’élèves du lycée n’ai-je pas entendu encenser, défendre, soutenir Dieudonné ! Avec toujours cette même rengaine, comme répétée par des perroquets bien dressés : pourquoi permet-on à Charlie Hebdo d’insulter notre Prophète alors qu’on interdit à Dieudonné de faire de l’humour sur les Juifs ?
Je peux vous parler aussi de la salle des professeurs du lycée Averroès, où des collègues musulmans pratiquants font leurs ablutions dans les toilettes communes, donc en lavant leurs pieds dans les lavabos communs, et où la prière peut être pratiquée à côté de la machine à café… Quid des collègues non musulmans (il y en a quelques-uns) qui aimeraient peut-être disposer d’un espace neutre, d’un espace non religieux, le temps de leur pause ?
En réalité, le lycée Averroès est un territoire «musulman» sous contrat avec L’Etat… D’ailleurs, certains collègues musulmans masculins se sont permis de faire des remarques sur des tenues vestimentaires de collègues féminines non musulmanes, sous prétexte qu’elles n’étaient pas conformes à l’éthique du lycée ! Et l’une de ces collègues féminines non musulmane m’a dit un jour également qu’elle ne se sentait pas «légitime» (sic) dans le regard de ses élèves, parce qu’elle n’était pas musulmane précisément…
Je ne pouvais donc plus cautionner ce qui se passe réellement dans les murs de ce lycée, hors caméras des médias et derrière la vitrine officielle, même si je sais pertinemment que les adultes y travaillant et les élèves ne sont pas tous antisémites et sectaires. Mais, j’ai fini par comprendre au bout de cinq mois éprouvants dans cet établissement musulman sous contrat avec l’Etat français (mon véritable employeur en tant que professeur certifié), que les responsables de ce lycée jouent un double jeu avec notre République laïque : d’un côté montrer patte blanche dans les médias pour bénéficier d’une bonne image dans l’opinion publique et ainsi continuer à profiter des gros avantages de son contrat avec l’Etat, et d’un autre côté, diffuser de manière sournoise et pernicieuse une conception de l’islam qui n’est autre que l’islamisme, c’est-à-dire, un mélange malsain et dangereux de religion et de politique.
Enfin, last but not least, il y a ce propos entendu de la bouche même d’un responsable du lycée, lors d’un discours prononcé à l’occasion d’une remise des diplômes à l’américaine aux bacheliers du lycée de la session 2014, en présence de deux «mécènes» du Qatar : «Un jour, il y aura aussi des filles voilées dans les écoles publiques françaises !» Un programme politique ?
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Re: Un enseignant démissionne du lycée Averroes
Sous Spoiler, sa tribune "Aujourd'hui, le Prophète est Charlie" :
- Spoiler:
- Voici une tradition prophétique islamique (hadith) que j’aime raconter à mes élèves de terminale : un jour, un compagnon du prophète Mohamed surprend celui-ci en train de pleurer, et lui demande la raison de ces larmes qui lui fendent le cœur. Le Prophète lui répond alors entre deux sanglots : J’ai vu que dans le futur j’allais devoir témoigner contre ma propre communauté. Et je pose ensuite cette question à mes élèves : «Ce futur sur lequel pleurait le Prophète de l’islam, n’est-ce pas notre propre époque ?»
Je veux témoigner dans Libération (journal pour lequel j’ai travaillé dans les années 80 à Lyon au côté de Philippe Lançon que je salue affectueusement et auquel je souhaite un prompt rétablissement), de mon vécu propre des événements tragiques de ces derniers jours, en tant que citoyen français d’abord, et de culture musulmane ensuite. Oui, c’est bel et bien en tant que citoyen français qu’il me faut réagir aujourd’hui, et non pas en tant que membre d’une communauté religieuse (nécessairement hétérogène d’ailleurs, donc imaginaire, irréelle…), d’un mouvement politique, d’un courant d’idée, etc.
J’ai raconté ce hadith mardi à une classe de terminale dans laquelle les élèves sont majoritairement musulmans, et où il y a des filles voilées et d’autres non voilées. Je leur ai raconté cette histoire en ayant à l’esprit la une du Charlie Hebdo, renaissant de ses cendres, révélée par les médias la veille de sa sortie, mais aussi un dessin de Cabu tellement juste et si peu compris par beaucoup de musulmans, malheureusement, montrant un prophète de l’islam en colère s’exclamant : «C’est dur d’être aimé par des cons !» J’atteste ici en tant que citoyen français de culture musulmane de l’authenticité de ce hadith relayé par Cabu, paix à son âme ! Et je brandis en même temps une pancarte avec écrit dessus en lettres capitales : «Humour !»
Depuis quelque temps, et surtout depuis ces horribles meurtres d’innocents commis par des fous furieux criant «Allah est le plus grand !» ou «Le prophète Mohamed a été vengé !», je me demande si beaucoup de musulmans n’ont pas un énorme problème avec l’humour. Et j’ai repensé à un livre du psychanalyste François Roustang, qui m’avait beaucoup intéressé lors de sa sortie, intitulé Comment faire rire un paranoïaque ? François Roustang y explique que nous avons tous en nous un paranoïaque qui a besoin d’ennemis identifiés pour se rassurer quant à son identité propre, parce que ses ennemis lui servent de «limites» ou de «bornes» (qu’il n’a pas pu se constituer lui-même) lui permettant imaginairement de ne pas se diluer en un chaos angoissant. Et François Roustang ajoute que ce paranoïaque en nous, manque cruellement d’humour. Parce que ne plus prendre au sérieux sa propre paranoïa, ses «ennemis certains», ce serait renoncer à son identité imaginaire aussi consistante qu’un ectoplasme. Pourtant, commencer à rire de sa propre folie est le début de la guérison nous révèle aussi Roustang dans son très bon livre tragiquement d’actualité.
Pourquoi tant de musulmans manquent aussi cruellement d’humour, de recul, de sérénité dès que l’on touche à un tabou, un dogme, un interdit auquel ils sont jalousement attachés ? Prenons l’exemple de l’interdiction de la représentation du Prophète. Un sacré tabou au sein de l’islam ! Mais un tabou indéboulonnable vraiment ? J’ai été très proche un temps d’une confrérie soufie, la Tariqa Alawiya, dont le guide spirituel vivant en France est le cheikh Khaled Bentounès. En 2009, à l’occasion du centenaire de cette confrérie, le cheikh Bentounès a édité un bel album, d’une grande richesse iconographique, dans lequel il a osé publier des miniatures persanes représentant le prophète Mohamed, en considérant sereinement que ces représentations faisaient partie du patrimoine de l’islam, et qu’il n’y avait pas toujours eu, dans l’histoire de cette religion, un consensus des savants musulmans quant à l’interdiction de ce type de représentation. Comme il fallait s’y attendre, une polémique violente a immédiatement éclaté dans la presse algérienne, provoquée par deux institutions islamiques de poids, le Haut Conseil islamique et l’Association des oulémas, celle-là même qui combattit avec acharnement les confréries soufies du temps de la colonisation française en les accusant de superstitions non conformes à la charia et d’accointances coupables avec l’envahisseur. Ces mêmes institutions islamiques ont aussi accusé le cheikh Bentounès d’avoir associé dans son album commémoratif le sceau de l’émir Abdelkader à l’étoile de David, symbole du sionisme selon eux, alors qu’il ne faisait que reprendre le symbolisme profond et commun à l’islam et au judaïsme du sceau de Salomon. Mais l’ignorance de ces prétendus «savants» de l’islam (ouléma veut dire «savant» en arabe) nous aura permis au moins de découvrir avec enchantement dans la même presse algérienne, et cela grâce à la pugnacité du cheikh Bentounès, que nombre d’édifices musulmans en Algérie recèlent dans leur architecture ou leur mobilier ce «symbole du sionisme».
Est-ce à dire, alors, que la connaissance serait sœur de l’humour ? A cette question, je réponds sans hésitation, oui ! Ils sont risibles ces pseudo-savants de l’islam qui connaissent si mal leur religion et son patrimoine universel ! Mais ils sont risibles tant qu’ils ne passent pas au stade de la kalachnikov ou de l’attentat dit «kamikaze» pour répondre à ceux qu’ils perçoivent comme des ennemis de l’islam. Rappelons-nous que le prophète Mohamed lui-même disait que «l’encre du savant est plus précieuse que le sang du martyr».
Alors oui, ce prophète caricaturé, insulté, moqué, mais surtout ignoré, est aussi Charlie aujourd’hui, n’en déplaise à un grand nombre de musulmans qui trouveront peut-être ce propos déplacé ou naïf, voire insultant, surtout de la part de quelqu’un qui se réclame comme eux de la culture islamique. Oui, j’ose le dire, comme le très beau dessin de Luz le suggère avec tendresse et intelligence : le prophète de l’islam, Mohamed, pleure avec nous toutes les victimes innocentes de la barbarie et de l’ignorance, et demande à Allah le pardon pour les nombreuses brebis égarées se réclamant de sa religion alors qu’elles n’ont toujours pas compris l’essentiel de son message.
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Re: Un enseignant démissionne du lycée Averroes
Sous Spoiler également, la "tribune concurrente" qu'il évoque :
- Spoiler:
- Mon cher collègue, professeur de philosophie, a récemment publié sur "Libération" une tribune intitulée "Aujourd’hui, le prophète est aussi Charlie", dans laquelle il exprime avec une émotion échappant parfois à sa plume son indignation à l’encontre de cette "majorité de musulmans" –à l’intérieur de laquelle je m’inscris– qui, à ses yeux, manque d’humour et, plus encore, de connaissance.
J’ai d’abord été surpris car je n’ai repéré à aucun moment la marque, l’empreinte du philosophe. Il a parlé de ses élèves en évoquant un hadith qui n’existe pas dans les termes cités, de cheikh Bentounès, de Roustang, de son contentieux avec certaines institutions islamiques sans compter cette longue parenthèse qu’il consacre à son ancien collègue de "Libération", mais mon très cher collègue n’a pas, à mon grand étonnement, abordé le fond du problème. Quand l’émotion parle, la raison se tait.
Je m’étonne de voir mon collègue qui enseigne Kant et Hegel emprunter un tel raccourci en réduisant la "majorité des musulmans" à des paranoïaques et surtout en qualifiant certaines autorités religieuses de pseudo-savants risibles.
Qui ne le connaît pas dirait qu’il prétend détenir le monopole de la compréhension de l’islam. Qui ne le connaît pas dirait que ce professeur de philo a peut-être vécu l’expérience de l’ascension ; qu’il est parvenu à contempler le monde des idées et à s’imprégner de la Lumière véritable, cette Lumière si douce, si éclatante, si pénétrante qu’il tente de répandre dans l’obscurité de la caverne où de nombreux musulmans grincheux, installés confortablement dans leur ignorance, prennent leurs illusions pour des réalités.
Qui ne le connaît pas dirait qu’il est sans doute un poète incompris, cet Albatros, géant maître des cieux, qui une fois au sol parmi les "brebis égarées" s’attire la foudre d’un public peinant à s’affranchir de sa piteuse condition : "Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule ! / Lui, naguère si beau, qu’il est comique et laid !"
Qui ne le connaît pas dirait, tout simplement, qu’il prend la communauté musulmane de haut. Mais moi je le connais et ne doute point de son humilité. Je le salue au passage.
Cela dit, ce que je regrette, c’est le manque de nuance dans certains discours qui, très vite, trop vite, tendent à culturaliser le problème. Bien entendu, je me suis profondément indigné devant le crime porté contre "Charlie Hebdo". Non pas en tant que musulman ou citoyen français, mais, tout simplement, en tant que membre du corps de l’humanité. L’indignation, néanmoins, est la seule chose que je partage dans certains discours. Et ce, pour plusieurs raisons.
Sans violence, certes, mais avec non moins d’incompréhension que celle qui guidait les trois individus à l’origine des attentats contre "Charlie Hebdo", les discours en question nous prennent intellectuellement en otages, nous les musulmans, en nous réduisant à la folie de ces "fous furieux", parce que nous n’aurions pas d’humour ou, plutôt, parce que nous ne partageons pas leurs humours.
Je regrette parfois le ton dogmatique de certains propos. Je ne crois pas qu’on résoudra le problème en l’essentialisant et, surtout, en stigmatisant systématiquement la communauté musulmane qui, au fond, est la principale victime de ces crimes. Évitons les raccourcis et empruntons, plutôt, les chemins longs de l’analyse, et partant, renouons avec la culture de la complexification.
On ne bâtit pas une société à coups d’humeur volatile ou de slogans, "Charlie ou pas Charlie", dénués de sens. Je refuse cette lecture simpliste et binaire du problème et me défends de me positionner selon le ton et les termes du débat qui nous ont été imposés.
Je crois qu’il faut dans un premier temps s’affranchir du type de discours qu’on veut nous définir. Comme s’il n’y avait qu’une seule façon de condamner et de se positionner. Il ne faut donc pas tomber dans le piège de la simplification. Gardons la nuance car il ne s’agit pas seulement d’être pour ou contre. Et plutôt que de coller trop facilement une étiquette culturelle sur le crime, il serait plus pertinent de risquer une réflexion en amont pour tenter de comprendre les causes qui conduisent certains jeunes citoyens français à trouver leurs repères dans la violence.
Ces jeunes étaient avant tout Français et ont grandi sur le territoire de la République. En déplaçant le débat sur le terrain religieux, certains ne font que servir la soupe aux populistes et aux islamophobes de tout bord. D’autant que notre démocratie est en train de payer le prix de cette liberté d’expression à géométrie variable qui s’applique au gré des intérêts économiques et politiques de nos oligarques.
Je m’étonne, par ailleurs, qu’on n’ait dit mot sur cette recrudescence tangible, au lendemain de l’affaire "Charlie Hebdo", des actes islamophobes et, plus largement, sur cette islamophobie galopante et banalisée dans le discours médiatique, qui se répand dans la société au rythme des images défilant sur nos écrans et qui contribue chaque jour à alimenter les peurs et le rejet de l’autre.
Ces partis populistes qui dénigrent en permanence les musulmans sous couvert d’une laïcité dénaturée et bien loin des idéaux défendus par Aristide Briand et Jean Jaurès, n’ont-ils pas aussi une part de responsabilité dans cet attentat ? Ne sommes-nous pas aussi en train de payer le prix de la politique étrangère de la France qui s’ingère avec toute l’arrogance et la cupidité qui l’animent en Afrique et au Proche-Orient ?
Sans parler de la question du chômage et du problème de l’éducation. Ne faudrait-il pas construire un nouveau Nous et faire cause commune pour relever les défis de notre époque plutôt que de fabriquer un bouc-émissaire sur lequel chacun va fixer ses peurs et ses angoisses ? Émile Zola affirmait avec éloquence : "À force de montrer au peuple un épouvantail, on crée le monstre réel." Ces trois jeunes ne sont-ils pas, au fond, le produit de notre société ?
Réduire donc cette affaire à une question religieuse ou un problème d’humour en tranchant à coup d’aphorismes prophétiques mal compris est simpliste, voire fallacieux. Certains discours, d’ailleurs, devraient s’inspirer de la méthode résolutive-compositive de Thomas Hobbes, laquelle permet de comprendre rationnellement le mode de fonctionnement d’une société, comme une horloge dont les ressorts sont un peu difficiles à discerner si on ne la démonte pas pièce à pièce et si l’on ne considère pas chaque composant de façon isolée.
Aussi, éviteraient-ils de passer par ces obscurs raccourcis où la menace de l’ignorance est sans cesse aux aguets.
Pour terminer, les musulmans n’ont bien entendu aucun problème avec l’humour, ni ne sont paranoïaques ; il s’agit plus d’un mépris de la bassesse. Et le prophète, contrairement aux justifications de mon collègue, n’aurait accordé aucun crédit, ni aucune attention à l’humour de "Charlie Hebdo" qui concourt, chaque jour, à la banalisation des actes racistes.
Il cueillait la beauté là où elle reflétait le Juste. "Charlie" cultive l’abject ; le prophète, lui, célébrait le beau. Il aurait sans doute honoré la beauté qui émane de la musique de Schubert, de la peinture hollandaise ou de la poésie baudelairienne. Mais à "Charlie", il aurait tourné le dos. Car la liberté n’a de sens que dans un cadre. C’est un sujet classique en philo, pourtant.
Si l’humour de "Charlie Hebdo" ne me fait pas rire, il ne faut pas m’en tenir rigueur, car je ne souris qu’à la beauté… et chaque sourire qui se dessine sur mon visage n’aspire qu’à être le reflet du beau.
Je ne partage pas les idées de mon cher collègue mais, qu’il s’en assure, je me battrais pour qu’il puisse les exprimer. En salle des profs, notamment !
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Re: Un enseignant démissionne du lycée Averroes
Réactions dans son ancien établissement :
http://www.lavoixdunord.fr/region/tribune-contre-averroes-ce-sont-600-eleves-ia19b0n2646851À l’intercours, les grappes d’élèves se forment. « Il va passer à la télé ? » « Qu’est-ce qu’il dit dans le journal ? On n’a pas vu, nous... » Il, c’est Soufiane Zitouni, professeur de philo embauché au lycée musulman Averroès en septembre. Le journal, c’est Libération, où ce professeur signait hier une tribune intitulée « Pourquoi j’ai démissionné du lycée ». « Cet article, là, il frise le débile ! », lance Ayoub. Cet élève de Terminale S l’a lue, la tribune de son prof. « M. Zitouni déforme tout. Il dit que les élèves sont antisémites ? On a reçu avec lui un rabbin pour dialoguer ! C’est lâche de sa part d’écrire tout ça et de se mettre en arrêt ensuite. » (...)
Malaise. Pour ce professeur qui ne veut plus travailler là. Et pour l’équipe pédagogique du lycée. Le rectorat annonce une prochaine mission d’inspection. « Il n’a pas su se contenter d’enseigner la philo, il aurait dû », dénonce El Hassane Oufker, directeur. C’est sur cela que repose la plainte pour diffamation du lycée. « Il n’attaque pas qu’un lycée, il attaque 75 enseignants, 600 élèves. »
Hier matin, les professeurs « sont en larmes », souffle le directeur. Les cours sont suspendus. « Tout le monde est affecté, explique Éric Dufour, directeur adjoint. On ne se doutait pas qu’il pensait ça. Il ne s’est jamais ouvert sur ça. » « Il a été chargé de choses qu’il condamne aujourd’hui », dit-on. Outre la philo, il travaillait sur le dialogue interreligieux. « Après la visite du rabbin, il prenait contact avec les catholiques et les protestants. » Pourquoi les choses se sont-elles gâtées ? Lorsqu’une première tribune dans Libé (« Le Prophète est aussi Charlie ») est parue sous la plume du même Zitouni et qu’un professeur d’éthique musulmane a répondu par une autre tribune, « il s’est fermé au débat, l’a mal pris. Les deux avaient pourtant le droit de s’exprimer », explique le directeur.
Les yeux de cette enseignante, aussi rouges que ses joues, trahissent une grande émotion. L’accusation d’antisémitisme la « peine ». « Il y a des dérapages ici ou là, comme dans n’importe quel lycée, mais notre rôle de professeur, c’est de les aider à réfléchir. » « Après Charlie, en classe, j’ai dit que ce n’était pas des fous qui avaient fait ça, témoigne Sarah. Lui s’est mis en colère et a quitté la classe sans me laisser le temps de reformuler. Je voulais dire que ce n’est pas la folie seule qui guide ces actes. » Sarah, non voilée, a le feu aux joues. « Ici, on n’empêche pas les caméras de filmer, les journalistes de venir, note Éric Dufour, qui se défend de toute manipulation. On ne briefe jamais les élèves sur ce qu’il faut dire ou pas. Mais en cours, s’ils dérapent, on ne laisse surtout pas passer. » (...)
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Re: Un enseignant démissionne du lycée Averroes
http://www.liberation.fr/societe/2015/02/06/a-lille-le-lycee-averroes-attaque-un-prof-de-philo-en-diffamation_1197345(...) Cette démission n’est pas la première. Au milieu des années 2000 la principale de l’établissement avait démissionné, en toute discrétion, après quelques années, outrée par le «sexisme» des dirigeants du lycée. Elle n’avait pas voulu raconter, à l’époque. «J’étais une vitrine. On m’avait choisie parce qu’il fallait un professeur en poste, ils n’en avaient pas. Dans les faits, ce n’est pas moi qui dirigeais, mais mes adjoints. J’en ai eu marre d’être une plante verte. J’ai claqué la porte sans commentaire.» Cette professeure est retournée dans l’enseignement catholique. Elle est toujours musulmane. «Je suis une convertie, à un islam ouvert, un islam de confrérie, une démarche qui consiste à se tourner vers soi pour aller vers l’autre.» Vendredi, elle ne savait rien de la polémique autour d’Averroès. On lui a envoyé les deux textes. Elle a dit apprécier le premier, sur l’humour et le Prophète. Pour le reste, elle relativise : «A Averroès, je ne me souviens pas avoir eu affaire à une concentration d’enfants bornés. Ce que raconte ce prof n’est pas spécifique à un lycée musulman. Le mal est profond et il ne se limite pas aux deux centimètres carrés d’Averroès. La société française, à force d’exclure, vit ici un effet boomerang. C’est certes une minorité, mais c’est bien dommage.»
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Re: Un enseignant démissionne du lycée Averroes
Je trouve courageux de sa part d'avoir été fidèle à ses convictions en démissionnant. Le fait que cette démission soit la deuxième devrait alerter les pouvoirs publics : cet établissement mérite-t-il vraiment d'être "sous contrat" dans ces conditions ?
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Re: Un enseignant démissionne du lycée Averroes
La réactions de Soufiane Zitouni me paraît assez pondérée, et des ses remarques de fonds justifiées. Les autre réactions recueillies auprès des collègues incriminés me paraissent assez pondérées également, relativisant la problématique ( il est exact que l'on voit ce genre de réaction des élèves dans des établissements publics "normaux") et me donne à penser que le professeur démissionnaire n'a tout simplement pas réussi à s'intégrer dans l'équipe des enseignants. Certes, les différences de sensibilité sont très grandes, et "l'esprit d'Averroès" difficilement conciliable à ce que j'appellerai une ambiance de "taqlid identitaire". Cependant les réactions des autres enseignants publiés ici laissent penser que ce dialogue difficile restait possible et ouvert. Un des signes de la réaction émotive et irrationnelle de cet enseignant se lit dans sa réaction négative au fait que l'on ait placé côte à côte les deux articles antagoniste. Je pense que beaucoup d'établissements, soumis plutôt à ma censure, rêveraient d'une telle équité du débat.... Le professeur démissionnaire a "craqué psychologiquement:le fonds est sans doute une question de personnalités de part et d'autres, et il faudrait les connaître pour avoir un avis plus avisé. Sur le fonds de la nature de l'enseignement donné et de son orientation, ce n'est certes pas cet ensemble d'échanges médiatisés qui nous permet d'avoir un avis suffisamment argumenté.
Re: Un enseignant démissionne du lycée Averroes
J'ai eu le même sentiment que toi.Yahia a écrit:Un des signes de la réaction émotive et irrationnelle de cet enseignant se lit dans sa réaction négative au fait que l'on ait placé côte à côte les deux articles antagoniste
Par contre, dès que j'ai lu la 2e tribune, j'ai été frappé par cette insistance sur ce "Qui ne le connaît pas dirait que"... que je trouve assez hypocrite, car "celui qui dit", là, est bien l'auteur de la 2e tribune, et nul autre, et son "Mais moi je le connais" me semble surtout un artifice de langage.
Tout à fait d'accord. Si ce sujet n'était pas aussi médiatisé, je ne l'aurais pas posté, puisqu'on ne peut se faire un véritable avis à partir de tels éléments.Yahia a écrit:Sur le fonds de la nature de l'enseignement donné et de son orientation, ce n'est certes pas cet ensemble d'échanges médiatisés qui nous permet d'avoir un avis suffisamment argumenté.
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Re: Un enseignant démissionne du lycée Averroes
HANNAT a écrit:Je trouve courageux de sa part d'avoir été fidèle à ses convictions en démissionnant. Le fait que cette démission soit la deuxième devrait alerter les pouvoirs publics : cet établissement mérite-t-il vraiment d'être "sous contrat" dans ces conditions ?
Je trouve son attitude très maladroite dans le contexte actuel. Je trouve facile de se faire mousser en pondant des articles dans libé. Il se donne le beau rôle, le gentil progressiste courageux...
- il va renforcé les préjugés contre les écoles musulmanes privés , la communauté musulmane en générale.
https://dialogueabraham.forum-pro.fr/t1641p15-projet-d-ecole-privee-musulmane
Tiens au passage l'école musulmane Montessori n' a jamais obtenu le droit d'ouvrir :
https://dialogueabraham.forum-pro.fr/t2377-education-pedagogie-et-ecoles-alternatives ( troisième message)
-Il va renforcé les élèves dans leurs sentiments négatifs. Ce monsieur sensé représenté l'islam progressiste , ouvert, trahis ces élèves. Donc l'islam progressiste pour eux est bien une trahison. Si tu as l'ambition de changer les choses de l’intérieur, d'apporter ton influence il faut être carré et crédible.
Les musulmans ont un problème avec l'antisémitisme, comme les catho on en eu aussi un avec le peuple déicide.
Les musulmans doivent se poser des questions sur le pourquoi on les déteste et leur par de responsabilité.
Mais la communauté juive et son instrumentalisation de l'antisémitisme pour bloquer toute critique de la politique d’Israël, faire de l'idéologie coloniale sioniste un problème religieux a sa part de responsabilité . Mais ce débat est interdit , ce serait comme dire que les dessinateurs de Charlie l'ont bien cherché...
Parce qu'il y a eu la Shoa il ne pourrait exister de juifs racistes!?
Je serait curieux de savoir se qu'il se dit dans les écoles privées juives et même catholiques.
L'exemple donné par red1 sur sa soeur qui est dans une école privée catho est déjà d'une certaine violence psychologique il me semble!
Et l'école républicaine laïque n'est certainement pas en reste. J'ai été pion pendant 5 ans en collèges j'ai bien ma petite idée. Quand est-ce qu'un prof démissionnera pour trahison de l'idéal républicain dans une école publique?
Bref les musulmans sont souvent très con , mais il sont à bonne école. Et la khonnerie est un privilège que seule certaines élites semblent en droit d'exercer, privilège qu'ils défendent et ne veulent pas partager.
Idriss- Messages : 7075
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Re: Un enseignant démissionne du lycée Averroes
...Qui est de plus son ancien journal.Idriss a écrit:Je trouve facile de se faire mousser en pondant des articles dans libé
Personnellement, j'ai toujours un souci avec mes collègues qui pondent des "tribunes" - je considère que notre devoir de réserve nous l'interdit.
Merci donc de ta contribution, qui pointe à mes yeux judicieusement le souci posé par cette première tribune, ce que j'avais oublié de mentionner dans mon message précédent
La question qui tue...Idriss a écrit:Quand est-ce qu'un prof démissionnera pour trahison de l'idéal républicain dans une école publique?
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Re: Un enseignant démissionne du lycée Averroes
Cet étalage sur la place publique me rend méfiant tout simplement. Par ailleurs, il me semble très difficile de se faire un avis très pertinent en se basant sur le seul échange des textes. Un " employé " dénonce son ancien employeur qui peut savoir a priori s'il a raison ou tort ?Idriss a écrit:Je trouve son attitude très maladroite dans le contexte actuel. Je trouve facile de se faire mousser en pondant des articles dans libé. Il se donne le beau rôle, le gentil progressiste courageux...
Idriss a écrit:Bref les musulmans sont souvent très con , mais il sont à bonne école.
Roque- Messages : 5064
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Re: Un enseignant démissionne du lycée Averroes
http://www.saphirnews.com/Le-lycee-Averroes-accuse-d-antisemitisme-son-personnel-sous-le-choc-temoigne_a20387.html(...) La goutte d'eau qui aurait fait débordé le vase, d'après Soufiane Zitouni, serait sa première tribune (...) Une version que conteste Ajila, professeure de français : « Au contraire, on s'est même réjoui qu'il puisse y avoir au sein du lycée une diversité d'opinions. » « Je l'ai félicité pour sa prise de position et ai moi-même apposé le cachet de l'établissement sur l'article pour qu'il soit affiché en salle des profs », s'étonne le directeur, El Hassane Oufker.
Cinq jours plus tard, la plume de Soufiane Zitouni en appelle une autre : celle de son collègue Sofiane Meziani, professeur d'éthique, qui publie une réplique sur Le Plus de L'Obs. En bonne élève de la liberté d'expression, la direction décide de lui faire, de même, une place sur le panneau d'affichage.
Seulement voilà, Soufiane Zitouni n'ayant pas apprécié son contenu jugé « agressif », aurait, selon des sources, aussitôt avertit quelques-uns de ses collègues qu'il menaçait de « faire éclater la vérité sur Averroès au grand jour », arguant son « réseau » potentiel et n'en pouvant plus au bout de « cinq mois à tenter d'exercer (son) métier de professeur de philosophie »
Il ne se fait pas attendre. La saga continue avec une nouvelle tribune publiée dans Libération (...)
Le déjeuner a un goût amer, tant l'émotion est forte en salle des profs. Des groupes de discussions se forment. Autour de la fameuse machine à café, on rit jaune. « Je n'ai jamais vu personne prier ici, il y a une belle salle de prière juste à côté, c'est ridicule », piaffe un enseignant. Du bout de la salle, Nadia, responsable du CDI accusé de n'avoir pas un livre sur la période andalouse, n'en revient pas. « Je vous invite à venir voir, nous dit-elle, j'ai tout un dossier sur l'Andalousie et Averroès ! »
L'enseignant d'Averroès – en arrêt maladie – reproche aux élèves un certain radicalisme pudibond : « Le mot "sexe" lui-même, pouvait être tabou », écrit-il. Saïm préfère en rire. « Si vous saviez combien on en parle ! », réfute ce professeur de SVT, « on a toujours abordé la sexualité et la théorie de l'évolution avec mes classes de terminale et on a toujours su mener des débats sereins et argumentés, sans opposer les croyances aux réalités scientifiques ». Sofiane Meziani, professeur d'éthique, le rejoint : « De mon côté, on a fait tout un cours sur la sexualité ! »
« Je n'ai jamais entendu autant de propos antisémites de la bouche d'élèves dans un lycée ! » Des nombreuses accusations de Soufiane Zitouni, c'est bien celle qui aura fait sortir de ses gonds plus d'un professeur. Amel, professeure d'histoire-géo depuis bientôt dix ans au lycée Averroès, conteste : « Je n'ai vraiment jamais eu de soucis à parler de la Shoah. » Elle participera cette année comme les précédentes, avec ses élèves, au Concours national de la Résistance et de la Déportation. « Les élèves eux-mêmes choisissent des auteurs juifs, et ça ne leur pose aucun problème », nous confie Eric, professeur de littérature et ancien de la maison.
« Ce sont des ados en formation et c'est la mission de l'enseignant que de leur donner les outils de la réflexion ; l'erreur professionnelle, c'est de ne pas les former ! », ajoute Sophie, professeure d'espagnol, « choquée » de « l'absence de bienveillance envers les élèves », assimilés dans le texte du professeur de philosophie à des « perroquets bien dressés »
Et le représentant des parents d'élèves, M. Benminoul de se dire « profondément blessé » et de s'exclamer : « Nous ne permettons pas à M. Zitouni d'accuser nos enfants d'antisémites ! » « L'antisémitisme est l'accusation la plus grave », appuie le directeur, qui rappelle avoir organisé il y a peu, avec Soufiane Zitouni, une conférence avec son (ex-)collègue Sofiane Meziani et Yona Ghertman, rabbin de Cagnes-sur-Mer, dans la salle polyvalente du lycée, « qui a fait salle comble et s'est très bien passée ». Un moment immortalisé dans une vidéo que Saphirnews a retrouvée.
Les professeurs sont formels et « s’inscrivent, avec force, en faux contre les allégations mensongères et calomnieuses de Zitouni » déclarent-ils dans un communiqué commun. « Il n'a travaillé ici que trois mois, et en trois mois, il aurait senti ce que certains d'entres nous présents depuis dix ans n'auraient pas vu ! », souligne une enseignante.
Que s'est-il passé pour que Soufiane Zitouni fasse volte-face au bout de trois mois d'exercice ? « Lorsque je le reçus la première fois dans mon bureau pour l'entretien d'embauche, j'étais heureux de voir un professeur expérimenté et qui partage le projet éducatif de l'établissement rejoindre notre équipe », se souvient El Hassane Oufker. « Nous avons été très surpris par son attitude dans cette affaire, moi, le premier. J'ai toujours entretenu de bonnes relations avec lui », poursuit le directeur.
Même son de cloche côté enseignants, qui disent avoir côtoyé un collègue sympathique, plutôt discret, et qui n'a « jamais évoqué de quelconque difficulté liées à son enseignement. On n'a pas compris »
Le principal regrette cependant ne pas avoir « pris au sérieux » l'alerte concernant une élève, Sarah, élève en terminale S. Tête nue, elle relate aux journalistes présents à la conférence de presse son altercation avec Soufiane Zitouni. « En cours, on a parlé des frères Kouachi. M. Zitouni nous a dit que c’était des fous, des malades mentaux. Je lui ai répondu que c’était trop facile d’expliquer ça par de la folie. Il m’a traitée d’intégriste », raconte-t-elle. « On ne pouvait jamais donner notre point de vue, il n'y avait pas d'échanges possibles avec lui », soutient Ayoub, son camarade.
La direction de l'établissement a affirmé avoir d'elle-même sollicité la visite de l'inspection académique, estimant n'avoir « rien à cacher », et jugeant « impropre qu'un professeur resté trois mois dans l'établissement puisse remettre en question tout le travail des services de l'inspection de l'Éducation nationale ». Le rectorat a fait savoir qu'il allait constituer « une mission d'inspection afin de vérifier le respect des termes du contrat d'association signé avec l'État », « composée d'un inspecteur d'académie régional de philosophie ainsi que d'un inspecteur d'académie pédagogique régional en charge de la vie scolaire »
Assis aux côtés du directeur, Michel Soussan, ex-inspecteur, conseiller pédagogique du lycée, se montre particulièrement touché : « Je n'ai jamais vu la radicalité de l'islam ici ; au contraire, j'y vois un islam du juste milieu ». Et de conclure, « je suis le garant des valeurs républicaines de cet établissement ».
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Re: Un enseignant démissionne du lycée Averroes
Nouvelles précisions qui renforcent ma suspicion sur le fonds purement psychologique de cet incident médiatisé. J'imagine que bien des incidents similaires ont touché le milieu des enseignants, avec d'autres démissionnaires verbalisant leur malaise par d'autres accusations non médiatisables,celles-là, et dont on ne parle donc pas. Comme on devrait cesser d'en parler ici.
Re: Un enseignant démissionne du lycée Averroes
-Ren- a écrit:...Qui est de plus son ancien journal.Idriss a écrit:Je trouve facile de se faire mousser en pondant des articles dans libé
Il n'a travaillé ici que trois mois...
C'est du journalisme embarqué type "infiltré"? Après la tribune ce sera le livre: "Au cœur de la takia islamiste"?
Et par manque de matière première croustillante il aura été obligé de brodé un peu?
Que dit Caroline Fourest du sujet?
Pour Caroline Fourest, le lycée Averroès de Lille est intégriste ben voilà elle qui semble un peu en perte de vitesse va pouvoir parader: je vous l'avais dit , je vous l'avais dit....
Idriss- Messages : 7075
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Re: Un enseignant démissionne du lycée Averroes
Yahia a écrit: J'imagine que bien des incidents similaires ont touché le milieu des enseignants, avec d'autres démissionnaires verbalisant leur malaise par d'autres accusations non médiatisables,celles-là, et dont on ne parle donc pas. Comme on devrait cesser d'en parler ici.
Sauf que des lycées privée type Averroes il y en a pas beaucoup en France! Il est même unique
et lorsqu'il a été classé meilleur lycée de France pour ses résultats au bac beaucoup de dents ont grincées! Bon les critères de classement ont été modifié l'année suivante , sans aucun lien de cause à effet certainement avec le classement du Lycée. Mais toujours est-il que le le lycée ne fait plus parti du top 10...
Il y a eu aussi la campagne de Caroline Fourest qui s'en ait pris a Martine Aubry par l'intermédiaire de son mari qui aurait favorisé l'ouverture du Lycée et serait l'avocat des islamistes...Martine Aubry qui du coup a pris ces distances avec tous se qui pourrait nuire à son image ( Au PS tu es soit laicard sois sioniste , mais surtout pas suspect de sympathie pour l'islam , c'est rédhibitoire, pire qu'au FN c'est dire ! Et l'éducation nationale c'est leur fond de commerce, et l'école privée reste un vieux cheval de bataille, alors une école privée type musulmane....)
Donc nous devrions cesser d'en parler ici , OK; mais d'autre ne vont pas se priver...Et si dans 6 mois un an si il y a un dérapage, même sans lien , on ressortira l'affaire...
Idriss- Messages : 7075
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Re: Un enseignant démissionne du lycée Averroes
Idriss a écrit:Yahia a écrit: J'imagine que bien des incidents similaires ont touché le milieu des enseignants, avec d'autres démissionnaires verbalisant leur malaise par d'autres accusations non médiatisables,celles-là, et dont on ne parle donc pas. Comme on devrait cesser d'en parler ici.
Sauf que des lycées privée type Averroes il y en a pas beaucoup en France! Il est même unique
et lorsqu'il a été classé meilleur lycée de France pour ses résultats au bac beaucoup de dents ont grincées! Bon les critères de classement ont été modifié l'année suivante , sans aucun lien de cause à effet certainement avec le classement du Lycée. Mais toujours est-il que le le lycée ne fait plus parti du top 10...
Il y a eu aussi la campagne de Caroline Fourest qui s'en ait pris a Martine Aubry par l'intermédiaire de son mari qui aurait favorisé l'ouverture du Lycée et serait l'avocat des islamistes...Martine Aubry qui du coup a pris ces distances avec tous se qui pourrait nuire à son image ( Au PS tu es soit laicard sois sioniste , mais surtout pas suspect de sympathie pour l'islam , c'est rédhibitoire, pire qu'au FN c'est dire ! Et l'éducation nationale c'est leur fond de commerce, et l'école privée reste un vieux cheval de bataille, alors une école privée type musulmane....)
Donc nous devrions cesser d'en parler ici , OK; mais d'autre ne vont pas se priver...Et si dans 6 mois un an si il y a un dérapage, même sans lien , on ressortira l'affaire...
qu'il y ait des règlements de compte derrière cette affaire, c'est fort possible.
pour autant toute association islamique est susceptible d'être infiltrée par des "islamistes" (comprendre wahabo salafistes intégristes.....) et la vigilance s'impose.
rosarum- Messages : 1021
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Re: Un enseignant démissionne du lycée Averroes
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Re: Un enseignant démissionne du lycée Averroes
Le témoignage d'une doctorante ayant passé un certain temps au lycée Averroès :
https://carolferrara.wordpress.com/2015/02/10/mes-experiences-et-observations-en-tant-que-chercheuse-au-sein-du-lycee-averroes-par-ferrara-carol-doctorante-en-anthropologie-boston-university/J’ai rencontré pour la première fois que M. Oufker, le directeur du lycée, à la suite d’un rendez vous que j’ai eu en mai 2012 avec M. Mameche, le directeur adjoint du lycée (...) Suite à l’étude que j’ai effectuée pour mon mémoire de Master à l’American University de Paris (intitulé Religious Tolerance and Understanding in the French Education System, publié en anglais dans le Journal of Religious Education, Dec. 2012), j’étais en train de préparer ma recherche de terrain pour ma thèse en anthropologie à la Boston University des Etats Unis, intitulée provisoirement « La transmission de la fois dans la République » (...)
Depuis cette première visite au lycée, j’ai revisité l’école plusieurs fois pour ma recherche, la plus récente étant un séjour de 15 jours en novembre 2014 pendant lequel j’ai assisté aux cours, observé des réunions entre professeurs et la direction, discuté avec les professeurs et parents d’élèves, et interviewé des anciens élèves du lycée.
Après les premières visites à l’école pendant lesquelles j’ai dû mériter leur confiance, M. Oufker m’a donné carte blanche pour ce dernier séjour (...) Il m’a également invité à assister aux événements et réunions au sein du lycée et m’a réservé une salle pour me permettre d’interviewer en tête à tête les anciens élèves (sans contrôle du lycée). Pendant mon séjour, j’ai aussi eu l’opportunité d’observer les cours de M. Zitouni (ancien professeur de philosophie) ainsi que ceux de M. Meziani (professeur d’éthique).
Il me paraît responsable de partager mes expériences au lycée en tant qu’anthropologue ayant passé les cinq dernières années à étudier les écoles musulmanes en France (...)
Pour ma part, je n’ai jamais eu le sentiment qu’il y avait un double discours au lycée (...) Il y a un grand mélange d’opinions et perspectives dans le lycée y compris des pensées diverses sur « l’islam » ainsi que sur la religion en général – comme dans tout établissements scolaires. Il y a des professeurs de plusieurs confessions au lycée tout ainsi que des professeurs athées. Le discours que j’ai pu constaté dans les cours d’éthique, cours facultatifs qui sont en partie sensé encadrer les élèves par une meilleure connaissance de l’islam, est surtout un message qui souligne le bon comportement, y compris le bon comportement en tant que citoyen français (...)
L’association des parents d’élèves d’Averroes organise une sérié de conférences tout au long de l’année où les intervenants sont invités à se prononcer sur des sujets variés. Comme M. Zitouni l’a constaté, ils ont invité Tariq et Hani Ramadan à plusieurs occasions, mais ils ont aussi invité Ghaleb Bencheikh, qui pour moi, représente une tout autre perspective que les frères Ramadan (...)
C’est vrai que le discours sur l’islam au lycée s’approche du discours de l’UOIF et de son président Amar Lasfar comme M. Zitouni l’a constaté, mais pour ma part, je ne vois pas, selon mes connaissances, expériences et perspectives, ce discours comme une menace contre la France. De plus, les extrêmes ne sont pas tolérés dans l’établissement. J’ai vu moi-même M. Lasfar éconduire une jeune femme (une ancienne élève) de la cérémonie de remise des diplômes en novembre parce qu’elle portait le niqab et qu’elle ne voulait pas l’enlever pour y assister (...)
Malheureusement, comme dans tout établissement, chez certains individus il y a des malentendus et des stéréotypes négatifs, envers certains groupes ou types de personnes – en particulier chez les jeunes au collège et lycée. Le Lycée Averroes n’échappe pas à cette norme. Alors oui – on peut trouver quelques élèves dans l’école qui ont des stéréotypes ou préjugés contre les juifs – comme dans tous les autres lycées que j’ai visité.
Mais ce qui est important, c’est que l’équipe pédagogique le n’ignore pas. Pendant mon séjour, bien avant les évènements de janvier, ils avaient organisé une conférence pour les lycéens avec un rabbin – le neveu de M. Soussan – l’ancien inspecteur d’académie qui fait partie de cette équipe pédagogique et qui a soutenu et aidé l’école depuis le début. Lors de cette conférence ainsi que dans ses cours d’éthique, M. Meziani a parlé des similarités entre la religion juive et la religion musulmane et il a encouragé les jeunes d’accorder plus d’attention aux similarités qu’aux différences entre les deux religions. Ces efforts de la part de l’équipe pédagogique ne réussissent pas toujours, comme avec tout programmes pédagogiques, mais au moins l’effort est fait (...)
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Re: Un enseignant démissionne du lycée Averroes
Pétition de soutien au lycée Averroès : http://www.petitions24.net/avec_averroes
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Re: Un enseignant démissionne du lycée Averroes
http://www.saphirnews.com/Pourquoi-je-reviens-au-lycee-Averroes_a20440.htmlPourquoi je reviens au lycée Averroès
Le départ tonitruant de Soufiane Zitouni du lycée Averroès, début février, a libéré un poste de professeur de philosophie, désormais occupé par Stephen Urani. L'enseignant, qui n'est pas musulman, explique pourquoi il a accepté de revenir dans l'établissement privé confessionnel
Soufiane Zitouni, tout droit sorti d'un anonymat pesant, est monté en intensité à mesure que sa personne devenait figure, à mesure qu'il se faisait symbole, que l'islam s'incarnait enfin, en lui, et que la bonne conscience se faisait bonne parole. L'air bonhomme qu'il affecte, à défaut de mieux, risque d'enchanter ceux qui limitent l'islam-supportable à l'islam-mou. Et, cela, il faut l'assumer. Dans « islamophobie », il y a « phobie », et il faudrait être crétin pour reprocher la peur à celui qui l'éprouve. Reste à savoir si cette participation malhonnête à l'inquiétude générale fait de M. Zitouni un lanceur d'alerte ou un lanceur de grenade (...)
Alors, voilà, professeur de philosophie aussi, je voudrais dire pourquoi je reviens au lycée Averroès quand Soufiane Zitouni le fuit. Puisqu'il est démissionnaire, j'y reprends mes fonctions avec joie. Jeune docteur, n'ayant pas encore passé le concours de l'enseignement, j'ai dû céder la place (...)
Étant à la fois non musulman, fervent patriote, contempteur de l'esprit communautaire et spécialiste de littérature française, ma place au sein de cet établissement n'allait pas de soi. J'y ai pourtant passé une année merveilleuse à bien des égards, et ne peut imaginer que le temps d'un été, les élèves et les collègues y soient devenus des cinglés, antisémites, passant leurs récréations les pieds dans le lavabo (...)
A la suite de son premier article dans Libération, le professeur d'éthique musulmane a répondu avec une certaine fermeté. Mais, après tout, la virulence et la polémique s'inscrivent en plein dans la tradition française. Que M. Zitouni en ait été blessé, c'est là une réaction que j'entends. Mais qu'il prenne la mouche au point de faire de son contradicteur un islamiste révèle un goût limité pour le débat démocratique.
Pire encore, que le cours de philosophie ne puisse être un lieu de débat favorise, évidemment, la colère des élèves et les provocations stupides de certains (ce sont des adolescents, nom d'un chien !). Que le musulman laïque prenne des airs d'évangélisateur a quelque chose de savoureux. Car, et c'est sans doute ce qui m'étonne le plus dans cette affaire, jamais un élève n'a tenu devant moi le genre de propos que leur prête M. Zitouni (...)
Sans affirmer que M. Zitouni mente pour sauver la face, je m'étonne de ce qu'il reproche à de jeunes gens en quête d'identité (nationale, souvent) de ne pas se sentir représentés dans les médias. Est-ce faux ? Où sont les Camel Bechikh ? Pourquoi leur faudrait-il choisir entre un imam analphabète avec accent de « blédard » et le Suisse travaillant en Angleterre ? Pourquoi n'entend-on jamais les Français musulmans réels ; les communistes, les centristes, les souverainistes ? (...)
Peut-on alors être surpris que quelques imams autoproclamés servent leur soupe indigeste à ceux dont l'estomac est déjà vitriolé ? (...)
L'islam de France, l'amour du pays et l'intérêt que nous avons à fraterniser sincèrement, je les ai redécouverts au lycée Averroès. Moi. Un non-musulman, un amoureux de la patrie, de l'humour et du collectif. Comment, dès lors, expliquer la réaction de M. Zitouni ? Un homme brièvement croisé à deux reprises, charmant, mais qui convoqua Dieu pour expliquer qu'il prenait ma place, moi qui n'y voyait que la règle rectorale. Mince.
Alors, et puisqu'il a lancé (en tas) de bien vilaines accusations, je réponds par mon expérience aux principales d'entre elles :
1 : Qu'un élève demande pourquoi la mention de la religion d'un penseur soit affichée en introduction du cours ne me paraît en rien absurde. Il suffit d'y répondre, voilà tout (...)
2 : Je comprends mal pourquoi M. Zitouni affiche sa « prétendue non-orthodoxie islamique » auprès des élèves. A moins de vouloir la diffuser, rien ne suppose la défense d'une quelconque posture religieuse de la part du professeur de philosophie (...)
3 : La théorie darwinienne de l'évolution (que je ne crois pas scientifiquement discutable) a été présentée et expliquée par mes soins sans que quiconque n'y voit matière à scandale. Certains élèves manifestaient un désaccord de principe mais jamais aucun ne le fit avec malveillance. Même si je m'agace, il faut l'apprendre (et la comprendre, cette théorie). Pour le reste, je ne m'ingère pas dans les croyances. C'est, je crois, ce que l'on nomme laïcité.
4 : Une jeune femme, dans le cours de M. Zitouni, a refusé de s'asseoir aux côtés d'un garçon. Que chaque lecteur de ce texte interroge ses enfants scolarisés : « Quelle est la proportion des tables mixtes dans ta classe ? » (...)
5 : Qualifier l'élève qui s'interroge de « perroquet bien dressé » ne me semble pas relever du raffinement pédagogique que l'on peut attendre d'un professeur expérimenté. Je regrette d'ailleurs qu'il ait « oublié » ses élèves qui ont participé à la marche des lycéens jusqu'au siège de Charlie Hebdo. Avec tant d'autres.
Plaçons, si vous le voulez bien M. Zitouni, la déontologie avant l'idéologie. C'est probablement par la question du « devoir » que je tâcherai de reprendre le programme là où vous l'avez abandonné. Pour la France et par la France, je retourne au lycée Averroès. S'il y a, effectivement, de petits cons, je saurais leur faire savoir. S'il y a un danger potentiel, je le ferai savoir. L'autorité avant les autorités. Ce bahut n'est pire ni meilleur qu'un autre. Il est simplement plus ambitieux.
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Re: Un enseignant démissionne du lycée Averroes
http://www.lemonde.fr/societe/article/2015/09/04/l-enseignant-qui-denoncait-les-derives-du-lycee-musulman-averroes-condamne_4745943_3224.htmlLe professeur de philosophie Soufiane Zitouni, qui avait vivement critiqué le lycée musulman Averroès de Lille dans Libération, a été condamné vendredi 4 septembre par le tribunal de police pour diffamation non publique et injure non publique. Il a annoncé vouloir faire appel (...)
En s’appuyant sur des échanges de mails avec des collègues dans lesquels l’enseignant reprenait ces accusations, l’avocat du lycée Averroès, Hakim Chergui, avait contre-attaqué en saisissant le tribunal de police plutôt qu’une juridiction correctionnelle, où une action en diffamation publique aurait pu prendre des années.
A l’audience du 29 mai, le professeur avait dénoncé notamment les « réactions épidermiques » des élèves à la théorie de l’évolution de Darwin, les positions pro-Hamas de certains professeurs ou encore la prescription du port du voile comme « obligation religieuse » par un imam lors du prêche du vendredi.
Le tribunal a déclaré coupable Soufiane Zitouni, « car il n’y avait pas d’éléments de preuve, de documents de nature à justifier » ses propos. Condamné à une peine d’amende de 10 euros pour les faits de diffamation, de 10 euros pour injures, et à 1 euro pour les dommages et intérêts, il doit également rembourser à la partie civile les frais de procédure judiciaire. Le professeur avait choisi de se défendre seul, sans avocat, car, dit-il, « je pensais qu’on pouvait rester au stade verbal, dans le débat d’idées, mais quand on a affaire à l’administration, c’est très technique. La justice française est kafkaïenne »
A la sortie du tribunal, Soufiane Zitouni a annoncé qu’il ferait appel : « Je vais prendre un avocat. Il y aura un vrai procès avec des preuves tangibles et des témoignages. Je suis serein. Ça ne me déstabilise pas, car je n’en fais pas une affaire personnelle mais collective. » Inquiet de voir « un islam particulier s’imposer de plus en plus en France, un islam qui confond politique et spiritualité, celui des femmes voilés, celui qui manque d’humour », Soufiane Zitouni prévient que le procès du lycée Averroès va devenir celui de l’Union des organisations islamiques de France (UOIF).
« Ce lycée n’est que l’arbre qui cache la forêt : derrière, il y a les Frères musulmans. Le but de l’UOIF est d’avoir le leadership de l’enseignement musulman en France », accuse-t-il. A ses côtés, l’ingénieur Mohamed Louizi assure avoir de nombreux documents embarrassants qui concernent des membres de l’UOIF. « On va tout mettre sur la table : les déclarations concernant les juifs, le financement du lycée, l’idéologie des Frères musulmans qui doit être mise dans la tête des enfants dès 5 ans, annonce Mohamed Louizi. Je vais tout mettre entre les mains de la justice. »
De son côté, Rachid Hamoudi, directeur de la mosquée de Lille-Sud, seul représentant du lycée présent ce vendredi au tribunal, explique : « Nous avons été insultés et injuriés. Les parents, les familles, les élèves ont été insultés par un professeur. La justice est rendue. Le lycée continue d’instruire les citoyens de demain. » Il assure que cette affaire n’a pas déstabilisé le lycée Averroès. « On [en] a tiré des enseignements, on a réfléchi à comment mieux gérer les choses, mais ça n’a pas laissé de traces, d’autant que les résultats du bac ont été excellents. Et aujourd’hui, le lycée Averroès, c’est sept cent cinquante élèves. » (...)
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Re: Un enseignant démissionne du lycée Averroes
-Ren- a écrit:http://www.lemonde.fr/societe/article/2015/09/04/l-enseignant-qui-denoncait-les-derives-du-lycee-musulman-averroes-condamne_4745943_3224.htmlLe professeur de philosophie Soufiane Zitouni, qui avait vivement critiqué le lycée musulman Averroès de Lille dans Libération, a été condamné vendredi 4 septembre par le tribunal de police pour diffamation non publique et injure non publique. Il a annoncé vouloir faire appel (...)
En s’appuyant sur des échanges de mails avec des collègues dans lesquels l’enseignant reprenait ces accusations, l’avocat du lycée Averroès, Hakim Chergui, avait contre-attaqué en saisissant le tribunal de police plutôt qu’une juridiction correctionnelle, où une action en diffamation publique aurait pu prendre des années.
A l’audience du 29 mai, le professeur avait dénoncé notamment les « réactions épidermiques » des élèves à la théorie de l’évolution de Darwin, les positions pro-Hamas de certains professeurs ou encore la prescription du port du voile comme « obligation religieuse » par un imam lors du prêche du vendredi.
Le tribunal a déclaré coupable Soufiane Zitouni, « car il n’y avait pas d’éléments de preuve, de documents de nature à justifier » ses propos. Condamné à une peine d’amende de 10 euros pour les faits de diffamation, de 10 euros pour injures, et à 1 euro pour les dommages et intérêts, il doit également rembourser à la partie civile les frais de procédure judiciaire. Le professeur avait choisi de se défendre seul, sans avocat, car, dit-il, « je pensais qu’on pouvait rester au stade verbal, dans le débat d’idées, mais quand on a affaire à l’administration, c’est très technique. La justice française est kafkaïenne »
A la sortie du tribunal, Soufiane Zitouni a annoncé qu’il ferait appel : « Je vais prendre un avocat. Il y aura un vrai procès avec des preuves tangibles et des témoignages. Je suis serein. Ça ne me déstabilise pas, car je n’en fais pas une affaire personnelle mais collective. » Inquiet de voir « un islam particulier s’imposer de plus en plus en France, un islam qui confond politique et spiritualité, celui des femmes voilés, celui qui manque d’humour », Soufiane Zitouni prévient que le procès du lycée Averroès va devenir celui de l’Union des organisations islamiques de France (UOIF).
« Ce lycée n’est que l’arbre qui cache la forêt : derrière, il y a les Frères musulmans. Le but de l’UOIF est d’avoir le leadership de l’enseignement musulman en France », accuse-t-il. A ses côtés, l’ingénieur Mohamed Louizi assure avoir de nombreux documents embarrassants qui concernent des membres de l’UOIF. « On va tout mettre sur la table : les déclarations concernant les juifs, le financement du lycée, l’idéologie des Frères musulmans qui doit être mise dans la tête des enfants dès 5 ans, annonce Mohamed Louizi. Je vais tout mettre entre les mains de la justice. »
De son côté, Rachid Hamoudi, directeur de la mosquée de Lille-Sud, seul représentant du lycée présent ce vendredi au tribunal, explique : « Nous avons été insultés et injuriés. Les parents, les familles, les élèves ont été insultés par un professeur. La justice est rendue. Le lycée continue d’instruire les citoyens de demain. » Il assure que cette affaire n’a pas déstabilisé le lycée Averroès. « On [en] a tiré des enseignements, on a réfléchi à comment mieux gérer les choses, mais ça n’a pas laissé de traces, d’autant que les résultats du bac ont été excellents. Et aujourd’hui, le lycée Averroès, c’est sept cent cinquante élèves. » (...)
le blog de Mohamed Louizi qui soutient le professeur
http://mlouizi.unblog.fr/
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Re: Un enseignant démissionne du lycée Averroes
mise en examen de Mohamed Louizi dans le cadre de cette affaire.
http://mlouizi.unblog.fr/2015/11/
Ce matin, à onze heures, au TGI de Nanterre, j’étais convoqué par une Juge d’Instruction, à son bureau, pour une première comparution, accompagné de mon premier avocat Maître Richard Malka, suite à la plainte déposée contre moi, avec constitution de partie civile, par le « frère musulman » Amar Lasfar : président de l’Association Averroès – qui gère le Collège-Lycée Averroès – et président national de l’UOIF, la branche française des Frères Musulmans
...../......
Pour l’anecdote, j’ai quitté le Maroc le 19/11/1999, j’étais islamiste, frère musulman. Seize ans plus tard, jour pour jour, le 19/11/2015, je suis mis en examen pour avoir « commis » six articles, critiquant l’islamisme et les Frères Musulmans. La déradicalisation et l’auto-déradicalisation pacifiques sont possibles. Mais, à quel prix !
http://mlouizi.unblog.fr/2015/11/
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Re: Un enseignant démissionne du lycée Averroes
Maître Richard Malka, c'est l'avocat de Charlie Hebdo n'est-ce pas....d'une confrérie à une autre ! Cela me fait penser que je n'ai pas mis à jour le sujet sur Charlie hebdo, il y a un trés bonne enquéte de Denis Robert : La vérité sur Charlie.https://vimeo.com/145174229
Idriss- Messages : 7075
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Re: Un enseignant démissionne du lycée Averroes
Idriss a écrit:Maître Richard Malka, c'est l'avocat de Charlie Hebdo n'est-ce pas....
en effet et il a aussi défendu la crèche Baby Loup.
d'une confrérie à une autre !
mais encore ?
pour info voici un invité du lycée Averoes
et le même sur une chaine arabe
le Docteur en chimie s'est transformé en Cheik
rosarum- Messages : 1021
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