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Message  -Ren- Sam 9 Sep - 10:49

...un fil de discussion qui permettra de regrouper pas mal de textes... Et je commence par une définition par Mussolini qui rappelle la raison d'être d'un tel sujet sur un forum tel que celui-ci :
5. Conception religieuse
Le fascisme est une conception religieuse, qui considère l’homme dans son rapport sublime avec une loi supérieure, avec une Volonté objective qui dépasse l’individu comme tel et l’élève à la dignité de membre conscient d’une société spirituelle. Ceux qui, dans la politique religieuse du régime fasciste, n’ont vu qu’une question de pure opportunité, n’ont pas compris que le fascisme est non seulement un système de Gouvernement, mais encore, et avant tout, un système de pensée (...)

12. L’État fasciste et la Religion
L’État fasciste ne reste indifférent ni en face du fait religieux en général, ni en face de cette religion positive particulière qu’est le catholicisme italien. L’État n’a pas une théologie, mais il a une morale. Dans L’État fasciste, la religion est considérée comme une des manifestations les plus profondes de l’esprit et, en conséquence, elle est non seulement respectée mais aussi défendue et protégée. L’État fasciste ne se crée pas un « Dieu » particulier comme Robespierre a voulu le faire, un jour, dans l’extrême délire de la Convention ; il ne cherche pas non plus vainement à l’effacer des âmes, ainsi que le bolchevisme. Le fascisme respecte le Dieu des ascètes, des saints, des héros et même le Dieu que voit et prie le cœur ingénu et primitif du peuple.
https://fr.wikisource.org/wiki/La_Doctrine_du_fascisme/Texte_entier

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Message  Spin Sam 9 Sep - 11:31

Je continue à penser que les deux slogans, "Qui n'est pas avec nous et contre nous" et, "Le chef a (donc nous avons) toujours raison", sont le résumé le plus simple, et ce qui permet des comparaisons.
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Message  Idriss Sam 9 Sep - 12:06

Spin a écrit:Je continue à penser que les deux slogans, "Qui n'est pas avec nous et contre nous" et, "Le chef a (donc nous avons) toujours raison", sont le résumé le plus simple, et ce qui permet des comparaisons.

L’extrême centre fonctionne aussi comme cela , c'est donc une forme de Fascisme , nous pouvons nous rejoindre là dessus  donc !

« Extrême centre » est employé pour classer des individus, des groupes, des mouvements, des organisations et des partis politiques se réclamant du centre du spectre politique par conviction ou par opportunisme et dont le côté extrême renvoie à une « intolérance à tout ce qui ne cadre pas avec un juste milieu arbitrairement proclamé »

Ce régime d'extrême centre se développe en vue de sortir d'une crise politique et sociale. Il avance globalement une politique modérantiste dans les déclarations mais orientée dans les faits par des principes de libéralisme économique, et surtout conduite par un exécutif à tendance autoritaire. Il se définit en trois points selon Pierre Serna: le « girouettisme », la modération rationnelle du juste milieu, le républicanisme a-démocratique

Selon ces critères   dire Macron est un fasciste  n'est pas une outrance .  Comme Bush ( qui n'est pas avec nous est contre nous ) L'extréme centre Macroniste impose  l'idée qu'il n'existerait pas d'alternative  et discrédite toute opposition .
Autre trait fascisant ,  le rejet des corps intermédiaires  et des contres pouvoirs (  Quand un contre pouvoir pose probléme on le contourne , voir supprime )


A proprement parler l'extrême centre macroniste n'est pas du fascisme , même si il rentre dans les critères de ta définition ...C'est donc que tes critères ne sont pas suffisamment pertinent .
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Message  Spin Sam 9 Sep - 12:19

Sauf quand même, si on garde un oeil sur le fascisme originel, que ce dernier avait aussi une dimension totalitaire. C'est pour lui que Giovanni Amendola a forgé l'adjectif "totalitario", repris à son compte par Mussolini (Amendola n'en a pas moins été victime des nervis fascistes).

Donc entre autres embrigadement forcené, notamment de la jeunesse, au nom d'une idéologie.
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Message  -Ren- Sam 9 Sep - 13:58

Je poursuis avec un partisan de la "non-définition", Michel Dobry (directeur de l'ouvrage "le mythe de l'allergie française au fascisme" > https://www.persee.fr/doc/pole_1262-1676_2004_num_21_1_1208 ), qui répondait ici à une interview sur cet ouvrage :
Le titre m’a été imposé par l’éditeur, mais après tout il n’est pas si mauvais que cela : je n’attache pas une signification technique au mot « mythe », mais ce que j’avais en tête lorsque l’occasion s’est présentée de monter cette entreprise, c’était de contribuer à déstabiliser définitivement une interprétation historique fortement présente dans l’univers de l’histoire en France (...)

Un autre aspect (...) est la question de savoir comment penser à la fois ce que, par commodité, j’appelle les droites radicales en France dans les années trente et éventuellement aujourd’hui, et, au-delà du cas français, les formes de poussées antidémocratiques qui se sont manifestées dans l’entre-deux-guerres dans presque tous les pays d’Europe, avec l’idée qu’il y a énormément de gains de connaissance à attendre d’un « inventaire des différences », d’essayer de comprendre les différences entre les mouvements, organisations et courants de pensée qui y participent et simultanément essayer de réfléchir à ce qu’ils peuvent avoir de commun (...)

C’est vrai que j’ai une certaine répugnance pour tout ce qui se rapproche des logiques classificatoires : classer, faire des typologies. Pourquoi ? Je crois qu’il y a au fondement de cette répugnance une série de positionnements intellectuels. Je crois avoir intériorisé, à tort ou à raison – à raison, je le crains – l’idée que penser et rendre intelligible le monde social ne consiste pas à classer, et en particulier à classer en reproduisant les catégorisations indigènes. Cela pour diverses raisons : d’abord, bien entendu, l’essentialisme qui est le plus souvent associé à la pensée classificatoire, et je pense que je n’ai plus besoin d’insister sur ce point. Mais aussi parce que, dans les luttes politiques, les catégories, les « concepts » et les classements utilisés ne sont pas construits à des fins de connaissance (...) Lorsqu’émerge le mot « fascisme », ce n’est pas parce qu’un savant a cherché à comprendre la réalité, mais selon d’autres logiques sociales, des logiques liées aux pratiques politiques, et le mot se retrouve d’emblée investi de sens hétérogènes et flottants.

Lorsque Mussolini prend le pouvoir, ou, auparavant, lorsque ceux qu’on va appeler les fascistes se mobilisent et entrent en action dans les villes et dans les campagnes italiennes, ils le font évidemment en dehors de toute logique de connaissance. Le mot « fascisme » n’a pas de signification stabilisée, on va se battre ensuite pour savoir quel est son contenu.

Lorsque le jeu consiste à rendre intelligibles les faits historiques, et à tenter de monter en généralité – mais c’est un autre jeu, qui le recoupe, le jeu des sciences sociales – je ne suis pas sûr que les catégorisations indigènes nous donnent la clef explicative des phénomènes étudiés. Je pense qu’on a énormément plus à gagner de la posture qui consiste à essayer de comprendre comment se construisent socialement les compétitions autour des classements et des catégories (...)

Au-delà du cas français, une des faiblesses d’une large partie des travaux se rattachant à la thèse immunitaire tient à sa manière de construire une histoire proprement imaginaire des fascismes qu’elle considère comme « authentiques », pour opposer cette histoire aux propriétés qu’elle attribue aux droites radicales françaises. Ce qui me semble urgent à déchiffrer, en se débarrassant de la logique classificatoire, dans la période de l’entre-deux-guerres, c’est à quoi nous avons exactement affaire. Je ne suis pas absolument certain que le centrement intellectuel de la plupart des questionnements sur les fascismes ayant « réussi » (...) ne constitue un piège non seulement pour l’intelligence de ce qui s’est passé en France mais aussi pour l’intelligence de ce qui s’est passé ailleurs. Le centrement de l’analyse sur ceux-ci se justifie d’une certaine manière, mais pas en termes de connaissance : par le fait, comme je l’ai déjà mentionné, qu’une fois au pouvoir le nazisme a eu des effets gigantesques sur le destin d’un grand nombre de sociétés, de groupes et d’individus.

Je plaide donc pour une transformation du point de vue, pour un décentrement des analyses par rapport aux fascismes ayant « réussi ». Cela signifie que notre focalisation sur le fascisme italien et le nazisme allemand biaise notre regard historique, et occulte d’autres phénomènes et même sans doute un peu notre appréhension des cas allemand et italien. Un aspect décisif de la normalisation méthodologique que je propose réside dans ce décentrement. Je dois dire par parenthèse qu’entre le fascisme italien et le national-socialisme allemand, il n’est pas certain que les différences sont moindres qu’entre ces phénomènes et de nombreux autres phénomènes que nous observons dans toute une série de pays européens, y compris la France (...)  

Plus spécifiquement, je ne crois pas qu’il y ait une théorie du fascisme possible. Si je ne crois pas qu’un modèle théorique soit possible, c’est que ce que nous appelons « fascisme », je l’ai montré dans mes travaux, est non seulement très flou, mais surtout lourdement marqué par les « réussites » des fascistes italiens et des nazis allemands, c’est-à-dire par des résultats qui d’emblée piègent le chercheur. Et je ne suis pas davantage sûr qu’il soit possible de tirer des labellisations auxquelles se livrent les acteurs sociaux une théorie. Donc je ne suis pas sûr que les essences que les historiens, sociologues et politistes attribuent aux fascismes « authentiques » ne soient autre chose que des artefacts. En d’autres termes, je ne suis pas sûr qu’il y a des différences radicales de « nature » entre les mouvements qui ont été labellisés « fascistes » et bien d’autres composantes des droites radicales. Je n’ai donc pas de modèle du fascisme, ce que je suggère, c’est que pour rendre compte des « fascismes » et d’autres phénomènes qui pourraient en être proches, il nous faut découper la réalité historique autrement qu’en partant des « fascismes authentiques » ; ou, en d’autres termes, qu’il nous faut construire nos objets de recherche autrement. (...)
https://www.cairn.info/revue-geneses-2005-2-page-151.htm


Dernière édition par -Ren- le Sam 9 Sep - 14:19, édité 1 fois (Raison : orthographe)

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Message  -Ren- Sam 9 Sep - 14:17

Et avant de poursuivre, il ne faut pas oublier les définitions communistes évidemment partisanes :
La guerre de type impérialiste (pour Lénine) correspond au stade suprême d’une crise du capitalisme monopolistique d’Etat (...) La guerre d’agression pour trouver de nouveaux débouchés et exploiter la main-d’œuvre, s’inscrit dans une logique nécessaire de sauvegarde du système.

L’apparition du mouvement fasciste en Italie a nécessité l’élaboration de nouveaux concepts à l’intérieur de cette théorie de l’histoire.

Le caractère autoritaire et totalitaire de ce mouvement a été expliqué comme la marque de la violence de la crise du capitalisme (...) Le fascisme va être défini comme étant l’instrument de domination temporaire du capitalisme monopolistique d’Etat qui tente de lutter contre le cours inéluctable de l’Histoire.  (...)

Le changement de politique de la Russie soviétique vis-à-vis des Etats occidentaux et des partis sociaux-démocrates va permettre de détendre un peu la définition axiomatique du fascisme comme instrument du capitalisme d’Etat. Paradoxalement donc, la plus grande prise en compte par Staline de la menace nationale-socialiste va amener le « Comintern » à définir le fascisme de façon moins rigide. Dimitrov va imposer au nom de cette organisation en 1935 la définition suivante : « le fascisme est la dictature terroriste ouverte des éléments les plus chauvinistes, les plus réactionnaires et les plus impérialistes du capitalisme financier »

Cette modification de la définition a permis aux chercheurs communistes de mieux focaliser leurs études sur l’Italie et l’Allemagne et surtout de pouvoir expliquer les différences entre les Etats capitalistes, le fascisme n’étant plus que la dictature des éléments les plus réactionnaires. (...) Les variations à l’intérieur du modèle explicatif orthodoxe proviennent principalement de l’origine nationale de l’historien.
https://books.openedition.org/iheid/4152?lang=fr

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Message  -Ren- Sam 9 Sep - 14:29

J'en arrive pour aujourd'hui à cet extrait de l'article de Griffin que j'avais déjà proposé en lecture sur la discussion précédente :
(...) Un ensemble d’ouvrages en anglais (...) non seulement influencent le débat encore aujourd’hui, mais contiennent également à eux trois le noyau d’un modèle heuristique utile à la définition du fascisme : ce paradigme, s’il présente des variations dans le détail, fonctionne comme un diagramme de Venn, constitué de trois cercles d’analyse qui se recoupent pour identifier les bases d’une définition de travail pratique du fascisme (...) Ils contiennent non seulement des visions convergentes de ce qui constitue le cœur du fascisme, à savoir une forme de politique révolutionnaire, visant une renaissance nationale, mais ils ont aussi consolidé une tendance jusque-là largement ignorée quoique évidente après coup, lancée par les études pionnières d’Eugen Weber. (...) Le professeur du Wisconsin n’avait cessé depuis la fin des années 1950 d’affiner sa compréhension du fascisme comme catégorie générique : il voyait en lui une révolution culturelle cherchant à résoudre la crise de la civilisation moderne par l’instauration non seulement d’un ordre nouveau, mais aussi d’une société nouvelle, d’une culture nouvelle .

La définition donnée par deux experts américains de l’extrême droite contemporaine, Matthew Lyons et Chip Berlet (...) synthétise les éléments de toutes les définitions proposées par les auteurs mentionnés ci-dessus :

Le fascisme est une forme d’idéologie d’extrême droite qui célèbre la nation ou la race, vue comme une communauté organique transcendant toutes les autres formes d’allégeances.
Il met en valeur le mythe de la renaissance nationale ou raciale après une période de déclin ou de destruction.
À cette fin, le fascisme en appelle à “une révolution spirituelle”, contre les signes de décadence morale tels que l’individualisme et le matérialisme, et cherche à purger la communauté organique des forces et des groupes de population qui lui sont “étrangers” et qui la menacent.
Le fascisme tend à célébrer la masculinité, la jeunesse, l’unité mystique et la force régénérative de la violence.
Le fascisme rejette les doctrines libérales de l’autonomie et des droits de l’individu, le pluralisme politique et le gouvernement représentatif, tout en défendant une large participation du peuple à la politique et en usant parfois des canaux parlementaires pour parvenir au pouvoir.
Sa vision d’un “ordre nouveau” s’oppose à l’attachement conservateur aux institutions et aux hiérarchies traditionnelles, même si le fascisme idéalise le passé, en tant que source d’inspiration pour la renaissance nationale 
(...)
 :arrow: à lire en entier sur https://www.cairn.info/revue-vingtieme-siecle-revue-d-histoire-2010-4-page-53.htm#re9no9

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Message  -Ren- Dim 10 Sep - 8:12

Je vais maintenant tenter de trouver des pistes de réflexions actuelles. Rendons à César, toussa, toussa, et commençons par l'Italie. Rappel du contexte actuel :
La victoire du parti Fratelli d’Italia aux élections législatives a suscité en Italie un débat sur la pertinence du qualificatif de « fasciste » pour désigner la coalition de « centre-droit » qui gouvernera le pays. Si le questionnement sur les orientations politiques de celle-ci est légitime, il faut rappeler que le propre du fascisme est de ne pas se laisser reconnaître, quand il advient. (...) Alors que le New York Times, Le Monde et de nombreux médias s'accordent à reconnaître la victoire de la « hard-right » et du « post-fascisme », le débat sur le nom à donner à la coalition portée par Giorgia Meloni semble avoir d’ores-et-déjà été tranché en Italie (...)
https://esprit.presse.fr/actualites/beatrice-latini/un-fascisme-pour-aujourd-hui-44305

Premier point de vue italien, en 2010 :
Une interrogation sur ce que, faute de mieux, on pourrait appeler le « retour du fascisme » s’était déjà manifestée au début des années 1990. Après la chute du mur de Berlin en 1989 et l’effondrement du bloc communiste, on avait assisté à l’émergence de violentes pulsions identitaires se teignant tour à tour de nationalisme, de racisme et de fanatisme religieux. (...)

Dans le cas du collectif Action30, le contexte dans lequel a surgi l’interrogation sur les nouvelles formes de racisme et de fascisme fut, par contre, la puissante vague sécuritaire qui suivit l’attentat du 11 septembre 2001. (...) Les questions qui étaient à la base du collectif sont devenues plus aiguës, voire urgentes après la mise en place du quatrième gouvernement Berlusconi en mai 2008. (...)

Le 13 août 2008, Umberto Eco publie dans L’Espresso un article intitulé « Rinasco, rinasco nel 1940 ! » où il se fait le porte-voix d’un malaise qui s’est rapidement propagé en Italie : la sensation de se réveiller à l’improviste dans un monde lui rappelant étrangement celui de son enfance (il est né en 1932).
Spoiler:
Avant la crise économique mondiale et l’émergence en Italie de ce climat d’intolérance diffuse et exacerbée, le collectif Action30 a donc commencé à réfléchir sur le présent par le jeu des analogies avec les années de la crise de la démocratie et de l’affirmation du fascisme en Europe. (...) Des mots tels que racisme et fascisme, bien qu’usés, désignent quand même quelque chose de concret et de tangible.

Cela a fini par déclencher une controverse – plus ou moins explicite – sur le « retour du fascisme » qui mobilise deux points de vue spéculaires : d’un côté il y a ceux qui voient du fascisme partout ; de l’autre coté il y a ceux qui, par contre, excluent qu’on puisse légitimement parler encore de fascisme. La recherche conduite par Pierangelo Di Vittorio, Alessandro Manna, Enrico Mastropierro et Andrea Russo, qui ont rédigé les différents chapitres composant L’Uniforme et l’âme, naît d’abord de l’exigence de mettre en cause cette double banalisation sur la base de la conviction qu’aujourd’hui on ne peut pas envisager de façon critique le présent sans se confronter au problème-fascisme : En quoi l’ancien fascisme diffère-t-il du nouveau ? « Ancien » et « Nouveau » s’excluent-ils réciproquement ou bien peuvent-ils se superposer, s’articuler et peut-être se confondre dans quelque chose de plus difficile à saisir et donc à combattre ? (...) Tout en gardant le vocabulaire traditionnel, nous avons repris ou forgé des termes – self-racisme, microfascisme, popfascisme, biofascisme – pour marquer la « nouveauté » des phénomènes racistes et fascistes à l’époque de la biopolitique et du néolibéralisme. Mais c’est le terme de managérialisation qui a permis de saisir la « spécificité » propre à tous ces phénomènes, autant au niveau éthique (et/ou psychologique) que politique.
Spoiler:

En suivant le fil de ce qu’il y a de « positif » dans la biopolitique et le néolibéralisme, on voit donc se dessiner une dérive fasciste au cœur même des sociétés démocratiques et libérales, de même que l’on voit apparaître un repli raciste dans l’âme des individus qui les composent.
 :arrow: intégralité à lire sur https://www.cairn.info/revue-lignes-2010-3-page-113.htm

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Message  -Ren- Dim 10 Sep - 9:14

Et maintenant, un point de vue italien actuel :
(...) D’après l’historien italien Claudio Vercelli, qui vient de publier Neofascismo in grigio. La droite radicale en Italie et en Europe (Einaudi, 2021), nous ne serions pas confrontés à un retour des spectres du fascisme historique. Nous assisterions plutôt à une reformulation culturelle et anthropologique d’un « fascisme » qui se présente aujourd’hui sous de multiples formes. Ces nouveaux extrémismes de droite, bien que différents entre eux, auraient toutefois des traits communs et proliféreraient dans un contexte social et idéologique homogène gagné notamment par le soi-disant dépassement de l’opposition droite-gauche, le refus de la démocratie représentative, le retour en force de la question identitaire et des préoccupations d’ordre sécuritaire, le promotion du nationalisme sur base ethnique, « une certaine convergence entre xénophobie et rejet du métissage » ou encore « l’éloge du movimentismo di piazza comme exercice d’une protestation sans fin ».

Les droites post-fascistes occidentales (...) renvoient ainsi au passé et s’inscrivent dans une mythographie bien précise que l’historien Claudio Vercelli nous aide à comprendre. Son dernier essai nous offre une analyse minutieuse du contexte socio-culturel au sein duquel cette constellation (...) émerge et s’enracine. En reprenant les mots d’Emilio Gentile, Vercelli nous rappelle que : « Parmi tous les termes propres au langage politique du XXème siècle seul le Fascisme est devenu si changeant et multiforme qu’il peut designer les réalités sociales, culturelles, religieuses, géographiques les plus diverses ». L’historien se propose alors de circonscrire une nébuleuse politique changeante et protéiforme capable de gagner inexorablement du terrain sans pour autant être en mesure de se présenter comme un pouvoir à proprement parler (...) : « Elle n’aboutit pas sur un véritable mouvement politique mais sur des attitudes caractérisés par des formes de qualunquisme, de grégarisme et sur des pulsions antidémocratiques »
Inteview de l'auteur :
Je ne m’attarderai pas sur les définitions purement formelles, basées sur une nomenclature stricte. Il serait en effet difficile, sur cette base, d’opérer une distinction nette entre « droite radicale » et « droite néofasciste ». Il reste que les deux partagent des valeurs clés telles que l’antilibéralisme (les « communautés organiques » et non pas les individus feraient l’objet de l’attribution de droits) ; le refus du pluralisme (le droit à la différence n’existerait pas ; seul existerait une obligation à une uniformité de nature ethnique) ; l’horreur du « socialisme » comme idéologie fondée sur l’égalité des droits (les individus n’auraient pas la même valeur sociale ; les « meilleurs », qui occuperaient le haut de l’échelle, auraient le droit de bénéficier de plus d’opportunités).

Un élément à mes yeux capital est la reconnaissance du principe de la transitivité.
Spoiler:
Autrement dit, la lutte pour la domination culturelle, qui dessine la conception de l’individu et de ses liens sociaux, a aujourd’hui subi un repositionnement dangereux à la faveur des agendas des droites radicales illibérales et, avec ces dernières, des néofascismes qui reviennent sur la scène politique européenne.
Spoiler:
Le néofascisme européen suit, sous certains aspects, les dynamiques anticipées par la nouvelle saison du radicalisme islamiste, inaugurée dans les années 1970 au Moyen-Orient, face au déclin des mouvements d’émancipation sur base sécularisée et laïque. En effet, pour l’un comme pour l’autre, l’objectif des actions menées par ces mouvements radicaux n’est pas la « conquête du pouvoir » au travers d’un endoctrinement par le haut aboutissant à la création d’un groupe dirigeant qui, une fois le pouvoir conquis, imposerait un régime illibéral par l’usage de la force, mais le déclenchement d’un processus de radicalisation par le bas, visant à reconquérir un « local » menacé par les ravages de la modernisation et de la globalisation.
Spoiler:
Le néofascisme réaffirme grandement, d’une part, le besoin de s’inscrire dans une narration, dans un récit. Il se présente comme un sujet politique omni-compréhensif, transhistorique, interclassiste, promoteur de « valeurs éternelles » lesquelles, dans une telle rhétorique, auraient comme terrain d’application, éternel et immuable, une vision ethnicisée et racialisée des relations sociales. D’autre part, les formations néofascistes se présentent aujourd’hui comme étant le seul sujet politique authentique en mesure de remettre au centre le politique et ses vrais et nobles enjeux (la soi-disant « aristocratie de l’esprit ») contre l’hégémonie utilitariste et strictement matérialiste exercée par l’économie et ses acteurs nationaux et internationaux. Les droites radicales, via le renvoi au fascisme historique, l’ensemble des régimes et des mouvements nés entre les deux guerres mondiales, s’approprient cette stratégie, jouant sur le malentendu délibéré selon lequel les fascismes historiques auraient réellement été une alternative à la dialectique conflictuelle entre capitalisme et communisme (...)

Le rapport avec le passé fasciste et nazi entretenu par les néofascismes actuels s’inscrit dans une mythographie précise : les régimes du passé ont construit en grande partie leur consensus par le recours à un imaginaire stratégiquement conçu, dont les démocraties libérales de l’époque à l’instar de celles d’aujourd’hui étaient dépourvues ; il y avait déjà, à la base, l’intuition que, à l’ère de la politique de masse, les symbolismes valent plus que les faits, l’imaginaire surclassant le réel.

Aujourd’hui, le néofascisme réémerge dans un cadre socio-culturel bien précis (...)
Spoiler:
L’offre politique du néofascisme est porteuse d’une vision, celle d’un nouvel ordre social : les fascismes d’hier comme d’aujourd’hui affirment qu’une société différente, autre, est possible. Peu importe si cette affirmation est incongrue, irréaliste ou utopique.
Spoiler:
Toute forme d’autoritarisme doit faire face, aujourd’hui, à la crise du concept même d’autorité et de ses pratiques. Or, il faut savoir que dans les systèmes politiques libéraux contemporains, le fondement du pouvoir ne repose pas dans le circuit de prise de décision – le plan économique ayant démantelé l’autonomie du politique –, mais dans la capacité de faire consensus, et de produire donc de la cohésion sociale, et ce via la consommation de masse. Cela se traduit dans une compétition pour adhérer aux standards, aux nouveaux diktats, du marché, dans une sorte de course folle de plus en plus accélérée qui a pris la place de la confrontation démocratique.
Spoiler:
L’expression « société fragile » veut signifier la faiblesse absolue, voire l’inexistence, d’une quelconque opposition structurée. Il s’agit d’un phénomène imputable à différents facteurs, qui ne relèvent pas seulement de l’impuissance des pouvoirs institutionnels, mais aussi d’une fragilité d’une société désormais incapable de se concevoir dans les termes d’un sujet autonome, unitaire, en mesure de formuler et faire aboutir des instances réformatrices.
Spoiler:
Si le déclin de la politique en Europe devait se confirmer, des scénarios dictatoriaux de matrice fasciste pourraient émerger, car l’univers de ressentiment et d’angoisse, d’espoirs et d’illusions qui traverse nos sociétés – sentiments instrumentalisés par des mouvances rassemblées sous l’étiquette « populiste » – produit comme issue un processus de délégation du pouvoir à des figures salvifiques, des « chefs » appelés à dialoguer directement avec le peuple sans l’institution de forme de médiation. Autrement dit, dans les sociétés « fragiles » l’on observe un progressif anéantissement des mécanismes relevant de la démocratie représentative et de ses manifestations sociales et politiques, et, en phase avec cela, l’instauration de mécanismes de délégation du pouvoir à d’autres instances, à d’autres acteurs que les professionnels de la politique – nous avons déjà connu l’émergence de figures narcissiques, des histrions de la politique, issus parfois directement du monde du spectacle (...)

Le principal élément de continuité entre néofascisme et populisme est, comme on sait, le refus de toute forme de médiation, d’intermédiation, qu’elle soit institutionnelle, politique, sociale ou culturelle.
Spoiler:

La droite radicale d’aujourd’hui se propose en revanche comme émanation directe du « peuple », son expression la plus fidèle, la traduction de toutes ses instances, sans que cela nécessite une vérification, une légitimation venant d’ailleurs, tierce. En effet, dans la logique que les droites radicales et néofascistes s’approprient et promeuvent, la démocratie serait le produit d’une falsification de la volonté populaire. Le « peuple » des droites radicales est une unité organique, anhistorique, composée d’individus homologués : un organisme uniforme qui se compose d’individus ayant comme lien le marquage ethnique. Et bien le « populisme » a recours lui aussi à cet arsenal conceptuel qu’est l’uniformité exclusive qui fait du soi-disant « peuple » un ensemble d’individus indistincts et interchangeables. Dans ce cadre, les uns valent les autres. Et cette simulation de la démocratie directe n’est qu’une fiction qui a tendance à aboutir dangereusement à la désignation d’un « chef », le leader, l’homme fort (...)

Historiquement, le « modernisme réactionnaire », au même titre que la « révolution conservatrice », ont démontré que, sur le principe, il n’y a aucune contradiction entre rationalisme techniciste et organicisme communautaire.
Spoiler:
Et il est essentiel de comprendre qu’aucun mouvement identitaire, à commencer par les plus radicaux et sanglants, ne peut se soustraire à la médiatisation, à la technologie. La stratégie promotionnelle de tout mouvement communautaire, de tout populisme, passe par le web et par les médias, qui sont les nouvelles plateformes des identitarismes : en effet, seule l’appropriation du progrès technologique permet de forger et redessiner, selon les exigences du moment, son image. Modernité technologique et communautarisme vont à nouveau ensemble dans une sorte de réalisme utilitariste. C’est le web qui offre en effet la possibilité de construire et constamment façonner l’espace d’auto-représentation que l’on est en mesure de conquérir sans pour autant avoir recours à aucune forme d’intermédiation institutionnelle. C’est un processus propre à la modernité, qui mène à l’érosion progressive de la démocratie.
Spoiler:
Le complotisme, on le sait, est stratégique dans sa capacité à construire une sorte d’alter-réalité, c’est-à-dire d’une réalité « autre », en s’appuyant sur la croyance que les faits humains ne répondent pas à des relations de nature causale inscrites dans des dynamiques de corrélation complexe ou d’interactions multiples, mais, au contraire, soient soumis à un principe de causalité immédiate. Dans l’univers des droites radicales, cette ancienne construction épistémique et gnoséologique qu’est le complot est désormais devenue incontournable car elle légitime et fonde la recherche d’un champ d’imputation, d’un coupable. La crise n’a fait qu’exacerber cette mécanique de simplification, de banalisation des parcours d’explication du monde en offrant un terrain facile d’auto-légitimation aux forces politiques extrémistes qui, incapables de fournir une critique de la complexité des pouvoirs, renvoient exclusivement à une image du pouvoir comme système d’intérêts personnels.
Spoiler:

:arrow: source : https://legrandcontinent.eu/fr/2021/12/23/le-fascisme-est-il-de-retour/

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Message  -Ren- Dim 10 Sep - 11:40

Je passe à la France, avec Ugo Palheta, sociologue, maître de conférences à l'université de Lille et chercheur au Cresppa-CSU.
Le fascisme peut être défini classiquement à la fois comme idéologie, comme mouvement et comme régime.

Il désigne ainsi en premier lieu un projet politique de « régénération » d’une communauté imaginaire – en général la nation – supposant une vaste opération de purification, autrement dit la destruction de tout ce qui, du point de vue fasciste, ferait obstacle à son homogénéité fantasmée (...)

En tant que mouvement, le fascisme se développe et gagne une large audience en se présentant comme une force capable de défier le « système » mais aussi de rétablir « la loi et l’ordre » ; c’est cette dimension profondément contradictoire de révolte réactionnaire, mélange explosif de fausse subversion et d’ultra-conservatisme, qui lui permet de séduire des couches sociales dont les aspirations et les intérêts sont fondamentalement antagonistes.

Quand le fascisme parvient à conquérir le pouvoir et à se muer en régime (ou plus précisément en État d’exception). il tend toujours à perpétuer l’ordre social – et ce malgré ses prétentions « anti-système », et parfois même « révolutionnaires ».

Cette définition permet d’établir une continuité entre le fascisme historique, celui de l’entre-deux-guerres, et ce qu’on nommera ici le néofascisme, c’est-à-dire le fascisme de notre temps (...)

Si son ascension suppose s’opère sur fond de crise structurelle du capitalisme, d’instabilité économique, de frustrations populaires, d’approfondissement des antagonismes sociaux (de classe, de race et de genre) et de panique identitaire, le fascisme n’est à l’ordre du jour que lorsque la crise politique atteint un tel niveau d’intensité qu’elle devient insurmontable dans le cadre des formes établies de la domination politique. (...) Il s’agit là de ce que Gramsci nommait crise d’hégémonie (...)
Spoiler:
Dans le cas du fascisme de notre temps (néofascisme), il est évident que ce sont les effets cumulés des politiques menées depuis les années 1980 dans le cadre du « néolibéralisme », cette réponse des bourgeoisies occidentales à la poussée révolutionnaire des années 1968, qui ont abouti partout – à des rythmes inégaux selon les pays – à des formes plus ou moins aiguës de crise politique (taux d’abstention croissants, effritement progressif ou effondrement brutal des partis de pouvoir, etc.), créant les conditions d’une dynamique fasciste.
Spoiler:
Dans la mesure où l’offensive néolibérale a rendu plus difficile la mobilisation sur les lieux de travail – en particulier sous la forme de la grève – en affaiblissant les syndicats et en accroissant la précarité, cette désaffection tend de plus en plus à s’exprimer ailleurs et autrement, sous différentes formes :
– Une abstention électorale croissante partout (même si elle se réduit parfois lorsque telle ou telle élection s’avère plus polarisée) et atteignant des niveaux souvent jamais vus auparavant ;
– Un déclin – progressif ou brutal – d’une part importante des partis institutionnels dominants (ou l’apparition en leur sein de mouvements et de figures nouvelles, tels que le Tea Party et Trump dans le cas du Parti Républicain aux États-Unis) ;
– L’émergence de nouveaux mouvements politiques ou la montée de forces autrefois marginales ;
– L’éclosion de mouvements sociaux se développant hors des cadres traditionnels, c’est-à-dire pour l’essentiel hors du mouvement ouvrier organisé (ce qui ne veut pas dire sans aucun lien avec la gauche politique et les syndicats).
Spoiler:
Dans tous les cas, l’ordre politique se trouve profondément déstabilisé. Or, c’est à l’évidence dans ce type de situation que les mouvements fascistes peuvent apparaître – pour différents groupes sociaux et pour des raisons contradictoires – à la fois comme une réponse essentiellement électorale (à ce stade du moins) au déclin de la capacité hégémonique des classes dominantes et comme une alternative au jeu politique traditionnel (...)

Le fascisme n’est pas une simple réponse désespérée de la bourgeoisie à une menace révolutionnaire imminente mais l’expression d’une crise de l’alternative à l’ordre existant et d’une mise en échec des forces contre-hégémoniques. S’il est vrai que les fascistes mobilisent la peur (réelle ou non) de la gauche et des mouvements sociaux, c’est bien l’incapacité de la classe exploitée (prolétariat) et des groupes opprimés à se constituer en sujet politique révolutionnaire, et à engager une expérience de transformation sociale (même limitée), qui permet à l’extrême droite d’apparaître comme une alternative (...)

Dans le premier stade de son accumulation de forces, le fascisme cherche à donner un tour subversif à sa propagande et à se présenter comme une révolte contre l’ordre existant.
Spoiler:
Reste que, dans un second temps, passé ce qu’on pourrait nommer son moment « plébéien » ou « anti-bourgeois » (caractère auquel le fascisme ne renonce jamais totalement, au moins en discours, ce qui fait l’une de ses spécificités), les dirigeants fascistes aspirent à nouer une alliance avec des représentants de la bourgeoisie – généralement par la médiation de partis ou de dirigeants politiques bourgeois – pour sceller leur accès au pouvoir, utiliser l’État à leur profit (pour des buts politiques mais aussi à des fins d’enrichissement personnel, comme l’ont montré toutes les expériences fascistes et comme l’illustrent régulièrement les condamnations judiciaires de représentants d’extrême droite pour détournement de fonds publics), tout en promettant au capital l’anéantissement de toute opposition. Des prétentions initiales à une « troisième voie » ne reste rien, le fascisme ne proposant pas autre chose que de faire fonctionner le capitalisme sous le régime de la tyrannie.
:arrow: la suite sur https://www.contretemps.eu/fascisme-fascisation-antifascisme/

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Message  -Ren- Dim 10 Sep - 14:12

Et maintenant, à titre tout à fait personnel (puisque je compare Macron à Napoléon III depuis la campagne présidentielle ayant précédé sa 1ère élection...), je reviens vers les marxistes pour partager cette réflexion de Trotsky sur la distinction entre fascisme et bonapartisme :
(...) Les staliniens ont fait leur l'idée qu'à la période contemporaine le capital financier ne peut s'accompagner de la démocratie parlementaire et se trouve contraint de recourir au fascisme. De cette idée parfaitement juste dans certaines limites, ils ont tiré, suivant une logique formelle et purement déductive, des conclusions identiques pour tous les pays et toutes les étapes du développement (...)

Pendant la période de Brüning‑Schleicher, Manouilsky, Kuusinen proclamaient : « Le fascisme est déjà là ! ». De notre théorie de l'étape intermédiaire bonapartiste, ils disaient qu’elle n'était qu'une tentative pour enjoliver et dissimuler le fascisme afin de faciliter la politique social‑démocrate du « moindre mal ». En même temps, ils appelaient les social‑démocrates des « social-fascistes », et les social‑démocrates « de gauche », du type Zyromski‑Marceau Pivert‑Just, passaient, après les « trotskystes » ‑ pour les plus dangereux des social‑fascistes (...)

C'est pourtant en France précisément que le passage du parlementarisme au bonapartisme ‑ ou plus exactement la première étape de ce passage ‑ a pris un caractère particulièrement frappant et démonstratif. (...)
Spoiler:
Nous avons affaire à une dictature militaro­policière à peine voilée sous le décor du parlementarisme. Mais un gouvernement du sabre en tant qu'arbitre de la nation ‑ c'est précisément le bonapartisme.
Spoiler:
Le fascisme au pouvoir, comme le bonapartisme, ne peut être que le gouvernement du capital financier. Dans ce sens social, ils ne se distinguent pas, non seulement l'un de l'autre, mais l'un et l'autre de la démocratie parlementaire. (...) La puissance du capital financier ne réside pas dans sa capacité à établir, à son gré, n'importe quel gouvernement, n'importe quand : il ne possède pas cette force. Sa puissance réside dans le fait que tout gouvernement non prolétarien est obligé de servir le capital financier, ou plutôt que le capital financier a la possibilité de remplacer un système de domination en déclin par un autre qui corresponde mieux aux nouvelles conditions. (...) Le passage du régime de démocratie parlementaire au bonapartisme a déjà été accompagné en France de flambées de guerre civile. La perspective du passage du bonapartisme au fascisme est grosse de troubles infiniment plus graves. (...)
Spoiler:
Ce qui vient d'être dit démontre suffisamment l'importance qu'il y a à distinguer la forme bonapartiste du pouvoir de la forme fasciste. Il serait pourtant impardonnable de tomber dans l'excès inverse, c'est‑à‑dire de faire du bonapartisme et du fascisme deux catégories logiquement incompatibles. Tout comme le bonapartisme commence par une combinaison du régime parlementaire et du fascisme, de même, le fascisme triomphant se voit contraint  non  seulement de faire alliance avec les bonapartistes, mais plus encore de se rapprocher dans sa structure interne du système bonapartiste.
Spoiler:
     
Le bonapartisme d'origine fasciste était infiniment plus stable que les expériences bonapartistes préventives auxquelles la grande bourgeoisie a recours dans l'espoir d'éviter le bain de sang du fascisme. Il est pourtant infiniment plus important de souligner ‑ du point de vue théorique comme du point de vue pratique ‑ que le fait même de la dégénérescence du fascisme en bonapartisme signifie le commencement de sa fin. (...)
https://www.marxists.org/francais/trotsky/oeuvres/1934/07/lt19340715.htm

(au passage, ce jour, je viens de découvrir que Duhamel parle aussi de "bonapartisme" pour le macronisme, mais en ayant en tête l'exemple à ses yeux laudateur de "Napoléon le Grand" qd pour ma part j'ai toujours pris l'exemple de "Napoléon le Petit" ;) )

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