"Satanée liberté" éditorial - Virginie Larousse - Le Monde des Religions
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"Satanée liberté" éditorial - Virginie Larousse - Le Monde des Religions
J'entretiens une correspondance sporadique avec un de nos lecteurs, Charles L., qui se reconnaîtra probablement. Ses lettres sont une révolte contre Dieu. Ou plutôt contre l'absence de Dieu : si le monde est rongé par le mal, les catastrophes, la misère, nous écrit-il, c'est bien que Dieu n'existe pas. Sans quoi, il se hâterait d'intervenir pour restaurer la justice. Croyant ou non, qui n'a jamais fait l'expérience de cette sourde rébellion à la vue d'un enfant gravement malade ou affamé, de récits de guerres et d'exterminations, d'injustices au sens large du terme ? Même les plus grands mystiques ont, à un moment de leur existence, traversé ce désert intérieur, expérimenté ce sentiment d'être abandonnés de Dieu - ce que Jean de la Croix a nommé la « nuit noire de l'âme » et Mère Teresa la « nuit de la foi ».
D'où vient le mal ? Et si la Création est vraiment l'oeuvre de Dieu, pourquoi n'est-elle pas parfaite ? Questions vertigineuses, qui hantent les esprits depuis l'aube de l'humanité. Les religions monothéistes ont tenté d'y répondre en avançant que le mal a été introduit par un groupe d'anges rebelles conduits par Satan. Au demeurant, cette explication semble commode, pour ne pas dire simpliste : voilà Dieu exonéré de tout « vice de fabrication » en un tournemain. Dépassons néanmoins ce premier niveau de lecture, trop littéral. Ce que veulent dire les textes sacrés, plus profondément, c'est que Dieu a laissé aux anges la possibilité de choisir leur voie. Quitte à prendre la mauvaise. Il en va de même pour l'homme, qui doit pleinement assumer son libre-arbitre. C'est donc dans la liberté que le mal s'enracine.
Ambivalente liberté. Quand on ne l'a pas, on en rêve, on ferait tout pour la gagner. Et quand on l'a, on ne sait qu'en faire, on se trouve assailli d'angoisse. « Que les gens sont absurdes ! relevait Kierkegaard. Ils ne se servent jamais des libertés qu'ils possèdent, mais réclament celles qu'ils ne possèdent pas. » Remarque qui n'a rien perdu de sa pertinence, à l'heure où une grande partie de nos concitoyens ne se donne plus la peine d'aller voter, tout en souhaitant « plus de démocratie ». D'autres, encore, préfèrent fuir cette oppressante liberté pour se réfugier dans l'idée d'une « régression bienfaitrice », observent des spécialistes qui ont étudié le parcours d'Européennes engagées dans le djihad.
Sans doute ne peut-on pas apprendre à être libre. Mais l'esprit de liberté se cultive et se transmet, d'abord en acceptant d'assumer nos responsabilités, explique le philosophe Abdennour Bidar dans le lumineux entretien qu'il nous a accordé (p. 68). « Il n'est point de bonheur sans liberté, ni de liberté sans courage », écrivait en son temps celui qui est parfois considéré comme le père de la démocratie, le Grec Périclès. Être libre, c'est avoir le courage d'affronter ses démons, qu'ils soient intérieurs ou extérieurs.
D'où vient le mal ? Et si la Création est vraiment l'oeuvre de Dieu, pourquoi n'est-elle pas parfaite ? Questions vertigineuses, qui hantent les esprits depuis l'aube de l'humanité. Les religions monothéistes ont tenté d'y répondre en avançant que le mal a été introduit par un groupe d'anges rebelles conduits par Satan. Au demeurant, cette explication semble commode, pour ne pas dire simpliste : voilà Dieu exonéré de tout « vice de fabrication » en un tournemain. Dépassons néanmoins ce premier niveau de lecture, trop littéral. Ce que veulent dire les textes sacrés, plus profondément, c'est que Dieu a laissé aux anges la possibilité de choisir leur voie. Quitte à prendre la mauvaise. Il en va de même pour l'homme, qui doit pleinement assumer son libre-arbitre. C'est donc dans la liberté que le mal s'enracine.
Ambivalente liberté. Quand on ne l'a pas, on en rêve, on ferait tout pour la gagner. Et quand on l'a, on ne sait qu'en faire, on se trouve assailli d'angoisse. « Que les gens sont absurdes ! relevait Kierkegaard. Ils ne se servent jamais des libertés qu'ils possèdent, mais réclament celles qu'ils ne possèdent pas. » Remarque qui n'a rien perdu de sa pertinence, à l'heure où une grande partie de nos concitoyens ne se donne plus la peine d'aller voter, tout en souhaitant « plus de démocratie ». D'autres, encore, préfèrent fuir cette oppressante liberté pour se réfugier dans l'idée d'une « régression bienfaitrice », observent des spécialistes qui ont étudié le parcours d'Européennes engagées dans le djihad.
Sans doute ne peut-on pas apprendre à être libre. Mais l'esprit de liberté se cultive et se transmet, d'abord en acceptant d'assumer nos responsabilités, explique le philosophe Abdennour Bidar dans le lumineux entretien qu'il nous a accordé (p. 68). « Il n'est point de bonheur sans liberté, ni de liberté sans courage », écrivait en son temps celui qui est parfois considéré comme le père de la démocratie, le Grec Périclès. Être libre, c'est avoir le courage d'affronter ses démons, qu'ils soient intérieurs ou extérieurs.
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