Les Nations unies fustigent les dérives du capitalisme
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Les Nations unies fustigent les dérives du capitalisme
Les Nations unies fustigent les dérives du capitalisme
L’Organisation des Nations Unies (ONU) dénonce (enfin !) le capitalisme, un monde de profit pour les grandes entreprises, les actionnaires, les hauts dirigeants et les rentiers.
L’ONU critique aussi l’appauvrissement des classes populaires, l’augmentation de l’endettement des ménages, et la réduction de la part des salaires dans le revenu.
En 2010, le prix Nobel d’Économie, Joseph Stiglitz, avait déjà jeté un pavé dans la mare en dénonçant dans son ouvrage « le triomphe de la cupidité » comme l’origine de la crise de 2008.
Sept ans plus tard, les Nations unies fustigent à leur tour les méfaits de cette cupidité et les dérives du capitalisme vers un monde de rentiers. Dans son rapport annuel 2017 sur le commerce et le développement, la Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le Développement (Cnuced) ne mâche pas ses mots.
Un monde de profit sans prospérité
« Nous sommes aujourd’hui dans un monde de profit sans prospérité, où l’asymétrie des rapports de force sur les marchés contribue beaucoup à la hausse des inégalités de revenus », constate Mukhisa Kituyi, secrétaire général de la Cnuced. Premières à être mises sur le banc des accusés : les grandes entreprises. Ces dernières « profitent de l’accroissement constant de leur pouvoir sur les marchés et de leur influence politique pour accroître leurs bénéfices en manipulant les règles du jeu ». Les actionnaires et les haut dirigeants sont privilégiés au détriment des salariés.
Pour mesurer l’ampleur du phénomène de ce qu’ils appellent le capitalisme de rente, les économistes de la Cnuced ont analysé l’évolution des profits des grandes entreprises de 56 pays développés et en développement. Pour évaluer les sur-profits, ils se sont référés au taux de rendement sur actif médian ou au ratio du bénéfice d’exploitation sur les actifs totaux. Secteur par secteur.
Résultat : « entre 1995 et 2015, les profits excédentaires sont passés de 4% à 23 % des bénéfices totaux toutes entreprises confondues ». Pour les 100 premières entreprises, le pourcentage est passé de 19 % à 40%.
En 1995, leur capitalisation boursière était de 31 fois supérieure à celle des 2.000 dernières du classement. Vingt ans plus tard, elle lui était 7.000 fois supérieure.
Et d’asséner que la part des 100 premières entreprises dans l’emploi ne progresse pas proportionnellement à leur emprise sur le marché qui ne cesse de croître. « Les grandes entreprises sont à la tête de véritables empires de plus en plus vastes, mais cela ne tient pas davantage à leurs prouesses technologiques qu’à l’inefficacité de la législation antitrust, à la protection excessive de la propriété intellectuelle et à leurs stratégies agressives de fusion-acquisition », pointe le rapport. Les industries pharmaceutiques, les médias et le secteur des technologies de l’information et de la communication sont particulièrement visés. Le monde de la finance n’est pas plus épargné.
La finance dénoncée
La finance déréglementée reste au cœur du monde hypermondialisé actuel. « Les mesurettes prises jusqu’à présent n’ont pas interrompu, et de loin, la course folle de la finance », dénonce la Conférence qui s’alarme de la concentration du secteur bancaire. «Dans beaucoup de pays, les bilans consolidés des cinq premières banques représentent au total un montant supérieur au revenu national », poursuivent les auteurs.
Parallèlement, la dette n’a cessé de croître. Dans les secteurs non financiers, l’endettement a atteint le taux record de 230% du PIB mondial en 2016 contre 188% avant la crise.
« Au vu de l’augmentation de l’endettement des ménages et de la réduction de la part des salaires dans le revenu, il devient de plus en plus difficile de fermer les yeux sur les liens entre endettement et insécurité », soulignent ils. La Cnuced invite donc la puissance publique à réagir.
L’incapacité à corriger les excès de l’hypermondialisation menace la cohésion sociale et mine la confiance dans les marchés et les responsables politiques, dit-elle.
« Lorsque les machines et les ordinateurs, les motivations à faire du profit et les droits de propriété sont considérés comme plus importants que les gens, le racisme, le matérialisme extrême et le militarisme sont incapables d’être vaincus ». Cité en préambule du rapport, Martin Luther King avait vu juste il y a 50 ans.
=> Source : Les Échos
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