"Identitaire, le mauvais génie du christianisme"
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"Identitaire, le mauvais génie du christianisme"
Le livre du moment au sein du catholicisme français :
https://www.editionsducerf.fr/librairie/livre/17871/identitaireAttentats islamistes. Afflux de migrants. Perte d’influence de l’Église. Les catholiques français seraient-ils prêts à s’abandonner à l’angoisse fiévreuse de la disparition ? Cette crainte, les réseaux d’extrême droite oeuvrent à la renforcer et à l’exploiter. Les uns s’affichent éternels gardiens d’une chrétienté révolue. Les autres se revendiquent nouveaux croisés du monde blanc. Ils ont en commun de promouvoir une synthèse identitaire, à la fois religieuse et politique. Dénonçant la manipulation que cache ce syndrome mortifère, Erwan Le Morhedec montre ici comment il fracture le corps social, calcifie la France, agresse l’Église et subvertit le christianisme. Il met en garde celles et ceux qui seraient tentés par cette impasse. Interrogeant le véritable rapport de la foi et de l’identité, il livre un traité de résistance enfin fondé sur l’espérance.
Erwan Le Morhedec est l’auteur d’un premier livre remarqué, en 2015, aux Éditions du Cerf, Koztoujours, ça ira mieux demain, consacré à son activité éponyme de blogueur qui a fait sa notoriété.
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Re: "Identitaire, le mauvais génie du christianisme"
Explication de l'auteur sur son blog :
http://www.koztoujours.fr/identitaire-le-mauvais-genie-du-christianismePourquoi ? Puisque aussi bien, ils ne s’en prennent pas à moi, à nous. Pourquoi, alors qu’ils vont jusqu’à affirmer défendre la foi catholique, défendre nos crèches, nos villages, nos églises ? Pourquoi, alors que, moi aussi, l’immigration et l’islam m’interpellent, et très brutalement quand s’y mêlent les derniers massacres ? Pourquoi, alors que je ne sais pas si l’Église que je connais et la France dont je suis issu, de mes quatre lignées occidentales, existeront encore demain ? Pourquoi donc, alors que certains clament qu’ils défendent mon identité ethnique jusque dans leurs choix du quotidien ? Je suis chrétien, blanc et Français de longue génération. Pourquoi alors ne pas me laisser représenter et défendre par les Identitaires ? Pourquoi ne pas, moi aussi, ce serait plus simple, assurer cette défense des miens ?
Pourquoi écrire ce livre ?
Parce que je ne marche pas. Parce que ma foi, précisément, m’enseigne que si j’ai des proches, les miens ne sont pas d’une race ou d’une ethnie. Parce que le pape n’est pas le « défenseur de la chrétienté ». Parce que les crèches ne sont pas des étendards que l’on plante pour marquer un territoire, mais le tableau de la Nativité. Parce que ma foi n’apprécie guère d’être soumise à la politique et qu’elle ne supporte pas d’être asservie par ceux qui n’en brandissent que des symboles, en abandonnant le sens. Parce qu’il est impensable que le christianisme soit un outil d’exclusion. Parce que je n’ai pas, quand l’occasion se présentait, entrepris de défendre comme je pouvais à la fois l’Église et le christianisme contre les attaques extérieures pour les laisser flétrir de l’intérieur, par effraction.
Un jour prochain nous aurons peut-être à rappeler que le christianisme est une religion de paix, qu’il ne faut pas faire d’amalgame, que la violence n’a rien à voir avec le christianisme. C’est à nous de le dire, maintenant et de l’intérieur, avant que cela ne nous saute au visage.
Sont à l’œuvre aujourd’hui en France des groupes politiques divers qui imaginent concilier le christianisme avec la violence, le Christ avec les dieux païens, la foi catholique avec le racisme le plus évident. La question n’est pas seulement politique, elle est culturelle et spirituelle. Les groupes politiques revendiqués comme identitaires1 sont finalement peu nombreux, mais ils sont bruyants. L’impact culturel est en revanche profond, recherché avec d’autant plus de zèle sur les divers réseaux d’influence –spécialement numériques– que l’on sait que la bataille idéologique se gagne d’abord par la culture et le vocabulaire. Il n’y a pas jusqu’au vocable d’«identité » qui ne soit piégé, conduisant chacun à se justifier de ce qui serait chez lui tout à la fois différent, unique, essentiel et intangible.
J’ai voulu examiner aussi à ce titre les raisons de notre sensibilité particulière – nous, catholiques français – à cette question de l’identité. Car il ne s’agit pas de la rejeter : ce serait me renier moi-même. Ceux qui me connaissent et ceux qui me lisent savent mon attachement à ma foi, à mon pays, à sa culture, à ses paysages, à ses clochers.
Mais si notre inquiétude est vraiment celle de trouver notre place dans une société qui semble se dérober sous nos pieds, si notre angoisse est véritablement celle de l’avenir du catholicisme en France, alors je crois qu’il nous faut dépasser le réflexe simpliste de défense et d’affirmation identitaires pour chercher le sens et l’apport que peut avoir la présence catholique dans la société française.
C’est une nécessité pragmatique et stratégique, mais c’est également une démarche spirituelle. En écrivant ce livre, je me suis aperçu que, du livre de Jérémie à la Passion du Christ, c’est comme si Dieu nous demandait avec insistance de savoir nous détacher de la pierre pour nous attacher à la parole vivante (...)
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Re: "Identitaire, le mauvais génie du christianisme"
Billet de P. de Plunkett :
http://plunkett.hautetfort.com/archive/2017/01/11/le-morhedec-un-livre-qui-va-au-coeur-du-probleme-5897533.htmlEn 169 pages, l'avocat et blogueur catholique Erwan Le Morhedec met en lumière un problème qu'on tardait à évaluer : la dérive de catholiques français, coachés - consciemment ou non - par l'extrême droite. Cette dérive est une confusion mentale : elle abîme la foi et détourne de l'Eglise réelle (donc du Christ) en prétendant défendre "l'identité catholique". Mais la véritable identité catholique n'a rien à voir avec la dérive "identitaire" : l'identitarisme est à l'identité ce que le scientisme est à la science : une idéologie (...)
Le sujet est difficile à aborder sans se faire accuser -par de pieuses gens- de "diviser les catholiques". "Regardez plutôt le ciel", nous dit-on (...) En France et à cette heure, les ténèbres parlent fort. C'est à leur sujet que nous alerte le livre de Le Morhedec.
► Le chapitre I comprend trois sections : "Identitaires au quotidien" / "Les vieilles racines de la tentation identitaire" / "À tentation, tentateurs : tournant et entrisme identitaires"...
On découvre le problème à travers un exemple de confusion mentale : l'absurde extase de nos cathos de droite devant Trump promettant de murer la frontière mexicaine. Le Morhedec constate que tout mur leur semble bon à prendre, que ce soit "contre les musulmans ou contre les Mexicains" ! Peu leur importe que l'Amérique latine soit chrétienne à 95% (...)
Dans ces ténèbres surgissent des monstres, constate ensuite Le Morhedec. Il évoque l'effrayante réaction des identitaires "catholiques" en septembre 2015, sur leurs sites et sur Facebook ou Twitter. Pour tourner en dérision le drame de l'enfant kurde noyé, ils "ont abandonné toute précaution [...] et acté leur divorce avec le pape François"... D'où la révolte de l'avocat : "Constater que des catholiques aient pu mêler leurs voix au torrent d'immondices qui s'est déversé en ligne [...] m'a rempli d'une honte profonde" (...)
Les manipulations du label "catho" par des politiciens se multiplient, au détriment de l'image de la foi (...)
Ce matin sur RND à l'émission de Louis Daufresne, Erwan Le Morhedec était face à Laurent Dandrieu, auteur d'un livre contre le pape François (taclant aussi Benoît XVI, Jean-Paul II et Pie XII). Le Morhedec lui a cité la formule d'un leader identitaire, ostensiblement ultracatho depuis peu, qui dit vouloir "une France blanche et chrétienne". Qu'en pensez-vous, Dandrieu ? Pas de réponse... La question était cependant pertinente : elle ciblait ceux qui transforment la foi chrétienne universelle en culte de notre "différence" nationale. Voire ethnique...
Car c'est de cela qu'il s'agit. Pour l'identitarisme - dont Dandrieu feint d'ignorer l'existence -, "l'identité catholique" est désormais annexée à "l'identité ethnique et culturelle" (...) Les identitaires "qui travaillaient déjà à un rapprochement idéologique avant les Manifs Pour Tous, y ont vu l'occasion rêvée d'intégrer les milieux catholiques, s'infiltrer en leur sein, s'y rendre fréquentables, et rompre la fameuse digue qui tenait les catholiques à distance des partis d'extrême droite" (...)
Paradoxe ? Voilà quarante ans, le catho de droite anathématisait le néo-païen ; en 2016 il l'épouse, et sous le régime de la communauté... Ne nous étonnons pas de voir les idéologues de "l'ethno-différentialisme" faire des conférences aux jeunes gens d'Academia christiana.
► Au chapitre II, le livre de Le Morhedec explique en quoi l'identitarisme n'est pas cathocompatible. Trois sous-sections : "Fracturation identitaire" / "Calcification identitaire" / "Subversion du christianisme"...
Approfondissant l'analyse, le livre étudie les causes de la dérive chez les catholiques. Il diagnostique une contagion du communautarisme, qui est un "repli sur soi" incompatible avec le contenu de la foi chrétienne. Surtout lorsqu'il se colore de mimétisme et de concurrence victimaire, comme l'a démontré René Girard ! "La légitimité des chrétiens n'est pas à rechercher dans le mal qu'on leur fait : elle doit provenir du bien qu'ils font à leurs prochains, à l'humanité et à la communauté nationale" (...) "Notre place de chrétiens est dans la défense du bien commun, qui ne se confond pas avec celui de 'la communauté'." (...) "Quelle valeur a la foi si elle n'est que le produit d'un héritage ? Si elle n'est que le legs de ma culture, de ma terre, mon sang, voire la couleur de ma peau ? Cet identitarisme anéantit la foi, la dévalue radicalement, en lui ôtant ce qui la rend juste et belle : la liberté."
L'identitarisme aveugle une fraction de la bourgeoisie catho. C'est une résurgence de la tentation qui révoltait déjà Bernanos : la fascination pour les "zélotes" et leur "martiale assurance", écrit Le Morhedec. Et "c'est à croire que certains [catholiques] ne sont pas bien convaincus de la nécessité et de la radicalité du témoignage de l'amour et de la paix, et gardent quelque garantie, quelque assurance, pour le cas où tout cela - Dieu, Jésus, l'amour du prochain - ne serait que balivernes..." [ NDPP - Je me souviens d'avoir entendu en 1987, sur la route de Chartres, une célébrité du milieu réac (tendance Présent) déclarer : "Le Père, oui, mais je n'ai jamais compris à quoi sert le Fils." Comme dit Le Morhedec : "Nos identitaires pur sucre n'ont-ils pas plus en commun avec un certain islam qu'ils affirment combattre, qu'avec le christianisme ?"].
Quant à l'exaltation identitaire de la "virilité", et à ses résultats chez des cathos français, je conseille aux animateurs de sessions sur ce sujet de lire (notamment) les pages 113 et 114 du livre (...)
► Le chapitre III nous dit comment sortir de l'impasse. Titre : "La seule identité qui vaille". Sous-sections : "Indispensable identité" / "Catholiques dans la cité" / "Pour toi, va annoncer le royaume de Dieu"...
Non sans sournoiserie, ce matin, Dandrieu faisait mine de s'indigner : "'Identité' n'est pas un gros mot..." Mais personne ne s'en prend à "l'identité" en soi (une des dimensions de la condition humaine) ! Ce qui mérite critique n'est pas l'identité, mais l'idéologie "identitaire" ; la mauvaise action, c'est de maquiller la perversion identitaire en "défense de l'identité" (...)
Le dernier chapitre du livre de Le Morhedec est donc consacré à l'identité vivante. "Il est surprenant que l'on puisse contester qu'un pays ou une nation puisse avoir une identité", dit-il. Je serai en désaccord avec lui là-dessus : ce qu'il constate n'est pas surprenant, dans une société libérale qui ne veut rien connaître d'autre que l'individu et le marché (comme disait Mme Thatcher dont se réclame M. Fillon)...
Le pape François, contrairement à ce qu'affirme Laurent Dandrieu, est un amoureux des identités populaires, culturelles et nationales - comme il l'a fait savoir par exemple aux eurodéputés en novembre 2014. Une identité vivante est capable de dialogue : elle n'est pas rivée à une singularité incommunicable. Surtout s'il s'agit de l'identité chrétienne ! Celle-ci est une promesse d'avenir (alors que l'identitarisme est le culte d'un faux passé). La perte de pouvoir de l'Eglise n'est pas un drame, c'est une chance, dit Benoît XVI cité par Le Morhedec (...)
La "seule identité chrétienne qui vaille" est celle du service, dit Le Morhedec. L'invocation des "racines chrétiennes de la France" doit être "chrétienne elle-même", donc sans arrière-pensée d'exclusion : on ne peut faire perdurer une religion d'amour en entrant dans une logique d'affrontement, souligne le livre ; notre avenir catholique est de sortir de nous-mêmes au-devant des autres, sans quoi notre identité chrétienne disparaîtrait (...)
Ce livre rude et clair vibre de foi. C'est un modèle de réalisme chrétien. Il sort à point nommé, au seuil d'un trimestre de fumées électorales (...)
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Re: "Identitaire, le mauvais génie du christianisme"
Interview sur "Famille Chrétienne" :
http://www.famillechretienne.fr/politique-societe/politique/identitaires-erwan-le-morhedec-s-explique-210970Identitaires et identité, quelle différence ?
Dans mon ouvrage, je fais une comparaison avec le processus de calcification des os. En soi, la calcification est bonne pour les os et pour le corps tout entier, mais lorsqu'elle dysfonctionne, lorsqu'elle dévie, cette calcification peut empêcher le mouvement. L'identité est la bonne calcification, celle qui permet à une personne de se constituer dans ce qu'elle a de plus fondamental. Cela est aussi valable pour une nation. Je ne suis pas opposé à l'identité contrairement à ce que l'on a pu dire ! L'identité est incontournable. Je préfère qu'existe une identité nationale assumée plutôt que plusieurs identités de substitution qui peuvent tout aussi bien conduire à de graves conflits entre elles. Notre identité n'est jamais achevée. Elle est en perpétuelle modification. Au travers des siècles, l'identité française s'est constituée en plusieurs strates, et elle peut encore se modifier et évoluer. Elle n'est pas figée. L'identitarisme est, à mon sens, l'utilisation du christianisme de façon purement culturel et totalement détaché de la foi. Les groupes identitaires l'utilisent même à des fins opposés à l'Évangile. Dans un registre moins politique, l'identitarisme apparaît aussi lorsque l'identité est utilisée comme l'unique prisme de notre rapport au monde, ou lorsque l'on se braque de manière systématique sur la défense de notre identité, définitivement établie de surcroît.
On vous reproche de mettre tout le monde dans le même sac, identitaires et catholiques.
Je ne reproche pas aux personnes de défendre le christianisme ou leur culture chrétienne. Ce serait contraire à tout ce que j'ai écrit sur mon blog depuis des années. Je leur propose d'aller au-delà. Le réflexe identitaire est naturel, compréhensible, mais je crains qu'à court ou moyen terme, il ne soit stérile. Au lieu de discerner nos actions en fonction de notre identité, nous ferions mieux de le faire en fonction de l'Évangile. L'action des chrétiens ne doit pas d'abord se définir en fonction de leur identité mais de leur fidélité au Christ. Et c'est en procédant ainsi que nous répondrons aux défis de notre temps. Les chrétiens retrouveront leur place lorsqu'ils sauront montrer le bien qu'ils peuvent faire plutôt que d'être dans la riposte permanente. Cela ne veut pas dire qu'il ne faut pas réagir lorsque des attaques sont lancées contre notre identité ou notre foi, mais arrêtons de voir des attaques partout contre l'Église. Le chrétien devrait se poser une question avant d'agir : comment je peux me rendre utile à la société ? Je pense que nous réussirons mieux à faire comprendre nos positions, parfois inaudibles comme sur la défense de la vie, à la société à partir du moment où elle comprend que nous ne sommes pas là pour emmerder le monde mais pour rechercher le meilleur.
Ce phénomène d'identitarisation est-il aussi répandu que vous le dites ?
Il est déjà bien engagé, sinon je me serais abstenu d'aller au-devant des critiques. Braquer les catholiques n'est pas mon occupation favorite. Mais il est inutile d'attendre que le phénomène prenne plus d'ampleur encore pour agir, et je ne veux pas que ce soit d'autres qui, un jour, fassent sauter le couvercle et dénoncent cet entrisme identitaire au sein des catholiques. Certains m'en font le reproche, anxieux à la seule idée que des désaccords puissent apparaître publiquement dans l'Église, mais je crois qu'il était nécessaire de le dire.
Pour certains, cette convergence des luttes entre les catholiques et les identitaires permettra d'évangéliser ces derniers. Vous n'y croyez pas ?
J'observe au contraire que ce rapprochement n'a jamais calmé les identitaires. Je n'ai toujours pas vu d'identitaire ou de militant d'extrême droite modérer ses propos ou être plus évangélique au contact de catholiques. A l'inverse, j'ai vu de nombreux catholiques, notamment dans mon réseau de relations, s'abstenir de dire leurs divergences avec ces identitaires, quand ils n'en sont pas venus à partager leurs vues. Ne soyons pas dupes : ces personnes cherchent le contact des catholiques pour gagner en respectabilité et en audience mais elles refusent de changer leurs convictions, dont certaines sont frontalement contraires à l'Évangile. Je crains que leur évangélisation ne soit, à ce jour, une vue de l'esprit.
Cette tentation identitaire n'a-t-elle pas des causes légitimes, comme la colère de ne pas avoir été entendu au moment des débats sur la loi Taubira ou la crainte de voir notre identité disparaître avec la crise migratoire ?
Effectivement, ces dernières années un précipité d'événements explique cette tentation. Alors que les strates supranationales prennent de plus en plus d'importance, l'identité des nations est de plus en plus discutée. Sans parler des pays, comme la France, où il était habituel par le passé de dénigrer la moindre référence à une identité nationale. Se greffent aussi la présence de l'Islam, doublée des menaces terroristes et le sentiment que l'Église est en perte de vitesse, tant sur le plan politique que spirituel. Le phénomène Manif pour tous peut aussi expliciter cet état d'esprit. Face à un gouvernement obtus, les manifestants ont été poussés dans une sorte de jusqu’au-boutisme qui n'était pas l'état d'esprit du départ. Le rejet de la pétition adressée au CESE a été un point de rupture : quand vous avez le sentiment de ne pas être entendu alors même que vous utilisez les voies normales et légales, comment ne pas être tenté de se mettre en marge de la société ? Et que dire des répressions policières lors des manifestations qui ont brisé le réflexe légitimiste d'une partie des manifestants ? Cette accumulation d'incidents doit être prise en compte.
« La France meurt mais ne se rend pas ». Cette expression, que l'on trouve dans votre ouvrage, pourrait résumer l'état d'esprit des identitaires. Un peu comme un Michel Onfray qui, estimant que la civilisation judéo-chrétienne touche à sa fin, suggère « de sombrer avec élégance ». On touche là à une forme de désespérance.
C'est la mythologie du Fort de Camerone appliquée à l'Église. Les combattants ne veulent pas céder leur dernier pré carré. C'est certes romantique, mais à la fin ils meurent tous. L'Église ne doit pas céder sur la vérité, mais elle ne doit pas non plus devenir le nouveau Camerone. Nous ne sommes pas le dernier réduit. Les catholiques ne doivent pas s'enfermer mais aller vers l'extérieur. Le pape François le répète souvent : il n'y a plus une brebis égarée mais 99 ! Toute l'énergie que nous mettons dans la défense de notre identité, nous ne la mettons pas dans la réinvention, dans le renouvellement de notre approche catholique. Si une église ferme, il ne suffira pas de faire le piquet devant pour éviter sa destruction. Nous devrions plutôt mettre toutes nos forces à la remplir à nouveau.
Vous citez le pape François à plusieurs reprises, notamment lorsqu'il dit que l'identité chrétienne n'est valable que si elle rend service. Comment rend-elle service ?
Je vais prendre un exemple, celui de l'IVG. Je préfère 100 fois des initiatives comme celles des Maisons Marthe et Marie ou Magnificat, qui accueillent des mères enceintes en difficulté dans un esprit de service, plutôt qu'une opposition inefficace aux discours politiques sur l'avortement. Cette défense concrète de la vie me semble plus positive et constructive. Contrairement à la situation passée, dans laquelle une mère célibataire pouvait transmettre aux générations suivantes son ressentiment contre des catholiques qui allaient à la messe mais l'avaient abandonné, la femme enceinte pourra dire à ses enfants et petits-enfants que ce sont des catholiques qui lui ont tendu la main. Cet exemple est valable pour d'autres initiatives comme l'association Lazare, Fratello ou encore Aux captifs la libération. Bien sûr, nous ne pouvons pas tous œuvrer ainsi. Mais nous pouvons déjà changer notre propre démarche personnelle, auprès de nos proches et de nos amis par exemple. Au lieu de leur parler de la manière dont ils devraient gérer leur vie, demandons-nous d'abord comment il nous est possible de les aider.
Comment dépasser cette fracture naissante entre catholiques ?
Les catholiques, comme tous les Français, ont un rapport trop passionnel avec la politique. Ils ont cette tentation parfois de mettre la politique devant la foi. À force de tout attendre de l'État, on surinvestit le champ politique alors qu'il n'est pas le lieu ultime des personnes. Je crois que nous serions plus efficaces, y compris sur l'opinion, à nous investir concrètement dans la vie de la cité plutôt que de mener des combats politiques dont l'expérience nous prouve que nous les gagnons bien rarement. Je crois nécessaire aussi que l'Église développe des lieux d'échanges pour être capable de dialoguer et de comprendre les ressorts de ce que pensent les catholiques de sensibilités variées.
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Re: "Identitaire, le mauvais génie du christianisme"
Interview dans "Marianne" :
http://www.marianne.net/instrumentalisation-identitaire-monte-puissance-les-catholiques-100249258.html(...) Vous êtes catholique et vous vous attaquez dans votre livre à d’autres catholiques, en pointant chez eux une dérive identitaire. Pourquoi cette démarche ?
Je « m’attaque » davantage à des identitaires qui sont accessoirement catholiques, car chez eux, la dimension politique prime largement sur la dimension catholique. Mais je m’interroge aussi sur la façon dont les identitaires travaillent au corps les catholiques. On pourrait s’attendre à une forme de réaction spontanée qui refuse cette instrumentalisation mais en réalité, leur entrisme ne fonctionne pas trop mal. Certains catholiques n’apprécient pas ma démarche, mais je la trouve nécessaire car cette instrumentalisation monte en puissance et peu de personnes s’y opposent, notamment parce qu’il y a un goût de l’unité chez les catholiques. Cela a trop souvent l’inconvénient de conduire à une forme d’omerta : ne disons rien car nous mettrions à mal l’unité. Or, c’est la vérité de la foi qui est en jeu. Il y a chez nombre de ces identitaires des propos en violation concrète de l’Evangile. Voyant ce petit milieu se mouvoir comme un poisson dans l’eau chez trop de mes relations, j’ai pensé qu’il était nécessaire de lancer l’alerte, sinon cela risque de nous sauter plus violemment à la figure un jour ou l’autre.
Vous décrivez des milieux catholiques infiltrés par des identitaires, en quelque sorte. Comment cela s’est-il produit ?
Une digue s’est rompue au moment de la Manif pour tous, à la fois en raison de l’intervention délibérée de groupes identitaires qui s’y sont invités, mais aussi du traitement politico-médiatique assez lamentable, qui a consisté à mettre tous les manifestants dans le même sac. A ce moment-là, des catholiques qui se sont sentis diabolisés ont commencé à regarder d’une autre manière une extrême droite elle aussi diabolisée. L’emprise identitaire marche aussi parce que cette réaffirmation fonctionne très bien sur des personnes qui ont le sentiment que leur place dans la société disparaît et que le monde leur échappe. Forcément, quand on vient leur passer un peu de pommade en disant : « La France est chrétienne, c’est sa vraie nature », il faut un effort pour avoir de la distance critique.
Vous pointez le risque de tomber dans la « concurrence victimaire », qui agite déjà beaucoup de minorités...
On a l’impression que le réflexe essentiel est de constituer des ligues anti-diffamation. Après tout, puisque ça a marché pour tout le monde, pourquoi pas pour nous ? Mais il y a un côté risible à voir certains milieux catholiques tomber dans la victimologie. Il faut apprécier justement la situation des catholiques en France, qui n’est pas exactement celle d’un martyre, et ne pas se plaindre en permanence.
Pourtant, l’assassinat du père Jacques Hamel par des djihadistes en 2016 n’accrédite-t-il pas l’idée que les catholiques peuvent être spécifiquement ciblés ?
Bien sûr, au vu de certains évènements, l’angoisse n’est pas complètement infondée. Mais pour le moment, on n’assiste pas à une confrontation entre musulmans et chrétiens. Et les autres attentats ont touché les Français, pas spécifiquement les chrétiens. Que l’on ait peur, c’est normal, mais notre rôle est de se demander comment ne pas laisser cette peur conduire notre réaction. Je pense qu’on reconnaît notamment les chrétiens à leur capacité à soutenir l’espérance.
On pourrait vous répondre que la tentation identitaire est au moins aussi forte, sinon plus poussée, chez certains musulmans...
C’est pour cela que je pense qu’il faut combattre cette tentation chez nous. Le risque, c’est un fractionnement de tout le corps social. Au demeurant, certaines attitudes sont assez compréhensibles. Imaginons un jeune Maghrébin qui essaie de se débrouiller mais a du mal à trouver un travail correct, et qui voit par ailleurs la façon dont on parle des musulmans aujourd’hui. Au bout d’un moment, son réflexe naturel peut le conduire à s’enfermer dans son identité initiale. Il y a donc un travail de reconnaissance à faire. On se borne à des idées de quotas, on veut absolument rendre visible la diversité mais en réalité, tout cela n’est pas très gratifiant pour eux. Je cite dans mon livre une étude menée en 2010 par l’INED qui montre que plus des deux tiers des musulmans ne se définissent pas d’abord par leurs convictions religieuses et politiques. Enfin, n’oublions pas que Mohamed Merah a tué deux musulmans engagés dans l’armée au service de la patrie et que les frères Kouachi ont délibérément tué le policier Ahmed Merabet.
Quels politiques cherchent à instrumentaliser cette tentation identitaire chez les catholiques ?
A l’évidence, le premier d’entre eux est Robert Ménard. Marion Maréchal-Le Pen en joue aussi : elle a noué des alliances avec les identitaires et a fait entrer certains d’entre eux au conseil régional de Paca, comme Philippe Vardon ou Amaury Navarranne. Elle emploie aussi au mot près les termes de Renaud Camus, qui parle de « grand remplacement ». Le SIEL (...) est également dans cette mouvance. Jean-Frédéric Poisson a fait un petit pas de deux pendant la primaire de la droite, même s’il ne se fait plus trop entendre sur ces sujets-là aujourd’hui.
Le vote FN progresse chez les catholiques. Pourtant, on ne peut pourtant pas dire que Marine Le Pen drague cette catégorie en tant que telle...
Clairement pas. Le FN veut d’ailleurs interdire tous les signes religieux ostensibles, quelle que soit la religion concernée. Je ne suis pas sûr que les catholiques qui votent FN aient très bien compris que cette mesure ne concernait donc pas uniquement les musulmans ! Mais en réalité, ils ne font référence qu’à Marion Maréchal-Le Pen, qui joue un rôle de caution auprès d’eux. Ils ne citent pas Marine Le Pen et Florian Philippot est un peu leur bête noire.
François Fillon est souvent présenté comme le « candidat des cathos ». Vous êtes d’accord ?
Non. Mathématiquement, les catholiques n’ont pas véritablement fait la primaire de la droite : ils pèsent moins que les 33 points de différence entre Fillon et Juppé et, par ailleurs, certains d’entre eux ont voté Juppé. Certes, sociologiquement, beaucoup de cathos se retrouvent chez Fillon. Mais plusieurs éléments comme la nature libérale de son projet ou son discours sur l’immigration ne font pas de lui un candidat catholique à proprement parler. Après, si l’on regarde l’historique de Fillon, il est vrai qu’il est capable d’incarner le côté chrétien sans hystérie et d’apparaître ainsi comme un point de fixation dans un corps électoral tenté de continuer à dériver vers la droite. En comparaison, il y avait une certaine discordance chez Nicolas Sarkozy entre le discours et la façon d’être, entre les revendications chrétiennes et le côté bling-bling. Mais au lieu d’aller chercher les électeurs du FN, il a crédibilisé le vote frontiste dans l’électorat, y compris chez les catholiques.
La situation que vous décrivez n’est-elle pas aussi liée à la disparition des « cathos de gauche » ?
Leur grande perte de visibilité ne fait que renforcer cette démarche identitaire, sur le thème : « Ils ont disparu, c’est bien la preuve que nous avions raison ! » Mais ce moment de réaffirmation est aussi un retour de pendule par rapport au discours des catholiques de gauche, qui estimaient que nous n’avions pas à nous afficher comme chrétiens. Comme le sens de la mesure n’est pas toujours ce qu’il y a de mieux partagé, à la tentation de la dilution répond la tentation identitaire.
Vous êtes blogueur de longue date et actif sur les réseaux sociaux. Pourquoi la « fachosphère », qui relaie abondamment le discours identitaire sur Internet, a-t-elle autant prospéré ?
Il y a une constante du web : c’est le caractère alternatif. L’extrême droite se pense en alternative au système politico-médiatique. Ils ne s’estiment pas représentés et exploitent les moyens d’expression qu’ils trouvent. Quant à la frange « catho-facho », elle est doublement alternative, à la fois vis-à-vis du système politique et de l’Eglise. Car même en prenant l’estimation de 24% de catholiques pratiquants réguliers ayant voté pour le FN aux régionales de 2015, il en reste tout de même 66% qui n’y adhèrent pas. La majorité des catholiques reste donc pondérée. On verra en 2017 si la vague redescend ou pas...
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Re: "Identitaire, le mauvais génie du christianisme"
Il y a une réaction qui monte face à une politique extrême, elle est composé de gens différents et plus ou moins extrême, j'espère que la réaction l'emportera, et que ça se stabilisera vers un juste milieux (pendant un moment au moins.. car les hommes repartiront toujours vers d'autres extrêmes)
Et avec le pape actuel faudra pas s'étonner de voir les "mauvais catholique" s'éloigner , avec sa façon d'aider les élites au pouvoir dans ses propos (Syrie, Trump, migrant, immigration etc, bref en l'écoutant parfois j'ai l'impression d'être sur le plateau du petit journal de calnal + .... ils devraient l'inviter d'ailleurs c'est le même raisonnement, c'est du même du même niveau. )
Ca va repousser de l'église et repousse déjà bien des catholiques ou des gens simplement croyants non pratiquant.
Et avec le pape actuel faudra pas s'étonner de voir les "mauvais catholique" s'éloigner , avec sa façon d'aider les élites au pouvoir dans ses propos (Syrie, Trump, migrant, immigration etc, bref en l'écoutant parfois j'ai l'impression d'être sur le plateau du petit journal de calnal + .... ils devraient l'inviter d'ailleurs c'est le même raisonnement, c'est du même du même niveau. )
Ca va repousser de l'église et repousse déjà bien des catholiques ou des gens simplement croyants non pratiquant.
Nicolas- Messages : 1701
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Re: "Identitaire, le mauvais génie du christianisme"
Billet de l'auteur, maintenant que l'ouvrage est paru :
http://www.koztoujours.fr/courons-avec-endurance-lepreuve-qui-nous-est-proposee(...) Je n’ai pas souhaité ennuyer les lecteurs avec des réponses aux critiques ou attaques venant de-ci de-là1. Parmi ceux-ci, je connais l’aversion de bien des catholiques pour la controverse entre chrétiens. Je la connais si bien que j’en ai évoqué les travers dans mon livre et notamment cette tendance naturelle qu’a l’unité à virer à l’étouffoir – que ce soit à dessein ou involontairement. Pourtant, lorsqu’un auteur me qualifie d’hérétique, qu’un autre me traite de dévot, concluant par la citation de rigueur de Péguy, et que leurs propos (pour ne pas les qualifier autrement) sont publiés dans des maisons catholiques, il ne me semble pas aberrant d’y venir.
Dans un billet dont l’acuité se mesure à l’aune de l’accusation baroque portée contre nos évêques d’abandonner les chrétiens, « trop populistes à leur goût délicat », au profit des musulmans, le journaliste de Valeurs Actuelles Laurent Dandrieu me qualifie en effet de « forme extrême » de la tentation cathare. En somme, d’hérétique. Dans le sien, co-hébergé par l’Homme Nouveau et par La Croix, Thibaud Collin me débusque une autre tare : me voilà dévot.
Bon.
« Passons sur les erreurs factuelles (…) et les approximations et les contre-sens, malheureusement habituels dans ce genre littéraire », nous dit-il en hors d’œuvre. Navré, je vais m’y arrêter un peu. Car le propos n’est pas neutre. Erreurs + approximations + contre-sens, le tout dans un « genre littéraire » que l’on devine méprisable puisqu’il en est coutumier, voilà une équation dont on ne devrait pas se relever. Ce propos introductif n’ayant donc guère d’autre intérêt que de tenter de discréditer ou rabaisser le mien, apportons-lui une réponse.
Thibaud Collin me fait grief de rebaptiser le Général Cambronne en Camerone. Ce n’est pourtant pas le Général Cambronne qui commandait les légionnaires retranchés dans le fortin de Camerone, mais le glorieux Capitaine Danjou. Et celui-ci n’a pas lancé le mot de Cambronne en voyant arriver les Mexicains – ce que l’Histoire n’aurait vraisemblablement pas retenu, l’homme étant capitaine et non général – mais leur aurait répondu en somme : « la Légion meurt mais ne se rend pas ! ». C’est bien d’un syndrome de Camerone qu’il est question.
Thibaud Collin m’impute encore un contre-sens sur « le paganisme de Maurras« . A aucun moment dans le livre, je ne fais le reproche à Maurras d’un quelconque paganisme (au contraire de l’extrême-droite, seule visée). Seulement de son antichristianisme. Pourtant, lorsque Maurras écrit : « je ne connais d’autres Jésus que celui de notre tradition catholique, « le souverain Jupiter qui fut pour nous crucifié« » avant d’enchaîner sur la dénonciation des « évangiles de quatre juifs obscurs« , il n’aurait pas été inconcevable de s’interroger sur l’inspiration réelle de son hommage à Jupiter, quand bien même le texte date de ses premières périodes2. Soit dit en passant, j’ai peut-être moins de familiarité avec Maurras que Thibaud Collin mais, de mon relecteur ou de mon éditeur, il n’aurait pas manqué de connaisseurs pour m’éviter une telle erreur. Donc, non, nulle part je ne fais mention d’un paganisme de Maurras.
Du sombre cortège des erreurs, contre-sens et approximations « habituels » que Thibaud Collin me reproche, il ne reste donc que Michel Rouche, que j’ai en effet rebaptisé Henri3. Mazette. Sur tout un livre. Que Michel Rouche, s’il nous faisait la grâce de nous lire, veuille bien accepter l’expression de ma plus profonde confusion. Ceci étant dit, sur les trois erreurs pointées, deux le sont… par erreur. Faire preuve de moins de précipitation dans la lecture n’aurait pas été impropre, surtout lorsque l’on veut ensuite fustiger le texte en philosophe.
Mais au final, les attaques plus ou moins assumées de l’un et de l’autre en viennent au même propos : j’en ferais trop avec le spirituel. Mea maxima culpa : aux chrétiens et à moi-même, je propose de puiser à notre foi commune.
Eh bien oui. Je retiens l’accusation, je la relève et la garde volontiers avec moi, précieusement. Ça fera marrer mon curé (...)
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Re: "Identitaire, le mauvais génie du christianisme"
Nicolasticot a écrit:Il yEt avec le pape actuel faudra pas s'étonner de voir les "mauvais catholique" s'éloigner , avec sa façon d'aider les élites au pouvoir dans ses propos (Syrie, Trump, migrant, immigration etc, bref en l'écoutant parfois j'ai l'impression d'être sur le plateau du petit journal de calnal + .... ils devraient l'inviter d'ailleurs c'est le même raisonnement, c'est du même du même niveau. )
Ca va repousser de l'église et repousse déjà bien des catholiques ou des gens simplement croyants non pratiquant.
Moi Francois, il me donne chaque jour le gout de redevenir catholique... voir chrétien...
il me semble surtout de bonne foi et pas trop doctrinaire ou dogmatique...ce que j'apprécie
indian- Messages : 2844
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Re: "Identitaire, le mauvais génie du christianisme"
Patrice de Plunkett sur le même sujet :
la suite sur http://plunkett.hautetfort.com/archive/2017/02/20/t.htmlLe climat entre les milieux politico-médiatiques français et l'Eglise catholique s'est détendu en 2016. Dans le contexte paradoxal des drames terroristes et de la crise du politique, les milieux officiels ont découvert que l'Eglise donnait la priorité non à ses propres soucis, mais au bien commun... Cependant cette découverte reste parasitée par la dérive de groupes privés qui se posent en "défenseurs de l'identité catholique" et pullulent dans la blogosphère : "catholicisme" du virtuel, souvent en désaccord avec l'enseignement de l'Eglise réelle. Ce phénomène n'est que la version "catho" d'un phénomène plus large, dont l'origine est ailleurs que dans le catholicisme.
1. Qu'est-ce que "l'identitaire" ? Ce n'est pas le fait d'assumer une identité. L'identitarisme est une idéologie politique partisane, qui se substitue -sous forme de fantasmes- aux véritables identités enracinées (...) Mais il n'apparait que là où existe une impression (vraie ou fausse) de perte d'une identité réelle, quelle qu'elle soit (...) La société occidentale actuelle, en proie à l'émiettement hyper-individualiste sous la pression de forces économiques, fabrique massivement cette impression de perte des identités enracinées (...) L'identitarisme se présente alors comme le moyen (prétendu) de ressusciter les identités, quelles qu'elles soient. Mais c'est un ersatz (...)
2. Qu'est-ce qui brouille la lucidité ? Une angoisse diffuse devant un monde hostile. Le besoin de se rassurer avec une vision du monde simpliste et autoritaire (vision pas si différente, finalement, de celle des islamistes qu'ils croient combattre) (...)
3. Sur le plan du débat politique et des débats de société, quels sont les effets de la dérive identitaire chez les catholiques ? Le plus évident est le refus de toute mise en cause du système économique : d'où rejet de la DSE réelle (et allergie à l'enseignement du pape François) (...)
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Re: "Identitaire, le mauvais génie du christianisme"
je trouve aussi que ce rapprochement entre l'extrême droite et la catholicisme est très dangereux.
rosarum- Messages : 1021
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da_niel- Membre banni
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Re: "Identitaire, le mauvais génie du christianisme"
Je crois que ça doit être difficile d'être dans la religion majoritaire et aisée. Parce qu'on ne peut pas se définir en opposition.
Je veux dire, quel sens ça aurait de dire : on est pas musulman, pas juif, ect... Hormis de se congratuler entre soi.
Du coup, ça prive un peu de l'aspect communautaire. A moins d'avoir à cœur de se concentrer sur ce que la communauté à de particulier pour le proposer à l'extérieur, et pas pour se distinguer d'une minorité.
Je veux dire, quel sens ça aurait de dire : on est pas musulman, pas juif, ect... Hormis de se congratuler entre soi.
Du coup, ça prive un peu de l'aspect communautaire. A moins d'avoir à cœur de se concentrer sur ce que la communauté à de particulier pour le proposer à l'extérieur, et pas pour se distinguer d'une minorité.
amandine- Messages : 177
Réputation : 0
Date d'inscription : 12/11/2014
Re: "Identitaire, le mauvais génie du christianisme"
Il est tellement difficile d'accepter l'autre dans sa différence qu'elle soit identitaire, physique voire même morale!
mister be- Messages : 868
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Re: "Identitaire, le mauvais génie du christianisme"
De fait.mister be a écrit:Il est tellement difficile d'accepter l'autre dans sa différence qu'elle soit identitaire, physique voire même morale!
Car accepter l'autre dans sa différence, c'est ne pas se sentir attaqué par cette différence.
Bref, c'est être au clair avec sa propre identité !
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Re: "Identitaire, le mauvais génie du christianisme"
Un ouvrage paru récemment, en lien avec ce sujet :
http://afhrc.hypotheses.org/4396L’AFHRC signale la parution du livre collectif dirigé par Bruno Dumons (CNRS-LARHRA) et Frédéric Gugelot (Université de Reims – CERHIC), Catholicisme et identité. Regards croisés sur le catholicisme français contemporain (1980-2017) publié chez Karthala (...)
Depuis une dizaine d’années, un temps de réaffirmation catholique se dessine qui s’exprime tant dans le champ politique, que sociétal, culturel que théologique. C’est ce mouvement que cet ouvrage tente de cerner. Le catholicisme en France connaît en effet des évolutions majeures depuis les années 1980. Des tensions parcourent l’Église au-delà des différences entre les choix d’identité et/ou d’ouverture. Alors que ceux qui revendiquent d’être à la « gauche du Christ » semblent vieillir et disparaître, d’autres courants s’affirment qui se veulent plus authentiquement catholiques : seraient-ils installés à la droite du Père ? À ceux que l’inquiétude évangélique étreint, aux chrétiens critiques répondrait un catholicisme confessionnel, assumé, loin de l’enfouissement des années 1950-1960, « décomplexé ». Ils mettent au cœur de leur foi et de leurs pratiques la défense et la restauration des valeurs chrétiennes et de la famille. Ils défendent des choix de vie en contraste avec des évolutions contemporaines, s’appuient sur des groupes élitaires, des revues, des militances renouvelées.
Bruno Dumons et Frédéric Gugelot ont réuni historiens, politistes, sociologues, pour étudier la pluralité interne du catholicisme et les modes d’organisation de l’institution au croisement du XXe et du XXIe siècle. Il s’agit de définir des catégories et des mises en perspective historiques, puis de dégager des terrains d’exercice de ce catholicisme (...) avant d’évoquer quelques mobilisations militantes récentes (...)
Table des matières :
- Spoiler:
PREMIÈRE PARTIE : Catégories et mise en perspective historique
1. Le « catholicisme d’identité », une recharge du catholicisme intransigeant ?
2. Aux origines de Communio France (1969-1980)
3. Quelques hypothèses sur l’étrange « déclin du catholicisme d’ouverture »
DEUXIÈME PARTIE : Clergés, paroisses, communautés, liturgie
4. Une nouvelle identité épiscopale ? Les évêques français de Jean-Paul II à François
5. Virtuosité, intégralisme, intransigeance ? La communauté apostolique Aïn Karem au regard de l’histoire
6. « Ici, c’est viril ! » Ethnographie d’une communauté cléricale récente qui veut former des hommes avant de former des prêtres
7. L’émergence du « nouveau mouvement liturgique » 8. Le chant et la musique : marqueurs du « catholicisme d’identité » (années 1960-années 2000)
TROISIÈME PARTIE : Réseaux et instances de socialisation
9. Défendre la famille et représenter les familles : L’engagement au sein des Associations familiales catholiques
10. Le cadrage de l’actualité politique dans Famille chrétienne. Une comparaison des mobilisations catholiques
11. Les Journées mondiales de la jeunesse de Paris en 1997. Quel rapport avec le « catholicisme d’identité » ?
12. Entre influence évangélique et affirmation catholique : genèse et développement du groupe Glorious
QUATRIÈME PARTIE : Sur quelques mobilisations militantes récentes
13. Sensibilités catholiques et réactions militantes devant les « blasphème en image »
14. Les Vigiles debout
15. Construction d’un pôle de l’identité dans le militantisme catholique : l’exemple du Courant pour une écologie humaine
16. Un rapprochement entre « catholiques d’identité » et « musulmans d’identité » ?
Épilogue : L’identité entre sciences sociales et usages politiques Conclusion : Catholicisme, une identité ?
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