Dans Genèse 1 et 2, Elohim a-t-il créé la femme inférieure à l'homme ?
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Dans Genèse 1 et 2, Elohim a-t-il créé la femme inférieure à l'homme ?
Introduction
Le questionnement sur la domination de la femme par l’homme est d’actualité. Il est sous-jacent aux évolutions de notre société française depuis 30 ans et plus. C’est une question légitime qui peut être posée par les athées et les croyants aux religions toutes plus ou moins engagées dans cette discrimination millénaire.
Suivant un peu l’actualité sur le mariage homosexuel, j’ai croisé ces temps-ci à plusieurs reprises des interprétations sur l’homme ou l'homme par rapport à la femme dans la Genèse. En voici deux exemples entendus lors des auditions à l’Assemblée Nationales en vue de l’ouverture du mariage et de l’adoption aux couples homosexuels. Outre que ce sont des interprétations relativistes et/ou athées, elles témoignent d’une connaissance très approximative des religions de ces spécialistes de « haut niveau » sensés conseiller le choix des parlementaires.
Audition du 13 décembre 2012 présidée par Erwan Binet http://www.assemblee-nationale.tv/chaines.html
(voir : commissions / et par dates : 13 décembre 2012)
J’avoue que je les ai retenus pour leur caractère pittoresque – au moins pour des gens qui connaissent un peu la Genèse :
Maurice Godelier, anthropologue
La bonne objection
Lors d’un Colloque sur le Genre qui a eu lieu à Paris les 01 et 02 décembre 2012, cette question a été beaucoup mieux posée par Colette Chiland, Psychiatre philosophe psychanalyste, non croyante.
http://www.forumgrandstemoins.org/#culture-evangelique dimanche 02 décembre en fin d'après-midi
A la suite d’un exposé théologique de Sœur Marie-Emmanuelle, sœur de Saint Jean sur « Le couple dans le cœur de Dieu » Colette Chiland a fait très justement remarquer que le verset Gn 2, 22 pouvait, d’après elle, être interprété dans le sens d’une supériorité de l’homme sur la femme – dès avant la chute d’Adam et Eve :
« L’Éternel-Dieu organisa en une femme la côte qu’il avait prise à l’homme, et il la présenta à l’homme. » (Gn 2, 22)
(Gn 2, 22) «וַיִּבֶן יְהוָה אֱלֹהִים אֶת-הַצֵּלָע אֲשֶׁר-לָקַח מִן-הָאָדָם, לְאִשָּׁה; וַיְבִאֶהָ, אֶל-הָאָדָם. »
La Sœur Marie-Emmanuelle un peu décontenancée a fait une réponse – de mon point de vue – embarrassée et confuse. Je n’ai pas été convaincu …
Finalement les questions (pour des hébraïsants) :
1. La relation entre la femme et l’homme du verset Gn 2,22 implique-t-elle une dépendance et une subordination de la femme par rapport à l’homme ?
2. Même question pour les versets Gn 2, 23 et 24 (Bible du Rabbinat) :
« Et l’homme dit: "Celle-ci, pour le coup, est un membre extrait de mes membres et une chair de ma chair; celle-ci sera nommée Icha, parce qu'elle a été prise de Ich. C'est pourquoi l'homme abandonne son père et sa mère; il s'unit à sa femme, et ils deviennent une seule chair.» (Gn 2, 23-24)
(Gn 2, 23-24) « וַיֹּאמֶר, הָאָדָם, זֹאת הַפַּעַם עֶצֶם מֵעֲצָמַי, וּבָשָׂר מִבְּשָׂרִי; לְזֹאת יִקָּרֵא אִשָּׁה, כִּי מֵאִישׁ לֻקְחָה-זֹּאת. עַל-כֵּן, יַעֲזָב-אִישׁ, אֶת-אָבִיו, וְאֶת-אִמּוֹ; וְדָבַק בְּאִשְׁתּוֹ, וְהָיוּ לְבָשָׂר אֶחָד. »
3. Y aurait-il par conséquent une contradiction entre ces versets et la conception du verset Gn 1, 27 :
« Dieu créa l'homme à son image; c'est à l'image de Dieu qu'il le créa. Mâle et femelle furent créés à la fois. » (Gn 1,27)
(Gn 1,27) « וַיִּבְרָא אֱלֹהִים אֶת-הָאָדָם בְּצַלְמוֹ, בְּצֶלֶם אֱלֹהִים בָּרָא אֹתוֹ: זָכָר וּנְקֵבָה, בָּרָא אֹתָם »
4. Autrement dit y a-t-il l’affirmation d’une unicité de nature et/ou d’une égalité des natures entre « Ich » et « Icha » en Gn 2, 22-23 et 24 comme elle est clairement affirmée en Gn 1, 27 et si non, comment se fait la synthèse anthropologique entre ces quatre versets ?
Le questionnement sur la domination de la femme par l’homme est d’actualité. Il est sous-jacent aux évolutions de notre société française depuis 30 ans et plus. C’est une question légitime qui peut être posée par les athées et les croyants aux religions toutes plus ou moins engagées dans cette discrimination millénaire.
Suivant un peu l’actualité sur le mariage homosexuel, j’ai croisé ces temps-ci à plusieurs reprises des interprétations sur l’homme ou l'homme par rapport à la femme dans la Genèse. En voici deux exemples entendus lors des auditions à l’Assemblée Nationales en vue de l’ouverture du mariage et de l’adoption aux couples homosexuels. Outre que ce sont des interprétations relativistes et/ou athées, elles témoignent d’une connaissance très approximative des religions de ces spécialistes de « haut niveau » sensés conseiller le choix des parlementaires.
Audition du 13 décembre 2012 présidée par Erwan Binet http://www.assemblee-nationale.tv/chaines.html
(voir : commissions / et par dates : 13 décembre 2012)
J’avoue que je les ai retenus pour leur caractère pittoresque – au moins pour des gens qui connaissent un peu la Genèse :
Maurice Godelier, anthropologue
Françoise Héritier, anthropologue et ethnologue« Demandez à un chrétien d’où vient l’âme, demander à un islamiste, un musulman d’où vient l’âme qui est dans la corps, … c’est le sperme, c’est l’introduction dans le fœtus à un moment voulu par Dieu, paraît-il, je ne suis pas chrétien, d’une âme et donc cette âme se souille immédiatement du péché originel. Il faut le baptiser pour faire une âme propre et après vous être jugés selon vos propres péchés. »
Le but de cette introduction n’est pas de pointer le caractère trollesque de certaines de ces affirmations, mais de souligner le rôle de repoussoir du texte de la Genèse pour ces « libres penseurs ». La question est : « le texte de la Genèse 1 et 2 – avant la chute - fonde-t-il l’inégalité entre l’homme et la femme ? »« Pourquoi la force de l’opposition des religions du livre ? Je ne sais plus qui a posé cette question [c’est Alain Tourret], mais c’est une question très intéressante : pourquoi ? Eh bien, on peut vous dire, parce que … toutes une série de réponses, mais quand on y regarde bien … j’ai essayé d’en trouves quelques-unes : l’idée de la transcendance de la nature humaine, l’idée du sacré, l’idée du genre élu, de l’humanité élue. Au départ c’est ce qui est le cas dans la religions hébraïque : nous sommes la population élue par Dieu, il y a comme ça … [inaudible] … , je crois, d’être élu.
Bon, mais derrière, il y a très profondément l’idée que la transcendance elle est masculine. Les prêtres sont masculins dans toutes ces … même le paradis qu’on offre en Islam, je ne dis cela que pour parler de l’Islam en l’occurrence, c’est un paradis où on dispose de hourris et il n’y a jamais de pendant féminin. Le sacré est à la disposition des mâles et non des femmes. Il y a derrière toujours cette idée de la domination du référent masculin dans la construction de nos sociétés et de nos représentations mentales. »
La bonne objection
Lors d’un Colloque sur le Genre qui a eu lieu à Paris les 01 et 02 décembre 2012, cette question a été beaucoup mieux posée par Colette Chiland, Psychiatre philosophe psychanalyste, non croyante.
http://www.forumgrandstemoins.org/#culture-evangelique dimanche 02 décembre en fin d'après-midi
A la suite d’un exposé théologique de Sœur Marie-Emmanuelle, sœur de Saint Jean sur « Le couple dans le cœur de Dieu » Colette Chiland a fait très justement remarquer que le verset Gn 2, 22 pouvait, d’après elle, être interprété dans le sens d’une supériorité de l’homme sur la femme – dès avant la chute d’Adam et Eve :
« L’Éternel-Dieu organisa en une femme la côte qu’il avait prise à l’homme, et il la présenta à l’homme. » (Gn 2, 22)
(Gn 2, 22) «וַיִּבֶן יְהוָה אֱלֹהִים אֶת-הַצֵּלָע אֲשֶׁר-לָקַח מִן-הָאָדָם, לְאִשָּׁה; וַיְבִאֶהָ, אֶל-הָאָדָם. »
La Sœur Marie-Emmanuelle un peu décontenancée a fait une réponse – de mon point de vue – embarrassée et confuse. Je n’ai pas été convaincu …
Finalement les questions (pour des hébraïsants) :
1. La relation entre la femme et l’homme du verset Gn 2,22 implique-t-elle une dépendance et une subordination de la femme par rapport à l’homme ?
2. Même question pour les versets Gn 2, 23 et 24 (Bible du Rabbinat) :
« Et l’homme dit: "Celle-ci, pour le coup, est un membre extrait de mes membres et une chair de ma chair; celle-ci sera nommée Icha, parce qu'elle a été prise de Ich. C'est pourquoi l'homme abandonne son père et sa mère; il s'unit à sa femme, et ils deviennent une seule chair.» (Gn 2, 23-24)
(Gn 2, 23-24) « וַיֹּאמֶר, הָאָדָם, זֹאת הַפַּעַם עֶצֶם מֵעֲצָמַי, וּבָשָׂר מִבְּשָׂרִי; לְזֹאת יִקָּרֵא אִשָּׁה, כִּי מֵאִישׁ לֻקְחָה-זֹּאת. עַל-כֵּן, יַעֲזָב-אִישׁ, אֶת-אָבִיו, וְאֶת-אִמּוֹ; וְדָבַק בְּאִשְׁתּוֹ, וְהָיוּ לְבָשָׂר אֶחָד. »
3. Y aurait-il par conséquent une contradiction entre ces versets et la conception du verset Gn 1, 27 :
« Dieu créa l'homme à son image; c'est à l'image de Dieu qu'il le créa. Mâle et femelle furent créés à la fois. » (Gn 1,27)
(Gn 1,27) « וַיִּבְרָא אֱלֹהִים אֶת-הָאָדָם בְּצַלְמוֹ, בְּצֶלֶם אֱלֹהִים בָּרָא אֹתוֹ: זָכָר וּנְקֵבָה, בָּרָא אֹתָם »
4. Autrement dit y a-t-il l’affirmation d’une unicité de nature et/ou d’une égalité des natures entre « Ich » et « Icha » en Gn 2, 22-23 et 24 comme elle est clairement affirmée en Gn 1, 27 et si non, comment se fait la synthèse anthropologique entre ces quatre versets ?
Roque- Messages : 5064
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Re: Dans Genèse 1 et 2, Elohim a-t-il créé la femme inférieure à l'homme ?
J'y pense seulement maintenant : si la femme provient de la côte " prise à l'homme" elle pourrait être la propriété de l'homme ou encore : la femme pourrait être débitrice de l'homme.
Ça s'aggrave !
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Roque- Messages : 5064
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Re: Dans Genèse 1 et 2, Elohim a-t-il créé la femme inférieure à l'homme ?
Bonsoir Roque,
La tradition juive a retenu le sens de "côté" sur le sens de "côte" - les deux se trouvant dans la littérature rabbinique. L'homme duquel est tirée la femme n'est pas l'homme vir mais l'homme en tant qu'espèce humaine. C'est pourquoi mâle et femelle, il les créa. Dans le récit de la création de la femme, c'est ce côté femelle qui est tiré de l'homme originel, qui possédait en lui les deux "faces" de l'humanité.
La tradition juive a retenu le sens de "côté" sur le sens de "côte" - les deux se trouvant dans la littérature rabbinique. L'homme duquel est tirée la femme n'est pas l'homme vir mais l'homme en tant qu'espèce humaine. C'est pourquoi mâle et femelle, il les créa. Dans le récit de la création de la femme, c'est ce côté femelle qui est tiré de l'homme originel, qui possédait en lui les deux "faces" de l'humanité.
Dernière édition par -Ahouva- le Jeu 3 Jan - 17:36, édité 1 fois
-Ahouva-- Messages : 881
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Re: Dans Genèse 1 et 2, Elohim a-t-il créé la femme inférieure à l'homme ?
(Et pour la tradition mésopotamienne, il y avait encore une autre signification : http://blogren.over-blog.com/article-31485795.html )-Ahouva- a écrit:La tradition juive a retenu le sens de "côté" sur le sens de "côte"
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Re: Dans Genèse 1 et 2, Elohim a-t-il créé la femme inférieure à l'homme ?
Merci Ahouva.-Ahouva- a écrit:La tradition juive a retenu le sens de "côté" sur le sens de "côte".
Dans la Tob 2010, je trouve concernant Gn 2, 21 : Seul cas où l'on traduit ce terme par côte. Il signifie normalement " flanc " ou " coté " (généralement d'un bâtiment, d'où le verbe " bâtir " traduit au verser 22 par " transformer ").
Cependant la Bible du Rabbinat et la TOB 2010 ont conservé le mot " cote " - et non " coté ".
De mon point de vue il y a une perte de sens et une légère confusion en français. L'enseignement catholique a pérénnisé cette interprétation littérale de côte qui n'est pas tout à fait exacte.
Merci de m'en dire un peu plus sur ce terme hébreu et sur sa traduction grecque et sur une éventuelle difficulté de traduction de ces termes en français. Cela renvoie de loin aux deux " pôles " ou aux deux " versants " qui jouent dans la sexuation humaines sauf ce cette sexuation est un processus biologique et psychologique alors que la Genèse renvoie à l'homme dans toute sa généralité et sa globalité (qui évoque le notion de nature humaine).-Ahouva- a écrit:Je me demande néanmoins si le terme sumérien - ainsi que l'akkadien shêlu d'ailleurs - renferme les sens de côte et de côté comme la צֵלָע hébraïque ou la πλευρά grecque.
Autre question : depuis quand cette interprétation rabbinique est-elle attestée ? Talmud des premiers siècles de l'ère commune ou plus tard ? Dans le Bible du Rabbinant, on trouve cela de Rashi :-Ahouva- a écrit:Dans la tradition juive ...
De ses côtés (mitsal‘othaw) Un de ses côtés, comme dans : « de même, pour le second côté (tsèla’) du tabernacle » (Chemoth 26, 20). C’est pourquoi on enseigne que l’homme avait été créé avec deux visages (Berakhoth 61a, Beréchith raba 17, 6). Il referma L’endroit où a eu lieu l’incision. Il s’endormit. Il prit Pour que l’homme ne voie pas le fragment de chair dont la femme avait été faite et qu’il n’en vienne à la mépriser (Sanhèdrin 39a).
Deux remarques :
- Cette traduction par " coté " permet de comprendre que c'est l'humanité entière : coté féminin + coté masculin qui est tenté par le serpent (chapitre 3) ; elle éclaire vraiment la compréhension de ce texte !
- Il pourrait y avoir une contradiction dans le texte entre la création " en un seul temps " de : " Mâle et femelle furent créés à la fois" (Gn 1,27) de la Bible du Rabbinat ou " mâle et femelle il les créa " (Gn 1,27) de la TOB 2010 et la création de l'homme et de la femme " en deux temps " au chapitre 2 ......... si on comprend ces étapes ou temps comme un temps historique.
Question subsidiaire : qu'en dit la tradition juive ?
Roque- Messages : 5064
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Re: Dans Genèse 1 et 2, Elohim a-t-il créé la femme inférieure à l'homme ?
Les deux sens sont contenus dans les termes hébraïque et grec, de même pour le latin costa qui a donné « côte » et « côté » en français. Mais il est certain que le choix d'un terme sur l'autre a des conséquences au niveau du sens de l’ensemble du récit pour celui qui n’a pas connaissance des commentaires et du vocabulaire bibliques – ce qui n’est pas ton cas ! Apparemment, le judaïsme s'est décidé pour l'un et le catholicisme pour l'autre, mais les deux sens sont in fine contenus dans chacune de ces traditions.Roque a écrit:De mon point de vue il y a une perte de sens et une légère confusion en français.
Les principaux Targums ont retenu le sens de « côte » : Neophyti, Onkelos, Pseudo-Jonathan ont le terme עֲלַע (le premier ayin étant remplacé par un aleph dans le Neophyti, j'ignore pourquoi) qu'on retrouve par exemple dans la vision de la deuxième bête chez Daniel. (Une autre interprétation ancienne : Ève a été créée à partir que la queue d'Adam !). A ma connaissance, le Talmud ne mentionne jamais le sens de « côte ». En Bereshit Rabbah XVII:6, nous lisons R. Samuel B. Nahmani a dit : il a prit un de ses côtés, comme nous lisons « De même, pour le second côté du Tabernacle. » [Ex. XXVI] Mais Samuel maintenait qu’il a prit une côte entre deux côtes, parce qu’il n’est pas écrit « Et il forma un tissu de chair » mais « Et il forma un tissu de chair à la place. » [Gn. II] Le même rabbin, en Bereshit Rabbah VIII:1, déclare qu'il est bien question de « côté » et non de « côte », après avoir donné l’explication hermaphrodite de la création de l'homme.Roque a écrit:depuis quand cette interprétation rabbinique est-elle attestée ? Talmud des premiers siècles de l'ère commune ou plus tard ?
-Ahouva-- Messages : 881
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Re: Dans Genèse 1 et 2, Elohim a-t-il créé la femme inférieure à l'homme ?
Berakhot 61a : Rab et Samuel expliquaient ceci différemment. L’un disait que [cette « côte »] était une face, l’autre que c’était une queue. Aucune objection ne peut être soulevée contre celui qui dit que c’était une face, puisqu'il est écrit « Tu me serres de près derrière et devant. » [Ps. CXXXIX:5] Mais comment celui qui dit que c’était une queue explique-t-il « Tu me serres de près derrière et devant » ? R. Ammi a dit : « derrière » dans l’œuvre de la Création et « devant » pour la punition. Nous t’accordons qu’il était le dernier dans l’œuvre de la Création puisqu'il n’a pas été créé jusqu'à la veille du Shabbat. Mais quand tu dis « premier pour la punition », à quelle punition te réfères-tu ? Parles-tu de la punition en lien avec le serpent ? Rabbi dit : en honorant, nous débutons par le plus important, en maudissant par le moins important. « En honorant, nous débutons par le plus important » comme il est écrit « Moïse dit à Aaron ainsi qu'à Eléazar et à Ithmar, ses fils survivants : Prenez la part d’oblation qui reste, etc. » [Lv. X:12] « En maudissant, nous débutons par le moins important » ; d’abord le serpent a été maudit, ensuite Ève et ensuite Adam ! [Gn. III:14-20]-Ahouva- a écrit:la queue d'Adam
-Ahouva-- Messages : 881
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La femme avenir de l'homme
Tenter de parler de la femme et de sa position dans une culture ou une société est toujours ardu, alors lorsqu'il s'agit de religion c'est encore plus difficile. Très vite celui qui écrit, et encore plus si c'est un rabbin, sera taxé d'apologète de sa religion car il cherchera de montrer le meilleur ou encore, peut être pour réparer un sentiment de culpabilité collective des mâles, il aura tendance à minimiser les aspect négatifs pour sublimer ce qui est positif. Il est vrai que la condition féminine de par le monde, surtout dans les sociétés très imprégnées de religion, ne joue pas en faveur des religions mais je dirais surtout des religieux. N'oublions pas que ce sont surtout les hommes qui font les religieux mais ils ne sont pas la religion. Cela rend d'autant difficile donc d'écrire la réalité de l'enseignement dans le judaïsme surtout que de nombreux hommes, soit disant connaisseur de la religion, applique le proverbe italien qui dit : « Tra il dire e il fare c'è di mezzo il mare » (Entre dire et faire il y a au milieu la mer).
Pour toute ces raisons je me dois de démontrer, le plus possible à travers les textes et l'interprétation exégétique, les faits qui seront pour certain étonnants.
Pour un lecteur attentif de la Torah et du Tanakh, en général, il ne fait aucun doute que l'homme et la femme ne sont que deux aspects d'une même réalité: l'humanité.
Mais il est tout aussi évident que ces deux aspects ne sont pas dans un rapport de supériorité/infériorité mais d'égalité. Plus encore, l'une sans l'autre, ces deux entités n'ont aucun sens et ne pourrait exister. Je prendrais plusieurs exemples du texte même pour mieux faire comprendre combien le rôle de la femme est essentiel pour que l'homme puisse exister.
Commençons par la création de cet homme et de cette femme. D. crée l'homme à son image et ressemblance comme il est écrit dans Genèse (1,26):
« ...faisons Adam (j'utiliserais le terme Adam à la place de l'homme car il s'agit d'un individu particulier d'où sortira l'homme et la femme) à notre image et comme notre ressemblance... ».
Je ne reviendrais pas en détail sur ce que signifie exactement l'affirmation « à notre image et notre ressemblance » mais le fait est que D. est lui même complet et donc Adam le sera aussi. Contrairement au reste du monde animal, qui est divisé en mâle et femelle, Adam lui sera mâle ET femelle comme le dira le verset de la Genèse (1,27):
VaYVRà ELOKYM ETH HaADaM BéTZaLMO BéTZéLéM ELOKYM BaRà OTO ZaKHaR OUNéKéVaH BaRà OtaM
« Et D. créa Adam à son image, à l'image de D. Il LE créa; mâle et femelle Il LES créa »
Ce verset est extraordinaire donc pour ce qu'il nous enseigne. L'emploi de OTO (le, lui) et de OTAM (les, eux) impose immédiatement aux exégètes une évidence. Adam est un être singulier qui est pluriel. La parole OTO nous indique que c'est un individu unique mais que le mâle et le femelle en lui sont deux entités distinctes qui imposeront le pluriel de OTAM. Adam est donc un androgyne, un être qui est deux. Le mythe machiste de penser que d'abord fut l'homme puis la femme n'a aucun sens. Tout deux furent créé en même temps!
Adam était un être sophistiqué, un seul corps avec une double face et autosuffisant. Autosuffisant comme D. lui-même mais dans le monde du matériel, un reflet de D. Cependant Adam ne peut se satisfaire de cet état qui lui impose la solitude et par conséquent D. dira, dans Genèse (2,18):
Ce verset nous enseigne donc que Adam sera séparé mâle et femelle et qu'ils pourront se voir face à face. Mais le mot « KéNéGDO » a un double sens. Il signifie « en face, face à face » mais aussi « contre ». La femme sera une aide mais comme égale dans le sens d'allié, de compagne et non de servante. Cependant si l'homme (mâle) ne se comporte pas envers elle comme égal et compagnon alors elle sera contre lui, comme un obstacle. Adam, avant la séparation, est un être qui ne voit pas l'autre, mâle et femelle sont dos à dos, et ne peut voir la différence. Lorsque enfin mâle et femelle sont face à face, ils prennent conscience de cette différence mais aussi qu'ils ne sont qu'une seule et même entité. C'est pour cette raison que l'homme (mâle) sera appelé איש (ISH) et la femme אשה (ISHaH). Chacun ayant ses propres éléments, י (Yod) chez l'homme qui n'existe pas chez la femme et ה (Hé) absent chez l'homme. Mais aussi des éléments en commun comme le א (aleph) et le ש (shin). En commun donc ils ont le feu (ESH= אש) de la matière et de l'appartenance au monde animal mais aussi chacun une partie de cette étincelle divine, qu'ils partagent, et qui lorsqu'ils reforment, par leur union, cet Adam original ils reforment aussi l'unité divine avec le Yod et le Hé qui reforment le nom de D. Tout cela renforce donc le concept d'égalité absolue entre homme et femme et leur parfaite complémentarité.
Il nous faut, maintenant, aller plus loin. En effet, c'est bien agréable de parler d'égalité dans la création mais qu'en est-il dans les faits ?
Encore une fois la Torah ne fait aucune hiérarchisation entre homme et femme. Tant l'homme que la femme peuvent être prophètes, avoir une vision du futur et être porteur du message divin même si chacun a sa spécificité.
Prenons quelques exemples de femmes emblématiques :
- SARAH : Avraham a deux fils, Itzkhak et Ishmaël. Lorsqu'ils grandissent, Sarah prend conscience que pour qu'Itzkhak puisse accomplir son destin, il fallait éloigner Ishmaël. Pour cela elle dira à Avraham (Genèse 21,10) :
Avraham refusa de l'écouter et c'est D. qui interviendra en lui disant (Genèse 21,10) :
Cela parce que Sarah a une vision prophétique supérieure à Avraham.
- RIVKA : Rivkà femme de Itzkhak voit que ce dernier aime plus Esav que Jacob. Voyant le mauvais penchant de Esav et son impossibilité de continuer la voie de son père et grand-père, elle fera en sorte que ce soit Jacob qui reçoive la bénédiction, sauvant ainsi la pérennité d'Israël.
- MYRIAM : En Egypte les hommes désespéraient à cause de la rigueur de l'esclavage et de la décision de Pharaon de tuer tous les enfants mâles. Ils décidèrent de ne plus se marier et ainsi ne pas avoir d'enfants. Les femmes, et en particulier Myriam, dirent alors: « Serions-nous pire que Pharaon ? Lui n'a décrété que la mort des garçons mais nous nous avons aussi décrété celle des filles ! Même si les enfants doivent mourir nous ne devons pas perdre espoir. » C'est ainsi que Myriam s'opposant à son père, Amram chef des anciens et initiateur de la décision de ne plus se marier, l'obligea à retourner auprès de sa femme et permit ainsi la naissance de Moshé.
- Les femmes ne participèrent pas à l'idolâtrie du veau d'or
- Lorsque les explorateurs rentrèrent et parlèrent des géants qui habitaient la terre d'Israël, les hommes se lamentèrent mais pas les femmes. Pour cela les hommes moururent dans le désert et pas les femmes.
- ESTHER : qui en épousant le roi Assuérus sauva le peuple de la décision de Aman en prenant le risque d'aller voir le roi sans convocation.
- JUDITH : qui tua le général des armées grecques Orlophène ce qui donna le courage aux Maccabées de se révolter.
Et les épisodes ne manquent pas. Les femmes semblent, dans tout le Tanakh, avoir plus le sens de l'histoire que les hommes mais surtout, c'est aux moments critiques qu'elles donnent l'impulsion nécessaire pour se ressaisir et changer le cours des choses. Elles ne tombent pas dans le travers du religieux dans lequel les hommes tombent. Les hommes ont tendance à attendre le miracle. Or la halakhà interdit ce type de comportement et de baser sa vie sur le miracle. Il faut agir, envers et contre tout, et seulement alors un miracle, s'il est nécessaire, pourra avoir lieu. L'attentisme religieux dans lequel les hommes semblent à chaque fois entrer n'est pas porteur d'avenir. En cela, donc, les femmes réalisent ce que D. dit : « Je ferais une aide en face de toi ».
Voyons maintenant dans les commentaires si cela se confirme aussi. Rashi est sans aucun doute celui qui le plus soutient cette vision de la femme et ses commentaires mettent mal à l'aise plusieurs commentateurs plus obtus. Pourtant dans le Talmud déjà existe ce type de femme comme par exemple la femme de Rabbi Meir qui était consultée, non seulement par son mari, mais aussi par les autres maîtres pour son opinion et ses commentaires. Rashi enseignera à ses filles la Torah au même titre que les garçons.
Il est vrai que les femmes sont exonérées de certaines mitzvoth, en particulier les mitzvoth Assé Bizman Gheramà (Commandements positifs avec un temps déterminé) mais une exonération n'est pas une interdiction et cela est trop souvent confondu.
Dans un commentaire au Talmud Rashi va très loin pour démontrer cette égalité. Il s'agit d'un commentaire sur un passage du Talmud traitant de l'obligation de la lecture de la Meghilat Ester (le livre d'Ester qui se lit à Pourim). Rashi a comme méthode de commenter un passage la première fois qu'ils se présente dans le texte, si par la suite ce passage est répété il ne fera plus de commentaire. Or dans ce cas Rashi ne fera pas le commentaire dans le premier passage qui se présente dans le traité Meghilà du Talmud. Traité assez simple d'ailleurs et donc très lu et étudié. Ce passage se représente dans un autre traité qui lui par contre est le plus difficile, en absolu, du Talmud et aussi le moins lu et étudié. Il n'y a pas 10 personnes dans le monde qui le finissent en 10 ans. Il n'y a que une ou deux Yeshivot (écoles talmudiques) qui l'ont dans leur programme d'étude. C'est donc s'assurer que le commentaire sera lu uniquement par des personnes savantes (car arriver à ce traité implique une connaissance très approfondie) qui comprendront ce que Rashi veut dire et dans quelle optique.
Il s'agit donc de son commentaire dans le traité Arakhin (que je n'ai pas étudié, je l'avoue) à la page 3A Il est écrit :
« Tout le monde est obligé d'écouter la lecture de la Méghilà, et chacun est apte à lire la Meghilà. Cela vient inclure qui ? Cela inclut les femmes, comme dit Rabbi Yehoshouà ben Lévi car il est écrit : les femmes sont obligées d'écouter la Meghilà car elles aussi ont été sauvées lors du miracle.... ».
Rashi commente : Cela inclut les femmes : qu'elles sont obligées d'écouter, et elles sont apte à la lire et faire sortir d'obligation les hommes.
C'est révolutionnaire. N'oubliez pas que Rashi est du X ème siècle. Rashi dit clairement qu'une femme peut lire pour des hommes la Meghilà et les faire sortir de leur obligation religieuse. Donc il démontre que sur le plan religieux homme et femme sont équivalent.
Attention cela ne veut pas dire que partout cela peut s'appliquer mais que pour des cas où la femme et l'homme ont reçu le même don du miracle cela est possible. Mais, bien entendu, ce commentaire de Rashi fit grincer les dents à beaucoup de grands exégètes. Ce n'est pas pour rien que ce commentaire fut écrit en cet endroit.
Mais nous avons déjà plusieurs précédant et notamment un épisode très particulier de la Torah. Dans le livre des Nombres Chap.XXVII voici que Moshé ne saura pas répondre. Les filles de Tzélofkhad s'approchent de Moshé et lui demandent la part d'héritage, en terre d'Israël, de leur père mort dans le désert sans avoir pour autant participé à la faute de Korakh et sans avoir laissé de fils. Elles sont 5 filles : Makhlà, No'à, Khoglà, Milkà et Tirtzà. Moshé les écoute et il ne connaît pas la réponse, il ne sait pas la loi ! Selon les exégètes cela est du au fait que cette loi est liée directement à la terre d'Israël et que Moshé ne pénétrant pas en Israël et le sachant depuis le début de sa mission, ne pourra statuer pour la terre d'Israël. En effet le décret de sa non entrée en Israël se trouve selon le midrash dans Exode (6,1) :
La parole עתה (‘ATaH) [Maintenant] est de trop et le midrash Tanh'oumà dit: ...c'est pour cela « Maintenant, tu verras ce que je vais faire à Pharaon », tu verras la guerre contre Pharaon mais non celle des 31 rois que mènera Josué ton disciple. De là, tu apprends que Moise reçut la condamnation de ne pas entrer en terre d'Israël. Ainsi qu'il est dit « Vayedaber ELOKIM el Moshé » = « Et parla le Seigneur à Moshé », Il lui répondit avec l'attribut de la rigueur (le nom ELOKIM représente cet attribut).
Ne sachant pas répondre aux filles de Tzélofkhad Moshé présente la demande à D. même qui répondra. Dans Nombre (27,5) il est écrit :
Le midrash Rabà répond :
« Et déféra Moshé.... : Comme les filles de Tzélofkhad ont parlé. Ainsi sera la loi ! La loi que tu ne connais pas, les femmes la jugeront. Ce midrash aussi laisse pantois et est d'ailleurs très rarement reporté par les « religieux ». Mais les commentaires vont plus loin et demandent : Quelle est la véritable requête des filles de Tzélofkhad ? En réalité les femmes demandent : Comment transmettront nous l'héritage de la Torah, son enseignement et la réponse est : comme ce sont les femmes qui demandent comment faire ce sont elles qui auront le rôle et le privilège de la transmission du judaïsme ».
Il me faut maintenant commencer à tirer un fil conducteur et arrêter les exemples qui ne manquent pas. Nous constatons, finalement, que le rôle de la femme est essentiel. Non seulement il dérive du fait qu'elle est l'égale de l'homme mais aussi parce qu'elle apporte son approche vitale du monde. Finalement le peuple d'Israël n'existerait pas sans elles, non pas uniquement parce que les enfants ne naîtraient pas, mais parce qu'elles ont guidées la destinée de l'histoire d'Israël en prenant les décisions que les hommes était incapable de prendre. Elles savent, lorsque c'est nécessaire, assumer aussi la faute d'une transgression pour assurer l'avenir. Les hommes ont un sens du religieux qui les figent dans l'attentisme même si cela les porte à de grands élans mystiques. Mais ils deviennent inaptes à assumer l'avenir et c'est la femme qui adoptera ce rôle. Elle devient ainsi l'élément de progrès dans le judaïsme.
Il est vrai que pendant des siècles, surtout sous des influences étrangères, tout a été fait pour minimiser ce rôle. Une des influences qui a le plus fait de mal est celui du judaïsme helléniste, dont Philon d'Alexandrie fut la figure la plus éminente, qui avait développé une véritable peur et aversion de la femme et de la sexualité dont probablement le christianisme hérite en partie. Mais le judaïsme rabbinique, issus des pharisiens qui ont une approche positive et valorisante de la femme et de la sexualités, prendra le dessus et ceux qui encore aujourd'hui au nom de la religion tentent de démontrer une infériorité ou une servilité de la femme envers l'homme ne sont que des ignorants et insulte l'essence même du judaïsme. Il est vrai qu'être Talmid Khakham (savant, maître) ne met pas à l'abri de la misogynie et du machisme.
Les femmes aussi ne doivent pas tomber dans le piège du sexisme qui consiste à vouloir s'approprier de ce qui est masculin comme si cela était meilleur que le féminin. C'est admettre alors une échelle de valeur où ce qui est masculin est supérieur. C'est oublier que l'égalité homme/femme ne pas passe pas par une assimilation d'identité et qu'en effaçant nos différences et la spécificité de chaque sexe c'est appauvrir la relation avec l'autre.
Comme disait un de mes maîtres : « La femme est la dernière création de D., non seulement c'est la plus finie mais c'est aussi la plus belle».
Pour toute ces raisons je me dois de démontrer, le plus possible à travers les textes et l'interprétation exégétique, les faits qui seront pour certain étonnants.
Pour un lecteur attentif de la Torah et du Tanakh, en général, il ne fait aucun doute que l'homme et la femme ne sont que deux aspects d'une même réalité: l'humanité.
Mais il est tout aussi évident que ces deux aspects ne sont pas dans un rapport de supériorité/infériorité mais d'égalité. Plus encore, l'une sans l'autre, ces deux entités n'ont aucun sens et ne pourrait exister. Je prendrais plusieurs exemples du texte même pour mieux faire comprendre combien le rôle de la femme est essentiel pour que l'homme puisse exister.
Commençons par la création de cet homme et de cette femme. D. crée l'homme à son image et ressemblance comme il est écrit dans Genèse (1,26):
... נעשה אדם בצלמנו כדמותנו...
...Na'ASSéH ADaM BéTZaLMéNOU KiDMOTéNOU...
...Na'ASSéH ADaM BéTZaLMéNOU KiDMOTéNOU...
« ...faisons Adam (j'utiliserais le terme Adam à la place de l'homme car il s'agit d'un individu particulier d'où sortira l'homme et la femme) à notre image et comme notre ressemblance... ».
Je ne reviendrais pas en détail sur ce que signifie exactement l'affirmation « à notre image et notre ressemblance » mais le fait est que D. est lui même complet et donc Adam le sera aussi. Contrairement au reste du monde animal, qui est divisé en mâle et femelle, Adam lui sera mâle ET femelle comme le dira le verset de la Genèse (1,27):
ויברא אלוקים את האדם בצלמו בצלם אלוקים ברא אותו זכר ונקבה ברא אתם
VaYVRà ELOKYM ETH HaADaM BéTZaLMO BéTZéLéM ELOKYM BaRà OTO ZaKHaR OUNéKéVaH BaRà OtaM
« Et D. créa Adam à son image, à l'image de D. Il LE créa; mâle et femelle Il LES créa »
Ce verset est extraordinaire donc pour ce qu'il nous enseigne. L'emploi de OTO (le, lui) et de OTAM (les, eux) impose immédiatement aux exégètes une évidence. Adam est un être singulier qui est pluriel. La parole OTO nous indique que c'est un individu unique mais que le mâle et le femelle en lui sont deux entités distinctes qui imposeront le pluriel de OTAM. Adam est donc un androgyne, un être qui est deux. Le mythe machiste de penser que d'abord fut l'homme puis la femme n'a aucun sens. Tout deux furent créé en même temps!
Adam était un être sophistiqué, un seul corps avec une double face et autosuffisant. Autosuffisant comme D. lui-même mais dans le monde du matériel, un reflet de D. Cependant Adam ne peut se satisfaire de cet état qui lui impose la solitude et par conséquent D. dira, dans Genèse (2,18):
לבדו אעשה לו עזר כנגדו לא טוב היות האדם...
...Lo TOV HéYOT HaADaM LéVaDO E'éSSéH Lo ‘EZéR KéNéGDO
« ...il n'est pas bon que Adam soit seul, je lui ferais une aide en face de lui »
...Lo TOV HéYOT HaADaM LéVaDO E'éSSéH Lo ‘EZéR KéNéGDO
« ...il n'est pas bon que Adam soit seul, je lui ferais une aide en face de lui »
Ce verset nous enseigne donc que Adam sera séparé mâle et femelle et qu'ils pourront se voir face à face. Mais le mot « KéNéGDO » a un double sens. Il signifie « en face, face à face » mais aussi « contre ». La femme sera une aide mais comme égale dans le sens d'allié, de compagne et non de servante. Cependant si l'homme (mâle) ne se comporte pas envers elle comme égal et compagnon alors elle sera contre lui, comme un obstacle. Adam, avant la séparation, est un être qui ne voit pas l'autre, mâle et femelle sont dos à dos, et ne peut voir la différence. Lorsque enfin mâle et femelle sont face à face, ils prennent conscience de cette différence mais aussi qu'ils ne sont qu'une seule et même entité. C'est pour cette raison que l'homme (mâle) sera appelé איש (ISH) et la femme אשה (ISHaH). Chacun ayant ses propres éléments, י (Yod) chez l'homme qui n'existe pas chez la femme et ה (Hé) absent chez l'homme. Mais aussi des éléments en commun comme le א (aleph) et le ש (shin). En commun donc ils ont le feu (ESH= אש) de la matière et de l'appartenance au monde animal mais aussi chacun une partie de cette étincelle divine, qu'ils partagent, et qui lorsqu'ils reforment, par leur union, cet Adam original ils reforment aussi l'unité divine avec le Yod et le Hé qui reforment le nom de D. Tout cela renforce donc le concept d'égalité absolue entre homme et femme et leur parfaite complémentarité.
Il nous faut, maintenant, aller plus loin. En effet, c'est bien agréable de parler d'égalité dans la création mais qu'en est-il dans les faits ?
Encore une fois la Torah ne fait aucune hiérarchisation entre homme et femme. Tant l'homme que la femme peuvent être prophètes, avoir une vision du futur et être porteur du message divin même si chacun a sa spécificité.
Prenons quelques exemples de femmes emblématiques :
- SARAH : Avraham a deux fils, Itzkhak et Ishmaël. Lorsqu'ils grandissent, Sarah prend conscience que pour qu'Itzkhak puisse accomplir son destin, il fallait éloigner Ishmaël. Pour cela elle dira à Avraham (Genèse 21,10) :
« גרש האמה ואת בנה... »
...GaRéSH HaAMaH Vé-ET BéNaH
«...Sépare-toi de cette servante et de son fils »
...GaRéSH HaAMaH Vé-ET BéNaH
«...Sépare-toi de cette servante et de son fils »
Avraham refusa de l'écouter et c'est D. qui interviendra en lui disant (Genèse 21,10) :
... כל אשר תאמר אליך שרה שמע בקולה...
...KoL ToMaR ELéYKHa SaRaH SHéM'A BéKOLaH
«...Tout ce que te diras Sarah, écoute sa voix... »
...KoL ToMaR ELéYKHa SaRaH SHéM'A BéKOLaH
«...Tout ce que te diras Sarah, écoute sa voix... »
Cela parce que Sarah a une vision prophétique supérieure à Avraham.
- RIVKA : Rivkà femme de Itzkhak voit que ce dernier aime plus Esav que Jacob. Voyant le mauvais penchant de Esav et son impossibilité de continuer la voie de son père et grand-père, elle fera en sorte que ce soit Jacob qui reçoive la bénédiction, sauvant ainsi la pérennité d'Israël.
- MYRIAM : En Egypte les hommes désespéraient à cause de la rigueur de l'esclavage et de la décision de Pharaon de tuer tous les enfants mâles. Ils décidèrent de ne plus se marier et ainsi ne pas avoir d'enfants. Les femmes, et en particulier Myriam, dirent alors: « Serions-nous pire que Pharaon ? Lui n'a décrété que la mort des garçons mais nous nous avons aussi décrété celle des filles ! Même si les enfants doivent mourir nous ne devons pas perdre espoir. » C'est ainsi que Myriam s'opposant à son père, Amram chef des anciens et initiateur de la décision de ne plus se marier, l'obligea à retourner auprès de sa femme et permit ainsi la naissance de Moshé.
- Les femmes ne participèrent pas à l'idolâtrie du veau d'or
- Lorsque les explorateurs rentrèrent et parlèrent des géants qui habitaient la terre d'Israël, les hommes se lamentèrent mais pas les femmes. Pour cela les hommes moururent dans le désert et pas les femmes.
- ESTHER : qui en épousant le roi Assuérus sauva le peuple de la décision de Aman en prenant le risque d'aller voir le roi sans convocation.
- JUDITH : qui tua le général des armées grecques Orlophène ce qui donna le courage aux Maccabées de se révolter.
Et les épisodes ne manquent pas. Les femmes semblent, dans tout le Tanakh, avoir plus le sens de l'histoire que les hommes mais surtout, c'est aux moments critiques qu'elles donnent l'impulsion nécessaire pour se ressaisir et changer le cours des choses. Elles ne tombent pas dans le travers du religieux dans lequel les hommes tombent. Les hommes ont tendance à attendre le miracle. Or la halakhà interdit ce type de comportement et de baser sa vie sur le miracle. Il faut agir, envers et contre tout, et seulement alors un miracle, s'il est nécessaire, pourra avoir lieu. L'attentisme religieux dans lequel les hommes semblent à chaque fois entrer n'est pas porteur d'avenir. En cela, donc, les femmes réalisent ce que D. dit : « Je ferais une aide en face de toi ».
Voyons maintenant dans les commentaires si cela se confirme aussi. Rashi est sans aucun doute celui qui le plus soutient cette vision de la femme et ses commentaires mettent mal à l'aise plusieurs commentateurs plus obtus. Pourtant dans le Talmud déjà existe ce type de femme comme par exemple la femme de Rabbi Meir qui était consultée, non seulement par son mari, mais aussi par les autres maîtres pour son opinion et ses commentaires. Rashi enseignera à ses filles la Torah au même titre que les garçons.
Il est vrai que les femmes sont exonérées de certaines mitzvoth, en particulier les mitzvoth Assé Bizman Gheramà (Commandements positifs avec un temps déterminé) mais une exonération n'est pas une interdiction et cela est trop souvent confondu.
Dans un commentaire au Talmud Rashi va très loin pour démontrer cette égalité. Il s'agit d'un commentaire sur un passage du Talmud traitant de l'obligation de la lecture de la Meghilat Ester (le livre d'Ester qui se lit à Pourim). Rashi a comme méthode de commenter un passage la première fois qu'ils se présente dans le texte, si par la suite ce passage est répété il ne fera plus de commentaire. Or dans ce cas Rashi ne fera pas le commentaire dans le premier passage qui se présente dans le traité Meghilà du Talmud. Traité assez simple d'ailleurs et donc très lu et étudié. Ce passage se représente dans un autre traité qui lui par contre est le plus difficile, en absolu, du Talmud et aussi le moins lu et étudié. Il n'y a pas 10 personnes dans le monde qui le finissent en 10 ans. Il n'y a que une ou deux Yeshivot (écoles talmudiques) qui l'ont dans leur programme d'étude. C'est donc s'assurer que le commentaire sera lu uniquement par des personnes savantes (car arriver à ce traité implique une connaissance très approfondie) qui comprendront ce que Rashi veut dire et dans quelle optique.
Il s'agit donc de son commentaire dans le traité Arakhin (que je n'ai pas étudié, je l'avoue) à la page 3A Il est écrit :
« Tout le monde est obligé d'écouter la lecture de la Méghilà, et chacun est apte à lire la Meghilà. Cela vient inclure qui ? Cela inclut les femmes, comme dit Rabbi Yehoshouà ben Lévi car il est écrit : les femmes sont obligées d'écouter la Meghilà car elles aussi ont été sauvées lors du miracle.... ».
Rashi commente : Cela inclut les femmes : qu'elles sont obligées d'écouter, et elles sont apte à la lire et faire sortir d'obligation les hommes.
C'est révolutionnaire. N'oubliez pas que Rashi est du X ème siècle. Rashi dit clairement qu'une femme peut lire pour des hommes la Meghilà et les faire sortir de leur obligation religieuse. Donc il démontre que sur le plan religieux homme et femme sont équivalent.
Attention cela ne veut pas dire que partout cela peut s'appliquer mais que pour des cas où la femme et l'homme ont reçu le même don du miracle cela est possible. Mais, bien entendu, ce commentaire de Rashi fit grincer les dents à beaucoup de grands exégètes. Ce n'est pas pour rien que ce commentaire fut écrit en cet endroit.
Mais nous avons déjà plusieurs précédant et notamment un épisode très particulier de la Torah. Dans le livre des Nombres Chap.XXVII voici que Moshé ne saura pas répondre. Les filles de Tzélofkhad s'approchent de Moshé et lui demandent la part d'héritage, en terre d'Israël, de leur père mort dans le désert sans avoir pour autant participé à la faute de Korakh et sans avoir laissé de fils. Elles sont 5 filles : Makhlà, No'à, Khoglà, Milkà et Tirtzà. Moshé les écoute et il ne connaît pas la réponse, il ne sait pas la loi ! Selon les exégètes cela est du au fait que cette loi est liée directement à la terre d'Israël et que Moshé ne pénétrant pas en Israël et le sachant depuis le début de sa mission, ne pourra statuer pour la terre d'Israël. En effet le décret de sa non entrée en Israël se trouve selon le midrash dans Exode (6,1) :
ויאמר ה' אל משה עתה תראה אשר אעשה לפרעה....
VaYoMeR Hashem EL MoSHéH ‘ATaH TiRéH ASHeR E'éSSeH LéFaR'O....
« Et dit l'Eternel à Moshé : Maintenant, tu verras ce que je vais faire à Pharaon.... »
VaYoMeR Hashem EL MoSHéH ‘ATaH TiRéH ASHeR E'éSSeH LéFaR'O....
« Et dit l'Eternel à Moshé : Maintenant, tu verras ce que je vais faire à Pharaon.... »
La parole עתה (‘ATaH) [Maintenant] est de trop et le midrash Tanh'oumà dit: ...c'est pour cela « Maintenant, tu verras ce que je vais faire à Pharaon », tu verras la guerre contre Pharaon mais non celle des 31 rois que mènera Josué ton disciple. De là, tu apprends que Moise reçut la condamnation de ne pas entrer en terre d'Israël. Ainsi qu'il est dit « Vayedaber ELOKIM el Moshé » = « Et parla le Seigneur à Moshé », Il lui répondit avec l'attribut de la rigueur (le nom ELOKIM représente cet attribut).
Ne sachant pas répondre aux filles de Tzélofkhad Moshé présente la demande à D. même qui répondra. Dans Nombre (27,5) il est écrit :
ויקרב משה את משפתן לפני השם
VaYaKReV MoSHéH ETH MiSHPaTaN LiFNeY Hashem
« Et déféra Moshé leur cause devant D. ».
VaYaKReV MoSHéH ETH MiSHPaTaN LiFNeY Hashem
« Et déféra Moshé leur cause devant D. ».
Le midrash Rabà répond :
« Et déféra Moshé.... : Comme les filles de Tzélofkhad ont parlé. Ainsi sera la loi ! La loi que tu ne connais pas, les femmes la jugeront. Ce midrash aussi laisse pantois et est d'ailleurs très rarement reporté par les « religieux ». Mais les commentaires vont plus loin et demandent : Quelle est la véritable requête des filles de Tzélofkhad ? En réalité les femmes demandent : Comment transmettront nous l'héritage de la Torah, son enseignement et la réponse est : comme ce sont les femmes qui demandent comment faire ce sont elles qui auront le rôle et le privilège de la transmission du judaïsme ».
Il me faut maintenant commencer à tirer un fil conducteur et arrêter les exemples qui ne manquent pas. Nous constatons, finalement, que le rôle de la femme est essentiel. Non seulement il dérive du fait qu'elle est l'égale de l'homme mais aussi parce qu'elle apporte son approche vitale du monde. Finalement le peuple d'Israël n'existerait pas sans elles, non pas uniquement parce que les enfants ne naîtraient pas, mais parce qu'elles ont guidées la destinée de l'histoire d'Israël en prenant les décisions que les hommes était incapable de prendre. Elles savent, lorsque c'est nécessaire, assumer aussi la faute d'une transgression pour assurer l'avenir. Les hommes ont un sens du religieux qui les figent dans l'attentisme même si cela les porte à de grands élans mystiques. Mais ils deviennent inaptes à assumer l'avenir et c'est la femme qui adoptera ce rôle. Elle devient ainsi l'élément de progrès dans le judaïsme.
Il est vrai que pendant des siècles, surtout sous des influences étrangères, tout a été fait pour minimiser ce rôle. Une des influences qui a le plus fait de mal est celui du judaïsme helléniste, dont Philon d'Alexandrie fut la figure la plus éminente, qui avait développé une véritable peur et aversion de la femme et de la sexualité dont probablement le christianisme hérite en partie. Mais le judaïsme rabbinique, issus des pharisiens qui ont une approche positive et valorisante de la femme et de la sexualités, prendra le dessus et ceux qui encore aujourd'hui au nom de la religion tentent de démontrer une infériorité ou une servilité de la femme envers l'homme ne sont que des ignorants et insulte l'essence même du judaïsme. Il est vrai qu'être Talmid Khakham (savant, maître) ne met pas à l'abri de la misogynie et du machisme.
Les femmes aussi ne doivent pas tomber dans le piège du sexisme qui consiste à vouloir s'approprier de ce qui est masculin comme si cela était meilleur que le féminin. C'est admettre alors une échelle de valeur où ce qui est masculin est supérieur. C'est oublier que l'égalité homme/femme ne pas passe pas par une assimilation d'identité et qu'en effaçant nos différences et la spécificité de chaque sexe c'est appauvrir la relation avec l'autre.
Comme disait un de mes maîtres : « La femme est la dernière création de D., non seulement c'est la plus finie mais c'est aussi la plus belle».
Maimon2- Messages : 34
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Re: Dans Genèse 1 et 2, Elohim a-t-il créé la femme inférieure à l'homme ?
Chère Ahouva, je suis parfaitement convaincu pas ton explication :
Je m'en veux un peu de m'être laissé " surprendre ", car j'avais lu antérieurement cette explication. Mais, méfiant, le rapprochement entre " cote " et " côté " m'avait paru être un jeu de mot facile de la part d'un curé inculte (il ne donnait pas toutes les explications que tu viens de nous fournir.)
On me l'avais bien dit, mais je n'avais pas voulu entendre !
- entre derrière et devant ; ou
- entre la création et la punition ; ou
- entre l'honneur et la malediction ; ou
- entre le plus important ou le moins important ...
.... est une recherche de figuration d'un " interface " dans sa propre espèce qui essaie aussi d'expliquer l'intention du créateur. L'opération est complexe ! Mais comme en plus, on est dans un plan figuré la représentation est assez tatonnante ... De la même façon si on dit que " l'humain a donné l'homme et la femme ", on ne sait pas bien de quoi on parle parce qu'un humain qui n'est pas homme ou un humain qui n'est pas femme ça personne ne sait à quoi ça ressemble sauf les théoriciens des études du genre et encore ... !
... convaincu aussi par son appui dans la tradition juive très antérieure à notre polémique moderne.Ahouva a écrit:Les deux sens sont contenus dans les termes hébraïque et grec, de même pour le latin costa qui a donné « côte » et « côté » en français
Je m'en veux un peu de m'être laissé " surprendre ", car j'avais lu antérieurement cette explication. Mais, méfiant, le rapprochement entre " cote " et " côté " m'avait paru être un jeu de mot facile de la part d'un curé inculte (il ne donnait pas toutes les explications que tu viens de nous fournir.)
On me l'avais bien dit, mais je n'avais pas voulu entendre !
L'alternative entre la face et la queue ouAhouva a écrit:la queue d'Adam
- entre derrière et devant ; ou
- entre la création et la punition ; ou
- entre l'honneur et la malediction ; ou
- entre le plus important ou le moins important ...
.... est une recherche de figuration d'un " interface " dans sa propre espèce qui essaie aussi d'expliquer l'intention du créateur. L'opération est complexe ! Mais comme en plus, on est dans un plan figuré la représentation est assez tatonnante ... De la même façon si on dit que " l'humain a donné l'homme et la femme ", on ne sait pas bien de quoi on parle parce qu'un humain qui n'est pas homme ou un humain qui n'est pas femme ça personne ne sait à quoi ça ressemble sauf les théoriciens des études du genre et encore ... !
Dernière édition par Roque le Lun 7 Jan - 13:38, édité 1 fois
Roque- Messages : 5064
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Re: Dans Genèse 1 et 2, Elohim a-t-il créé la femme inférieure à l'homme ?
Sans discuter avec toi, je n'aurais probablement pas remarqué que ce double sens se retrouve également en grec et en latin, ce qui me laisse penser que l'idée selon laquelle la femme est issue de la côte de l'homme est peut-être moins misogyne qu'on a tendance à le penser. Cela demande néanmoins de s'intéresser aux interprétations qui ont eu lieu dans le monde chrétien mais je laisse cette question aux théologiens.
Alors merci pour cette découverte
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-Ahouva-- Messages : 881
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Re: Dans Genèse 1 et 2, Elohim a-t-il créé la femme inférieure à l'homme ?
Merci Maimon2 de cet enseignement très nourrissant, très séduisant malgré quelques bémols ... je " marche " quand l'argumentation est simple et directe, je " marche " moins quand l'argumentation ressemble à un échafaudage complexe.
Comme je viens de perdre par inadvertance un commentaire assez étendu ... je me limite donc à deux questions :
1. Y a-t-il d'autres arguments prouvant qu'Adam (terre rouge) est une personnalité collective ? Tu avoueras que dire que Adam (et Eve) est un indivi(du) et qu'il est un et non deux est un peu surprenant ... absolument pas perceptible dans les traductions de la Bible en français que je connais (y compris la Bible du Rabbinat). C'est cepedant une idée que je suis tout à fait prêt à admettre - car j'ai découvert qu'il y avait d'autres " personnalités corporatives " dans la Bible. On peu " scotché " quand même qu'une tradition très ancienne (yahwiste à partir du 10ème siècle ...) puisse atteindre ce niveau d'abstraction .... Mais il est bien possible que je ne comprenne pas le fonctionnement intellectuel de ces grands anciens ... ;
2. Commen peut se justifier (pourquoi ? d'où cela vient-il ? pour quoi ?) la différence de traitement par D. entre les animaux (mâle ou femelle) et l'homme : mâle ET femelle à la fois (un androgyne), soit deux " cotés " d'emblée unis, puis mis " face à face " ?
Comme je viens de perdre par inadvertance un commentaire assez étendu ... je me limite donc à deux questions :
1. Y a-t-il d'autres arguments prouvant qu'Adam (terre rouge) est une personnalité collective ? Tu avoueras que dire que Adam (et Eve) est un indivi(du) et qu'il est un et non deux est un peu surprenant ... absolument pas perceptible dans les traductions de la Bible en français que je connais (y compris la Bible du Rabbinat). C'est cepedant une idée que je suis tout à fait prêt à admettre - car j'ai découvert qu'il y avait d'autres " personnalités corporatives " dans la Bible. On peu " scotché " quand même qu'une tradition très ancienne (yahwiste à partir du 10ème siècle ...) puisse atteindre ce niveau d'abstraction .... Mais il est bien possible que je ne comprenne pas le fonctionnement intellectuel de ces grands anciens ... ;
2. Commen peut se justifier (pourquoi ? d'où cela vient-il ? pour quoi ?) la différence de traitement par D. entre les animaux (mâle ou femelle) et l'homme : mâle ET femelle à la fois (un androgyne), soit deux " cotés " d'emblée unis, puis mis " face à face " ?
Roque- Messages : 5064
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Re: Dans Genèse 1 et 2, Elohim a-t-il créé la femme inférieure à l'homme ?
Roque a écrit:Y a-t-il d'autres arguments prouvant qu'Adam (terre rouge) est une personnalité collective ?
Je me réfère à la traduction par Meschonnic de Genèse I, 26 :
Et Dieu a dit faisons l’homme à notre image selon notre ressemblance
Et ils domineront le poisson de la mer et l’oiseau du ciel et la bête et toute la terre et tout le fourmillement qui fourmille sur la terre.
En note, Meschonnic précise :
26 – « l’homme », adam. Mot voulu clairement pour son lien avec adama, la terre. En réalité, l’étymologie est douteuse. Mais le terme est collectif : le verbe qui suit est au pluriel, « et ils domineront » (veyirdou, de rada), ainsi adam, c’est les hommes.
Blaise- Messages : 220
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Re: Dans Genèse 1 et 2, Elohim a-t-il créé la femme inférieure à l'homme ?
Merci Blaise.
C'est insoupconnable.
- Ma Bible TOB donne " ... et qu'il soumette les poissons de la mer, les oiseaux du ciel ... " (Gn 1, 26) sans aucune note et
- pareil pour la Bible du Rabbinat (sefarim.fr) : " qu'il domine sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, "...
Au fond, si la traduction ne suggère absolument rien, il est normal qu'on ne le comprenne pas ... Ca me dérange un peu !
C'est insoupconnable.
- Ma Bible TOB donne " ... et qu'il soumette les poissons de la mer, les oiseaux du ciel ... " (Gn 1, 26) sans aucune note et
- pareil pour la Bible du Rabbinat (sefarim.fr) : " qu'il domine sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, "...
Au fond, si la traduction ne suggère absolument rien, il est normal qu'on ne le comprenne pas ... Ca me dérange un peu !
Roque- Messages : 5064
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Re: Dans Genèse 1 et 2, Elohim a-t-il créé la femme inférieure à l'homme ?
Roque a écrit:
1. Y a-t-il d'autres arguments prouvant qu'Adam (terre rouge) est une personnalité collective ? Tu avoueras que dire que Adam (et Eve) est un indivi(du) et qu'il est un et non deux est un peu surprenant ... absolument pas perceptible dans les traductions de la Bible en français que je connais (y compris la Bible du Rabbinat). C'est cepedant une idée que je suis tout à fait prêt à admettre - car j'ai découvert qu'il y avait d'autres " personnalités corporatives " dans la Bible. On peu " scotché " quand même qu'une tradition très ancienne (yahwiste à partir du 10ème siècle ...) puisse atteindre ce niveau d'abstraction .... Mais il est bien possible que je ne comprenne pas le fonctionnement intellectuel de ces grands anciens ... ;
Le problème est bien la traduction. En effet le texte en hébreu a une richesse qui ne peut être retrouvé avec un texte traduit, même par le rabbinat. D’ailleurs dans beaucoup de traduction cela est précisé dans la préface. Ainsi des éléments évidents à la lecture du texte en hébreu ne le semblent plus avec une traduction. La traduction est toujours une petite trahison et souvent le choix du traducteur.
Ainsi le verset de la Genèse (I, 27) est très clair et pas le produit d’un échafaudage intellectuel. Il est écrit :
"ויברא אלוקים את אדם בצלמו בצלם אלוקים ברא אותו זכר ונקבה ברא אתם"
VaYVRà ELOKYM ETH HaADaM BéTZaLMO BéTZéLéM ELOKYM BaRà OTO ZaKHaR OUNéKéVaH BaRà OTaM
« Et D. créa Adam selon son image, selon l'image de D. Il LE créa mâle et femelle, Il LES créa »
Comme vous le notez le texte en hébreu n’a pas de ponctuation et la lecture de « Bara OtO ZakHaR OUNeKeVaH Bara OT » (Il le créa mâle et femelle Il les créa) pose problème. En effet le OTO = le se réfère a un individu unique et OTaM = les est un pluriel. La question qui se pose est à qui se réfère OTO et OTaM ?
Vous notez que si j’écris en français : Il le créa mâle et femelle Il les créa vous pouvez lire : Il le créa mâle et femelle, Il les créa ou : Il le créa, mâle et femelle Il les créa et vous notez une subtilité en français qui vous dit : D. a crée l’homme et la femme d’où : mâle et femelle Il les créa et Il a crée l’humanité : Il le créa.
Mais ce n’est pas ce que le texte en hébreu nous donne, en fait OTO se réfère a un être unique créé qui est male et femelle mais que ce male et femelle ne sont pas mélangé et reste deux entités d’où le OTaM qui met l’accent sur les deux individualités qui existe dans cet être unique.
Je vous renvoi aussi a la discussion sur la parole : צלע qui est traduit souvent par côte mais qui dans l’hébreu biblique (qui est une langue technique et spécialisée) plus souvent le sens de côté dans le sens de partie (comme la d’ailleurs très brillamment présenté Ahouva), il s’agit pour D. de prendre la partie femelle et de la séparer mais pas de créer. Il n’y a pas de création de la femme, il y a une séparation, le texte de Genèse II, 22 utilise la parole : ויבן (VaYVéN) qui n’est pas créer (BaRaH) mais construire, organiser a partir de l’existant déjà. Un peu comme un chirurgien esthétique qui fait juste les petites modifications qui permettront de distingue la femme et l’homme.
Roque a écrit: 2. Commen peut se justifier (pourquoi ? d'où cela vient-il ? pour quoi ?) la différence de traitement par D. entre les animaux (mâle ou femelle) et l'homme : mâle ET femelle à la fois (un androgyne), soit deux " cotés " d'emblée unis, puis mis " face à face " ?
L’homme reçoit une bénédiction qui est (GeneseI, 28) :
"ויבך אתם אלוקים ויאמר להם אלוקים פרו ורבו… "
VaYVaReKH OTaM Elokim VaYoMer LaHeM Elokim PeROU OURVOU
Et D. les bénit et leur dit le Seigneur, croissez et multipliez
Or les poissons, GeneseI,22, reçoivent la même bénédiction mais il y a une différence, il est écrit :
"ויברך אתם אלוקים לאמור פרו ורבו… "
VaYVaReKH OTaM Elokim LeMOR PeROU OURVOU …
Et les bénit D. en disant croissez et multipliez
VaYVaReKH OTaM Elokim LeMOR PeROU OURVOU …
Et les bénit D. en disant croissez et multipliez
On note immédiatement la différence pour les poissons D. ne s’adresse pas " personnellement " à eux, la forme utilisée (en disant) est impersonnelle alors que pour l’homme la forme est personnelle (leur dit). Cela parce que la bénédiction de D. ne consiste pas, comme pour les poissons (et les animaux en général), dans le pouvoir de reproduction mais dans la conscience de ce pouvoir. L’homme connaît donc son pouvoir et ce qui, pour les autres êtres est seulement un fait, pour l’homme est un fait conscient. C’est ce que nous dit d’ailleurs le Pirké Avoth (Traité des Pères):
"En créant l’homme à son image, D. lui donna une grande preuve d’amour. Mais Il lui en donna une plus grande en lui faisant savoir qu’il avait été créé à son image."
Enfin la réponse plus évidente reste le fait que D. crée l’homme à son image (Tzelem) et ressemblance (Demouth) or en quoi l’homme est image de D. et ressemblance de D., chose que les animaux ne sont pas ?
L’homme ne ressemble certainement pas à D. par son physique, D. n’étant pas matériel, ni n’ayant de corps. Alors ? Nous sommes à l’image de D. (du moins Adam avant d’être séparé) car c’est un être complet, parfait qui est mâle et femelle, autosuffisant comme D. qui est complet et parfait et autosuffisant. Comme D. l’homme est unique dans son univers qui est la terre, tout les animaux sont duel : mâle et femelle séparés pas l’homme.
Demouth est une autre particularité que n’a que l’homme et qu’il partage avec D., c’est le seul être qui a le libre arbitre et qui choisi ce qu’il veut faire. Même les anges envient l’homme car ils n’ont pas de libre arbitre et ne peuvent ni choisir, ni se rebeller à D.
Cordialement
Maimon2- Messages : 34
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Re: Dans Genèse 1 et 2, Elohim a-t-il créé la femme inférieure à l'homme ?
Maimon2 a écrit:Mais ce n’est pas ce que le texte en hébreu nous donne, en fait OTO se réfère a un être unique créé qui est male et femelle mais que ce male et femelle ne sont pas mélangé et reste deux entités d’où le OTaM qui met l’accent sur les deux individualités qui existe dans cet être unique.
Je suis un peu sceptique devant cette interprétation, mais elle va dans le même sens que Rachi dans son commentaire de la Genèse :
Mâle et femelle Il les créa Alors qu’il est écrit plus loin : « Il prit un de ses côtés... » (infra 2, 21). Voici ce qu’enseigne le midrach (Beréchith raba 8, 1, ‘Erouvin 18a) : Il a commencé par le créer avec deux visages, puis Il l’a divisé en deux. Quant au sens littéral, il nous apprend qu’ils ont été créés tous les deux le sixième jour, sans préciser la manière dont ils ont été créés, sur laquelle on reviendra plus loin.
Ce qui me gêne, c'est le concordisme des deux récits que présuppose l'analyse de Rachi. Dans Genèse I, il n'est pas question de séparation des deux sexes à partir d'un individu humain indistinctement mâle et femelle. C'est visiblement pour assurer la continuité entre Genèse I et Genèse II, que certains commentateurs utilisent Genèse II comme clé interprétative de Genèse I. Pourtant, l'usage de adam comme « terme collectif » dans Genèse I, 26 ne signifie pas qu'il faille y voir la désignation d'un handrogyne.
Blaise- Messages : 220
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Re: Dans Genèse 1 et 2, Elohim a-t-il créé la femme inférieure à l'homme ?
[/quote]Blaise a écrit:Maimon2 a écrit:Mais ce n’est pas ce que le texte en hébreu nous donne, en fait OTO se réfère a un être unique créé qui est male et femelle mais que ce male et femelle ne sont pas mélangé et reste deux entités d’où le OTaM qui met l’accent sur les deux individualités qui existe dans cet être unique.
Je suis un peu sceptique devant cette interprétation
Blaise, est-ce que je te comprends bien ?
Je suppose que tu ne conteste pas que dans : « Et D. créa Adam selon son image, selon l'image de D. Il LE créa mâle et femelle, Il LES créa » (Gn 1, 27) il y a deux sens inscrits dans la lettre du texte avec OTO = " le " (singulier) qui se réfère à un individu unique et avec OTaM = " les " (pluriel) qui se réfère à un couple (2) ou à une collection (plus de 2). Je ne connais rien en hébreu, mais je suppose que ce que Maimon2 dit de OTO et OTaM dans ce verset est limpide et indiscutable ?
Je suppose donc que c'est l'idée d'androgyne ou des " deux visages " dans le commentaire de Rashi que tu contestes. Ai-je bien compris ? Ce que proposent Maimon2 et Rashi c'est aussi l'idée de " deux individualités dans un être unique ".
Si c'est cela que tu contestes comment peut-on interprèter autrement ce verset Gn 1, 27 ?
Dernière édition par Roque le Mer 9 Jan - 23:30, édité 1 fois
Roque- Messages : 5064
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Re: Dans Genèse 1 et 2, Elohim a-t-il créé la femme inférieure à l'homme ?
Effectivement, c’est cela : l’hypothèse de l’androgyne ne me paraît pas solide, pour ce qui concerne Genèse I, 26. Par contre, adam compris comme désignant une personnalité collective – l’espèce humaine grosse des générations à venir – ne me pose pas de problème.
Blaise- Messages : 220
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Re: Dans Genèse 1 et 2, Elohim a-t-il créé la femme inférieure à l'homme ?
La signification précise que peut revêtir adam varie suivant les passages de la Genèse. Ainsi, d’après l’exégète Pierre Grelot : « En Gn 2-3, il est question de l’Homme et de la Femme. A partir de Gn 4, 25, Adam (mot qui signifie homme) devient un nom propre. » (Homme, qui es-tu ? Les onze chapitres de la Genèse, Paris, Le Cerf, coll. "Cahiers Evangile", p. 33) Henri Meschonnic souligne également cette évolution du mot : « C’est tout le problème du passage du récit cosmogonique au récit mythologique, quand "l’Homme" générique devient un individu particulier, mythique, et particulièrement au chapitre 5. » (Au commencement. Traduction de la Genèse, Paris, DDB, 2002, p. 258)
Blaise- Messages : 220
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Re: Dans Genèse 1 et 2, Elohim a-t-il créé la femme inférieure à l'homme ?
Blaise a écrit:La signification précise que peut revêtir adam varie suivant les passages de la Genèse. Ainsi, d’après l’exégète Pierre Grelot : « En Gn 2-3, il est question de l’Homme et de la Femme. A partir de Gn 4, 25, Adam (mot qui signifie homme) devient un nom propre. » (Homme, qui es-tu ? Les onze chapitres de la Genèse, Paris, Le Cerf, coll. "Cahiers Evangile", p. 33) Henri Meschonnic souligne également cette évolution du mot : « C’est tout le problème du passage du récit cosmogonique au récit mythologique, quand "l’Homme" générique devient un individu particulier, mythique, et particulièrement au chapitre 5. » (Au commencement. Traduction de la Genèse, Paris, DDB, 2002, p. 258)
Le nom Adam est donné au premier homme simplement pour insister sur une différence essentielle qui existe entre D. et l’homme. L’homme est composé de matière. Dans Genèse (I, 26) l’accent est mis sur ce qui uni l’Homme et D., il est Tzelem (image) de D. mais il n’est pas spécifié à partir de quoi il est créé. Le verset dit :
"ויברא אלוקים את אדם בצלמו בצלם אלוקים ברא אותו זכר ונקבה ברא אתם"
« Et D. créa Adam selon son image, selon l'image de D. Il LE créa mâle et femelle, Il LES créa »
Il n’y a rien d’autre et avec cette seule narration il aurait était possible de penser que l’homme et D. sont une même chose, l’un étant le simple reflet de l’autre.
Dans Genèse (II, 7) le verset dit :
וַיִּיצֶר ה' אֱלֹוקים אֶת-הָאָדָם, עָפָר מִן-הָאֲדָמָה, וַיִּפַּח בְּאַפָּיו נִשְׁמַת חַיִּים; וַיְהִי הָאָדָם לְנֶפֶשׁ חַיָּה
« Et façonna l’Eternel D. l’homme, poussière de la terre, et souffla dans ses narines le souffle de vie, et fut (devint) l’homme un être vivant »
Dans cette narration le texte insiste, par contre, sur l’élément qui unit l’homme non pas à D. mais au monde où il vit. Il est fait de matière comme le monde animal comme il est dit dans le verset 19 du même chapitre :
וַיִּצֶר ה' אֱלֹוקים מִן-הָאֲדָמָה, כָּל-חַיַּת הַשָּׂדֶה וְאֵת כָּל-עוֹף הַשָּׁמַיִם
«Et façonna l’Eternel D. de la terre (poussière) tous les animaux des champs et tous les oiseaux des cieux…. »
Dans les deux versets sont utilisés exactement le même verbe : וַיִּצֶר (VaYTZéR) façonner et non pas créer (BaRaH). Cela parce que cette seconde narration met une distance entre D. et la création.
Dans le chap. I il s’agit de mettre l’accent sur le fait que la création est fruit de la parole divine, d’une création « Ex Nihilo », alors que la seconde est l’illustration de la mise en action de cette volonté créatrice.
Dans la première narration il faut clairement indiquer que le but de la création est l’homme et les caractéristiques qu’il partage avec D. qui seront l’unicité et le libre arbitre. Dans la seconde il s’agit d’insister sur la matérialité de l’homme qui est poussière et y retournera ce qui est la différence avec D. qui lui n’a pas de fin. Mais par le fait que D. demande à l’homme de nommer tous les animaux, ce qui fait de l’homme l’associé de D. dans la création, l’homme prendra conscience de sa différence car tous les animaux sont sous le signe de la dualité un mâle et une femelle et lui pas comme le dit la fin du verset 20 chap. II :
לֹא-מָצָא עֵזֶר כְּנֶגְדּוֹ
« …il ne trouva pas d’aide en face de lui.»
« …il ne trouva pas d’aide en face de lui.»
L’homme ne comprend pas ou n’est pas capable d’assumer et vivre sa particularité vis-à-vis du monde qu’il doit dominer et a ce moment D. décide de séparer cet être unique en homme et femme mais pour insister sur le fait que ce masculin et ce féminin sont issu du même être et existait dès le début ensemble il va les nommer ISH et ISHA. Or c’est une particularité de l’hébreu qui est intraduisible car il s’agit d’un masculin et féminin parfait. En effet toutes les langues utilise deux paroles distincte pour parler de Ish et Isha, homme/femme, uomo/donna, man/woman etc… ce qui semble mettre l’accent sur deux êtres différents dès l’origine et comme deux créations alors que Ish/Isha insiste sur l’identité et le fait que ce fut un seul être. D’où la nécessité de pouvoir lire le texte en hébreu et avoir une traduction très littérale, la plupart des traductions sont déjà des commentaires un peu comme le Targoum Onkelos en araméen.
Cordialement
Maimon2- Messages : 34
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Re: Dans Genèse 1 et 2, Elohim a-t-il créé la femme inférieure à l'homme ?
Pour rendre ich/icha, saint Jérôme proposait vir/virago.
Blaise- Messages : 220
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Re: Dans Genèse 1 et 2, Elohim a-t-il créé la femme inférieure à l'homme ?
Blaise a écrit:Pour rendre ich/icha, saint Jérôme proposait vir/virago.
Ce qui n'est pas un masulin et son féminin exact.
Cordialement
Maimon2- Messages : 34
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Re: Dans Genèse 1 et 2, Elohim a-t-il créé la femme inférieure à l'homme ?
Maimon2 a écrit:Blaise a écrit:Pour rendre ich/icha, saint Jérôme proposait vir/virago.
Ce qui n'est pas un masculin et son féminin exact.
Cordialement
Effectivement. Du point de vue de la langue, saint Jérôme avait tort - mais cela lui permettait de coller d'avantage au texte. La solution trouvée par la Bible du Rabbinat n'est pas meilleure : homme/hommesse.
Blaise- Messages : 220
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Re: Dans Genèse 1 et 2, Elohim a-t-il créé la femme inférieure à l'homme ?
Blaise a écrit:Maimon2 a écrit:Blaise a écrit:Pour rendre ich/icha, saint Jérôme proposait vir/virago.
Ce qui n'est pas un masculin et son féminin exact.
Cordialement
Effectivement. Du point de vue de la langue, saint Jérôme avait tort - mais cela lui permettait de coller d'avantage au texte. La solution trouvée par la Bible du Rabbinat n'est pas meilleure : homme/hommesse.
Certe ce n'est pas très francais mais au moins cela adhère au texte et tente de ne pas perdre le sens. En effet lorsque vous prenez l'exégèse rabbinique qui est complètement lié au texte en hébreu, certains commentaires apparaissent obscurs et inaccéptable pour le non hébraisant.
Cordialement
Maimon2- Messages : 34
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