Un prof décapité pour avoir montré une caricature
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Re: Un prof décapité pour avoir montré une caricature
La Commission Antiracisme Politique, pour la Coordination nationale de l’UJFP, le 19 octobre 2020. a écrit: L’assassinat atroce d’un enseignant par un jeune fanatique nous émeut et nous bouleverse tous. Les enseignants, en général méprisés par le pouvoir, s’interrogent sur les conditions d’exercice de leur métier et sur la liberté d’enseigner.
Le jeune terroriste a agi avec les motivations d’un fanatique religieux, qui prétend se revendiquer de l’islam. Il faudra dire un jour les ravages psychologiques qu’auront fait guerres et répressions génocidaires en Tchétchénie.
Ce crime atroce se double désormais d’une exploitation sans vergogne.
Autrefois, le pouvoir protestait contre l’idée qu’il y aurait un racisme d’État et niait l’existence d’une islamophobie. À présent, ce même pouvoir veut interdire de lutter contre l’islamophobie, en s’en prenant à des associations musulmanes, dont le CCIF, calomnié, sali, injurié parce qu’il veut faire respecter les droits des citoyens musulmans en France et lutter contre les discriminations.
Il y a quelque chose de totalitaire dans la nouvelle étape du discours raciste et islamophobe d’État qui vient d’être franchie avec l’introduction frauduleuse dans le débat national du concept du « séparatisme » supposé qu’entretiendraient nos concitoyens de culture musulmane, croyants ou non, avec la Nation.
De quelques fanatiques, on passe à des groupes entiers qualifiés d’islamistes, puis à toute organisation indépendante s’appuyant sur l’Islam comme le Secours catholique s’appuie sur le christianisme, des ONG comme Baraka City, une organisation antiraciste comme le CCIF.
D’ennemis intérieurs hier, les voilà aujourd’hui accusés d’entretenir dans leurs rangs un projet de séparatisme avec, à terme, une volonté de créer des espaces de non-droit où seules des lois prétendument inspirées du Coran remplaceraient les lois de la République. Vieux discours de l’extrême droite parés de nouveaux oripeaux...
Le véritable séparatisme, c’est la désignation assumée à la vindicte générale de pans entiers de notre société au seul motif qu’ils sont musulmanes et musulmans.
L’utilisation de la notion de « liberté d’expression » jusqu’à la nausée par un pouvoir qui la brime depuis des années, en instaurant des lois d’exception, en interdisant ou en réprimant les manifestations populaires, et désormais en appelant à l’interdiction d’organisations humanitaires ou militantes, a quelque chose d’obscène.
Nous connaissons les effets de cet engrenage criminel du racisme pour en avoir nous mêmes subi les conséquences. La généralisation des discours antimusulmans à chaque fois que se produit un acte criminel d’un jeune égaré, constitue en quelque sorte une victoire des auteurs de ces actes contre la démocratie. L’atmosphère empoisonnée d’aujourd’hui peut permettre de comprendre ce qui a dû se passer en France et en Allemagne pendant les années 1930. Comment une société entière a pu être petit à petit contaminée par des discours politiques et la presse antijuive, pour se retrouver embrigadée dans une croisade exterminatrice.
Plus qu’à tous autres, il nous appartient d’alerter nos concitoyens sur les dangers qui menacent nos sœurs et nos frères musulmans, et plus largement notre société toute entière.
Le temps nous est compté si nous ne voulons pas que se produise à nouveau une catastrophe.
Nous appelons les femmes et les hommes de bonne volonté, épris de justice et de respect mutuel, à refuser ce discours islamophobe – ce discours de haine raciste gros de dangers – à faire front, toutes et tous ensemble contre le racisme qui risque de submerger notre société et de l’emporter très loin des valeurs démocratiques et républicaines qu’elle prétend défendre.
La Commission Antiracisme Politique, pour la Coordination nationale de l’UJFP, le 19 octobre 2020.
Idriss- Messages : 7075
Date d'inscription : 25/05/2012
Re: Un prof décapité pour avoir montré une caricature
Interview d'une collègue de Seine-St-Denis, qui expose très bien ce que sont les véritables problèmes de notre point de vue d'enseignants :
https://www.revolutionpermanente.fr/Quand-les-discours-des-politiques-s-abattent-sur-nos-eleves-on-se-retrouve-en-1ere-ligne-pour(...) La première impression c’est d’être abasourdi : le climat qui dégénère avec les parents d’élèves, la rumeur qui enfle sur les réseaux sociaux, la décapitation à deux pas du collège... Tout paraît démesuré et décalé par rapport à ce qu’on vit quotidiennement avec les élèves. Alors on reste sans voix.
Puis rapidement, on se demande comment les choses ont pu en arriver là. Passé l’émotion, on tente de comprendre.
Il y a deux ans, j’ai moi-même emmené mes élèves à une exposition sur la liberté d’expression dans laquelle, entre autres, il y avait des caricatures de Charlie Hebdo sur le prophète Mahomet et les religions. Il y a eu un débat.
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Certains élèves ont exprimé leurs réticences à voir la liberté d’expression utilisée pour ce qu’ils vivent comme une humiliation de certaines catégories de la population en raison de leurs croyances. C’est un point de vue légitime et défendable : on peut défendre la liberté d’expression tout en s’interrogeant sur les modalités et les objectifs de ceux qui l’utilisent, notamment lorsqu’elle vise en particulier une catégorie déjà stigmatisée de la population. C’est aussi ça la liberté d’expression. Celle des élèves, dans la classe. Ecoutée et débattue, elle devient un support pédagogique intéressant. La discussion a été riche. Il n’y a pas eu de tensions.
Si dans son interrogatoire de dépôt de plainte, Samuel Paty considère avoir fait preuve d’une certaine maladresse, il a été la victime d’une hystérie politique et collective qui le dépasse, et qui dépasse y compris les parents d’élèves qui se sont plaints. Une hystérie politique et médiatique où les musulmans et leur croyance sont présentés comme l’ennemi à abattre, et les enseignants enjoints à prendre part à ce combat, au risque sinon d’être considéré comme hostile à l’institution, à leur mission d’éducation. La situation est très complexe, car nous, en classe, nous avons affaire à de l’humain, à nos élèves, à des êtres en formation. Nous sommes en première ligne quand les discours discriminant des politiques s’abattent sur nos élèves et qu’il faut désamorcer, expliquer, mettre à distance. L’institution de l’Education Nationale nie les conséquences que ce climat anxiogène et stigmatisant peut induire dans la relation très particulière qui lie les professeurs à leurs élèves. Il rompt ce lien de confiance sur lequel se base la relation éducative et peut aboutir à des malentendus, voire, comme c’est le cas pour Samuel, à des drames (...)
L’année dernière, il y a eu de la part de Blanquer, une multitude de prise de position particulièrement problématique car relayant directement le discours de l’extrême-droite. Sur les « petites filles » musulmanes supposées être empêchées d’aller à l’école, ou les écoliers qui refuseraient de donner la main aux écolières. Sur les mères voilées accompagnatrices de sorties scolaires. Des positions totalement alignées sur celle de l’extrême-droite. Là encore Blanquer a fait valoir une conception totalement erronée de ce qu’est la laïcité : c’est aux enseignants et aux fonctionnaires que s’applique le devoir de neutralité, car ils représentent l’Etat et l’institution scolaire qui ne doit se soumettre à aucun culte. La laïcité est là pour préserver la liberté de croyance et de conscience de chacun. Pas pour l’empêcher.
Dans ce contexte où la laïcité est brandie contre les populations de croyance musulmanes (et jamais pour remettre en cause le Concordat en Alsace-Loraine - qui fait que l’Etat continue de financer les écoles confessionnelles et les prêtres, rabbins, imams... – ou l’enseignement privé catholique), les élèves qui se reconnaissent dans cette croyance se sentent mis à l’écart par la société et par l’école. A chaque nouvelle offensive du gouvernement contre les populations musulmanes, on voit des situations se crisper.
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Pour ma part, le discours de rentrée sur le « séparatisme » de Macron a fait surgir des situations jusque là inconnues : certaines élèves voilées à l’extérieur de l’établissement ont commencé à avoir des velléités de se voiler dans les classes, alors que jusqu’ici elles avaient toujours accepté le règlement intérieur de l’établissement qui oblige à ôter tout couvre-chef (...)
Il n’y a aucune difficulté à parler de la laïcité avec les élèves quand celle-ci est bien expliquée.
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Personnellement, je la remets dans son contexte : le long chemin de la France vers la déchristianisation avant même la révolution française, la séparation de l’Eglise et de l’Etat de 1905, le catholicisme comme religion d’Etat. Au contraire, j’essaye de faire comprendre aux élèves que s’ils peuvent être musulmans ou juifs ou protestants ou athées, en France, c’est grâce à la laïcité. Que c’est elle qui garantit la liberté de croire ou de ne pas croire. Présentée ainsi, et non comme une mesure hostile à l’encontre d’une religion particulière, les élèves la comprennent et l’acceptent très bien (...)
Ce serait un paradoxe de vouloir imposer aux enseignants les modalités par lesquelles ils doivent éduquer à la liberté d’expression(...) Imposer les caricatures de Charlie Hebdo aux enseignants et aux élèves sans aucune possibilité de critiquer les objectifs de leurs auteurs, de les remettre dans un contexte politique et historique, c’est un avant-goût de la pensée unique. Que dirait-on s’il s’agissait de caricatures nazies sur les juifs pendant la seconde guerre mondiale ? On peut les présenter, oui, mais à un public averti et avec tous les garde-fous que cela suppose : il s’agit d’avoir une approche critique de la caricature, de la mettre dans un contexte historique, et de définir les objectifs qui sont visés par le biais de ce dessin. Sans ces préalables, il n’y a pas de liberté d’expression qui soit possible (...)
Le ministre de l’Education Nationale a une indignation à géométrie variable puisque le drame et les suicides chez les enseignants se sont multipliés ces dernières années, avec celui, notable, de Christine Renon qui s’est suicidé dans son établissement il y a un an et pour laquelle l’Education Nationale n’a eu que du mépris.
Jean-Michel Blanquer et le gouvernement Macron ont une large responsabilité dans les drames qui touchent l’Education Nationale et la communauté enseignante. Par le climat xénophobe et stigmatisant qu’ils instiguent au jour le jour, mais aussi la mise à sac de l’Education publique depuis 3 ans, comme on ne l’a jamais vu ces dernières années (...)
Nous, les enseignants, sommes en première ligne quand le gouvernement s’acharne à activer les tensions. Et quand elles explosent, c’est nous qui en faisons les frais. Le gouvernement cherche lui à les instrumentaliser pour poursuivre et approfondir sa politique réactionnaire et de division. Dans ce contexte, « l’union nationale » n’est évidemment pas possible.
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Re: Un prof décapité pour avoir montré une caricature
Des précisions sur le point de départ de ce drame, qui montrent à quel point ce collègue n'avait strictement RIEN à se reprocher :
https://www.francetvinfo.fr/faits-divers/terrorisme/enseignant-decapite-dans-les-yvelines/assassinat-de-samuel-paty-ce-que-l-enseignant-a-dit-lors-de-son-interrogatoire-face-aux-policiers-quatre-jours-avant-d-etre-tue_4149549.html(...) Le lundi 12 octobre, quatre jours seulement avant d'être assassiné par un jeune terroriste islamiste, Samuel Paty, enseignant au collège du Bois d'Aulne, à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines), est convoqué au commissariat.
Après une plainte déposée par un parent d'élève pour "diffusion d'images pornographiques", le professeur d'histoire-géographie de 47 ans est interrogé sur le cours d'enseignement moral et civique qu'il a donné le 6 octobre sur le thème de la liberté d'expression(...) "J'ai proposé aux élèves de voir ou de ne pas voir une des caricatures émanant de Charlie Hebdo selon leur sensibilité" (...)
Les policiers l'interrogent sur la rumeur affirmant qu'il a demandé aux élèves musulmans de se signaler et de sortir de la classe. L'enseignant conteste fermement cette version des faits, rejetant toute stigmatisation. Et livre un récit bien différent : "J'avais proposé à mes élèves de détourner le regard quelques secondes s'ils pensaient être choqués pour une raison ou pour une autre, assure-t-il. A aucun moment je n'ai déclaré aux élèves : 'Les musulmans, vous pouvez sortir car vous allez être choqués.' Et je n'ai pas demandé aux élèves quels étaient ceux qui étaient de confession musulmane."
Samuel Paty, que ses collègues décrivent alors comme très affecté par la polémique, apporte un détail inédit et qui a, depuis, été confirmé par l'enquête judiciaire : l'élève qui se plaignait de l'attitude de son professeur n'était pas présente lors du cours en question. Cette dernière le situe en effet le 5 octobre, alors qu'il s'est en réalité déroulé le 6. Et, ce jour-là, relève le professeur devant les policiers, elle était absente. C'est pourquoi l'enseignant dénonce une cabale.
D'où cette plainte en retour pour "diffamation publique" s'agissant de la vidéo mise en ligne par le père de cette élève. La principale de l'établissement, qui a accompagné son professeur, est également entendue par les policiers. Elle soutient l'enseignant et décrit l'atmosphère délétère qui règne autour du collège, évoquant notamment des appels menaçants. Quatre jours plus tard, peu après 17 heures, Samuel Paty est assassiné à coups de couteau alors qu'il regagne son domicile à pied, puis décapité.
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Re: Un prof décapité pour avoir montré une caricature
Retour sur l'aspect "djihadisme" de ce drame - et au passage sur l'aspect médiatique :
Hasna Hussein a écrit:Je vais vous parler du rapport entre la presse (et les médias) et les chercheurs de nos jours en France à partir d’une récente expérience qui à mon avis très significatif.
Suite à l’attentat contre Samuel Pathy, j’ai été contactée par une journaliste de la rubrique Débats dans Le Monde pour me proposer de publier en toute urgence une tribune à partir de mes travaux de recherches et mes actions au sein de Prevanet. Nous avions échangé également par téléphone à ce sujet. Quelques minutes plus tard, elle me rappelait pour me demander de centrer mon papier sur la proposition du MI sur la fermeture du CCIF. Je lui ai répondu que je préférerais me concentrer sur les stratégies et mécanismes de recrutement, que j’analyse dans mes recherches sur la propagande djihadiste. Deux jours plus tard, j’envoyais la tribune et recevait quelques heures après le retour de notre journaliste. Cette dernière me reprochait le fait de ne pas revenir sur la polémique CCIF, tout en rajoutant l’affaire de la fermeture de la mosquée de Pantin. Je l’appellait à sa demande pour lui expliquer que je ne suis ni avocat, ni juriste pour me prononcer sur ce sujet ni d’ailleurs journaliste pour qu’elle me passe des commandes et oriente ma tribune. Bien évidemment, je recevais ce matin un mail de l’adresse générique du Monde, après une relance, m’indiquant la décision de l’équipe éditoriale de ne pas publier ma tribune, « suite à un nombre très important bla bla bla... ». Je partage donc directement ma tribune avec vous, ainsi que les captures d’écran des échanges indiqués.Renforcer l’esprit critique face aux discours radicaux
L’attentat de Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines) contre Samuel Paty, professeur d’histoire-géographie a suscité une série de réactions de la part des autorités publiques, pour tenter de faire face plus efficacement au terrorisme djihadiste. Il importe de bien comprendre les modalités d’endoctrinement et de passage à l’acte pour lutter contre ce fléau avec les outils les plus adaptés.
Endoctrinement djihadiste
Le modus operandi de cet attentat s’inscrit très précisément dans le cadre de l’idéologie extrémiste djihadiste centrée sur « le devoir de faire la guerre à tous les mécréants ». La propagande djihadiste particulièrement celle de Daesh veut à tout prix donner l’impression que son « djihad » revêt un caractère « défensif », et s’inscrit dans la « voie prophétique » afin de légitimer les crimes que ses affidés perpètrent.
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Dans un article dédié aux attentas contre Charlie Hebdo publié dans le deuxième numéro de Dar-al-islam (revue francophone) en janvier 2015, Daesh justifie l’exécution des « impurs » qui ont osé « insulter et se moquer du prophète bien aimé ». Son argument principal repose sur le contenu de deux textes présentés comme des « hadith » (actes et paroles attribués au prophète Mahomet), rapportés par le traditionniste médiéval Aboû Dâwoûd. Selon ces deux textes, le prophète aurait prétendument « salué » l’assassinat d’un juif et d’une mère de famille esclave, tous deux accusés d’avoir insulté le messager. D’autres hadith, ainsi que des versets du Coran ne vont pas du tout dans ce sens. Leur stratégie de citation, de détournement et d’interprétation des sources de l’islam est conçue pour bloquer toute approche alternative et esprit critique.
Le passage à l’acte violent nécessite à la fois une légitimation de la violence par le biais des codes et textes religieux souvent décontextualisés et détournés, et un rejet de toute altérité voire même une déshumanisation, à l’instar du nazisme. Pour l’idéologie djihadiste, le rejet de la « société des mécréants » passe aussi par le rejet de ses institutions.
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En 2016, la même revue consacre 5 pages contre ce qu’elle appelle « l’école de la jâhiliyâ (l’ignorance) » pour attaquer ses méthodes, principes, et valeurs tels que la laïcité, la mixité, la liberté d’expression, la liberté de conscience, la musique, les théories scientifiques de la création et la théorie du genre. L’article vaut appel au meurtre contre les « fonctionnaires de l’éducation nationale qui enseignent la laïcité » et fait obligation à ses partisans « de combattre et de tuer, de toutes les manières légiférées (sic), ces ennemis d’Allah ». On peut donc raisonnablement émettre l’hypothèse que l’assaillant avait été initié à ce discours. Dans l’univers symbolique djihadiste, son passage à l’acte violent s’inscrit dans le cadre de l’accomplissement d’une « mission sacrée », le « djihâd contre les ennemis d’Allâh ceux qui insultent sa religion et son prophète » comme y invite le bréviaire de la haine qu’est (qu’était) la revue Dar al islam.
Inciter à la haine, exacerber les émotions
Si pour les djihadistes, ces caricatures constituent l’opportunité de légitimer le recours à la violence extrême, pour les islamistes, elles illustrent la thèse selon laquelle l’Occident et ses valeurs constituent une menace pour l’islam et les musulmans. Le combat des islamistes non-djihadistes se situe donc plus sur le plan idéologique et cognitif que sur le plan du combat armé.
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La pensée islamiste s’est en effet métamorphosée, depuis son émergence à partir de 1928, année de la création des Frères musulmans. Aujourd’hui, certains islamistes européens qui s’inscrivent dans cet héritage, ainsi que les salafistes 'quiétistes' ne prônent pas le djihad, mais elle développe un discours de rupture avec les valeurs républicaines, surfant sur des postures victimaires, émotionnelles et identitaires, pour étendre l’acceptabilité de leur cause et attirer de nouveaux sympathisants. Ce discours permet en effet de renforcer la colère chez certains récepteurs, préparés au passage à l’acte par la propagande susmentionnée. Nos recherches sur la littérature salafiste francophone en direction des femmes démontrent la présence d’un discours binaire, sexiste (qui ne fait pas l’objet de poursuites pénales) et de rejet plus ou moins direct de toutes formes d’altérité.
Aujourd’hui, la place de ces discours ne cesse de croître et d’être relayés sur la toile, et les quelques initiatives mises en place par les autorités publiques et les géants du numérique (GAFA) se révèlent insuffisantes pour lutter contre ce flux continu. Dans cette situation, une nouvelle réflexion autour des politiques de prévention et de contre-discours devient une urgente. Elle doit permettre, en amont de l’émission du message belliqueux, d’immuniser les jeunes contre toute forme de manipulation cognitive par des idéologies radicales ou djihadistes. Il est aussi important de s’attaquer au socle idéologique islamiste. Les autorités religieuses et représentants musulmans en France devraient s’intéresser beaucoup plus directement à cette idéologie, et élaborer un contre-discours au moins aussi diffus que ces discours de haine.
Des solutions dans le champ de la prévention
L’école a par ailleurs un rôle important à jouer dans cette lutte, notamment dans le cadre des formations des professionnels et de sensibilisation des élèves sur les dangers et risques numériques dont l’addiction, le complotisme, la cyber-violence, et la radicalisation. S’attaquer aux problématiques numériques de la jeunesse permet une prévention durable et transversale contre des situations d’enfermement, de délinquance et/ou de radicalisation qui peuvent mener un jeune à la violence. L’analyse des parcours des jeunes radicalisés que nous avons rencontrés dans le cadre de nos recherches-actions révèlent souvent des usages numériques à risque (addiction, complotisme, banalisation et légitimation de la violence, manipulation, etc.)
Les deux principaux leviers d’action auprès des jeunes nous paraissent devoir être l’éducation aux médias et à l’information d’une part, et le développement de l’esprit critique d’autre part (à travers notamment des cours de zététique, trop vite abandonnés). Les jeunes sont aussi eux-mêmes des acteurs importants de ce travail pédagogique. Il est impératif de les impliquer dans la réflexion et l’élaboration des actions, tels des groupes de parole, des ateliers de travail, projections-débat, etc. La verticalité abrupte ne fonctionne plus avec les générations Millennials Z et post-Millennials. L’objectif principal est de libérer la parole des jeunes sur des problématiques qui les concernent mais aussi sur les débats publics.
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Ces approches permettent de sensibiliser les jeunes sur les dangers du radicalisme islamiste à travers l’information et l’argument, en vue d’instaurer un bon niveau de vigilance à l’égard d’un phénomène d’endoctrinement ou d’un contenu belliqueux diffus. Le recours au théâtre-forum, basé par exemple sur des parcours des jeunes repentis, permet d’éveiller les jeunes aux techniques de manipulation utilisés par les islamistes, comme le montre notre expérience dans le domaine de la prévention menée dans plusieurs départements. Le théâtre interactif constitue un outil d’analyse, de réflexion et de pratique par une approche ludique, collective, participative et constructive pour comprendre les mécanismes de recrutement et réfléchir sur les facteurs de protection de la radicalisation menant à la violence.
Hasna Hussein, sociologue directrice de l’association de prévention de l’extrémisme violent (PREVANET) et membre de l’Observatoire de la haine en ligne.
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Re: Un prof décapité pour avoir montré une caricature
Je réagis juste sur ce point. C'est une vision un peu caricaturale de la doctrine djihadiste. "Décontextualisés et détournés", cela reste à prouver. Pour une analyse plus en profondeur de cette doctrine, qui est loin d'être aussi primaire, je recommande le livre d'Ibn Warraq, L'Islam dans le terrorisme islamique (un résumé de mon crû ICI).-Ren- a écrit:Retour sur l'aspect "djihadisme" de ce drame - et au passage sur l'aspect médiatique :Hasna Hussein a écrit:Je vais vous parler du rapport entre la presse (et les médias) et les chercheurs de nos jours en France à partir d’une récente expérience qui à mon avis très significatif.(...)
Le passage à l’acte violent nécessite à la fois une légitimation de la violence par le biais des codes et textes religieux souvent décontextualisés et détournés, et un rejet de toute altérité voire même une déshumanisation, à l’instar du nazisme. Pour l’idéologie djihadiste, le rejet de la « société des mécréants » passe aussi par le rejet de ses institutions. (...)
Re: Un prof décapité pour avoir montré une caricature
https://www.revolutionpermanente.fr/Quand-Christine-Renon-s-est-suicidee-on-a-pas-eu-droit-a-une-minute-de-silence(...) En tant qu’enseignante, quelle a été ta réaction suite à l’assassinat de Samuel Paty ? Comment as-tu vécu séquence politique qui s’est ouverte ensuite ?
Annabelle : J’ai été extrêmement choquée lorsque j’ai appris ce qui c’était passé. L’acte en lui-même est horrible : décapiter quelqu’un, le tuer pour quelque chose qu’il a dit, c’est terrible. En même temps, j’ai le sentiment que je n’ai même pas eu le temps d’être solidaire. Parce que ça a été récupéré très vite par des hommes politiques et des médias avec lesquels je ne suis pas d’accord, qui ont instrumentalisé un fait très grave pour le transformer en un outil au service d’un discours raciste et autoritaire. Quand Christine Renon s’est suicidée, on n’a pas eu droit à une minute de silence ! Une directrice d’école se suicide sur son lieu de travail en disant que c’est l’institution qui l’a poussée à faire ça, et à aucun moment l’institution ne s’est remise en question.
Là, alors que justement on nous maltraite depuis des années, c’est devenu « les profs sont des héros », un peu comme le gouvernement l’a fait avec les personnels soignants depuis le début de l’épidémie de Coronavirus. Samuel Paty est devenu un symbole de la liberté d’expression dans les discours du gouvernement, alors que nous-même nous n’avons pas le droit de dire ce qu’on pense. A Toulouse, l’année dernière, on s’est fait gazés quand on a manifesté devant le rectorat. A chaque fois qu’il y a une manifestation, c’est l’angoisse parce qu’il y a des policiers partout, des lacrymogènes. En fait, ces gens qui défendent la liberté d’expression, c’est d’abord eux qui ne la respectent pas.
RP : On a l’impression, si on écoute les discours relayés dans les médias, que les enseignant.e.s auraient peur de parler de la laïcité et seraient des victimes terrifiées des élèves et de leurs familles. Comment tu abordes cette question et quel est ton lien avec tes élèves ?
A. : Je n’ai pas du tout peur de mes élèves. Avec eux, je peux parler de plein de choses, de religion, de féminisme… Dans mon établissement, les élèves sont aux trois-quarts musulmans, et ça ne m’a pas empêchée de faire une émission de radio sur l’islam et l’islamophobie, ou de parler de féminisme. Là par exemple je suis en train de monter une cellule de veille sur les violences sexistes et sexuelles, et il n’y a pas de problème.
En fait, pour moi, ce sont avant tout les élèves qui sont victimes de ce que qu’on veut mettre derrière le concept de laïcité. Derrière la laïcité telle qu’on veut nous la faire enseigner, ce qui est visé, c’est l’islam.
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Les élèves musulmans se sentent déjà attaqués de toute part depuis des années. Quand il y a eu les attentats de Charlie Hebdo et du Bataclan, on en a parlé en classe. Les élèves étaient choqués, mais les questions c’était surtout : « après ça, qu’est-ce qui va m’arriver en sortant dans la rue ? ». Surtout les filles, qui se font en permanence insulter, agresser. Les gamines qui portent le voile en dehors de l’école, c’est terrible pour elles. Et là on en est au point où l’extrême-droite râle contre Blanquer et Darmanin car ils reprennent leurs propos… On a des élèves qui se sentent tellement exclus de toutes part que ça prend des proportions absurdes. Ça fait le jeu des islamistes, qui arrivent à endoctriner les élèves.
Au final, j’ai surtout peur pour mes élèves.
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On est en train de fermer les lycées professionnels, il y a de moins en moins de place, il y en a qui se retrouvent à la rue… Qu’est-ce qu’ils vont devenir ces gamins-là ? Dans mon lycée, j’ai un élève qui s’est fait exécuter froidement la semaine de la rentrée. Il a pris 12 balles dans un règlement de compte. C’était en dehors de l’établissement, et on a eu aucune information de la part du proviseur. Ce sont les élèves de sa classe qui nous ont prévenus, et on a rien fait. Pas d’hommage, on a même pas eu de suivi psychologique. Comme il était lié au trafic de drogue, il y en a même qui ont sous-entendu qu’il l’avait cherché. Moi, j’ai culpabilisé. Ce gamin il aurait pu être bien à l’école, suivre et ne pas se retrouver dans une situation pareille… Mais pourquoi ces gamins on n’arrive pas à les récupérer à l’école ? Parce qu’on ne nous laisse pas la possibilité de les raccrocher, parce qu’on ne nous donne pas les moyens de faire ça. C’est scandaleux d’abandonner des jeunes comme ça, de ne pas avoir les moyens de les suivre. Évidemment qu’on ne peut pas régler tous les problèmes sociaux à l’école, mais il y a une responsabilité du gouvernement et de l’Etat de laisser des gamins comme ça, sans rien, à la rue.
RP : Que penses-tu des mesures annoncées par Jean-Michel Blanquer pour le retour en classe (avec, entre autres, un temps de discussion avec les élèves pour « réaffirmer les principes de l’école et de la République »), mais aussi des annonces du ministre de l’Intérieur qui promet un « renforcement de la sécurité dans les établissements » (sous-entendu : une présence policière renforcée) ?
A. : Tout ça ne risque que de faire empirer les choses. Parler des valeurs de la République tel qu’ils l’entendent, c’est en fait une discussion à sens unique : il y a la parole de l’institution et de l’Etat, mais il n’y a pas de possibilité de s’exprimer sur ce qui s’est passé. Comme c’est toujours les mêmes élèves qui sont visés, les élèves musulman.e.s, ou « pas assez français.e.s », ils vont se sentir encore plus stigmatisés. De même, rajouter des policiers, c’est de la provocation. Ça ne va régler aucun problème de société.
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Je n’ai pas envie de participer à tout cela, mais je me questionne sur les moyens qui nous restent pour refuser. J’aurais aimé avoir le temps de réfléchir à la situation, un temps qu’on ne nous a pas accordé. S’il n’y avait pas eu toute cette récupération, ça ne m’aurait pas posé problème de discuter de ce qui s’est passé avec les élèves. Tout le monde a trouvé ça horrible, et, si j’avais le choix, je laisserais les élèves s’exprimer librement sur le sujet, parce que je sais qu’on peut discuter avec eux. Maintenant, avec toute la récupération, la discussion ça va forcément dévier sur l’islam et son incompatibilité avec la République...
RP : Comme tu le soulignais plus haut, on a assisté ces derniers jours à une reprise par différents membres du discours de l’extrême-droite. Jean-Michel Blanquer a dénoncé « l’islamo-gauchisme » à l’université et la participation de Jean-Luc Mélenchon à la marche contre l’islamophobie en novembre dernier, tandis que Gérard Darmanin fustige les rayons « communautaires » au supermarché… Pour toi, quel est le rôle que le gouvernement veut faire jouer aux enseignants dans ce contexte ?
A. : Le gouvernement veut faire des enseignant.e.s de bons petits soldats, sans leur laisser la possibilité de présenter un esprit critique. Le message, c’est que si tu oses remettre en cause l’action du gouvernement, tu vas être taxé « d’islamo-gauchisme », l’ennemi absolu. Mais « islamo-gauchiste », ça ne veut rien dire. C’est juste une manière de nous attaquer pour pouvoir défendre tranquillement des valeurs d’extrême-droite.
- Spoiler:
A Toulouse, Jean-Luc Moudenc [le maire actuel, ndlr.] avait dénoncé pendant les municipales la radicalisation d’extrême-gauche, en disant qu’on était des terroristes pour évoquer ce qui c’était passé pendant les grèves [ou des manifestant.e.s s’étaient introduit.e.s dans le centre des congrès pour perturber les vœux du maire. Ndlr.]. C’est une manière de faire peur. Pour moi, ces attaques, c’est aussi un moyen de dire : si une enseignante pense que l’islam n’est pas un problème, ça veut dire qu’elle est pour la décapitation des profs, et même, c’est de sa faute si des collègues se font décapiter, parce qu’elle défend les musulmans. Alors que ça n’a rien à voir.
En clair, en tant qu’enseignant.e.s, la liberté d’expression c’est fini. Alors que pour moi, le rôle de l’école, c’est justement d’apprendre aux jeunes à avoir un esprit critique, pour pouvoir s’émanciper, pour pouvoir se débrouiller dans le monde en gardant leur personnalité. Qu’ils aient une culture générale, qu’ils puissent s’ouvrir. Maintenant ce n’est plus ça. On fait de plus en plus rentrer les entreprises, le privé et on apprend à se taire. On évalue les compétences, pas les savoirs, pour préparer les élèves au monde du travail et à accepter tout et n’importe quoi.
Finalement, si on parle « d’islamo-gauchisme » et que le gouvernement tacle tous les mouvements « intersectionnels », c’est aussi parce qu’il y un mouvement antiraciste et féministe en France qui prend beaucoup d’ampleur. Dans les rassemblements contre les violences policières après la mort de Georges Floyd, ou à la dernière manifestation pour le 8 mars, il y avait beaucoup de monde, et surtout, énormément de jeunes, qu’on ne voit pas habituellement dans les manifestations. Et ça, ça fait peur au pouvoir. C’est pour ça qu’il va falloir se battre, les prétendus « islamo-gauchistes », et ceux qui croient à l’intersectionnalité, pour garder notre liberté de penser et de s’exprimer.
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...S'il me manque l'amour, je suis un métal qui résonne, une cymbale retentissante (1 Cor XIII, 1)
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Re: Un prof décapité pour avoir montré une caricature
En attendant : https://www.monaco-tribune.com/2020/10/attentat-a-notre-dame-de-nice-trois-morts-macron-sur-place/
Re: Un prof décapité pour avoir montré une caricature
Discours officiel :
...Cette revendication mensongère d'un "soutien remarquable" par "mon" institution est une honte.
Ce que Le Point a publié correspond bien davantage à la réalité de l'EN, qui donne TOUJOURS raison aux parents contre les enseignants :
https://www.lejdd.fr/Societe/samuel-paty-a-t-il-ete-suffisamment-soutenu-4008758C'est jeudi que doit être publié le rapport de l'Inspection générale de l'Éducation nationale sur les circonstances qui ont précédé la mort de Samuel Paty, le 16 octobre. L'enquête, qui a déjà été transmise aux juges antiterroristes, porte sur l'attitude de la hiérarchie, du collège de Conflans-Sainte-Honorine à l'inspection d'académie des Yvelines, après les protestations émises à la suite de son cours sur la liberté d'expression et les caricatures du Prophète. "Le rapport montre le soutien remarquable dont Samuel Paty a bénéficié", confie une source haut placée au ministère (...)
...Cette revendication mensongère d'un "soutien remarquable" par "mon" institution est une honte.
Ce que Le Point a publié correspond bien davantage à la réalité de l'EN, qui donne TOUJOURS raison aux parents contre les enseignants :
https://www.lepoint.fr/societe/exclusif-l-erreur-de-samuel-paty-selon-l-inspection-academique-20-11-2020-2401898_23.phpLa principale du collège de Conflans-Sainte-Honorine (...) enchaîne en effet les rendez-vous avec les parents d’élèves, déploie son énergie en soutien du professeur Paty, dénonce le comportement de Brahim Chnina, le père de la collégienne par qui tout est arrivé.
(…) Un référent laïcité, inspecteur de vie scolaire de l’académie de Versailles, doit se rendre dans l’établissement. Delphine raconte aux policiers à ce sujet : « Cet entretien devait me permettre d’avoir des éléments de langage pour informer les familles, le mettre en retrait. M. Paty commençait à accuser le coup, je voulais le protéger, qu’il voie les familles, mais sans l’exposer. »
Le mail adressé à la principale le 8 octobre et rédigé par le référent laïcité en question ne dit pas tout à fait cela. « Bonjour, Madame la Principale, comme suite à notre échange, je vous confirme ma présence demain 13 h 45 à vos côtés pour recevoir M. Paty, professeur d’histoire-géographie, en présence de Mme X., CPE. Cet entretien portera notamment sur les règles de laïcité et de neutralité que ne semble pas maîtriser M. Paty. »(...)
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