Les musulmans et l'esclavage
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Re: Les musulmans et l'esclavage
Là, c'est un vieil argument d'esclavagiste qui se retrouve dans toutes les cultures (NB: il nous faudra penser à développer le sujet-miroir de celui-ci, car à focaliser uniquement sur l'Islam, nous ne pouvons qu'avoir un point de vue biaisé) : le prétexte de l'incapacité de l'esclave à s'assumer seul comme justification à son esclavage....Si Mansour a écrit:l’Islam quand "libérer" directement les esclaves constitue pour eux un danger il ne les abandonne point
(remarque en passant : vous m'étonnez, à parler de "mahométan" )Si Mansour a écrit:Nous comprenons donc cette révolte ayant trait justement a la revendication de la législation musulmane et des préceptes mahométans...
...Je vous précise que je n'ai jamais nié la possibilité d'élaborer un discours abolitionniste à partir des sources musulmanes ; je ne fais que vous rappeler qu'aucun discours abolitionniste islamique n'a malheureusement eu d'impact dans l'histoire de l'esclavage, et que la lutte contre l'esclavage a pour l'instant avant tout été menée par des non-musulmans. "Avant tout" ne sous-entendant pas hypocritement "exclusivement" : le livre de Malek Chebel dont nous parlions plus haut donne par exemple à lire un fort intéressant texte abolitionniste du marocain Si Ahmed ibn Khaled an-Naçiri datant de 1936 :
Nous avons vu, d'après les faits historiques relatifs au Soudan que nous avons racontés précédemment, que les habitants de ce pays avaient depuis fort longtemps adopté la religion islamique, qu'ils étaient comptés parmi les musulmans les plus orthodoxes, et qu'ils avaient mieux que tout autre peuple la passion de l'étude et la vénération des savants. Cet état d'esprit était très répandu dans les pays limitrophes du Maghreb et connu de tout le monde. Cette vérité historique montre suffisamment la monstruosité de la pratique malheureuse qui, depuis bien longtemps, s'était généralisée dans tout le pays du Maghrab ; je parle de cette plaie sociale qu'est l'esclavage des Nègres originaires du Soudan, quelle que soit la confession de la race à laquelle ils appartiennent, musulmane ou païenne, qu'on a l'habitude d'amener chaque année de leur pays en grand nombre, comme des troupeaux, pour les vendre à la criée comme des bêtes de some, ou d'une façon plus indécente encore, dans les marchés des villes et de la campagne du Maghreb. Sans honte, les gens ferment les yeux sur ce crime qui se commet au grand jour depuis une longue suite de générations, à tel point que la masse du peuple croit que l'origine légale de l'esclavage consiste dans la noirceur du teint et la provenance du Soudan. C'est là, par Dieu, une des pratiques les plus abominables et les plus graves en matière de religion, car ces Nègres sont des musulmans et, par conséquent, jouissent des mêmes droits et sont assujettis aux mêmes devoirs que nous. En admettant qu'il y ait parmi eux des polythéistes ou des adeptes d'une autre religion que l'islamisme, la grande majorité est de confession musulmane, à l'heure actuelle et même bien avant notre époque. Or, en droit canonique, tout jugement dogmatique doit reposer sur la majorité des cas d'espèces qui le déterminent. Et en admettant même que cette majorité fasse défaut en l'occurence, et que l'islam et le paganisme soient égaux en nombre et en valeur dans ces contrées, qui pourrait nous renseigner d'une manière exacte sur la provenance de ces Nègres mis en vente, et s'ils sont d'une race païenne ou d'une race musulmane ?
En principe, tous les hommes sont, par nature, de condition libre et son exempts par conséquent de toute cause d'asservissement ; quiconque, donc, nie cette liberté individuelle, nie ce principe fondamental. Les déclarations que font les importateurs et marchands d'esclaves à ce sujet sont sujettes à caution, parce que c'est un fait établi et connu de tout le monde que les vendeurs en général, quand ils s'agit d'écouler leur marchandise, ne reculent pas devant le mensonge pour la vanter outre mesure et lui attribuer des qualités imaginaires, et que ceux qui se livrent au commerce d'esclaves, d'une façon particulière, vont très loin dans cette voie. D'ailleurs, tous ceux qui s'adonnent à ce métier vil sont, tels que nous les voyons, des gens sans aveu, sans moralité et sans religion. Notre temps est ce que l'on sait et les gens au milieu desquels nous vivons sont ce que nous voyons ! On ne doit pas non plus ajouter foi aux dire des esclaves eux-mêmes en ce qui concerne leur condition, comme le disent les juristes, étant donné la diversité des circonstances et des intérêts sur ce point. Il se peut en effet que leur vendeur les ait mis en auparavant à la torture pour qu'ils ne disent rien qui puisse porter atteinte à la légitimité de ce trafic ; il se peut aussi que l'esclave mis en vente ait tout intérêt à sortir de la possession de son ancien maître par tous les moyens possibles, et qu'il lui importe peu de s'attribuer la servitude devant le désir de se voir vendu d'urgence ; il se peut enfin qu'il y ait d'autres intérêts de genre qu'il serait long d'énumérer.
Il est d'autre part de notoriété publique (fondée sur le témoignage de gens dignes de foi) que les tribus du Soudan, à l'heure actuelle -et même bien avant notre époque- font des incursions les unes chez les autres loin des pays de la tribu. Ces peuplades agissent ainsi comme les tribus du Maghreb qui commettent des actes de brigandage : vols, razzias, enlèvement de troupeaux, attaques à main armée, à l'encontre de leurs frères de sang. Ces gens sont pourtant tous issus de musulmans ; mais le manque de religion et l'absence d'autorité les poussent à ces crimes.
Comment donc un homme qui a le moindre scrupule pour sa religion pourrait-il se permettre d'acquérir ainsi des personnes de cette condition ? Comment pourrait-il aussi avoir l'audace de prendre leurs femmes pour concubines alors qu'on ne doit jamais, d'après la loi, avoir de relations intimes avec celles dont la condition est douteuse ?
Re: Les musulmans et l'esclavage
Je te remercie surtout d'avoir signalé comme le précise justement Malek Chebel dans son texte sus cité que tout ce qui a trait a l'horreur de l'esclavagisme dans le monde musulman est surtout du au fait du manque de religion et d'autorité islamique...Il a en fait blanchi l'Islam de tout ces dépassements. Mais je vous rejoins et j'abonde même dans votre sens que la ou l'Islam disparaît ou lorsqu'il est mis de coté apparaissent justement tout les maux qu'il a combattu avec sévérité...Ces peuplades agissent ainsi comme les tribus du Maghreb qui commettent des actes de brigandage : vols, razzias, enlèvement de troupeaux, attaques à main armée, à l'encontre de leurs frères de sang. Ces gens sont pourtant tous issus de musulmans ; mais le manque de religion et l'absence d'autorité les poussent à ces crimes.
Quand a la libération fortuite d'esclave sans prise en considération de leurs volet social il est notoirement connu qu'ils courent le risque de retourner à leur condition primitive...Vous savez fort bien que la société esclavagiste est bien avisée de leur rendre pratiquement impossible la vie hors de la servitude et à des maîtres bien définis..
Si Mansour- Membre banni
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Re: Les musulmans et l'esclavage
Non, absolument pas. Pas plus que l'existence de l'abolitionnisme chrétien ne blanchit le christianisme. Encore une fois, je vous rappelle que dans une rubrique "Histoire", votre croyance en un Islam véritable voulu par Dieu n'est pas à prendre en compte (il en va évidemment de même pour ma religion) ; ici, l'Islam n'est que ce que les musulmans en ont fait selon les lieux et les époques.Si Mansour a écrit:Il a en fait blanchi l'Islam de tout ces dépassements
Ce n'est absolument pas mon propos ; d'autant plus que l'argument islamique "on ne peut rendre illicite ce que Dieu a rendu licite" est l'un des obstacles dressés par les partisans musulmans de l'esclavage pour lutter contre son abolition (il me faudra en retrouver des exemples...)Si Mansour a écrit:Mais je vous rejoins et j'abonde même dans votre sens que la ou l'Islam disparaît ou lorsqu'il est mis de coté apparaissent justement tout les maux qu'il a combattu avec sévérité
Quant au livre dont nous discutons pour le moment, voici des extraits du premier chapitre :
Au chapitre 3, il ajoute :Malek Chebel a écrit:L'abolition n'est pas un système étatique, structuré comme tel, non plus qu'un puissant leitmotiv du Coran. Le Coran n'étant pas contraignant, l'abolition relève de la seule initiative personnelle du maître. Cette ambiguïté est constructive de l'approche coranique : encourager ceux qui font le bien, mais ne pas alourdir la peine de ceux qui ne font rien. Plusieurs versets entérinent au demeurant l'infériorité de l'esclave par rapport à son maître (...) Mais la jurisprudence est floue, nuancée, alambiquée. En réalité, deux doctrines tranchées s'affrontent en islam : la première est celle des féodaux qui distordent le sens des versets coraniques pour les rendre plus favorables à leur commerce ; la seconde est celle des abolitionnistes qui prennent prétexte de la loi coranique pour affranchir à bon prix leurs esclaves ou parfois affranchir les esclaves des autres. Car certains ne touchent pas aux leurs, qu'ils appellent tantôt "enfants", tantôt "fils" ou "filles " et qu'ils regardent comme de véritables enfants adoptifs (...) La complexité de la doctrine, adroitement exploitée par les esclavagistes, ne sert pas moins avec efficacité les abolitionnistes. Mais la vérité est que ceux-ci ne sont pas nombreux en Islam. A supposer qu'ils existent, les libérateurs d'esclaves musulmans sont trop timorés face à la puissance de l'argent.
Malek Chebel a écrit:Si l'islam interdit vraiment l'esclavage, pourquoi le Prophète aurait-il "détaxé" la propriété de l'esclave ? C'est ce que nous apprend un théologien comme El-Bokhari (Traditions islamiques, t. I, p. 477), qui dit tenir le propos d'Abû Horaira (VIIème siècle), l'une des sources les plus fiables de la Tradition. Après l'avoir entendu du Prophète en personne, celui-ci aurait dit que "Le Musulman ne doit pas la dîme, ni pour son cheval, ni pour son esclave". Aussi, les grands seigneurs n'hésitaient-ils pas à garnir leurs palais d'esclaves, au même titre que de tapis somptueux ou de marbres les plus chers
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Re: Les musulmans et l'esclavage
J'ai lu dans la Sîra que l'islam reprend bien le dogme de la malédiction de Cham... Alors, hadith inventé ou pas ?
Re: Les musulmans et l'esclavage
La malédiction de Cham est à discuter sur le fil déjà ouvert : https://dialogueabraham.forum-pro.fr/t523-la-malediction-de-cham-les-noirs-condamnes-a-l-esclavageIsabelle a écrit:J'ai lu dans la Sîra que l'islam reprend bien le dogme de la malédiction de Cham... Alors, hadith inventé ou pas ?
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Re: Les musulmans et l'esclavage
Je fais remonter ce fil pour poster ces vidéos que l'on vient de me faire découvrir :
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Re: Les musulmans et l'esclavage
Au passage, quitte à faire remonter ce fil, j'ai cherché d'autres pistes de réflexion
Je suis tombé sur un ouvrage ayant pour titre "Esclavages et abolitions en terre d’Islam"... Je ne l'ai pas encore lu, mais les pluriels dans le titre me semblent aller dans une bonne direction, puisque ce détail semble montrer que nous ne serons pas dans la généralisation abusive
Présentation du livre : http://andreversailleediteur.com/upload/args/botteesclavageconsultation.pdf
L'ouvrage en ligne : http://andreversailleediteur.com/upload/args/botteesclavageconsultation.pdf
L'auteur à écouter sur http://www.rfi.fr/emission/20101205-abolition-esclavage-terres-islam
Je suis tombé sur un ouvrage ayant pour titre "Esclavages et abolitions en terre d’Islam"... Je ne l'ai pas encore lu, mais les pluriels dans le titre me semblent aller dans une bonne direction, puisque ce détail semble montrer que nous ne serons pas dans la généralisation abusive
Présentation du livre : http://andreversailleediteur.com/upload/args/botteesclavageconsultation.pdf
L'ouvrage en ligne : http://andreversailleediteur.com/upload/args/botteesclavageconsultation.pdf
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Re: Les musulmans et l'esclavage
Je découvre ce fil. Je signale l'ouvrage de Tidiane Ndiaye, Le génocide voilé (Gallimard, ), sur la traite trans-saharienne. http://www.evene.fr/livres/livre/tidiane-n-diaye-le-genocide-voile-33009.php
Un résumé de mon cru : http://www.evene.fr/livres/livre/tidiane-n-diaye-le-genocide-voile-33009.php
à+
Un résumé de mon cru : http://www.evene.fr/livres/livre/tidiane-n-diaye-le-genocide-voile-33009.php
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Re: Les musulmans et l'esclavage
Merci pour cette contribution
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Re: Les musulmans et l'esclavage
Ce qui est sûr, c'est que sous l'ère des "arabes", des africains, des juifs, des chrétiens, des "non-religieux" et des "musulmans" pratiquaient certaines formes d'esclavage (des plus cruelles aux moins violentes). Mais concernant l'islam, cela constitue une véritable transgression à la Loi Divine, car asservir un homme libre est interdit...
Le Prophète Muhammad (saw) a dit sur l'esclavage : "Je serai l’adversaire de trois catégories de personnes le Jour du Jugement. Et parmi ces trois catégories, il cita celui qui asservit un homme libre, puis le vend et récolte cet argent." (Hadîth rapporté par Bukhari).
Quant au type d'esclavage toléré, il n'est en rien comparable à la violence connue par la suite en Afrique (par certains arabes agissant à leur propre compte, juifs, chrétiens, non-religieux et plus tard par les colons occidentaux).
Puisqu'ils sont les égaux en valeur et droit humains de leurs responsables.
Ils doivent être traités avec justice, équité, bonté, nourri, logé, éduqué, ne pas exercer des tâches trop difficiles ou dangereuses, et ils doivent être affranchis (eux-même peuvent entamer cette démarche) dès que possible (car si la personne ne possède pas de moyens matériels ni d'éducation, sa survie n'est guère garantie de façon autonome..., et pour des raisons économiques, il leur était parfois difficile de vivre par soi-même, n'ayant pas de travail pour subvenir à leurs besoins). Ainsi, ce ne sont pas des esclaves au sens "moderne" du mot, mais plutôt des "employés", puisque possédant des droits, devant remplir des services en échange d'une rémunération convenable.
Il y a une interdiction formelle de les tuer, de les blesser, de les insulter, de les mépriser, de les surcharger, de les castrer ou de leur imposer des tâches humiliantes.
Le Prophète Muhammad (saw) a dit sur l'esclavage : "Je serai l’adversaire de trois catégories de personnes le Jour du Jugement. Et parmi ces trois catégories, il cita celui qui asservit un homme libre, puis le vend et récolte cet argent." (Hadîth rapporté par Bukhari).
Quant au type d'esclavage toléré, il n'est en rien comparable à la violence connue par la suite en Afrique (par certains arabes agissant à leur propre compte, juifs, chrétiens, non-religieux et plus tard par les colons occidentaux).
Puisqu'ils sont les égaux en valeur et droit humains de leurs responsables.
Ils doivent être traités avec justice, équité, bonté, nourri, logé, éduqué, ne pas exercer des tâches trop difficiles ou dangereuses, et ils doivent être affranchis (eux-même peuvent entamer cette démarche) dès que possible (car si la personne ne possède pas de moyens matériels ni d'éducation, sa survie n'est guère garantie de façon autonome..., et pour des raisons économiques, il leur était parfois difficile de vivre par soi-même, n'ayant pas de travail pour subvenir à leurs besoins). Ainsi, ce ne sont pas des esclaves au sens "moderne" du mot, mais plutôt des "employés", puisque possédant des droits, devant remplir des services en échange d'une rémunération convenable.
Il y a une interdiction formelle de les tuer, de les blesser, de les insulter, de les mépriser, de les surcharger, de les castrer ou de leur imposer des tâches humiliantes.
Ghazali- Messages : 296
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Re: Les musulmans et l'esclavage
Il me semble que l'adjectif est de trop, et que ça ouvre la porte à toutes sortes de choses, à la limite ça devient un truisme...Ghazali a écrit: car asservir un homme libre est interdit...
à+
Re: Les musulmans et l'esclavage
Le phénomène de la traite orientale a été tellement massif que dire "par certains arabes" alors que vous n'hésitez pas à dire d'autre part "par les colons occidentaux", c'est du "deux poids, deux mesures"Ghazali a écrit:la violence connue par la suite en Afrique (par certains arabes
Assumez, et dites "par les arabes" ; ou alors, soyez équitables et dites aussi "par certains colons occidentaux"
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Re: Les musulmans et l'esclavage
Tous les arabes ne pratiquaient pas l'esclavage.-Ren- a écrit:Le phénomène de la traite orientale a été tellement massif que dire "par certains arabes" alors que vous n'hésitez pas à dire d'autre part "par les colons occidentaux", c'est du "deux poids, deux mesures"Ghazali a écrit:la violence connue par la suite en Afrique (par certains arabes
Assumez, et dites "par les arabes" ; ou alors, soyez équitables et dites aussi "par certains colons occidentaux"
Pour les "colons occidentaux", je ne parlais pas de tous les occidentaux, mais des colonisateurs, ceux qui venaient en Afrique principalement pour ça
Ghazali- Messages : 296
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Re: Les musulmans et l'esclavage
Ceux qui n'en avaient pas les moyens ne le pratiquaient pas, en effet. Et en cela, ils ne diffèrent en rien des "petits blancs" des Amériques qui, eux aussi, ne pratiquaient pas l'esclavage.Ghazali a écrit:Tous les arabes ne pratiquaient pas l'esclavage
Je vous rappelle que mettre fin à l'esclavage a été l'un des arguments de la conquête française du Maghreb.Ghazali a écrit:Pour les "colons occidentaux", je ne parlais pas de tous les occidentaux, mais des colonisateurs, ceux qui venaient en Afrique principalement pour ça
Encore une fois, ne faisons pas "deux poids, deux mesures" : la traite orientale -l'esclavage massif pratiqué par les musulmans- est aussi abominable que la traite occidentale. Et nous ne pourrons lutter contre les formes actuelles de l'esclavage qu'en étant honnête avec ce lourd passé.
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Re: Les musulmans et l'esclavage
Pour la précision, l'esclavage des Européens, car quand cette conquête a commencé la France admettait encore l'esclavage dans certaines de ses colonies.-Ren- a écrit:
Je vous rappelle que mettre fin à l'esclavage a été l'un des arguments de la conquête française du Maghreb.
à+
Re: Les musulmans et l'esclavage
C'était en effet l'un des arguments de Charles X (il faudrait cependant retrouver son discours du trône de 1830 ) ; on oublie trop facilement aujourd'hui à quel point l'imaginaire européen était marqué par cette pratique séculaire des maghrébins ( http://www.academia.edu/1147945/Recits_de_captifs_espagnols_a_Constantinople_et_a_Alger_au_Siecle_dor-Merle )Spin a écrit:Pour la précision, l'esclavage des Européens
Mais le discours abolitionniste va s'élargir, justifiant la colonisation qui suivra ( http://books.google.fr/books?id=ZzUm-nps3_MC&pg=PA59&lpg=PA59&dq=colonisation+alg%C3%A9rie+esclavage&source=bl&ots=OnHjxvu_M0&sig=YtZn0I_hA0K3_XwWeObC_yuA7oI&hl=fr&sa=X&ei=jOsJUqiTEqSr7AaGzoCICw&ved=0CEIQ6AEwAzgK#v=onepage&q&f=false )
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Re: Les musulmans et l'esclavage
Les Corses ne l'ont pas oublié puisque leur drapeau y fait référence...-Ren- a écrit:on oublie trop facilement aujourd'hui à quel point l'imaginaire européen était marqué par cette pratique séculaire des maghrébins
à+
Re: Les musulmans et l'esclavage
Ne connaissant que vaguement les légendes sur la testa maura, je n'aurais pas pensé à faire le lienSpin a écrit:Les Corses ne l'ont pas oublié puisque leur drapeau y fait référence
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Re: Les musulmans et l'esclavage
non justement ils ne sont pas égaux en droit ni en valeur avec leurs maitres, plusieurs versets du coran le précisent explicitement.Ghazali a écrit:
Quant au type d'esclavage toléré, il n'est en rien comparable à la violence connue par la suite en Afrique (par certains arabes agissant à leur propre compte, juifs, chrétiens, non-religieux et plus tard par les colons occidentaux).
Puisqu'ils sont les égaux en valeur et droit humains de leurs responsables.
rosarum- Messages : 1021
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Re: Les musulmans et l'esclavage
Ce n'est pas ce qu'en pense Tidiane N'Diaye, selon les extraits cités par notre ami spin :Ghazali a écrit:Quant au type d'esclavage toléré, il n'est en rien comparable à la violence connue par la suite en Afrique (par certains arabes agissant à leur propre compte, juifs, chrétiens, non-religieux et plus tard par les colons occidentaux)
http://bouquinsblog.blog4ever.com/le-genocide-voile-tidiane-n-diayeDe temps immémoriaux, un système de servage sévissait en Afrique. Mais il n'avait rien de commun, en but et en proportion, avec celui des "visiteurs" arabo-musulmans. Le servage, dans les sociétés lignagères africaines, était différent de l'esclavage antique parce que le captif y était intégré à la famille. Il avait le statut d'un adopté, voire d'un "parent". Il n'était pas comparable à un "automate" au sens grec, ni à un "bien" au sens romain ou une "chose mobilière" au sens français. Il jouissait de droits civiques et de droits de propriété... (p31)
Affirmer que les Arabo-Musulmans - et après eux les négriers européens - n'avaient fait qu'imiter des pratiques déjà en cours avant leur arrivée, en armant tout simplement les bras, est une grossière contrevérité. Les système de servage préexistant en Afrique noire n'a fourni que des prises que les négriers arabes ont été les premiers à exploiter de façon inhumaine et bestiale, par mépris des peuples noirs. (p38)
Il y eut bien sûr la privation de liberté et le travail forcé. Mais cette déportation fut aussi - et dans une large mesure - une véritable entreprise programmée de ce qu'on pourrait appeler "une extinction ethnique par castration massive". (p187)
Comme le but de ce génocide programmé était avant tout de s'entourer d'esclaves africains qui ne pouvaient avoir de descendance, on pratiquait la plupart du temps une opération légère, visant seulement à rendre l'homme stérile. Mais beaucoup plus tard, dans nombre de pays arabo-musulmans, on exigea que les Africains subissent l'opération dite "à fleur de ventre", qui interdisait toute relation sexuelle, et se soldait par une mortalité considérable. (p191)
Mais pourquoi, peut-on se demander, nombre d'auteurs veulent-ils l'ignorer, en restreignant le champ de leurs recherches sur les traites négrières à celle pratiquée par les nations occidentales ? Et lorsque quelques rares chercheurs courageux - notamment africains - osent aborder la traite arabo-musulmane, ils en sous-évaluent l'importance, tout en surdimensionnant la ponction transatlantique. (p207)
A la conférence de Durban [en 2001], on attendait beaucoup, surtout du courage sur la question dans son ensemble. Mais les participants ont tout simplement réussi à occulter le rôle et la responsabilité des nations arabo-musulmanes dans le martyre des peuples noirs, pendant plus de treize siècles, sans interruption. Dans un mélange des genres souvent hors du sujet, on y a même entendu parler de "crimes sionistes" et de solidarité avec les Palestiniens. Mais pour ce qui intéresse les peuples, à Durban on s'est contenté de mettre en accusation les négriers occidentaux... (p227)
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Re: Les musulmans et l'esclavage
Dans le sahih Al-Bukhari, il y a un livre consacré à l’affranchissement des esclaves.
Est-il possible d'en faire un recensement ici ou faut-il poster en section islam ?
Est-il possible d'en faire un recensement ici ou faut-il poster en section islam ?
Doute-Pieux- Messages : 243
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Re: Les musulmans et l'esclavage
Je pense que l'endroit le plus pratique est iciDoute-Pieux a écrit:Est-il possible d'en faire un recensement ici
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Re: Les musulmans et l'esclavage
48. Livre de l'affranchissement des esclaves et des mérites de cet acte.
1139. Abu Huraira rapporta que le Prophète avait dit: "Quiconque affranchit un esclave musulman, Allah le sauvera de l'enfer pour chaque membre de l'esclave affranchi, l'un de ses membres."
Chapitre 1: Quel est le meilleur type d'affranchissement ?
1140. Abou Tharr rapporta: J'ai demandé au Prophète quelle est la meilleur oeuvre. Il dit: "Croire en Allah et combattre pour Sa cause." Je lui demandai alors quel type d'affranchissement (des esclaves) est meilleur. Il répondit: "L'affranchissement de l'esclave le plus cher et le plus prisé par son maître." Je dis: Et si je ne pouvais faire ainsi ?" Il répondit: "Alors, tu aides l'impotent ou tu prêtes main forte à l'incapable." Je commentai: Et si je ne pouvais offrir un tel service ? Il répondit: Tu évites de faire du mal aux gens car cela est considéré comme un acte charitable que tu présentes à toi-même."
(à suivre)
1139. Abu Huraira rapporta que le Prophète avait dit: "Quiconque affranchit un esclave musulman, Allah le sauvera de l'enfer pour chaque membre de l'esclave affranchi, l'un de ses membres."
Chapitre 1: Quel est le meilleur type d'affranchissement ?
1140. Abou Tharr rapporta: J'ai demandé au Prophète quelle est la meilleur oeuvre. Il dit: "Croire en Allah et combattre pour Sa cause." Je lui demandai alors quel type d'affranchissement (des esclaves) est meilleur. Il répondit: "L'affranchissement de l'esclave le plus cher et le plus prisé par son maître." Je dis: Et si je ne pouvais faire ainsi ?" Il répondit: "Alors, tu aides l'impotent ou tu prêtes main forte à l'incapable." Je commentai: Et si je ne pouvais offrir un tel service ? Il répondit: Tu évites de faire du mal aux gens car cela est considéré comme un acte charitable que tu présentes à toi-même."
(à suivre)
Doute-Pieux- Messages : 243
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esclave islam
L'historien Gabriel Martinez-Gros a traité la question de l'esclavage en terre d'islam, dans une conférence donnée le 22 Novembre 2011 à l'Ecole militaire : « Captifs et prises de guerre dans l’Islam médiéval », cycle de conférences "Les rendez-vous de l'histoire 2011-2012", organisé par l'IRSEM.
La conférence peut être écoutée ici :
http://www.franceculture.fr/captifs-et-prises-de-guerre-dans-l%E2%80%99islam-medieval
Martinez-Gros est revenu sur le sujet à l'occasion de l'émission Culture d'Islam du 02/05/14 intitulée Ibn Khaldûn universel.
Blaise- Messages : 220
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Re: Les musulmans et l'esclavage
Islam, “esclaves” (ou “castés”) et catégories de race en Afrique de l’ouest musulmane
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http://www.saphirnews.com/agenda/Islam-esclaves-ou-castes-et-categories-de-race-en-Afrique-de-l-ouest-musulmane_ae303561.html
Site web : http://iismm.ehess.fr/
Description
Journées d’études : “Islam, ‘esclaves’ (ou ‘castés’) et catégories de race en Afrique de l’ouest musulmane” — Jeudi 5 et vendredi 6 juin 2014 — Laboratoire d’Anthropologie Sociale, Collège de France, 52 rue du Cardinal Lemoine, 75005 Paris, Salle Claude Lévi Strauss (M° Maubert-Mutualité)
I. L’‘esclave’ selon l’islam de l’Occident musulman : macule de l’infidélité ou émancipation par l’incorporation du Coran
Lors du premier panel, il s’agira de mettre en tension deux modalités de « l’argument de race », l’appartenance à l’islam ou son exclusion présentes dans des énoncés à l’endroit des « esclaves » ou des « castés ». La première modalité prégnante plutôt dans la boucle du Niger, privilégiera l’ancestralité arabe (descendant de Mahomet ou sharîf…) ou islamique. A l’opposé de ceux qui prétendent à une telle ascendance, les populations noires asservies sont marquées jusqu’à maintenant par la « macule de l’infidélité » (stain of infedility). Et ce, même après conversion et manumission comme le démontre Bruce Hall dans A History of Race in Muslim West Africa, 1600-1960 (New York, Cambridge University Press 2011). L’infidélité et non la couleur de peau étant la justification légale selon le fiqh de la mise en esclavage, celle-ci remonte au jihâd au cours duquel l’ancêtre présumé païen de l’esclave aurait été capturé.
Une seconde modalité plus inclusive de l’argument de race mit en avant, non plus l’hérédité, mais la conversion et l’apprentissage du savoir coranique et islamique (‘ilm) ou de la connaissance mystique (ma‘rifa). Celle-ci prévalut dans l’ensemble Mauritano-Sénégambien « atlantique » à partir de la fin du XVIIe siècle comme le montre Rudolph Ware dans The Walking Qur’an, Islamic Education, Embodied Knowledge, and History in West Africa (University of Carolina Press, à paraître). L’islam y fut émancipateur à l’égard des esclaves à deux moments distincts. Á la fin XVIIIe et au début XIXe siècles les fondateurs des imamats Fulbe/Fulani qui ne prétendaient à une origine chérifienne[1], luttèrent au départ contre la mise en esclavage des musulmans et leur vente sur les bateaux des chrétiens. Cette période coïncidant avec la campagne pour l’abolition de la traite atlantique, on prendra la mesure des malentendus entre les protagonistes de deux formes d’abolitionnisme, celui occidental, sécularisé, et celui d’Afrique de l’Ouest, restreint aux seuls musulmans[2]. Le second moment d’émancipation de la fin du XIXème et du début du XXème siècles, fut impulsé par les ordres soufis post-jihâd (Muridiyya…) précédant souvent les abolitions « légales » de 1904/1905[3].
II. Les catégories de « descendants d’esclaves » ou de « castés » : substances, relations
La seconde matinée s’interrogera sur les autres fondements de la résilience contemporaine des catégories de « descendants d’esclaves » ou de « castés » (artisans, griots…). Les limitations au respect des obligations de l’islam édictées aux descendants d’esclaves ou bien l’exclusion matrimoniale qui les transforment en « quasi caste » ne peuvent s’expliquer qu’en mettant en rapport les énoncés attribuant une « infidélité permanente » (Scheele 2012) et les divers domaines du social. En outre ces catégories qu’on ne peut plus confondre avec des groupes discrets (« libres, « castés »..) sont prises dans des relations transversales aux autres champs du social ou de l’économie – parenté à plaisanterie, relations de pouvoir ou types d’extranéité[4]… Cet ensemble, que certains anthropologues envisagent maintenant comme un continuum, est néanmoins fragmenté par des distinctions purs/impurs, des références à des substances corporelles véhiculant des valeurs morales et esthétiques – couleurs de peau ou humeurs vitales (sang, lait…).
On se demandera comment s’articulent les composantes relationnelles et substantielles de ces catégories. Quelles sont les réponses des individus ou des groupes face à l’invocation de ces « humeurs morales » dans la sphère semi-publique du mariage, dans la pratique religieuse et dans la vie politique ? Stratégie de mobilisation, inversion du stigmate, quête de la reconnaissance islamique… Nous croiserons également les questions de race, de catégories sociales et de genre selon la perspective de l’intersectionalité. Il existe des différences marquantes selon qu’on est un homme ou une femme esclave, surtout du point de vue du mariage, de l’héritage, et de la filiation, et bien évidemment des activités serviles. Du point de vue du genre, les femmes esclaves n’ont pas le même statut que les femmes nobles et ne sont pas créditées des mêmes valeurs.
III. La lutte pour la reconnaissance islamique : mouvements abolitionnistes, contestation du fiqh et stratégies pieuses
En effet depuis la fin des années 2000 et avant les fracas du Nord Mali, plusieurs mouvements sociaux ou anti-slavery movements (ASMs) abordés lors de la troisième matinée, remettent en cause « l’esclavage » à partir de l’islam même. Ce faisant, ces mobilisations récusent une historiographie issue de la traite atlantique et de l’abolitionnisme qui envisageait le racisme de couleur comme une justification de l’esclavage[5]. L’importation de cette perspective en Afrique de l’ouest signifiait que l’esclavage était conçu d’abord comme un rapport d’exploitation, l’islam étant réduit à une « idéologie[6] ». Trois mouvements plus récents soit reformulent l’agenda abolitionniste (Hahonou et Pelckmans 2011), soit se situent en dehors de celui-ci. La première stratégie est illustrée par l’IRA (Initiative pour la Résurgence du Mouvement Abolitionniste) en Mauritanie, regroupant de nombreux harâtîn affranchis et descendants d’esclaves (Ould Ahmed Salem 2013). Son dirigeant, Biram Dah Abeid mit en cause publiquement en 2012 des énoncés du fiqh malékite déclenchant une tempête de fatwas. En revanche chez les Haalpulaaren du Sénégal et de Mauritanie, les subalternes regroupés au sein du mouvement Enndam Bilaali, s’emparent du nom d’esclave et inversent les stigmates de leur infériorité sociale et de leur « ignorance » de l’islam en prônant la réussite économique et en s’organisant comme une quasi confrérie. Troisième espace, celui de la boucle du Niger au Mali, voit l’émergence d’associations Bella : TEMEDT, MBJEN…? On s’interrogera sur le relatif cloisonnement de ces mouvements émergents ou, au contraire, sur leur mise en connexion entre pays voisins du Sahel ou entre les deux rives du Sahara.
IV. Lors de la quatrième matinée consacrée au festival de vidéo de recherche sur l’esclavage et l’émancipation du CIRESC, seront montrées les images des traces de l’émancipation des esclaves comme les luttes actuelles pour la reconnaissance islamique.
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Journées d’études : “Islam, ‘esclaves’ (ou ‘castés’) et catégories de race en Afrique de l’ouest musulmane” — Jeudi 5 et vendredi 6 juin 2014 — Laboratoire d’Anthropologie Sociale, Collège de France, 52 rue du Cardinal Lemoine, 75005 Paris, Salle Claude Lévi Strauss (M° Maubert-Mutualité)
I. L’‘esclave’ selon l’islam de l’Occident musulman : macule de l’infidélité ou émancipation par l’incorporation du Coran
Lors du premier panel, il s’agira de mettre en tension deux modalités de « l’argument de race », l’appartenance à l’islam ou son exclusion présentes dans des énoncés à l’endroit des « esclaves » ou des « castés ». La première modalité prégnante plutôt dans la boucle du Niger, privilégiera l’ancestralité arabe (descendant de Mahomet ou sharîf…) ou islamique. A l’opposé de ceux qui prétendent à une telle ascendance, les populations noires asservies sont marquées jusqu’à maintenant par la « macule de l’infidélité » (stain of infedility). Et ce, même après conversion et manumission comme le démontre Bruce Hall dans A History of Race in Muslim West Africa, 1600-1960 (New York, Cambridge University Press 2011). L’infidélité et non la couleur de peau étant la justification légale selon le fiqh de la mise en esclavage, celle-ci remonte au jihâd au cours duquel l’ancêtre présumé païen de l’esclave aurait été capturé.
Une seconde modalité plus inclusive de l’argument de race mit en avant, non plus l’hérédité, mais la conversion et l’apprentissage du savoir coranique et islamique (‘ilm) ou de la connaissance mystique (ma‘rifa). Celle-ci prévalut dans l’ensemble Mauritano-Sénégambien « atlantique » à partir de la fin du XVIIe siècle comme le montre Rudolph Ware dans The Walking Qur’an, Islamic Education, Embodied Knowledge, and History in West Africa (University of Carolina Press, à paraître). L’islam y fut émancipateur à l’égard des esclaves à deux moments distincts. Á la fin XVIIIe et au début XIXe siècles les fondateurs des imamats Fulbe/Fulani qui ne prétendaient à une origine chérifienne[1], luttèrent au départ contre la mise en esclavage des musulmans et leur vente sur les bateaux des chrétiens. Cette période coïncidant avec la campagne pour l’abolition de la traite atlantique, on prendra la mesure des malentendus entre les protagonistes de deux formes d’abolitionnisme, celui occidental, sécularisé, et celui d’Afrique de l’Ouest, restreint aux seuls musulmans[2]. Le second moment d’émancipation de la fin du XIXème et du début du XXème siècles, fut impulsé par les ordres soufis post-jihâd (Muridiyya…) précédant souvent les abolitions « légales » de 1904/1905[3].
II. Les catégories de « descendants d’esclaves » ou de « castés » : substances, relations
La seconde matinée s’interrogera sur les autres fondements de la résilience contemporaine des catégories de « descendants d’esclaves » ou de « castés » (artisans, griots…). Les limitations au respect des obligations de l’islam édictées aux descendants d’esclaves ou bien l’exclusion matrimoniale qui les transforment en « quasi caste » ne peuvent s’expliquer qu’en mettant en rapport les énoncés attribuant une « infidélité permanente » (Scheele 2012) et les divers domaines du social. En outre ces catégories qu’on ne peut plus confondre avec des groupes discrets (« libres, « castés »..) sont prises dans des relations transversales aux autres champs du social ou de l’économie – parenté à plaisanterie, relations de pouvoir ou types d’extranéité[4]… Cet ensemble, que certains anthropologues envisagent maintenant comme un continuum, est néanmoins fragmenté par des distinctions purs/impurs, des références à des substances corporelles véhiculant des valeurs morales et esthétiques – couleurs de peau ou humeurs vitales (sang, lait…).
On se demandera comment s’articulent les composantes relationnelles et substantielles de ces catégories. Quelles sont les réponses des individus ou des groupes face à l’invocation de ces « humeurs morales » dans la sphère semi-publique du mariage, dans la pratique religieuse et dans la vie politique ? Stratégie de mobilisation, inversion du stigmate, quête de la reconnaissance islamique… Nous croiserons également les questions de race, de catégories sociales et de genre selon la perspective de l’intersectionalité. Il existe des différences marquantes selon qu’on est un homme ou une femme esclave, surtout du point de vue du mariage, de l’héritage, et de la filiation, et bien évidemment des activités serviles. Du point de vue du genre, les femmes esclaves n’ont pas le même statut que les femmes nobles et ne sont pas créditées des mêmes valeurs.
III. La lutte pour la reconnaissance islamique : mouvements abolitionnistes, contestation du fiqh et stratégies pieuses
En effet depuis la fin des années 2000 et avant les fracas du Nord Mali, plusieurs mouvements sociaux ou anti-slavery movements (ASMs) abordés lors de la troisième matinée, remettent en cause « l’esclavage » à partir de l’islam même. Ce faisant, ces mobilisations récusent une historiographie issue de la traite atlantique et de l’abolitionnisme qui envisageait le racisme de couleur comme une justification de l’esclavage[5]. L’importation de cette perspective en Afrique de l’ouest signifiait que l’esclavage était conçu d’abord comme un rapport d’exploitation, l’islam étant réduit à une « idéologie[6] ». Trois mouvements plus récents soit reformulent l’agenda abolitionniste (Hahonou et Pelckmans 2011), soit se situent en dehors de celui-ci. La première stratégie est illustrée par l’IRA (Initiative pour la Résurgence du Mouvement Abolitionniste) en Mauritanie, regroupant de nombreux harâtîn affranchis et descendants d’esclaves (Ould Ahmed Salem 2013). Son dirigeant, Biram Dah Abeid mit en cause publiquement en 2012 des énoncés du fiqh malékite déclenchant une tempête de fatwas. En revanche chez les Haalpulaaren du Sénégal et de Mauritanie, les subalternes regroupés au sein du mouvement Enndam Bilaali, s’emparent du nom d’esclave et inversent les stigmates de leur infériorité sociale et de leur « ignorance » de l’islam en prônant la réussite économique et en s’organisant comme une quasi confrérie. Troisième espace, celui de la boucle du Niger au Mali, voit l’émergence d’associations Bella : TEMEDT, MBJEN…? On s’interrogera sur le relatif cloisonnement de ces mouvements émergents ou, au contraire, sur leur mise en connexion entre pays voisins du Sahel ou entre les deux rives du Sahara.
IV. Lors de la quatrième matinée consacrée au festival de vidéo de recherche sur l’esclavage et l’émancipation du CIRESC, seront montrées les images des traces de l’émancipation des esclaves comme les luttes actuelles pour la reconnaissance islamique.
- Notes:
- [1] En particulier les fondateurs de l’imamat du Fuuta Tooro (vallée du Sénégal/Mauritanie), du califat de Sokoto rayonnant à partir, du Nigeria, de la Diina du Mali…,
[2] Mentionnons les deux cas les mieux documentés : l’almaami Abdul Qader à la tête de l’imamat du Fuuta Tooro et les Français de Saint Louis dans les années 1780, le sultan Ahmadu Bello successeur d’Uthman dan Fodio fondateur de Sokoto et le voyageur anglais Hugh Clapperton dans les années 1820 (Fisher 1985, Lovejoy 2004, Lockhart & Lovejoy 2005), Le premier a été abordé par Rebecca Scott et Jean Hébrard, dans leur livre Freedom Papers (2012). Ceux-ci qui ont collaboré avec Rudolph Ware, narrent en micro historiens les pérégrinations des deux côtés de l’Atlantique (Saint Domingue, Caraïbes…) des descendants de Rosalie « de nation poulard » (i.e. pulaar) capturée dans la vallée du Sénégal vers 1785 et leur émancipation au cours des siècles à travers les « papiers ».
[3] Ces thématiques prolongent celles abordées lors d’une table ronde organisée par l’IISMM et le CEAf en mars 2012 et donneront lieu à un futur ouvrage Le Sahel musulman entre soufisme et salafisme : les défis de la subalternité et du transnationalisme (C. Jourde, A. W. Ould Cheikh, J.Schmitz, eds).
[4] Cette perspective relationelle avait été celle de la journée d’études internationales « Relations, dispositifs, histoires : ‘castes’ et esclavage au Sahel musulman” (31 mail 2013) CEAf et IISMM organisée par Ismaël Moya et Elena Vezzadini (communications mises en ligne).
[5] Cela jusqu’à la mise en cause par l’historienne du XVIIIe siècle, Roxann Wheeler dans The Complexion of Race (2000) du lien établi par Eric Williams entre ces deux ordres de phénomènes.
[6] L’évanouissement progressif de la relation servile au Sahel entraina corrélativement la mise au passé précolonial de l’esclavage interne ou son imputation seulement aux « Blancs », Bidhân maures, Touaregs, Arabes maliens… La raciologie « coloriste » qui servit de grille d’analyse aux « événements de 1989 » (Mauritanie/Sénégal) et aux rebellions touarègues des années 1990 rendit possible un tel déni.
Idriss- Messages : 7127
Réputation : 35
Date d'inscription : 25/05/2012
Re: Les musulmans et l'esclavage
Je viens de tomber sur ce sommaire particulièrement intéressant : http://cdlm.revues.org/159
Extraits :
Extraits :
http://cdlm.revues.org/48Les Zandj, ainsi que beaucoup d’autres esclaves noirs originaires des côtes d’Afrique orientale (où on les avait capturés, achetés ou obtenus des États soumis, à titre de tribut) furent importés en grand nombre dans l’Irak abbasside, à partir d’une date indéterminée. Leurs conditions de vie devaient être extrêmement dures, puisque en l’espace de trois siècles ils se révoltèrent à trois reprises (...)
Il y a lieu cependant d’insister sur un fait essentiel, à savoir que si ce mouvement très particulier tient une place absolument à part, parmi les très nombreuses insurrections dans l’histoire du Moyen Âge musulman, c’est parce qu’il a mis fin à l’unique essai dans le monde musulman, de transformation de l’esclavage familial en esclavage colonial (...)
http://cdlm.revues.org/27(...) La présence d’esclaves noirs est attestée dès la plus haute antiquité sur les rives de la Méditerranée, et lorsque s’achève l’époque moderne ils sont encore légions sur l’ensemble des rivages du monde musulman. Or cette constante de l’histoire méditerranéenne n’a laissé que des traces aussi ténues qu’éparses dans les sources, d’où la difficulté de cerner avec précision son ampleur et les mécanismes de son fonctionnement.
Paradoxalement les sources médiévales sont beaucoup plus abondantes, surtout grâce aux chroniques des empires du Mali, édifiés sur le bassin du Niger à partir de la pénétration musulmane au sud du Sahara. Le Tarikh el-Fettach et le Tarikh el-Soudan, en particulier, renseignent abondamment sur les captures, sur les ventes et sur la traite transsaharienne à partir de Djenné ou de Tombouctou (...)
http://cdlm.revues.org/39 (avec carte)(...) La correspondance des Ghédamsis et l’enquête de Hachaïchi attestent que le commerce transsaharien caravanier est en déclin et que la traite est condamnée, à plus ou moins longue échéance. D’autres acteurs semblent constituer une alternative. La correspondance ghédamsie évoque la prise en main du commerce des esclaves, par les Touaregs. Hachaïchi, par contre, met en valeur le détournement de ce commerce vers Fezzan et Ghat, aux dépens de Morzouk. Il parle curieusement de l’essor du commerce caravanier, y compris de la traite, au Fezzan, entre 1869 et 1884.
Mais les deux sources permettent d’esquisser une chronologie faisant valoir les compétitions entre Ghédamsis, Tripolitains et Touaregs ainsi que les pôles-relais successifs (Ghédames-Tunis, Morzouk, Ghat), en relation avec les étapes de l’abolition de la traite à Tunis, Tripoli mais aussi Morzouk, dès 1884 (...)
_________________
...S'il me manque l'amour, je suis un métal qui résonne, une cymbale retentissante (1 Cor XIII, 1)
>> Mon blog change d'adresse pour fuir la pub : https://blogrenblog.wordpress.com/ <<
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