Bouddhisme et christianisme : éléments pour un dialogue interreligieux
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Bouddhisme et christianisme : éléments pour un dialogue interreligieux
source : Agoravox par Rounga (son site)
lundi 22 septembre 2014
Au Xème siècle parvint en Europe l'histoire d'un saint homme nommé Josaphat, qui avait vécu dans les lointaines contrées d'Orient. Jacques de Voragine immortalisa son souvenir en l'inscrivant dans sa Légende dorée, puis, en 1583, le pape Sixte Quint le fit entrer au nombre des saints reconnus par l’Église. Il est désormais fêté le 27 novembre. Ce qui est moins connu, c'est que ce Josaphat qui fut canonisé était en réalité le Bouddha lui-même, dont l'histoire et le nom, peu à peu déformés par la transmission de pays en pays avaient finalement atteint l'Europe. Pour peu qu'on croie à la Providence, on ne peut pas rester indifférent à un tel clin d’œil de sa part. Ne nous donne-t-elle pas là l'occasion de nous interroger sur la compatibilité entre bouddhisme et christianisme ?
A première vue, beaucoup de choses séparent les voies bouddhiste et chrétienne. Le bouddhisme, contrairement au christianisme, ne ferait pas référence à Dieu, et ne promettrait pas la vie éternelle. Le but serait plutôt d'atteindre une sorte d'extinction (nirvana) qui mettrait fin au cycle des réincarnations, conception totalement étrangère au christianisme, pour lequel il n'existe qu'une seule vie personnelle. La liste de différences qu'on peut trouver est encore longue, et il ne sera pas ici question de la poursuivre. Il s'agira au contraire de trouver un terrain commun sur lequel ces deux religions peuvent s'entendre. Il apparaîtra en procédant de cette manière que les contradictions que l'on peut établir entre elles sont pour la plupart de l'ordre des apparences et des représentations superficielles, et qu'en pénétrant profondément au sein de ces deux doctrines, des ressemblances frappantes se feront jour.
L'un des aspects communs qu'il est possible de mettre en évidence entre ces deux religions est l'évocation d'une dimension de la réalité supérieure à ce qu'on pourrait appeler la dimension phénoménale, c'est-à-dire celle dans laquelle tous les êtres humains évoluent naturellement, et qui comporte les besoins matériels, sociaux, affectifs, et intellectuels.
L'accès à cette dimension cachée semble être une expérience si singulière qu'il serait impossible d'en rendre compte de façon complète avec le langage. Le seul moyen d'en communiquer quelque chose serait de permettre à quelqu'un de vivre lui-même l'expérience de cette dimension. C'est la raison pour laquelle bon nombre de rationalistes sont insatisfaits des enseignements religieux qui, contrairement aux disciplines scientifiques, sont incapables de définir avec précision leur objet et de le mettre en évidence simplement grâce à des axiomes et à des démonstrations.
On imagine que si l'on pouvait donner une définition complète et immédiatement compréhensible de termes tels que "Dieu", "Royaume de Dieu", "Esprit Saint", "Bouddha", "Nirvana", "Dharma", etc. une grande partie des réserves des rationalistes seraient levées car l'analyse logique de ces notions permettrait d'en juger la valeur effective.
Mais si ceux-ci désignent des aspects de cette dimension ineffable dont il est question dans les enseignements, alors il est clair que toutes les explications qu'on pourrait en donner par une approche discursive ne sauraient en épuiser la signification, et l'attente d'une "preuve" rationnelle se trouvera toujours déçue.
Les traditions spirituelles opèrent cependant un effort dans le sens de l'intellectualisation par le développement d'une théologie, c'est-à-dire par une traduction dans un langage intelligible et systématique de l'expérience de cette dimension supérieure, en même temps qu'une tentative d'explication du lien existant entre cette dimension et la dimension phénoménale.
Il convient ici de faire une mise au point sur la théologie et le rôle qu'elle joue dans la doctrine religieuse. La comparaison du bouddhisme et du christianisme, si elle s'effectue au niveau de leurs théologies respectives, aboutit très vite, on l'a vu, au constat de grandes différences.
Ce serait aller trop vite en besogne que d'en conclure une radicale et définitive altérité entre les deux religions, de même qu'il serait incorrect d'établir des correspondances bijectives entre les termes des deux théologies pour forcer la ressemblance entre elles, ce qui aurait pour effet de nier leurs spécificités propres et de tomber dans un syncrétisme de bas étage.Bien que certaines similitudes s'imposent toutefois d'elles-mêmes par leur évidence, et que certains rapprochements peuvent se révéler tentants, ce n'est pas cette approche qui sera préconisée ici.
En effet, ces deux démarches comparatives participent de la même confusion, qui consiste à faire des signifiés concernés par la théologie des concepts, des notions, des choses. Si en effet la théologie est un discours sur une dimension indicible de la réalité qui ne peut qu'être expérimentée, alors il est évident que tout attachement à un concept représente une impasse dans le sens où cela tend à circonscrire par le langage quelque chose qui appartient au domaine de l'inexprimable.
Il n'est cependant pas question de faire fi de la théologie et de l'outrepasser comme bon nous semble lorsque celle-ci se révèle être un obstacle au dialogue entre religions. Il doit être bien clair que la théologie, quelle que soit la religion à laquelle elle se rattache, permet au pratiquant d'évoluer au sein d'un cadre et de repérer les impasses dans lesquelles il est susceptible de tomber. La réserve sur laquelle il est important d'insister concerne l'attachement exclusif à l'aspect spéculatif de la théologie.
En tant que discipline intellectuelle, celle-ci ne peut que donner une explication intellectuelle du sens des enseignements. Aussi profonde que puisse être cette interprétation, elle sera toujours accompagnée d'un sentiment d'insatisfaction car elle ne pourra en aucun cas produire la conversion (metanoia) dont il est question dans les textes.
Par conséquent, un pratiquant uniquement attelé à l'étude de la théologie, aussi haut qu'il parvienne dans cette discipline, ne manifestera qu'une pratique religieuse vidée de sa sève vitale. Nous comprenons donc mieux pourquoi introduire le dialogue entre bouddhisme et christianisme, en terme de compétition théologique aveugle peut s'avérer désastreux et source de profonde incompréhension. Il doit donc être bien clair, d'une part, que les termes qu'ils utilisent procèdent de constructions sémantiques différentes, et d'autre part que la dimension de l'expérience spirituelle vécue lors de la pratique doit avoir un rôle de premier plan.
Comme nous l'avons dit, cette expérience revêt un caractère inexprimable. Cet aspect tient apparemment au fait que la dimension à laquelle le pratiquant accède est non-duale. Le vocabulaire employé par ceux qui y accèdent se rapporte en effet à l'unité, à l'union avec Dieu, à l'indifférenciation, à l'intuition que toutes les choses sont une. La dimension phénoménale étant marquée par la dualité et la logique du tiers exclu (B ne peut être à la fois A et non-A), les moyens qu'elle propose pour communiquer sur la dimension spirituelle demeurent considérablement inadaptés et insuffisants. Tout au plus, il est possible grâce à eux d'indiquer une direction à prendre, ou alors de mettre en évidence les limites de cette manière de penser (par l'usage de paradoxes, par exemple), mais ils ne permettront jamais de faire vivre l'expérience à une personne si celle-ci se contente d'une attitude d'attente passive.
Voilà pourquoi les enseignements religieux prennent souvent une forme autoritaire et dérangeante. La plupart des maîtres spirituels, tels que Jésus ou les patriarches du zen, ne procèdent pas à une explication rationnelle de leur enseignement, mais s'expriment souvent de manière à déconcerter leur interlocuteur, lui faisant prendre conscience d'un manque qu'il ne peut combler s'il s'en tient à un mode d'intellection ordinaire, dual.
Dans les Evangiles, la non-dualité apparaît à plusieurs reprises, en particulier lors des épisodes où Jésus est interrogé par les pharisiens, qui tentent de le piéger. Ceux-ci viennent en effet présenter une situation avec une vision dualiste des choses : soit Jésus respecte la loi mosaïque, soit il agit en conformité avec son message d'amour universel, mais dans l'esprit des pharisiens, il est obligé d'opter pour l'une ou l'autre de ces options qui semblent s'exclure mutuellement. Jésus répond d'une manière qui laisse pantois et insatisfaits ses interrogateurs, car il déjoue leur piège en restant fidèle à la fois à la loi et à l'amour. Autrement dit il répond à la vision dualiste des pharisiens par des paroles non-dualistes.
Le bouddhisme comprend également un nombre très important de sentences non-duales, qui peuvent passer pour des absurdités ou des mauvaises plaisanteries pour un public non-averti. La non-dualité semble donc être une clef commune à ces deux spiritualités, bien qu'elle ne soit pas couramment considérée comme un élément central de la théologie catholique, dont le langage est principalement celui de la philosophie duale grecque.
Le bagage non-dual de la théologie chrétienne n'est néanmoins pas à négliger. On le trouve chez les mystiques rhénans et leurs héritiers (notamment Nicolas de Cuse, dont la "convergence des opposés" est une traduction possible), mais aussi chez des docteurs de l’Église revêtus d'une grande autorité comme Saint Thomas d'Aquin ou Saint Bernard de Clairvaux. Certaines citations des chrétiens antiques indiquent clairement que ceux-ci aussi avaient saisi intuitivement la non-dualité qui se trouve dans l'expérience de Dieu. Il y a par conséquent fort à parier que revisiter la pensée non-duale au sein de la théologie occidentale permettra un rapprochement fécond du christianisme vers le bouddhisme.
La prise en compte de la non-dualité amène un certain nombre de considérations. Une manière non-dualiste de considérer le corps et l'esprit, par exemple, implique que la pleine réalisation de la pratique religieuse se manifeste par un corps totalement unifié à l'esprit, et qui de ce fait mobilise une énergie débordante. C'est ce que signifie Saint Paul lorsqu'il dit "votre corps est le temple de l'Esprit Saint".
Les enseignements bouddhistes, quant à eux, insistent sur l'importance de comprendre les enseignements avec le corps tout entier, et non avec le mental seul.
De même, la vision d'un paradis qui serait ailleurs, à l'extérieur de l'univers, procède d'une vision duale des choses. Jésus dit bien que "le Royaume de Dieu est déjà parmi vous", de même que le bouddhisme mahayana affirme la non-dualité entre nirvana et samsara.
Il semble donc que la dimension supérieure évoquée dans les enseignements ne soit pas fondamentalement extérieure à la dimension phénoménale, mais que la différence vienne principalement d'un défaut de perception de la part du pratiquant qui, attaché à la dualité, ne peut opérer le dévoilement (apocalypse) de la dimension ordinaire qui lui donnerait accès à la dimension supérieure et lui permettrait de voir les choses telles qu'elles sont.
C'est ce défaut qui peut être qualifié de "péché originel" dans le christianisme, ou "d'ignorance" dans le Bouddhisme.
Le remède est la mise en route d'une transformation intérieure (c'est le sens de "conversion" = metanoia) qui permette de défaire les blocages physiques et mentaux qui enchaînent l'individu et l'empêchent d'agir avec sa spontanéité et sa simplicité originelles. Le Royaume de Dieu n'appartient-il pas à ceux qui sont "pauvres en esprit" et qui sont "comme des enfants" ?
Il est important de souligner que cette opération ne peut pas se faire par les seules forces de l'individu : les chrétiens s'en remettent à la grâce divine, tout comme les bouddhistes pratiquent l'abandon de soi.
Contrairement à une conception répandue, et parfois entretenue par des responsables religieux, le bouddhisme et le christianisme ne sont donc pas des doctrines de la négation du corps et de la fuite du monde vers un au-delà, mais des attitudes totalement positives face à la vie, des façons d'exprimer une acceptation sans réserve du moment présent. Ce sont des religions qui concernent les vivants et non les morts, et c'est sans doute la raison pour laquelle ces deux religions prennent chacune pour élément central une personne au lieu d'une entité purement transcendante comme le faisaient avant elles les religions d'où elle sont originaires (respectivement judaïsme et hindouisme).
L'une des spécificités du christianisme est le dogme de la résurrection : après être mort sur la croix, Jésus apparaît à ses disciples, qui ne le reconnaissent pas au premier coup d’œil. Les Écritures indiquent donc l'existence d'un corps de résurrection, qui diffère du corps physique.
Les récits bouddhistes ne relatent pas que le Bouddha ait ressuscité et soit apparu à ses disciples après sa mort, mais ils signalent malgré tout l'existence d'un "corps de Dharma" (dharmakaya) ("Dharma" signifiant "enseignement" ou "vérité"), qui est le corps du Bouddha subsistant après la mort physique de celui-ci.
Le bouddhisme tibétain prétend qu'il est possible d'avoir la vision de maîtres du passé dans leur corps de sambhogakaya, un autre des trois corps que recense la doctrine bouddhiste. Les "trois refuges" du bouddhiste sont le Bouddha, le Dharma, et la Sangha (assemblée des fidèles), ce qui indique que le bouddhisme accorde une importance particulière à la dimension collective de la pratique religieuse, de même que la quasi totalité des mouvements chrétiens affirme que la participation à la vie de la communauté est un complément indispensable au cheminement spirituel personnel et aux œuvres individuelles.
Un autre aspect central de la doctrine bouddhiste concerne l'interdépendance entre les choses. Cette notion signifie que l'action de chaque être a une répercussion sur l'univers tout entier, à l'image d'une pierre qui tomberait dans un lac en créant des ondes se propageant sur toute la surface de l'eau. La dimension phénoménale dans son ensemble est régie par cette loi du karma, et les êtres qui y sont assujettis continuent sempiternellement, par leurs diverses actions, d'alimenter cette agitation qui rompt l'harmonie du cosmos, et qu'ils subissent en retour. Ils contribuent ainsi à faire tourner la roue du samsara, et seul un être ayant atteint l'Illumination peut agir sans occasionner de perturbations sur l'univers. C'est pourquoi, en se plaçant dans le sillage de tels êtres (ou plutôt dans leur "non-sillage"), il est possible de profiter de leur rayonnement et de parvenir soi-même à l'Illumination. Dans le bouddhisme mahahyana, celui qui pratique ne fonde pas sa démarche uniquement sur sa propre libération, dans un but égoïste, mais également sur celle de tous les êtres vivants.
La notion de karma n'existe pas dans le christianisme, mais il est admis que la recherche du Salut est bénéfique pour le monde tout entier. La passion du Christ, par laquelle le sacrifice d'un seul homme enlève le péché de tous les autres, est l'illustration par excellence de ce fait. De même, le dogme catholique de la communion des saints affirme la même notion, puisque l'accès de quelques personnes à la sainteté peut avoir une incidence considérable sur le cheminement et le Salut de milliers de fidèles : on dit que les Saints sont capables d'intercéder auprès de Dieu.
Il est d'ailleurs remarquable que les deux religions reconnaissent que cette influence peut avoir lieu du présent vers le passé : après sa mort sur la croix, Jésus descend aux Enfers pour sauver l'humanité antérieure à son avènement. Nous trouvons aussi dans le bouddhisme des histoires de ce genre : un fils de pêcheur voyant son père se noyer, décide, au lieu de lui sauver la vie, de se faire moine et, une fois qu'il a atteint l'illumination, le spectre de son père lui apparaît et l'informe que grâce à sa décision de rentrer dans les ordres il a pu lui aussi être sauvé. Le commandement "Tu honoreras ton père et ta mère" prend une signification particulière sous ce point de vue. Il découle de cela que les deux doctrines, si elles n'utilisent pas les même termes, peuvent trouver un accord autour de ce point fondamental.
Une mention particulière mérite enfin d'être faite sur les pratiques méditatives et contemplatives du bouddhisme et du christianisme. C'est en effet sur ce point que l'entente entre les deux religions peut être la plus complète.
Puisqu'en effet ce sujet ne concerne nullement des points de doctrine, mais des mécanismes spirituels (s'il est permis de s'exprimer ainsi) mis en œuvre dans la pratique, la comparaison ne risque pas d'être parasitée par des différences de vocabulaire.
Il est remarquable que ce sont le bouddhisme et le christianisme qui ont le plus développé le monachisme, qui existe assez peu dans la plupart des autres religions. Les règles monastiques du bouddhisme et du christianisme frappent par leurs ressemblance : importance donnée au travail manuel, à la contemplation et à la méditation, à la psalmodie et la prière en commun, au silence et à la sobriété dans les activités quotidiennes. Dans certains ordres, la vie des moines ne se conçoit pas comme un retrait total et perpétuel du monde, mais a une utilité sociale, par les travaux d'intérêt généraux auxquels ils sont astreints.
Il est difficile de ne pas voir que les pratiques contemplatives des deux religions sont également extrêmement proches. Il s'agit dans les deux cas d'atteindre un silence intérieur absolu, par la suppression des représentations mentales qui entretiennent l'attachement au monde, ou qui empêchent de recevoir Dieu tel qu'il est en l'enfermant dans une image personnelle finie et forcément réductrice.
Même si la méditation chez les chrétiens tient une place moins importante que le zazen chez les bouddhistes, la tradition chrétienne est riche de pratiques de ce genre. La prière hésychaste, la récitation du chapelet ou la prière du cœur sont des équivalents fort valables de la méditation zen, de la pratique du nembutsu ou de la méditation transcendantale.
Une remarque mérite également d'être faite sur le parallèle entre les retraites spirituelles des deux religions. Les sesshin du zen évoquent sous de nombreux aspects les retraites effectuées pour la pratique des exercices spirituels de Saint Ignace de Loyola : coupés du monde pendant plusieurs semaines, dans un petit espace, les pratiquants s'adonnent à la pratique intensive de la méditation, de la prière, et des travaux manuels, ce qui est l'occasion pour eux d'une plongée en eux-même et d'un progrès spirituel considérable.
Ces éléments, en plus de ceux qui sont évoqués dans les paragraphes précédents, autorisent à conclure qu'il existe, malgré des différences certaines, une proximité très profonde entre bouddhisme et christianisme. La question est cependant immensément vaste, et d'autres aspects pourraient être traités, comme les dimensions eschatologique et cosmologique des deux traditions, ou l'importance du maître spirituel. Cependant cet article ne prétend pas à l'exhaustivité.
La question du dialogue entre bouddhisme et christianisme, au-delà de ces deux religions particulières, est comprise dans la relation tout entière entre Orient et Occident. Les autres traditions religieuses asiatiques, comme l'hindouisme et le taoïsme, n'ont pas été comprises dans cette étude, mais elles méritent certainement une considération identique.
L'islam également devrait être l'objet d'une attention particulière, même si, du fait de son implantation en Europe, il a déjà acquis un caractère occidental.
Pour en revenir au sujet plus spécifique de l'article, il est notable que les réserves quant à une rencontre interreligieuse ne sauraient venir du bouddhisme. La doctrine bouddhiste ne rejette en effet aucune religion, et, du point de vue bouddhiste, il n'y a aucun problème à pratiquer un culte en plus de l'octuple sentier.
Les difficultés sont en revanche plus grandes lorsqu'on se place du point de vue chrétien. La doctrine chrétienne, basée sur la Bible, a en effet longtemps présenté Jésus-Christ comme le seul sauveur, et il était difficile à l'autorité ecclésiastique d'admettre la valeur sotériologique des autres religions. Cependant, les progrès de la connaissance et des moyens de communication ont fait qu'il est maintenant possible pour un occidental d'acquérir une connaissance très complète du panorama spirituel de l'Orient, ce qui n'autorise plus les contre-sens qu'ont commis nombre de penseurs chrétiens, jusqu'au pape Jean-Paul II dans son livre Entrez dans l'espérance.
Le fait que pratiquer le bouddhisme ne signifie nullement adhérer à des dogmes ou adorer un dieu devrait cependant plaider en faveur de la possibilité d'être à la fois chrétien et bouddhiste. La reconnaissance, bien qu'involontaire, de la sainteté du Bouddha de la part de l’Église devrait également inciter les penseurs chrétiens à se pencher davantage sur la question. Un véritable effort dans le sens de l'ouverture aux autres traditions a été effectué au concile de Vatican II. La déclaration conciliaire Nostra Aetate reconnaît au bouddhisme son efficacité en matière d'Illumination, de même qu'elle admet la valeur de l'hindouisme, ce qui est un signe encourageant pour la communication avec tout l'Orient.
La propagation du christianisme, qui reste tout de même la mission de l’Église, n'est plus confondue, comme elle l'a longtemps été, avec un projet d'impérialisme culturel et civilisationnel. L'évangélisation au sein d'une culture étrangère n'implique plus, comme cela fut le cas, un reniement complet de la part des convertis de leur ancienne culture. La catholicisme, de même que ses émules protestantes, est le fruit d'une rencontre entre le Christ et la culture gréco-romaine, et d'une évolution conjointe de ces deux éléments au cours des siècles. La reconnaissance du caractère contingent de l'aspect occidental du catholicisme, et donc de la forme particulière de ses conceptions théologiques, doit faire sentir la nécessité de l'inculturation. Celle-ci sera l'occasion de mettre en valeur d'une manière originale certains points des enseignements chrétiens, et par conséquent encouragera la perpétuation d'une foi vivante, ancrée dans le monde réel, porteuse de création et d'enthousiasme pour les génération présentes et futures.
Bibliographie :
Le Zen et la Bible, Kakichi Kadowaki
Bouddha et Jésus sont des frères, Thich Nhat Hanh
Bouddha vivant, Christ vivant, Thich Nhat Hanh
L'Expérience de Dieu, Raimon Panikkar
Zen et Christianisme, et l'enseignement de Maître Deshimaru, Evelyn de Smedt et Jean-Yves Leloup
Doctrine de la non-dualité (advaita-vada) et christianisme, jalons pour un accord doctrinal entre l'Eglise et le Védanta, par un moine d'Occident
En chemin vers le Bouddha, Olivier Germain-Thomas
Le Dalaï-Lama parle de Jésus : Une perspective bouddhiste sur les enseignements de Jésus, le Dalaï-Lama
Bouddha vivant, Paul Morand
Ecrits sur l'hésychasme, Jean-Yves Leloup
La pratique du zen, Taisen Deshimaru
Jésus et Bouddha, destins croisés du christianisme et du bouddhisme, Odon Vallet
Entrez dans l'espérance, Jean-Paul II
lundi 22 septembre 2014
Bouddhisme et christianisme - Éléments pour un dialogue interreligieux
Au Xème siècle parvint en Europe l'histoire d'un saint homme nommé Josaphat, qui avait vécu dans les lointaines contrées d'Orient. Jacques de Voragine immortalisa son souvenir en l'inscrivant dans sa Légende dorée, puis, en 1583, le pape Sixte Quint le fit entrer au nombre des saints reconnus par l’Église. Il est désormais fêté le 27 novembre. Ce qui est moins connu, c'est que ce Josaphat qui fut canonisé était en réalité le Bouddha lui-même, dont l'histoire et le nom, peu à peu déformés par la transmission de pays en pays avaient finalement atteint l'Europe. Pour peu qu'on croie à la Providence, on ne peut pas rester indifférent à un tel clin d’œil de sa part. Ne nous donne-t-elle pas là l'occasion de nous interroger sur la compatibilité entre bouddhisme et christianisme ?
A première vue, beaucoup de choses séparent les voies bouddhiste et chrétienne. Le bouddhisme, contrairement au christianisme, ne ferait pas référence à Dieu, et ne promettrait pas la vie éternelle. Le but serait plutôt d'atteindre une sorte d'extinction (nirvana) qui mettrait fin au cycle des réincarnations, conception totalement étrangère au christianisme, pour lequel il n'existe qu'une seule vie personnelle. La liste de différences qu'on peut trouver est encore longue, et il ne sera pas ici question de la poursuivre. Il s'agira au contraire de trouver un terrain commun sur lequel ces deux religions peuvent s'entendre. Il apparaîtra en procédant de cette manière que les contradictions que l'on peut établir entre elles sont pour la plupart de l'ordre des apparences et des représentations superficielles, et qu'en pénétrant profondément au sein de ces deux doctrines, des ressemblances frappantes se feront jour.
L'un des aspects communs qu'il est possible de mettre en évidence entre ces deux religions est l'évocation d'une dimension de la réalité supérieure à ce qu'on pourrait appeler la dimension phénoménale, c'est-à-dire celle dans laquelle tous les êtres humains évoluent naturellement, et qui comporte les besoins matériels, sociaux, affectifs, et intellectuels.
L'accès à cette dimension cachée semble être une expérience si singulière qu'il serait impossible d'en rendre compte de façon complète avec le langage. Le seul moyen d'en communiquer quelque chose serait de permettre à quelqu'un de vivre lui-même l'expérience de cette dimension. C'est la raison pour laquelle bon nombre de rationalistes sont insatisfaits des enseignements religieux qui, contrairement aux disciplines scientifiques, sont incapables de définir avec précision leur objet et de le mettre en évidence simplement grâce à des axiomes et à des démonstrations.
On imagine que si l'on pouvait donner une définition complète et immédiatement compréhensible de termes tels que "Dieu", "Royaume de Dieu", "Esprit Saint", "Bouddha", "Nirvana", "Dharma", etc. une grande partie des réserves des rationalistes seraient levées car l'analyse logique de ces notions permettrait d'en juger la valeur effective.
Mais si ceux-ci désignent des aspects de cette dimension ineffable dont il est question dans les enseignements, alors il est clair que toutes les explications qu'on pourrait en donner par une approche discursive ne sauraient en épuiser la signification, et l'attente d'une "preuve" rationnelle se trouvera toujours déçue.
Les traditions spirituelles opèrent cependant un effort dans le sens de l'intellectualisation par le développement d'une théologie, c'est-à-dire par une traduction dans un langage intelligible et systématique de l'expérience de cette dimension supérieure, en même temps qu'une tentative d'explication du lien existant entre cette dimension et la dimension phénoménale.
Il convient ici de faire une mise au point sur la théologie et le rôle qu'elle joue dans la doctrine religieuse. La comparaison du bouddhisme et du christianisme, si elle s'effectue au niveau de leurs théologies respectives, aboutit très vite, on l'a vu, au constat de grandes différences.
Ce serait aller trop vite en besogne que d'en conclure une radicale et définitive altérité entre les deux religions, de même qu'il serait incorrect d'établir des correspondances bijectives entre les termes des deux théologies pour forcer la ressemblance entre elles, ce qui aurait pour effet de nier leurs spécificités propres et de tomber dans un syncrétisme de bas étage.Bien que certaines similitudes s'imposent toutefois d'elles-mêmes par leur évidence, et que certains rapprochements peuvent se révéler tentants, ce n'est pas cette approche qui sera préconisée ici.
En effet, ces deux démarches comparatives participent de la même confusion, qui consiste à faire des signifiés concernés par la théologie des concepts, des notions, des choses. Si en effet la théologie est un discours sur une dimension indicible de la réalité qui ne peut qu'être expérimentée, alors il est évident que tout attachement à un concept représente une impasse dans le sens où cela tend à circonscrire par le langage quelque chose qui appartient au domaine de l'inexprimable.
Il n'est cependant pas question de faire fi de la théologie et de l'outrepasser comme bon nous semble lorsque celle-ci se révèle être un obstacle au dialogue entre religions. Il doit être bien clair que la théologie, quelle que soit la religion à laquelle elle se rattache, permet au pratiquant d'évoluer au sein d'un cadre et de repérer les impasses dans lesquelles il est susceptible de tomber. La réserve sur laquelle il est important d'insister concerne l'attachement exclusif à l'aspect spéculatif de la théologie.
En tant que discipline intellectuelle, celle-ci ne peut que donner une explication intellectuelle du sens des enseignements. Aussi profonde que puisse être cette interprétation, elle sera toujours accompagnée d'un sentiment d'insatisfaction car elle ne pourra en aucun cas produire la conversion (metanoia) dont il est question dans les textes.
Par conséquent, un pratiquant uniquement attelé à l'étude de la théologie, aussi haut qu'il parvienne dans cette discipline, ne manifestera qu'une pratique religieuse vidée de sa sève vitale. Nous comprenons donc mieux pourquoi introduire le dialogue entre bouddhisme et christianisme, en terme de compétition théologique aveugle peut s'avérer désastreux et source de profonde incompréhension. Il doit donc être bien clair, d'une part, que les termes qu'ils utilisent procèdent de constructions sémantiques différentes, et d'autre part que la dimension de l'expérience spirituelle vécue lors de la pratique doit avoir un rôle de premier plan.
Comme nous l'avons dit, cette expérience revêt un caractère inexprimable. Cet aspect tient apparemment au fait que la dimension à laquelle le pratiquant accède est non-duale. Le vocabulaire employé par ceux qui y accèdent se rapporte en effet à l'unité, à l'union avec Dieu, à l'indifférenciation, à l'intuition que toutes les choses sont une. La dimension phénoménale étant marquée par la dualité et la logique du tiers exclu (B ne peut être à la fois A et non-A), les moyens qu'elle propose pour communiquer sur la dimension spirituelle demeurent considérablement inadaptés et insuffisants. Tout au plus, il est possible grâce à eux d'indiquer une direction à prendre, ou alors de mettre en évidence les limites de cette manière de penser (par l'usage de paradoxes, par exemple), mais ils ne permettront jamais de faire vivre l'expérience à une personne si celle-ci se contente d'une attitude d'attente passive.
Voilà pourquoi les enseignements religieux prennent souvent une forme autoritaire et dérangeante. La plupart des maîtres spirituels, tels que Jésus ou les patriarches du zen, ne procèdent pas à une explication rationnelle de leur enseignement, mais s'expriment souvent de manière à déconcerter leur interlocuteur, lui faisant prendre conscience d'un manque qu'il ne peut combler s'il s'en tient à un mode d'intellection ordinaire, dual.
Dans les Evangiles, la non-dualité apparaît à plusieurs reprises, en particulier lors des épisodes où Jésus est interrogé par les pharisiens, qui tentent de le piéger. Ceux-ci viennent en effet présenter une situation avec une vision dualiste des choses : soit Jésus respecte la loi mosaïque, soit il agit en conformité avec son message d'amour universel, mais dans l'esprit des pharisiens, il est obligé d'opter pour l'une ou l'autre de ces options qui semblent s'exclure mutuellement. Jésus répond d'une manière qui laisse pantois et insatisfaits ses interrogateurs, car il déjoue leur piège en restant fidèle à la fois à la loi et à l'amour. Autrement dit il répond à la vision dualiste des pharisiens par des paroles non-dualistes.
Le bouddhisme comprend également un nombre très important de sentences non-duales, qui peuvent passer pour des absurdités ou des mauvaises plaisanteries pour un public non-averti. La non-dualité semble donc être une clef commune à ces deux spiritualités, bien qu'elle ne soit pas couramment considérée comme un élément central de la théologie catholique, dont le langage est principalement celui de la philosophie duale grecque.
Le bagage non-dual de la théologie chrétienne n'est néanmoins pas à négliger. On le trouve chez les mystiques rhénans et leurs héritiers (notamment Nicolas de Cuse, dont la "convergence des opposés" est une traduction possible), mais aussi chez des docteurs de l’Église revêtus d'une grande autorité comme Saint Thomas d'Aquin ou Saint Bernard de Clairvaux. Certaines citations des chrétiens antiques indiquent clairement que ceux-ci aussi avaient saisi intuitivement la non-dualité qui se trouve dans l'expérience de Dieu. Il y a par conséquent fort à parier que revisiter la pensée non-duale au sein de la théologie occidentale permettra un rapprochement fécond du christianisme vers le bouddhisme.
La prise en compte de la non-dualité amène un certain nombre de considérations. Une manière non-dualiste de considérer le corps et l'esprit, par exemple, implique que la pleine réalisation de la pratique religieuse se manifeste par un corps totalement unifié à l'esprit, et qui de ce fait mobilise une énergie débordante. C'est ce que signifie Saint Paul lorsqu'il dit "votre corps est le temple de l'Esprit Saint".
Les enseignements bouddhistes, quant à eux, insistent sur l'importance de comprendre les enseignements avec le corps tout entier, et non avec le mental seul.
De même, la vision d'un paradis qui serait ailleurs, à l'extérieur de l'univers, procède d'une vision duale des choses. Jésus dit bien que "le Royaume de Dieu est déjà parmi vous", de même que le bouddhisme mahayana affirme la non-dualité entre nirvana et samsara.
Il semble donc que la dimension supérieure évoquée dans les enseignements ne soit pas fondamentalement extérieure à la dimension phénoménale, mais que la différence vienne principalement d'un défaut de perception de la part du pratiquant qui, attaché à la dualité, ne peut opérer le dévoilement (apocalypse) de la dimension ordinaire qui lui donnerait accès à la dimension supérieure et lui permettrait de voir les choses telles qu'elles sont.
C'est ce défaut qui peut être qualifié de "péché originel" dans le christianisme, ou "d'ignorance" dans le Bouddhisme.
Le remède est la mise en route d'une transformation intérieure (c'est le sens de "conversion" = metanoia) qui permette de défaire les blocages physiques et mentaux qui enchaînent l'individu et l'empêchent d'agir avec sa spontanéité et sa simplicité originelles. Le Royaume de Dieu n'appartient-il pas à ceux qui sont "pauvres en esprit" et qui sont "comme des enfants" ?
Il est important de souligner que cette opération ne peut pas se faire par les seules forces de l'individu : les chrétiens s'en remettent à la grâce divine, tout comme les bouddhistes pratiquent l'abandon de soi.
Contrairement à une conception répandue, et parfois entretenue par des responsables religieux, le bouddhisme et le christianisme ne sont donc pas des doctrines de la négation du corps et de la fuite du monde vers un au-delà, mais des attitudes totalement positives face à la vie, des façons d'exprimer une acceptation sans réserve du moment présent. Ce sont des religions qui concernent les vivants et non les morts, et c'est sans doute la raison pour laquelle ces deux religions prennent chacune pour élément central une personne au lieu d'une entité purement transcendante comme le faisaient avant elles les religions d'où elle sont originaires (respectivement judaïsme et hindouisme).
L'une des spécificités du christianisme est le dogme de la résurrection : après être mort sur la croix, Jésus apparaît à ses disciples, qui ne le reconnaissent pas au premier coup d’œil. Les Écritures indiquent donc l'existence d'un corps de résurrection, qui diffère du corps physique.
Les récits bouddhistes ne relatent pas que le Bouddha ait ressuscité et soit apparu à ses disciples après sa mort, mais ils signalent malgré tout l'existence d'un "corps de Dharma" (dharmakaya) ("Dharma" signifiant "enseignement" ou "vérité"), qui est le corps du Bouddha subsistant après la mort physique de celui-ci.
Le bouddhisme tibétain prétend qu'il est possible d'avoir la vision de maîtres du passé dans leur corps de sambhogakaya, un autre des trois corps que recense la doctrine bouddhiste. Les "trois refuges" du bouddhiste sont le Bouddha, le Dharma, et la Sangha (assemblée des fidèles), ce qui indique que le bouddhisme accorde une importance particulière à la dimension collective de la pratique religieuse, de même que la quasi totalité des mouvements chrétiens affirme que la participation à la vie de la communauté est un complément indispensable au cheminement spirituel personnel et aux œuvres individuelles.
Un autre aspect central de la doctrine bouddhiste concerne l'interdépendance entre les choses. Cette notion signifie que l'action de chaque être a une répercussion sur l'univers tout entier, à l'image d'une pierre qui tomberait dans un lac en créant des ondes se propageant sur toute la surface de l'eau. La dimension phénoménale dans son ensemble est régie par cette loi du karma, et les êtres qui y sont assujettis continuent sempiternellement, par leurs diverses actions, d'alimenter cette agitation qui rompt l'harmonie du cosmos, et qu'ils subissent en retour. Ils contribuent ainsi à faire tourner la roue du samsara, et seul un être ayant atteint l'Illumination peut agir sans occasionner de perturbations sur l'univers. C'est pourquoi, en se plaçant dans le sillage de tels êtres (ou plutôt dans leur "non-sillage"), il est possible de profiter de leur rayonnement et de parvenir soi-même à l'Illumination. Dans le bouddhisme mahahyana, celui qui pratique ne fonde pas sa démarche uniquement sur sa propre libération, dans un but égoïste, mais également sur celle de tous les êtres vivants.
La notion de karma n'existe pas dans le christianisme, mais il est admis que la recherche du Salut est bénéfique pour le monde tout entier. La passion du Christ, par laquelle le sacrifice d'un seul homme enlève le péché de tous les autres, est l'illustration par excellence de ce fait. De même, le dogme catholique de la communion des saints affirme la même notion, puisque l'accès de quelques personnes à la sainteté peut avoir une incidence considérable sur le cheminement et le Salut de milliers de fidèles : on dit que les Saints sont capables d'intercéder auprès de Dieu.
Il est d'ailleurs remarquable que les deux religions reconnaissent que cette influence peut avoir lieu du présent vers le passé : après sa mort sur la croix, Jésus descend aux Enfers pour sauver l'humanité antérieure à son avènement. Nous trouvons aussi dans le bouddhisme des histoires de ce genre : un fils de pêcheur voyant son père se noyer, décide, au lieu de lui sauver la vie, de se faire moine et, une fois qu'il a atteint l'illumination, le spectre de son père lui apparaît et l'informe que grâce à sa décision de rentrer dans les ordres il a pu lui aussi être sauvé. Le commandement "Tu honoreras ton père et ta mère" prend une signification particulière sous ce point de vue. Il découle de cela que les deux doctrines, si elles n'utilisent pas les même termes, peuvent trouver un accord autour de ce point fondamental.
Une mention particulière mérite enfin d'être faite sur les pratiques méditatives et contemplatives du bouddhisme et du christianisme. C'est en effet sur ce point que l'entente entre les deux religions peut être la plus complète.
Puisqu'en effet ce sujet ne concerne nullement des points de doctrine, mais des mécanismes spirituels (s'il est permis de s'exprimer ainsi) mis en œuvre dans la pratique, la comparaison ne risque pas d'être parasitée par des différences de vocabulaire.
Il est remarquable que ce sont le bouddhisme et le christianisme qui ont le plus développé le monachisme, qui existe assez peu dans la plupart des autres religions. Les règles monastiques du bouddhisme et du christianisme frappent par leurs ressemblance : importance donnée au travail manuel, à la contemplation et à la méditation, à la psalmodie et la prière en commun, au silence et à la sobriété dans les activités quotidiennes. Dans certains ordres, la vie des moines ne se conçoit pas comme un retrait total et perpétuel du monde, mais a une utilité sociale, par les travaux d'intérêt généraux auxquels ils sont astreints.
Il est difficile de ne pas voir que les pratiques contemplatives des deux religions sont également extrêmement proches. Il s'agit dans les deux cas d'atteindre un silence intérieur absolu, par la suppression des représentations mentales qui entretiennent l'attachement au monde, ou qui empêchent de recevoir Dieu tel qu'il est en l'enfermant dans une image personnelle finie et forcément réductrice.
Même si la méditation chez les chrétiens tient une place moins importante que le zazen chez les bouddhistes, la tradition chrétienne est riche de pratiques de ce genre. La prière hésychaste, la récitation du chapelet ou la prière du cœur sont des équivalents fort valables de la méditation zen, de la pratique du nembutsu ou de la méditation transcendantale.
Une remarque mérite également d'être faite sur le parallèle entre les retraites spirituelles des deux religions. Les sesshin du zen évoquent sous de nombreux aspects les retraites effectuées pour la pratique des exercices spirituels de Saint Ignace de Loyola : coupés du monde pendant plusieurs semaines, dans un petit espace, les pratiquants s'adonnent à la pratique intensive de la méditation, de la prière, et des travaux manuels, ce qui est l'occasion pour eux d'une plongée en eux-même et d'un progrès spirituel considérable.
Ces éléments, en plus de ceux qui sont évoqués dans les paragraphes précédents, autorisent à conclure qu'il existe, malgré des différences certaines, une proximité très profonde entre bouddhisme et christianisme. La question est cependant immensément vaste, et d'autres aspects pourraient être traités, comme les dimensions eschatologique et cosmologique des deux traditions, ou l'importance du maître spirituel. Cependant cet article ne prétend pas à l'exhaustivité.
La question du dialogue entre bouddhisme et christianisme, au-delà de ces deux religions particulières, est comprise dans la relation tout entière entre Orient et Occident. Les autres traditions religieuses asiatiques, comme l'hindouisme et le taoïsme, n'ont pas été comprises dans cette étude, mais elles méritent certainement une considération identique.
L'islam également devrait être l'objet d'une attention particulière, même si, du fait de son implantation en Europe, il a déjà acquis un caractère occidental.
Pour en revenir au sujet plus spécifique de l'article, il est notable que les réserves quant à une rencontre interreligieuse ne sauraient venir du bouddhisme. La doctrine bouddhiste ne rejette en effet aucune religion, et, du point de vue bouddhiste, il n'y a aucun problème à pratiquer un culte en plus de l'octuple sentier.
Les difficultés sont en revanche plus grandes lorsqu'on se place du point de vue chrétien. La doctrine chrétienne, basée sur la Bible, a en effet longtemps présenté Jésus-Christ comme le seul sauveur, et il était difficile à l'autorité ecclésiastique d'admettre la valeur sotériologique des autres religions. Cependant, les progrès de la connaissance et des moyens de communication ont fait qu'il est maintenant possible pour un occidental d'acquérir une connaissance très complète du panorama spirituel de l'Orient, ce qui n'autorise plus les contre-sens qu'ont commis nombre de penseurs chrétiens, jusqu'au pape Jean-Paul II dans son livre Entrez dans l'espérance.
Le fait que pratiquer le bouddhisme ne signifie nullement adhérer à des dogmes ou adorer un dieu devrait cependant plaider en faveur de la possibilité d'être à la fois chrétien et bouddhiste. La reconnaissance, bien qu'involontaire, de la sainteté du Bouddha de la part de l’Église devrait également inciter les penseurs chrétiens à se pencher davantage sur la question. Un véritable effort dans le sens de l'ouverture aux autres traditions a été effectué au concile de Vatican II. La déclaration conciliaire Nostra Aetate reconnaît au bouddhisme son efficacité en matière d'Illumination, de même qu'elle admet la valeur de l'hindouisme, ce qui est un signe encourageant pour la communication avec tout l'Orient.
La propagation du christianisme, qui reste tout de même la mission de l’Église, n'est plus confondue, comme elle l'a longtemps été, avec un projet d'impérialisme culturel et civilisationnel. L'évangélisation au sein d'une culture étrangère n'implique plus, comme cela fut le cas, un reniement complet de la part des convertis de leur ancienne culture. La catholicisme, de même que ses émules protestantes, est le fruit d'une rencontre entre le Christ et la culture gréco-romaine, et d'une évolution conjointe de ces deux éléments au cours des siècles. La reconnaissance du caractère contingent de l'aspect occidental du catholicisme, et donc de la forme particulière de ses conceptions théologiques, doit faire sentir la nécessité de l'inculturation. Celle-ci sera l'occasion de mettre en valeur d'une manière originale certains points des enseignements chrétiens, et par conséquent encouragera la perpétuation d'une foi vivante, ancrée dans le monde réel, porteuse de création et d'enthousiasme pour les génération présentes et futures.
Bibliographie :
Le Zen et la Bible, Kakichi Kadowaki
Bouddha et Jésus sont des frères, Thich Nhat Hanh
Bouddha vivant, Christ vivant, Thich Nhat Hanh
L'Expérience de Dieu, Raimon Panikkar
Zen et Christianisme, et l'enseignement de Maître Deshimaru, Evelyn de Smedt et Jean-Yves Leloup
Doctrine de la non-dualité (advaita-vada) et christianisme, jalons pour un accord doctrinal entre l'Eglise et le Védanta, par un moine d'Occident
En chemin vers le Bouddha, Olivier Germain-Thomas
Le Dalaï-Lama parle de Jésus : Une perspective bouddhiste sur les enseignements de Jésus, le Dalaï-Lama
Bouddha vivant, Paul Morand
Ecrits sur l'hésychasme, Jean-Yves Leloup
La pratique du zen, Taisen Deshimaru
Jésus et Bouddha, destins croisés du christianisme et du bouddhisme, Odon Vallet
Entrez dans l'espérance, Jean-Paul II
Invité- Invité
Re: Bouddhisme et christianisme : éléments pour un dialogue interreligieux
La phrase , " un pratiquant uniquement attelé à l'étude de la théologie, aussi haut qu'il parvienne dans cette discipline, ne manifestera qu'une pratique religieuse vidée de sa sève vitale" , résume bien ma vision religieuse de la vérité de Dieu :-)
Un sage en Islam a dit un jour que le but de la science n'est pas d'accumuler des connaissances mais de craindre Dieu, afin d'atteindre al-ihsan (la perfection de la foi).
On demanda ce qu'était al-ihsan et le sage répondit que c'est de croire en Dieu comme si on Le voit mais si on ne Le voit, certes Dieu Lui nous voit.
Il a aussi dit que l'individu ne peut atteindre la réalité de la foi qu'uniquement s'il arrive au summum de celle-ci, et il ne peut arriver au summum de celle-ci que s'il préfère la pauvreté à la richesse et l'avilissement à la gloire, et que celui qui lui fait des éloges et celui qui le critique soient, pour lui, des semblables.
Ce sage donna ce conseil à une personne : Adore Dieu et ne Lui donne aucun associé dans l'adoration. Suis le livre de Dieu où il va ; celui qui vient à toi avec la vérité, accepte-la de lui même s'il s'agit d'une personne éloignée et détestée, et celui qui vient à toi avec le faux, ne le prends pas de lui, même s'il s'agit d'une personne proche et aimée.
Une phrase que ce sage se disait à lui-même : " Par Dieu, en dehors de qui il n'y a point de divinité, nul ne mérite d'être longuement emprisonné plus que la langue. "
Un sage en Islam a dit un jour que le but de la science n'est pas d'accumuler des connaissances mais de craindre Dieu, afin d'atteindre al-ihsan (la perfection de la foi).
On demanda ce qu'était al-ihsan et le sage répondit que c'est de croire en Dieu comme si on Le voit mais si on ne Le voit, certes Dieu Lui nous voit.
Il a aussi dit que l'individu ne peut atteindre la réalité de la foi qu'uniquement s'il arrive au summum de celle-ci, et il ne peut arriver au summum de celle-ci que s'il préfère la pauvreté à la richesse et l'avilissement à la gloire, et que celui qui lui fait des éloges et celui qui le critique soient, pour lui, des semblables.
Ce sage donna ce conseil à une personne : Adore Dieu et ne Lui donne aucun associé dans l'adoration. Suis le livre de Dieu où il va ; celui qui vient à toi avec la vérité, accepte-la de lui même s'il s'agit d'une personne éloignée et détestée, et celui qui vient à toi avec le faux, ne le prends pas de lui, même s'il s'agit d'une personne proche et aimée.
Une phrase que ce sage se disait à lui-même : " Par Dieu, en dehors de qui il n'y a point de divinité, nul ne mérite d'être longuement emprisonné plus que la langue. "
Invité- Invité
Re: Bouddhisme et christianisme : éléments pour un dialogue interreligieux
Un sage en Islam a dit un jour que le but de la science n'est pas d'accumuler des connaissances mais de craindre Dieu, afin d'atteindre al-ihsan (la perfection de la foi).
Dans la pratique bouddhique, ignorer ses émotions négatives (peur, colère, haine...), faire comme si elle n'existaient pas, ne "marche pas", on fait semblant de ne pas voir le problème, ce qui n'est pas le résoudre.
Ces émotions négatives sont source de mal-être pour nous et nous poussent à agir de manière inappropriée vis à vis des autres. Des pensées, paroles et actions motivées par la peur, la colère, la haine, l'avidité, perturbent la vision que nous avons de nous même et des autres , du cosmos.
Elles renforcent notre fausse impression de l'existence d'un "moi" indépendant du reste aux désirs duquel il faudrait impérativement répondre et qu'il faudrait "protéger" (blessures de l'ego), quitte a faire souffrir autrui.
La colère en particulier est une des émotions si ce n'est l'émotion la plus perturbatrice. Un seul instant de colère peut ruiner une quantité immense d'action méritoires.
Il est donc nécessaire d'être conscient de ces émotions en nous, de les regarder en face, sans crainte, sans aversion, et de regarder profondément en elles, au delà de leur première apparence, pour comprendre les causes, les racines de ces émotions. Elles ne naissent pas par hasard.
On commence donc pas reconnaître qu'on ressent telle ou telle émotion négatives (certains nient farouchement les ressentir alors que c'est flagrant, mais admettre fait peur, car on craint de souffrir encore plus, cercle vicieux car plus l'on nie plus la souffrance augmente, autant chercher à maintenir le couvercle sur une cocotte minute sous un feu nourri).
1ere Noble Vérité : admettre l'existence de la souffrance, du mal être, en soi. Déjà quand on accepte, la crainte vis à vis de la souffrance qu'engendre ces émotions diminue sensiblement, on est perturbé mais l'on a plus peur de cette perturbation.
2ème Noble Vérité : rien n'est sans cause, donc nos émotions négatives sont toujours causées par quelque chose. Et quand on regarde sereinement en profondeur on trouve les causes. Et les causes au fond sont toujours les mêmes, nos conceptions erronées sur nous même, sur les autres, sur le monde, etc... Donc ce n'est pas l'Autre, les autres, le monde la cause du problème, mais notre perception à nous. Et comme nous avons trouvé la cause de la maladie, alors le remède ne peut que nous apparaître clairement !
3ème Noble Vérité : il existe un chemin qui mène à la cessation de ce mal être. Mettre fin aux causes, mettra fin aux effets.
Et la 4ème Noble Vérité c'est l'annonce de la voie, de la méthode, pour mettre fin à l'ignorance et aux fausses perceptions de notre mental.
Donc les émotions négatives sont en quelque sorte nos "enseignantes", ce ne sont pas des "ennemies" si nous savons comme les aborder, elles nous montre la direction du problème, elles sont révélatrices de là ou il nous faut porter notre attention pour aller mieux. Donc il ne s'agit pas de les cultiver, ni de les nier ou traquer impitoyablement, mais de les aborder avec reconnaissance, elles ne sont pas nos ennemies. Si vous adoptez une telle position, le mal être va tout de suite diminuer. Et vous n'allez plus être dominé par ce mal être.
Thich Nhat Hanh, moine bouddhiste zen vietnamien, insiste sur l'importance d'être pleinement conscient de ce qui se passe en nous et autour de nous à chaque instant, et quand, par exemple, la colère apparaît, mentalement, de sourire et de dire : "Bonjour colère, je sais que tu es là ! Je te reconnais, bienvenue". Ensuite on "transforme" cette colère. Et sa vie lui a donné d'excellente raison de ressentir beaucoup de colère. Il connait intimement le sujet. Et pour l'avoir souvent écouté dans des enseignement video il se dégage de lui une douceur, une tendresse, une compassion qui parfois m'on ému jusqu'aux larmes.
Transformer les émotions négatives, leur énergie, fait partie de l'éthique bouddhiste, une éthique de compassion que nous commençons par appliquer à nous même, car en agissant ainsi, nous n'inondons plus le monde de nos propres émotions négatives au contraire nous propageons la transformation, la guérison.
Notez comme dans les Évangiles on ne voit Jésus manifester de la colère qu'une seule fois, et non pour lui même, pour défendre son ego, mais parce que, à ses yeux on manque de respect à son Père, en mêlant les affaires d'argent à la piété dans l'enceinte du Temple.
Un jour une personne à dit à un moine theravadin : vous avez beaucoup d'aversions ! Et le moine de répondre : c'est vrai, vous avez raison, je ne m'en sert pas du tout.
Donc entretenir la crainte chez un pratiquant ne peut qu'être problématique pour un pratiquant du bouddhisme. Il ne faut ni la nier ni la cultiver.
Les dieux grecs par exemple voulaient être crains, il donnaient régulièrement selon les récits mythologiques des preuves de leur puissance afin de terrifier les mortels. Pour que la création demeure en ordre il était nécessaire que les mortels craignent les dieux, et certains récits de vengeances et de colères de tel ou tel dieu sont effrayants de cruauté et d'injustice. Les dieux grecs étaient pour la responsabilité collective. Il suffisait qu'un seul homme soit fautif à leurs yeux pour que toute sa communauté en pâtisse.
Les aztèques aussi (à moins que ce soit les mayas ou les 2) craignaient leurs dieux, plus précisément il craignaient que leurs dieux manquent de nourriture (du sang frais, humain, au mieux de famille noble, car c'était selon leur théologie la substance la plus précieuse pour nourrir les dieux), car si les dieux étaient affamés, non seulement il s'affaiblissaient et la cosmos risquait de se désintégrer avec eux mais en plus ils étaient en colère et manifestaient cette colère sous forme de calamité : famines, maladies, intempéries... Une théologie basée sur la crainte engendrant la pratique monstrueuse du sacrifice humain, même si c'était aux yeux des pratiquants pour une "bonne raison" : assurer la persistance du cosmos.
Il a aussi dit que l'individu ne peut atteindre la réalité de la foi qu'uniquement s'il arrive au summum de celle-ci, et il ne peut arriver au summum de celle-ci que s'il préfère la pauvreté à la richesse et l'avilissement à la gloire, et que celui qui lui fait des éloges et celui qui le critique soient, pour lui, des semblables.
Le pratiquant bouddhique doit apprendre à maintenir de plus en plus souvent son esprit dans un état de clarté, de stabilité, non perturbé par les émotions négatives. C'est une fois l'esprit clair qu'il voit la réalité "telle qu'elle est". Il voit alors l'ampleur de la souffrance partout, et cela suscite en lui une compassion infinie pour tous les êtres. Une compassion agissante, mais des actes fondés sur la sagesse, à savoir une vision correcte de la réalité, basée sur cette sagesse alors les actions de compassion ne peuvent être que totalement appropriées et toujours avoir un résultat positif pour les autres. Au final un bouddha ne peut plus "mal agir". Il ne peut plus engendrer d'actions aux effets négatifs.
Conscient que son "moi" définit comme indépendant et immuable n'est qu'illusion, conscient qu'il y a bien quelque chose mais mais ce quelque chose est constamment changeant et interdépendant avec tout le reste, le pratiquant n'a plus aucun ego à défendre, plus rien a protéger, il n'est plus attaché à lui même, il accepte de n'être que transitoire, comme tous les autres êtres, il n'est donc plus en proie ni à des complexes d'infériorité, ni à des complexes de supériorité. Il n'est plus non plus sensible ni au blâmes ni au louanges, car il n'y a plus rien à "flatter" en lui.
Il peut toutefois remercier ceux qui le loue mais par politesse, et avoir de la compassion pour ceux qui blâme car ceux-ci ne savent pas maîtriser leur langue et donc leur mental, ils sont donc nécessairement promis au mal-être.
Il comprend aussi la vanité qu'il y a à s'attacher aux bien matériels, si il décide de devenir moine alors il abandonnera pratiquement toutes ses possessions. Il comprend aussi que même son propre corps ne lui appartient pas au fond et ne lui a jamais appartenu, ce n'est qu'un véhicule temporaire, dont certes il faut prendre soin, mais pas par hédonisme, par simple compassion et respect vis à vis du miracle du vivant pour le moins.
Comment avoir de la compassion et de l'amour pour tous les êtres dans leur entièreté (corps et mental) si l'on est incapable d'en avoir pour soi-même ? Un pratiquant finit par comprendre que ses actions ne lui apportent aucun mérite personnel, aucune gloire à laquelle il doive faire attention, car il n'y a aucun "moi" pour amasser cette gloire et s'en repaître.
Jésus s'est-il soucié de sa réputation ? De faire fructifier ses biens ? Ou de son confort personnel ?
Ce sage donna ce conseil à une personne : Adore Dieu et ne Lui donne aucun associé dans l'adoration. Suis le livre de Dieu où il va ; celui qui vient à toi avec la vérité, accepte-la de lui même s'il s'agit d'une personne éloignée et détestée, et celui qui vient à toi avec le faux, ne le prends pas de lui, même s'il s'agit d'une personne proche et aimée.
Un moine de sa communauté, perturbé par des questions métaphysique pendant ses méditations, vint un jour voir le Bouddha et le somma de lui répondre, faute de quoi, il renoncerait à la vie de moine et retournerait à la vie laïque. Le Bouddha lui rappela qu'il n'avait jamais promis autre chose que répondre à la question de la souffrance et qu'il n'enseignait que cela. Et qu'en rejoignant sa communauté on acceptait cela, était-il donc juste de lui reproche à lui Bouddha un prétendu désengagement de ses promesses ?
J'ai lu aussi que le Bouddha recommandait ceci : ne pas blâmer la religion d'autrui, afin de ne faire de tort à personne, et parfois de savoir reconnaître la qualité des valeurs présentes dans des spiritualités que l'on ne partageait pas soi-même. C'est pourquoi actuellement, un pratiquant devrait en principe cultiver une attitude de recherche de ce qu'il y a de bon dans la religion de l'autre si il y est confronté et ne pas s'attacher ni exprimer ce qu'il réprouve en elle. Ainsi par exemple un pratiquant pourrait louer les "moyens habiles" employé par Salomon pour obtenir la vérité lors de son jugement, ou la pauvreté d'un Jésus, ou la générosité encouragé par un des 5 piliers de l'Islam (l'aumône aux pauvres).
Il est aussi recommander d'avoir (je synthétise) l'attitude suivante :
- face à une personne qui a de bonnes paroles mais de mauvaises actions, ne prêter attention qu'a ses paroles
- face à une personne qui parle mal, mais agit bien, ne prêter attention qu'a ses actes.
- face à une personne qui agit mal et parle mal, avoir une infinie compassion. C'est elle qui en a le plus besoin.
- face à quelqu'un qui parle bien et agit bien, se réjouir d'avoir rencontré un tel être et le fréquenter le plus possible.
Enfin le Bouddha garda silence, délibérément, face à 10 questions précises qu'on lui posa. On pense qu'il estimait que les motivations derrière ces questions n'étaient pas bonnes et que les réponses n'apporteraient aucun profit dans le cadre de son enseignement.
Quelques citations :
« Le pire des deux est celui qui, lorsqu’on l’injurie
Injurie en retour. Celui qui n’injurie pas quand on l’a injurié
Remporte une double victoire.
Il recherche le bien de l’autre et le sien
Car il comprend la colère de l’autre et demeure calme et tranquille.
Celui qui prend soin des deux
– Puisqu’il se guérit lui-même et guérit l’autre aussi –
Est considéré comme stupide par ceux qui ne connaissent pas le Dhamma. »
« ‘On m’a insulté, on m’a frappé ! On m’a battu, on m’a volé !’ Ceux qui entretiennent de telles pensées ne verront jamais la fin de l’hostilité. » (Dhp, verset 4)
« Ne parle à personne avec violence car on pourrait te répondre de même. Ceux que tes paroles ont blessés peuvent te blesser à leur tour. » (Dhp, verset 133)
« Savoir tout supporter patiemment et maintenir le cap sur la libération, telles sont les vertus suprêmes selon les Êtres Éveillés. » (Dhp, verset 184)
« Abandonne la colère, finis-en avec l’orgueil, dépasse tous les obstacles et les empêchements. Quand tu es libre de tout attachement au corps et à l’esprit, entièrement libre, aucune souffrance ne jaillit. » (Dhp, verset 221)
« Vaincs les colériques par le calme, les méchants par la bonté, les avares par la générosité, les menteurs par la vérité. » (Dhp, verset 223)
On doit trouver des paroles assez proches dans les Évangiles.
On a vu de nombreux saints chrétiens supporter patiemment les pires souffrances du corps (je lisais il y a peu un moine bouddhiste qui citait le cas de St Laurent !) et Jésus lui même supporta sa Passion et son Calvaire avec constance sans exprimer la moindre colère vis à vis de ses bourreaux. Il répondit à Pilate la païen qui ne voyait aucun mal en l'attitude de Jésus et garda le silence face à Hérode le juif, qui était animé de mauvaises intentions. Jésus demanda à son Père de pardonner (lui même l'avait déjà fait mais son Père était au dessus de lui, la volonté du Père primait sur celle du Fils alors Jésus intercéda pour les bourreaux). Et Jésus promis les Cieux au "bon larron" sur la croix, car celui ci avait reconnu en Jésus un innocent condamné à tort.
J'ai lu une parabole zen ou un moine sur un chemin se fait agressé par des brigands qui veulent le dépouiller, ils le rouent de coups et comme celui ci pleure, à terre, ceux ci se moquent de sa faiblesse, de sa lâcheté, mais le moine répond qu'il ne pleure pas pour lui mais pour eux, il pleure face à ce qui les attends eux suite à leurs actions.
A mon grand étonnement j'ai lu aussi une parabole zen qui est pratiquement le copier coller de la scène des Misérables de Victor Hugo ou Monseigneur Myrielle "rachète" l'âme de Valjean et lui faire promettre de se consacrer au bien en lui donnant les fameux "chandelier" que Valjean à volé. Dans les 2 cas un homme de piété transforme le mal, la souffrance, en bien. Exactement de la même manière. Et pourtant d'un coté il y a un prêtre catholique et de l'autre un maître zen.
Dans la pratique bouddhique, ignorer ses émotions négatives (peur, colère, haine...), faire comme si elle n'existaient pas, ne "marche pas", on fait semblant de ne pas voir le problème, ce qui n'est pas le résoudre.
Ces émotions négatives sont source de mal-être pour nous et nous poussent à agir de manière inappropriée vis à vis des autres. Des pensées, paroles et actions motivées par la peur, la colère, la haine, l'avidité, perturbent la vision que nous avons de nous même et des autres , du cosmos.
Elles renforcent notre fausse impression de l'existence d'un "moi" indépendant du reste aux désirs duquel il faudrait impérativement répondre et qu'il faudrait "protéger" (blessures de l'ego), quitte a faire souffrir autrui.
La colère en particulier est une des émotions si ce n'est l'émotion la plus perturbatrice. Un seul instant de colère peut ruiner une quantité immense d'action méritoires.
Il est donc nécessaire d'être conscient de ces émotions en nous, de les regarder en face, sans crainte, sans aversion, et de regarder profondément en elles, au delà de leur première apparence, pour comprendre les causes, les racines de ces émotions. Elles ne naissent pas par hasard.
On commence donc pas reconnaître qu'on ressent telle ou telle émotion négatives (certains nient farouchement les ressentir alors que c'est flagrant, mais admettre fait peur, car on craint de souffrir encore plus, cercle vicieux car plus l'on nie plus la souffrance augmente, autant chercher à maintenir le couvercle sur une cocotte minute sous un feu nourri).
1ere Noble Vérité : admettre l'existence de la souffrance, du mal être, en soi. Déjà quand on accepte, la crainte vis à vis de la souffrance qu'engendre ces émotions diminue sensiblement, on est perturbé mais l'on a plus peur de cette perturbation.
2ème Noble Vérité : rien n'est sans cause, donc nos émotions négatives sont toujours causées par quelque chose. Et quand on regarde sereinement en profondeur on trouve les causes. Et les causes au fond sont toujours les mêmes, nos conceptions erronées sur nous même, sur les autres, sur le monde, etc... Donc ce n'est pas l'Autre, les autres, le monde la cause du problème, mais notre perception à nous. Et comme nous avons trouvé la cause de la maladie, alors le remède ne peut que nous apparaître clairement !
3ème Noble Vérité : il existe un chemin qui mène à la cessation de ce mal être. Mettre fin aux causes, mettra fin aux effets.
Et la 4ème Noble Vérité c'est l'annonce de la voie, de la méthode, pour mettre fin à l'ignorance et aux fausses perceptions de notre mental.
Donc les émotions négatives sont en quelque sorte nos "enseignantes", ce ne sont pas des "ennemies" si nous savons comme les aborder, elles nous montre la direction du problème, elles sont révélatrices de là ou il nous faut porter notre attention pour aller mieux. Donc il ne s'agit pas de les cultiver, ni de les nier ou traquer impitoyablement, mais de les aborder avec reconnaissance, elles ne sont pas nos ennemies. Si vous adoptez une telle position, le mal être va tout de suite diminuer. Et vous n'allez plus être dominé par ce mal être.
Thich Nhat Hanh, moine bouddhiste zen vietnamien, insiste sur l'importance d'être pleinement conscient de ce qui se passe en nous et autour de nous à chaque instant, et quand, par exemple, la colère apparaît, mentalement, de sourire et de dire : "Bonjour colère, je sais que tu es là ! Je te reconnais, bienvenue". Ensuite on "transforme" cette colère. Et sa vie lui a donné d'excellente raison de ressentir beaucoup de colère. Il connait intimement le sujet. Et pour l'avoir souvent écouté dans des enseignement video il se dégage de lui une douceur, une tendresse, une compassion qui parfois m'on ému jusqu'aux larmes.
Transformer les émotions négatives, leur énergie, fait partie de l'éthique bouddhiste, une éthique de compassion que nous commençons par appliquer à nous même, car en agissant ainsi, nous n'inondons plus le monde de nos propres émotions négatives au contraire nous propageons la transformation, la guérison.
Notez comme dans les Évangiles on ne voit Jésus manifester de la colère qu'une seule fois, et non pour lui même, pour défendre son ego, mais parce que, à ses yeux on manque de respect à son Père, en mêlant les affaires d'argent à la piété dans l'enceinte du Temple.
Un jour une personne à dit à un moine theravadin : vous avez beaucoup d'aversions ! Et le moine de répondre : c'est vrai, vous avez raison, je ne m'en sert pas du tout.
Donc entretenir la crainte chez un pratiquant ne peut qu'être problématique pour un pratiquant du bouddhisme. Il ne faut ni la nier ni la cultiver.
Les dieux grecs par exemple voulaient être crains, il donnaient régulièrement selon les récits mythologiques des preuves de leur puissance afin de terrifier les mortels. Pour que la création demeure en ordre il était nécessaire que les mortels craignent les dieux, et certains récits de vengeances et de colères de tel ou tel dieu sont effrayants de cruauté et d'injustice. Les dieux grecs étaient pour la responsabilité collective. Il suffisait qu'un seul homme soit fautif à leurs yeux pour que toute sa communauté en pâtisse.
Les aztèques aussi (à moins que ce soit les mayas ou les 2) craignaient leurs dieux, plus précisément il craignaient que leurs dieux manquent de nourriture (du sang frais, humain, au mieux de famille noble, car c'était selon leur théologie la substance la plus précieuse pour nourrir les dieux), car si les dieux étaient affamés, non seulement il s'affaiblissaient et la cosmos risquait de se désintégrer avec eux mais en plus ils étaient en colère et manifestaient cette colère sous forme de calamité : famines, maladies, intempéries... Une théologie basée sur la crainte engendrant la pratique monstrueuse du sacrifice humain, même si c'était aux yeux des pratiquants pour une "bonne raison" : assurer la persistance du cosmos.
Il a aussi dit que l'individu ne peut atteindre la réalité de la foi qu'uniquement s'il arrive au summum de celle-ci, et il ne peut arriver au summum de celle-ci que s'il préfère la pauvreté à la richesse et l'avilissement à la gloire, et que celui qui lui fait des éloges et celui qui le critique soient, pour lui, des semblables.
Le pratiquant bouddhique doit apprendre à maintenir de plus en plus souvent son esprit dans un état de clarté, de stabilité, non perturbé par les émotions négatives. C'est une fois l'esprit clair qu'il voit la réalité "telle qu'elle est". Il voit alors l'ampleur de la souffrance partout, et cela suscite en lui une compassion infinie pour tous les êtres. Une compassion agissante, mais des actes fondés sur la sagesse, à savoir une vision correcte de la réalité, basée sur cette sagesse alors les actions de compassion ne peuvent être que totalement appropriées et toujours avoir un résultat positif pour les autres. Au final un bouddha ne peut plus "mal agir". Il ne peut plus engendrer d'actions aux effets négatifs.
Conscient que son "moi" définit comme indépendant et immuable n'est qu'illusion, conscient qu'il y a bien quelque chose mais mais ce quelque chose est constamment changeant et interdépendant avec tout le reste, le pratiquant n'a plus aucun ego à défendre, plus rien a protéger, il n'est plus attaché à lui même, il accepte de n'être que transitoire, comme tous les autres êtres, il n'est donc plus en proie ni à des complexes d'infériorité, ni à des complexes de supériorité. Il n'est plus non plus sensible ni au blâmes ni au louanges, car il n'y a plus rien à "flatter" en lui.
Il peut toutefois remercier ceux qui le loue mais par politesse, et avoir de la compassion pour ceux qui blâme car ceux-ci ne savent pas maîtriser leur langue et donc leur mental, ils sont donc nécessairement promis au mal-être.
Il comprend aussi la vanité qu'il y a à s'attacher aux bien matériels, si il décide de devenir moine alors il abandonnera pratiquement toutes ses possessions. Il comprend aussi que même son propre corps ne lui appartient pas au fond et ne lui a jamais appartenu, ce n'est qu'un véhicule temporaire, dont certes il faut prendre soin, mais pas par hédonisme, par simple compassion et respect vis à vis du miracle du vivant pour le moins.
Comment avoir de la compassion et de l'amour pour tous les êtres dans leur entièreté (corps et mental) si l'on est incapable d'en avoir pour soi-même ? Un pratiquant finit par comprendre que ses actions ne lui apportent aucun mérite personnel, aucune gloire à laquelle il doive faire attention, car il n'y a aucun "moi" pour amasser cette gloire et s'en repaître.
Jésus s'est-il soucié de sa réputation ? De faire fructifier ses biens ? Ou de son confort personnel ?
Ce sage donna ce conseil à une personne : Adore Dieu et ne Lui donne aucun associé dans l'adoration. Suis le livre de Dieu où il va ; celui qui vient à toi avec la vérité, accepte-la de lui même s'il s'agit d'une personne éloignée et détestée, et celui qui vient à toi avec le faux, ne le prends pas de lui, même s'il s'agit d'une personne proche et aimée.
Un moine de sa communauté, perturbé par des questions métaphysique pendant ses méditations, vint un jour voir le Bouddha et le somma de lui répondre, faute de quoi, il renoncerait à la vie de moine et retournerait à la vie laïque. Le Bouddha lui rappela qu'il n'avait jamais promis autre chose que répondre à la question de la souffrance et qu'il n'enseignait que cela. Et qu'en rejoignant sa communauté on acceptait cela, était-il donc juste de lui reproche à lui Bouddha un prétendu désengagement de ses promesses ?
J'ai lu aussi que le Bouddha recommandait ceci : ne pas blâmer la religion d'autrui, afin de ne faire de tort à personne, et parfois de savoir reconnaître la qualité des valeurs présentes dans des spiritualités que l'on ne partageait pas soi-même. C'est pourquoi actuellement, un pratiquant devrait en principe cultiver une attitude de recherche de ce qu'il y a de bon dans la religion de l'autre si il y est confronté et ne pas s'attacher ni exprimer ce qu'il réprouve en elle. Ainsi par exemple un pratiquant pourrait louer les "moyens habiles" employé par Salomon pour obtenir la vérité lors de son jugement, ou la pauvreté d'un Jésus, ou la générosité encouragé par un des 5 piliers de l'Islam (l'aumône aux pauvres).
Il est aussi recommander d'avoir (je synthétise) l'attitude suivante :
- face à une personne qui a de bonnes paroles mais de mauvaises actions, ne prêter attention qu'a ses paroles
- face à une personne qui parle mal, mais agit bien, ne prêter attention qu'a ses actes.
- face à une personne qui agit mal et parle mal, avoir une infinie compassion. C'est elle qui en a le plus besoin.
- face à quelqu'un qui parle bien et agit bien, se réjouir d'avoir rencontré un tel être et le fréquenter le plus possible.
Enfin le Bouddha garda silence, délibérément, face à 10 questions précises qu'on lui posa. On pense qu'il estimait que les motivations derrière ces questions n'étaient pas bonnes et que les réponses n'apporteraient aucun profit dans le cadre de son enseignement.
Quelques citations :
« Le pire des deux est celui qui, lorsqu’on l’injurie
Injurie en retour. Celui qui n’injurie pas quand on l’a injurié
Remporte une double victoire.
Il recherche le bien de l’autre et le sien
Car il comprend la colère de l’autre et demeure calme et tranquille.
Celui qui prend soin des deux
– Puisqu’il se guérit lui-même et guérit l’autre aussi –
Est considéré comme stupide par ceux qui ne connaissent pas le Dhamma. »
« ‘On m’a insulté, on m’a frappé ! On m’a battu, on m’a volé !’ Ceux qui entretiennent de telles pensées ne verront jamais la fin de l’hostilité. » (Dhp, verset 4)
« Ne parle à personne avec violence car on pourrait te répondre de même. Ceux que tes paroles ont blessés peuvent te blesser à leur tour. » (Dhp, verset 133)
« Savoir tout supporter patiemment et maintenir le cap sur la libération, telles sont les vertus suprêmes selon les Êtres Éveillés. » (Dhp, verset 184)
« Abandonne la colère, finis-en avec l’orgueil, dépasse tous les obstacles et les empêchements. Quand tu es libre de tout attachement au corps et à l’esprit, entièrement libre, aucune souffrance ne jaillit. » (Dhp, verset 221)
« Vaincs les colériques par le calme, les méchants par la bonté, les avares par la générosité, les menteurs par la vérité. » (Dhp, verset 223)
On doit trouver des paroles assez proches dans les Évangiles.
On a vu de nombreux saints chrétiens supporter patiemment les pires souffrances du corps (je lisais il y a peu un moine bouddhiste qui citait le cas de St Laurent !) et Jésus lui même supporta sa Passion et son Calvaire avec constance sans exprimer la moindre colère vis à vis de ses bourreaux. Il répondit à Pilate la païen qui ne voyait aucun mal en l'attitude de Jésus et garda le silence face à Hérode le juif, qui était animé de mauvaises intentions. Jésus demanda à son Père de pardonner (lui même l'avait déjà fait mais son Père était au dessus de lui, la volonté du Père primait sur celle du Fils alors Jésus intercéda pour les bourreaux). Et Jésus promis les Cieux au "bon larron" sur la croix, car celui ci avait reconnu en Jésus un innocent condamné à tort.
J'ai lu une parabole zen ou un moine sur un chemin se fait agressé par des brigands qui veulent le dépouiller, ils le rouent de coups et comme celui ci pleure, à terre, ceux ci se moquent de sa faiblesse, de sa lâcheté, mais le moine répond qu'il ne pleure pas pour lui mais pour eux, il pleure face à ce qui les attends eux suite à leurs actions.
A mon grand étonnement j'ai lu aussi une parabole zen qui est pratiquement le copier coller de la scène des Misérables de Victor Hugo ou Monseigneur Myrielle "rachète" l'âme de Valjean et lui faire promettre de se consacrer au bien en lui donnant les fameux "chandelier" que Valjean à volé. Dans les 2 cas un homme de piété transforme le mal, la souffrance, en bien. Exactement de la même manière. Et pourtant d'un coté il y a un prêtre catholique et de l'autre un maître zen.
Invité- Invité
Re: Bouddhisme et christianisme : éléments pour un dialogue interreligieux
Madhyamaka a écrit:Un sage en Islam a dit un jour que le but de la science n'est pas d'accumuler des connaissances mais de craindre Dieu, afin d'atteindre al-ihsan (la perfection de la foi).
Dans la pratique bouddhique, ignorer ses émotions négatives (peur, colère, haine...), faire comme si elle n'existaient pas, ne "marche pas", on fait semblant de ne pas voir le problème, ce qui n'est pas le résoudre.
Ces émotions négatives sont source de mal-être pour nous et nous poussent à agir de manière inappropriée vis à vis des autres. Des pensées, paroles et actions motivées par la peur, la colère, la haine, l'avidité, perturbent la vision que nous avons de nous même et des autres , du cosmos.
Elles renforcent notre fausse impression de l'existence d'un "moi" indépendant du reste aux désirs duquel il faudrait impérativement répondre et qu'il faudrait "protéger" (blessures de l'ego), quitte a faire souffrir autrui.
La colère en particulier est une des émotions si ce n'est l'émotion la plus perturbatrice. Un seul instant de colère peut ruiner une quantité immense d'action méritoires.
Il est donc nécessaire d'être conscient de ces émotions en nous, de les regarder en face, sans crainte, sans aversion, et de regarder profondément en elles, au delà de leur première apparence, pour comprendre les causes, les racines de ces émotions. Elles ne naissent pas par hasard.
On commence donc pas reconnaître qu'on ressent telle ou telle émotion négatives (certains nient farouchement les ressentir alors que c'est flagrant, mais admettre fait peur, car on craint de souffrir encore plus, cercle vicieux car plus l'on nie plus la souffrance augmente, autant chercher à maintenir le couvercle sur une cocotte minute sous un feu nourri).
1ere Noble Vérité : admettre l'existence de la souffrance, du mal être, en soi. Déjà quand on accepte, la crainte vis à vis de la souffrance qu'engendre ces émotions diminue sensiblement, on est perturbé mais l'on a plus peur de cette perturbation.
2ème Noble Vérité : rien n'est sans cause, donc nos émotions négatives sont toujours causées par quelque chose. Et quand on regarde sereinement en profondeur on trouve les causes. Et les causes au fond sont toujours les mêmes, nos conceptions erronées sur nous même, sur les autres, sur le monde, etc... Donc ce n'est pas l'Autre, les autres, le monde la cause du problème, mais notre perception à nous. Et comme nous avons trouvé la cause de la maladie, alors le remède ne peut que nous apparaître clairement !
3ème Noble Vérité : il existe un chemin qui mène à la cessation de ce mal être. Mettre fin aux causes, mettra fin aux effets.
Et la 4ème Noble Vérité c'est l'annonce de la voie, de la méthode, pour mettre fin à l'ignorance et aux fausses perceptions de notre mental.
Donc les émotions négatives sont en quelque sorte nos "enseignantes", ce ne sont pas des "ennemies" si nous savons comme les aborder, elles nous montre la direction du problème, elles sont révélatrices de là ou il nous faut porter notre attention pour aller mieux. Donc il ne s'agit pas de les cultiver, ni de les nier ou traquer impitoyablement, mais de les aborder avec reconnaissance, elles ne sont pas nos ennemies. Si vous adoptez une telle position, le mal être va tout de suite diminuer. Et vous n'allez plus être dominé par ce mal être.
Thich Nhat Hanh, moine bouddhiste zen vietnamien, insiste sur l'importance d'être pleinement conscient de ce qui se passe en nous et autour de nous à chaque instant, et quand, par exemple, la colère apparaît, mentalement, de sourire et de dire : "Bonjour colère, je sais que tu es là ! Je te reconnais, bienvenue". Ensuite on "transforme" cette colère. Et sa vie lui a donné d'excellente raison de ressentir beaucoup de colère. Il connait intimement le sujet. Et pour l'avoir souvent écouté dans des enseignement video il se dégage de lui une douceur, une tendresse, une compassion qui parfois m'on ému jusqu'aux larmes.
Transformer les émotions négatives, leur énergie, fait partie de l'éthique bouddhiste, une éthique de compassion que nous commençons par appliquer à nous même, car en agissant ainsi, nous n'inondons plus le monde de nos propres émotions négatives au contraire nous propageons la transformation, la guérison.
Notez comme dans les Évangiles on ne voit Jésus manifester de la colère qu'une seule fois, et non pour lui même, pour défendre son ego, mais parce que, à ses yeux on manque de respect à son Père, en mêlant les affaires d'argent à la piété dans l'enceinte du Temple.
Un jour une personne à dit à un moine theravadin : vous avez beaucoup d'aversions ! Et le moine de répondre : c'est vrai, vous avez raison, je ne m'en sert pas du tout.
Donc entretenir la crainte chez un pratiquant ne peut qu'être problématique pour un pratiquant du bouddhisme. Il ne faut ni la nier ni la cultiver.
Les dieux grecs par exemple voulaient être crains, il donnaient régulièrement selon les récits mythologiques des preuves de leur puissance afin de terrifier les mortels. Pour que la création demeure en ordre il était nécessaire que les mortels craignent les dieux, et certains récits de vengeances et de colères de tel ou tel dieu sont effrayants de cruauté et d'injustice. Les dieux grecs étaient pour la responsabilité collective. Il suffisait qu'un seul homme soit fautif à leurs yeux pour que toute sa communauté en pâtisse.
Les aztèques aussi (à moins que ce soit les mayas ou les 2) craignaient leurs dieux, plus précisément il craignaient que leurs dieux manquent de nourriture (du sang frais, humain, au mieux de famille noble, car c'était selon leur théologie la substance la plus précieuse pour nourrir les dieux), car si les dieux étaient affamés, non seulement il s'affaiblissaient et la cosmos risquait de se désintégrer avec eux mais en plus ils étaient en colère et manifestaient cette colère sous forme de calamité : famines, maladies, intempéries... Une théologie basée sur la crainte engendrant la pratique monstrueuse du sacrifice humain, même si c'était aux yeux des pratiquants pour une "bonne raison" : assurer la persistance du cosmos.
Il a aussi dit que l'individu ne peut atteindre la réalité de la foi qu'uniquement s'il arrive au summum de celle-ci, et il ne peut arriver au summum de celle-ci que s'il préfère la pauvreté à la richesse et l'avilissement à la gloire, et que celui qui lui fait des éloges et celui qui le critique soient, pour lui, des semblables.
Le pratiquant bouddhique doit apprendre à maintenir de plus en plus souvent son esprit dans un état de clarté, de stabilité, non perturbé par les émotions négatives. C'est une fois l'esprit clair qu'il voit la réalité "telle qu'elle est". Il voit alors l'ampleur de la souffrance partout, et cela suscite en lui une compassion infinie pour tous les êtres. Une compassion agissante, mais des actes fondés sur la sagesse, à savoir une vision correcte de la réalité, basée sur cette sagesse alors les actions de compassion ne peuvent être que totalement appropriées et toujours avoir un résultat positif pour les autres. Au final un bouddha ne peut plus "mal agir". Il ne peut plus engendrer d'actions aux effets négatifs.
Conscient que son "moi" définit comme indépendant et immuable n'est qu'illusion, conscient qu'il y a bien quelque chose mais mais ce quelque chose est constamment changeant et interdépendant avec tout le reste, le pratiquant n'a plus aucun ego à défendre, plus rien a protéger, il n'est plus attaché à lui même, il accepte de n'être que transitoire, comme tous les autres êtres, il n'est donc plus en proie ni à des complexes d'infériorité, ni à des complexes de supériorité. Il n'est plus non plus sensible ni au blâmes ni au louanges, car il n'y a plus rien à "flatter" en lui.
Il peut toutefois remercier ceux qui le loue mais par politesse, et avoir de la compassion pour ceux qui blâme car ceux-ci ne savent pas maîtriser leur langue et donc leur mental, ils sont donc nécessairement promis au mal-être.
Il comprend aussi la vanité qu'il y a à s'attacher aux bien matériels, si il décide de devenir moine alors il abandonnera pratiquement toutes ses possessions. Il comprend aussi que même son propre corps ne lui appartient pas au fond et ne lui a jamais appartenu, ce n'est qu'un véhicule temporaire, dont certes il faut prendre soin, mais pas par hédonisme, par simple compassion et respect vis à vis du miracle du vivant pour le moins.
Comment avoir de la compassion et de l'amour pour tous les êtres dans leur entièreté (corps et mental) si l'on est incapable d'en avoir pour soi-même ? Un pratiquant finit par comprendre que ses actions ne lui apportent aucun mérite personnel, aucune gloire à laquelle il doive faire attention, car il n'y a aucun "moi" pour amasser cette gloire et s'en repaître.
Jésus s'est-il soucié de sa réputation ? De faire fructifier ses biens ? Ou de son confort personnel ?
Ce sage donna ce conseil à une personne : Adore Dieu et ne Lui donne aucun associé dans l'adoration. Suis le livre de Dieu où il va ; celui qui vient à toi avec la vérité, accepte-la de lui même s'il s'agit d'une personne éloignée et détestée, et celui qui vient à toi avec le faux, ne le prends pas de lui, même s'il s'agit d'une personne proche et aimée.
Un moine de sa communauté, perturbé par des questions métaphysique pendant ses méditations, vint un jour voir le Bouddha et le somma de lui répondre, faute de quoi, il renoncerait à la vie de moine et retournerait à la vie laïque. Le Bouddha lui rappela qu'il n'avait jamais promis autre chose que répondre à la question de la souffrance et qu'il n'enseignait que cela. Et qu'en rejoignant sa communauté on acceptait cela, était-il donc juste de lui reproche à lui Bouddha un prétendu désengagement de ses promesses ?
J'ai lu aussi que le Bouddha recommandait ceci : ne pas blâmer la religion d'autrui, afin de ne faire de tort à personne, et parfois de savoir reconnaître la qualité des valeurs présentes dans des spiritualités que l'on ne partageait pas soi-même. C'est pourquoi actuellement, un pratiquant devrait en principe cultiver une attitude de recherche de ce qu'il y a de bon dans la religion de l'autre si il y est confronté et ne pas s'attacher ni exprimer ce qu'il réprouve en elle. Ainsi par exemple un pratiquant pourrait louer les "moyens habiles" employé par Salomon pour obtenir la vérité lors de son jugement, ou la pauvreté d'un Jésus, ou la générosité encouragé par un des 5 piliers de l'Islam (l'aumône aux pauvres).
Il est aussi recommander d'avoir (je synthétise) l'attitude suivante :
- face à une personne qui a de bonnes paroles mais de mauvaises actions, ne prêter attention qu'a ses paroles
- face à une personne qui parle mal, mais agit bien, ne prêter attention qu'a ses actes.
- face à une personne qui agit mal et parle mal, avoir une infinie compassion. C'est elle qui en a le plus besoin.
- face à quelqu'un qui parle bien et agit bien, se réjouir d'avoir rencontré un tel être et le fréquenter le plus possible.
Enfin le Bouddha garda silence, délibérément, face à 10 questions précises qu'on lui posa. On pense qu'il estimait que les motivations derrière ces questions n'étaient pas bonnes et que les réponses n'apporteraient aucun profit dans le cadre de son enseignement.
Quelques citations :
« Le pire des deux est celui qui, lorsqu’on l’injurie
Injurie en retour. Celui qui n’injurie pas quand on l’a injurié
Remporte une double victoire.
Il recherche le bien de l’autre et le sien
Car il comprend la colère de l’autre et demeure calme et tranquille.
Celui qui prend soin des deux
– Puisqu’il se guérit lui-même et guérit l’autre aussi –
Est considéré comme stupide par ceux qui ne connaissent pas le Dhamma. »
« ‘On m’a insulté, on m’a frappé ! On m’a battu, on m’a volé !’ Ceux qui entretiennent de telles pensées ne verront jamais la fin de l’hostilité. » (Dhp, verset 4)
« Ne parle à personne avec violence car on pourrait te répondre de même. Ceux que tes paroles ont blessés peuvent te blesser à leur tour. » (Dhp, verset 133)
« Savoir tout supporter patiemment et maintenir le cap sur la libération, telles sont les vertus suprêmes selon les Êtres Éveillés. » (Dhp, verset 184)
« Abandonne la colère, finis-en avec l’orgueil, dépasse tous les obstacles et les empêchements. Quand tu es libre de tout attachement au corps et à l’esprit, entièrement libre, aucune souffrance ne jaillit. » (Dhp, verset 221)
« Vaincs les colériques par le calme, les méchants par la bonté, les avares par la générosité, les menteurs par la vérité. » (Dhp, verset 223)
On doit trouver des paroles assez proches dans les Évangiles.
On a vu de nombreux saints chrétiens supporter patiemment les pires souffrances du corps (je lisais il y a peu un moine bouddhiste qui citait le cas de St Laurent !) et Jésus lui même supporta sa Passion et son Calvaire avec constance sans exprimer la moindre colère vis à vis de ses bourreaux. Il répondit à Pilate la païen qui ne voyait aucun mal en l'attitude de Jésus et garda le silence face à Hérode le juif, qui était animé de mauvaises intentions. Jésus demanda à son Père de pardonner (lui même l'avait déjà fait mais son Père était au dessus de lui, la volonté du Père primait sur celle du Fils alors Jésus intercéda pour les bourreaux). Et Jésus promis les Cieux au "bon larron" sur la croix, car celui ci avait reconnu en Jésus un innocent condamné à tort.
J'ai lu une parabole zen ou un moine sur un chemin se fait agressé par des brigands qui veulent le dépouiller, ils le rouent de coups et comme celui ci pleure, à terre, ceux ci se moquent de sa faiblesse, de sa lâcheté, mais le moine répond qu'il ne pleure pas pour lui mais pour eux, il pleure face à ce qui les attends eux suite à leurs actions.
A mon grand étonnement j'ai lu aussi une parabole zen qui est pratiquement le copier coller de la scène des Misérables de Victor Hugo ou Monseigneur Myrielle "rachète" l'âme de Valjean et lui faire promettre de se consacrer au bien en lui donnant les fameux "chandelier" que Valjean à volé. Dans les 2 cas un homme de piété transforme le mal, la souffrance, en bien. Exactement de la même manière. Et pourtant d'un coté il y a un prêtre catholique et de l'autre un maître zen.
Dis-moi, tu ne serais pas prof d'université pour développer à ce point le sujet, mashaAllah ?
Alors dès que tu as vu le mot "craindre Dieu" , tu en as fait toute une rethorique sur les sentiments négatifs insinuant par là que l'Islam est une religion ne pouvant permettre à l'etre humain d'atteindre avec harmonie la vérité de soi dans sa foi en Dieu mais quand tu cites le boudhisme et le christianisme, alors là, ce n'est qu'amour et compassion.....
Les préjugés ont la peau dur, on dirait ? ;-)
J'ai parlé de la crainte de Dieu et je savais que tu ne louperais pas l'occasion de frapper subtilement sur l'Islam lol
Tu as ta vision figé de l'Islam mais contrairement à toi, ma vision de l'Islam, du Christianisme, du Boudhisme, du monde évolue à force de méditer sur la vérité de Dieu....
La crainte de Dieu ne se place pas au même niveau que la peur de soi et de l'autre mais plus dans un cheminement spirituel lié au poids de la connaissance (ou la science) de Dieu afin de lutter contre son propre ego, nourrit par le savoir, qui s'oppose à l'humilité devant Dieu.
Et ne sais-tu pas que derrière une mauvaise chose peut se trouver une bonne chose et réciproquement ?
Sinon, pour le reste, je te rejoins dessus et tes remarques sont pertinentes, surtout sur la colère et definir la cause de la souffrance et du mal.
Après il faut etre juste avec soi-même, et ne pas tomber dans l'extreme où la solution à la souffrance serait de nuire à autrui ou à soi-même.
Je ne développe pas le sujet de l'amour et de la crainte en Dieu car à la base, ce sujet ne me concerne pas trop même si je le trouve interessant, mashaAllah ;-)
Invité- Invité
Re: Bouddhisme et christianisme : éléments pour un dialogue interreligieux
Dis-moi, tu ne serais pas prof d'université pour développer à ce point le sujet, mashaAllah ?
J'ai enseigné dans le secondaire pendant quelques années il y a quelques années, histoire et géographie, j'ai fait un peu de catéchèse aussi une année.
Alors dès que tu as vu le mot "craindre Dieu" ,
Pour avoir lu un certain nombre de pages du Coran traduit en français par feu Malek Chebel (universitaire qui pratiquait et connaissait l'Islam plutôt bien vu la liste de ses écrits sur le sujet) j'ai constaté la très grande fréquence du mot "craindre Allah" et aussi la mention du fait qu'"Allah aime être craint". En français le mot "craindre" à ces sens là :
Fait de craindre quelque chose, quelqu'un, état de quelqu'un qui éprouve un sentiment de peur, de recul ; peur, appréhension : La crainte de l'échec le paralysait.
Appréhension d'un danger, d'une douleur, d'un mal à venir (souvent pluriel) : J'ai des craintes à son sujet.
tu en as fait toute une rethorique sur les sentiments négatifs
Vrai pour la "rhétorique" (l'esprit de synthèse n'est pas mon fort) . Je parle librement avec sincérité. J'explique ce que j'ai appris et compris du bouddhisme concernant les émotions négatives. La crainte en est une, liée à la peur, à l'appréhension, à l'angoisse.
insinuant par là que l'Islam est une religion ne pouvant permettre à l'etre humain d'atteindre avec harmonie la vérité de soi dans sa foi en Dieu
Ce qui suit le mot "insinuant" ne vient pas vraiment de moi.
mais quand tu cites le boudhisme et le christianisme, alors là, ce n'est qu'amour et compassion.....
Je connais (certes imparfaitement) le christianisme puisque c'est ma spiritualité d'origine, je ne souviens pas que Jésus repère régulièrement qu'il faut craindre son Père. Jésus rejette la pratique antérieure de la loi du Talion au profit d'une réponse de l'amour vis à vis de la violence. Et il l'a illustré par sa propre vie (connue) et fin, puisqu'il s'est laissé maltraité, moqué, humilité, emprisonné, torturé, exécuté, qu'il a soigné un de ses bourreaux et a demandé sur la croix à sont Père de pardonner aux hommes. De ce que l'Histoire nous en dit, la méthode du Muhammad fut différente. Toutefois nous nous éloignons du sujet puisque ici il est surtout question des rapports entre le bouddhisme et le christianisme. L'Islam diffère en partie de la tradition chrétienne et de la tradition judaïque même si il s'en veut le prolongement (voir l’accomplissement ou restauration).
Les préjugés ont la peau dur, on dirait ? ;-)
Y a t'il toujours préjugés quand on a commencé par étudier un minimum les faits, et les mots employés ? Les faits historiques sont les faits historiques et les mots ont leur sens. D'ailleurs les mots "amour" et "compassion" n'ont pas exactement le même sens dans la terminologie bouddhique et chrétienne.
Tu as ta vision figé de l'Islam mais contrairement à toi, ma vision de l'Islam, du Christianisme, du Boudhisme, du monde évolue à force de méditer sur la vérité de Dieu....
Possible. Tant mieux pour toi, on ne peut qu'être content pour toi que tes conceptions soient "vivantes".
J'ai parlé de la crainte de Dieu et je savais que tu ne louperais pas l'occasion de frapper subtilement sur l'Islam lol
L'esprit non éveillé a naturellement tendance à comparer. C'est dans sa nature.
La crainte de Dieu ne se place pas au même niveau que la peur de soi et de l'autre mais plus dans un cheminement spirituel lié au poids de la connaissance (ou la science) de Dieu afin de lutter contre son propre ego, nourrit par le savoir, qui s'oppose à l'humilité devant Dieu.
Il serait peut être bon de développer cette notion de "crainte de Dieu" dans un fil dédié ou chaque représentant du monothéisme pourrait expliqué comment il l'envisage. Cela pourrait être éclairant.
Après il faut etre juste avec soi-même, et ne pas tomber dans l'extreme où la solution à la souffrance serait de nuire à autrui ou à soi-même
Un non-sens pour la pratique bouddhique. Même si parfois ce que l'on appelle la pratique de la "folle sagesse" dans la tradition tibétaine peut être mal comprise car elle donne cette impression. C'est une voie très particulière. J'ai un livre sur le sujet mais je ne l'ai pas encore lu.
Je ne développe pas le sujet de l'amour et de la crainte en Dieu car à la base, ce sujet ne me concerne pas trop même si je le trouve interessant, mashaAllah ;-)
En effet il est donc sage de ne pas poursuivre ici dans la digression.
Le Bouddha dit que ce n'est pas le changement qui est douloureux mais la résistance au changement. Lorsque l'on est attaché à une certaine conception de soi, des autres, de sa foi et que notre expérience nous confronte soudain à quelque chose qui contredit nos conceptions, nous souffrons uniquement si nous restons attaché à nos conceptions.
J'ai observé cela personnellement. Maintenant quand il arrive que sur un forum à quelqu'un de me prêter tel ou tel défaut, non seulement je ne résiste pas mais parfois j'approuve. Quand on accepte de reconnaître que l'on est tout à fait capable selon les moments de manifester n'importe quel défaut possible de l'homme, on lâche prise au "moi" et on ne se vexe plus. En plus cela a tendance à "désarmer" l'autre en face. Soit il insiste et il se décrédibilise de plus en plus soit il renonce.
Cela m'a mit du temps à fonctionner ainsi mais c'est reposant. On ne gaspille plus de temps et d'énergie à répliquer, contester, reprocher, avoir de la rancœur vis à vis de ceux qui vous maltraite... On économise vraiment beaucoup d'énergie que l'on peut consacrer à des activités autrement plus constructives.
Comme le dit en substance un parabole zen qu j'ai lu il y a peu, la seule chose qui doit nous importer c'est notre conscience personnelle, tout ce que peuvent penser, croire ou dire les autres sur nous, c'est "leur problème", c'est "leur monde" et parfois c'est même "leur enfer".
C'est vraiment très très libérateur de fonctionner ainsi, mais cela demande de l'entrainement. Toutefois un maître zen remarquable du passé disait bien : "A grand ego grand satori !"
J'ai enseigné dans le secondaire pendant quelques années il y a quelques années, histoire et géographie, j'ai fait un peu de catéchèse aussi une année.
Alors dès que tu as vu le mot "craindre Dieu" ,
Pour avoir lu un certain nombre de pages du Coran traduit en français par feu Malek Chebel (universitaire qui pratiquait et connaissait l'Islam plutôt bien vu la liste de ses écrits sur le sujet) j'ai constaté la très grande fréquence du mot "craindre Allah" et aussi la mention du fait qu'"Allah aime être craint". En français le mot "craindre" à ces sens là :
Fait de craindre quelque chose, quelqu'un, état de quelqu'un qui éprouve un sentiment de peur, de recul ; peur, appréhension : La crainte de l'échec le paralysait.
Appréhension d'un danger, d'une douleur, d'un mal à venir (souvent pluriel) : J'ai des craintes à son sujet.
tu en as fait toute une rethorique sur les sentiments négatifs
Vrai pour la "rhétorique" (l'esprit de synthèse n'est pas mon fort) . Je parle librement avec sincérité. J'explique ce que j'ai appris et compris du bouddhisme concernant les émotions négatives. La crainte en est une, liée à la peur, à l'appréhension, à l'angoisse.
insinuant par là que l'Islam est une religion ne pouvant permettre à l'etre humain d'atteindre avec harmonie la vérité de soi dans sa foi en Dieu
Ce qui suit le mot "insinuant" ne vient pas vraiment de moi.
mais quand tu cites le boudhisme et le christianisme, alors là, ce n'est qu'amour et compassion.....
Je connais (certes imparfaitement) le christianisme puisque c'est ma spiritualité d'origine, je ne souviens pas que Jésus repère régulièrement qu'il faut craindre son Père. Jésus rejette la pratique antérieure de la loi du Talion au profit d'une réponse de l'amour vis à vis de la violence. Et il l'a illustré par sa propre vie (connue) et fin, puisqu'il s'est laissé maltraité, moqué, humilité, emprisonné, torturé, exécuté, qu'il a soigné un de ses bourreaux et a demandé sur la croix à sont Père de pardonner aux hommes. De ce que l'Histoire nous en dit, la méthode du Muhammad fut différente. Toutefois nous nous éloignons du sujet puisque ici il est surtout question des rapports entre le bouddhisme et le christianisme. L'Islam diffère en partie de la tradition chrétienne et de la tradition judaïque même si il s'en veut le prolongement (voir l’accomplissement ou restauration).
Les préjugés ont la peau dur, on dirait ? ;-)
Y a t'il toujours préjugés quand on a commencé par étudier un minimum les faits, et les mots employés ? Les faits historiques sont les faits historiques et les mots ont leur sens. D'ailleurs les mots "amour" et "compassion" n'ont pas exactement le même sens dans la terminologie bouddhique et chrétienne.
Tu as ta vision figé de l'Islam mais contrairement à toi, ma vision de l'Islam, du Christianisme, du Boudhisme, du monde évolue à force de méditer sur la vérité de Dieu....
Possible. Tant mieux pour toi, on ne peut qu'être content pour toi que tes conceptions soient "vivantes".
J'ai parlé de la crainte de Dieu et je savais que tu ne louperais pas l'occasion de frapper subtilement sur l'Islam lol
L'esprit non éveillé a naturellement tendance à comparer. C'est dans sa nature.
La crainte de Dieu ne se place pas au même niveau que la peur de soi et de l'autre mais plus dans un cheminement spirituel lié au poids de la connaissance (ou la science) de Dieu afin de lutter contre son propre ego, nourrit par le savoir, qui s'oppose à l'humilité devant Dieu.
Il serait peut être bon de développer cette notion de "crainte de Dieu" dans un fil dédié ou chaque représentant du monothéisme pourrait expliqué comment il l'envisage. Cela pourrait être éclairant.
Après il faut etre juste avec soi-même, et ne pas tomber dans l'extreme où la solution à la souffrance serait de nuire à autrui ou à soi-même
Un non-sens pour la pratique bouddhique. Même si parfois ce que l'on appelle la pratique de la "folle sagesse" dans la tradition tibétaine peut être mal comprise car elle donne cette impression. C'est une voie très particulière. J'ai un livre sur le sujet mais je ne l'ai pas encore lu.
Je ne développe pas le sujet de l'amour et de la crainte en Dieu car à la base, ce sujet ne me concerne pas trop même si je le trouve interessant, mashaAllah ;-)
En effet il est donc sage de ne pas poursuivre ici dans la digression.
Le Bouddha dit que ce n'est pas le changement qui est douloureux mais la résistance au changement. Lorsque l'on est attaché à une certaine conception de soi, des autres, de sa foi et que notre expérience nous confronte soudain à quelque chose qui contredit nos conceptions, nous souffrons uniquement si nous restons attaché à nos conceptions.
J'ai observé cela personnellement. Maintenant quand il arrive que sur un forum à quelqu'un de me prêter tel ou tel défaut, non seulement je ne résiste pas mais parfois j'approuve. Quand on accepte de reconnaître que l'on est tout à fait capable selon les moments de manifester n'importe quel défaut possible de l'homme, on lâche prise au "moi" et on ne se vexe plus. En plus cela a tendance à "désarmer" l'autre en face. Soit il insiste et il se décrédibilise de plus en plus soit il renonce.
Cela m'a mit du temps à fonctionner ainsi mais c'est reposant. On ne gaspille plus de temps et d'énergie à répliquer, contester, reprocher, avoir de la rancœur vis à vis de ceux qui vous maltraite... On économise vraiment beaucoup d'énergie que l'on peut consacrer à des activités autrement plus constructives.
Comme le dit en substance un parabole zen qu j'ai lu il y a peu, la seule chose qui doit nous importer c'est notre conscience personnelle, tout ce que peuvent penser, croire ou dire les autres sur nous, c'est "leur problème", c'est "leur monde" et parfois c'est même "leur enfer".
C'est vraiment très très libérateur de fonctionner ainsi, mais cela demande de l'entrainement. Toutefois un maître zen remarquable du passé disait bien : "A grand ego grand satori !"
Invité- Invité
Re: Bouddhisme et christianisme : éléments pour un dialogue interreligieux
Madhyamaka a écrit:Dis-moi, tu ne serais pas prof d'université pour développer à ce point le sujet, mashaAllah ?
J'ai enseigné dans le secondaire pendant quelques années il y a quelques années, histoire et géographie, j'ai fait un peu de catéchèse aussi une année.
Alors dès que tu as vu le mot "craindre Dieu" ,
Pour avoir lu un certain nombre de pages du Coran traduit en français par feu Malek Chebel (universitaire qui pratiquait et connaissait l'Islam plutôt bien vu la liste de ses écrits sur le sujet) j'ai constaté la très grande fréquence du mot "craindre Allah" et aussi la mention du fait qu'"Allah aime être craint". En français le mot "craindre" à ces sens là :
Fait de craindre quelque chose, quelqu'un, état de quelqu'un qui éprouve un sentiment de peur, de recul ; peur, appréhension : La crainte de l'échec le paralysait.
Appréhension d'un danger, d'une douleur, d'un mal à venir (souvent pluriel) : J'ai des craintes à son sujet.
tu en as fait toute une rethorique sur les sentiments négatifs
Vrai pour la "rhétorique" (l'esprit de synthèse n'est pas mon fort) . Je parle librement avec sincérité. J'explique ce que j'ai appris et compris du bouddhisme concernant les émotions négatives. La crainte en est une, liée à la peur, à l'appréhension, à l'angoisse.
insinuant par là que l'Islam est une religion ne pouvant permettre à l'etre humain d'atteindre avec harmonie la vérité de soi dans sa foi en Dieu
Ce qui suit le mot "insinuant" ne vient pas vraiment de moi.
mais quand tu cites le boudhisme et le christianisme, alors là, ce n'est qu'amour et compassion.....
Je connais (certes imparfaitement) le christianisme puisque c'est ma spiritualité d'origine, je ne souviens pas que Jésus repère régulièrement qu'il faut craindre son Père. Jésus rejette la pratique antérieure de la loi du Talion au profit d'une réponse de l'amour vis à vis de la violence. Et il l'a illustré par sa propre vie (connue) et fin, puisqu'il s'est laissé maltraité, moqué, humilité, emprisonné, torturé, exécuté, qu'il a soigné un de ses bourreaux et a demandé sur la croix à sont Père de pardonner aux hommes. De ce que l'Histoire nous en dit, la méthode du Muhammad fut différente. Toutefois nous nous éloignons du sujet puisque ici il est surtout question des rapports entre le bouddhisme et le christianisme. L'Islam diffère en partie de la tradition chrétienne et de la tradition judaïque même si il s'en veut le prolongement (voir l’accomplissement ou restauration).
Les préjugés ont la peau dur, on dirait ? ;-)
Y a t'il toujours préjugés quand on a commencé par étudier un minimum les faits, et les mots employés ? Les faits historiques sont les faits historiques et les mots ont leur sens. D'ailleurs les mots "amour" et "compassion" n'ont pas exactement le même sens dans la terminologie bouddhique et chrétienne.
Tu as ta vision figé de l'Islam mais contrairement à toi, ma vision de l'Islam, du Christianisme, du Boudhisme, du monde évolue à force de méditer sur la vérité de Dieu....
Possible. Tant mieux pour toi, on ne peut qu'être content pour toi que tes conceptions soient "vivantes".
J'ai parlé de la crainte de Dieu et je savais que tu ne louperais pas l'occasion de frapper subtilement sur l'Islam lol
L'esprit non éveillé a naturellement tendance à comparer. C'est dans sa nature.
La crainte de Dieu ne se place pas au même niveau que la peur de soi et de l'autre mais plus dans un cheminement spirituel lié au poids de la connaissance (ou la science) de Dieu afin de lutter contre son propre ego, nourrit par le savoir, qui s'oppose à l'humilité devant Dieu.
Il serait peut être bon de développer cette notion de "crainte de Dieu" dans un fil dédié ou chaque représentant du monothéisme pourrait expliqué comment il l'envisage. Cela pourrait être éclairant.
Après il faut etre juste avec soi-même, et ne pas tomber dans l'extreme où la solution à la souffrance serait de nuire à autrui ou à soi-même
Un non-sens pour la pratique bouddhique. Même si parfois ce que l'on appelle la pratique de la "folle sagesse" dans la tradition tibétaine peut être mal comprise car elle donne cette impression. C'est une voie très particulière. J'ai un livre sur le sujet mais je ne l'ai pas encore lu.
Je ne développe pas le sujet de l'amour et de la crainte en Dieu car à la base, ce sujet ne me concerne pas trop même si je le trouve interessant, mashaAllah ;-)
En effet il est donc sage de ne pas poursuivre ici dans la digression.
Le Bouddha dit que ce n'est pas le changement qui est douloureux mais la résistance au changement. Lorsque l'on est attaché à une certaine conception de soi, des autres, de sa foi et que notre expérience nous confronte soudain à quelque chose qui contredit nos conceptions, nous souffrons uniquement si nous restons attaché à nos conceptions.
J'ai observé cela personnellement. Maintenant quand il arrive que sur un forum à quelqu'un de me prêter tel ou tel défaut, non seulement je ne résiste pas mais parfois j'approuve. Quand on accepte de reconnaître que l'on est tout à fait capable selon les moments de manifester n'importe quel défaut possible de l'homme, on lâche prise au "moi" et on ne se vexe plus. En plus cela a tendance à "désarmer" l'autre en face. Soit il insiste et il se décrédibilise de plus en plus soit il renonce.
Cela m'a mit du temps à fonctionner ainsi mais c'est reposant. On ne gaspille plus de temps et d'énergie à répliquer, contester, reprocher, avoir de la rancœur vis à vis de ceux qui vous maltraite... On économise vraiment beaucoup d'énergie que l'on peut consacrer à des activités autrement plus constructives.
Comme le dit en substance un parabole zen qu j'ai lu il y a peu, la seule chose qui doit nous importer c'est notre conscience personnelle, tout ce que peuvent penser, croire ou dire les autres sur nous, c'est "leur problème", c'est "leur monde" et parfois c'est même "leur enfer".
C'est vraiment très très libérateur de fonctionner ainsi, mais cela demande de l'entrainement. Toutefois un maître zen remarquable du passé disait bien : "A grand ego grand satori !"
Je sais que tu as la tête bien rempli mais si un jour tu en trouves le temps et la motivation, je t'invite à lire ce livre : "Histoire et mystifications : Comment l'Histoire est fabriquée et enseignée..." du professeur Michael Parenti, docteur en sciences politiques de l'Université de Yale.
Concernant la demande de pardon de Jesus pour les gens qui lui ont fait du mal, à quoi cela sert-il de demander pardon si Dieu n'est qu'amour et non colère et chatiment ? ;-)
Tu répondras si tu veux à la question dans un autre sujet, inshaAllah....
Voilà une vidéo sympa sur la lecture du Coran dans ta prétention de comprendre le Coran ;-)
Invité- Invité
Re: Bouddhisme et christianisme : éléments pour un dialogue interreligieux
Chacun tend naturellement à croire ce qu'il désir croire. Le Bouddha encourage à se défaire du désir, ainsi on voit les choses telles qu'elles sont, en vérité, sans crainte. Car se libérer du désir c'est aussi se libérer de la crainte. Quand on ne désir plus rien pour soi, on ne redoute plus de perdre quoi que ce soit. Et une fois libéré du désir et de la crainte on peut vraiment aider et aimer son prochain quel qu'il soit. C'est la sagesse du Bouddha dit-on.
L'ultime commandement de Jésus a ses disciples fut aussi de pratiquer l'amour inconditionnel. Jusqu'au sacrifice de soi pour les autres. Et il joignit l'acte la parole.
Invité- Invité
Re: Bouddhisme et christianisme : éléments pour un dialogue interreligieux
Madhyamaka a écrit:Chacun tend naturellement à croire ce qu'il désir croire. Le Bouddha encourage à se défaire du désir, ainsi on voit les choses telles qu'elles sont, en vérité, sans crainte. Car se libérer du désir c'est aussi se libérer de la crainte. Quand on ne désir plus rien pour soi, on ne redoute plus de perdre quoi que ce soit. Et une fois libéré du désir et de la crainte on peut vraiment aider et aimer son prochain quel qu'il soit. C'est la sagesse du Bouddha dit-on.L'ultime commandement de Jésus a ses disciples fut aussi de pratiquer l'amour inconditionnel. Jusqu'au sacrifice de soi pour les autres. Et il joignit l'acte la parole.
Oui, c'est une belle sagesse enseigné par le Bouddha : j'aurai aimé le rencontrer, ainsi que Jesus et Mohammed :-)
Concernant le noble Jesus, j'attends bientot son retour sur terre avec impatience.... ;-)
Invité- Invité
Re: Bouddhisme et christianisme : éléments pour un dialogue interreligieux
Je crois que si l'on accepte que Jésus et le Bouddha étaient vraiment des êtres exceptionnels, au delà de nos limitations à nous, tant sur le plan mental que physique, alors on peut parfaitement accepter l'image d'un Jésus et d'une Bouddha se donnant l’accolade. Chacun œuvrait (et œuvre peut être toujours - ça c'est une question de "foi" ou de "croyance" très personnelle) au fond à la même chose : soulager, dissiper la souffrance humaine.
Le péché originel pesait sur les épaules de tous les hommes, c'était une souffrance, Jésus par son sacrifice a ôté ce poids pour toujours. Le Bouddha prit conscience de l'omniprésent de "dukkha", de la souffrance, chez tous les êtres, et il sacrifia beaucoup de lui-même pour mettre fin a cette situation et finit par proposer une méthode pour y arriver tirée de sa propre expérience réussie.
Jésus et Bouddha disent tout les deux comment vivre en paix et en harmonie, heureux, en nous même et avec les autres et le cosmos. Quel que soit le nom que vous donniez au cosmos, à l'univers,"Dieu" par exemple. Les chrétiens l’appellent ainsi. Certains bouddhistes parlent de la vacuité ou de la Réalité Ultime. Les musulmans parlent d'Allah. Les hindoue de Brhama. Il y a aussi le Tao. Des mots, des désignations conventionnelles. Rien de plus.
En tout cas, pour rester dans le cadre du sujet, l'éthique bouddhique et l'éthique chrétienne sont pratiquement les mêmes, à savoir la façon dont les être humains doivent se traiter les uns les autres. L'amour, le respect (faire attention à ne pas blesser, le corps comme l'esprit), la patience, le pardon, la compréhension, l'acceptation de la diversité, la douceur, la prévenance. Eh oui, dans les Evangiles j'ai même découvert quelques lignes qui incitent à accepter la différence en matière de religion !
Je viens d'écouter une émission de radio sur le Bouddha et j'ai appris une chose que j'ignorais et qui rapproche encore Jésus et le Bouddha. Il est dit dans les Évangiles que Jésus lava les pieds de ses disciples, par humilité, pour bien faire comprendre qu'il était là pour être le serviteur de tous, même de ses propres disciples. Hors je viens d'apprendre que, dans sa communauté, lorsque qu'il y avait des moines malades ou trop vieux, le Bouddha se rendait en personne auprès d'eux, dans leur cabane, pour les soigner, les laver, les nourrir. Il est question aussi ici de dignité.
Il faut vraiment être un individu croulant sous les illusions et fausses conceptions pour croire que ces 2 hommes étaient foncièrement différents voir ennemis. Malheureusement il y en a. Quels malheureux fous...
Le péché originel pesait sur les épaules de tous les hommes, c'était une souffrance, Jésus par son sacrifice a ôté ce poids pour toujours. Le Bouddha prit conscience de l'omniprésent de "dukkha", de la souffrance, chez tous les êtres, et il sacrifia beaucoup de lui-même pour mettre fin a cette situation et finit par proposer une méthode pour y arriver tirée de sa propre expérience réussie.
Jésus et Bouddha disent tout les deux comment vivre en paix et en harmonie, heureux, en nous même et avec les autres et le cosmos. Quel que soit le nom que vous donniez au cosmos, à l'univers,"Dieu" par exemple. Les chrétiens l’appellent ainsi. Certains bouddhistes parlent de la vacuité ou de la Réalité Ultime. Les musulmans parlent d'Allah. Les hindoue de Brhama. Il y a aussi le Tao. Des mots, des désignations conventionnelles. Rien de plus.
En tout cas, pour rester dans le cadre du sujet, l'éthique bouddhique et l'éthique chrétienne sont pratiquement les mêmes, à savoir la façon dont les être humains doivent se traiter les uns les autres. L'amour, le respect (faire attention à ne pas blesser, le corps comme l'esprit), la patience, le pardon, la compréhension, l'acceptation de la diversité, la douceur, la prévenance. Eh oui, dans les Evangiles j'ai même découvert quelques lignes qui incitent à accepter la différence en matière de religion !
Je viens d'écouter une émission de radio sur le Bouddha et j'ai appris une chose que j'ignorais et qui rapproche encore Jésus et le Bouddha. Il est dit dans les Évangiles que Jésus lava les pieds de ses disciples, par humilité, pour bien faire comprendre qu'il était là pour être le serviteur de tous, même de ses propres disciples. Hors je viens d'apprendre que, dans sa communauté, lorsque qu'il y avait des moines malades ou trop vieux, le Bouddha se rendait en personne auprès d'eux, dans leur cabane, pour les soigner, les laver, les nourrir. Il est question aussi ici de dignité.
Il faut vraiment être un individu croulant sous les illusions et fausses conceptions pour croire que ces 2 hommes étaient foncièrement différents voir ennemis. Malheureusement il y en a. Quels malheureux fous...
Invité- Invité
Re: Bouddhisme et christianisme : éléments pour un dialogue interreligieux
Madhyamaka a écrit:Je crois que si l'on accepte que Jésus et le Bouddha étaient vraiment des êtres exceptionnels, au delà de nos limitations à nous, tant sur le plan mental que physique, alors on peut parfaitement accepter l'image d'un Jésus et d'une Bouddha se donnant l’accolade. Chacun œuvrait (et œuvre peut être toujours - ça c'est une question de "foi" ou de "croyance" très personnelle) au fond à la même chose : soulager, dissiper la souffrance humaine.
Le péché originel pesait sur les épaules de tous les hommes, c'était une souffrance, Jésus par son sacrifice a ôté ce poids pour toujours. Le Bouddha prit conscience de l'omniprésent de "dukkha", de la souffrance, chez tous les êtres, et il sacrifia beaucoup de lui-même pour mettre fin a cette situation et finit par proposer une méthode pour y arriver tirée de sa propre expérience réussie.
Jésus et Bouddha disent tout les deux comment vivre en paix et en harmonie, heureux, en nous même et avec les autres et le cosmos. Quel que soit le nom que vous donniez au cosmos, à l'univers,"Dieu" par exemple. Les chrétiens l’appellent ainsi. Certains bouddhistes parlent de la vacuité ou de la Réalité Ultime. Les musulmans parlent d'Allah. Les hindoue de Brhama. Il y a aussi le Tao. Des mots, des désignations conventionnelles. Rien de plus.
En tout cas, pour rester dans le cadre du sujet, l'éthique bouddhique et l'éthique chrétienne sont pratiquement les mêmes, à savoir la façon dont les être humains doivent se traiter les uns les autres. L'amour, le respect (faire attention à ne pas blesser, le corps comme l'esprit), la patience, le pardon, la compréhension, l'acceptation de la diversité, la douceur, la prévenance. Eh oui, dans les Evangiles j'ai même découvert quelques lignes qui incitent à accepter la différence en matière de religion !
Je viens d'écouter une émission de radio sur le Bouddha et j'ai appris une chose que j'ignorais et qui rapproche encore Jésus et le Bouddha. Il est dit dans les Évangiles que Jésus lava les pieds de ses disciples, par humilité, pour bien faire comprendre qu'il était là pour être le serviteur de tous, même de ses propres disciples. Hors je viens d'apprendre que, dans sa communauté, lorsque qu'il y avait des moines malades ou trop vieux, le Bouddha se rendait en personne auprès d'eux, dans leur cabane, pour les soigner, les laver, les nourrir. Il est question aussi ici de dignité.
Il faut vraiment être un individu croulant sous les illusions et fausses conceptions pour croire que ces 2 hommes étaient foncièrement différents voir ennemis. Malheureusement il y en a. Quels malheureux fous...
Ta dernière phrase est criante de vérité, mon ami :-)
Une anecdote de l'Islam : le prophète Mohammed (sws) remarqua que son voisin juif lui déposa chaque matin devant sa porte des poubelles et chaque matin, le prophète prenait les poubelles du voisin avec ses poubelles pour les jeter. Un matin, il ne trouva pas les poubelles devant sa porte. Alors il alla voir son voisin juif et apprit qu'il était malade.
Il alla au chevet de son voisin malade pour prendre de ses nouvelles.
Le malade juif s'en trouva surpris et demanda au prophète pourquoi il venait prendre de ses nouvelles alors qu'il déposait chaque matin ses poubelles devant la porte de la maison du prophète.
Le prophète lui dit que Dieu aime le bon voisinage et qu'il faut se soucier de son voisin et le visiter quand il tombe malade.
Devant cette marque de compassion, cet homme embrassa l'Islam.
Oui, l'amour et la compassion sont des vérités de Dieu dans l'Islam.
J'ai raconté cette histoire car je te rejoins sur le fait qu'aujourd'hui, bcp croulent dans le mensonge et l'égocentrisme en pensant détenir l'absolu vérité de leur religion....
Invité- Invité
Re: Bouddhisme et christianisme : éléments pour un dialogue interreligieux
Belle histoire, peut-être un peu trop. J'aimerais bien avoir les références. Un hadith ? Sahih ?musulman79 a écrit:Une anecdote de l'Islam : le prophète Mohammed (sws) remarqua que son voisin juif lui déposa chaque matin devant sa porte des poubelles et chaque matin, le prophète prenait les poubelles du voisin avec ses poubelles pour les jeter. Un matin, il ne trouva pas les poubelles devant sa porte. Alors il alla voir son voisin juif et apprit qu'il était malade.
Il alla au chevet de son voisin malade pour prendre de ses nouvelles.
Le malade juif s'en trouva surpris et demanda au prophète pourquoi il venait prendre de ses nouvelles alors qu'il déposait chaque matin ses poubelles devant la porte de la maison du prophète.
Le prophète lui dit que Dieu aime le bon voisinage et qu'il faut se soucier de son voisin et le visiter quand il tombe malade.
Devant cette marque de compassion, cet homme embrassa l'Islam.
Re: Bouddhisme et christianisme : éléments pour un dialogue interreligieux
Spin a écrit:Belle histoire, peut-être un peu trop. J'aimerais bien avoir les références. Un hadith ? Sahih ?musulman79 a écrit:Une anecdote de l'Islam : le prophète Mohammed (sws) remarqua que son voisin juif lui déposa chaque matin devant sa porte des poubelles et chaque matin, le prophète prenait les poubelles du voisin avec ses poubelles pour les jeter. Un matin, il ne trouva pas les poubelles devant sa porte. Alors il alla voir son voisin juif et apprit qu'il était malade.
Il alla au chevet de son voisin malade pour prendre de ses nouvelles.
Le malade juif s'en trouva surpris et demanda au prophète pourquoi il venait prendre de ses nouvelles alors qu'il déposait chaque matin ses poubelles devant la porte de la maison du prophète.
Le prophète lui dit que Dieu aime le bon voisinage et qu'il faut se soucier de son voisin et le visiter quand il tombe malade.
Devant cette marque de compassion, cet homme embrassa l'Islam.
Etudie l'histoire de l'Islam, enfin pas la version européenne.... ;-)
Invité- Invité
Re: Bouddhisme et christianisme : éléments pour un dialogue interreligieux
Cela ne répond pas à la question. On appelle cela "botter en touche" il me semble. J'y ai déjà eu droit aussi comme Spin sur un autre point de votre part. C'est dommage car en refusant de répondre directement, cela conforte la personne qui pose la question dans l'idée que la référence est douteuse (et donc porte tort a vous même - votre crédibilité - et a celle de votre foi - puisque vous en êtes le représentant). Si celle-ci (la référence) est claire et connue il n'y a aucun problème à la fournir.
Si l'on est pas certain de sa référence, on le dit aussi, c'est plus honnête.
Si l'on est pas certain de sa référence, on le dit aussi, c'est plus honnête.
J'analyse rien de plus.
Il y a tout un tas de faits attribués au Bouddha qui relèvent probablement de la légende, de l'invention, c'est admis. De même il y a eu malheureusement des égarements et "dérapages" dans l'histoire du bouddhisme, c'est un fait. Historiquement connu. Il y en a encore. C'est triste mais mieux vaut l'accepter. Mieux vaut accepter la "part d'ombre" et les "erreurs" qui ont pu être faites dans l'histoire de sa spiritualité. Je trouve que fasse à un public qui ne partage pas cette spiritualité on gagne en respectabilité, on montre que l'on est objectif et conscient de imperfection de l'histoire de sa spiritualité et de ceux qui l'on pratiqué, on est humble et lucide, cela ne peut qu'inspirer confiance à ceux qui ne partage pas cette spiritualité.
Vous rappelez parfois que concernant l'Islam les "préjugés on la vie dure" dans ce cas précis vous les alimentez plutôt que de les dissiper.
C'est mon avis.
Il y a tout un tas de faits attribués au Bouddha qui relèvent probablement de la légende, de l'invention, c'est admis. De même il y a eu malheureusement des égarements et "dérapages" dans l'histoire du bouddhisme, c'est un fait. Historiquement connu. Il y en a encore. C'est triste mais mieux vaut l'accepter. Mieux vaut accepter la "part d'ombre" et les "erreurs" qui ont pu être faites dans l'histoire de sa spiritualité. Je trouve que fasse à un public qui ne partage pas cette spiritualité on gagne en respectabilité, on montre que l'on est objectif et conscient de imperfection de l'histoire de sa spiritualité et de ceux qui l'on pratiqué, on est humble et lucide, cela ne peut qu'inspirer confiance à ceux qui ne partage pas cette spiritualité.
Vous rappelez parfois que concernant l'Islam les "préjugés on la vie dure" dans ce cas précis vous les alimentez plutôt que de les dissiper.
C'est mon avis.
De plus nous sommes sur un file consacré aux rapports entre le bouddhisme et le christianisme. Et nous devions vers l'Islam. Je pense avoir encore quelques pages sur les rapports entre l'Islam et le bouddhisme je vais les publier. Cela satisfera peut être.
Invité- Invité
Re: Bouddhisme et christianisme : éléments pour un dialogue interreligieux
Pardon ? La Sira, c'est la version européenne ? At-Tabari, c'est la version européenne ? Bukhari, c'est la version européenne ? Enfin, je n'en ai pas tout lu mais si ça y est quelque part tu devrais pouvoir donner la référence.musulman79 a écrit:Etudie l'histoire de l'Islam, enfin pas la version européenne.... ;-)
Les traductions européennes récentes du Coran sont plutôt édulcorées. Pourquoi aurait-on omis les aspects les plus sympathiques de la vie du Prophète ?
Re: Bouddhisme et christianisme : éléments pour un dialogue interreligieux
Messieurs, si vous souhaitez poursuivre pourriez vous le faire ailleurs ? Merci
Vous êtes hors sujet.
Vous êtes hors sujet.
Invité- Invité
Re: Bouddhisme et christianisme : éléments pour un dialogue interreligieux
Désolé, je n'aurais pas placé ma précédente contribution si j'avais vu celle-là qui suffisait à répondre.Madhyamaka a écrit:Il y a tout un tas de faits attribués au Bouddha qui relèvent probablement de la légende, de l'invention, c'est admis. De même il y a eu malheureusement des égarements et "dérapages" dans l'histoire du bouddhisme, c'est un fait. Historiquement connu. Il y en a encore. C'est triste mais mieux vaut l'accepter. Mieux vaut accepter la "part d'ombre" et les "erreurs" qui ont pu être faites dans l'histoire de sa spiritualité. Je trouve que fasse à un public qui ne partage pas cette spiritualité on gagne en respectabilité.
Le dialogue inter religieux est un art difficile dès lors qu'on cherche à approfondir. Il y a deux écueils, tomber dans le relativisme (tout vaut tout et réciproquement) et se cramponner à l'idée que sa religion est la seule valable. J'ai vu il y a quelques années l'histoire d'un théologien catho qui s'est fait excommunier pour avoir, dans un tel dialogue (justement avec des bouddhistes), concédé que sa religion n'est pas forcément la seule valable... la valse-hésitation (ou les tiraillements internes) de l'Eglise Catholique entre raidissement et ouverture n'aide pas ses fidèles à discuter avec d'autres. Je ne sais pas ce qu'il en est côté bouddhiste.
Re: Bouddhisme et christianisme : éléments pour un dialogue interreligieux
Je ne suis pas sûre de bien comprendre l'idée derrière votre paragraphe. J'ai du mal à la cerner.
2 choses peuvent être mentionnées.
Il y a une émission du dimanche matin, Sagesses Bouddhistes, qui parle surtout du bouddhisme mais parfois il y a des invités non bouddhistes, et on y parle parfois de l'importance du dialogue interreligieux. Dans une de ces émissions a été invité un frère chrétien (un moine) qui pratique zazen depuis un moment déjà et exprimait le fait que la pratique de zazen avait régénéré sa propre pratique de prière. Il y avait gagné dans sa propre foi mais quand on lui a demandé ce qu'en pensait sa hiérarchie, il a indiqué qu'il y avait de l'incompréhension et que parfois sa démarche n'était guère bien vue.
De plus il y une autre chose importante à souligner c'est le fait que, pour les chrétiens, catholiques en l’occurrence, il n'y a qu'un seul interlocuteur : le Pape. C'est lui qui dit le dogme. Hors il n'y a pas de "pape" du bouddhisme, il y même "des" bouddhisme(s). Et les différents courants ne sont bien évidemment pas d'accord sur tout. Les dissensions sont apparues très rapidement après la mort du Bouddha historique... comme dans beaucoup d'autres traditions spirituelles (il y a eu aussi 6 conciles bouddhiques au fil du temps pour balayer des hérésie et formaliser la doctrine par l'écrit, vu que, comme Jésus, le Bouddha n'écrivit rien). Toutefois, le ou les bouddhismes disposent d'une grande souplesse et d'une capacité d'adaptation importante, surtout le courant Mahayana, vis à vis des religions locales préexistantes. C'est pourquoi vous avez des pratiques aussi variées que le bouddhisme dévot de la Terre Pure, l'ascèse du zen ou l'ésotérisme du bouddhisme tibétain.
Donc vous n'avez pas d'interlocuteur unique dans le bouddhisme, vous aurez donc probablement des sons de cloche différents en fonction des interlocuteurs. Le plus en vu est le Dalaï Lama mais pour des raisons politiques (il défend les intérêts de son pays) et il ne représente que le courant tibétain et encore pas forcément tous les courants tibétains (ce serait à vérifier).
Même si en théorie le Dalaï Lama a une dimension "surnaturelle" qui fait de lui une référence en matière de compassion (bien que lui évidemment se défende de tout supériorité de sa personne !).
On peut le considérer comme une "émanation/manifestation" du Boddhisatva de la Compassion Avalokiteshvara, que les tibétains appellent Chenrezig. Une sorte de "manifestation" d'un des "saints" les plus sacrés du bouddhisme en général. C'est mal exprimé du point de vue bouddhique mais j'essais d'employer des concepts qui aient du sens pour un chrétien. D'ailleurs les occidentaux l'appellent "Sa Sainteté" le Dalaï Lama (faute de savoir comment l'exprimer autrement). Lui même reconnait humblement qu'il est tout sauf parfait ! Toutefois... quand on est bouddhiste, tout courant confondu, je crois qu'il est bon d'écouter ce qu'il dit, avec attention. Non pour le suivre aveuglement évidemment.
C'est un interlocuteur clairement identifié en tout cas.
Le moine zen vietnamien Thich Nhat Hanh qui vit en France depuis longtemps dialogue beaucoup avec les chrétiens, mais son ordre est vraiment très particulier et je crois fait grincer des dents même certains bouddhistes. Un moine zen qui considère aussi Jésus comme un de ses propres ancêtre spirituel et qui a une représentation de Jésus sur sa table de chevet cela peut paraître curieux...
2 choses peuvent être mentionnées.
Il y a une émission du dimanche matin, Sagesses Bouddhistes, qui parle surtout du bouddhisme mais parfois il y a des invités non bouddhistes, et on y parle parfois de l'importance du dialogue interreligieux. Dans une de ces émissions a été invité un frère chrétien (un moine) qui pratique zazen depuis un moment déjà et exprimait le fait que la pratique de zazen avait régénéré sa propre pratique de prière. Il y avait gagné dans sa propre foi mais quand on lui a demandé ce qu'en pensait sa hiérarchie, il a indiqué qu'il y avait de l'incompréhension et que parfois sa démarche n'était guère bien vue.
De plus il y une autre chose importante à souligner c'est le fait que, pour les chrétiens, catholiques en l’occurrence, il n'y a qu'un seul interlocuteur : le Pape. C'est lui qui dit le dogme. Hors il n'y a pas de "pape" du bouddhisme, il y même "des" bouddhisme(s). Et les différents courants ne sont bien évidemment pas d'accord sur tout. Les dissensions sont apparues très rapidement après la mort du Bouddha historique... comme dans beaucoup d'autres traditions spirituelles (il y a eu aussi 6 conciles bouddhiques au fil du temps pour balayer des hérésie et formaliser la doctrine par l'écrit, vu que, comme Jésus, le Bouddha n'écrivit rien). Toutefois, le ou les bouddhismes disposent d'une grande souplesse et d'une capacité d'adaptation importante, surtout le courant Mahayana, vis à vis des religions locales préexistantes. C'est pourquoi vous avez des pratiques aussi variées que le bouddhisme dévot de la Terre Pure, l'ascèse du zen ou l'ésotérisme du bouddhisme tibétain.
Donc vous n'avez pas d'interlocuteur unique dans le bouddhisme, vous aurez donc probablement des sons de cloche différents en fonction des interlocuteurs. Le plus en vu est le Dalaï Lama mais pour des raisons politiques (il défend les intérêts de son pays) et il ne représente que le courant tibétain et encore pas forcément tous les courants tibétains (ce serait à vérifier).
Même si en théorie le Dalaï Lama a une dimension "surnaturelle" qui fait de lui une référence en matière de compassion (bien que lui évidemment se défende de tout supériorité de sa personne !).
On peut le considérer comme une "émanation/manifestation" du Boddhisatva de la Compassion Avalokiteshvara, que les tibétains appellent Chenrezig. Une sorte de "manifestation" d'un des "saints" les plus sacrés du bouddhisme en général. C'est mal exprimé du point de vue bouddhique mais j'essais d'employer des concepts qui aient du sens pour un chrétien. D'ailleurs les occidentaux l'appellent "Sa Sainteté" le Dalaï Lama (faute de savoir comment l'exprimer autrement). Lui même reconnait humblement qu'il est tout sauf parfait ! Toutefois... quand on est bouddhiste, tout courant confondu, je crois qu'il est bon d'écouter ce qu'il dit, avec attention. Non pour le suivre aveuglement évidemment.
C'est un interlocuteur clairement identifié en tout cas.
Le moine zen vietnamien Thich Nhat Hanh qui vit en France depuis longtemps dialogue beaucoup avec les chrétiens, mais son ordre est vraiment très particulier et je crois fait grincer des dents même certains bouddhistes. Un moine zen qui considère aussi Jésus comme un de ses propres ancêtre spirituel et qui a une représentation de Jésus sur sa table de chevet cela peut paraître curieux...
Invité- Invité
Re: Bouddhisme et christianisme : éléments pour un dialogue interreligieux
Madhyamaka a écrit:Chacun tend naturellement à croire ce qu'il désir croire. Le Bouddha encourage à se défaire du désir, ainsi on voit les choses telles qu'elles sont, en vérité, sans crainte. Car se libérer du désir c'est aussi se libérer de la crainte. Quand on ne désir plus rien pour soi, on ne redoute plus de perdre quoi que ce soit. Et une fois libéré du désir et de la crainte on peut vraiment aider et aimer son prochain quel qu'il soit. C'est la sagesse du Bouddha dit-on.L'ultime commandement de Jésus a ses disciples fut aussi de pratiquer l'amour inconditionnel. Jusqu'au sacrifice de soi pour les autres. Et il joignit l'acte la parole.
Sommes-nous maitre ou esclave de nos desirs ??
Je suis content qu'un chretien se décide enfin à parler avec toi, mon frère boudhiste :-)
Il suffit juste de semer un peu d'Islam sur un sujet et le tour est joué.... ;-)
Invité- Invité
Re: Bouddhisme et christianisme : éléments pour un dialogue interreligieux
Sommes-nous maître ou esclave de nos desirs ??
Dans une perspective bouddhiste vous voulez dire ?
Je suis content qu'un chretien se décide enfin à parler avec toi, mon frère boudhiste :-)
Il suffit juste de semer un peu d'Islam sur un sujet et le tour est joué.... ;-)
Je crains que vous soyez mal informé, Spin n'est pas le premier chrétien à échanger ici avec moi. Dans ce cas je ne suis pas certain que la conclusion que vous en tiriez quand au rôle de l'Islam soit correcte.
Nulle n'est forcé de dialoguer avec moi. Je suis parfaitement conscient d'être dans un élément ici et un forum ou un bouddhiste n'est pas entièrement à sa place - et peut même déranger (je n'ai toutefois pas eu de plaintes pour le moment - ce qui est bon). Toutefois, j'ai des raisons personnelles et constructives d'être ici et dans ces raisons je suis les recommandations justement du maître zen que j'écoute avec le plus d'attention. Vous seriez étonné de voir ce qu'il y a en ce moment sur ma table de chevet. Cela me donne une idée d'ailleurs, il faudrait que je trouve aussi une grande figure de l'Islam, passée ou présente, soufi peut être, que je trouverais inspirante. Cela m'aiderait aussi dans ma pratique. Vous voyez, sur un registre inattendu vous m'aider à quelque chose.
Après si il n'y a pas forcément beaucoup de retour à ce que j'exprime, primo je n'ai pas à m'en sentir chagriné ou vexé, après tout c'est mon problème non celui des autres participants, secondo l'éventuel silence des éventuels interlocuteurs est une indication pour moi du fait que je dois encore faire des efforts et que pour le moment je ne dis pas encore ce qu'il faudrait dire et n'aborde pas les sujets qui seraient susceptibles d'attirer des intervenants. Eh puis chacun a sa vie, j'ai du temps libre en ce moment, tout le monde n'a pas chaque jour des heures entières à consacrées à la discussion sur un forum !
Il y a 2 conseils que j'ai lu au fur et à mesure de mon apprentissage (qui continue toujours et qui continuera jusqu'a ma fin j'espère bien !) et que je trouve très salutaires :
- 1) Traite tous ceux qui te font voir tes défauts comme si ils te montraient un trésor.
- 2) Considérer que tous les autres êtres autour de nous sont déjà des bouddhas, que moi seul ne le suis pas encore, et que tous, à leur façon, essaient de me guider vers l'Eveil et que c'est donc à moi de faire l'effort pour comprendre ce qu'ils veulent me dire, et si je n'y arrive pas, c'est à moi de travailler sur moi, non aux autres de changer. (Vous aussi Musulman79 vous y participez à votre façon, inconsciemment je pense, je doute que vous vous considériez comme un bouddha vous même XD !) Mais je peux toujours tirer des leçons de tout ce que vous dites, c'est à moi de tirez les bonnes, mais il y a nécessairement des choses profitables pour moi dans ce que vous dites à l'intérieur de ma propre pratique - si je vois les choses ainsi alors je me protège de tout sentiment hostile à votre égard quoi que vous puissiez écrire- ce qui est une très bonne chose pour moi !).
Dans une perspective bouddhiste vous voulez dire ?
Je suis content qu'un chretien se décide enfin à parler avec toi, mon frère boudhiste :-)
Il suffit juste de semer un peu d'Islam sur un sujet et le tour est joué.... ;-)
Je crains que vous soyez mal informé, Spin n'est pas le premier chrétien à échanger ici avec moi. Dans ce cas je ne suis pas certain que la conclusion que vous en tiriez quand au rôle de l'Islam soit correcte.
Nulle n'est forcé de dialoguer avec moi. Je suis parfaitement conscient d'être dans un élément ici et un forum ou un bouddhiste n'est pas entièrement à sa place - et peut même déranger (je n'ai toutefois pas eu de plaintes pour le moment - ce qui est bon). Toutefois, j'ai des raisons personnelles et constructives d'être ici et dans ces raisons je suis les recommandations justement du maître zen que j'écoute avec le plus d'attention. Vous seriez étonné de voir ce qu'il y a en ce moment sur ma table de chevet. Cela me donne une idée d'ailleurs, il faudrait que je trouve aussi une grande figure de l'Islam, passée ou présente, soufi peut être, que je trouverais inspirante. Cela m'aiderait aussi dans ma pratique. Vous voyez, sur un registre inattendu vous m'aider à quelque chose.
Après si il n'y a pas forcément beaucoup de retour à ce que j'exprime, primo je n'ai pas à m'en sentir chagriné ou vexé, après tout c'est mon problème non celui des autres participants, secondo l'éventuel silence des éventuels interlocuteurs est une indication pour moi du fait que je dois encore faire des efforts et que pour le moment je ne dis pas encore ce qu'il faudrait dire et n'aborde pas les sujets qui seraient susceptibles d'attirer des intervenants. Eh puis chacun a sa vie, j'ai du temps libre en ce moment, tout le monde n'a pas chaque jour des heures entières à consacrées à la discussion sur un forum !
Il y a 2 conseils que j'ai lu au fur et à mesure de mon apprentissage (qui continue toujours et qui continuera jusqu'a ma fin j'espère bien !) et que je trouve très salutaires :
- 1) Traite tous ceux qui te font voir tes défauts comme si ils te montraient un trésor.
- 2) Considérer que tous les autres êtres autour de nous sont déjà des bouddhas, que moi seul ne le suis pas encore, et que tous, à leur façon, essaient de me guider vers l'Eveil et que c'est donc à moi de faire l'effort pour comprendre ce qu'ils veulent me dire, et si je n'y arrive pas, c'est à moi de travailler sur moi, non aux autres de changer. (Vous aussi Musulman79 vous y participez à votre façon, inconsciemment je pense, je doute que vous vous considériez comme un bouddha vous même XD !) Mais je peux toujours tirer des leçons de tout ce que vous dites, c'est à moi de tirez les bonnes, mais il y a nécessairement des choses profitables pour moi dans ce que vous dites à l'intérieur de ma propre pratique - si je vois les choses ainsi alors je me protège de tout sentiment hostile à votre égard quoi que vous puissiez écrire- ce qui est une très bonne chose pour moi !).
C'est pour cela que j'essais de comprendre le font de votre pensée sur certains sujets. Même si vous reconnaissez avoir une perception hétérodoxe de l'Islam.
Avoir aussi des échanges avec une personne plus "orthodoxe" dans sa conception de l'Islam serait aussi un bien.
Invité- Invité
Re: Bouddhisme et christianisme : éléments pour un dialogue interreligieux
Article de Anfré Bareau :
(J'ai essayé de trouvé une contrepartie : regard des chrétiens sur Jésus, et je n'ai rien trouvé de sérieux, d'accessible (sans payer) et d'utile, mais il y a peut être, donc si vous trouvez, n'hésitez pas). Par contre des récits de conversion du bouddhisme vers le christianisme on en manque pas... Bon, il y a bien les conclusions du concile Vatican II mais ce ne sont que quelques lignes, ça date en plus.
(J'ai essayé de trouvé une contrepartie : regard des chrétiens sur Jésus, et je n'ai rien trouvé de sérieux, d'accessible (sans payer) et d'utile, mais il y a peut être, donc si vous trouvez, n'hésitez pas). Par contre des récits de conversion du bouddhisme vers le christianisme on en manque pas... Bon, il y a bien les conclusions du concile Vatican II mais ce ne sont que quelques lignes, ça date en plus.
REGARD DES BOUDDHISTES SUR JESUS
André Bareau
(Centre culturel luthérien, Paris 11 Décembre 1984 )
André Bareau
(Centre culturel luthérien, Paris 11 Décembre 1984 )
D'abord qui est André Bareau (enfin était il est décédé) :
André Bareau, né le 31 décembre 1921 et mort le 2 mars 1993, est un orientaliste français, historien du bouddhisme1. Natif de Saint-Mandé, comme Alexandra David-Néel et Paul Pelliot, il devient instituteur sous l'Occupation. Sa passion pour la philosophie indienne lui fait étudier le sanskrit et le pāli et, par la suite, le chinois et le tibétain pour son approche historique du bouddhisme. Docteur ès lettres, il est professeur au Collège de France de 1971 à 1991 et directeur d'études de philologie bouddhique à l'École pratique des hautes études.
André Bareau, né le 31 décembre 1921 et mort le 2 mars 1993, est un orientaliste français, historien du bouddhisme1. Natif de Saint-Mandé, comme Alexandra David-Néel et Paul Pelliot, il devient instituteur sous l'Occupation. Sa passion pour la philosophie indienne lui fait étudier le sanskrit et le pāli et, par la suite, le chinois et le tibétain pour son approche historique du bouddhisme. Docteur ès lettres, il est professeur au Collège de France de 1971 à 1991 et directeur d'études de philologie bouddhique à l'École pratique des hautes études.
Avertissement personnel : rappelez vous bien, le regard présenté ici diffère forcement de celui que porte les chrétiens ou les juif ou musulmans, et il y a possiblement des lignes ci-dessous qui ne seront pas conformes à ce regard. (j'ai posté ce texte pour faire suite à un échange sur un autre fil).
Comme c'est un texte assez long je le mets en spoil pour la lisibilité : - Le texte :
- "Regards des bouddhistes sur Jésus" : voilà certes un sujet fort intéressant, mais qui présente quelques sérieuses difficultés. Tout d'abord, le bouddhisme est sans doute, de toutes les grandes religions du monde, celle qui est le plus éloignée du christianisme par sa doctrine fondamentale et par d'autres traits importants, bien qu'il en soit, ou en semble, en revanche très proche par d'autres. Ensuite, à cause de l'extrême diversité des formes qu'il a prises au cours du temps et de son extension géographique, par suite de sa grande souplesse d'adaptation aux civilisations et aux mentalités fort variées des peuples chez lesquels il s'est introduit, ses "regards sur Jésus" peuvent être très différents les uns des autres. Enfin, si nous possédons un assez grand nombre d'informations sur la façon dont les bouddhistes, surtout ceux d'aujourd'hui, considèrent le christianisme, bien plus rares au contraire sont les renseignements relatifs à leurs opinions sur la personne de Jésus.
Avant d'examiner ces derniers documents pour savoir comment les adeptes du bouddhisme voient effectivement le fondateur du christianisme, il m'a paru bon d'étudier la façon dont ils devraient le voir en théorie, en la déduisant de la doctrine fondamentale enseignée par les anciens textes canoniques du bouddhisme, vieux de plus de vingt siècles.
Comme vous le savez sans doute, le bouddhisme est une religion qui présente la fort étrange particularité, difficile à comprendre pour nos esprits occidentaux, de nier, de réfuter même l'existence d'un Dieu unique, éternel, omnipotent, créateur de tout ce qui existe et souverain de tous les êtres qui peuplent l'univers, et aussi de nier l'existence de tout principe personnel éternel, analogue à ce que nous nommons l'âme. C'est du reste la négation de ce principe personnel qui les conduit logiquement à nier celle de Dieu tel que nous le concevons.
Entendons-nous bien : le bouddhisme n'a jamais nié l'existence des dieux, bien au contraire il reconnaît celle de myriades de dieux, de millions de divinités de toutes sortes, grandes et petites, célestes et terrestres, les unes sublimement éthérées, purs esprits ou possédant un corps fait de lumière et se nourrissant uniquement de joie, les autres doués d'un corps de matière plus grossière mais invisible aux hommes ordinaires, les uns et les autres incomparablement plus puissants que ces derniers car disposant de multiples pouvoirs prodigieux. Chacun de ces êtres divins, cependant, si élevé soit-il dans la hiérarchie divine, si immensément puissant soit-il, est limité aussi bien dans la durée de sa vie que dans ses pouvoirs. Chacun d'eux naît, apparaissant soudain parmi les dieux, vit ensuite une très longue existence, qui peut durer des milliards d'années car les Indiens ont toujours compté très large quand ils ont pu donner libre cours à leur fertile imagination, cette vie sera parfaitement heureuse, exempte de toute douleur, de toute peine, de tout souci, elle ne sera sujette ni à la maladie ni à la mort comme celle des autres êtres, humains ou non, mais elle aura nécessairement une fin, comme tout ce qui existe et qui a eu naturellement un commencement, une naissance. Un jour, donc ce dieu mourra, disparaîtra soudain, sans aucune souffrance ni angoisse, et il renaîtra comme n'importe quel être vivant après sa mort, soit comme dieu, soit comme homme, soit comme animal, soit même comme damné, en conséquence automatique et inéluctable de la valeur morale de ses actes passés. N'étant pas éternel, ayant eu une naissance et étant voué à la mort comme tous les êtres vivants, ce dieu ne peut évidemment pas être le créateur de l'univers ni de ses habitants. Possédant des pouvoirs limités si immensément étendus et divers soit-ils, il ne peut donc être le souverain de tout ce qui existe, êtres et choses.
Niant l'existence de Dieu, au sens où nous l'entendons dans l'Occident chrétien, les bouddhistes nient en conséquence la divinité de Jésus. Tel que l'histoire le connaît, Jésus ne fut donc qu'un homme à leurs yeux. Cependant, étant donné les insignes vertus dont il a fait preuve, il y a tout lieu de penser qu'il est ensuite rené parmi les dieux par le simple jeu de la rétribution, de la "maturation" de ses bonnes actions. En somme, dans l'optique bouddhique, l'homme que fut Jésus est très probablement devenu, après sa mort, un dieu, c'est-à-dire un être surhumain d'une certaine catégorie bien définie en elle-même par sa nature, par ses pouvoirs, par la durée de sa vie, pas ses activités, qui peuvent être pure contemplation de la vérité, ou méditation d'approche de celle-ci, ou simple jouissance de la félicité divine sous ses divers aspects, sensuels ou spirituels, ou encore surveillance des actions humaines. Quand ce Jésus devenu ainsi un dieu mourra, dans un avenir plus ou moins lointain selon la place qu'il occupe à présent dans la hiérarchie divine, il renaîtra à nouveau, comme il l'a déjà fait d'innombrables fois dans le passé. Il est fort possible qu'il revienne alors parmi les dieux ou parmi les hommes en conséquence de ses vertus et des bonnes actions qu'elles ont produites, qu'il échappe donc aux mauvaises destinées dans lesquelles tombent inexorablement les méchants et les avides, les destinées des animaux, des revenants perpétuellement affamés et des damnés. Autrement dit, dans sa prochaine existence, Jésus pourra conserver sa nature divine, au sens où le bouddhisme conçoit celle-ci ou renaître homme, et dans ce cas apparaître et agir comme le Messie, toutefois dans les limites que la doctrine bouddhique peut accorder à un tel rôle. Ainsi donc, le bouddhisme ne refuse pas plus de reconnaître la divinité de Jésus dans un certain sens que son humanité, à ceci près que ces deux natures ne peuvent aucunement coexister mais doivent se succéder dans le temps.
Si, comme les bouddhistes peuvent aisément l'admettre, l'homme que fut Jésus il y a près de vingt siècles est devenu un dieu il a tout à fait droit aux égards, à la dévotion et au culte dus par les hommes aux êtres divins quels qu'ils soient, ne serait-il qu'en raison des nombreuses et admirables bonnes actions accomplies par les dieux dans leurs vies antérieures, ce dont leur nature divine porte un éclatant témoignage. En outre, comme le culte chrétien n'exige pas plus de sacrifice sanglant, de meurtre d'animal, que le culte bouddhique, ce qui serait contraire à l'un des commandements fondamentaux communs à la morale de ces deux religions, les adeptes du Bouddha ne peuvent donc rien reprocher à ceux du Christ lorsque ces derniers manifestent leur dévotion à leur maître et seigneur. Mieux, même, rien n'empêche un bouddhiste de s'associer au culte de Jésus comme il participe effectivement à celui de diverses divinités plus ou moins apparentées à celles de l'hindouisme et dont les chapelles s'élèvent souvent dans l'enceinte des monastères bouddhistes eux-mêmes.
En effet, à l'inverse de ce qu'a fait le christianisme, né il est vrai dans des circonstances tout à fait différentes, non seulement le bouddhisme n'a jamais nié la divinité ou l'existence des innombrables dieux de l'Inde ancienne et des autres pays où il s'est répandu, mais il ne les a pas rabaissés au rang de démons, horribles et foncièrement méchants, incarnations de tous les vices. Au contraire, il les a convertis, même ceux que leur nature originelle rendait redoutables aux hommes, il les a enrôlés très vite dans les troupes de ses disciples. Mieux même, il en a fait des modèles offerts à ses propres fidèles laïcs, faute de pouvoir les proposer à ses moines parce que le bonheur sans faille dont jouissent les dieux les empêche de devenir ascètes, de se soumettre à la discipline stricte et austère qui peut seul mener rapidement à la Délivrance, au Nirvâna.
Très rares sont, dans le très riche et complexe panthéon reconnu par le bouddhisme, les êtres divins qui ont conservé un caractère irascible ou même vraiment hostile aux hommes. Ce sont , ou bien des divinités terrestres du degré le plus bas, petits génies locaux encore mal dégrossis, ou bien Mâra, la mort personnifiée, l'adversaire principal et acharné du Bouddha parce que celui-ci enseigne aux êtres la méthode qui leur permettra de s'affranchir définitivement de la mort, plus exactement des morts successives, consécutives aux renaissances. En réalité, Mâra est une figure allégorique, du reste propre au bouddhisme, et que la légende montre généralement plus ridicule que vraiment redoutable, même quand elle lance contre le Bienheureux sa terrifiante armée de démons née d'elle-même et que le Bouddha met en fuite d'une seule pensée.
Que les dieux soient donc, à de très rares exceptions près, des êtres bienveillants et dignes de vénération, cela s'explique très bien selon la doctrine bouddhique, car, si ces êtres sont devenus tels, s'ils jouissent de l'extraordinaire bonheur divin, c'est parce qu'ils l'ont mérité par les innombrables et admirables bonnes actions qu'ils ont accomplies durant leurs précédentes existences. Pour en revenir à notre sujet, si l'homme que fut Jésus est devenu un dieu comme tout porte à le croire dans l'optique propre au bouddhisme, il mérite donc pleinement la vénération et le culte des hommes, non seulement des chrétiens, mais aussi des bouddhistes et des adeptes des autres religions.
Que l'homme que fut Jésus, devenu un dieu, mérite par cela même tel respect, cela signifie-t-il pour les bouddhistes que l'enseignement qui fut le sien il y a deux mille ans et qui fut transmis à ses fidèles jusqu'à nos jours mérite la même considération ? Autrement dit, Jésus est-il aussi digne d'admiration pour les disciples du Bouddha, pour sa doctrine, le christianisme, que pour ses actes vertueux ? Certes oui dans la mesure où son enseignement fut en accord avec celui du Bienheureux, c'est-à-dire utile aux hommes, à leur progression sur la Voie de la Délivrance ou du moins en les conduisant à renaître chez les dieux ou chez les hommes et non pas dans les mauvaises destinées. Non, en revanche, parce que sa doctrine détourne ses fidèles de la Voie menant au Nirvâna, ou plus exactement les fait s'arrêter en chemin, se contentant de les faire renaître dans le paradis d'un certain dieu pour un temps limité, si immense soit-il, en leur donnant à croire qu'ils y resteront pendant l'éternité. En somme, l'enseignement de Jésus est destiné aux laïcs, à ceux qui visent seulement une vie future aussi agréable et longue que possible, tandis que celui du Bouddha s'adresse aux ascètes, à ceux qui, ayant compris la nature essentiellement impermanente, limitée dans le temps comme dans l'espace, de toutes choses, et notamment du bonheur divin, ne sauraient se contenter de celui-ci et qui sont résolus à aller jusqu'au Nirvâna à mettre un terme à toute renaissance, à toute existence, quelle qu'elle soit.
La morale enseignée par Jésus à ses disciples est quasiment identique à celle que le Bouddha préconise aux siens. Non seulement elles interdisent l'une et l'autre de commettre des crimes et des fautes graves ou minimes, meurtre, vol, adultère, luxure, mensonge, intempérance,etc. etc. ,mais elles incitent avec insistance à cultiver et pratiquer les vertus de bonté, de compassion, de patience, de charité, de pardon des offenses, de bien d'autres encore. Elles voient à juste titre, dans l'exercice de cette morale commune, le premier pas, absolument nécessaire mais insuffisant, sur la longue route menant au but qu'elles indiquent à leurs adeptes, au salut tel que leurs fondateurs respectifs les définissent, le paradis pour les chrétiens, le Nirvâna pour les bouddhistes. En somme, en prêchant la même morale et en faisant de celle-ci la première de leurs obligations, Jésus et Bouddha exhortent leurs disciples à suivre d'abord un même chemin, un chemin assez long et difficile pour la plupart des hommes mais qu'il est indispensable de parcourir comme préparation à la suite, aux exercices spirituels ou assimilés qui conduiront enfin au but désigné.
Pour le reste, l'enseignement de Jésus diffère grandement de celui du Bouddha. Du point de vue de ce dernier, il est erroné, non conforme à la réalité, aux saintes Vérités auxquelles l'ascète Gautama s'est "éveillé", car tel est le sens propre du mot "bouddha". Par conséquent, si la doctrine chrétienne, par l'observation de sa morale élevée, conduit ses adeptes à renaître chez un dieu, elle empêche d'aller plus loin, jusqu'à la délivrance des transmigrations, au Nirvâna, car elle leur fait croire, à tort selon le Bouddha, que le bonheur divin est le but suprême. Si donc, en tant que guide des hommes vers une heureuse destinée, Jésus est, aux yeux des bouddhistes, admirable et vénérable pour l'enseignement de sa morale, il ne l'est pas en ce qu'il fourvoie ses disciples par une doctrnie erronée. Celle-ci l'est en effet, pensent les adeptes du Bouddha parce qu'elle est fondée sur la croyance en un Dieu unique, éternel et créateur de tout ce qui existe, et en une âme elle aussi éternelle, présente au fond de chaque homme. Elle est erronée en ce qu'elle ne reconnaît pas la nature essentiellement impermanente, vide de tout principe personnel, et par conséquent vouée au malheur, à la peine et à la souffrance, de chaque être. Elle l'est encore en ce qu'elle exhorte les fidèles à développer une dévotion envers son dieu et un amour envers les êtres humains qui ont tous les deux une nature passionnée, alors que le Bouddha dénonce la passion sous toutes ses formes comme étant un obstacle majeur à la délivrance et recommande au contraire le détachement le plus complet, même dans l'exercice des vertus les plus sublimes, la bonté, la compassion, la charité et le pardon, poussées jusqu'à leurs plus extrêmes limites.
Ainsi donc, en théorie, pour les bouddhistes, si Jésus est certes un personnage admirable, hautement vénérable et digne d'un culte, si l'on doit reconnaître sans aucun doute sa sainteté et si l'on peut volontiers admettre qu'il est devenu un dieu après avoir été un homme il y a quelque vingt siècles, il occupe cependant une place nettement inférieure à celle du Bouddha dans la hiérarchie des êtres, bien que le Bouddha n'ait été qu'un homme dans sa dernière existence, alors que Jésus a dû devenir un dieu. Il est vrai qu'aux yeux des bouddhistes, leur maître vénéré s'est élevé par lui-même, tout en demeurant dans l'humaine condition, bien au-dessus des dieux, de tous les dieux, pour s'être "éveillé" à la Vérité suprême, avoir découvert la voie menant au Nirvâna, ce dont aucun dieu n'était capable à cause de sa nature divine. En effet, le bonheur sans nuage dont jouissent les dieux les empêche de connaître la douleur, la peine, le malheur inhérent à toute existence sous quelque forme qu'il se présente. Or, cette connaissance de la douleur est, pour les bouddhistes, le premier pas sur le très long et fort difficile chemin qui conduit à la délivrance des transmigrations.
Après avoir cherché quels regards les bouddhistes pouvaient porter sur Jésus en se fondant uniquement sur les bases de la doctrine qu'ils ont reçue et en laquelle ils croient, voyons maintenant comment ils voient réellement la personne de Jésus, en utilisant cette fois leurs propres témoignages.
Pour cela, j'ai fait appel à quatre de mes meilleurs collaborateurs, ayant chacun, dans un domaine différent, une excellente connaissance des opinions des bouddhistes de notre temps. Le vénérable Thich Thiên Châu, docteur ès lettres, est un ancien dignitaire du bouddhisme vietnamien. M. Mohan Wijayaratna, né d'un mariage mixte, chrétien et bouddhiste, termine une thèse de doctorat sur certains aspects du bouddhisme singhalaise et a par ailleurs écrit plusieurs articles fort intéressants, dont l'un traite précisément notre sujet, dans l'optique singhalaise. Le père Eugène Denis, docteur ès lettres et chargé de recherches au C.N.R.S., réside en Thaïlande depuis plus de trente ans et il y poursuit des travaux de grande valeur sur le bouddhisme de ce pays. M. Paul Magnin, également chargé de recherches au C.N.R.S. a séjourné en Extrême-Orient pendant de longues années, notamment à Taïwan, et s'est spécialisé dans l'étude du bouddhisme chinois. Je dois aussi reconnaître l'aide précieuse que j'ai retirée de la lecture du livre que mon collègue et ami, M. Jacques Gernet, membre de l'Institut, a publié il y a deux ans chez Gallimard sous le titre "Chine et christianisme, action et réaction" , ouvrage qui nous fait connaître et comprendre les opinions des chinois, bouddhistes et autres, sur le christianisme et sur Jésus au cours des XVIIe et XVIIIe siècles.
L'examen des jugements portés par les adeptes du Bouddha sur la personne du Christ devrait être lié, au moins dans une certaine mesure, à celui de ceux qu'ils ont formés envers le christianisme. Malheureusement, cette dernière étude est en elle-même trop complexe pour que nous ayons le temps de l'aborder ce soir, ne serait-ce qu'en raison de la mutiplicité des documents qu'il nous faudrait utiliser pour cela.
Les regards posés sur Jésus lui-même par les bouddhistes diffèrent avec les époques, les pays et les sectes si diverses du bouddhisme, mais ils tendent à converger aujourd'hui.
Les jugements les plus sévères furent formulés par les chinois des XVIIe et XVIIIe siècles, mais il est assez difficile de distinguer en eux ce qui revient précisément aux bouddhistes de ce qui fut exprimé par les confucianistes et les taoïstes. Jésus, déclaraient-ils, ne fut qu'un homme, condamné à mort pour avoir suscité de graves troubles publics, avoir perturbé cet ordre social auquel toutes les traditions orientales étaient très attachées. La mort ignominieuse infligée à Jésus, soumis au supplice de la croix comme un criminel, et les cruelles souffrances qu'il a subies ne sont, aux yeux des bouddhistes, que les fruits, les effets de ses mauvaises actions passées et en rapport avec la gravité de celles-ci. La théorie bouddhique de la rétribution automatique des actes des vies antérieures a donc conduit certains bouddhistes à penser que Jésus avait commis un meutre dans une existence précédente. En outre, s'étant montré incapable d'échapper au supplice, de se libérer lui-même par un moyen naturel ou prodigieux, comment pouvait-il prétendre délivrer les autres hommes ? Si Jésus était dieu, le grand dieu souverain, en s'incarnant il aurait privé le monde de direction, ce qui aurait eu des conséquences catastrophiques. S'il n'était au contraire qu'une émanation de Dieu, il aurait été bien inférieur au Bouddha, qui a découvert par lui-même, sans aucune aide extérieure, divine ou autre, la doctrine de salut et l'a enseignée de sa propre décision. De toute façon, si Jésus était dieu, il ne pouvait être qu'une divinité quelconque, soumise à la dure loi de la transmigration, et par là aussi inférieur au Bouddha, qui a su et pu mettre un terme à ses renaissances successives. Accorder de l'importance à l'incarnation de Jésus, c'est s'attacher à ce que le bouddhisme regarde comme étant relatif et conditionné, à ce qui appartient au monde essentiellement changeant des transmigrations. De plus, cette incarnation est logiquement tout à fait incompatible avec la nature trinitaire que lui attribue le dogme chrétien. Quant aux miracles qu'on prête à Jésus et dont ses fidèles font si grand cas, ils font vraiment piètre figure à côté des prodiges autrement grandioses que le Bouddha aurait accomplis, à l'échelle d'un univers pratiquement illimité dans le temps comme dans l'espace et peuplé d'une infinité de mondes semblables au nôtre.
Les jugements portés aujourd'hui par les bouddhistes sur Jésus sont beaucoup plus favorables, en raison de l'apaisement de l'ancienne hostilité qui avait opposé les deux religions. certes, les fidèles du Bouddha ne reconnaissent pas, ne peuvent pas reconnaître en Jésus le Christ, le Messie, le Sauveur des hommes non plus que le Dieu créateur, éternel et tout-puissant, pour la bonne raison que ces mots sont pour eux vides de sens et les notions qu'ils désignent de pures illusions nées des cogitations vaines d'esprits obnubilés par l'ignorance, au sens où les bouddhistes entendent ce dernier mot. Certes encore, ils refusent de placer Jésus au-dessus du Bouddha, par exemple de faire de celui-ci une sorte de prédécesseur de celui-là comme a récemment proposé de la regarder un certain missionnaire dans un article où la maladresse l'emportait sur la bonne volonté. certes enfin, les bouddhistes nient la réalité de la résurrection de Jésus, parce que la notion de résurrection est totalement étrangère à leur doctrine, comme aussi à celles des hindous et des jaïnas, car la renaissance qui suit la mort et qui est à la base de leurs croyances communes a une nature toute différente de la résurrection telle que la conçoivent les chrétiens.
Ces réserves étant faites, réserves clairement fondées sur l'enseignement du Bouddha, les adeptes de celui-ci portent aujourd'hui presque unanimement un jugement très favorable sur Jésus. Celui-ci leur inspire un grand respect et même de l'admiration, sans pour autant qu'ils éprouvent le moindre besoin, le moindre désir de se convertir au christianisme. Il soulignent très volontiers les grandes ressemblances qui rapprochent certains aspects de la personne de Jésus de celle du Bouddha : Une vie très pure, guidée par une morale de haute élévation et de complet désintéressement, tout imprégnée de bonté et de compassion, d'altruisme sincère et de pardon des offenses, allant au besoin jusqu'au sacrifice personnel. Jésus et le Bouddha sont, disent-ils, également dignes de vénération, ce sont deux hommes hautement admirables, comparables par le degré élevé de sagesse qu'ils ont atteint l'un et l'autre.
Le vénérable Thich Thiên Châu ajoute à cela des considérations intéressantes, inspirées par la doctrine propre au Mahâyâna, le grand mouvement réformateur apparu il y a vingt siècles et d'où le bouddhisme vietnamien tire son origine comme les autres formes, si diverses, prises par la religion du Bienheureux en Extrême-Orient et en Asie Centrale. La doctrine des trois corps du Bouddha permet, pense-t-il, de mieux comprendre la nature de Jésus que ne le fait l'enseignement du bouddhisme antique, encore si vivant à Ceylan et en Asie du Sud-Est. Le Mahâyâna attribue trois corps différents au Bienheureux : un corps apparent, visible aux hommes ordinaires, dans lequel il est né, a passé son existence humaine et est mort; un corps dit de jouissance, corps glorieux en lequel il se montre aux bodhisattva , êtres qui se destinent résolument à devenir un bouddha dans un avenir très lointain et s'emploient pour cela à pratiquer les différentes vertus jusqu'à leur perfection en se dévouant pour aider et sauver les êtres; enfin le corps dit de dharma , ce mot désignant à la fois l'ordre cosmique et l'ordre spirituel, considérés comme identiques avec l'essence de la doctrine bouddhique, corps de l'absolu qui est lavéritable nature des bouddhas et aussi celle qui est présente, mais cachée, au tréfonds de tous les êtres, ce pourquoi tous ceux-ci sont destinés au salut, si lointain que puisse être ce dernier. On peut retrouver les équivalents de ces trois corps en Jésus-Christ, pense le Vénérable, expliquer sa nature à la fois humaine et divine, comprendre comment il a pu simultanément exercer sa mission salvatrice dans le monde et demeurer dans l'absolu de sa béatitude. Le premier corps serait celui qu'ont connu les hommes ordinaires, celui du Jésus de l'histoire, qui est né, a prêché, a souffert et est mort sur la croix. Le deuxième serait le corps merveilleux que trois de ses disciples, Pierre, Jacques et Jean, ont contemplé sur la montagne au moment de la transfiguration. Le troisième serait la forme de Dieu inaccessible à l'esprit humain, le vrai corps de Jésus, celui de Dieu lui-même, du Père de la Trinité chrétienne. Cette analogie des deux fondateurs de religions permet aux bouddhistes d'Extrême-Orient une meilleure compréhension du Christ et de ses Evangiles, et leur inspire une attitude respect. Comme le dit fort joliment Thich Thiên Châu :"On adore bien la pureté du lotus, mais on apprécie également la beauté des lis et des roses."
Le Vénérable vietnamien fait un autre rapprochement, cette fois entre le christianisme et l'amidîsme, forme du bouddhisme extrême-oriental fort importante et qui est fondée sur la seule dévotion envers un bouddha particulier, Amitâbha, "Lumière infinie", qui a fait jadis le voeu d'accueillir dans son paradis de la "Terre pure", tous les êtres qui feront appel à lui. Or, le bouddha Amitâbha a pour subordonné le plus célèble des bodhisattva, Avalokiteshvara, le tout-compatissant, toujours prêt à voler au secours des êtres en détresse et qui a renoncé à devenir un bouddha tant que tous les êtres n'auront pas atteint la délivrance des transmigrations, la béatitude inconcevable du Nirvâna. La comparaison avec Jésus est claire, et c'est pourquoi les adeptes du Mahâyâna, ceux de l'amidisme en particulier, sont portés à vénérer le fondateur du chistianisme à l'égal d'un bodhisattva. Du reste, le Mahâyâna n'attribue-t-il pas à ces futurs bouddhas, entre autres vertus, compassion, sagesse, bonté, patience, etc. , celle de "l'habileté dans les moyens" employés pour sauver les êtres, ces moyens étant fort variés et comprenant les prodiges les plus divers, ce qui conduit les mahâyânistes à accepter la réalité des miracles attribués à Jésus ?
Cependant, ajoute Thich Thiên Châu, les bouddhistes d'Extrême- Orient, tous adeptes de sectes issues du Mahâyâna indien, restent perplexes devant les dernières paroles qu'aurait prononcées Jésus mourant sur la croix :"Mon dieu, mon dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ?"
Ainsi donc, quoique le bouddhisme soit, de toutes les grandes religions, la plus éloignée du christianisme par ses enseignements et, dans une large mesure, par ses pratiques, il est sans doute, paradoxalement, celle qui reconnaît le mieux sa haute valeur spirituelle. C'est particulièrement vrai aujourd'hui où le christianisme vient d'abandonner l'hostilité foncière qu'il a si longtemps manifestée envers toutes les autres croyances et se montre enfin disposé à voir en elle, non pas des oeuvres du démon, mais des tentatives souvent fort respectables de soulager les hommes de leurs peines et de leurs angoisses en leur offrant l'espoir d'un avenir meilleur. Les relations généralement excellentes qui existent de nos jours entre bouddhistes et chrétiens, et surtout entre les représentants les plus qualifiés des uns et des autres dans l'Asie méridionale et orientale, sont significatives et encourageantes. Parmi leurs conséquences les plus intéressantes, il faut compter les regards favorables et profondément respectueux que les bouddhistes de notre époque posent en leur très large majorité sur la personne de Jésus, quels que soient les pays où ils vivent et les formes du bouddhisme auxquelles ils adhèrent.
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