Pourquoi aucune des 3 religions monothéistes n'interdit l'esclavage?
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Isabelle
Muslim3
-Ren-
Prince Boateng
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Re: Pourquoi aucune des 3 religions monothéistes n'interdit l'esclavage?
Pour en revenir aux incohérences entre le fait religieux et le fait social, revenons un peu en France et à la pratique de l'Eglise.
Le droit sur l'esclavage y est un héritage romain.Ensuite les invasions gemarmiques, et franques en particulier y on mis leur grain de sel. On distinguait, par exemple, l'esclave d'origine romaine l'esclave d'origine barbare, ceux du fait de guerre, ou du fait pénal, et d' autres considérations et évolutions, toujours sans lien avec le fait religieux.
Par contre, les vies de Saints, abondent en récits de rachats charitables d'esclaves . Notez cependant que ces actes charitables ne contestent en rien le fait social, le droit de posséder des esclaves. (Et il n'est pas précisé dans ces vies si les esclaves affranchis étaient ou non chrétiens).Le concile de Châlon de 639-654, par exemple, ne défend pas le commerce d'exportation des esclaves, il défend juste que cette pratique soit aux main des juifs. De même Grégoire le Grand en 599 ne défend pas le commerce des esclaves en général, mais se soucie juste que des chrétiens n'en soient pas l'objet. Différents conciles de l'époque abondent dans le même sens.(Concile d'Orléans 538-541, Mâcon 583, Clichy 626-627) . Le concile d'Orléans 511 , à l'occasion de débats autour du droit d'asile, respecte le droit relatif à l'esclavage.
Le concile burgonde d'Yenne 517 refuse aux abbés des monastères d'affranchir les esclaves mancipia (ce qui serait injuste contre les moines!). Le concile d'Orléans en 549 interdit d'ordonner d'esclaves sans l'autorisation de son maître.
Le concile D'Orléans en 541 montre que non seulement des prêtres possédaient des esclaves à titre personnel, mais l'église elle-même, en tant qu'institution, en possédait
Cependant, tout en maintenant avec une certaine force le principe légal de l'esclavagisme; l'église , en pratique, procède à beaucoup de libérations et de mesures adoucissant le sort des esclaves et est seule à le faire.
Théologiquement, Jonas évêque d'Orléans en 830 estime que la nature humaine est toujours égale, quelque soient les conditions sociales. Agobard archévêque de Lyon en 840 estime que l'esclavage est voulu par Dieu, malgré l'égalité originelle et que l'homme intérieur n'est soumis qu'à Dieu.
Il s'agit donc pour l'église à cette époque , comme à celle de l'Empire , d'un simple phénomène social conforme à l'ordre social établi. Et ni la religion ni la parole divine n'avait rien à y voir, si ce n'est le devoir de charité, qu'elle a d'ailleurs plus ou moins appliqué, à sa mesure humaine.
Bref, Il faut regarder ce phénomène et la pensée de l'église dans les conditions sociales et historiques de l'époque qui conditionnaient les hommes, tout comme elle conditionnent notre pensée actuelles. Nous sommes formatés à nous scandaliser de l'esclavagisme maintenant comme eux l'étaient de le trouver naturel. Les conséquences du devoir de charité étaient lues à l'époque comme compatibles avec l'usage d'esclaves libres, comme de nos jours, nous semblent compatibles avec le devoir de charité l'achat de produits fabriqués par des asiatiques dans des conditions proches de l'esclavage...(et ne me dites pas que vous achetez exclusivement du bio-équitable: vous ne seriez pas en train de surfer sur le net maintenant, si c'était vrai)
Un dernier mot par un saut très rapide dans le temps,(sinon j'en ai pour 10 pages) sur l'évolution des pensées:
Sur le territoire français, en Provence et au Languedoc, il y avait encore au 16 ° siècle des esclaves vendus sur le marché, à usage domestique. On vendait encore des esclaves turcs, polonais, russes et autres , à Toulon et à Marseille, pour l'usage des galères royales jusqu'au 18 ° siècle.
Et si ailleurs en France l'institution était combattue, ce n'était pas pour des motivations d'ordre religieux: en 1571, le Parlement de Guyenne proclamait que "la France, mère de la liberté, ne permet aucun esclave".Donc, pas par amour de Dieu. Par droit national humain.
Les institutions coutumières (donc pas la religion) publiée en 1608 par Loisel stipulaient que "Toutes personnes sont franches en ce royaume, et si tôt qu'un esclave a atteint les marches d'icelui, se faisant baptiser , est affranchi.
Notons donc 1° liberté par droit humain et non par amour de Dieu,
et 2° conditionnement de l'affranchissement de l'esclave au fait d'être chrétien: les hommes ne sont donc pas plus égaux entre eux que devant Dieu selon ces chrétiens-là, et la charité a ses limites ( qui n'ont pas de sources scripturaires)
Et finalement, à la Révolution française, le regard sur l'esclavagisme avait totalement changé ( non sans contradictions et hésitations) par l'émergence d' une idéologie égalitariste qui n'avait rien à voir avec la religion. Cette vision s'est imposée à tous, et se présente comme universelle. Elle s'impose maintenant à tous les hommes quelque soit leur religion, sans que ces hommes ne soient maintenant plus conscients maintenant qu'aux siècles passés que c'est une vision qui leur est inculquée par l'air du temps, et non par leur relation à Dieu. Je ricane amèrement sur les indignations anachroniques: soucions-nous de l'équité chez nous, maintenant, plutôt.
Le droit sur l'esclavage y est un héritage romain.Ensuite les invasions gemarmiques, et franques en particulier y on mis leur grain de sel. On distinguait, par exemple, l'esclave d'origine romaine l'esclave d'origine barbare, ceux du fait de guerre, ou du fait pénal, et d' autres considérations et évolutions, toujours sans lien avec le fait religieux.
Par contre, les vies de Saints, abondent en récits de rachats charitables d'esclaves . Notez cependant que ces actes charitables ne contestent en rien le fait social, le droit de posséder des esclaves. (Et il n'est pas précisé dans ces vies si les esclaves affranchis étaient ou non chrétiens).Le concile de Châlon de 639-654, par exemple, ne défend pas le commerce d'exportation des esclaves, il défend juste que cette pratique soit aux main des juifs. De même Grégoire le Grand en 599 ne défend pas le commerce des esclaves en général, mais se soucie juste que des chrétiens n'en soient pas l'objet. Différents conciles de l'époque abondent dans le même sens.(Concile d'Orléans 538-541, Mâcon 583, Clichy 626-627) . Le concile d'Orléans 511 , à l'occasion de débats autour du droit d'asile, respecte le droit relatif à l'esclavage.
Le concile burgonde d'Yenne 517 refuse aux abbés des monastères d'affranchir les esclaves mancipia (ce qui serait injuste contre les moines!). Le concile d'Orléans en 549 interdit d'ordonner d'esclaves sans l'autorisation de son maître.
Le concile D'Orléans en 541 montre que non seulement des prêtres possédaient des esclaves à titre personnel, mais l'église elle-même, en tant qu'institution, en possédait
Cependant, tout en maintenant avec une certaine force le principe légal de l'esclavagisme; l'église , en pratique, procède à beaucoup de libérations et de mesures adoucissant le sort des esclaves et est seule à le faire.
Théologiquement, Jonas évêque d'Orléans en 830 estime que la nature humaine est toujours égale, quelque soient les conditions sociales. Agobard archévêque de Lyon en 840 estime que l'esclavage est voulu par Dieu, malgré l'égalité originelle et que l'homme intérieur n'est soumis qu'à Dieu.
Il s'agit donc pour l'église à cette époque , comme à celle de l'Empire , d'un simple phénomène social conforme à l'ordre social établi. Et ni la religion ni la parole divine n'avait rien à y voir, si ce n'est le devoir de charité, qu'elle a d'ailleurs plus ou moins appliqué, à sa mesure humaine.
Bref, Il faut regarder ce phénomène et la pensée de l'église dans les conditions sociales et historiques de l'époque qui conditionnaient les hommes, tout comme elle conditionnent notre pensée actuelles. Nous sommes formatés à nous scandaliser de l'esclavagisme maintenant comme eux l'étaient de le trouver naturel. Les conséquences du devoir de charité étaient lues à l'époque comme compatibles avec l'usage d'esclaves libres, comme de nos jours, nous semblent compatibles avec le devoir de charité l'achat de produits fabriqués par des asiatiques dans des conditions proches de l'esclavage...(et ne me dites pas que vous achetez exclusivement du bio-équitable: vous ne seriez pas en train de surfer sur le net maintenant, si c'était vrai)
Un dernier mot par un saut très rapide dans le temps,(sinon j'en ai pour 10 pages) sur l'évolution des pensées:
Sur le territoire français, en Provence et au Languedoc, il y avait encore au 16 ° siècle des esclaves vendus sur le marché, à usage domestique. On vendait encore des esclaves turcs, polonais, russes et autres , à Toulon et à Marseille, pour l'usage des galères royales jusqu'au 18 ° siècle.
Et si ailleurs en France l'institution était combattue, ce n'était pas pour des motivations d'ordre religieux: en 1571, le Parlement de Guyenne proclamait que "la France, mère de la liberté, ne permet aucun esclave".Donc, pas par amour de Dieu. Par droit national humain.
Les institutions coutumières (donc pas la religion) publiée en 1608 par Loisel stipulaient que "Toutes personnes sont franches en ce royaume, et si tôt qu'un esclave a atteint les marches d'icelui, se faisant baptiser , est affranchi.
Notons donc 1° liberté par droit humain et non par amour de Dieu,
et 2° conditionnement de l'affranchissement de l'esclave au fait d'être chrétien: les hommes ne sont donc pas plus égaux entre eux que devant Dieu selon ces chrétiens-là, et la charité a ses limites ( qui n'ont pas de sources scripturaires)
Et finalement, à la Révolution française, le regard sur l'esclavagisme avait totalement changé ( non sans contradictions et hésitations) par l'émergence d' une idéologie égalitariste qui n'avait rien à voir avec la religion. Cette vision s'est imposée à tous, et se présente comme universelle. Elle s'impose maintenant à tous les hommes quelque soit leur religion, sans que ces hommes ne soient maintenant plus conscients maintenant qu'aux siècles passés que c'est une vision qui leur est inculquée par l'air du temps, et non par leur relation à Dieu. Je ricane amèrement sur les indignations anachroniques: soucions-nous de l'équité chez nous, maintenant, plutôt.
Dernière édition par Yahia le Mer 10 Déc - 12:32, édité 5 fois (Raison : férocité)
Re: Pourquoi aucune des 3 religions monothéistes n'interdit l'esclavage?
Jamais lu.mister be a écrit:arf allez-vous suivre le négationnisme de Shlomo sand?
Je vous rappelle simplement que la réalité est toujours complexe.
C'est l'esclavage pour dette, et ça existe toujours aujourd'hui dans de nombreux pays.mister be a écrit:Dans la loi juive, je peux me mettre au service de quelQU'un pour épurer une dette par exemple....est-ce de l'esclavage?
Durant les siècles qui suivirent, les esclaves furent d'ailleurs la principale "denrée d'exportation" des européens en direction du monde musulman...Yahia a écrit:Le concile de Châlon de 639-654, par exemple, ne défend pas le commerce d'exportation des esclaves, il défend juste que cette pratique soit aux main des juifs
Les esclaves faisaient souvent partie des dons faits à l'Eglise.
Chez nous et ailleurs : c'est bien pourquoi Idriss nous postait la récente prise de position interreligieuse à ce sujetYahia a écrit:soucions-nous de l'équité chez nous, maintenant, plutôt.
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...S'il me manque l'amour, je suis un métal qui résonne, une cymbale retentissante (1 Cor XIII, 1)
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