Non-lieu : un édito de Virginie Larousse - le Monde des Religions
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Non-lieu : un édito de Virginie Larousse - le Monde des Religions
publié le 30/10/2017
C'est l'histoire d'une histoire occupant quelques lignes seulement d'un gros livre qui en compte des milliers. À peine plus d'une page et demie, placée en tête des 1078 que contient la Bible, précise Stephen Greenblatt, professeur à l'université d'Harvard, qui signe dans notre dossier un texte magistral adapté de la somme qu'il vient de consacrer à Adam et Ève. Ces quelques lignes ont nourri la réflexion de générations et de générations de penseurs, toutes époques confondues. Rien d'étonnant à cela : le mythe d'Adam et Ève nous parle de nos origines. Il répond à l'angoissante question qui nous taraude depuis la nuit des temps : d'où viens-je ? Qui suis-je ?
Malheureusement, ce récit aux accents enchanteurs - paysage luxuriant, nature généreuse, couple uni - connaît une chute brutale. Adam et Ève sont expulsés de cette terre paradisiaque. Car ils ont désobéi à Dieu. Oui, ils ont péché, accuseront les pontes de la théologie, s'empressant de jeter en premier lieu l'anathème sur Ève... et sur ses milliards de descendantes. Mais si saint Augustin, entre autres exégètes, a développé à foison le thème du péché originel, il faut noter qu'à aucun moment de sa prédication, Jésus n'y fait allusion. Contrairement aux théologiens, il semble s'être prononcé en faveur d'un non-lieu à l'égard de nos ancêtres. Non-lieu réitéré il y a peu par le pape François, qui a lavé Ève de toute faute. De même, la religion juive et l'islam n'ont jamais donné à ce triste épisode l'importance qu'il connaît dans le christianisme. Pour autant, l'influence de ce récit continue à se faire sentir dans les mentalités : Stephen Greenblatt relève d'ailleurs qu'un Américain sur quatre croit toujours au couple originel ! Il faudra encore du temps pour que s'effacent des siècles de conception pessimiste de la nature humaine, des siècles de honte et de culpabilité.
Essayons au contraire de faire une lecture constructive des (més)aventures du premier couple. La Genèse raconte que Dieu modela le premier humain avec de l'humus, c'est-à-dire de la terre. Pour donner vie à ce qui n'était encore qu'un pantin d'argile, l'Éternel « insuffla dans ses narines une haleine de vie et l'Adam devint un être vivant » (Gn 2, 7). Ce qui anime, au sens littéral, l'être humain, c'est donc la terre et le souffle. Et le monde, fait lui aussi de terre et d'air, résonne avec notre structure interne. Or, aujourd'hui, le sol devient de plus en plus stérile, l'air vicié. Comme un miroir de notre propre malaise, le monde ressemble à tout sauf à un Éden. Il est sans doute temps de visiter à frais nouveaux ce mythe qui nous parle de nous, pour retrouver notre élan vital. Ce souffle créateur qui nous anime et nous donne un supplément d'âme.
Malheureusement, ce récit aux accents enchanteurs - paysage luxuriant, nature généreuse, couple uni - connaît une chute brutale. Adam et Ève sont expulsés de cette terre paradisiaque. Car ils ont désobéi à Dieu. Oui, ils ont péché, accuseront les pontes de la théologie, s'empressant de jeter en premier lieu l'anathème sur Ève... et sur ses milliards de descendantes. Mais si saint Augustin, entre autres exégètes, a développé à foison le thème du péché originel, il faut noter qu'à aucun moment de sa prédication, Jésus n'y fait allusion. Contrairement aux théologiens, il semble s'être prononcé en faveur d'un non-lieu à l'égard de nos ancêtres. Non-lieu réitéré il y a peu par le pape François, qui a lavé Ève de toute faute. De même, la religion juive et l'islam n'ont jamais donné à ce triste épisode l'importance qu'il connaît dans le christianisme. Pour autant, l'influence de ce récit continue à se faire sentir dans les mentalités : Stephen Greenblatt relève d'ailleurs qu'un Américain sur quatre croit toujours au couple originel ! Il faudra encore du temps pour que s'effacent des siècles de conception pessimiste de la nature humaine, des siècles de honte et de culpabilité.
Essayons au contraire de faire une lecture constructive des (més)aventures du premier couple. La Genèse raconte que Dieu modela le premier humain avec de l'humus, c'est-à-dire de la terre. Pour donner vie à ce qui n'était encore qu'un pantin d'argile, l'Éternel « insuffla dans ses narines une haleine de vie et l'Adam devint un être vivant » (Gn 2, 7). Ce qui anime, au sens littéral, l'être humain, c'est donc la terre et le souffle. Et le monde, fait lui aussi de terre et d'air, résonne avec notre structure interne. Or, aujourd'hui, le sol devient de plus en plus stérile, l'air vicié. Comme un miroir de notre propre malaise, le monde ressemble à tout sauf à un Éden. Il est sans doute temps de visiter à frais nouveaux ce mythe qui nous parle de nous, pour retrouver notre élan vital. Ce souffle créateur qui nous anime et nous donne un supplément d'âme.
Invité- Invité
Re: Non-lieu : un édito de Virginie Larousse - le Monde des Religions
Madhyamaka a écrit:Mais si saint Augustin, entre autres exégètes, a développé à foison le thème du péché originel, il faut noter qu'à aucun moment de sa prédication, Jésus n'y fait allusion. Contrairement aux théologiens, il semble s'être prononcé en faveur d'un non-lieu à l'égard de nos ancêtres.
Hum... plutôt qu'une attitude neutre envers l'idée de péché originel il semblerait que Jésus usera de son talent pour que l'homme réapprenne l'unicité divine en deça de laquelle se trouve le dualisme bien/mal, son lieu de vie.
Jésus lie le sort de l'homme déchu à celui du diable ( la dualité) en affirmant que cette dualité/diable est un mensonge en lequel la vérité est exclue (Jean 8/44).
Madhyamaka a écrit:La Genèse raconte que Dieu modela le premier humain avec de l'humus, c'est-à-dire de la terre. Pour donner vie à ce qui n'était encore qu'un pantin d'argile, l'Éternel « insuffla dans ses narines une haleine de vie et l'Adam devint un être vivant » (Gn 2, 7). Ce qui anime, au sens littéral, l'être humain, c'est donc la terre et le souffle. Et le monde, fait lui aussi de terre et d'air, résonne avec notre structure interne.
Oui et c'est là tout le drame de l'homme... le souffle divin fait que l'homme résonne en une forme.
Une forme capable de s'adapter au niveau et à la qualité de résonance au souffle divin.
pollux- Messages : 222
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Date d'inscription : 10/11/2017
Re: Non-lieu : un édito de Virginie Larousse - le Monde des Religions
Ce que je trouve amusant, à propos de "souffle", c'est que cela a de l'importance sans l'Islam soufi et que Siddharta Gautama aurait justement atteint l'Eveil en pratiquant l'attention à la respiration. Il décrit la méthode dans le Sutra de l'Attention à la Respiration. Donc l'attention sur le souffle du corps (inspirer/expirer) lui a permis d'ouvrir les yeux sur une perception plus complète de la réalité.
Invité- Invité
Re: Non-lieu : un édito de Virginie Larousse - le Monde des Religions
A moins que le souffle indispensable à l'oxygénation des cellules du corps ne soit le pâle pendant animal et terrestre d'un souffle plus subtil et plus vital; celui du divin en l'homme, sa réalité, sa vie, son souffle ....?!
pollux- Messages : 222
Réputation : 0
Date d'inscription : 10/11/2017
Re: Non-lieu : un édito de Virginie Larousse - le Monde des Religions
@Pollux : je ne sais pas. Le souffle est dedans et dehors, le réel et nous sommes un.
Invité- Invité
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