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Djalâl-ud-Dîn Rûmî. Ses poèmes. Sa vision de Dieu.

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Message  Materia Dim 9 Juin - 13:25

Mohammad Jalâl al-dîn Rûmî (1207-1273) fut l'un des poètes les plus inspirés de la littérature persane et l'un des mystiques les plus incandescents de la tradition de l'islam spirituel. Il eut un maître qu'il aima plus que tout, qui lui donna accès à la musique des sphères, à la contemplation de l'invisible et à l'expérience de la théophanie. Son oeuvre tout entière, lyrique ou didactique, prose ou poésie, est le reflet de ses découvertes intérieures et de ses extases. Elle en épouse le rythme, en dévoile la violence, en caresse la douceur, en déploie les variations les plus subtiles. Elle est à la fois le miroir de son âme et une invitation à le suivre dans ce monde plus réel que le monde matériel, le monde des archétypes que les mystiques persans désignaient comme le «monde imaginal». Elle pointe vers lâmakân, ce lieu qui n'est pas un lieu. Elle est hors du temps, et donc pour tous les temps. Elle est musique, image, offrande. Elle est comme l'amour véritable, une lucarne vers les profondeurs du soi et l'infini du ciel, un océan sans rivage.


Issu du livre "Rûmî. La religion de l'amour"

Aussi nous pourrions commenter certaines de ses œuvres si le cœur vous en dit Djalâl-ud-Dîn Rûmî. Ses poèmes. Sa vision de Dieu. Gif5220

Je commencerai par ce quatrains qui me semble rappeler l'essence même de ce qui nous unis tous, quelque soit notre spiritualité, dans notre quête de l'Absolu.

Si la vie s'en va, qu'importe
Dieu donne une autre vie
Si passe la vie éphémère, qu'importe
Si vient la vie éternelle
L'amour est l'eau de la vie
Plonge dans cette eau
Chaque goutte de cet océan
Est en soi un océan de vie.

Ce court texte rappel selon moi des points essentiels dans la recherche du Divin :
- impermanence et non attachement de la vie éphémère dont nous faisons en ce moment même l'expérience.
- La vie éternelle n'est qu'amour et c'est en elle que réside et s'exprime le Tout.
- la vision de l'Absolu implique que la partie est en essence le Tout et qu'en cela, il est accessible en chacun de nous.
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Djalâl-ud-Dîn Rûmî. Ses poèmes. Sa vision de Dieu. Empty Re: Djalâl-ud-Dîn Rûmî. Ses poèmes. Sa vision de Dieu.

Message  Invité Dim 9 Juin - 19:51

Un autre poème pour la route, cette fois-ci de Shams de Tâbriz, le maître de Rûmi en personne :

Ce cœur qui est plus vaste
plus doux
plus éclatant que le ciel et le firmament
pourquoi le réduire
avec tes pensées vaines et tes envies ?
Pourquoi faire de ce monde magnifique
une prison étroite ?
Est-il raisonnable de faire de ce monde jardin
une prison ?
Mais pourquoi, comme un ver
tisser autour de soi
une toile faite de pensées vaines
d'envies
d'idées suspectes
s'y emprisonner et étouffer ?
Nous sommes, nous, de ceux
qui ont fait de la prison un jardin (Maq. 610)


Il y a plein de textes de ce genre dans le "livre des secrets" de Attar.

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Djalâl-ud-Dîn Rûmî. Ses poèmes. Sa vision de Dieu. Empty Re: Djalâl-ud-Dîn Rûmî. Ses poèmes. Sa vision de Dieu.

Message  NARI Lun 10 Juin - 23:32

Materia a écrit:la vision de l'Absolu implique que la partie est en essence le Tout et qu'en cela, il est accessible en chacun de nous.
Je pense que c'est un sujet qui m'est très difficile et toute approche de ma part en ce sens ne sera que lointaine. Je ne suis pas en parfait accord avec vous sur la conclusion car les thèmes de Rûmî nous enseignent que l’ésotérisme en Islam se définit plutôt comme la doctrine qui reconnaît dans l’homme la condition dans laquelle l’absolu devient conscient de lui-même …La difficulté se fait de plus en plus sentir quand on ressent que par ses poésies Rûmî attire l'attention des insouciants que nous sommes que l’âme éloignée de son ultime réalité aspire à la rencontre qui lui révélera que l’amant et l’aimé se confondent mais tout en précisant qu'il faut préalablement se rendre transparent à l’absolu. Pour comprendre la portée de son message il y a donc lieu de de prime abord se mettre en cet état de réceptivité, afin de pouvoir être totalement submergé par l'universel. Grace a lui et a d'autres qui embrassent cette forme de pensée et de sensations spirituelles, l'engagement intérieur des amoureux rejaillit sous la forme de l’ivresse, du ravissement, voire de l’extinction en Dieu ou la créature se confond avec son Créateur comme la goutte d’eau avec l’océan. C'est en ce sens que les propos extatiques de certains soufis éclairés ont été exprimé: « Celui qui s’abîme dans les manifestations de la Gloire s’exprime selon ce qui l’anéantit; quand Dieu le soustrait à la perception de son moi et qu’il ne constate plus en lui que Dieu, il Le décrit. » ..
Materia a écrit: Aussi nous pourrions commenter certaines de ses œuvres si le cœur vous en dit
Le Coeur ne cesse de nous en dire et toujours de plus en plus mais comment comprendre l'inabordable. Par la grâce divine de part sa poésie Rûmî, chantre de l'amour, est heureusement parvenu à exprimer ce que vit vraiment l'initié en présence d'un Au-delà dont certaines effluves peuvent être goûtées ici bas. Afin d’exprimer cette flamme Rûmî tout comme la quasi totalité des soufis a privilégié la poésie pour adoucir les coeurs et leurs faciliter l’élan amoureux avec une véritable expression symbolique, allégorique.. Cette beauté nous invite à lever le voile de nos cœurs pour redécouvrir, par l'expérience de nos sens, Celui qui est en nous et en qui nous sommes...C'est en fin de compte la disparition de tout ce qui dans le coeur de l'Amant peut donner la simple idée ou impression de dualité avec l'Aimé par le retour parfait a son origine .

Mais attention le soufisme nous avise que: "celui en qui se lèvent les caprices de l’âme, les splendeurs de l'intimité avec Dieu s’éteignent"... Le cheminement initiatique dans la recherche de Dieu exige donc d'engager notre être par l'Amour et la connaissance dans un profond mouvement de transformation intérieure.

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Message  Materia Mar 11 Juin - 15:13

Prendre conscience de notre véritable nature, implique un cheminement visant à relâcher les constructions mentales de l'égo pour ainsi découvrir l'Absolu.
Or, cela implique que l'Absolu est en chacun des êtres car il n'y a nul part ailleurs où le rechercher.

Nous nous éloignons de cette ultime réalité car nous nous laissons bercer par les illusions du monde phénoménal.
Mais en réalité, il n'y a aucun éloignement puisque ce qui Est est ici et en chaque instant.
Seul notre attachement à une vision relative nous donne à croire en un éloignement.

Je partage ton analyse sur l'oeuvre de Rûmi. En un sens, il me rappelle Milarepa, un éveillé tibétain qui lui enseignait par le chant.

L'EMERVEILLEMENT AUTHENTIQUE

O vous Gracieux Marpa du Lhobrag !
Je médite en mon cœur des souvenirs ardents,
Je prie de ne jamais être séparé de vous.

Quel bonheur, la fusion de son propre esprit avec le Guru !
Quelle joie ce caractère naturel des apparences !

Le non-né une fois identifié au Corps de Vérité
Le naturel s'est fondu en ce divin Corps.
Peu m'importe les vues hautes ou basses,
L'esprit en son authenticité m'est bonheur.

La nature de l'esprit est le Vide et la clarté.
Ces caractères une fois identifiés à la sapience,
Le naturel s'est fondu dans l'originel.
Peu m'importent mes bonnes ou mauvaises méditations,
L'esprit en son authenticité m'est bonheur.

Les sens et leurs objets scintillent d'eux-mêmes.
Une fois discernée l'absence de dualité entre sujet et objet,
La félicité, le chagrin, se sont mêlé en un.
Restant dans le domaine du primordial,
Peu m'importe que cela soit ou ne soit pas l'activité.
L'esprit en son authenticité m'est bonheur.

La nature du Corps de Dharma est fructueuse ;
Une fois identifiée aux divers Corps d'Emanations,
Les rencontres se sont mêlées à l'univers de la délivrance.
Je n'aspire plus à l'avènement de la réussite.
L'esprit en son authenticité m'est bonheur.
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Message  NARI Mer 12 Juin - 12:44

Materia a écrit:Prendre conscience de notre véritable nature, implique un cheminement visant à relâcher les constructions mentales de l'égo pour ainsi découvrir l'Absolu.
Le souvenir continuel de l'absolu est en ce sens la voie d'accès privilégiée par Rûmî. Cela constitue pour lui le renoncement total au monde relatif, en vidant le cœur des préoccupations terrestres pour pouvoir mieux approcher Dieu et parvenir enfin à la réalité universelle.. Le but dans tout cela est donc l’union mystique parfaite avec Dieu et l’anéantissement de notre personne en la Divinité mais que veut vraiment dire tout cela... Cela veut dire, a mon humble avis, s’éteindre totalement à notre illusion pour vivre dans le Réel.. La conscience trompeuse d’être un sujet autonome est pulvérisée, la dualité dépassée et le moi volatilisé. C'est enfin pour celui qui réussit la vraie libération des liens exigés par les limitations de l’ego. Mais il faut saisir qu'une fois l'ego dissipé c'est l'absolu qui se découvre lui-même et l'individualité illusoire qui s’affirmait préalablement en nous comme distincte de l'absolu n'a plus de réalité ni de découvertes a faire.. Vous comprendrez qu'une fois la négation de la volonté propre accomplie le cheminant n'a plus rien a voir dans la suite puisque c'est l'absolu qui prend tout en main et choisit dorénavant comment marcher encore plus dans la voie.....

C'est en ce sens que l’extinction unifiante n’est pas considérée comme la suprématie de la réalisation spirituelle dans le soufisme. Elle n’est que le prélude à une expérience plus accomplie ou l'universel devient le vrai acteur et le relatif définitivement enterré.. A l’ivresse de l’immersion en Dieu a donc succédé la sobriété qui permet à l’initié d’être à la fois avec Dieu et avec le monde en laissant indépendamment de sa volonté a chaque souffle l'absolu disposer de lui comme Il veut. Ce n'est qu'ainsi qu'il réalise également sa servitude ontologique totale ce qui constitue l'idéal aspiré en Islam.. Nous comprenons pourquoi certains soufis précisent que concernant la servitude, l'Homme n'a pas de grade qui lui est supérieur.

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Message  Invité Mer 12 Juin - 23:05

Son oeuvre tout entière est à la fois le miroir de son âme et une invitation à le suivre dans ce monde plus réel que le monde matériel, le monde des archétypes que les mystiques persans désignaient comme le «monde imaginal».

Je trouve ce fil assez intéressant, mais une question me pose problème. Il me semble que dans tous les enseignements spirituels dits "ésotériques", bouddhiques comme non-bouddhiques (notamment le tasawwuf, et plus précisément le mevlevisme, ce qui est le sujet ici), tous ces enseignements ésotériques insistent sur le lâcher-prise par rapport au matériel, au corps, au charnel. Or, dans le Coran il est bel et bien spécifié que l'univers sera détruit, que les hommes seront ressuscités (dans un nouveau monde donc). A moins de croire à une résurrection "ectoplasmique" de l'humanité (ce qui est à mon sens absurde), je ne saisis pas bien la raison pour laquelle le monde matériel est tant méprisé dans tous ces enseignements dits "ésotériques".

J'ai en ma possession le mathnawi (de Rûmi), et effectivement ça donne l'impression que le monde matériel est sans valeur, qu'il existe un monde spirituel infiniment plus beau que ce monde-ci. La question que je vous pose, c'est : un monde matériel n'est-il pas préférable à un monde fantomatique, spirituel ? Est-ce que ça a vraiment un sens de parler de paradis purement spirituel ? Il n'y a rien qui vous gêne dans tout cela ? Car le Coran parle clairement de la destruction de l'univers et donc, de la genèse d'un nouveau monde (et son corollaire, la Résurrection), ce qui laisse penser que la résurrection sera bel et bien physique (et non purement spirituel, ce qui est un non-sens). Donc, pourquoi ce mépris du corps, du charnel, dans tous ces enseignements ?

Désolé si ma question vous paraît un peu bizarre.

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Message  -Ren- Jeu 13 Juin - 6:58

Cebrâîl a écrit:Désolé si ma question vous paraît un peu bizarre.
Non, elle me semble tout à fait judicieuse, au contraire ! :jap:
NB: pour mémoire (même si ce n'est pas la rubrique pour en discuter), les chrétiens confessent aussi la résurrection de la chair

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Message  Ishraqi Jeu 13 Juin - 8:19

Cebrâîl a écrit:
Son oeuvre tout entière est à la fois le miroir de son âme et une invitation à le suivre dans ce monde plus réel que le monde matériel, le monde des archétypes que les mystiques persans désignaient comme le «monde imaginal».
[...] J'ai en ma possession le mathnawi (de Rûmi), et effectivement ça donne l'impression que le monde matériel est sans valeur, qu'il existe un monde spirituel infiniment plus beau que ce monde-ci. La question que je vous pose, c'est : un monde matériel n'est-il pas préférable à un monde fantomatique, spirituel ? Est-ce que ça a vraiment un sens de parler de paradis purement spirituel ? Il n'y a rien qui vous gêne dans tout cela ? Car le Coran parle clairement de la destruction de l'univers et donc, de la genèse d'un nouveau monde (et son corollaire, la Résurrection), ce qui laisse penser que la résurrection sera bel et bien physique (et non purement spirituel, ce qui est un non-sens). Donc, pourquoi ce mépris du corps, du charnel, dans tous ces enseignements ?

Désolé si ma question vous paraît un peu bizarre.
Mais le monde imaginal est matériel ; seulement il est fait non pas de la matière grossière de notre monde mais d'une matière subtile, lumineuse, et indiscernable aux organes de perception qu’on utilise habituellement mais parfaitement sensible quand on comprend que la faculté imaginative à l’état pur est elle-même l’organe de réception de cet univers.
Il a une réalité concrète, tangible, intelligible, une véritable étendue et une dimension spatio-temporelle. Bref, ça n’a rien à voir avec un monde spirituel et c’est parfaitement coranique.
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Message  GILBERT-MICHEL Jeu 13 Juin - 8:54

Ishraqi a écrit:
Cebrâîl a écrit:
Son oeuvre tout entière est à la fois le miroir de son âme et une invitation à le suivre dans ce monde plus réel que le monde matériel, le monde des archétypes que les mystiques persans désignaient comme le «monde imaginal».


[...] J'ai en ma possession le mathnawi (de Rûmi), et effectivement ça donne l'impression que le monde matériel est sans valeur, qu'il existe un monde spirituel infiniment plus beau que ce monde-ci. La question que je vous pose, c'est : un monde matériel n'est-il pas préférable à un monde fantomatique, spirituel ? Est-ce que ça a vraiment un sens de parler de paradis purement spirituel ? Il n'y a rien qui vous gêne dans tout cela ? Car le Coran parle clairement de la destruction de l'univers et donc, de la genèse d'un nouveau monde (et son corollaire, la Résurrection), ce qui laisse penser que la résurrection sera bel et bien physique (et non purement spirituel, ce qui est un non-sens). Donc, pourquoi ce mépris du corps, du charnel, dans tous ces enseignements ?

Désolé si ma question vous paraît un peu bizarre.


Mais le monde imaginal est matériel ; seulement il est fait non pas de la matière grossière de notre monde mais d'une matière subtile, lumineuse, et indiscernable aux organes de perception qu’on utilise habituellement mais parfaitement sensible quand on comprend que la faculté imaginative à l’état pur est elle-même l’organe de réception de cet univers.
Il a une réalité concrète, tangible, intelligible, une véritable étendue et une dimension spatio-temporelle. Bref, ça n’a rien à voir avec un monde spirituel et c’est parfaitement coranique.
Pour moi ,votre vision des choses est juste .

Il y a un "continuum" qui s'étend " à l'infini", de la matière la plus grossière, à la matière la plus subtile, et au-delà encore avec le "spirituel" et le "Divin".

C'est à l'image d'une pyramide ou d'un cône, large à sa base et représenté par "Un" en son sommet .



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Message  Invité Jeu 13 Juin - 15:18

Ishraqi a écrit:Mais le monde imaginal est matériel ; seulement il est fait non pas de la matière grossière de notre monde mais d'une matière subtile, lumineuse, et indiscernable aux organes de perception qu’on utilise habituellement mais parfaitement sensible quand on comprend que la faculté imaginative à l’état pur est elle-même l’organe de réception de cet univers.
Il a une réalité concrète, tangible, intelligible, une véritable étendue et une dimension spatio-temporelle. Bref, ça n’a rien à voir avec un monde spirituel et c’est parfaitement coranique.

Ma question reste quand même en suspens : par exemple, la raison (Al-'Aql) est-elle faite de matière grossière ? Bien sûr que non, c'est une faculté immatérielle qui a besoin d'un support physique pour s'exprimer. Le Dr. Sayed Khalil Tabatabai prenait la comparaison suivante : ce n'est pas la main qui écrit, ni le cerveau, mais Al-'Aql qui s'exprime au moyen du stylo. Donc, dire que le "monde imaginal" est matériel, ce serait comme dire que le monde des Idées (la caverne de Platon) est fait d'éther....! Dans ce cas, que penser de l'Esprit Saint (Rūḥ al-Qudus) et de l'Esprit Fidèle (Rūḥ al-Amīn) qui est descendu sur le cœur du Prophète (صلى الله عليه وسلم) ? Est-ce que Rūḥ al-Qudus est fait de matière subtile....? (رُوحُ الْقُدُسِ rūḥu-l-Qudusi, Cor. 16:102 ; رُوحُ الأَمِينُ rūḥu-l-'amīn, Cor. 26:193).

Pour moi, ça n'a pas de sens, car répondre par l'affirmative reviendrait à dire que les autres facultés de l'homme, telle que la raison (Al-'Aql) ou l'Intellect, est aussi faite de matière subtile, ce qui ne tient pas debout, puisqu'on est là dans le domaine de l'immatériel, du spirituel.

Car il est bien précisé dans le Coran que l'Esprit Fidèle est descendu sur le cœur du Prophète (صلى الله عليه وسلم) en 26:194.

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Message  Materia Jeu 13 Juin - 16:30

Cebrâîl a écrit:
Son oeuvre tout entière est à la fois le miroir de son âme et une invitation à le suivre dans ce monde plus réel que le monde matériel, le monde des archétypes que les mystiques persans désignaient comme le «monde imaginal».



Je trouve ce fil assez intéressant, mais une question me pose problème. Il me semble que dans tous les enseignements spirituels dits "ésotériques", bouddhiques comme non-bouddhiques (notamment le tasawwuf, et plus précisément le mevlevisme, ce qui est le sujet ici), tous ces enseignements ésotériques insistent sur le lâcher-prise par rapport au matériel, au corps, au charnel. Or, dans le Coran il est bel et bien spécifié que l'univers sera détruit, que les hommes seront ressuscités (dans un nouveau monde donc). A moins de croire à une résurrection "ectoplasmique" de l'humanité (ce qui est à mon sens absurde), je ne saisis pas bien la raison pour laquelle le monde matériel est tant méprisé dans tous ces enseignements dits "ésotériques".

J'ai en ma possession le mathnawi (de Rûmi), et effectivement ça donne l'impression que le monde matériel est sans valeur, qu'il existe un monde spirituel infiniment plus beau que ce monde-ci. La question que je vous pose, c'est : un monde matériel n'est-il pas préférable à un monde fantomatique, spirituel ? Est-ce que ça a vraiment un sens de parler de paradis purement spirituel ? Il n'y a rien qui vous gêne dans tout cela ? Car le Coran parle clairement de la destruction de l'univers et donc, de la genèse d'un nouveau monde (et son corollaire, la Résurrection), ce qui laisse penser que la résurrection sera bel et bien physique (et non purement spirituel, ce qui est un non-sens). Donc, pourquoi ce mépris du corps, du charnel, dans tous ces enseignements ?

Désolé si ma question vous paraît un peu bizarre.
A mon sens, Rûmî, Ramana Maharshi, Ma Ananda Moyi, ... enseignent que l'univers phénoménal (celui des relations et donc relatif) n'est pas La Réalité mais une réalité nécessaire pour faire l'expérience de notre véritable nature. De faire l'expérience de notre Unité avec le Divin.
Or, c'est bien cette nature spirituelle qui est l'essence et qui est la réalité Absolue.

Peut être faut il lire ce passage du Coran par une approche moins littérale. Nous pourrions peut être alors y extraire un enseignement sur l'impermanence de ce monde que nous prenons pour Réalité et que c'est par sa destruction (par la destruction de l'attachement que nous lui portons) que le "nouveau monde" apparait.
Ainsi, chaque éveil devient une genèse.  

Dans l'acceptation de la réincarnation, nous pourrions voir cela, plus pragmatiquement comme la destruction (la fin) de l'incarnation avant une nouvelle qui devient alors une genèse, un renouveau, une nouvelle naissance.

Je pense qu'il ne s'agit pas tant de mépris qu'un rappel que tant que nous nous identifions au corps, tant que nous identifions à notre égo, alors nous ne pouvons progresser dans notre recherche du Divin.
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Message  Invité Jeu 13 Juin - 17:53

Materia a écrit:A mon sens, Rûmî, Ramana Maharshi, Ma Ananda Moyi, ... enseignent que l'univers phénoménal (celui des relations et donc relatif) n'est pas La Réalité mais une réalité nécessaire pour faire l'expérience de notre véritable nature. De faire l'expérience de notre Unité avec le Divin.
Or, c'est bien cette nature spirituelle qui est l'essence et qui est la réalité Absolue.

Peut être faut il lire ce passage du Coran par une approche moins littérale. Nous pourrions peut être alors y extraire un enseignement sur l'impermanence de ce monde que nous prenons pour Réalité et que c'est par sa destruction (par la destruction de l'attachement que nous lui portons) que le "nouveau monde" apparait.
Ainsi, chaque éveil devient une genèse.  

Dans l'acceptation de la réincarnation, nous pourrions voir cela, plus pragmatiquement comme la destruction (la fin) de l'incarnation avant une nouvelle qui devient alors une genèse, un renouveau, une nouvelle naissance.

Je pense qu'il ne s'agit pas tant de mépris qu'un rappel que tant que nous nous identifions au corps, tant que nous identifions à notre égo, alors nous ne pouvons progresser dans notre recherche du Divin.

Je t'avoue que je ne vois pas bien ce qu'il faut entendre par "Unité avec le divin". D'abord, qu'est-ce que le divin pour que nous puissions faire "Un avec Lui" ? Comment une telle chose est-elle possible ? Je crois comprendre que ton idée se rapproche assez bien de la pratique intérieure des soufis ascètes selon laquelle un véritable abandon de soi est nécessaire pour avoir pleinement accès aux réalités spirituelles. Là, je suis d'accord avec toi. Par contre, le désaccord survient quand tu parles d'unité avec le divin. Si, par là, tu entends l'union de "nature" avec Dieu, c'est-à-dire l'idée selon laquelle il nous faut retrouver notre essence divine, notre nature première et originelle, identique à Dieu, car le monde nous a aliénés, là bien sûr, on ne sera jamais d'accord. Parce que l'esprit humain n'est pas d'essence divine, aliéné dans la matérialité et dans l'oubli de sa nature divine. L'homme est une créature : tout son être est créé (corps et esprit : rûh etc.). Le Coran dit : rien n'est comme Lui. Dieu est l'incomparable.
Concernant le deuxième point, la réincarnation, elle est tout à fait étrangère au texte coranique :

Puis, lorsque la mort vient à l'un deux, il dit : ‹ Mon Seigneur ! Fais-moi revenir (sur terre), afin que je fasse du bien dans ce que je délaissais ›. Non, c'est simplement une parole qu'il dit. Derrière eux, cependant, il y a une barrière, jusqu'au jour où ils seront ressuscités ›. (Cor. 23:99-100)

En ce sens, l'enseignement de Rûmi n'a rien à voir avec celui de Ma Ananda Moyi. En voici une preuve bien claire : Mâ Ananda Moyî, page 161 :

Le monde (jagat) appartient au Seigneur ; il est né de Sa volonté, de Son imagination. Dieu joue avec Lui-même. Il S’égare Lui-même pour le plaisir de Se retrouver. La création n’a ni commencement ni fin. (Mâ Ananda Moyî, page 161) Source : http://www.anandamayi.org/ashram/Lexiquesanskrit.htm

Dieu joue avec Lui-même ? Il S’égare Lui-même ? Jamais tu ne liras ce genre de chose dans le Mathnawi de Rûmi.

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Message  -Ren- Jeu 13 Juin - 18:29

Cebrâîl a écrit:Dieu joue avec Lui-même ? Il S’égare Lui-même ? Jamais tu ne liras ce genre de chose dans le Mathnawi de Rûmi.
Justement, merci à chacun de développer pour le novice que je suis ce que dit Rûmi ;)

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Djalâl-ud-Dîn Rûmî. Ses poèmes. Sa vision de Dieu. Empty Re: Djalâl-ud-Dîn Rûmî. Ses poèmes. Sa vision de Dieu.

Message  Invité Jeu 13 Juin - 18:45

-Ren- a écrit:
Cebrâîl a écrit:Dieu joue avec Lui-même ? Il S’égare Lui-même ? Jamais tu ne liras ce genre de chose dans le Mathnawi de Rûmi.
Justement, merci à chacun de développer pour le novice que je suis ce que dit Rûmi ;)

Le mathnawi, c'est 1700 pages de commentaires ésotériques du Coran (entres autres), sous forme d'histoires allégoriques, de poèmes moraux etc ; c'est impossible à résumer. Ce lien est pas mal pour débuter :

http://www.teheran.ir/spip.php?article1534

"Nous vous avons créés, puis Nous vous avons donné une forme, ensuite Nous avons dit aux Anges : “Prosternez-vous devant Adam.” Ils se prosternèrent." (7:11).

Mowlavi reprend la même idée en évoquant les possibilités infinies d’élévation spirituelle de l’homme :

"Au début, l’homme est esclave du sommeil et de la nourriture ;
Finalement, il est plus élevé que les anges." [10]

Mi-ange, mi-animal, l’homme possède deux aspects ; le premier devant dominer et mettre à son service le second :
"Une moitié est angélique, et l’autre moitié est pareille à l’âne.
La moitié âne, en vérité, tend vers ce qui est bas ; l’autre moitié penche vers ce qui est rationnel." [11]

Le haut statut de l’homme vient de son esprit, réalité insufflée en lui par Dieu qui fait sa véritable valeur et lui permet de s’élever vers son Créateur :

"Le blanc de ton œil pèse deux dirhams ; la lumière de son esprit
Atteint la région la plus haute des cieux." [12]
"Sans l’esprit le corps est un vil cadavre…" [13]

Sur cette base, l’homme se doit d’œuvrer pour manifester les perfections de son esprit, seule richesse qui demeurera dans l’Au-delà. Ainsi, Mowlavi, en recourant à un symbolisme très riche, compare une vie passée à s’occuper exclusivement de son corps au fait de bâtir une maison – ici symbole du capital et de la richesse de l’homme - dans un terrain étranger :

"Ne fais pas ta demeure dans le pays d’hommes étrangers ;
Accomplis ta propre œuvre, ne fais pas le travail d’un étranger.
Qui est l’étranger ? Ton corps terrestre, pour l’amour de ce qui est ton souci.
Tant que tu donneras à ton corps des aliments riches et sucrés,
Tu ne verras pas croître ton essence spirituelle
Si ton corps est placé au sein du musc,
Cependant, au jour de la mort, sa puanteur sera rendue manifeste.
Ne mets pas de musc sur ton corps, frottes-en ton cœur.
Qu’est-ce que ce musc ? Le saint Nom du Dieu Très-Haut.
L’hypocrite met du musc sur son corps
Et place son esprit au fond de la fosse aux cendres." [14]

[10] Ibid, livre quatrième, p. 952.
[11] Ibid, pp. 928-929.
[12] Ibid, Livre quatrième, p. 952.
[13] Ibid, p. 953.
[14] Ibid, livre deuxième, p. 320.

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Message  -Ren- Jeu 13 Juin - 18:55

Cebrâîl a écrit:c'est impossible à résumer
Je me doute ;)
...Mais un point de départ est toujours appréciable, ce lien me sera donc précieux. Mersi braz ! :jap:

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Message  Materia Jeu 13 Juin - 19:00

Cebrâîl a écrit:
Je t'avoue que je ne vois pas bien ce qu'il faut entendre par "Unité avec le divin". D'abord, qu'est-ce que le divin pour que nous puissions faire "Un avec Lui" ? Comment une telle chose est-elle possible ? Je crois comprendre que ton idée se rapproche assez bien de la pratique intérieure des soufis ascètes selon laquelle un véritable abandon de soi est nécessaire pour avoir pleinement accès aux réalités spirituelles. Là, je suis d'accord avec toi. Par contre, le désaccord survient quand tu parles d'unité avec le divin. Si, par là, tu entends l'union de "nature" avec Dieu, c'est-à-dire l'idée selon laquelle il nous faut retrouver notre essence divine, notre nature première et originelle, identique à Dieu, car le monde nous a aliénés, là bien sûr, on ne sera jamais d'accord. Parce que l'esprit humain n'est pas d'essence divine, aliéné dans la matérialité et dans l'oubli de sa nature divine. L'homme est une créature : tout son être est créé (corps et esprit : rûh etc.). Le Coran dit : rien n'est comme Lui. Dieu est l'incomparable.
Concernant le deuxième point, la réincarnation, elle est tout à fait étrangère au texte coranique :

Puis, lorsque la mort vient à l'un deux, il dit : ‹ Mon Seigneur ! Fais-moi revenir (sur terre), afin que je fasse du bien dans ce que je délaissais ›. Non, c'est simplement une parole qu'il dit. Derrière eux, cependant, il y a une barrière, jusqu'au jour où ils seront ressuscités ›. (Cor. 23:99-100)



En ce sens, l'enseignement de Rûmi n'a rien à voir avec celui de Ma Ananda Moyi. En voici une preuve bien claire : Mâ Ananda Moyî, page 161 :

Le monde (jagat) appartient au Seigneur ; il est né de Sa volonté, de Son imagination. Dieu joue avec Lui-même. Il S’égare Lui-même pour le plaisir de Se retrouver. La création n’a ni commencement ni fin. (Mâ Ananda Moyî, page 161) Source : http://www.anandamayi.org/ashram/Lexiquesanskrit.htm



Dieu joue avec Lui-même ? Il S’égare Lui-même ? Jamais tu ne liras ce genre de chose dans le Mathnawi de Rûmi.


Je précise que ce que je vais dire n'est que ma compréhension et mon interprétation des choses.


Le Divin est Tout.
Il n'y a rien qu'Il ne puisse être et rien n'existe en dehors de Lui.

Or, pour faire l'expérience de cette nature qui nous habite tous, il est nécessaire de l'ignorer pour ainsi la "re-découvrir". Faire l'expérience de ce qui n'a jamais été séparé si ce n'est dans notre ignorance de la nature absolue.

L'esprit humain est d'essence divine, à mon sens, car il surgit du Tout et donc de la divinité.
Or, cet esprit, cette personnalité est également une construction que nous devons abandonner pour faire l'expérience de Dieu.
Ce que nous associons comme étant "nous", comme étant différencié de l'autre est une illusion vis à vis de notre véritable nature.

Je citerai :
Code:
A l'étape de l'annihilation [fanâ] et de l'absorption complète [eshteghrâq] dans Dieu, le mystique ne ressent plus de différences entre ses différents sens, de même qu'il ne ressent plus de différence, de distance, de distinction, entre lui-même et l'Aîmé. Ils deviennent un, sans solution de continuité. ET c'est donc à cette étape que l'on peut s'écrier : "Je suis le Vrai", ou "Je suis Dieu", sans que cela soit un blasphème. C'est aussi dans cet état de fusion que le mystique se rend compte que Dieu "englobe toute chose", et que toutes les beautés du monde, tous les états d'âme, toutes les émotions proviennent in fine de la Source.

Rûmi La religion de l'amour p107

Oui Dieu est "incomparable" car il est impossible de le décrire, de le comparer ou de l'expliquer de part une perception relative.
Nous ne pouvons que le vivre.

Et oui, je dirai que Dieu s'égare Lui-même.
Mais dans le sens où étant ici pour faire l'expérience de notre véritable nature et donc de Dieu, il est nécessaire de nous égarer (et donc qu'Il s'égare) pour que nous puissions nous retrouver (et donc Le retrouver) et ainsi faire l'expérience de l'Aîmé.
Nous sommes ici pour que l'Aîmé se découvre et se redécouvre encore et encore. Nous sommes ici pour permettre au Tout de faire l'expérience de Lui-même.

Mais je le redis, c'est là ma compréhension des choses et je ne prétends pas que cela soit Vérité Djalâl-ud-Dîn Rûmî. Ses poèmes. Sa vision de Dieu. Gif5221
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Message  Ishraqi Jeu 13 Juin - 20:23

.


Dernière édition par Ishraqi le Mer 30 Oct - 16:30, édité 1 fois
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Message  Invité Jeu 13 Juin - 22:43

Ishraqi a écrit:Pardonnez-moi si c'est confus. :8s
Ça m'a l'air intéressant à première vue, mais très abscons....J'ignore si c'est islamiquement correct de théoriser sur ce genre de chose, en parlant, je cite : "d'auto-intellection du logos au début de la création". Quant à moi, je préfère me ranger du côté de la stricte orthodoxie sunnite en évitant ce genre d'expressions philosophantes (croyez-moi, nulle intention dénigrante dans mes propos).

Materia a écrit:
Je citerai :
Code:
A l'étape de l'annihilation [fanâ] et de l'absorption complète [eshteghrâq] dans Dieu, le mystique ne ressent plus de différences entre ses différents sens, de même qu'il ne ressent plus de différence, de distance, de distinction, entre lui-même et l'Aîmé. Ils deviennent un, sans solution de continuité. ET c'est donc à cette étape que l'on peut s'écrier : "Je
suis le Vrai", ou "Je suis Dieu", sans que cela soit un blasphème. C'est aussi dans cet état de fusion que le mystique se rend compte que Dieu
"englobe toute chose", et que toutes les beautés du monde, tous les  états d'âme, toutes les émotions proviennent in fine de la Source.

Rûmi La religion de l'amour p107
Voici ce qu'en dit Rûmi en personne (paroles citées dans Fîhi-mâ-fîhi, le Livre du Dedans) :

[....] Depuis, de nombreux théologiens ont reconnu la grand sainteté de Mansour El hallaj et expliquent que ses paroles ont été prononcées dans un état d’ivresse spirituelle :

C’est l’avis également du maître Rûmi :
« Lorsque l’amour de Mansûr pour Dieu fut sans limites...Il dit : « Ana’l Haqq » (Je suis la Vérité), c’est-à-dire : Je suis anéanti, Dieu seul reste. C’est là une extrême humilité parce que ce cri signifie : « Lui Seul Est » […] C’est pourquoi Dieu a dit « Je suis La Vérité ». Etant donné qu’un autre que Lui n’existait pas et que Mansûr était anéanti, ces paroles étaient les paroles de Dieu »

 et de Sultan Valad :

« Pourquoi ne pas admettre que dans cette parole il ne soit pour rien, de telle sorte que ses paroles elles-mêmes soient les paroles de Dieu . Il en va ainsi pour le Coran qui est sorti du palais de la bouche, des lèvres, de la langue de Muhammad (le salut soit sur lui et sa famille), par la voix, les lettres et les sons ; pourtant, c’est la Parole de Dieu et non les paroles de Muhammad. Et quiconque dit que le Coran est la parole de Muhammad est un impie. »

Pour un saint au cœur pur, absent à lui-même, dire « Je suis la vérité », c’est comme dire : « je ne suis pas » de la part de sa nature individuelle.

Alors qu’on traînait Mansour au supplice, Iblis lui demanda : « D’où vient que toi, qui as fait acte de personnalité, Dieu t’a fait miséricorde, tandis que, moi, il m’a maudit ?

- C’est parce que toi en faisant acte de personnalité, tu n’avais que toi-même en vue, tandis que moi, je n’avais en vue que le Seigneur très haut ! »

«Une nuit, en rêve, un soufi voit Pharaon en enfer et Mansour Al Hallaj très haut dans le ciel.

- Seigneur, demande le rêveur, éclaircis-moi ce paradoxe. Pharaon proclamait : « Je suis votre Dieu », et Hallaj : « Je suis la Vérité » Ne disaient-ils pas la même chose ? Tous deux ne prétendaient-ils pas être Dieu ? Pourquoi une telle différence de traitement leur est-elle faite ?

-Pharaon tomba sous l’emprise de son ego, dit la Voix. En tout ce qu’il a vu, il n’a vu que lui-même. Ainsi M’a-t-il perdu. Tandis que Mansour, en tout ce qu’il a vu, n’a vu que Moi, et a perdu son ego. Voilà toute la différence entre eux.
Suite : http://www.aslama.com/forums/showthread.php/29592-Al-Hallaj-%28%C3%A0-faire-pleurer-%C3%A9galement%29

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Message  Materia Ven 14 Juin - 9:41

Cebrâîl a écrit:
Voici ce qu'en dit Rûmi en personne (paroles citées dans Fîhi-mâ-fîhi, le Livre du Dedans) :

[....] Depuis, de nombreux théologiens ont reconnu la grand sainteté de Mansour El hallaj et expliquent que ses paroles ont été prononcées dans un état d’ivresse spirituelle :

C’est l’avis également du maître Rûmi :
« Lorsque l’amour de Mansûr pour Dieu fut sans limites...Il dit : « Ana’l Haqq » (Je suis la Vérité), c’est-à-dire : Je suis anéanti, Dieu seul reste. C’est là une extrême humilité parce que ce cri signifie : « Lui Seul Est » […] C’est pourquoi Dieu a dit « Je suis La Vérité ». Etant donné qu’un autre que Lui n’existait pas et que Mansûr était anéanti, ces paroles étaient les paroles de Dieu »

 et de Sultan Valad :

« Pourquoi ne pas admettre que dans cette parole il ne soit pour rien, de telle sorte que ses paroles elles-mêmes soient les paroles de Dieu . Il en va ainsi pour le Coran qui est sorti du palais de la bouche, des lèvres, de la langue de Muhammad (le salut soit sur lui et sa famille), par la voix, les lettres et les sons ; pourtant, c’est la Parole de Dieu et non les paroles de Muhammad. Et quiconque dit que le Coran est la parole de Muhammad est un impie. »

Pour un saint au cœur pur, absent à lui-même, dire « Je suis la vérité », c’est comme dire : « je ne suis pas » de la part de sa nature individuelle.

Alors qu’on traînait Mansour au supplice, Iblis lui demanda : « D’où vient que toi, qui as fait acte de personnalité, Dieu t’a fait miséricorde, tandis que, moi, il m’a maudit ?

- C’est parce que toi en faisant acte de personnalité, tu n’avais que toi-même en vue, tandis que moi, je n’avais en vue que le Seigneur très haut ! »

«Une nuit, en rêve, un soufi voit Pharaon en enfer et Mansour Al Hallaj très haut dans le ciel.

- Seigneur, demande le rêveur, éclaircis-moi ce paradoxe. Pharaon proclamait : « Je suis votre Dieu », et Hallaj : « Je suis la Vérité » Ne disaient-ils pas la même chose ? Tous deux ne prétendaient-ils pas être Dieu ? Pourquoi une telle différence de traitement leur est-elle faite ?

-Pharaon tomba sous l’emprise de son ego, dit la Voix. En tout ce qu’il a vu, il n’a vu que lui-même. Ainsi M’a-t-il perdu. Tandis que Mansour, en tout ce qu’il a vu, n’a vu que Moi, et a perdu son ego. Voilà toute la différence entre eux.


Suite : http://www.aslama.com/forums/showthread.php/29592-Al-Hallaj-%28%C3%A0-faire-pleurer-%C3%A9galement%29

Et il a raison ^^

Lorsque "je" (l'égo) est anéanti (car c'est par l'égo que nous nous définissons comme "je"), Dieu seul reste.
En effet, c'est lorsque les voiles de l'égo sont levés qu’apparaît le véritable "Soi".
Or n'ayant jamais eu de distinction dans l'Absolue entre "nous" et "Lui", lorsque le véritable "Soi" se révèle, Dieu se révèle.
Cela implique bien qu'il n'existe pas "d'autres" que Lui, puisque "nous" et tout est Lui.
En cela, il est bien La Vérité car c'est là ce qui est dans l'Absolu.

Faire acte de "personnalité" c'est agir par l'égo. C'est agir selon ce que nous fais "voir" (ou plutôt ce qui nous empêche de "voir") l'égo.
Rûmi le dit bien "Pour un saint au cœur pur, absent à lui-même". C'est en "s'oubliant", en oubliant le "je" que se révèle le "Je".
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Message  Musashi974 Sam 15 Juin - 16:11


Une bonne émission sur le sujet!..
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Message  NARI Dim 16 Juin - 8:39

Materia a écrit:Et il a raison .
Effectivement Materia, il a plus que raison.. Mais pour ceux qui ne le savent pas encore le martyr El Hallaj a été laisser condamné non pas pour ce qu'il avait prononcé mais les connaissant disent qu'il a été abandonné pour avoir impudiquement dévoilé, sous l'emprise de l'ivresse l'inviolable secret de l'unicité de l’Être. D'ailleurs ce n'est qu’après son aventure que la question de savoir si la "sobriété" est préférable à l'"ivresse" ou vice versa se posa avec force aux maîtres du Soufisme.. La majorité se prononça en faveur de la première attitude tout en soulignant toutefois que le summum pour le spirituel est de conjuguer les deux, ou plus exactement, de réaliser "l'équilibre" parfait entre ces deux pôles. Les maîtres spirituels rêvent de faire vivre cet équilibre a leurs adeptes et sont jugés avec force sur ce point. Mais il n'y a aucun doute que pour eux l'homme a été créé à l'image de Dieu pour être le lieu épiphanique en lequel Il déploie ses richesses sans nombre...

Une chose est plus que sure tout ce qu'a dit El Hallaj est conforme a la religion islamique dans son sens ésotérique. Pour les savants orthodoxes moins porté sur la spiritualité, il aurait mécru puisque ses explications pour eux ne sont que pure invention qui ne découlerait point de la profondeur des hadiths du prophète de l'Islam et c'est la cause pour laquelle ils étaient très réticents. Mais tout ce qu'a dit Rûmî par exemple est conforme a la profondeur de la sunna même si dans les sens apparents il y a un problème pour les moins avertis. Parmi ceux qui condamnèrent El Hallaj figurent donc surtout ceux ne le firent pas pour ce qu'il a dit car ils reconnaissent la valeur profonde de ces paroles mais ils ne voulaient pas qu'il les dise de cette façon et avec force....

La fin d'El Hallaj, qui est toutefois considéré comme l'un des principaux maîtres de l'Islam ésotérique, fut donc tout simplement la conséquence de la divulgation du secret qui s'attache à la réalisation de la condition la plus élevée..

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Message  Materia Dim 16 Juin - 9:30

Je ne crois pas que ce "secret" ne devait pas être divulgué pour plusieurs raisons.

Tout d'abord, il s'agit là d'une réalisation que chaque être humain a la possibilité de faire.
C'est La Vérité présente en chacun de nous.
Aussi, ce n'est pas un secret d'indiquer la finalité, la resplendissance d'une nature qui nous est propre.

Deuxième chose, cette expérience du Divin, de la Nature Divine, du Soi, ... n'est pas limitée qu'à l'Islam.
Mais cela se retrouve aussi dans le Christianisme, le Judaïsme (même si je n'ai pas d'exemple en tête), mais aussi dans des religions dont la finalité du pratiquant est justement cette réalisation comme l'Hindouisme ou le Bouddhisme.

Et cela a été enseigné sous différentes façons, dans divers endroits, mais toujours avec cette similitude dans l'expérience.



Je pense que la fin d'El Hallaj est principalement dû à l'ignorance et à l'intolérance que peut impliquer une vision trop rigide de la religion où l'aspect profondément spirituel est regardé avec méfiance.
Ce sont alors ces hommes qui participent à "sa mort" et non l'abandon par le Divin. Car il n'y a plus d'abandon quand la réalisation est faite. Car il n'y a que la reconnaissance de ce qui Est. Une reconnaissance qui dissipe les illusions de l'égo qui induisent justement cette croyance en l'abandon, la séparation, ...
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Message  NARI Dim 16 Juin - 17:42

Materia a écrit:Je ne crois pas que ce "secret" ne devait pas être divulgué pour plusieurs raisons. Tout d'abord, il s'agit là d'une réalisation que chaque être humain a la possibilité de faire. C'est La Vérité présente en chacun de nous. Aussi, ce n'est pas un secret d'indiquer la finalité, la resplendissance d'une nature qui nous est propre.
Materia, Je vous rejoins et j'abonde même a votre sens que le supplice infligé a El Hallaj est du à l'ignorance et à l'intolérance que peut impliquer une vision trop rigide de la religion où l'aspect profondément spirituel est regardé avec méfiance, mais comme vous l'exprimez si bien, l’expérience du divin n'est pas une question de simples paroles. Le reproche n'a pas été fait a El Hallaj par ses ennemis qui étaient plutôt expéditifs mais par les maîtres eux-mêmes. Le Soufisme est pour eux une science qui est en réalité entièrement contenue dans les cœurs seulement, et c'est là où elle demeure pure connaissance et pure lumière. Ils précisent sans cesse pour que nous ne soyons pas dupes que les mots prononcés ou écrits à ce sujet ne peuvent, au mieux, que ponctuer l’indicible. Comment un coeur peut-il traduire aux communs les connaissances et les états qui en lui sans cesse se reflètent par le biais des effusions de la Réalité divine..

Pour eux dévoiler la vérité au commun est vue comme une grande erreur et seule donc la continuité dans la méditation provoque le soulèvement des voiles. Seul en connaît donc toute la valeur celui qui y a goûté, qui en a contemplé personnellement la demeure initiatique comme un état profond et interne et à qui le Réel a parlé sur l’intime de son être. Ce n'est que lorsque le voile est soulevé que toute relativité se dissipe devant la lumière de la vérité universelle. C'est la fin effective de toute individualité, pour s'ouvrir à la réalité divine absolue. Dans le coeur ainsi purifié il n'y a de place que pour le Réel et cela ne relève aucunement de la dialectique ou de la pensée discursive et les mots ne peuvent servir a rien sinon a renforcer les illusions et les leurres de l’ego dans une autre vision erronée du monde. C'est en ce sens que le reproche a été fait a Mansour El Hallaj par les connaissant dans ce domaine pour lesquels l’approche de Dieu s’effectue par degrés.

Mais peut-être que quelques part il faut payer le prix de l'amour qui ne peut être caché..


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Message  Invité Dim 16 Juin - 19:30

Materia, Je vous rejoins et j'abonde même a votre sens

Moi je dirais surtout que ce secret de Hallaj n'aurait pas du être révélé pour la bonne et simple raison qu'il risque d'en faire dévier plus d'un. Il suffit de se référer aux enseignements ésotériques contemporains pour se rendre compte que la plupart n'ont pas grand chose à voir avec l'enseignement des grands maîtres du passé tel que Rûmi, même si, en apparence seulement, ça parle tout à fait de la même chose. En vérité, le danger de ces enseignements nouvelle-génération (pour éviter le qualificatif de "New-Age"), c'est que l'ossature de la révélation religieuse leur fait défaut. Partant de là, toutes les dérives doctrinales sont possibles : Dieu S'égare Lui-même (Mâ Ananda Moyî, voir plus haut), l'esprit humain est d'essence divine, et j'en passe et des meilleurs. Il n'y a rien d'arrogant ou de prétentieux à affirmer cela, car le risque de déviance est tout à fait réel et actuel. En témoigne la littérature ésotérique foisonnante sur le sujet ; le risque concerne surtout les personnes qui n'ont pas d'attaches religieuses, à savoir les "chercheurs de vérité" et autres "déistes" qui refusent la révélation religieuse comme source de guidance et d'inspiration, et qui au lieu de ça, se cramponnent aux écrits actuels qui ne sont pas toujours fiables (certains sont carrément déconnectés de l'enseignement religieux, qui a pour base textuel l'étude de la révélation, ça va de soi). En clair : s'approprier le savoir de ces maîtres en ignorant la source religieuse, c'est prendre le risque de dévier du chemin de la vérité....

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Message  NARI Lun 17 Juin - 13:30

Cebrâîl a écrit:En vérité, le danger de ces enseignements nouvelle-génération (pour éviter le qualificatif de "New-Age"), c'est que l'ossature de la révélation religieuse leur fait défaut.
Cebrâîl, vous avez raison dans le sens ou le soufisme se définit clairement comme une progression spirituelle interne qui comporte différentes étapes de purification de l’âme et non un tas de simple connaissance. C'est en ce sens qu'il constitue le coeur de la tradition islamique qui vise a l’accomplissement de l’homme dans une portée universelle. Dans le cheminement initiatique trois degrés ont été illustrés par les savants comme étant symboliquement trois couches d’un seul fruit : l’écorce correspond à l’Islam, la pulpe à l’Iman (degré de la foi) et enfin le noyau à l’Ihsan ou vérité essentielle. Nous en comprenons clairement, tout comme vous l'exposez, que quand l'ossature de la révélation fait défaut il n'y a plus aucune chance de parvenir aux résultats escomptés. Le domaine propre au soufisme devient donc celui du noyau mais en usant des moyens propres pour l’atteindre. Il n'y a aucune place pour la simple pensée discursive..

Il ressort clairement de tout cela que dans la quête initiatique obligation nous est faite de nous maintenir plutôt en compagnie de ceux qui ont le perpétuel désir de la Face de Dieu et qui luttent contre les tendances egotiques qui s'y opposent. La pratique spirituelle soufie dépend donc de l'ossature religieuse maintenu par le compagnonnage qui permet d'éviter les pièges tissés par un ego livré à lui-même dans la solitude car arracher l'âme au joug tyrannique des passions pour la délivrer de ses penchants coupables et de ses mauvais instincts n'est pas évidente et n'est pas une affaire de simple langage ou de capacité intellectuelles..

Le soufisme et l'intarissable flux du divin qu'il porte en lui, démontrent la réalité que chacun, par une démarche intérieure peut retrouver en lui l’essence du message universel avec tout son parfum et sa béatitude..Les initiés en ce sens disent clairement que seule l’expérience de l’Amour qu'on découvre en soi-même dans la contemplation intérieure que tout cela va nécessairement rejaillir sur notre vision du monde.. Ce sont les moments de présence divine qui deviennent des instants de profonde conscience de la réalité du monde et de connaissance de toute sa vraie valeur. Mais comme on le sait, les secrets de la présence divine dans le monde se manifestent en tant que sensations spirituelles intenses ou en tant qu'illuminations intérieures mais jamais par la simple langue dont les limites entravent gravement la pensée...Il n'échappe malheureusement a personne que la pensée humaine renvoie tout simplement à la connaissance que l’Intellect a de lui-même et de son principe bien loin de la réalité universelle...

Mais ne soyons pas expéditif car comme dans le cas d'El Hallaj et de bien d'autres amoureux, quelques parts le langage poétique mystique, en libérant la parole des contraintes du discours organisé, est également à même d'exprimer l'ineffable désir de Dieu.

"Pour nous il est maintenant l’amoureux
Immergé dans la mer vaste et sans fond
Le cœur rempli de l’amour du Bien-Aimé
Comme le flot ininterrompu de l’âme dans le corps"


NARI

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Djalâl-ud-Dîn Rûmî. Ses poèmes. Sa vision de Dieu. Empty Re: Djalâl-ud-Dîn Rûmî. Ses poèmes. Sa vision de Dieu.

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