Vers un califat au nord-est du Nigéria ?
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Vers un califat au nord-est du Nigéria ?
A. 276 lycéennes enlevées
Tout le monde se souvient de l’enlèvement, le 14 avril dernier, de 276 jeunes filles dans le lycée de Chibok au nord-est du Nigéria et de la campagne médiatique « Save Our Girls » qui suivra, mobilisant tout le gratin des « pipoles » des pays développés, jusqu’à Michelle Obama.
Immédiatement, les autorités militaires nigérianes ont publié des chiffres faux et ont annoncé avoir libéré « la majorité d’entre elles ».
Un des parents de ces jeunes filles résume – je crois – le sentiment de défiance d’un grand nombre de nigérians à l’égard de leur armée :
B. #SaveOurGirls
Le développement de la campagne médiatique « Save Our Girls » à la suite de cet enlèvement a sans doute laissé penser à Aboubakar Shekau, chef de Boko Haram qu’il y avait une opportunité de négociation en vue de rançon ou d’échange de prisonniers. Il publie sa fameuse vidéo (12 mai) où après avoir exhibées et converties ces jeunes filles, il se propose de les vendre comme « esclaves » ou de les marier. Puis, quelques jours après ce gros coup de pub, il corrige légèrement et propose un échange contre des membres de Boko Haram emprisonnés au Nigéria et au Cameroun.
Le président nigérian Goodluck Jonathan se montra, dans un premier temps, disposé aux négociations, puis refusa tout échange de prisonnier. En ce fut tout : les 223 jeunes filles sont aujourd'hui toujours aux mains de Boko Haram, mariées à des combattants ou vendues dans la région : vers la Cameroun ou le Tchad. Il ne fut pas très compatissant avec les parents : il reporta à plusieurs reprises son rendez-vous avec les familles et finit pas les rencontrer 99 jours après le rapt. Un des parents commente : « C'était mieux que rien. »
Ces négociations avortées montrent en moins deux choses : l’absence de volonté de négociation du gouvernement nigérian et le caractère vénal, sans scrupule, c’est à dire « narco djihadiste » de Boko Haram. C’est un groupe terroriste dans le genre de ceux qui écument le nord du Mali.
C. Ce que la presse française grand public n’a pas dit.
1. Les enlèvements
Ce qui n'est pas connu, par contre, ce sont les multiples enlèvements d’adolescentes, de jeunes femmes ou de femmes - parfois mariés - opéré par Boko Haram à la suite du 14 Avril :
- 06 mai : 11 adolescentes enlevées dans le village de Warabe et un village voisin ;
- 07 juin : 24 femmes et épouses d’éleveurs peulh nomades enlevées à 8 km de Chibok ;
- 24 juin : enlèvement de 60 femmes à Kummabza (avec 30 morts dans le population). Mais 63 de ces femmes et de ces jeunes filles ont profité des combats opposant les miliciens de Boko Haram à l'armée nigériane à Damboa pour s’évader le 07 juillet ;
- 27 juillet : enlèvement de 21 otages à Kolofata (coté Cameroun) dont la propre épouse du vice Premier Ministre, Amadou Ali, en charge des relations avec le Parlement camerounais).
Au Cameroun plusieurs enlèvements d’européens ont été très médiatisés : les enlèvements de la famille Moulin Fournier, du père Vandenbeusch, de deux religieux italiens et d’une sœur canadienne.
Mais il n’y a pas que des enlèvements d’épouses pour les soldats du djihad ou d’occidentaux en vue de rançon.
Il y a eu de nombreux enlèvements d’hommes jeunes à des fins de recrutement – sinon de travail forcé. Par exemple, le 10 août plusieurs dizaines d’hommes jeunes sont enlevés à Doron Baga, près du point de conjonction des trois frontières (Nigéria, Cameroun et Tchad) dans le périmètre du lac Tchad. L’armée tchadienne va intercepter le 18 août une centaines d’hommes acheminés en pirogues à travers le Lac. Il s’agit probablement d’hommes retenus par Boko Haram, mais l’armée tchadienne n’a fait qu’un bref communiqué sur cette intervention (efficace ... ce qui change un peu de l'armée nigériane).
2. Les bombes et les massacres
- 26 février : 43 lycéens sont massacrés dans le dortoir de leur lycée à Buni Yadi (à la kalachnikov, puis achevés à l’arme blanche …) ;
- 05 mai : une attaque de Gambaru Ngala au contact avec la ville frontalière de Fotokol au Cameroun fait 300 morts environ ;
- 04 mars : deux morts à Fotokol (Cameroun) ;
- 29 mai : 35 à 42 morts dans les villages de Gumushi, Amuda et Arbokko ;
- 18 juin : 21 morts dans le stade de football de Damaturu ;
- 22 juin : 3 morts de Gwoza (voiture piégée), l’émir local ayant été précédemment tué dans une embuscade.
Et cela n’est qu’un échantillon au gré des dépêches de presse … Bien d’autres bombes ont explosé dans tout le pays à Maïduguri, à Abuja, à Kano, à Jos, à Kaduna, etc … des attentats revendiqués ou non.
3. Une montée en puissance de Boko Haram depuis environ un an
La cartographie de la zone d’influence de Boko Haram établie par RFI le 23 mai 2014 montre qu’elle couvre une bonne partie des 12 Etats qui appliquent déjà la charia depuis 1999/2000. L’état d’urgence établi depuis 2013 indique les trois états les plus directement menacés par Boko Haram : Bornou, Yobé et Adamawa.
Malheureusement le manque de volonté politique et le délitement de l’autorité du Nigéria comme de l’Etat du Bornou font que personne ne semble pas, actuellement, en mesure de mettre en œuvre les solutions de bon sens du père Georges Vandenbusch. Il commence même à surgir des accusations de complicité des gouvernants à différents niveaux avec Bokom Haram et il y a fort à parier que ces accusations sont en partie vraies – malgré les dommages considérables causés par toute cette violence au développement économique et humain de cette zone –déjà parmi les plus pauvres du Nigéria.
D. Une situation militaire rapidement évolutive en août 2014
Cette nouvelle stratégie se dessine : c’est la prise de contrôle territorial semblant encercler la capitale régionale : Maiduguri (1.500.000 habitants). Ce mouvement se développe rapidement au cours du mois d’août 2014 et on va assister à un phénomène un peu surprenant : des soldats nigérians, ne disposant pas de munitions, qui vont franchir la frontière du Cameroun pour sauver leurs vies. Plus de 1.000 soldats nigérians ont ainsi du être réintroduits au Nigéria à un autre point de la frontière. Il semble qu'on retrouve la même incurie que l'armée gouvernementale du Mali. Boko Haram semble s'essayer au combat en ligne grâce à un équipement lourd supérieur à l'équipement des troupes nigérianes, mais lors des quelques confrontations directes avec l'armée camerounaise, Boko Haram semble avoir été repoussé et avoir essuyé des pertes conséquentes.
Les prises de contrôle sont indiquées sur cette carte de l'angle nord-est du Nigéria ci-dessous par une flèche rouge.
Après la prise de la ville de Gwoza (300.000 habitants) et le meurtre de l’émir lors d’une embuscade, Abubakar Shekau y proclame un califat islamique le 28 août. Il s'inspire cette fois visiblement de l'Irak. Cette ville est située près de la frontière avec le Cameroun et de la forêt de Sambisa où l’existence d’un camp de Boko Haram est connue de longue date.
La ville frontalière de Gamboru Ngala est prise le 25 août par un millier de combattants de Boko Haram. Sur la rive camerounaise, c’est la ville de Fotokol où sont massés 1.200 soldats camerounais et 8 chars. L’assaut de Boko Haram sur Fotokol le 26 août échouera, les camerounais déclarant avoir tué 40 assaillants. La prise de la ville Dikwa (120.000 habitants), à 90 km de Maïduguri, suivra quelques jours après.
Sur un autre axe la ville de Bama (300.000 habitants) va tomber aux mains des Boko Haram le 1er septembre – en dépit des dénégations des militaires . Cette ville située à 75 Km de Maiduguri. La totalité de la population entre Bama et Maïduguri semble avoir reflué vers le nord fui, c'est à dire vers Maïduguri.
Il en résulte une situation stratégique défavorable à la défense de Maiduguri, potentiellement prise entre un front est venant de Dikwa et un front sud venant de Bama.
Tout semble avoir été concerté pour une attaque finale sur Maïduguri avec des conséquences régionales - y compris dans le nord du Cameroun - difficilement prévisibles.
Tout le monde se souvient de l’enlèvement, le 14 avril dernier, de 276 jeunes filles dans le lycée de Chibok au nord-est du Nigéria et de la campagne médiatique « Save Our Girls » qui suivra, mobilisant tout le gratin des « pipoles » des pays développés, jusqu’à Michelle Obama.
Immédiatement, les autorités militaires nigérianes ont publié des chiffres faux et ont annoncé avoir libéré « la majorité d’entre elles ».
[ndlr : finalement 53 de ces jeunes filles parviendront à s'évader au moment du rapt ou peu après, mais par leurs propres moyens, sans intervention de l'armée][RFI. 17.04.14]Confusion au Nigeria au sujet du sort des 129 lycéennes enlevées par le groupe Boko Haram dans le nord-est du Nigeria. L'annonce de la libération de la majorité d'entre elles, par l'armée, a été démentie, ce jeudi 17 avril, par les autorités de l'Etat de Bornou, dans le nord du pays. Selon les autorités de Bornou, sur les 129, seules 14 auraient bien retrouvé la liberté.
Un des parents de ces jeunes filles résume – je crois – le sentiment de défiance d’un grand nombre de nigérians à l’égard de leur armée :
Quelque jours plus tard une information semble bien confirmer cette incompétence de l’armée du Nigéria : Amnesty international a accusé l'armée nigériane d’avoir été avertie 4 heures avant l’enlèvement et de n’être pas intervenue :[RFI. 17.04.14] « Que l'armée, censée retrouver et sauver nos enfants, puisse divulguer de tels mensonges, montre bien qu'elle n'a pas l'intention de secourir nos filles », s'est indigné un père d'une fille enlevée, cité par l'AFP
[RFI. 09.05.14]« D'après les informations que nous ont données les habitants d'un village voisin de Chibok, vers 7h de l'après-midi, 200 hommes armés de Boko Haram sont arrivés en moto dans ce village. Ils ont demandé la direction pour aller vers Chibok. L'un aurait même demandé où se trouvaient le lycée des jeunes filles. Quand ils sont repartis, immédiatement, les habitants du village ont fait ce qu'ils appellent une chaîne de téléphone : appeler les bases militaires de Damboa et de Maïduguri. Ils sont également appelé le gouverneur de l'Etat de Bornou.
Ces informations nous ont été confirmées par deux officiers supérieurs de l'armée nigériane. Les appels d'alerte de demande de renforts ont été aux bases de Maïduguri et de Damboa, quatre heures avant l'attaque de Chibok. Donc ils avaient le temps d'envoyer des renforts. C'était d'autant plus important qu'à Chibok, il n'y avait que 17 militaires, eux-mêmes sous-armés. Lorsqu'ils ont vu arrivé les 200 hommes armés de Boko Haram, n'ont pas pu tenir longtemps, ont dû s'enfuir. L'un d'entre eux a été tué.
B. #SaveOurGirls
Le développement de la campagne médiatique « Save Our Girls » à la suite de cet enlèvement a sans doute laissé penser à Aboubakar Shekau, chef de Boko Haram qu’il y avait une opportunité de négociation en vue de rançon ou d’échange de prisonniers. Il publie sa fameuse vidéo (12 mai) où après avoir exhibées et converties ces jeunes filles, il se propose de les vendre comme « esclaves » ou de les marier. Puis, quelques jours après ce gros coup de pub, il corrige légèrement et propose un échange contre des membres de Boko Haram emprisonnés au Nigéria et au Cameroun.
Le président nigérian Goodluck Jonathan se montra, dans un premier temps, disposé aux négociations, puis refusa tout échange de prisonnier. En ce fut tout : les 223 jeunes filles sont aujourd'hui toujours aux mains de Boko Haram, mariées à des combattants ou vendues dans la région : vers la Cameroun ou le Tchad. Il ne fut pas très compatissant avec les parents : il reporta à plusieurs reprises son rendez-vous avec les familles et finit pas les rencontrer 99 jours après le rapt. Un des parents commente : « C'était mieux que rien. »
Ces négociations avortées montrent en moins deux choses : l’absence de volonté de négociation du gouvernement nigérian et le caractère vénal, sans scrupule, c’est à dire « narco djihadiste » de Boko Haram. C’est un groupe terroriste dans le genre de ceux qui écument le nord du Mali.
Boko Haram se finance principalement par des attaques de banques, des rançons et du racket, selon les experts, et son champ d'action reste concentré au nord-est du Nigeria, où il revendique la création d'un Etat islamique.
http://www.liberation.fr/monde/2014/09/03/boko-haram-menace-de-s-emparer-du-nord-est-du-nigeria_1092804
C. Ce que la presse française grand public n’a pas dit.
1. Les enlèvements
Ce qui n'est pas connu, par contre, ce sont les multiples enlèvements d’adolescentes, de jeunes femmes ou de femmes - parfois mariés - opéré par Boko Haram à la suite du 14 Avril :
- 06 mai : 11 adolescentes enlevées dans le village de Warabe et un village voisin ;
- 07 juin : 24 femmes et épouses d’éleveurs peulh nomades enlevées à 8 km de Chibok ;
- 24 juin : enlèvement de 60 femmes à Kummabza (avec 30 morts dans le population). Mais 63 de ces femmes et de ces jeunes filles ont profité des combats opposant les miliciens de Boko Haram à l'armée nigériane à Damboa pour s’évader le 07 juillet ;
- 27 juillet : enlèvement de 21 otages à Kolofata (coté Cameroun) dont la propre épouse du vice Premier Ministre, Amadou Ali, en charge des relations avec le Parlement camerounais).
Au Cameroun plusieurs enlèvements d’européens ont été très médiatisés : les enlèvements de la famille Moulin Fournier, du père Vandenbeusch, de deux religieux italiens et d’une sœur canadienne.
Mais il n’y a pas que des enlèvements d’épouses pour les soldats du djihad ou d’occidentaux en vue de rançon.
Il y a eu de nombreux enlèvements d’hommes jeunes à des fins de recrutement – sinon de travail forcé. Par exemple, le 10 août plusieurs dizaines d’hommes jeunes sont enlevés à Doron Baga, près du point de conjonction des trois frontières (Nigéria, Cameroun et Tchad) dans le périmètre du lac Tchad. L’armée tchadienne va intercepter le 18 août une centaines d’hommes acheminés en pirogues à travers le Lac. Il s’agit probablement d’hommes retenus par Boko Haram, mais l’armée tchadienne n’a fait qu’un bref communiqué sur cette intervention (efficace ... ce qui change un peu de l'armée nigériane).
2. Les bombes et les massacres
- 26 février : 43 lycéens sont massacrés dans le dortoir de leur lycée à Buni Yadi (à la kalachnikov, puis achevés à l’arme blanche …) ;
- 05 mai : une attaque de Gambaru Ngala au contact avec la ville frontalière de Fotokol au Cameroun fait 300 morts environ ;
- 04 mars : deux morts à Fotokol (Cameroun) ;
- 29 mai : 35 à 42 morts dans les villages de Gumushi, Amuda et Arbokko ;
- 18 juin : 21 morts dans le stade de football de Damaturu ;
- 22 juin : 3 morts de Gwoza (voiture piégée), l’émir local ayant été précédemment tué dans une embuscade.
Et cela n’est qu’un échantillon au gré des dépêches de presse … Bien d’autres bombes ont explosé dans tout le pays à Maïduguri, à Abuja, à Kano, à Jos, à Kaduna, etc … des attentats revendiqués ou non.
3. Une montée en puissance de Boko Haram depuis environ un an
La cartographie de la zone d’influence de Boko Haram établie par RFI le 23 mai 2014 montre qu’elle couvre une bonne partie des 12 Etats qui appliquent déjà la charia depuis 1999/2000. L’état d’urgence établi depuis 2013 indique les trois états les plus directement menacés par Boko Haram : Bornou, Yobé et Adamawa.
A cet avis, un parmi d’autres, il faut cependant ajouter, pour être équilibré, que l’armée et les forces de maintien de l’ordre du Nigéria, de leur côté, font preuve d’une extrême brutalité et s'aliènent - de façon très efficace - la sympathie de la population. Par exemple : la répression aveugle de 2009 à Maïduguri aurait fait 10.000 morts. Le fondateur de Boko Haram en 2002, Mohamed Yusuf d’abord arrêté sera massacré - après quelques heures - comme en témoignent des vidéos (très dures, attention !) sur ce forum : https://dialogueabraham.forum-pro.fr/t837p15-attentats-au-nigeria#17196Le père Georges Vandenbusch, enlevé par Boko Haram le 14 novembre dernier dans le nord du Cameroun, est resté détenu pendant sept semaines au Nigéria. Sept semaines où il dit avoir vu « l'extrême banalité du mal ».
Mais pour lui, et comme le montre le récent enlèvement de plus de 200 lycéennes nigérianes par ces terroristes, « ce qui est grave, c'est ce qu'ils font aux populations civiles. Il faudrait qu'il y ait un processus de négociation et en même temps une armée pour leur faire la guerre sérieusement ».
http://www.latribune.fr/opinions/tribunes/20140510trib000829160/enlevements-au-nigeria-un-ex-otage-parle-de-boko-haram-lrmbringbackourgirls.html
Malheureusement le manque de volonté politique et le délitement de l’autorité du Nigéria comme de l’Etat du Bornou font que personne ne semble pas, actuellement, en mesure de mettre en œuvre les solutions de bon sens du père Georges Vandenbusch. Il commence même à surgir des accusations de complicité des gouvernants à différents niveaux avec Bokom Haram et il y a fort à parier que ces accusations sont en partie vraies – malgré les dommages considérables causés par toute cette violence au développement économique et humain de cette zone –déjà parmi les plus pauvres du Nigéria.
D. Une situation militaire rapidement évolutive en août 2014
Cette nouvelle stratégie se dessine : c’est la prise de contrôle territorial semblant encercler la capitale régionale : Maiduguri (1.500.000 habitants). Ce mouvement se développe rapidement au cours du mois d’août 2014 et on va assister à un phénomène un peu surprenant : des soldats nigérians, ne disposant pas de munitions, qui vont franchir la frontière du Cameroun pour sauver leurs vies. Plus de 1.000 soldats nigérians ont ainsi du être réintroduits au Nigéria à un autre point de la frontière. Il semble qu'on retrouve la même incurie que l'armée gouvernementale du Mali. Boko Haram semble s'essayer au combat en ligne grâce à un équipement lourd supérieur à l'équipement des troupes nigérianes, mais lors des quelques confrontations directes avec l'armée camerounaise, Boko Haram semble avoir été repoussé et avoir essuyé des pertes conséquentes.
Les prises de contrôle sont indiquées sur cette carte de l'angle nord-est du Nigéria ci-dessous par une flèche rouge.
Après la prise de la ville de Gwoza (300.000 habitants) et le meurtre de l’émir lors d’une embuscade, Abubakar Shekau y proclame un califat islamique le 28 août. Il s'inspire cette fois visiblement de l'Irak. Cette ville est située près de la frontière avec le Cameroun et de la forêt de Sambisa où l’existence d’un camp de Boko Haram est connue de longue date.
La ville frontalière de Gamboru Ngala est prise le 25 août par un millier de combattants de Boko Haram. Sur la rive camerounaise, c’est la ville de Fotokol où sont massés 1.200 soldats camerounais et 8 chars. L’assaut de Boko Haram sur Fotokol le 26 août échouera, les camerounais déclarant avoir tué 40 assaillants. La prise de la ville Dikwa (120.000 habitants), à 90 km de Maïduguri, suivra quelques jours après.
Sur un autre axe la ville de Bama (300.000 habitants) va tomber aux mains des Boko Haram le 1er septembre – en dépit des dénégations des militaires . Cette ville située à 75 Km de Maiduguri. La totalité de la population entre Bama et Maïduguri semble avoir reflué vers le nord fui, c'est à dire vers Maïduguri.
Il en résulte une situation stratégique défavorable à la défense de Maiduguri, potentiellement prise entre un front est venant de Dikwa et un front sud venant de Bama.
Il semble, par ailleurs, que sur les autres deux axes routiers qui pourraient encore servir à l’acheminent de renforts vers Maïduguri en provenance du reste du Nigéria, un grand nombre de ponts aient été sabotés et détruits.«Le Nigeria est sur le point de perdre le contrôle de l’Etat de Bornou, y compris de sa capitale Maiduguri», ce qui permettrait à Boko Haram de «réaliser son ambition d’établir un califat dans le nord-est du Nigeria», se sont alarmés mardi les experts du NSN dans un rapport. «Si Bornou tombe, des territoires des Etats voisins de Yobe et d’Adamawa pourraient suivre», ainsi que «des territoires camerounais frontaliers», «dans un scénario similaire à la progression fulgurante de l’Etat islamique en Irak» et en Syrie, estiment-ils.
http://www.liberation.fr/monde/2014/09/03/boko-haram-menace-de-s-emparer-du-nord-est-du-nigeria_1092804
Tout semble avoir été concerté pour une attaque finale sur Maïduguri avec des conséquences régionales - y compris dans le nord du Cameroun - difficilement prévisibles.
Dernière édition par Roque le Ven 12 Sep - 10:56, édité 1 fois
Roque- Messages : 5064
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Re: Vers un califat au nord-est du Nigéria ?
Source RFI sur le site : http://www.rfi.fr/tag/nigeria/
De source camerounaise : le Cameroun affirme avoir tué plus d’une centaine de combattants de Boko Haram et les djihadistes auraient reculé hors de Gamboru Ngala.
De source nigériane : le Général Chris Olukoladé annonce la reprise de Bama, alors que le sénateur Ahmed Zannah, dont la circonscription couvre Bama, affirment de son côté que l’armée régulière n’a pas du tout repris le dessus dans la ville. Elle serait, selon ses sources, toujours positionnée à 35 kilomètres de Bama.
De source camerounaise : le Cameroun affirme avoir tué plus d’une centaine de combattants de Boko Haram et les djihadistes auraient reculé hors de Gamboru Ngala.
Si l'on en croit ce communiqué, l'attaque serait venue de Gamboru Ngala, une ville nigériane frontalière, séparée de l'Extrême-Nord du Cameroun par un pont. D'après Issa Tchiroma Bakary, samedi vers 13 heures, les islamistes auraient tiré deux obus sur la localité de Fotokol au Cameroun. L'armée aurait alors riposté à l'aide de mortiers.
Bilan, selon Yaoundé, une centaine de combattants tués. Parmi eux, deux touaregs auraient même été clairement identifiés, précise le communiqué. Le porte-parole du gouvernement ajoute que les tirs camerounais auraient été si intenses qu'ils auraient contraint les assaillants à quitter Gamboru Ngala pour prendre position 7 kilomètres plus loin.
Il faut dire que le Cameroun a déployé des moyens dans cette zone très sensible. Boko Haram a pris le contrôle de Gamboru Ngala le 28 août dernier, après plusieurs jours de combats avec l'armée nigériane. 500 soldats nigérians avaient même traversé la frontière pour trouver refuge à Fotokol, tout comme des milliers de civils fuyant les exactions du groupe islamiste
De source nigériane : le Général Chris Olukoladé annonce la reprise de Bama, alors que le sénateur Ahmed Zannah, dont la circonscription couvre Bama, affirment de son côté que l’armée régulière n’a pas du tout repris le dessus dans la ville. Elle serait, selon ses sources, toujours positionnée à 35 kilomètres de Bama.
Les deux localités occupées par Boko Haram se situent au sud de Gwoza approximativement à hauteur de Maroua au Cameroun.Le quotidien nigérian The Guardian cite plusieurs sources militaires qui, sous couvert d'anonymat, précisent que des avions de chasse et des hélicoptères de combat ont été mobilisés pour aider les soldats au sol à combattre Boko Haram et à reprendre la ville.
[...]
L'armée cherche-t-elle à faire diversion alors que Boko Haram a étendu son emprise sur de nouvelles localités plus au sud dans l'État de l'Adamawa ? L'insurrection islamiste s’est en tous les cas installée au cours du week-end dans les villes de Michika et Gulak. Avec ces dernières prises, Boko Haram prolonge son contrôle d'un axe nord-sud le long de la frontière avec le Cameroun dans les montagnes Mandara.
Roque- Messages : 5064
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Re: Vers un califat au nord-est du Nigéria ?
Cela n'est pas du tout farfelu de penser qu'il y a une relation entre le hub djihadiste du sud lybien et Boko Haram. Il y a en effet une zone de territoire très difficile à contrôler entre le Nigéria (aux alentours du Lac Tchad) et le sud lybien le long du tracé de la frontière entre la Niger et le Tchad (j'ai le privilège d'avoir traversé cette zone totalement désertique).
Par ailleurs, depuis juin (après le Sommet de Paris du 17 mai 2014) 80 américains sont installés à Ndjamena pour servir des drones de surveillance du Nigéria - après l'enlèvement des lycéennes à Chibok. Ndjamena n'est qu'à 50 km à vol d'oiseau de la frontière du Nigéria et 90 km de la ville nigériane de Gamboru Ngala, récemment occupée par Boko Haram,
Tactiquement, il est tout à fait possible de faire jouer à l'opération française " Barkhane " centrée sur Ndjamena (Tchad) un rôle de surveillance et d'intervention quadruple : Mali, Centre Afrique, Lybie et ... Nigéria. L'opération Barkhane est une opération menée au Sahel par l'armée française, qui vise à lutter contre le terrorisme dans toute la région du Sahel. Lancée le 1er août 20147, elle prend la suite des opérations Serval et Épervier, également centrées à Ndjamena.C'est la panique. M. Le Drian constate que la Libye de l'après-Kadhafi, devenue la plateforme (il dit : le « hub ») des groupes djihadistes, menace l'Europe, l'Afrique du Nord et l'Afrique subsaharienne. D'où, entre autres, la montée de Boko Haram au Nigeria et la retour des commandos islamistes au Mali : « Le Sud libyen est une sorte de hub où les groupes terroristes viennent s'approvisionner, y compris en armes, et se réorganiser. Leurs principaux chefs, l'émir Droukdel ou Mokhtar Belmokhtar, y transitent régulièrement. Au nord, les centres politiques et économiques du pays sont désormais menacés d'être contrôlés par ces djihadistes. Or la Libye est à la fois la porte de l'Europe et du Sahara », dit le ministre français.
http://plunkett.hautetfort.com/archive/2014/09/10/libye -la-faute-qui-juge-sarkozy-et-juppe-5444690.html#more
Par ailleurs, depuis juin (après le Sommet de Paris du 17 mai 2014) 80 américains sont installés à Ndjamena pour servir des drones de surveillance du Nigéria - après l'enlèvement des lycéennes à Chibok. Ndjamena n'est qu'à 50 km à vol d'oiseau de la frontière du Nigéria et 90 km de la ville nigériane de Gamboru Ngala, récemment occupée par Boko Haram,
Roque- Messages : 5064
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Localisation : Paris
Re: Vers un califat au nord-est du Nigéria ?
La ville de Maiduguri, capitale de l'Etat du Bornou serait encerclée et les Boko Haram sur le point de l'attaquer..
Une dépêche (Le Figaro. 11/09/2014 à 19:14) semblant confirmer le scénario le plus pessimiste.
Information similaire sur :
http://tempsreel.nouvelobs.com/monde/20140911.AFP5824/nigeria-la-ville-de-maiduguri-completement-encerclee-par-boko-haram.html
http://www.lemonde.fr/afrique/article/2014/09/11/au-nigeria-une-ville-completement-encerclee-par-boko-haram_4486263_3212.html
Etant donné que Maiduguri est le berceau même de la création de Boko Haram, il y a fort à parier que des cellules dormantes sont prêtes à passer à l'action. Il n'y a plus que la prière ...
Une dépêche (Le Figaro. 11/09/2014 à 19:14) semblant confirmer le scénario le plus pessimiste.
Les insurgés islamistes de Boko Haram ont encerclé la ville de Maiduguri et préparent une attaque imminente contre ce carrefour commercial du nord-est du Nigeria, a prévenu aujourd'hui un groupe de notables influents de cette région. Boko Haram "a complètement encerclé la ville de Maiduguri", capitale de l'Etat de Borno, a déclaré dans un communiqué le Forum des anciens du Borno, composé d'anciens responsables politiques et militaires et de dirigeants locaux.
"Il est clair que leur cible imminente est la ville de Maiduguri", insistent-ils. "Nous demandons au gouvernement fédéral de fortifier la ville de Maiduguri et ses environs", ajoutent-ils. "Les insurgés (...) nourrissent l'ambition d'attaquer la ville de toutes parts. Il y a des informations crédibles des services de renseignements locaux dans ce sens", précise le texte.
Selon le Forum des anciens, plus de la moitié des 4,1 millions d'habitants de l'Etat de Borno se trouvent actuellement à Maiduguri, berceau historique de Boko Haram, où ils vivent pour la plupart dans des conditions précaires. L'état d'urgence a été instauré dans l'Etat de Borno ainsi que dans les Etats voisins d'Adamawa et de Yobe en mai 2013 dans le but de mettre fin à l'insurrection islamiste de Boko Haram, qui a fait plusieurs milliers de morts en cinq ans.
Mais malgré ces mesures, l'armée nigériane s'est montrée impuissante à stopper l'avancée du groupe extrémiste, dont les attaques se sont encore intensifiées ces derniers mois. Selon les anciens, le gouvernement doit agir rapidement, les insurgés ayant déjà pris le contrôle de villes proches, à l'est et au sud de Maiduguri. Boko Haram s'est récemment emparé de la ville de Bama, à 70 kilomètres de Maiduguri, mais l'armée dit en avoir repris le contrôle depuis.
Auparavant, dans une déclaration vidéo diffusée le 24 août, le chef de Boko Haram, Abubakar Shekau, avait affirmé que les islamistes s'étaient emparés de Gwoza, également dans l'Etat de Borno, qu'il a déclaré avoir placé sous le règne d'un califat islamique.
http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2014/09/11/97001-20140911FILWWW00344-nigeria-une-ville-encerclee-par-boko-haram.php
Information similaire sur :
http://tempsreel.nouvelobs.com/monde/20140911.AFP5824/nigeria-la-ville-de-maiduguri-completement-encerclee-par-boko-haram.html
http://www.lemonde.fr/afrique/article/2014/09/11/au-nigeria-une-ville-completement-encerclee-par-boko-haram_4486263_3212.html
Ignatius Kaïgama. Président de la conférence des évêques catholiques, le 05 septembre 2014 :
Maintenant, tout le monde est visé, y compris les musulmans. Chaque Nigérian est concerné, parce qu'on ne sait jamais où et quand ils pourraient attaquer. Maiduguri est une ville cosmopolite où vivent chrétiens et musulmans, et le diocèse de Maiduguri compte des villages qui ont été attaqués et dont Boko Haram a pris le contrôle.
http://www.rfi.fr/afrique/20140906-nigeria-maiduguri-prepare-fievreusement-assaut-boko-haram/
Etant donné que Maiduguri est le berceau même de la création de Boko Haram, il y a fort à parier que des cellules dormantes sont prêtes à passer à l'action. Il n'y a plus que la prière ...
Dernière édition par Roque le Ven 12 Sep - 11:21, édité 1 fois
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Re: Vers un califat au nord-est du Nigéria ?
Le forum des sages de l'Etat de Bornou appelle l'armée au secours.
Le comité exécutif du groupe des « sages » ou des « anciens », qui compte une soixantaine de notables, notamment des dignitaires religieux et des militaires retraités, redoute une attaque imminente de Boko Haram sur Maiduguri. Le porte-parole du groupe des sages, Bulama Mali Gubio a déclaré ce qui suit :
Le comité exécutif du groupe des « sages » ou des « anciens », qui compte une soixantaine de notables, notamment des dignitaires religieux et des militaires retraités, redoute une attaque imminente de Boko Haram sur Maiduguri. Le porte-parole du groupe des sages, Bulama Mali Gubio a déclaré ce qui suit :
« Boko Haram occupe désormais les principales positions stratégiques d'un point de vue militaire, les insurgés ont la forêt de Sambissa, les collines de Gwoza, et même le centre de formation des policiers, explique Bulama Mali Gubio. Ils contrôlent aussi la quasi-totalité des axes routiers qui mènent à Maiduguri. Ils ont fait sauter des ponts, le seul axe qui échappe encore à leur contrôle est le tronçon " Maiduguri-Kano-Jos ", et encore, les insurgés y tendent parfois des embuscades. »
La population fuit les zones insécurisées. Bulama Mali Gubio décrit une situation très critique pour la population : « Près de la moitié de la population de l'Etat de Borno, qui compte cinq millions d'habitants, se trouve désormais à Maiduguri. Maiduguri est pour tous ces gens la dernière ville. Personne autour ne peut plus les aider, ou les accueillir. Donc la seule option c'est de rester à Maiduguri, soit pour y mourir, soit pour survivre. Nous n'avons nulle part où aller ! »
http://www.rfi.fr/afrique/20140912-nigeria-boko-haram-terrorisme-inquietude-anciens-maiduguri-menace/
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Re: Vers un califat au nord-est du Nigéria ?
L'armée nigériane a fait état d'une victoire contre une centaine de combattants de Boko Haram qui avaient attaqué le marché de Konduga à 35 km de Maiduguri le 12 septembre 2014.
http://afriqueinside.com/depeche/nigeria-larmee-revendique-une-victoire-sur-boko-haram13092014/
Cependant la situation des populations dans la zone contrôlée par Boko Haram reste extrêmement préoccupante.
http://afriqueinside.com/depeche/nigeria-larmee-revendique-une-victoire-sur-boko-haram13092014/
Cependant la situation des populations dans la zone contrôlée par Boko Haram reste extrêmement préoccupante.
Et la réputation sulfureuse des forces armées et de maintien de l'ordre n'est plus à faire ...Selon un groupe local, la Bama Development Foundation, la ville est toujours sous la garde et le contrôle de Boko Haram [...] Il n’y a pas de nourriture à Bama et les habitants doivent aller au palais pour mendier des céréales auprès de l’émir [de Boko Haram], raconte Hajjo Muhammad, réfugiée à Maiduguri depuis mercredi. Les habitants sont obligés de mendier des médicaments au palais et certains meurent de leur maladie, en particulier les enfants, a-t-elle raconté aux journalistes. Une autorisation est même nécessaire pour retirer de l’eau de la rivière, a-t-elle ajouté. Nous vivons tout simplement comme des esclaves, a déclaré M. Muhammad. Selon une autre femme, qui a fui Bama jeudi, Maimuna Ali, les corps décomposés de centaines d’hommes tués dans les combats jonchent les rues de la ville. Les hommes jeunes ont été emprisonnés et les plus âgés obligés de jurer sur le Coran de ne pas combattre, a-t-elle affirmé. On a enduit d’encre un doigt de ceux qui ont prêté serment, comme pour des électeurs ayant voté. Quiconque est intercepté par une patrouille de Boko Haram sans cette marque d’encre risque deux ou trois jours de prison, des coups de fouet et d’être obligé de prêter serment, a ajouté Maimuna Ali.
http://afriqueinside.com/depeche/nigeria-larmee-revendique-une-victoire-sur-boko-haram13092014/
Et une information est passée aujourd'hui 17 septembre 2014 au Conseil des Ministres en France.Amnesty international a fait état il y a quelques semaines, de « violations massives des droits de l’Homme » de la part des militaires et des milices dites civiles dans la région nord du pays. C’est principalement durant les combats et les luttes contre les terroristes que ces exactions auraient lieu. D’après Amnesty international, les preuves attestant de la véracité des faits sont évidentes et des enregistrements vidéo mais également des témoignages crédibles viennent renforcer les soupçons qui existaient déjà. On peut notamment voir sur des images tournées dans l’Etat de Borno, des hommes de l’armée nigériane procéder à des exécutions sommaires. Certaines scènes sont particulièrement choquantes puisqu’on y voit des détenus égorgés et jetés à même les fosses communes
http://afriqueinside.com/politique/nigeria-les-mensonges-larmee-pointes-du-doigt13092014/
Le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, s'est inquiété aujourd'hui en Conseil des ministres de la "menace" croissante représentée par Boko Haram dans le nord du Nigeria, a indiqué le porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll.
Laurent Fabius, a-t-il poursuivi devant la presse, a appelé à ce que des dispositions soient prises pour éviter "toute progression" des insurgés islamistes dans le pays. Faisant un tour d'horizon de la situation internationale, le ministre a fait état pour le Nigeria de "la menace de Boko Haram, qui se précise sur le nord (du pays) avec en particulier, une cible nouvelle, une capitale du nord" du Pays. "Il y a là, bien sûr, un élément extrêmement inquiétant", a souligné le porte-parole du gouvernement, lors d'un point de presse à l'issue du Conseil des ministres.
http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2014/09/17/97001-20140917FILWWW00179-fabius-inquiet-de-la-menace-de-boko-haram.php
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Re: Vers un califat au nord-est du Nigéria ?
La torture fait partie du système de maintien de l'ordre au Nigeria", dénonce Amnesty International
Nigéria : 25 villes seraient sous la coupe de Boko Haram
Selon un rapport Amnesty International rendu public jeudi [18 septembre 2014], les cas de tortures au sein des forces de sécurités au Nigeria "vont bien au-delà de ceux dont sont victimes les membres de Boko Haram".
"Dans tout le pays, l'ampleur et la gravité des tortures infligées aux hommes, femmes et enfants nigérians par les autorités censées les protéger sont insoutenables même pour les observateurs des droits humains les plus endurcis", a déclaré Netsanet Belay, directeur de la recherche à Amnesty International, dans un communiqué accompagnant la sortie du rapport.
http://www.jeuneafrique.com/Article/ARTJAWEB20140919121817/defense-securite-torture-boko-haram-nigeria-la-torture-fait-partie-du-systeme-de-maintien-de-l-ordre-au-nigeria-denonce-amnesty.html
Nigéria : 25 villes seraient sous la coupe de Boko Haram
Selon un évêque catholique du nord-est du Nigeria, les terroristes de Boko Haram ont pris le contrôle d'au moins 25 villes de cette région. Le nord-est du Nigeria est en partie sous la coupe de Boko Haram. D'après l'évêque catholique Oliver Dashe, en un mois, dix villes de l'État de Yobe, autant de l'État de Bornou et cinq dans l'Adamawa sont tombées aux mains de ces insurgés islamistes radicaux, qui revendiquent la création d'un califat dans cette région.
[...]
L'évêque catholique accuse le gouvernement de "quasi-inaction" face à l'insécurité croissante et d"'indifférence", alors que des jeunes hommes sont enrôlés de force dans les rangs des islamistes et des femmes sont mariées de force à des insurgés. "Le gouvernement (...) nous a déçus et nous avons perdu toute confiance en le gouvernement et dans nos dirigeants", a-t-il conclu.
http://afriqueinside.com/depeche/boko-haram-controle-25-villes-du-nord-du-nigeria18092014/
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Re: Vers un califat au nord-est du Nigéria ?
Merci encore pour ton suivi sur ce sujet
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Re: Vers un califat au nord-est du Nigéria ?
http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2014/09/24/97001-20140924FILWWW00407-niger-l-armee-dit-que-le-chef-de-boko-haram-est-mort.phpL'armée nigériane a affirmé pour la première fois aujourd'hui que le chef de Boko Haram, Abubakar Shekau, était mort, sans préciser de date ni de lieu, et qu'elle avait abattu récemment un chef islamiste se faisant passer pour lui.
[...]
Des habitants des communautés locales "ont corroboré les informations sur l'identité de ce Bashir Mohammed, alias Abubakar Shekau, alias Abacha Abdullahi Geidam, alias Damasack, etc...", a précisé le porte-parole de l'armée, qui s'exprimait au cours d'une conférence de presse à Abuja.
Il convient de prendre cette information avec prudence non seulement parce que la mort d'Abubakar Shekau a été antérieurement annoncée à plusieurs reprises, mais parce c'est d'abord le site de l'armée camerounaise qui a publié la photo d'un cadavre ressemblant a Aboubacar Shekau revendiquant sa mort à Gamboru Ngala, lors de combats sur la frontière alors que l'armée nigériane situe sa mort à Konduga à 35 Km au sud de Maïduguri.
http://www.afrik.com/boko-haram-abubakar-shekau-tue-par-l-armee-camerounaise
A l'appui de cette information, une vidéo de 8 mn montrant une bonne cinquantaine de morts - curieusement la plupart en civil - le long d'une route dans ce qui ressemble plus à un village qu'à une ville - avec vers 6 mn un cadavre pouvant ressembler à Abubakar Shekau (âmes sensibles s'abstenir).
http://www.info-afrique.com/7967-abubakar-shekau-mort/
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Re: Vers un califat au nord-est du Nigéria ?
Les américains ne croient pas à la mort d'Abubakar Shekau.
Bien sûr la prudence relève du bon sens (où sont les analyses ADN ?), mais où sont les résultats de la lutte contre Boko Haram ? L'engagement des nigérians, des américains et " autres occidentaux " pour la libération des jeunes filles enlevées et pour la reconquête du territoire perdu est loin d'être probante.
Il reste que pour Mahamadou Issoufou, président du Niger, la menace n'est pas éteinte. Son appel à la mobilisation conte Boko Haram à la tribune de l'ONU :
http://www.jeuneafrique.com/actu/20140926T060035Z20140926T060010Z/nigeria-les-etats-unis-ne-croient-pas-a-la-mort-du-chef-de-boko-haram.html" Les Nigérians ont annoncé plusieurs fois que le chef de Boko Haram était mort et à chaque fois nous nous rendons compte que ce n'est pas vrai", a encore commenté ce diplomate américain. J'ai lu récemment que quelqu'un ressemblant à Shekau ou qu'un imposteur avait été tué et puis j'ai lu par la suite que Shekau lui-même avait été tué ", a ironisé le responsable.
[...]
"Nous sommes toujours engagés à ramener ces filles chez elles", mais "c'est un énorme défi", a reconnu le diplomate du département d'Etat. Il a souligné que "l'objectif ultime" de Washington était de "stopper le terrorisme de Boko Haram dans le nord du Nigeria".
Bien sûr la prudence relève du bon sens (où sont les analyses ADN ?), mais où sont les résultats de la lutte contre Boko Haram ? L'engagement des nigérians, des américains et " autres occidentaux " pour la libération des jeunes filles enlevées et pour la reconquête du territoire perdu est loin d'être probante.
Il reste que pour Mahamadou Issoufou, président du Niger, la menace n'est pas éteinte. Son appel à la mobilisation conte Boko Haram à la tribune de l'ONU :
http://www.rfi.fr/afrique/20140926-onu-le-president-issoufou-plaide-une-mobilisation-contre-boko-haram/« S’agissant du Nigeria, Boko Haram y fait montre d’une agressivité et d’une barbarie jamais observées auparavant. Avec ces récentes incursions au Cameroun et l’occupation de territoires de plus en plus importants, allant jusqu’à menacer Maiduguri, la capitale de l'État fédéré de Borno, la preuve est clairement faite que ce groupe terroriste nourrit des desseins plus larges qu’on ne le pensait », pour Mahamadou Issoufou, le président nigérien, la situation est grave et il n’a pas mâché ses mots à la tribune de l’ONU.
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Re: Vers un califat au nord-est du Nigéria ?
Une analyse exhaustive de France 24 de la " Troisième mort d'Abubakar Shekau " qui semble - finalement - être une fausse information :
http://observers.france24.com/fr/content/20140926-decryptage-abubakar-shekau-leader-boko-haram-mort-nigeria
Etant à la recherche d'informations - un peu au hasard - sur des sites africains : nigérians, ivoiriens, camerounais, etc ... depuis quelques semaines, il me semble que les rumeurs viennent compenser l'absence d'informations de première main. L'opacité de la communication de l'armée et de l'Etat nigérians sur le déroulement des opérations contre Boko Haram me semble tout à fait remarquable.
http://observers.france24.com/fr/content/20140926-decryptage-abubakar-shekau-leader-boko-haram-mort-nigeria
Etant à la recherche d'informations - un peu au hasard - sur des sites africains : nigérians, ivoiriens, camerounais, etc ... depuis quelques semaines, il me semble que les rumeurs viennent compenser l'absence d'informations de première main. L'opacité de la communication de l'armée et de l'Etat nigérians sur le déroulement des opérations contre Boko Haram me semble tout à fait remarquable.
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Re: Vers un califat au nord-est du Nigéria ?
Petit raccord avec le dernier post d'octobre 2014
Depuis l'enlèvement de 263 lycéennes à Chibok, en Avril 2014, les enlèvements de jeunes filles et de femmes se sont poursuivis par petits groupes de 30 ou 60. J’estime ce nombre à environ 300 jusqu’à cet enlèvement massif de 500 femmes avec des enfants (1) suivi, il est vrai, de la libération de 192 autres considérées comme otages, un peu plus tard (2).
Des informations diffusées à l'origine dans la presse camerounaise - ont voulu faire croire à la mort d’Abukakar Shekau, leader de Boko Haram. Mais il est bien réapparu en octobre 2014 (précédent post). En novembre 2014, une autre affaire rocambolesque : la double fausse annonce d’un accord signé de cessez le feu avec Boko Haram et de libération des jeunes filles de Chibok entre Boko Haram et l’armée nigériane. L’erreur proviendrait du fait que ce double « accord » aurait été passé avec des personnes non mandatés par Boko Haram, à moins qu’il s’agisse d’une stratégie de désinformation délibérée. Bien plus, en décembre 2014, Abubakar Shekau, dans une vidéo, va menacer directement Paul Biya, président du Cameroun !
De fait, les combattants de Boko Haram font de fréquentes incursions pour se ravitailler (piller) – en dehors des attaques armées proprement dites – dans la bande frontalière nigériano-camerounaise. Il est à craindre qu’ils ne disposent déjà de sympathisants et même de complices (par exemple ces bons et respectables « el hadjis » ayant acheté des jeunes filles enlevés pour « les marier »), voire de quelques bases arrières ou agents dormants.
Maiduguri, capitale de l'Etat du Bornou (4.500.000 ha) est aux 3/4 encerclée.
Boko Haram a poursuivi sa politique d'occupation territoriale permanente. Le territoire sous son contrôle s'est nettement étendu en direction du Lac Tchad à point de convergence des frontières de quatre pays : le Niger, le Tchad, le Cameroun et le Nigéria. L’armée nigériane a essuyé une sévère défaite stratégique en perdant les bases militaires de Baga (04 janvier 2015) et de Monguno (25 janvier 2015).
Pour une raison inconnue, les forces camerounaises et tchadiennes à Baga dans le cadre d’une force multinationale annoncée dès novembre 2014 – étaient absentes de Baga au moment de l’attaque de Boko Haram. La garnison nigériane de Baga a été facilement bousculée. Dans la foulée une quinzaine de villages ont été rasés et une population estimée à 2000 personnes a été massacrée. Depuis la fin 2014, Maïduguri, capitale de l’état du Bornou est confrontées à Boko Haram au sud, à l'est et au nord ne disposant plus que d’un seul axe routier vers l'ouest - sujet à des attaques occasionnelles - le reliant en deux jours à la capitale (route en très mauvais état).
En raison des élections présidentielles dans 8 jours, le pouvoir d’Abuja (capitale du Nigéria) semble disposé, aujourd'hui, à défendre cette ville emblématique, mais après ces élections personne au Nigéria ne peut garantir que Maïduguri, berceau historique de Boko Haram, ne changera pas de mains. Et la chute de cet état de Bornou toute entier pourrait être le prélude à une contamination, de proche en proche, menaçant le Nigéria tout entier.
La régionalisation du conflit
Le Tchad pénètre au Cameroun avec quelque 400 véhicules militaires le 17 janvier 2014 après avoir proposé son aide au Cameroun. Plusieurs raisons à cette intervention du Tchad (mon analyse !) :
1. La proximité géographique des positions avancées de Boko Haram par rapport au Tchad (Gambaru à 90 Km et Baga : 20 Km),
2. Le renforcement considérable de ce petit groupe de zélotes devenu une armée équipée et aguerrie capable d'occuper une large territoire de façon permanente (leur nombre est inconnu, mais pourrait compter plusieurs milliers de combattants) ; ce renforcement a profité de l'inertie assez inexplicable de l'armée nigériane pourtant pourvue d'un budget considérable,
3. La menace d'invasion par Boko Haram du département de l'Extrême-Nord au Cameroun qui serait une défaite stratégique majeure autant pour le Cameroun que pour le Tchad (il y a des raisons de penser que dans ce " nord musulman " des complicités latentes existent déjà ... ainsi qu'au Tchad, même !) (3); et
4. Les intérêts économiques liés du Cameroun et du Tchad : l'axe routier Kousseiri-Maroua-Garoua est vital pour l'économie du Tchad qui ne dispose que de trois voies d'exportation : par le Nigéria (bloquée depuis un an), par le Nord du Cameroun et par la voie Moundou Ngaoundéré. Enfin le pétrole tchadien est exporté en passant par le sud du Cameroun (terminal de Kribi).
Le contexte est aussi celui d'un appel à la constitution d'une force multinationale de 7500 hommes par l'Union Africaine (4). Personne n'évoque le lien possible avec la constitution du " hub " terroriste dans le sud lybien. Mais de mon point de vue (non-expert) : tant que Boko Haram occupe - comme c'est actuellement le cas - la zone du Lac Tchad (Baga), très peu de chose - en dépit de la distance - peut empêcher une acheminement de matériel lourd occasionnel - à travers des zones pratiquement non surveillées et inhabitées - depuis la Lybie jusqu'au Lac Tchad.
Le développement des opérations depuis mardi 3 février 2014
Le mardi 03 février 2015, environ 2000 soldats tchadiens positionnés à Fotokol (Cameroun) pénètrent dans la ville de Gambaru (85.000 Ha.) en traversant la frontière vers le Nigéria matérialisée par un pont de 500 mètres. Cet assaut de la ville a été précédé par le bombardement de deux hélicoptères d'attaque de l'armée tchadienne. Boko Haram reflue en désordre laissant 123 morts contre 3 morts dans l'armée tchadienne (3).
Mais le lendemain 04 février 2015 à l'aube vers 04 heure du matin (au moment de la prière), les éléments de Boko Haram, contournant les positions des tchadiens, sans doute concentrées dans Gamboru vont s'infiltrer dans plusieurs quartiers de Fotokol et pénétrer dans plusieurs mosquées où il vont tuer toutes les personnes présentes dont l'imam de la Grande Mosquée. Ensuite, ils vont passer de maison en maison tuant tous les hommes pendant plusieurs heures. Il faut imaginer que le périmètre urbain laissé " en arrière " de l'assaut tchadien n'aura pas été sécurisé par les forces de sécurité camerounaises. Le massacre ne sera stoppé que vers 10 heures du matin avec le passage en sens inverse de Gambaru à Fotokol des forces tchadiennes. Pour l'essentiel, ce qui en résulte est un massacre de population civile désarmée entre 70 et plusieurs centaines selon les sources ! Le bilan présenté globalement (03 et 04 février) est de 13 soldats tchadiens au moins 7 camerounais.
Le 05 février 2015, Boko Haram lance pour la première fois une attaque sur la ville de Bosso (50.000 ha.) situé au Niger, ville jumelle de Malam Fatori situé au Nigéria. Mais cette zone est directement environnée par des forces tchadiennes qui ont pilonné depuis Malam Fatori depuis plusieurs jours (7 et 8) et les forces nigériennes situées à Bosso et Diffa vont contre-attaquer et vont exercer un droit de suite sur Doutchi et Damasak, villes situées au Nigéria avant même le vote imminent de l'assemblée nationale pour l'engagement armé du Niger aux coté du Tchad.
En dépit des précautions diplomatiques - évitant d'afficher une volonté d'invasion du territoire nigérian - se dessine une stratégie de l'armée tchadienne de prise en tenaille de Baga - appuyée par l'armée nigérienne. L'armée française basée à N'Djaména (opération Barkhane) fournit l'observation aérienne et une centre d'échange de renseignement franco-tchado-nigérien vient d'être créé à N'Djaména. J'avoue que je m'intéresse à ce sujet parce que j'ai vécu dans cette zone pendant près de 18 ans !
(1) http://www.elle.fr/Societe/News/Les-femmes-enlevees-par-centaines-par-Boko-Haram-au-Nigeria-2877768
(2) http://www.rtl.fr/actu/international/nigeria-boko-haram-libere-192-otages-7776328181
(3) http://www.lemonde.fr/afrique/article/2015/02/04/le-tchad-en-premiere-ligne-face-a-boko-haram_4569516_3212.html
(4) http://www.lemonde.fr/afrique/article/2015/02/06/pourquoi-le-tchad-s-engage-dans-la-lutte-contre-boko-haram_4571142_3212.html
(5) http://www.rtl.fr/actu/international/boko-haram-trois-soldats-tchadiens-et-123-islamistes-tues-au-cameroun-7776398500
(6) http://www.jeuneafrique.com/Article/ARTJAWEB20150205125005/terrorisme-union-africaine-boko-haram-arm-e-tchadiennecameroun-13-militaires-tchadiens-tu-s-fotokol-force-r-gionale-en-vue-contre-boko-haram.html
(7) http://www.bbc.co.uk/afrique/region/2015/01/150129_chad_nigeria
(8) http://www.lavoixdelamerique.com/content/nigeria-l-armee-tchadienne-aurait-repris-malumfatori-a-boko-haram/2618595.html
Depuis l'enlèvement de 263 lycéennes à Chibok, en Avril 2014, les enlèvements de jeunes filles et de femmes se sont poursuivis par petits groupes de 30 ou 60. J’estime ce nombre à environ 300 jusqu’à cet enlèvement massif de 500 femmes avec des enfants (1) suivi, il est vrai, de la libération de 192 autres considérées comme otages, un peu plus tard (2).
Des informations diffusées à l'origine dans la presse camerounaise - ont voulu faire croire à la mort d’Abukakar Shekau, leader de Boko Haram. Mais il est bien réapparu en octobre 2014 (précédent post). En novembre 2014, une autre affaire rocambolesque : la double fausse annonce d’un accord signé de cessez le feu avec Boko Haram et de libération des jeunes filles de Chibok entre Boko Haram et l’armée nigériane. L’erreur proviendrait du fait que ce double « accord » aurait été passé avec des personnes non mandatés par Boko Haram, à moins qu’il s’agisse d’une stratégie de désinformation délibérée. Bien plus, en décembre 2014, Abubakar Shekau, dans une vidéo, va menacer directement Paul Biya, président du Cameroun !
De fait, les combattants de Boko Haram font de fréquentes incursions pour se ravitailler (piller) – en dehors des attaques armées proprement dites – dans la bande frontalière nigériano-camerounaise. Il est à craindre qu’ils ne disposent déjà de sympathisants et même de complices (par exemple ces bons et respectables « el hadjis » ayant acheté des jeunes filles enlevés pour « les marier »), voire de quelques bases arrières ou agents dormants.
Maiduguri, capitale de l'Etat du Bornou (4.500.000 ha) est aux 3/4 encerclée.
Boko Haram a poursuivi sa politique d'occupation territoriale permanente. Le territoire sous son contrôle s'est nettement étendu en direction du Lac Tchad à point de convergence des frontières de quatre pays : le Niger, le Tchad, le Cameroun et le Nigéria. L’armée nigériane a essuyé une sévère défaite stratégique en perdant les bases militaires de Baga (04 janvier 2015) et de Monguno (25 janvier 2015).
Pour une raison inconnue, les forces camerounaises et tchadiennes à Baga dans le cadre d’une force multinationale annoncée dès novembre 2014 – étaient absentes de Baga au moment de l’attaque de Boko Haram. La garnison nigériane de Baga a été facilement bousculée. Dans la foulée une quinzaine de villages ont été rasés et une population estimée à 2000 personnes a été massacrée. Depuis la fin 2014, Maïduguri, capitale de l’état du Bornou est confrontées à Boko Haram au sud, à l'est et au nord ne disposant plus que d’un seul axe routier vers l'ouest - sujet à des attaques occasionnelles - le reliant en deux jours à la capitale (route en très mauvais état).
En raison des élections présidentielles dans 8 jours, le pouvoir d’Abuja (capitale du Nigéria) semble disposé, aujourd'hui, à défendre cette ville emblématique, mais après ces élections personne au Nigéria ne peut garantir que Maïduguri, berceau historique de Boko Haram, ne changera pas de mains. Et la chute de cet état de Bornou toute entier pourrait être le prélude à une contamination, de proche en proche, menaçant le Nigéria tout entier.
La régionalisation du conflit
Le Tchad pénètre au Cameroun avec quelque 400 véhicules militaires le 17 janvier 2014 après avoir proposé son aide au Cameroun. Plusieurs raisons à cette intervention du Tchad (mon analyse !) :
1. La proximité géographique des positions avancées de Boko Haram par rapport au Tchad (Gambaru à 90 Km et Baga : 20 Km),
2. Le renforcement considérable de ce petit groupe de zélotes devenu une armée équipée et aguerrie capable d'occuper une large territoire de façon permanente (leur nombre est inconnu, mais pourrait compter plusieurs milliers de combattants) ; ce renforcement a profité de l'inertie assez inexplicable de l'armée nigériane pourtant pourvue d'un budget considérable,
3. La menace d'invasion par Boko Haram du département de l'Extrême-Nord au Cameroun qui serait une défaite stratégique majeure autant pour le Cameroun que pour le Tchad (il y a des raisons de penser que dans ce " nord musulman " des complicités latentes existent déjà ... ainsi qu'au Tchad, même !) (3); et
4. Les intérêts économiques liés du Cameroun et du Tchad : l'axe routier Kousseiri-Maroua-Garoua est vital pour l'économie du Tchad qui ne dispose que de trois voies d'exportation : par le Nigéria (bloquée depuis un an), par le Nord du Cameroun et par la voie Moundou Ngaoundéré. Enfin le pétrole tchadien est exporté en passant par le sud du Cameroun (terminal de Kribi).
Le contexte est aussi celui d'un appel à la constitution d'une force multinationale de 7500 hommes par l'Union Africaine (4). Personne n'évoque le lien possible avec la constitution du " hub " terroriste dans le sud lybien. Mais de mon point de vue (non-expert) : tant que Boko Haram occupe - comme c'est actuellement le cas - la zone du Lac Tchad (Baga), très peu de chose - en dépit de la distance - peut empêcher une acheminement de matériel lourd occasionnel - à travers des zones pratiquement non surveillées et inhabitées - depuis la Lybie jusqu'au Lac Tchad.
Le développement des opérations depuis mardi 3 février 2014
Le mardi 03 février 2015, environ 2000 soldats tchadiens positionnés à Fotokol (Cameroun) pénètrent dans la ville de Gambaru (85.000 Ha.) en traversant la frontière vers le Nigéria matérialisée par un pont de 500 mètres. Cet assaut de la ville a été précédé par le bombardement de deux hélicoptères d'attaque de l'armée tchadienne. Boko Haram reflue en désordre laissant 123 morts contre 3 morts dans l'armée tchadienne (3).
Mais le lendemain 04 février 2015 à l'aube vers 04 heure du matin (au moment de la prière), les éléments de Boko Haram, contournant les positions des tchadiens, sans doute concentrées dans Gamboru vont s'infiltrer dans plusieurs quartiers de Fotokol et pénétrer dans plusieurs mosquées où il vont tuer toutes les personnes présentes dont l'imam de la Grande Mosquée. Ensuite, ils vont passer de maison en maison tuant tous les hommes pendant plusieurs heures. Il faut imaginer que le périmètre urbain laissé " en arrière " de l'assaut tchadien n'aura pas été sécurisé par les forces de sécurité camerounaises. Le massacre ne sera stoppé que vers 10 heures du matin avec le passage en sens inverse de Gambaru à Fotokol des forces tchadiennes. Pour l'essentiel, ce qui en résulte est un massacre de population civile désarmée entre 70 et plusieurs centaines selon les sources ! Le bilan présenté globalement (03 et 04 février) est de 13 soldats tchadiens au moins 7 camerounais.
Le 05 février 2015, Boko Haram lance pour la première fois une attaque sur la ville de Bosso (50.000 ha.) situé au Niger, ville jumelle de Malam Fatori situé au Nigéria. Mais cette zone est directement environnée par des forces tchadiennes qui ont pilonné depuis Malam Fatori depuis plusieurs jours (7 et 8) et les forces nigériennes situées à Bosso et Diffa vont contre-attaquer et vont exercer un droit de suite sur Doutchi et Damasak, villes situées au Nigéria avant même le vote imminent de l'assemblée nationale pour l'engagement armé du Niger aux coté du Tchad.
En dépit des précautions diplomatiques - évitant d'afficher une volonté d'invasion du territoire nigérian - se dessine une stratégie de l'armée tchadienne de prise en tenaille de Baga - appuyée par l'armée nigérienne. L'armée française basée à N'Djaména (opération Barkhane) fournit l'observation aérienne et une centre d'échange de renseignement franco-tchado-nigérien vient d'être créé à N'Djaména. J'avoue que je m'intéresse à ce sujet parce que j'ai vécu dans cette zone pendant près de 18 ans !
(1) http://www.elle.fr/Societe/News/Les-femmes-enlevees-par-centaines-par-Boko-Haram-au-Nigeria-2877768
(2) http://www.rtl.fr/actu/international/nigeria-boko-haram-libere-192-otages-7776328181
(3) http://www.lemonde.fr/afrique/article/2015/02/04/le-tchad-en-premiere-ligne-face-a-boko-haram_4569516_3212.html
(4) http://www.lemonde.fr/afrique/article/2015/02/06/pourquoi-le-tchad-s-engage-dans-la-lutte-contre-boko-haram_4571142_3212.html
(5) http://www.rtl.fr/actu/international/boko-haram-trois-soldats-tchadiens-et-123-islamistes-tues-au-cameroun-7776398500
(6) http://www.jeuneafrique.com/Article/ARTJAWEB20150205125005/terrorisme-union-africaine-boko-haram-arm-e-tchadiennecameroun-13-militaires-tchadiens-tu-s-fotokol-force-r-gionale-en-vue-contre-boko-haram.html
(7) http://www.bbc.co.uk/afrique/region/2015/01/150129_chad_nigeria
(8) http://www.lavoixdelamerique.com/content/nigeria-l-armee-tchadienne-aurait-repris-malumfatori-a-boko-haram/2618595.html
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Re: Vers un califat au nord-est du Nigéria ?
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