Définir le fascisme
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Définir le fascisme
...un fil de discussion qui permettra de regrouper pas mal de textes... Et je commence par une définition par Mussolini qui rappelle la raison d'être d'un tel sujet sur un forum tel que celui-ci :
https://fr.wikisource.org/wiki/La_Doctrine_du_fascisme/Texte_entier5. Conception religieuse
Le fascisme est une conception religieuse, qui considère l’homme dans son rapport sublime avec une loi supérieure, avec une Volonté objective qui dépasse l’individu comme tel et l’élève à la dignité de membre conscient d’une société spirituelle. Ceux qui, dans la politique religieuse du régime fasciste, n’ont vu qu’une question de pure opportunité, n’ont pas compris que le fascisme est non seulement un système de Gouvernement, mais encore, et avant tout, un système de pensée (...)
12. L’État fasciste et la Religion
L’État fasciste ne reste indifférent ni en face du fait religieux en général, ni en face de cette religion positive particulière qu’est le catholicisme italien. L’État n’a pas une théologie, mais il a une morale. Dans L’État fasciste, la religion est considérée comme une des manifestations les plus profondes de l’esprit et, en conséquence, elle est non seulement respectée mais aussi défendue et protégée. L’État fasciste ne se crée pas un « Dieu » particulier comme Robespierre a voulu le faire, un jour, dans l’extrême délire de la Convention ; il ne cherche pas non plus vainement à l’effacer des âmes, ainsi que le bolchevisme. Le fascisme respecte le Dieu des ascètes, des saints, des héros et même le Dieu que voit et prie le cœur ingénu et primitif du peuple.
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Re: Définir le fascisme
Je continue à penser que les deux slogans, "Qui n'est pas avec nous et contre nous" et, "Le chef a (donc nous avons) toujours raison", sont le résumé le plus simple, et ce qui permet des comparaisons.
Re: Définir le fascisme
Spin a écrit:Je continue à penser que les deux slogans, "Qui n'est pas avec nous et contre nous" et, "Le chef a (donc nous avons) toujours raison", sont le résumé le plus simple, et ce qui permet des comparaisons.
L’extrême centre fonctionne aussi comme cela , c'est donc une forme de Fascisme , nous pouvons nous rejoindre là dessus donc !
« Extrême centre » est employé pour classer des individus, des groupes, des mouvements, des organisations et des partis politiques se réclamant du centre du spectre politique par conviction ou par opportunisme et dont le côté extrême renvoie à une « intolérance à tout ce qui ne cadre pas avec un juste milieu arbitrairement proclamé »
Ce régime d'extrême centre se développe en vue de sortir d'une crise politique et sociale. Il avance globalement une politique modérantiste dans les déclarations mais orientée dans les faits par des principes de libéralisme économique, et surtout conduite par un exécutif à tendance autoritaire. Il se définit en trois points selon Pierre Serna: le « girouettisme », la modération rationnelle du juste milieu, le républicanisme a-démocratique
Selon ces critères dire Macron est un fasciste n'est pas une outrance . Comme Bush ( qui n'est pas avec nous est contre nous ) L'extréme centre Macroniste impose l'idée qu'il n'existerait pas d'alternative et discrédite toute opposition .
Autre trait fascisant , le rejet des corps intermédiaires et des contres pouvoirs ( Quand un contre pouvoir pose probléme on le contourne , voir supprime )
A proprement parler l'extrême centre macroniste n'est pas du fascisme , même si il rentre dans les critères de ta définition ...C'est donc que tes critères ne sont pas suffisamment pertinent .
Idriss- Messages : 7124
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Re: Définir le fascisme
Sauf quand même, si on garde un oeil sur le fascisme originel, que ce dernier avait aussi une dimension totalitaire. C'est pour lui que Giovanni Amendola a forgé l'adjectif "totalitario", repris à son compte par Mussolini (Amendola n'en a pas moins été victime des nervis fascistes).
Donc entre autres embrigadement forcené, notamment de la jeunesse, au nom d'une idéologie.
Donc entre autres embrigadement forcené, notamment de la jeunesse, au nom d'une idéologie.
Re: Définir le fascisme
Je poursuis avec un partisan de la "non-définition", Michel Dobry (directeur de l'ouvrage "le mythe de l'allergie française au fascisme" > https://www.persee.fr/doc/pole_1262-1676_2004_num_21_1_1208 ), qui répondait ici à une interview sur cet ouvrage :
https://www.cairn.info/revue-geneses-2005-2-page-151.htmLe titre m’a été imposé par l’éditeur, mais après tout il n’est pas si mauvais que cela : je n’attache pas une signification technique au mot « mythe », mais ce que j’avais en tête lorsque l’occasion s’est présentée de monter cette entreprise, c’était de contribuer à déstabiliser définitivement une interprétation historique fortement présente dans l’univers de l’histoire en France (...)
Un autre aspect (...) est la question de savoir comment penser à la fois ce que, par commodité, j’appelle les droites radicales en France dans les années trente et éventuellement aujourd’hui, et, au-delà du cas français, les formes de poussées antidémocratiques qui se sont manifestées dans l’entre-deux-guerres dans presque tous les pays d’Europe, avec l’idée qu’il y a énormément de gains de connaissance à attendre d’un « inventaire des différences », d’essayer de comprendre les différences entre les mouvements, organisations et courants de pensée qui y participent et simultanément essayer de réfléchir à ce qu’ils peuvent avoir de commun (...)
C’est vrai que j’ai une certaine répugnance pour tout ce qui se rapproche des logiques classificatoires : classer, faire des typologies. Pourquoi ? Je crois qu’il y a au fondement de cette répugnance une série de positionnements intellectuels. Je crois avoir intériorisé, à tort ou à raison – à raison, je le crains – l’idée que penser et rendre intelligible le monde social ne consiste pas à classer, et en particulier à classer en reproduisant les catégorisations indigènes. Cela pour diverses raisons : d’abord, bien entendu, l’essentialisme qui est le plus souvent associé à la pensée classificatoire, et je pense que je n’ai plus besoin d’insister sur ce point. Mais aussi parce que, dans les luttes politiques, les catégories, les « concepts » et les classements utilisés ne sont pas construits à des fins de connaissance (...) Lorsqu’émerge le mot « fascisme », ce n’est pas parce qu’un savant a cherché à comprendre la réalité, mais selon d’autres logiques sociales, des logiques liées aux pratiques politiques, et le mot se retrouve d’emblée investi de sens hétérogènes et flottants.
Lorsque Mussolini prend le pouvoir, ou, auparavant, lorsque ceux qu’on va appeler les fascistes se mobilisent et entrent en action dans les villes et dans les campagnes italiennes, ils le font évidemment en dehors de toute logique de connaissance. Le mot « fascisme » n’a pas de signification stabilisée, on va se battre ensuite pour savoir quel est son contenu.
Lorsque le jeu consiste à rendre intelligibles les faits historiques, et à tenter de monter en généralité – mais c’est un autre jeu, qui le recoupe, le jeu des sciences sociales – je ne suis pas sûr que les catégorisations indigènes nous donnent la clef explicative des phénomènes étudiés. Je pense qu’on a énormément plus à gagner de la posture qui consiste à essayer de comprendre comment se construisent socialement les compétitions autour des classements et des catégories (...)
Au-delà du cas français, une des faiblesses d’une large partie des travaux se rattachant à la thèse immunitaire tient à sa manière de construire une histoire proprement imaginaire des fascismes qu’elle considère comme « authentiques », pour opposer cette histoire aux propriétés qu’elle attribue aux droites radicales françaises. Ce qui me semble urgent à déchiffrer, en se débarrassant de la logique classificatoire, dans la période de l’entre-deux-guerres, c’est à quoi nous avons exactement affaire. Je ne suis pas absolument certain que le centrement intellectuel de la plupart des questionnements sur les fascismes ayant « réussi » (...) ne constitue un piège non seulement pour l’intelligence de ce qui s’est passé en France mais aussi pour l’intelligence de ce qui s’est passé ailleurs. Le centrement de l’analyse sur ceux-ci se justifie d’une certaine manière, mais pas en termes de connaissance : par le fait, comme je l’ai déjà mentionné, qu’une fois au pouvoir le nazisme a eu des effets gigantesques sur le destin d’un grand nombre de sociétés, de groupes et d’individus.
Je plaide donc pour une transformation du point de vue, pour un décentrement des analyses par rapport aux fascismes ayant « réussi ». Cela signifie que notre focalisation sur le fascisme italien et le nazisme allemand biaise notre regard historique, et occulte d’autres phénomènes et même sans doute un peu notre appréhension des cas allemand et italien. Un aspect décisif de la normalisation méthodologique que je propose réside dans ce décentrement. Je dois dire par parenthèse qu’entre le fascisme italien et le national-socialisme allemand, il n’est pas certain que les différences sont moindres qu’entre ces phénomènes et de nombreux autres phénomènes que nous observons dans toute une série de pays européens, y compris la France (...)
Plus spécifiquement, je ne crois pas qu’il y ait une théorie du fascisme possible. Si je ne crois pas qu’un modèle théorique soit possible, c’est que ce que nous appelons « fascisme », je l’ai montré dans mes travaux, est non seulement très flou, mais surtout lourdement marqué par les « réussites » des fascistes italiens et des nazis allemands, c’est-à-dire par des résultats qui d’emblée piègent le chercheur. Et je ne suis pas davantage sûr qu’il soit possible de tirer des labellisations auxquelles se livrent les acteurs sociaux une théorie. Donc je ne suis pas sûr que les essences que les historiens, sociologues et politistes attribuent aux fascismes « authentiques » ne soient autre chose que des artefacts. En d’autres termes, je ne suis pas sûr qu’il y a des différences radicales de « nature » entre les mouvements qui ont été labellisés « fascistes » et bien d’autres composantes des droites radicales. Je n’ai donc pas de modèle du fascisme, ce que je suggère, c’est que pour rendre compte des « fascismes » et d’autres phénomènes qui pourraient en être proches, il nous faut découper la réalité historique autrement qu’en partant des « fascismes authentiques » ; ou, en d’autres termes, qu’il nous faut construire nos objets de recherche autrement. (...)
Dernière édition par -Ren- le Sam 9 Sep - 14:19, édité 1 fois (Raison : orthographe)
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Re: Définir le fascisme
Et avant de poursuivre, il ne faut pas oublier les définitions communistes évidemment partisanes :
https://books.openedition.org/iheid/4152?lang=frLa guerre de type impérialiste (pour Lénine) correspond au stade suprême d’une crise du capitalisme monopolistique d’Etat (...) La guerre d’agression pour trouver de nouveaux débouchés et exploiter la main-d’œuvre, s’inscrit dans une logique nécessaire de sauvegarde du système.
L’apparition du mouvement fasciste en Italie a nécessité l’élaboration de nouveaux concepts à l’intérieur de cette théorie de l’histoire.
Le caractère autoritaire et totalitaire de ce mouvement a été expliqué comme la marque de la violence de la crise du capitalisme (...) Le fascisme va être défini comme étant l’instrument de domination temporaire du capitalisme monopolistique d’Etat qui tente de lutter contre le cours inéluctable de l’Histoire. (...)
Le changement de politique de la Russie soviétique vis-à-vis des Etats occidentaux et des partis sociaux-démocrates va permettre de détendre un peu la définition axiomatique du fascisme comme instrument du capitalisme d’Etat. Paradoxalement donc, la plus grande prise en compte par Staline de la menace nationale-socialiste va amener le « Comintern » à définir le fascisme de façon moins rigide. Dimitrov va imposer au nom de cette organisation en 1935 la définition suivante : « le fascisme est la dictature terroriste ouverte des éléments les plus chauvinistes, les plus réactionnaires et les plus impérialistes du capitalisme financier »
Cette modification de la définition a permis aux chercheurs communistes de mieux focaliser leurs études sur l’Italie et l’Allemagne et surtout de pouvoir expliquer les différences entre les Etats capitalistes, le fascisme n’étant plus que la dictature des éléments les plus réactionnaires. (...) Les variations à l’intérieur du modèle explicatif orthodoxe proviennent principalement de l’origine nationale de l’historien.
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Re: Définir le fascisme
J'en arrive pour aujourd'hui à cet extrait de l'article de Griffin que j'avais déjà proposé en lecture sur la discussion précédente :
à lire en entier sur https://www.cairn.info/revue-vingtieme-siecle-revue-d-histoire-2010-4-page-53.htm#re9no9(...) Un ensemble d’ouvrages en anglais (...) non seulement influencent le débat encore aujourd’hui, mais contiennent également à eux trois le noyau d’un modèle heuristique utile à la définition du fascisme : ce paradigme, s’il présente des variations dans le détail, fonctionne comme un diagramme de Venn, constitué de trois cercles d’analyse qui se recoupent pour identifier les bases d’une définition de travail pratique du fascisme (...) Ils contiennent non seulement des visions convergentes de ce qui constitue le cœur du fascisme, à savoir une forme de politique révolutionnaire, visant une renaissance nationale, mais ils ont aussi consolidé une tendance jusque-là largement ignorée quoique évidente après coup, lancée par les études pionnières d’Eugen Weber. (...) Le professeur du Wisconsin n’avait cessé depuis la fin des années 1950 d’affiner sa compréhension du fascisme comme catégorie générique : il voyait en lui une révolution culturelle cherchant à résoudre la crise de la civilisation moderne par l’instauration non seulement d’un ordre nouveau, mais aussi d’une société nouvelle, d’une culture nouvelle .
La définition donnée par deux experts américains de l’extrême droite contemporaine, Matthew Lyons et Chip Berlet (...) synthétise les éléments de toutes les définitions proposées par les auteurs mentionnés ci-dessus :
Le fascisme est une forme d’idéologie d’extrême droite qui célèbre la nation ou la race, vue comme une communauté organique transcendant toutes les autres formes d’allégeances.
Il met en valeur le mythe de la renaissance nationale ou raciale après une période de déclin ou de destruction.
À cette fin, le fascisme en appelle à “une révolution spirituelle”, contre les signes de décadence morale tels que l’individualisme et le matérialisme, et cherche à purger la communauté organique des forces et des groupes de population qui lui sont “étrangers” et qui la menacent.
Le fascisme tend à célébrer la masculinité, la jeunesse, l’unité mystique et la force régénérative de la violence.
Le fascisme rejette les doctrines libérales de l’autonomie et des droits de l’individu, le pluralisme politique et le gouvernement représentatif, tout en défendant une large participation du peuple à la politique et en usant parfois des canaux parlementaires pour parvenir au pouvoir.
Sa vision d’un “ordre nouveau” s’oppose à l’attachement conservateur aux institutions et aux hiérarchies traditionnelles, même si le fascisme idéalise le passé, en tant que source d’inspiration pour la renaissance nationale (...)
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Idriss aime ce message
Re: Définir le fascisme
Je vais maintenant tenter de trouver des pistes de réflexions actuelles. Rendons à César, toussa, toussa, et commençons par l'Italie. Rappel du contexte actuel :
Premier point de vue italien, en 2010 :
https://esprit.presse.fr/actualites/beatrice-latini/un-fascisme-pour-aujourd-hui-44305La victoire du parti Fratelli d’Italia aux élections législatives a suscité en Italie un débat sur la pertinence du qualificatif de « fasciste » pour désigner la coalition de « centre-droit » qui gouvernera le pays. Si le questionnement sur les orientations politiques de celle-ci est légitime, il faut rappeler que le propre du fascisme est de ne pas se laisser reconnaître, quand il advient. (...) Alors que le New York Times, Le Monde et de nombreux médias s'accordent à reconnaître la victoire de la « hard-right » et du « post-fascisme », le débat sur le nom à donner à la coalition portée par Giorgia Meloni semble avoir d’ores-et-déjà été tranché en Italie (...)
Premier point de vue italien, en 2010 :
intégralité à lire sur https://www.cairn.info/revue-lignes-2010-3-page-113.htmUne interrogation sur ce que, faute de mieux, on pourrait appeler le « retour du fascisme » s’était déjà manifestée au début des années 1990. Après la chute du mur de Berlin en 1989 et l’effondrement du bloc communiste, on avait assisté à l’émergence de violentes pulsions identitaires se teignant tour à tour de nationalisme, de racisme et de fanatisme religieux. (...)
Dans le cas du collectif Action30, le contexte dans lequel a surgi l’interrogation sur les nouvelles formes de racisme et de fascisme fut, par contre, la puissante vague sécuritaire qui suivit l’attentat du 11 septembre 2001. (...) Les questions qui étaient à la base du collectif sont devenues plus aiguës, voire urgentes après la mise en place du quatrième gouvernement Berlusconi en mai 2008. (...)
Le 13 août 2008, Umberto Eco publie dans L’Espresso un article intitulé « Rinasco, rinasco nel 1940 ! » où il se fait le porte-voix d’un malaise qui s’est rapidement propagé en Italie : la sensation de se réveiller à l’improviste dans un monde lui rappelant étrangement celui de son enfance (il est né en 1932).Avant la crise économique mondiale et l’émergence en Italie de ce climat d’intolérance diffuse et exacerbée, le collectif Action30 a donc commencé à réfléchir sur le présent par le jeu des analogies avec les années de la crise de la démocratie et de l’affirmation du fascisme en Europe. (...) Des mots tels que racisme et fascisme, bien qu’usés, désignent quand même quelque chose de concret et de tangible.
- Spoiler:
Les « horribles années 40 » étaient en effet caractérisées par une série d’éléments : la présence des militaires dans les villes, les rondes des matafs du bataillon San Marco et des Brigate nere, les foules de Balilla et de Piccole italiane en uniforme, les écoliers avec leurs blouses noires à la sortie des écoles. Eh bien, dit Eco : « Je ne peux pas affirmer que tout cela est revenu, au moins dans son intégralité. Pourtant je commence à sentir le même parfum. » Mais au-delà de ces aspects finalement assez folkloriques (par exemple, les uniformes des « rondes citoyennes »), c’est surtout un lourd climat de violence xénophobe et raciste qui imprègne à nouveau la vie quotidienne en Italie. Et l’on aurait du mal à contester ceci : à savoir que la longue chaîne de passages à l’acte criminels – contre des Roms, des étrangers, des homosexuels – a trouvé sa justification, non seulement dans les discours politiques des partis au gouvernement, mais aussi dans des lois ouvertement discriminatoires, comme celle dite « Paquet de Sécurité », qui a introduit le délit d’immigration et de séjour clandestin.
Cela a fini par déclencher une controverse – plus ou moins explicite – sur le « retour du fascisme » qui mobilise deux points de vue spéculaires : d’un côté il y a ceux qui voient du fascisme partout ; de l’autre coté il y a ceux qui, par contre, excluent qu’on puisse légitimement parler encore de fascisme. La recherche conduite par Pierangelo Di Vittorio, Alessandro Manna, Enrico Mastropierro et Andrea Russo, qui ont rédigé les différents chapitres composant L’Uniforme et l’âme, naît d’abord de l’exigence de mettre en cause cette double banalisation sur la base de la conviction qu’aujourd’hui on ne peut pas envisager de façon critique le présent sans se confronter au problème-fascisme : En quoi l’ancien fascisme diffère-t-il du nouveau ? « Ancien » et « Nouveau » s’excluent-ils réciproquement ou bien peuvent-ils se superposer, s’articuler et peut-être se confondre dans quelque chose de plus difficile à saisir et donc à combattre ? (...) Tout en gardant le vocabulaire traditionnel, nous avons repris ou forgé des termes – self-racisme, microfascisme, popfascisme, biofascisme – pour marquer la « nouveauté » des phénomènes racistes et fascistes à l’époque de la biopolitique et du néolibéralisme. Mais c’est le terme de managérialisation qui a permis de saisir la « spécificité » propre à tous ces phénomènes, autant au niveau éthique (et/ou psychologique) que politique.
- Spoiler:
D’un côté on assiste aujourd’hui à une managérialisation de l’âme, ne se référant pas simplement aux soi-disant « managers de l’âme », au phénomène du coaching en entreprise, etc., mais aussi au fait que l’âme elle-même est de plus en plus rabattue sur une rationalité gestionnaire. (...) De l’autre côté, on assiste aujourd’hui à une managérialisation de la démocratie, en ce sens que la vie collective et le jeu politique sont de plus en plus enfermés dans un impératif gestionnaire : il faut tout gérer, coûte que coûte, en dérogeant si nécessaire aux règles de la démocratie et aux garanties de la loi. À ce propos, il suffit de penser au surpouvoir acquis par la Protection civile en Italie. (...) Les performances tous azimuts de la Protection civile, directement liées à la multiplication inouïe de ces arrêtés (250 depuis mai 2008), sont devenues pour le gouvernement Berlusconi le symbole d’une démocratie « exécutive » par opposition à la démocratie du « bavardage » parlementaire. Effectivement, la dérive managériale de la démocratie, non contente de réduire les occasions de discussion et de débat, empêche surtout que la société soit traversée par des questionnements radicaux sur comment et à quel prix nous sommes gouvernés. Le fonctionnement démocratique de nos sociétés est également entamé par cet autre phénomène, que l’on pourrait appeler le banditisme managérial, à savoir la tendance des dirigeants d’entreprise à se comporter en voyous. (...)
En suivant le fil de ce qu’il y a de « positif » dans la biopolitique et le néolibéralisme, on voit donc se dessiner une dérive fasciste au cœur même des sociétés démocratiques et libérales, de même que l’on voit apparaître un repli raciste dans l’âme des individus qui les composent.
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Re: Définir le fascisme
Et maintenant, un point de vue italien actuel :
source : https://legrandcontinent.eu/fr/2021/12/23/le-fascisme-est-il-de-retour/
Inteview de l'auteur :(...) D’après l’historien italien Claudio Vercelli, qui vient de publier Neofascismo in grigio. La droite radicale en Italie et en Europe (Einaudi, 2021), nous ne serions pas confrontés à un retour des spectres du fascisme historique. Nous assisterions plutôt à une reformulation culturelle et anthropologique d’un « fascisme » qui se présente aujourd’hui sous de multiples formes. Ces nouveaux extrémismes de droite, bien que différents entre eux, auraient toutefois des traits communs et proliféreraient dans un contexte social et idéologique homogène gagné notamment par le soi-disant dépassement de l’opposition droite-gauche, le refus de la démocratie représentative, le retour en force de la question identitaire et des préoccupations d’ordre sécuritaire, le promotion du nationalisme sur base ethnique, « une certaine convergence entre xénophobie et rejet du métissage » ou encore « l’éloge du movimentismo di piazza comme exercice d’une protestation sans fin ».
Les droites post-fascistes occidentales (...) renvoient ainsi au passé et s’inscrivent dans une mythographie bien précise que l’historien Claudio Vercelli nous aide à comprendre. Son dernier essai nous offre une analyse minutieuse du contexte socio-culturel au sein duquel cette constellation (...) émerge et s’enracine. En reprenant les mots d’Emilio Gentile, Vercelli nous rappelle que : « Parmi tous les termes propres au langage politique du XXème siècle seul le Fascisme est devenu si changeant et multiforme qu’il peut designer les réalités sociales, culturelles, religieuses, géographiques les plus diverses ». L’historien se propose alors de circonscrire une nébuleuse politique changeante et protéiforme capable de gagner inexorablement du terrain sans pour autant être en mesure de se présenter comme un pouvoir à proprement parler (...) : « Elle n’aboutit pas sur un véritable mouvement politique mais sur des attitudes caractérisés par des formes de qualunquisme, de grégarisme et sur des pulsions antidémocratiques »
Je ne m’attarderai pas sur les définitions purement formelles, basées sur une nomenclature stricte. Il serait en effet difficile, sur cette base, d’opérer une distinction nette entre « droite radicale » et « droite néofasciste ». Il reste que les deux partagent des valeurs clés telles que l’antilibéralisme (les « communautés organiques » et non pas les individus feraient l’objet de l’attribution de droits) ; le refus du pluralisme (le droit à la différence n’existerait pas ; seul existerait une obligation à une uniformité de nature ethnique) ; l’horreur du « socialisme » comme idéologie fondée sur l’égalité des droits (les individus n’auraient pas la même valeur sociale ; les « meilleurs », qui occuperaient le haut de l’échelle, auraient le droit de bénéficier de plus d’opportunités).
Un élément à mes yeux capital est la reconnaissance du principe de la transitivité.Autrement dit, la lutte pour la domination culturelle, qui dessine la conception de l’individu et de ses liens sociaux, a aujourd’hui subi un repositionnement dangereux à la faveur des agendas des droites radicales illibérales et, avec ces dernières, des néofascismes qui reviennent sur la scène politique européenne.
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Certaines thématiques chères au vieux néofascisme européen, et ce depuis au moins trente ans, ont fait leur entrée dans l’agenda politique des partis de la droite populiste et souverainiste actuelle, qui gagne du terrain au sein des parlements nationaux. La lutte contre l’immigration, en tant que soi-disant menace contre l’« Occident » ; la volonté d’incarner les aspirations des couches populaires le plus marginalisées, laissées-pour-compte, via une offre politique à la fois naïve et illusoire ; la proposition d’un anticapitalisme des « pauvres », qui ne questionne en rien la constellation des pouvoirs institutionnels et recherche fantômes et boucs émissaires ; le renvoi à une « identité » locale regroupant des communautés géographiques et territoriales, relue, en termes ethno-racistes, contre la globalisation. C’est en effet sur ces terrains que, directement ou indirectement, les partis libéraux-sociaux – plus généralement une certaine politique fondée sur des valeurs républicaines et constitutionnelles – sont appelés aujourd’hui à s’exprimer, sur un ensemble de thématiques qui se situent à l’opposé des principes fondateurs de nos démocraties libérales.Le néofascisme européen suit, sous certains aspects, les dynamiques anticipées par la nouvelle saison du radicalisme islamiste, inaugurée dans les années 1970 au Moyen-Orient, face au déclin des mouvements d’émancipation sur base sécularisée et laïque. En effet, pour l’un comme pour l’autre, l’objectif des actions menées par ces mouvements radicaux n’est pas la « conquête du pouvoir » au travers d’un endoctrinement par le haut aboutissant à la création d’un groupe dirigeant qui, une fois le pouvoir conquis, imposerait un régime illibéral par l’usage de la force, mais le déclenchement d’un processus de radicalisation par le bas, visant à reconquérir un « local » menacé par les ravages de la modernisation et de la globalisation.
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Plus concrètement, et pour ne prendre qu’un seul exemple, en France, la stratégie politique du Rassemblement National n’est pas la modération via l’introduction d’éléments hybrides et la recherche d’une proximité avec le champ post-gaulliste, aujourd’hui macroniste, mais, au contraire, l’infiltration de ce dernier via l’introduction d’éléments de radicalisation qui seront les terrains du conflit électoral en cours et à venir. Autrement dit, la perspective est renversée : ce n’est pas la droite radicale qui devient petit à petit libérale pour gagner du terrain mais un libéralisme à bout de souffle qui intègre malgré lui le langage, les axes de pensée et les mots d’ordre du radicalisme (...)Le néofascisme réaffirme grandement, d’une part, le besoin de s’inscrire dans une narration, dans un récit. Il se présente comme un sujet politique omni-compréhensif, transhistorique, interclassiste, promoteur de « valeurs éternelles » lesquelles, dans une telle rhétorique, auraient comme terrain d’application, éternel et immuable, une vision ethnicisée et racialisée des relations sociales. D’autre part, les formations néofascistes se présentent aujourd’hui comme étant le seul sujet politique authentique en mesure de remettre au centre le politique et ses vrais et nobles enjeux (la soi-disant « aristocratie de l’esprit ») contre l’hégémonie utilitariste et strictement matérialiste exercée par l’économie et ses acteurs nationaux et internationaux. Les droites radicales, via le renvoi au fascisme historique, l’ensemble des régimes et des mouvements nés entre les deux guerres mondiales, s’approprient cette stratégie, jouant sur le malentendu délibéré selon lequel les fascismes historiques auraient réellement été une alternative à la dialectique conflictuelle entre capitalisme et communisme (...)
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Dans un monde complexe et changeant, l’attention portée à la « souffrance » des territoires – par le biais de laquelle les droites radicales cherchent à canaliser et instrumentaliser la demande sociale – devient alors un facteur majeur dans le processus d’auto-affirmation de ces mouvements. Le fascisme actuel, au même titre que les populismes, les souverainismes et les identitarismes dont il est l’émanation, ne s’adresse pas seulement au « ventre » de la classe moyenne et d’un prolétariat et d’un sous-prolétariat en voie de marginalisation, mais aussi, transversalement, aux déçus de la mondialisation car exclus de tout processus de prise de pouvoir et de décision. On pourrait le définir comme un « néofascisme social » très répandu et ramifié au sein de nos sociétés. Il ne s’agit bien sûr pas d’un fait nouveau : cette dimension a été l’un des piliers des régimes fascistes du siècle dernier. Et aujourd’hui, bien que dans un contexte très différent, inédit, on retrouve cette dimension. Au fond, c’est la force du radicalisme d’utiliser la « question sociale » – autrefois apanage de la gauche – comme levier : et encore plus aujourd’hui, dans un contexte d’insoutenable creusement des inégalités. (...)
Le rapport avec le passé fasciste et nazi entretenu par les néofascismes actuels s’inscrit dans une mythographie précise : les régimes du passé ont construit en grande partie leur consensus par le recours à un imaginaire stratégiquement conçu, dont les démocraties libérales de l’époque à l’instar de celles d’aujourd’hui étaient dépourvues ; il y avait déjà, à la base, l’intuition que, à l’ère de la politique de masse, les symbolismes valent plus que les faits, l’imaginaire surclassant le réel.
Aujourd’hui, le néofascisme réémerge dans un cadre socio-culturel bien précis (...)L’offre politique du néofascisme est porteuse d’une vision, celle d’un nouvel ordre social : les fascismes d’hier comme d’aujourd’hui affirment qu’une société différente, autre, est possible. Peu importe si cette affirmation est incongrue, irréaliste ou utopique.
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Il s’agit, dans les sociétés occidentales, du délabrement à un stade avancé de la cohésion sociale, à cause du déclassement d’une partie des classes moyennes, et du retour en force des inégalités comme facteur structurant les couches sociales et de l’exclusion des plus faibles qui va avec. Le radicalisme de droite est porteur aujourd’hui, en effet, d’un projet de réparation à destination des exclus de la globalisation. Un cadre socio-culturel qui ressemble à celui dans lequel les « valeurs » fascistes ont pu émerger par le passé et se répandent aujourd’hui face au désarroi des gauches libérales, qui s’entêtent à inscrire la question sociale et la promotion de l’égalité des chances dans le discours des droits civiques des minorités, comme des gauches radicales empêtrées à leur tour dans des dynamiques identitaires anachroniques.Toute forme d’autoritarisme doit faire face, aujourd’hui, à la crise du concept même d’autorité et de ses pratiques. Or, il faut savoir que dans les systèmes politiques libéraux contemporains, le fondement du pouvoir ne repose pas dans le circuit de prise de décision – le plan économique ayant démantelé l’autonomie du politique –, mais dans la capacité de faire consensus, et de produire donc de la cohésion sociale, et ce via la consommation de masse. Cela se traduit dans une compétition pour adhérer aux standards, aux nouveaux diktats, du marché, dans une sorte de course folle de plus en plus accélérée qui a pris la place de la confrontation démocratique.
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L’imaginaire politique promu par l’imaginaire néofasciste consiste toujours à affirmer qu’un ordre différent des choses comme des relations sociales n’est pas seulement plausible mais concrètement réalisable. En cela le radicalisme de droite se propose comme un élément de rupture par rapport au célèbre acronyme néolibéral TINA (« There is no alternative »), slogan de Thatcher et Reagan. Toutefois, malgré le fait que l’extrême droite revendique son espace politique et culturel comme un territoire non soumis aux lois de la marchandisation, la rupture dont elle prétend être porteuse ne s’inscrit jamais dans la contestation de la doctrine économique libérale mais agit au niveau de l’imaginaire via la promotion d’un espace d’authenticité non marchandisable qui toutefois ne remet nullement en cause, dans les faits, les principes du libre marché (...)L’expression « société fragile » veut signifier la faiblesse absolue, voire l’inexistence, d’une quelconque opposition structurée. Il s’agit d’un phénomène imputable à différents facteurs, qui ne relèvent pas seulement de l’impuissance des pouvoirs institutionnels, mais aussi d’une fragilité d’une société désormais incapable de se concevoir dans les termes d’un sujet autonome, unitaire, en mesure de formuler et faire aboutir des instances réformatrices.
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L’expérience chinoise à ce propos est édifiante et sonne prototypique car elle promeut une sorte de communion entre pouvoir politique et puissance économique via à la fois une intégration par le bas par un accès toujours plus large au bien-être et la répression de toute forme de dissidence ; il en résulte l’homologation à un mode de vie basé sur le principe marchand. Dans une moindre mesure, ces dynamiques se sont produites également en Russie, lors de la transition du pays, à partir de 1991, vers un système capitaliste où l’hybridation entre sphère politique et économique était et demeure omniprésente. Aujourd’hui l’épicentre du capitalisme « inégalitaire » ne se situe plus aux États-Unis mais dans les régimes dictatoriaux et monolithiques – illibéraux et anti-pluralistes – qui ont effectué une transition vers des formes d’organisation sociale pyramidales, paternalistes et patrimonialistes, gouvernées par des oligarchies économiques extrêmement solides et impénétrables.Si le déclin de la politique en Europe devait se confirmer, des scénarios dictatoriaux de matrice fasciste pourraient émerger, car l’univers de ressentiment et d’angoisse, d’espoirs et d’illusions qui traverse nos sociétés – sentiments instrumentalisés par des mouvances rassemblées sous l’étiquette « populiste » – produit comme issue un processus de délégation du pouvoir à des figures salvifiques, des « chefs » appelés à dialoguer directement avec le peuple sans l’institution de forme de médiation. Autrement dit, dans les sociétés « fragiles » l’on observe un progressif anéantissement des mécanismes relevant de la démocratie représentative et de ses manifestations sociales et politiques, et, en phase avec cela, l’instauration de mécanismes de délégation du pouvoir à d’autres instances, à d’autres acteurs que les professionnels de la politique – nous avons déjà connu l’émergence de figures narcissiques, des histrions de la politique, issus parfois directement du monde du spectacle (...)
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Les sociétés fragiles sont ainsi dominées par leurs divisions internes et par la fragmentation, l’atomisation, des groupes sociaux qui les constituent, et avec ces derniers, des individus eux-mêmes, lesquels, isolés, ne sont plus capables de s’associer en dehors de configurations propulsées par le ressentiment. Dans ce type de sociétés demeurent en effet des figures élémentaires d’opposition, souvent, toutefois, reléguées au rôle de la « dissidence » : et dans ce cadre conflictuel, le « dissident » est une figure marginalisable qui peut faire l’objet de persécutions ou d’actes d’anéantissement, sans que cela provoque des réactions de la part de la collectivité.
Le principal élément de continuité entre néofascisme et populisme est, comme on sait, le refus de toute forme de médiation, d’intermédiation, qu’elle soit institutionnelle, politique, sociale ou culturelle.
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Et on entend par « médiation » toute structure ou figure professionnelle ou personne dont la fonction est de faire la synthèse des besoins et des demandes provenant des différentes instances, corps, qui composent la société. Au XXe siècle, ce rôle était principalement incarné par les partis et les syndicats, qui étaient désignés pour traduire dans le périmètre d’institutions relevant du collectif les requêtes qui provenaient d’en bas, en concourant ainsi à construire l’idée d’une citoyenneté inclusive fondée sur la participation.
La droite radicale d’aujourd’hui se propose en revanche comme émanation directe du « peuple », son expression la plus fidèle, la traduction de toutes ses instances, sans que cela nécessite une vérification, une légitimation venant d’ailleurs, tierce. En effet, dans la logique que les droites radicales et néofascistes s’approprient et promeuvent, la démocratie serait le produit d’une falsification de la volonté populaire. Le « peuple » des droites radicales est une unité organique, anhistorique, composée d’individus homologués : un organisme uniforme qui se compose d’individus ayant comme lien le marquage ethnique. Et bien le « populisme » a recours lui aussi à cet arsenal conceptuel qu’est l’uniformité exclusive qui fait du soi-disant « peuple » un ensemble d’individus indistincts et interchangeables. Dans ce cadre, les uns valent les autres. Et cette simulation de la démocratie directe n’est qu’une fiction qui a tendance à aboutir dangereusement à la désignation d’un « chef », le leader, l’homme fort (...)
Historiquement, le « modernisme réactionnaire », au même titre que la « révolution conservatrice », ont démontré que, sur le principe, il n’y a aucune contradiction entre rationalisme techniciste et organicisme communautaire.Et il est essentiel de comprendre qu’aucun mouvement identitaire, à commencer par les plus radicaux et sanglants, ne peut se soustraire à la médiatisation, à la technologie. La stratégie promotionnelle de tout mouvement communautaire, de tout populisme, passe par le web et par les médias, qui sont les nouvelles plateformes des identitarismes : en effet, seule l’appropriation du progrès technologique permet de forger et redessiner, selon les exigences du moment, son image. Modernité technologique et communautarisme vont à nouveau ensemble dans une sorte de réalisme utilitariste. C’est le web qui offre en effet la possibilité de construire et constamment façonner l’espace d’auto-représentation que l’on est en mesure de conquérir sans pour autant avoir recours à aucune forme d’intermédiation institutionnelle. C’est un processus propre à la modernité, qui mène à l’érosion progressive de la démocratie.
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Au contraire, les effets du premier, c’est-à-dire l’extension du champ de la technique anonyme et socialement irresponsable, se sont superposés aux dynamiques du deuxième, dominées par un nationalisme sur base ethniciste. Au XIXe siècle, la « tranchée » et l’« usine » ont synthétisé cette double dynamique, apparemment contradictoire. La guerre n’a que renforcé cette convergence, ce fut leur lune de miel. Aujourd’hui, en revanche, à l’âge de la dissolution des identités forgées par la classe, le travail etc., les terrains de rencontre et de communion émergent plutôt sur internet, notre agora virtuelle contemporaine.Le complotisme, on le sait, est stratégique dans sa capacité à construire une sorte d’alter-réalité, c’est-à-dire d’une réalité « autre », en s’appuyant sur la croyance que les faits humains ne répondent pas à des relations de nature causale inscrites dans des dynamiques de corrélation complexe ou d’interactions multiples, mais, au contraire, soient soumis à un principe de causalité immédiate. Dans l’univers des droites radicales, cette ancienne construction épistémique et gnoséologique qu’est le complot est désormais devenue incontournable car elle légitime et fonde la recherche d’un champ d’imputation, d’un coupable. La crise n’a fait qu’exacerber cette mécanique de simplification, de banalisation des parcours d’explication du monde en offrant un terrain facile d’auto-légitimation aux forces politiques extrémistes qui, incapables de fournir une critique de la complexité des pouvoirs, renvoient exclusivement à une image du pouvoir comme système d’intérêts personnels.
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Pour comprendre pleinement ce phénomène, au-delà des lectures idéologiques, il faudrait se réapproprier les leçons de Jean Baudrillard, ou alors, même si pour des raisons différentes, de Roland Barthes. Il faut ainsi comprendre que l’essor de la technocratie, l’exact contraire du libéralisme démocratique, converge en tout et pour tout avec la résurgence du populisme. Ce que l’on appelle « technopopulisme » en est la parfaite synthèse. Technopopulisme et libéralisme sont l’un le contraire de l’autre, se renvoyant leurs oppositions dans un jeu de miroirs. D’ailleurs, les mouvements fondamentalistes identitaires qui ont traversé l’histoire n’ont à aucun moment montré la moindre opposition réelle à l’économie du marché.
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Dans ce cadre, refait surface, par exemple, une certaine forme d’antisémitisme, qui depuis toujours fait du « juif » le coupable par excellence, en le mettant au centre de tout mensonge ou possible conspiration. C’est l’attrait principal du mécanisme de l’imputation qui sous-tend la « recherche des coupables » de simplifier la complexité propre à l’histoire.
Le complotisme s’auto-alimente de la conviction ancienne, propre aux droites radicales, d’être elles-mêmes les victimes d’un complot : au lieu de faire croire que l’histoire de la droite radicale est le fruit d’un parcours long et complexe, elles cherchent à s’inscrire dans une narration qui idéalise l’état prérévolutionnaire : la modernité, depuis au moins 1789, serait le fruit d’une lente descente aux enfers, d’une décadence programmée
source : https://legrandcontinent.eu/fr/2021/12/23/le-fascisme-est-il-de-retour/
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Re: Définir le fascisme
Je passe à la France, avec Ugo Palheta, sociologue, maître de conférences à l'université de Lille et chercheur au Cresppa-CSU.
la suite sur https://www.contretemps.eu/fascisme-fascisation-antifascisme/Le fascisme peut être défini classiquement à la fois comme idéologie, comme mouvement et comme régime.
Il désigne ainsi en premier lieu un projet politique de « régénération » d’une communauté imaginaire – en général la nation – supposant une vaste opération de purification, autrement dit la destruction de tout ce qui, du point de vue fasciste, ferait obstacle à son homogénéité fantasmée (...)
En tant que mouvement, le fascisme se développe et gagne une large audience en se présentant comme une force capable de défier le « système » mais aussi de rétablir « la loi et l’ordre » ; c’est cette dimension profondément contradictoire de révolte réactionnaire, mélange explosif de fausse subversion et d’ultra-conservatisme, qui lui permet de séduire des couches sociales dont les aspirations et les intérêts sont fondamentalement antagonistes.
Quand le fascisme parvient à conquérir le pouvoir et à se muer en régime (ou plus précisément en État d’exception). il tend toujours à perpétuer l’ordre social – et ce malgré ses prétentions « anti-système », et parfois même « révolutionnaires ».
Cette définition permet d’établir une continuité entre le fascisme historique, celui de l’entre-deux-guerres, et ce qu’on nommera ici le néofascisme, c’est-à-dire le fascisme de notre temps (...)
Si son ascension suppose s’opère sur fond de crise structurelle du capitalisme, d’instabilité économique, de frustrations populaires, d’approfondissement des antagonismes sociaux (de classe, de race et de genre) et de panique identitaire, le fascisme n’est à l’ordre du jour que lorsque la crise politique atteint un tel niveau d’intensité qu’elle devient insurmontable dans le cadre des formes établies de la domination politique. (...) Il s’agit là de ce que Gramsci nommait crise d’hégémonie (...)Dans le cas du fascisme de notre temps (néofascisme), il est évident que ce sont les effets cumulés des politiques menées depuis les années 1980 dans le cadre du « néolibéralisme », cette réponse des bourgeoisies occidentales à la poussée révolutionnaire des années 1968, qui ont abouti partout – à des rythmes inégaux selon les pays – à des formes plus ou moins aiguës de crise politique (taux d’abstention croissants, effritement progressif ou effondrement brutal des partis de pouvoir, etc.), créant les conditions d’une dynamique fasciste.
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Une telle incapacité procède en particulier d’un affaiblissement des liens entre représentants et représentés, ou plus précisément des médiations entre pouvoir politique et citoyens. Dans le cas du néofascisme, cet affaiblissement se traduit par le déclin des organisations de masse traditionnelles (partis politiques, syndicats, associations), sans lesquelles la « société civile » n’est guère qu’un slogan électoral (pensons aux fameuses « personnalités issues de la société civile »), favorise l’atomisation des individus et les condamne ainsi à l’impuissance, rendant ces derniers disponibles pour de nouveaux affects politiques, de nouvelles formes d’enrôlement et de nouveaux modes d’actionDans la mesure où l’offensive néolibérale a rendu plus difficile la mobilisation sur les lieux de travail – en particulier sous la forme de la grève – en affaiblissant les syndicats et en accroissant la précarité, cette désaffection tend de plus en plus à s’exprimer ailleurs et autrement, sous différentes formes :
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En lançant une offensive contre le mouvement ouvrier organisé, en brisant méthodiquement tous les fondements du « compromis social » d’après-guerre, qui dépendait d’un certain rapport entre les classes (une bourgeoisie relativement affaiblie et une classe ouvrière organisée et mobilisée), la classe dominante s’est rendue progressivement incapable de bâtir un bloc social composite et hégémonique. À cela doit être ajouté la très forte instabilité de l’économie mondiale et les difficultés rencontrées par les économies nationales, qui affaiblissent profondément et durablement le crédit que les populations peuvent accorder aux classes dirigeantes et leur confiance dans le système économique.
– Une abstention électorale croissante partout (même si elle se réduit parfois lorsque telle ou telle élection s’avère plus polarisée) et atteignant des niveaux souvent jamais vus auparavant ;
– Un déclin – progressif ou brutal – d’une part importante des partis institutionnels dominants (ou l’apparition en leur sein de mouvements et de figures nouvelles, tels que le Tea Party et Trump dans le cas du Parti Républicain aux États-Unis) ;
– L’émergence de nouveaux mouvements politiques ou la montée de forces autrefois marginales ;
– L’éclosion de mouvements sociaux se développant hors des cadres traditionnels, c’est-à-dire pour l’essentiel hors du mouvement ouvrier organisé (ce qui ne veut pas dire sans aucun lien avec la gauche politique et les syndicats).Dans tous les cas, l’ordre politique se trouve profondément déstabilisé. Or, c’est à l’évidence dans ce type de situation que les mouvements fascistes peuvent apparaître – pour différents groupes sociaux et pour des raisons contradictoires – à la fois comme une réponse essentiellement électorale (à ce stade du moins) au déclin de la capacité hégémonique des classes dominantes et comme une alternative au jeu politique traditionnel (...)
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Les néofascistes parviennent, dans certains contextes nationaux, à s’insérer dans de vastes mouvements sociaux (Brésil) ou à susciter eux-mêmes des mobilisations de masse (Inde) ; il arrive également que leurs idées imprègnent certaines franges de ces mouvements. Pour autant, cela ne suffit pas en général pour que les organisations néofascistes se muent en mouvements militants de masse, du moins à ce stade (...)
Le fascisme n’est pas une simple réponse désespérée de la bourgeoisie à une menace révolutionnaire imminente mais l’expression d’une crise de l’alternative à l’ordre existant et d’une mise en échec des forces contre-hégémoniques. S’il est vrai que les fascistes mobilisent la peur (réelle ou non) de la gauche et des mouvements sociaux, c’est bien l’incapacité de la classe exploitée (prolétariat) et des groupes opprimés à se constituer en sujet politique révolutionnaire, et à engager une expérience de transformation sociale (même limitée), qui permet à l’extrême droite d’apparaître comme une alternative (...)
Dans le premier stade de son accumulation de forces, le fascisme cherche à donner un tour subversif à sa propagande et à se présenter comme une révolte contre l’ordre existant.Reste que, dans un second temps, passé ce qu’on pourrait nommer son moment « plébéien » ou « anti-bourgeois » (caractère auquel le fascisme ne renonce jamais totalement, au moins en discours, ce qui fait l’une de ses spécificités), les dirigeants fascistes aspirent à nouer une alliance avec des représentants de la bourgeoisie – généralement par la médiation de partis ou de dirigeants politiques bourgeois – pour sceller leur accès au pouvoir, utiliser l’État à leur profit (pour des buts politiques mais aussi à des fins d’enrichissement personnel, comme l’ont montré toutes les expériences fascistes et comme l’illustrent régulièrement les condamnations judiciaires de représentants d’extrême droite pour détournement de fonds publics), tout en promettant au capital l’anéantissement de toute opposition. Des prétentions initiales à une « troisième voie » ne reste rien, le fascisme ne proposant pas autre chose que de faire fonctionner le capitalisme sous le régime de la tyrannie.
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Il procède en contestant à la fois les représentants politiques traditionnels des classes dominantes (les droites) et des classes dominées (les gauches), tous rendus coupables de contribuer à la désintégration démographique et culturelle de la « Nation » (conçue de manière fantasmagorique comme une essence plus ou moins immuable) : les premiers favoriseraient le « mondialisme d’en haut » (pour reprendre les mots de Marine Le Pen), celui de la finance « cosmopolite » ou « apatride » (avec les relents antisémites que charrient immanquablement de telles expressions), tandis que les seconds alimenteraient le « mondialisme d’en bas », celui des migrant·es et des minorités raciales (avec là toute la palette de la xénophobie traditionnelle et inhérente à l’extrême droite).
En faisant de la « Nation » la solution face à des méfaits – crise économique, chômage, « insécurité », etc. – invariablement attribués à ce qui lui est réputé étranger (en particulier tout ce qui touche – de près ou de très loin – à l’immigration), le fascisme prétend s’ériger en force « anti-système » et constituer une « troisième voie » : ni droite ni gauche, ni capitalisme ni socialisme. La banqueroute de la droite et les trahisons de la gauche donnent du crédit à l’idéal fasciste d’une dissolution des clivages politiques et des antagonismes sociaux dans une « Nation » enfin « régénérée » parce qu’unifiée politiquement (en réalité mise sous la coupe des fascistes), unanime idéologiquement (c’est-à-dire privée de tout moyen d’exprimer publiquement une quelconque forme de contestation) et « purifiée » ethno-racialement (autrement dit débarrassée des groupes considérés comme intrinsèquement « allogènes » et « inassimilables », « inférieurs » mais « dangereux »).
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Re: Définir le fascisme
Et maintenant, à titre tout à fait personnel (puisque je compare Macron à Napoléon III depuis la campagne présidentielle ayant précédé sa 1ère élection...), je reviens vers les marxistes pour partager cette réflexion de Trotsky sur la distinction entre fascisme et bonapartisme :
(au passage, ce jour, je viens de découvrir que Duhamel parle aussi de "bonapartisme" pour le macronisme, mais en ayant en tête l'exemple à ses yeux laudateur de "Napoléon le Grand" qd pour ma part j'ai toujours pris l'exemple de "Napoléon le Petit" )
https://www.marxists.org/francais/trotsky/oeuvres/1934/07/lt19340715.htm(...) Les staliniens ont fait leur l'idée qu'à la période contemporaine le capital financier ne peut s'accompagner de la démocratie parlementaire et se trouve contraint de recourir au fascisme. De cette idée parfaitement juste dans certaines limites, ils ont tiré, suivant une logique formelle et purement déductive, des conclusions identiques pour tous les pays et toutes les étapes du développement (...)
Pendant la période de Brüning‑Schleicher, Manouilsky, Kuusinen proclamaient : « Le fascisme est déjà là ! ». De notre théorie de l'étape intermédiaire bonapartiste, ils disaient qu’elle n'était qu'une tentative pour enjoliver et dissimuler le fascisme afin de faciliter la politique social‑démocrate du « moindre mal ». En même temps, ils appelaient les social‑démocrates des « social-fascistes », et les social‑démocrates « de gauche », du type Zyromski‑Marceau Pivert‑Just, passaient, après les « trotskystes » ‑ pour les plus dangereux des social‑fascistes (...)
C'est pourtant en France précisément que le passage du parlementarisme au bonapartisme ‑ ou plus exactement la première étape de ce passage ‑ a pris un caractère particulièrement frappant et démonstratif. (...)Nous avons affaire à une dictature militaropolicière à peine voilée sous le décor du parlementarisme. Mais un gouvernement du sabre en tant qu'arbitre de la nation ‑ c'est précisément le bonapartisme.
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Il est vrai que le gouvernement Doumergue, comme en leur temps les gouvernements Brüning et Schleicher, semble au premier abord gouverner avec l'accord du parlement. Mais c'est un parlement qui s'est renié, un parlement qui sait que, s'il résistait, le gouvernement se passerait de lui. Du fait du relatif équilibre entre le camp de la contre‑révolution qui attaque et celui de la révolution qui se défend, l'axe du pouvoir s’est élevé au‑dessus des masses et de leur représentation parlementaire. Il a fallu chercher le chef du gouvernement en dehors du parlement et « en dehors des partis ». (...) Un gouvernement qui s'élève au‑dessus de la nation n'est pourtant pas suspendu dans le vide. L'axe véritable du gouvernement actuel passe par la police, la bureaucratie, la clique militaire.Le fascisme au pouvoir, comme le bonapartisme, ne peut être que le gouvernement du capital financier. Dans ce sens social, ils ne se distinguent pas, non seulement l'un de l'autre, mais l'un et l'autre de la démocratie parlementaire. (...) La puissance du capital financier ne réside pas dans sa capacité à établir, à son gré, n'importe quel gouvernement, n'importe quand : il ne possède pas cette force. Sa puissance réside dans le fait que tout gouvernement non prolétarien est obligé de servir le capital financier, ou plutôt que le capital financier a la possibilité de remplacer un système de domination en déclin par un autre qui corresponde mieux aux nouvelles conditions. (...) Le passage du régime de démocratie parlementaire au bonapartisme a déjà été accompagné en France de flambées de guerre civile. La perspective du passage du bonapartisme au fascisme est grosse de troubles infiniment plus graves. (...)
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Le sabre, en lui-même, n'a pas de programme indépendant. Il est l'instrument de « l'ordre ». On fait appel à lui pour conserver ce qui existe. S'élevant politiquement au‑dessus des classes, le bonapartisme, comme son prédécesseur le césarisme, a toujours été et reste, du point de vue social, le gouvernement de la partie la plus forte et la plus solide des exploiteurs. Par conséquent, le bonapartisme actuel ne peut être rien d'autre que le gouvernement du capital financier qui dirige, inspire et achète les sommets de la bureaucratie, de la police, de l'armée et de la presse.
La « réforme constitutionnelle », dont on a tant parlé au cours des derniers mois, a pour seule tâche d'adapter les institutions de l'Etat aux exigences et aux convenances du gouvernement bonapartiste. Le capital financier cherche des voies légales qui lui permettraient d'imposer chaque fois à la nation le meilleur arbitre avec l'assentiment forcé du quasi‑parlement. (...)Ce qui vient d'être dit démontre suffisamment l'importance qu'il y a à distinguer la forme bonapartiste du pouvoir de la forme fasciste. Il serait pourtant impardonnable de tomber dans l'excès inverse, c'est‑à‑dire de faire du bonapartisme et du fascisme deux catégories logiquement incompatibles. Tout comme le bonapartisme commence par une combinaison du régime parlementaire et du fascisme, de même, le fascisme triomphant se voit contraint non seulement de faire alliance avec les bonapartistes, mais plus encore de se rapprocher dans sa structure interne du système bonapartiste.
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Le fascisme constitue un moyen spécifique de mobiliser et d’organiser la petite bourgeoisie dans les sens des intérêts sociaux du capital financier. En régime démocratique, le capital financier – c’était inévitable – s’est efforcé d’inoculer aux ouvriers la confiance dans la petite bourgeoisie pacifiste et réformiste. Le passage au fascisme, au contraire, est inconcevable sans que la petite bourgeoisie ait été préalablement pénétrée de haine contre le prolétariat. La domination de la seule et même superclasse, le capital financier, repose, dans ces deux systèmes, sur des rapports directement inverses entre les classes opprimées.
La mobilisation politique de la petite bourgeoisie contre le prolétariat est cependant inconcevable sans cette démagogie sociale qui, pour la grande bourgeoisie, signifie jouer avec le feu. (...) C'est pourquoi, tout en soutenant activement et en finançant les bandits réactionnaires en tant qu'un de ses détachements, la bourgeoisie française essaie de ne pas pousser les choses jusqu'à la victoire politique du fascisme, mais plutôt jusqu'à l'établissement d'un « pouvoir fort » qui, en dernière analyse, devra discipliner les deux camps extrêmes.
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La domination prolongée du capital financier au moyen de la démagogie sociale réactionnaire et de la terreur petite‑bourgeoise est impossible. Arrivés au pouvoir, les chefs fascistes sont forcés de réfréner, au moyen de l'appareil d'Etat, les masses qui les ont suivis. Ils perdent du coup le soutien de larges couches de la petite bourgeoisie. Une petite partie d'entre elles est assimilée par l'appareil bureaucratique. Une autre tombe dans l'indifférence. Une troisième, sous des bannières différentes, passe dans l'opposition. Mais, dans le même temps qu'il perd sa base sociale de masse, le fascisme, en prenant appui sur l’appareil bureaucratique et en louvoyant entre les classes, dégénère en bonapartisme. (...)
Le bonapartisme d'origine fasciste était infiniment plus stable que les expériences bonapartistes préventives auxquelles la grande bourgeoisie a recours dans l'espoir d'éviter le bain de sang du fascisme. Il est pourtant infiniment plus important de souligner ‑ du point de vue théorique comme du point de vue pratique ‑ que le fait même de la dégénérescence du fascisme en bonapartisme signifie le commencement de sa fin. (...)
(au passage, ce jour, je viens de découvrir que Duhamel parle aussi de "bonapartisme" pour le macronisme, mais en ayant en tête l'exemple à ses yeux laudateur de "Napoléon le Grand" qd pour ma part j'ai toujours pris l'exemple de "Napoléon le Petit" )
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Re: Définir le fascisme
https://investigaction.net/herwig-le-rouge-sur-lextreme-droite-utiliser-lexperience-historique-pour-comprendre-et-agir/Comment définir un parti comme fasciste ? C’est d’abord un parti qui reprend l’idéologie nationaliste raciste qui est propre au fascisme, même si c’est évidemment sous une forme différente de celle des années trente.C’est l’idéologie nationaliste raciste qui, comme c’était le cas dans les années trente, veut « rendre la nation plus grande » en se référant à un passé glorieux, réel ou imaginé.
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L’extrême droite et le fascisme, ont dû se reconvertir après la Deuxième Guerre mondiale. S’est produit alors le phénomène de la nouvelle droite, qui a “recyclé” les anciennes idées fascistes et racistes. Un nouveau langage a été mis en avant, qui ne parle plus de races mais de cultures, ne parle pas de races supérieures et inférieures mais d’incompatibilités de cultures. Un vocabulaire qui défend toujours, cependant, l’idée de la nation homogène épurée de tous les éléments étrangers, non naturels…On revoit apparaître tout de même des images qui font penser aux années trente en Italie par exemple. Des groupes de néo-fascistes, néo-nazis, défilaient en toute aisance à Milan il y a quelques semaines. Oui cela existe, ce sont des troupes de réserve parce que pour le moment la stratégie de l’extrême droite, c’est en premier lieu de grandir et d’arriver à une hégémonie culturelle dans la société par des voies, “démocratiques”. Cela en participant aux élections, en influençant les médias, en essayant de conquérir les positions dominantes dans l’enseignement. Pour l’instant, ces phénomènes, je ne vais pas dire qu’ils sont marginaux, mais ils ne conviennent pas tout à fait à la stratégie.
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On a un “make America great again”, un “make Europe or Germany”, ce genre de discours. L’idée de la renaissance de la nation qui aurait été humiliée, qui aurait été attaquée. C’est toujours la même idée qui est à l’arrière-plan, accompagnée de méthodes fascistes, même si ce n’est plus ( ou pas encore ) avec des troupes. Il n’y a pas ( encore ) les drapeaux, les tambours, des troupes de choc, tout l’attirail !La différence entre le fascisme et d’autres formes de dictatures, c’est que le fascisme essaie de se créer une base de masse pour arriver au pouvoir : ça se fait par tous les moyens et je pense qu’on est dans cette phase aujourd’hui.
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C’était un peu la même chose dans les années trente, à un certain moment Hitler a essayé de prendre le pouvoir par un coup d’état, ça n’a pas marché. La stratégie a alors été de se présenter comme un parti respectable, qui obéit aux normes démocratiques et aux lois de la société allemande. Jusqu’au moment où il est arrivé au pouvoir. Mais plus le pouvoir se rapprochait, plus il y a eu la mise en oeuvre de moyens violents.
Ces phénomènes de troupes existent, mais ils sont contenus pour le moment.
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Un parti comme le Vlaams Belang fait tout ce qu’il peut pour empêcher ses factions fascistes d’être plus visibles. Elles existent réellement, essayent d’infiltrer l’armée, faisant des entrainements militaires, se référant à la collaboration pendant la Deuxième Guerre mondiale. Il faut pour le Belang que ces factions n’apparaissent pas au premier plan. La stratégie prioritaire pour le moment est d’essayer d’apparaitre comme un parti respectable qui travaille dans le cadre de la démocratie parlementaire. Il peut y avoir des situations où ces forces paramilitaires vont de nouveau avoir un rôle plus important donc on les garde de côté et on essaye de les contrôler mais ce n’est pas le danger principal pour le moment (...)
Les médias participent beaucoup à légitimer l’extrême droite : c’est une forme alternative de domination du capital.Le fascisme arrive comme une forme de récupération du mécontentement de la part de la population qui ne voit plus son pouvoir d’achat et son bien-être augmenter. Une partie de la population, parfois bourgeoise, craint de perdre ce qu’elle a. Nous sommes dans un contexte où les multinationales font face à une énorme concurrence et préfèrent garder leur bénéfices plutôt que de les répartir parmi la population. Le rôle de ces partis est de capter le mécontentement pour empêcher qu’il ne devienne une contestation du système.
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Dans la démocratie parlementaire avec ses organismes de concertation sociale la domination du monde patronal passe à travers ses mécanismes et institutions. On a vu dans l’histoire que quand cette façon de dominer la société ne fonctionne plus, quand pour des raisons économiques on est plus capables d’accepter la forme sociale démocrate d’une société capitaliste – concertation avec les syndicats, concessions salariales … – et où la concurrence est devenue tellement grande qu’on a plus le temps ni la possibilité de s’embarrasser de toutes ces procédures démocratiques. A ce moment là, le capital a besoin d’une autre forme de domination. C’est là que l’on peut laisser se développer les forces fascistes. Avec les différentes crises économiques, climatiques et politiques que l’on connaît il y a de moins en moins de légitimité pour les partis traditionnels.Le rôle de ces partis est de capter le mécontentement pour empêcher qu’il ne devienne une contestation du système (...). Ils ne sont pas utilisés par tous les partis de l’establishment, mais par certaines parties. Il y a des cercles économiques qui auparavant s’accommodaient des conventions collectives, des négociations salariales qui aujourd’hui disent cela ne va plus, on a besoin d’un État beaucoup plus efficace qui n’est pas freiné par toutes ces contestations sociales et écologiques. Pour eux, tout cela doit s’arrêter et ils misent sur les partis d’extrême droite mais au détriment des autres partis. Ceux-ci reçoivent de l’argent et de plus en plus de soutien dans les médias qui les normalisent.
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Les syndicats sont marginalisés, n’ont plus la capacité d’obtenir beaucoup de choses, les partis socialistes ne sont plus utiles au capital : ils n’arrivent plus à encadrer et contenir le monde du travail pour qu’il reste sur des demandes « raisonnables » ou accepte d’abandonner ses acquis. On voit l’évolution dans toutes les sociétés occidentales : les acquis démocratiques sont sous pression, il y a du bashing contre les syndicats, la droite et l’extrême droite veulent éliminer tout ce qui est société civile… La concertation sociale prend trop de temps aux yeux des organisations patronales, ça coûte de l’argent et réduit leurs ( somptueuses ) marges bénéficiaires. Le patronat se tourne alors vers une autre forme de domination (...)
Les partis fascistes qui se présentaient comme les plus néolibéraux qui soient il y a dix ans utilisent à présent une démagogie sociale. Aussi bien le Vlaams Belang que le Rassemblement National en France adoptent une sorte de vernis de gauche. Ce vernis sert évidemment aussi à attiser le racisme mais ils défendent la pension à 65 ans, ils se disent pour l’augmentation des salaires net etc.
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Par exemple, en Flandres, tous les médias privés sont contrôlés par deux groupes et un des deux groupes est très proche de la NV-A et du Vlaams belang et c’est donc eux qui instrumentalisent l’extrême droite et qui la font grandir. On ne peut donc pas dire que le parti socialiste, par exemple, utilise l’extrême droite.
Les autres partis ont une stratégie inefficace, qui n’est pas capable de concurrencer les partis fascistes parce que, premièrement, ils sont responsables de la situation actuelle – et les gens le savent – et deuxièmement ils ne veulent pas remettre en cause le modèle libéral du marché qui a conduit à la situation actuelle.
Partout en Europe, les partis traditionnels espèrent rester au pouvoir en s’appropriant des idées d’extrême droite. Mais partout cela est un échec.
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En Flandre dans le contexte de la campagne électorale actuelle, pour une grande partie des gens, surtout dans les classes populaires, si tu donnes à peine l’impression de défendre les partis traditionnels, la conversation est déjà terminée. Les gens sont tellement dégoûtés que si vous vous identifiez aux partis au pouvoir, les libéraux, les socialistes, les chrétiens démocrates, vous n’avez déjà plus leur confiance. Ces partis sont responsables de la situation dans laquelle sont les gens et pendant les campagnes électorales ils peuvent faire semblant que ce n’est pas eux qui ont été au pouvoir mais c’est prendre les gens pour des cons (...)
En Flandre, on a vu que pendant un certain temps, le patronat, notamment VOKA, l’association des patrons flamands les plus agressifs et liés aux multinationales, ont misé sur la NV-A pendant une dizaine d’années. Ensuite, ils ont vu que la NV-A, soit n’arrive pas au pouvoir, soit n’est pas capable d’imposer sa politique. Donc maintenant, on voit de plus en plus ces organisations patronales miser ouvertement sur le Vlaams Belang.
Lors des dernières élections cette association, VOKA a dit qu’en Flandres la NV-A devrait faire une coalition avec le Vlaams Belang, disant que le genre de parti n’est pas important, le plus important c’est quel programme ils vont mettre en pratique.
En Allemagne on peut dire que pour le moment la majorité des grandes entreprises ne misent pas sur l’AFD, ils espèrent encore que les partis traditionnels vont pouvoir effectivement les soutenir dans leur concurrence avec la Chine, les Etats-Unis etc. Mais si, à un moment donné, ils voient que ces autres partis ne sont pas efficaces, on verra l’AFD mise en avant, et on lèvera tous les tabous qui existent encore aujourd’hui comme on les a levés dans beaucoup d’autres pays européens.
On voit deux mouvements : d’un côté, ces partis d’extrême droite et fascistes qui essaient de se respectabiliser – c’est pour cela qu’ils gardent sous contrôle les groupes plus violents et plus extrémistes. De l’autre côté on voit qu’il y a une acceptation de plus en plus grande dans des cercles économiques et certainement aussi dans les partis traditionnels.
Il y a, dans les partis traditionnels de plus en plus de gens qui pensent que leur avenir politique pourrait être du côté de l’extrême droite plutôt que du côté de leur parti. Il y aura certainement des scissions, peut-être déjà après ces élections-ci.
- Spoiler:
Dans la NV-A la moitié des cadres est en faveur d’une alliance avec le Vlaams Belang après les élections, l’autre moitié est contre et préfère imposer leur politique à travers l’État fédéral. Plus il y aura de problèmes dans les partis traditionnels et plus l’extrême droite se renforcera. Dans le premier gouvernement d’Hitler, il n’y avait que deux ministres nazis : ce sont des partis du centre droit et de la droite nationaliste qui se sont alliés à lui.
Dans le premier gouvernement d’Hitler, il n’y avait que deux ministres nazis : ce sont des partis du centre droit et de la droite nationaliste qui se sont alliés à lui (...)
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Re: Définir le fascisme
Heu, franchement, se référer à Trotski, dont il y a des raisons de penser qu'il aurait été pire que Staline s'il avait réussi à le supplanter, pour juger des menaces...-Ren- a écrit:Et maintenant, à titre tout à fait personnel (puisque je compare Macron à Napoléon III depuis la campagne présidentielle ayant précédé sa 1ère élection...), je reviens vers les marxistes pour partager cette réflexion de Trotsky sur la distinction entre fascisme et bonapartisme :
Et je persiste, le fascisme, c'est d'abord une question d'esprit et de méthode, "qui n'est pas avec nous est contre nous", toute opposition est vue et traitée comme une hostilité malveillante, etc. Ca se voit autant à gauche qu'à droite voire au centre à présent chez nous.
Re: Définir le fascisme
Traiter sérieusement du sujet, c'est prendre en compte ceux qui en ont parlé, que l'on approuve ou non.Spin a écrit:Heu, franchement, se référer à Trotski
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Re: Définir le fascisme
Ce n'est pas une question d'approuver ou pas, c'est de voir la grille de lecture, marxiste en l'occurrence. Il y aurait des catégories humaines intrinsèquement oppressives, et leurs complices, et des catégories humaines intrinsèquement opprimées.-Ren- a écrit:Traiter sérieusement du sujet, c'est prendre en compte ceux qui en ont parlé, que l'on approuve ou non.
Au passage, Napoléon III, puisqu'il le vise, aurait laissé une marque très positive sans ses saloperies de guerres.
Et je répète, l'Italie de Mussolini était nationaliste, impérialiste, colonialiste, mais pas plus que la France et la Grande-Bretagne à la même époque. La différence était ailleurs.
Re: Définir le fascisme
Evidemment qu'il s'agit là de la grille de lecture marxiste ! Je l'avais signalé en préambule de ma citation.Spin a écrit:Ce n'est pas une question d'approuver ou pas, c'est de voir la grille de lecture, marxiste en l'occurrence.
Mais on ne peut parler des théorisations du fascisme sans évoquer cette grille de lecture.
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Re: Définir le fascisme
Tuto : reconnaître le fascisme (quand il toque à votre porte) - Clément Viktorovitch
Le RN fasciste? C'est pas une posture , c'est pas exagéré ! c'est démontrés très clairement dans cette video
Supprimer le conseil constitutionnel pour pourvoir faire des lois comme la préférence nationale , mais en distingueant français de souche et français de papier même de 2éme ou 3éme génération ...
Dernière édition par Idriss le Dim 23 Juin - 22:49, édité 1 fois
Idriss- Messages : 7124
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Re: Définir le fascisme
Outre que cette définition du fascisme est discutable, il y a quelque chose qui m'ennuie. Les droits des immigrés, des réfugiés, etc. sont forcément limités, dans tous les pays du monde. Encore une fois, aucun pays ne peut subsister longtemps en ouvrant par principe toutes grandes ses frontières. Ni en les fermant complètement d'ailleurs, mais ce n'est pas à l'ordre du jour.Idriss a écrit:Tuto : reconnaître le fascisme (quand il toque à votre porte) - Clément Viktorovitch
Le degré d'ouverture ou de fermeture est forcément sujet à controverses. En démocratie, il doit donc faire l'objet d'un débat démocratique. Définir à vue comme fasciste quelqu'un qui voudrait le limiter un peu plus que soi-même, c'est en soi de la diabolisation de ses contradicteurs, ingrédient de base du fascisme si ce mot a encore un sens.
Re: Définir le fascisme
Spin a écrit:Outre que cette définition du fascisme est discutable, il y a quelque chose qui m'ennuie. .Idriss a écrit:Tuto : reconnaître le fascisme (quand il toque à votre porte) - Clément Viktorovitch
oui oui oui ...comme d'habitude
Supprimer le conseil constitutional c'est dit ou pas ?
Dans le but faire des lois différenciés our français de souche et français de 2éme ou 3 éme génération , ce qui se voit à l’œil ! c'est pas assez explicite?
Ce qui est dit sur le grand remplacement , la distinction entre la légalité et le naturel !
Idriss- Messages : 7124
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Re: Définir le fascisme
A supposer (il faudrait voir le contexte), je ne crois pas que le fascisme soit une question d'un pouvoir de plus ou de moins. On a aussi le droit de contester le rôle ou certaines décisions du conseil constitutionnel. Après, ce que ça peut donner, ma boule de cristal n'est pas assez bien calibrée. Quant à la constitution, on la fait constamment évoluer, y compris en y incluant des choses qui devraient relever simplement de la loi...Idriss a écrit:Supprimer le conseil constitutional c'est dit ou pas ?
Et quoi qu'il en soit, quand un parti dépasse les 40% de suffrages exprimés au deuxième tour, c'est que l'étiquette "fasciste", brandie depuis le début, ne marche plus.
Re: Définir le fascisme
Il vaudrait mieux garder fascisme pour Mussolini, Hitler est un national-socialiste, les autres des extrêmes. Les mots comptent. De mêem que croire que le "wokisme" est un système organisé ! on est en plein ridicule.
Jans- Messages : 3577
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Re: Définir le fascisme
Je persiste à penser que "fasciste" devrait désigner une tendance à remplacer le débat, donc la démocratie, par l'intimidation et la brutalité au nom du principe qu'on a forcément raison. Mais le sens a été brouillé par les extrapolations intéressées des communistes.
Et il y a quand même bien une idéologie sous-jacente dans le wokisme : il y aurait des catégories humaines intrinsèquement dominatrices ou abusives.
Et il y a quand même bien une idéologie sous-jacente dans le wokisme : il y aurait des catégories humaines intrinsèquement dominatrices ou abusives.
Re: Définir le fascisme
Spin a écrit:A supposer (il faudrait voir le contexte), je ne crois pas que le fascisme soit une question d'un pouvoir de plus ou de moins. On a aussi le droit de contester le rôle ou certaines décisions du conseil constitutionnel.Idriss a écrit:Supprimer le conseil constitutional c'est dit ou pas ?
Tu as regardé la video? La réponse à la question "un pouvoir de plus ou de moins est très bien expliqué"
Si oui et si tu n' y vois pas où c'est une dérive fasciste caractérisée c'est peut-être parce que tu es un fasciste qui s'ignore !
Idriss- Messages : 7124
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Re: Définir le fascisme
Spin a écrit: Et quoi qu'il en soit, quand un parti dépasse les 40% de suffrages exprimés au deuxième tour, c'est que l'étiquette "fasciste", brandie depuis le début, ne marche plus.
Et quand Hitler est arrivé à 40% il était plus antisémite , parce que l'étiquette "antisémite ne marchait plus ? " C'est du n'importe quoi
Jans a écrit:Il vaudrait mieux garder fascisme pour Mussolini, Hitler est un national-socialiste, les autres des extrêmes. Les mots comptent. .
Qu'il y ait des nuances , des variantes de fascisme c'est une chose , mais il y a bien un point commun à tous les fascismes ...
Et c'est le sujet de ce post
Par exemple qu'est-ce qui défini un islamiste : " il met le Coran et les hadiths " comme base de la législation au dessus de toute autre forme de législation ...là Spin et toi vous aller pas me contredire , alors que dans les faits c'est un peu plus compliqué et nuancé ..
Un fasciste met le politique au dessus du légal , C'est pas le conseil constitutionnel qui est arbitre , c'est le politique ! Enfin reprenez la video , c'est très concret ! Citez un point et contestez mais pas dans le vent !
Idriss- Messages : 7124
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