Vers le retour du fascisme en Europe ?

[-Ren-]

"Notre combat n’est pas seulement celui de la Grèce, il aspire à une Europe libre, indépendante et démocratique. Ne croyez pas vos gouvernements lorsqu’ils prétendent que votre argent sert à aider la Grèce. (…) Leurs programmes de « sauvetage de la Grèce » aident seulement les banques étrangères, celles précisément qui, par l’intermédiaire des politiciens et des gouvernements à leur solde, ont imposé le modèle politique qui a mené à la crise actuelle. Il n’y pas d’autre solution que de remplacer l’actuel modèle économique européen, conçu pour générer des dettes, et revenir à une politique de stimulation de la demande et du développement, à un protectionnisme doté d’un contrôle drastique de la Finance. Si les Etats ne s’imposent pas sur les marchés, ces derniers les engloutiront, en même temps que la démocratie et tous les acquis de la civilisation européenne. La démocratie est née à Athènes quand Solon a annulé les dettes des pauvres envers les riches. Il ne faut pas autoriser aujourd’hui les banques à détruire la démocratie européenne, à extorquer les sommes gigantesques qu’elles ont elles-mêmes générées sous forme de dettes.
Nous ne vous demandons pas de soutenir notre combat par solidarité, ni parce que notre territoire fut le berceau de Platon et Aristote, Périclès et Protagoras, des concepts de démocratie, de liberté et d’Europe. (…)

Nous vous demandons de le faire dans votre propre intérêt. Si vous autorisez aujourd’hui le sacrifice des sociétés grecque, irlandaise, portugaise et espagnole sur l’autel de la dette et des banques, ce sera bientôt votre tour. Vous ne prospérerez pas au milieu des ruines des sociétés européennes. Nous avons tardé de notre côté, mais nous nous sommes réveillés. (...)
Résistez au totalitarisme des marchés qui menace de démanteler l’Europe en la transformant en Tiers-monde, qui monte les peuples européens les uns contre les autres, qui détruit notre continent en suscitant le retour du fascisme."

http://www.humanite.fr/monde/lappel-de-mikis-theodorakis-les-banques-rameneront-le-fascisme-en-europe-483044

...J'ai envie d'ajouter : qui monte les religions les unes contre les autres. Non ?

[Chaël]

Est-ce aux banques d'être au service de l'économie ou à l'économie d'être au service des banques ?

Évangile du jour :


Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc 16,9-15.
Jésus disait à ses disciples : " Faites-vous, des amis avec l'Argent trompeur, afin que, le jour où il ne sera plus là, ces amis vous accueillent dans les demeures éternelles.
Celui qui est digne de confiance dans une toute petite affaire est digne de confiance aussi dans une grande. Celui qui est trompeur dans une petite affaire est trompeur aussi dans une grande.
Si vous n'avez pas été dignes de confiance avec l'Argent trompeur, qui vous confiera le bien véritable ?
Et si vous n'avez pas été dignes de confiance pour des biens étrangers, le vôtre, qui vous le donnera ?
Aucun domestique ne peut servir deux maîtres : ou bien il détestera le premier, et aimera le second ; ou bien il s'attachera au premier, et méprisera le second. Vous ne pouvez pas servir à la fois Dieu et l'Argent. »
Les pharisiens, eux qui aimaient l'argent, entendaient tout cela, et ils ricanaient à son sujet.
Il leur dit alors : « Vous êtes, vous, ceux qui se présentent comme des justes aux yeux des hommes, mais Dieu connaît vos cœurs, car ce qui est prestigieux chez les hommes est une chose abominable aux yeux de Dieu.

A méditer...

[psycho]

Peut-on reprocher aux banquiers leur cupidité et leur irresponsabilité ? Evidemment, on peut.
Mais on doit aussitôt ajouter que s’ils ont pu spéculer et faire des montages aussi tordus que les subprimes et la titrisation des actifs bancaires, c’est bien parce que les autorités de régulation n’ont pas fait leur job. Il faut se souvenir que la FED s’était largement opposée à la régulation des produits dérivés, de même qu’elle a maintenu des taux extrèmement bas après l’éclatement de la bulle Internet. Les américains se sont ainsi largement endettés dans les années 2000 et c’est en fait la brutale remontée des taux directeurs de la FED en 2006 pour réduire l’inflation qui ont provoqué la crise qui a suivi. La perte de confiance généralisée qui a suivi a fait le reste, par effet boule de neige.

Résistez au totalitarisme des marchés qui menace de démanteler l’Europe en la transformant en Tiers-monde, qui monte les peuples européens les uns contre les autres, qui détruit notre continent en suscitant le retour du fascisme."

Je pense que personne n’a intérêt à destabiliser volontairement l’Europe contrairement à notre ami grec, et surtout pas les banques qui ne cherchent qu’à récupérer leur argent. Voir les marchés comme le grand méchant et agiter la menace du fascisme me parait déplacé, sauf à ce que l’on pense à une possible révolte des peuples (ou de l’armée en Grèce ?) qui instaureraient un régime totalitaire. C'est à nos gouvernants de montrer que nous sommes solidaires dans l'épreuve et ne pas lacher les plus faibles.
Quant à l'éventuel "intérêt" des marchés financiers pour les religions, Ren, je n'ai pas compris ce que vous sous-entendiez par là.

[-Ren-]

Voir les marchés comme le grand méchant et agiter la menace du fascisme me parait déplacé

La source de mon message est un rien extrême, je le reconnais sans peine... D'un autre côté, quand on voit les "réjouissance" actuelle face au renoncement d'organiser un référendum grec, et qu'on se souvient de la façon dont le traité de Lisbonne a été ratifié malgré le "non" des français qui avait précédé ( http://www.euractiv.fr/la-france-et-lue/article/le-parlement-franais-ratifie-le-traite-de-lisbonne-00667 ), la tentation d voir dans tout ça un déni de démocratie est grande, non ?

Quant à l'éventuel "intérêt" des marchés financiers pour les religions, Ren, je n'ai pas compris ce que vous sous-entendiez par là

Ma remarque se voulait légèrement provocante, mais nourrie de tous ces exemples où la religion est utilisée comme marqueur identitaire divisant les gens...

[psycho]

Deux réactions par rapport à ce dernier post :
1 – pourquoi tout le monde se réjouit que la Grèce accepte le plan de sauvetage en l’état ?
Les marchés financiers sont vis-à-vis des pouvoirs politiques comme les enfants vis-à-vis des parents : toutes les conneries sont bonnes à faire tant qu’une limite n’est pas mise fermement par les autorités ad hoc. La spéculation sur la Grèce n’a d’autre but que de tester la réaction de l’Europe. Si tous les états font front et parlent d’une voix rapide, vigoureuse et unanime, les marchés sont satisfaits. La Grèce n’a en tant que tel qu’un intérêt mineur, elle est juste le cobaye d’une expérience en grandeur réelle sur la solidité de l’UE.
Les leçons que je tire de cette crise :
- Les marchés financiers sont un contre-pouvoir efficace et nécessaire à l’irresponsabilité des pouvoirs politiques en matière d’économie ; si des mesures drastiques sont en cours pour réduire l’endettement, c’est en grande partie grâce à la pression des marchés qui ont sorti le carton stop ; et au-delà, parce que dans une démocratie aucun pouvoir en place ne prendra des mesures impopulaires, si ce n’est le couteau sous la gorge, ce sont in fine les marchés qui tiennent ce couteau pour les aspects financiers ;
- Contrairement à ce qu’on entend dire au café du village, le pouvoir politique et les autorités de régulation (Fed aux US, BCE en Europe) ont un rôle économique extrêmement important à jouer en tant que promoteur des règles du jeu des dits marchés financiers, puis en tant que police des marchés. Comme je le disais dans mon post précédent, si ces autorités avaient joué leur rôle, la crise des subprimes n’aurait pas existé ;
- J’espère que cette fois le capitalisme ultra-libéral à l’américaine est bien mort ;
- En attendant ce nouveau système assaini, tout ça reste profondément immoral, parce que comme d’hab, à titre individuel cette fois, ce sont les plus démunis qui vont en faire les frais ; mais cette crise est aussi l’alibi et l’occasion inespérée de redistribuer les richesses via l’impot. Et un impot provisoire peut vite devenir pérenne !

2 – de l’usage du référendum
Le problème du référendum est qu’il est très souvent vu comme un plébiscite. La question posée est souvent détournée au profit d’un jugement de l’action globale du gouvernement en place. Je pense que ça a été en grande partie le cas en France sous Raffarin. La démocratie n’est effectivement pas sortie grandie de cette affaire. Je suis prêt à parier qu’on n'est pas prêt de voter à nouveau via un referendum avant quelque temps !

[Contenu sponsorisé]