Adam dans les textes patristiques
Page 1 sur 1
Adam dans les textes patristiques
Commençons par définir le mot Adam/adam. C'est tout d'abord un nom commun, collectif dans la Bible qui renvoie à l'homme et certaines traductions parlent donc du "terreux", "celui qui a été tiré de la terre (un des sens possibles et peut-être populaire de cette étymologie avec adamâ sol/terre/glaise).
Flavius Josèphe fait lui-même dériver adam du verbe dm qui veut dire rouge/roux/brun (couleur de la peau proche de la terre). Un apparentement entre la couleur de la peau et donc de l'homme à la terre. Les deux sens se rejoignent favorablement.
Les traductions plus tardives vont consolider son sens actuel dans son assimilation à l'homme moderne. Adam peut donc poser certains problèmes de traductions, rendu en grec par anthropos et en latin par homo, il se distingue du anêr/gunêr grecs ou du vir/mulier latin (homme et femme). Ces langues possédaient un terme pour désigner l'être humaine, sans se prononcer sur son sexe, et peuvent ainsi plus aisément traduire le récit de la Genèse.
Parmi les personnages de la Bible, sans doute Adam, dès lors le premier, est-il le plus célèbre: on en connait ses mésaventures qui lui sont arrivées alors que, créé par Dieu à partir de la glaise du sol et du souffle divin, modelé avec amour par Celui qui le distingue déjà du reste de la Création, il va désobéir et manger le fruit de l'arbre du bien et du mal... Ève, la compagne qui lui est assortie, a été tirée de son côté, et les Pères de l'Église souligneront souvent, comme Augustin ou Jean Chrysostome, qu'elle est née du côté d'Adam comme l'Église du côté du Christ en Croix:
"Adam dort pour qu'Ève soit formée; le Christ meurt pour que l'Église soit formée. Pendant le sommeil d'Adam, Ève est formée de son côté; après la mort du Christ son côté est frappé par la lance afin que jaillissent les sacrements dont sera formé l'Église. Qui ne verrait que dans ces faits du passé, l'avenir était figuré, puisque l'Apôtre déclare qu'Adam lui-même était le type de celui qui doit venir: Il est, dit-il, le type de celui qui doit venir (Rm 5:14). Tout était d'avance mystérieusement figuré. Il ne faut croire en effet que Dieu n'était pas réellement capable e tirer une côte d'Adam éveillé pour en former la femme. Ou bien pour que son côté ne souffrît pas quand la côte lui fut enlevée, était-il nécessaire qu'il dormît ? Mais qui pourrait dormir si profondément qu'on puisse lui arracher des os sans qu'il s'éveille ? Ou bien l'homme était-il insensible parce que c'était Dieu qui lui enlevait cette côte ? Il pouvait donc aussi la lui arracher sans douleur pendait qu'il était éveillé puisqu'il a pu le faire durant son sommeil" (Augustin, Homélies sur l'Évangile de Jean).
Quant à Jean de Chrysostome:
"Et il jaillit de son côté de l'eau et du sang (Jn. 19:34). Ne passe pas avec indifférence, mon bien-aimé, auprès du mystère. Car j'ai encore une autre interprétation mystique à te donner. J'ai dit que cette eau et ce sang étaient le symbole du baptême et des mystères. Or, l'Église est née de ces deux sacrements: par ce bain de la renaissance et de la rénovation dans l'Esprit, par le baptême donc, par les mystères. Or, les signes du baptême et des mystères sont issus du côté. Par conséquent le Christ a formé l'Église à partir de son côté, comme il a formé Ève à parti du côté d'Adam". (Catéchèse baptismale).
Flavius Josèphe fait lui-même dériver adam du verbe dm qui veut dire rouge/roux/brun (couleur de la peau proche de la terre). Un apparentement entre la couleur de la peau et donc de l'homme à la terre. Les deux sens se rejoignent favorablement.
Les traductions plus tardives vont consolider son sens actuel dans son assimilation à l'homme moderne. Adam peut donc poser certains problèmes de traductions, rendu en grec par anthropos et en latin par homo, il se distingue du anêr/gunêr grecs ou du vir/mulier latin (homme et femme). Ces langues possédaient un terme pour désigner l'être humaine, sans se prononcer sur son sexe, et peuvent ainsi plus aisément traduire le récit de la Genèse.
Parmi les personnages de la Bible, sans doute Adam, dès lors le premier, est-il le plus célèbre: on en connait ses mésaventures qui lui sont arrivées alors que, créé par Dieu à partir de la glaise du sol et du souffle divin, modelé avec amour par Celui qui le distingue déjà du reste de la Création, il va désobéir et manger le fruit de l'arbre du bien et du mal... Ève, la compagne qui lui est assortie, a été tirée de son côté, et les Pères de l'Église souligneront souvent, comme Augustin ou Jean Chrysostome, qu'elle est née du côté d'Adam comme l'Église du côté du Christ en Croix:
"Adam dort pour qu'Ève soit formée; le Christ meurt pour que l'Église soit formée. Pendant le sommeil d'Adam, Ève est formée de son côté; après la mort du Christ son côté est frappé par la lance afin que jaillissent les sacrements dont sera formé l'Église. Qui ne verrait que dans ces faits du passé, l'avenir était figuré, puisque l'Apôtre déclare qu'Adam lui-même était le type de celui qui doit venir: Il est, dit-il, le type de celui qui doit venir (Rm 5:14). Tout était d'avance mystérieusement figuré. Il ne faut croire en effet que Dieu n'était pas réellement capable e tirer une côte d'Adam éveillé pour en former la femme. Ou bien pour que son côté ne souffrît pas quand la côte lui fut enlevée, était-il nécessaire qu'il dormît ? Mais qui pourrait dormir si profondément qu'on puisse lui arracher des os sans qu'il s'éveille ? Ou bien l'homme était-il insensible parce que c'était Dieu qui lui enlevait cette côte ? Il pouvait donc aussi la lui arracher sans douleur pendait qu'il était éveillé puisqu'il a pu le faire durant son sommeil" (Augustin, Homélies sur l'Évangile de Jean).
Quant à Jean de Chrysostome:
"Et il jaillit de son côté de l'eau et du sang (Jn. 19:34). Ne passe pas avec indifférence, mon bien-aimé, auprès du mystère. Car j'ai encore une autre interprétation mystique à te donner. J'ai dit que cette eau et ce sang étaient le symbole du baptême et des mystères. Or, l'Église est née de ces deux sacrements: par ce bain de la renaissance et de la rénovation dans l'Esprit, par le baptême donc, par les mystères. Or, les signes du baptême et des mystères sont issus du côté. Par conséquent le Christ a formé l'Église à partir de son côté, comme il a formé Ève à parti du côté d'Adam". (Catéchèse baptismale).
Doute-Pieux- Messages : 243
Réputation : 0
Date d'inscription : 26/04/2012
Re: Adam dans les textes patristiques
Si les mouvements au sein de l'Église contemporaine font une place importante à la lecture symbolique (si ce n'est aujourd'hui majoritairement allégorique), ce n'était pas le cas à l'époque de ces textes.
Cet angle est très stimulant concernant Adam et la Genèse qui n'est pas une représentation scientifique de l'apparition de l'homme sur terre mais les fondements de sa relation avec Dieu dès l'origine et du sens de son existence.
Les Pères vont donc poser dans l'orthodoxie de l'Église, une lecture hautement symbolique de ces textes de la Genèse. Les rapprochements entre Adam/Christ, Ève/Marie ou l'Église, existaient déjà à travers Paul de Tarse. Ce n'est donc pas une découverte mais un prolongement.
Origène, considéré par beaucoup comme le plus grand commentateur biblique du troisième siècle, propose dans ses Homélies sur la Genèse une démarche offrant un sens littéral assez ésotérique qui ne pourrait aller sans le sens symbolique pour comprendre l'auteur. Origène avec une rigueur littéraire le lie intrinsèquement avec une interprétation symbolique. Ici, Origène explique comment Dieu donne à l'homme sa nourriture (herbes, légumes, fruits) et comment l'homme peut, face à ses fruits de la terre, avoir un comportement juste ou un comportement injuste. Il dit que cette nourriture qu'elle représente les passions de l'homme: colère, convoitise, envie... La colère peut-être bonne (révolte contre l'injustice) ou mauvaise (colère de Caïn). Il oppose une nourriture bonne et une "nourriture bestiale".
"Quand notre âme convoite et s'épuise en soupirant vers le Dieu vivant(Ps. 83:3), la convoitise reste notre nourriture. Mais si nous regardons une femme étrangère pour la convoiter ou si nous convoitons quelque bien du prochain, la convoitise devient une nourriture bestiale..."
Épiphane de Salamine au quatrième siècle met en scène la descente du Christ aux enfers (enfer dans le sens de Shéol/Hadès et non "l'étang de feu"/Géhenne/Enfer), qui va rechercher Adam après sa mort et avant sa Résurrection à l'aube de Pâques, ce passage montre que l'auteur n'est pas dupe d'une lecture littérale et au contraire use de toutes les ressources de sens apportées par une lecture symbolique:
"Un grand silence règne aujourd'hui sur la terre, un grand silence et une grande solitude. Un grand silence parce que le Roi dort. La terre a tremblé et s'est calmée parce que Dieu s'est endormi dans la chair et qu'il est allé réveiller du sommeil ceux qui séjournaient dans les enfers...
Il va chercher Adam, notre premier Père, la brebis perdue. Il veut aller visiter tous ceux qui sont assis dans les ténèbres et à l'ombre de la mort. Il va, pour délivrer de leurs douleurs Adam dans ses liens et Ève, captive avec lui, lui qui est en même temps leur Dieu et leur Fils. Descendons donc avec lui pour voir l'Alliance entre Dieu et les hommes. Là se trouve Adam, le premier Père, et comme premier créé, enterré plus profondément que tous les condamnés. Là se trouve Abel, le premier mort et comme premier pasteur juste, figure du meurtre injuste du Christ pasteur". (Homélie sur l'ensevelissement du Christ)
Cet angle est très stimulant concernant Adam et la Genèse qui n'est pas une représentation scientifique de l'apparition de l'homme sur terre mais les fondements de sa relation avec Dieu dès l'origine et du sens de son existence.
Les Pères vont donc poser dans l'orthodoxie de l'Église, une lecture hautement symbolique de ces textes de la Genèse. Les rapprochements entre Adam/Christ, Ève/Marie ou l'Église, existaient déjà à travers Paul de Tarse. Ce n'est donc pas une découverte mais un prolongement.
Origène, considéré par beaucoup comme le plus grand commentateur biblique du troisième siècle, propose dans ses Homélies sur la Genèse une démarche offrant un sens littéral assez ésotérique qui ne pourrait aller sans le sens symbolique pour comprendre l'auteur. Origène avec une rigueur littéraire le lie intrinsèquement avec une interprétation symbolique. Ici, Origène explique comment Dieu donne à l'homme sa nourriture (herbes, légumes, fruits) et comment l'homme peut, face à ses fruits de la terre, avoir un comportement juste ou un comportement injuste. Il dit que cette nourriture qu'elle représente les passions de l'homme: colère, convoitise, envie... La colère peut-être bonne (révolte contre l'injustice) ou mauvaise (colère de Caïn). Il oppose une nourriture bonne et une "nourriture bestiale".
"Quand notre âme convoite et s'épuise en soupirant vers le Dieu vivant(Ps. 83:3), la convoitise reste notre nourriture. Mais si nous regardons une femme étrangère pour la convoiter ou si nous convoitons quelque bien du prochain, la convoitise devient une nourriture bestiale..."
Épiphane de Salamine au quatrième siècle met en scène la descente du Christ aux enfers (enfer dans le sens de Shéol/Hadès et non "l'étang de feu"/Géhenne/Enfer), qui va rechercher Adam après sa mort et avant sa Résurrection à l'aube de Pâques, ce passage montre que l'auteur n'est pas dupe d'une lecture littérale et au contraire use de toutes les ressources de sens apportées par une lecture symbolique:
"Un grand silence règne aujourd'hui sur la terre, un grand silence et une grande solitude. Un grand silence parce que le Roi dort. La terre a tremblé et s'est calmée parce que Dieu s'est endormi dans la chair et qu'il est allé réveiller du sommeil ceux qui séjournaient dans les enfers...
Il va chercher Adam, notre premier Père, la brebis perdue. Il veut aller visiter tous ceux qui sont assis dans les ténèbres et à l'ombre de la mort. Il va, pour délivrer de leurs douleurs Adam dans ses liens et Ève, captive avec lui, lui qui est en même temps leur Dieu et leur Fils. Descendons donc avec lui pour voir l'Alliance entre Dieu et les hommes. Là se trouve Adam, le premier Père, et comme premier créé, enterré plus profondément que tous les condamnés. Là se trouve Abel, le premier mort et comme premier pasteur juste, figure du meurtre injuste du Christ pasteur". (Homélie sur l'ensevelissement du Christ)
Doute-Pieux- Messages : 243
Réputation : 0
Date d'inscription : 26/04/2012
Sujets similaires
» La Femme dans les écrits patristiques
» Comparaison de textes
» Les textes religieux : quelle lecture ?
» 2 questions sur les textes sacrés de la religion juive
» Sur les pas d'Abdelkader...
» Comparaison de textes
» Les textes religieux : quelle lecture ?
» 2 questions sur les textes sacrés de la religion juive
» Sur les pas d'Abdelkader...
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum