Le chiisme ismaélien
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Re: Le chiisme ismaélien
À Alamut (qui était devenu un véritable état à l’intérieur de l’état perse), en plus de la métaphysique, la philosophie, la théologie et l’ésotérisme shi'ites, on y étudiait les mathématiques, l'astronomie, la biologie... Hassan el Sabah y avait reconstitué une vaste bibliothèque qui contenait de nombreux livres sur divers sujets comme les sciences, la philosophie, la religion...J'ai vu beaucoup d'islamophobes du net faire le même amalgame et tenter de voir dans les ismaéliens les ancêtres d’Al-Qaïda ! C'est d'autant plus bête quand on sait que les "Assassin" étaient surtout des pieux ésotéristes shi'ites, passionnés par les subtilités métaphysiques, tout le contraire des terroristes djihadistes...
Je vois en effet mal les djihadistes d'al Qaida s'adonner à ce genre d'activité
Finalement, ce ne sont ni les abbassides, ni les turcs seldjoukides qui ont mit fin à la forteresse, mais les invasions mongoles!
Musashi974- Messages : 475
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Re: Le chiisme ismaélien
Le drame du ciel - Idées - France Culture
http://www.franceculture.fr/player/reecouter?play=4561743
Une emission sur l'ismaelisme du temps du califat fatimide (meme intervenant que l'emission sur les druzes)
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Une emission sur l'ismaelisme du temps du califat fatimide (meme intervenant que l'emission sur les druzes)
Musashi974- Messages : 475
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Date d'inscription : 19/02/2013
Re: Le chiisme ismaélien
Merci pour le lien
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...S'il me manque l'amour, je suis un métal qui résonne, une cymbale retentissante (1 Cor XIII, 1)
>> Mon blog change d'adresse pour fuir la pub : https://blogrenblog.wordpress.com/ <<
Re: Le chiisme ismaélien
Oui merci pour le lien Musashi, je venais justement de terminer la lecture de plusieurs ouvrages ismaéliens.
Ishraqi- Messages : 530
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Re: Le chiisme ismaélien
Excellent ça Quelles ouvrages avez vous lu ?je venais justement de terminer la lecture de plusieurs ouvrages ismaéliens.
Musashi974- Messages : 475
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Re: Le chiisme ismaélien
Le "Jardin de la soumission" (Rawḍa-yi Taslīm) de Khwaja Nasīr al-Dīn Tūsī ainsi que "Le livre réunissant les deux sagesses" de Nāsir Khosrow et j'allais sûrement commencer d'autres livres du même auteur (Khosrow) puisqu'ils sont faciles à trouver, sauf bien sûr si tu me conseilles des auteurs plus appropriés pour comprendre l'ismaélisme actuel.
Tu me détromperas peut-être mais il me semble que l'ismaélisme moderne a radicalement réformé sa théologie depuis l'époque du premier Aga Khan et du coup j'ai un peu l'impression de perdre mon temps avec ces penseurs quasi-millénaires.
Tu me détromperas peut-être mais il me semble que l'ismaélisme moderne a radicalement réformé sa théologie depuis l'époque du premier Aga Khan et du coup j'ai un peu l'impression de perdre mon temps avec ces penseurs quasi-millénaires.
Ishraqi- Messages : 530
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Date d'inscription : 07/06/2013
Re: Le chiisme ismaélien
Le "Jardin de la soumission" (Rawḍa-yi Taslīm) de Khwaja Nasīr al-Dīn Tūsī ainsi que "Le livre réunissant les deux sagesses" de Nāsir Khosrow et j'allais sûrement commencer d'autres livres du même auteur (Khosrow) puisqu'ils sont faciles à trouver, sauf bien sûr si tu me conseilles des auteurs plus appropriés pour comprendre l'ismaélisme actuel.
Excellent choix de lecture Ishraqi! Nāsir Khosrow est un des philosophes les plus importants de l’ismaélisme fatimide, dans la continuité des philosophes islamique helléniste (je pense notamment a Avicienne ou Al farabi). Je crois que c’est dans "Le livre réunissant les deux sagesses" qu’il expose les la conception ismaélienne du tawid (unicité divine) islamique. Définitivement un auteur à découvrir, et à approfondir.
Nasir Al din Tusi lui est un de auteur les plus important de l’ismaélisme nizarite (juste apres le califat fatimide, donc), ou l’ismaélisme connu une importante réforme, lors de la fameuse « grande résurrection » d’alamut (A ce titre Al tutsi est sans doute plus proche de l’ismaélisme actuel que Khosrow, plus proche de la tradition fatimide).
Al Tusi est né shiite duodécimain, puis, il rejoignit les ismaéliens à Alamut, adoptant la foi ismaélienne. C’est durant cette période qu’il écrivit d’importants traités philosophiques, théologiques et métaphysiques ismaéliens. Il fit également d’importantes découvertes scientifiques. En mathématique il fut le premier a développé la « loi des sinus », en biologie, il fit une ébauche de la théorie de l’évolution, des siècles avant Darwin. Il était également versé dans l’astronomie (un cratère de la lune porte son nom, pour lui rendre hommage), la chimie, la physique et la médecine.
Lorsque les Mongoles qui envahissait le monde, s’saccagèrent la forteresse d’Alamut, sans doute pour ne pas se faire massacrer avec les autres, il rejoignit les Mongoles, et se reconvertis au shiisme duodécimain! Il est d’ailleurs considéré comme un personnage important dans les mouvements ésotériques –irfani- shiite.
Tu me détromperas peut-être, mais il me semble que l'ismaélisme moderne a radicalement réformé sa théologie depuis l'époque du premier Aga Khan et du coup j'ai un peu l'impression de perdre mon temps avec ces penseurs quasi millénaires
l y eu effectivement d’importante reforme, mais pas tant que ça d’un point de vue purement théologique, ou ésotérique (malgré une reformulation de certain concept), et les anciens auteurs médiévaux ont encore leur place pour comprendre, encore aujourd’hui, les concepts ésotériques de l’ismaélisme. Disons qu’après la destruction d’alamut, l’ismaélisme c’est mit en mode « survie », et adoptant une taqqya stricte (cacher son appartenance à l’ismaélisme) tout simplement pour éviter sa disparition (avec un mode de fonctionnement proche des tarîqa soufies iranienne). La gnose des Imams se transmit alors par tradition orale, notamment par l’intermédiaire de chant religieux (bon moyen d’éviter la censure).
Mais à partir de l’Imam Aga Khan III (fin 19e et 20e siècles), le mouvement perdit sons caractère clandestin pour connaitre un certain renouveau. En effet laga khan III eu plus de responsabilités publiques. Peu de gens le savent, mais il fut le premier musulman à être le président de la SDN –Société des nations- qui est l’ancêtre de l’ONU. Il fut aussi le premier président et un des fondateurs de la Ligue des musulmans de l'Inde. Il entreprit d’importantes réformes pour faire entrer l’ismaélisme dans la modernité. Dans cette objectif c’est lui qui mit en place les premières institutions qui permirent aux ismaéliens vivant dans les pays en voie de développement d’avoir accès à l’éducation (aussi bien les hommes que les femmes), la santé, et le progrès social (par l’intermédiaire de la construction d’école et d’hôpitaux), tout en conservant ses traditions millénaires, et surtout son fondement ésotérique. A ce titre l’évolution de l’ismaélisme est quasi opposé à celle du wahhabisme ou du salafisme, pour qui le retour aux sources islamique passe par un rejet de tout modernisme, et de toute spiritualité ésotérique.
Un très bon livre explique en détail l’ampleur des travaux entrepris par laga khan III, pour comprendre le neo-ismaélisme moderne d’aujourd’hui :
LA Renovation Du Shi'Isme Ismaelien En Inde Et Au Pakistan D'Apres Les Ecrits Et Les Discours De Sultan Muhammad Shah Aga Khan (1902-1954)
http://www.amazon.fr/Renovation-ShiIsme-Ismaelien-Inde-Pakistan/dp/0700714227
Musashi974- Messages : 475
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Re: Le chiisme ismaélien
En effet mais pas seulement pour l'irfān puisqu'il fonda également le kalām duodécimain.Musashi974 a écrit: Il est d’ailleurs considéré comme un personnage important dans les mouvements ésotériques –irfani- shiite.
D'accord ! Mais, par exemple, la supériorité de la personne de l'Imām sur celle du Prophète est-elle encore professée ? Tūsī l'explique longuement mais il me semble que, de nos jours, les ismaéliens n'y croient plus. Les sites nizaris donnent des réponses contradictoires sur le sujet.il y eu effectivement d’importante reforme, mais pas tant que ça d’un point de vue purement théologique, ou ésotérique (malgré une reformulation de certain concept), et les anciens auteurs médiévaux ont encore leur place pour comprendre, encore aujourd’hui, les concepts ésotériques de l’ismaélisme. Disons qu’après la destruction d’alamut, l’ismaélisme c’est mit en mode « survie », et adoptant une taqqya stricte (cacher son appartenance à l’ismaélisme) tout simplement pour éviter sa disparition (avec un mode de fonctionnement proche des tarîqa soufies iranienne). La gnose des Imams se transmit alors par tradition orale, notamment par l’intermédiaire de chant religieux (bon moyen d’éviter la censure).
C'est vrai pour l'ismaélisme majoritaire mais les mustaliens Dawoodi Bohra (un courant dont il faudrait parler) dérivent, parait-il, vers le fondamentalisme.Musashi974 a écrit: A ce titre l’évolution de l’ismaélisme est quasi opposé à celle du wahhabisme ou du salafisme, pour qui le retour aux sources islamique passe par un rejet de tout modernisme, et de toute spiritualité ésotérique.
Merci pour le conseil, j'essaierai de le lire dès que le temps me le permettra !Un très bon livre explique en détail l’ampleur des travaux entrepris par laga khan III, pour comprendre le neo-ismaélisme moderne d’aujourd’hui :
LA Renovation Du Shi'Isme Ismaelien En Inde Et Au Pakistan D'Apres Les Ecrits Et Les Discours De Sultan Muhammad Shah Aga Khan (1902-1954)
http://www.amazon.fr/Renovation-ShiIsme-Ismaelien-Inde-Pakistan/dp/0700714227
Ishraqi- Messages : 530
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Re: Le chiisme ismaélien
Bonne question. Il faudrait que je me renseigne sur ce point. Selon ma compréhension, sur l’aspect exotérique, le prophète a une mission législative, et révèle la parole de Dieu à travers le coran. Mais le cycle de prophétie est terminé avec Mohammed (le sceau des prophètes), ce qui laisse place au cycle de la Walaya. Ali inaugure ce cycle est initie au mystère du sens vrai de la révélation prophétiqueD'accord ! Mais, par exemple, la supériorité de la personne de l'Imām sur celle du Prophète est-elle encore professée ? Tūsī l'explique longuement mais il me semble que, de nos jours, les ismaéliens n'y croient plus. Les sites nizaris donnent des réponses contradictoires sur le sujet.
Je ne sais pas où vous avait lu ça, mais ce n’est pas du tout le cas.C'est vrai pour l'ismaélisme majoritaire mais les mustaliens Dawoodi Bohra (un courant dont il faudrait parler) dérivent, parait-il, vers le fondamentalisme.
Petit rappel historique, au 11 siècle, il y eu une querelle de succession dans la communauté quant successeur de l’imam calife fatimide Al-Mustansir Billah. Certain affirmèrent que Al-Mustansir Billah avait désigné son fils Nizar comme successeur tandis que pour d’autre, héritier désigné est Al Mustali.
Ceux qui ont suivi l’Imamat de Nizar sont appelés les ismaéliens Nizarite, tandis que ceux qui ont suivi l’Imamat de Al Mustatli sont appelés les mustalien Daoudi Borah.
Aujourd’hui, lorsqu’on parle des ismaéliens, on parle généralement des ismaéliens Nizarite. En, effet, les Borah existent toujours mais sont beaucoup moins nombreux, et, contrairement au Nizarite, n’ont plus d’Imam présent depuis plusieurs siècle. De ce faite, Les Borah sont restés beaucoup plus proche de la tradition fatimide (ils se basent sur la jurisprudence développé par ce califat). Ils n’ont pas connu la période d’Alamut et n’ont pas évolué vers le modernisme actuel. Cependant, de là à les qualifier de fondamentaliste, je n’irai pas du tout jusque-là. Leur branche reste « Batini », et de ce faite, ne prône pas du tout un islam strict comme les salafiste, et leur lecture du Coran n’est pas purement littérale et dénué d’interprétation ésotérique.
Musashi974- Messages : 475
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Date d'inscription : 19/02/2013
Re: Le chiisme ismaélien
Oui, c'est je crois la croyance de la plupart des ismaéliens actuels.Musashi974 a écrit:
Bonne question. Il faudrait que je me renseigne sur ce point. Selon ma compréhension, sur l’aspect exotérique, le prophète a une mission législative, et révèle la parole de Dieu à travers le coran. Mais le cycle de prophétie est terminé avec Mohammed (le sceau des prophètes), ce qui laisse place au cycle de la Walaya. Ali inaugure ce cycle est initie au mystère du sens vrai de la révélation prophétique
C'est sur les sites de la communauté mustalienne elle-même, ici par exemple : http://dawoodi-bohras.com/about_us/our-mission/.Musashi974 a écrit:Je ne sais pas où vous avait lu ça, mais ce n’est pas du tout le cas.
Apparemment le clergé mustali aurait récemment promulgué toute une série de notions pour exploiter et asservir les fidèles, notamment le Raza qui oblige les Borahs à se référer à leurs mullahs avant d'entreprendre n'importe quelle action — y compris non-religieuse (déménager, visiter un ami, etc).
Eux-mêmes disent d'ailleurs être la da'wa fatimide.Musashi974 a écrit:De ce faite, Les Borah sont restés beaucoup plus proche de la tradition fatimide (ils se basent sur la jurisprudence développé par ce califat).
En effet, en théorie ils devraient l'être, tous les shi'ites devraient l'être, mais en pratique on sait bien que ce n'est pas toujours le cas...Musashi974 a écrit:Cependant, de là à les qualifier de fondamentaliste, je n’irai pas du tout jusque-là. Leur branche reste « Batini », et de ce faite, ne prône pas du tout un islam strict comme les salafiste, et leur lecture du Coran n’est pas purement littérale et dénué d’interprétation ésotérique.
Ishraqi- Messages : 530
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Re: Le chiisme ismaélien
C'est sur les sites de la communauté mustalienne elle-même, ici par exemple : http://dawoodi-bohras.com/about_us/our-mission/.
Apparemment le clergé mustali aurait récemment promulgué toute une série de notions pour exploiter et asservir les fidèles, notamment le Raza qui oblige les Borahs à se référer à leurs mullahs avant d'entreprendre n'importe quelle action — y compris non-religieuse (déménager, visiter un ami, etc).
N'etant pas Borah je ne connaissais pas l'existence de cette "Raza" mais ca a lair de bien exister pour eux. Cest assez extreme effectivement. Quelques remarques cependant, cela a ete mit en place dapres ce que jai lu sur leur site, au 20 ieme siecle. Cest donc nouveau et consequtif de la derive de leur Mollah, mais cela ne fait pas partie de leur tradition ancestral. Aussi les "progressif Borah" sont justement des borah qui militent pour des reformes et remettent en cause l'autorite de leur clercs. Cette pratique nest donc pas imputable a lensemble de leur communaute.
Musashi974- Messages : 475
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Re: Le chiisme ismaélien
Évidemment.Musashi974 a écrit:Cette pratique nest donc pas imputable a lensemble de leur communaute.
Ishraqi- Messages : 530
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Date d'inscription : 07/06/2013
Re: Le chiisme ismaélien
Puisque le ramadan a commencé, j'en profite pour vous proposer un petit texte sur le sens spirituel du Ramadan dans le chiisme ismaelien. Et j'en profite aussi pour souhaiter un bon Ramandan aux musulmans de ce forum!
Le sens spirituel du jeûne dans l'Ismaelisme
Tout au long de son histoire, l'Ismaélisme a toujours mis en perspective la dimension spirituelle ou ésotérique (bâtin) de la foi. La foi comporte un aspect apparent (zahir) et un sens caché (batin). L'apparent est le corps et le sens caché, l'esprit. Dans l’Ismaélisme Le jeûne est une aide à la purification des mœurs, à la maîtrise de soi, afin que l’âme puisse s’élever plus facilement vers le Divin. Il s’agit par le jeûne, en affaiblissant ses facultés physiques, d’aider l’âme à desserrer autour d’elle l’étau des passions concupiscentes. L’âme alors dégagée de ses entraves matérielles peut tourner son regard vers le haut et s’élever vers la lumière divine. Si l’objectif du jeûne n’est plus ce progrès spirituel, et qu’il n’est pratiqué qu’en vue remplir une obligation religieuse, alors sa pratique devient un fardeau, une contrainte dont il faut s’acquitter bon gré mal gré. L’obligation religieuse, réduite à une contrainte et un poids, devient une punition pour celui que la pratique.
l’Imām ismaelien Shāh Gharīb Mīrza explique également la signification du jeune dans sa dimension spirituelle (haqiqat): Le jeûne de l'oreille signifie que l'on doit s'abstenir d'écouter la calomnie. Le jeûne de la langue signifie que l'on doit garder sa langue de prononcer des injures ou de diffamation. Le jeûne du cœur, c'est de garder le cœur libre de doute. Le véritable jeûne ne consiste donc pas exclusivement à se priver de nourriture pendant une journée, ou 1 mois. Il doit être un effort permanent, tout au long de la vie, de se priver des pensées, habitudes, actions impures dans lesquelles l'âme se complaît et y trouve sa jouissance...
Musashi974- Messages : 475
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Date d'inscription : 19/02/2013
Re: Le chiisme ismaélien
Et l'explication plus détaillée sur l'excellent site (anglophone) Ismaili Gnosis : http://ismailignosis.com/2014/06/27/ramadan-from-physical-fasting-to-spiritual-fasting/Musashi974 a écrit:Puisque le ramadan a commencé, j'en profite pour vous proposer un petit texte sur le sens spirituel du Ramadan dans le chiisme ismaelien. Et j'en profite aussi pour souhaiter un bon Ramandan aux musulmans de ce forum!
... et bon Ramadan !
Ishraqi- Messages : 530
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Date d'inscription : 07/06/2013
Re: Le chiisme ismaélien
Les événements tragique d’aujourd’hui m'on rappelé les parole de Wladimir A Ivanow, le célébre orientaliste Russe, lorsqu'il retrouva la trace des ismaéliens persan...
La version complete ici :
Ma Première Rencontre avec des Ismailis en Perse
Wladimir A Ivanow
Je suis entré en contact avec les Ismailis pour la première fois en Perse, en février 1912. Le monde était tout à fait différent alors. Personne n'imaginait que la Première Guerre mondiale, avec toute sa misère et sa souffrance, était juste à proximité. La Perse vivait toujours selon son style médiéval héréditaire et les affaires se passaient en grande partie de façon traditionnelle, comme elles l’avaient fait durant des siècles.
[...]
Mes chers confrères en Europe ne m'ont pas tout simplement cru quand je leur ai écrit sur la communauté. Il leur a semblé tout à fait incroyable que la persécution la plus brutale, le massacre systématique, une hostilité et une suppression de longue date n’ai pas fini par annihiler la communauté à son plus haut niveau, ne laissant aucune minorité dans le pays. Seulement plus tard, cependant, quand mon contact avec eux est devenu plus intime, j'ai pu voir les raisons surprenantes d'une telle vitalité. C'était leur dévotion tout à fait extraordinaire et leur fidélité à la tradition de leurs ancêtres, la patience sans restriction avec laquelle ils ont subi tous les désastres et tous les malheurs, ne se faisant aucune illusion sur tout ce qu’il leur pourrait attendre de la vie et des contacts avec leurs compatriotes majoritaires.
Ils avaient, avec un soin étonnant et une dévotion préservée à travers les âges, laisser bruler cette Lumière, mentionnée dans le Qur'an, que Dieu protège contre toutes les tentatives de Ses ennemis à éteindre. J’avais rarement vu quelque chose d’aussi extraordinaire et d’impressionnant que cette tradition ancienne, dévotement préservée dans les pauvres huttes boueuses des hameaux de montagne ou dans les pauvres villages du désert.
La version complete ici :
- Spoiler:
- Je suis entré en contact avec les Ismailis pour la première fois en Perse, en février 1912. Le monde était tout à fait différent alors. Personne n'imaginait que la Première Guerre mondiale, avec toute sa misère et sa souffrance, était juste à proximité. La Perse vivait toujours selon son style médiéval héréditaire et les affaires se passaient en grande partie de façon traditionnelle, comme elles l’avaient fait durant des siècles.
J'allais à cheval de Mashhad à Birjand en Perse Orientale : voyageant durant la journée et m’abritant la nuit dans des villages situés le long de la route. Des vents glacials soufflaient dans cette partie du pays en hiver, soulevant des nuages de poussière et de sable qui faisait de ce voyage une véritable torture. Fatigué et affamé, je suis parvenu au village de Sedeh et j’étais très heureux de m’abriter dans la hutte d'un paysan. J'étais assis, me réchauffant à côté d'un feu, attendant la nourriture, qui était préparée pour moi, lorsqu’un homme est entré, me transmettant l'invitation du propriétaire local à aller chez lui et à accepter son hospitalité. C’était, en effet, très gentil de sa part, mais malheureusement, son invitation était venue un peu trop tard. Penser à tout remballer et de nouveau tout déballer dans une autre maison et ce, spécialement lié à l’observance de la vieille étiquette persane; c'était tout à fait insupportable. J'ai donc décliné l'invitation avec des remerciements, promettant qu'après m’être reposé, j’irais personnellement voir le propriétaire et lui transmettrais à mes remerciements. J’ai fait cela plus tard et j’ai eu avec lui une conversation très intéressante et instructive.
Déjà à Mashhad, j'avais souvent entendu parler de ces localités peuplées par les disciples d’une secte étrange. Mes recherches ne m’ont pas permis de mettre à jour des informations fiables. Quelques personnes m'ont dit que la ‘secte étrange’ était des Ismailis, mais je ne les ai pas cru, ayant grandit avec l'idée, universellement acceptée par les savants Orientalistes d’Europe, que toutes traces les Ismailis de Perse ont été balayées par les terribles Mongols. Et ici, à l'occasion d'une conversation sur place avec le propriétaire, j'ai essayé d’évaluer la vérité. À ma surprise, il a confirmé ce que j'avais entendu auparavant, que ces gens étaient vraiment des Ismailis et que cette localité n'était pas le seul endroit où vivaient des disciples de la communauté, mais qu’il y avait aussi d'autres endroits en Perse où on les retrouvait.
C'était une découverte intéressante et surprenante. Mon jeune enthousiasme était tellement éveillé que j'ai immédiatement fait des tentatives poussées afin de vérifier la doctrine de la communauté, m’informant sur leurs livres religieux, etc. En tout cela, j'ai subi une totale défaite suite aux conditions patriarcales et médiévales du pays. Les Ismailis était extrêmement réticent à cet égard. La seule exception était, qu’ils admettaient qu’ils étaient Ismailis. De loin, la plus grande majorité refusait tout simplement un quelconque rapport avec eux et démontrait seulement, de temps en temps, un peu de connaissance sur la question, l'expliquant par un ancien contact avec la communauté.
Mes chers confrères en Europe ne m'ont pas tout simplement cru quand je leur ai écrit sur la communauté. Il leur a semblé tout à fait incroyable que la persécution la plus brutale, le massacre systématique, une hostilité et une suppression de longue date n’ai pas fini par annihiler la communauté à son le plus haut niveau, ne laissant aucune minorité dans le pays. Seulement plus tard, cependant, quand mon contact avec eux est devenu plus intime, j'ai pu voir les raisons surprenantes d'une telle vitalité. C'était leur dévotion tout à fait extraordinaire et leur fidélité à la tradition de leurs ancêtres, la patience sans restriction avec laquelle ils ont subi tous les désastres et tous les malheurs, ne se faisant aucune illusion sur tout ce qu’il leur pourrait attendre de la vie et des contacts avec leurs compatriotes majoritaires.
Ils avaient, avec un soin étonnant et une dévotion préservée à travers les âges, laisser bruler cette Lumière, mentionnée dans le Qur'an, que Dieu protège contre toutes les tentatives de Ses ennemis à éteindre. J’avais rarement vu quelque chose d’aussi extraordinaire et d’impressionnant que cette tradition ancienne, dévotement préservée dans les pauvres huttes boueuses des hameaux de montagne ou dans les pauvres villages du désert.
Bien entendu, cette tradition n'était plus ce qu'elle avait été dans le temps où elle était au à la pointe du monde civilisé de son époque, sous les premiers Califes Fatimides d'Égypte. Beaucoup a été oublié et perdu. Mais ce qui a le plus de valeur, c’est que l'esprit qui a animé ces anciens philosophes et fidèles ne s'est pas éteint. Le paysan illettré, souvent affamé et souffrant toujours des privations et de l'oppression des divers régimes changeants, dans sa conscience intérieure, préserve l'étincelle de la même lumière, illuminant le chemin qui a mené vers le progrès culturel, de nombreuses personnes.
Source http://www.iis.ac.uk/view_article.asp?ContentID=111701
Musashi974- Messages : 475
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Re: Le chiisme ismaélien
Tiré de : https://asr.revues.org/1135?lang=frL’exégèse coranique shi‘ite non imamite
Conférence de Meir M. Bar-Asher
p. 65-68
Résumé | Index | Plan | Texte | Notes | Citation | Auteur
Résumé
L’objectif principal des quatre séances de mon séminaire a été de traiter certains aspects précis de l’exégèse shi‘ite non-imamite. Le sujet étant peu connu, il était important de présenter au préalable quelques caractéristiques exégétiques de l’ismaélisme et des mouvements hétérodoxes.
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Entrées d’index
Thèmes :Exégèse et théologie de l’Islam shiʼite
Subjects :Exegesis and theology of Shia Islam
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Plan
I. Le tafsîr comme genre et le tafsîr dans les sources non-exégétiques
II. La place du Coran parmi les groupes hétérodoxes issus du shî‘isme
III. Œuvres exégétiques proprement dites
IV. Méthodes et techniques d’exégèse
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Texte intégral
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- Spoiler:
- 1La dialectique exotérique/ésotérique est une des principales caractéristiques de la doctrine shi‘ite depuis ses origines. Elle s’exprime aussi dans l’exégèse shi‘ite du Coran. Malgré l’importance que revêtent le Coran et son exégèse dans les différents domaines de la littérature ismaélienne, l’exégèse systématique du Coran comme cela existe dans le sunnisme ou dans d’autres branches du shi‘isme ne s’est pas développée dans l’ismaélisme. Il est à noter cependant, que les sources ismaéliennes contiennent de nombreuses citations coraniques servant de point de départ aux commentaires ou constituant des preuves textuelles. Il ne faut pas non plus minimiser la place du Coran parmi les groupes hétérodoxes émergeant du shi‘isme ou ayant des affinités avec ce dernier. De bons exemples sont les nusayrites-‘alawites et les druzes, fidèles de deux religions indépendantes issues de « sectes » shi‘ites dites hétérodoxes. Le Coran occupe une place majeure dans leurs écrits où on trouve souvent une citation du Coran par page suivie d’interprétations ésotériques remarquables en rapport avec les concepts doctrinaux spécifiques à chaque religion.
2L’objectif principal des quatre séances de mon séminaire a été de traiter certains aspects précis de l’exégèse shi‘ite non-imamite. Le sujet étant peu connu, il était important de présenter au préalable quelques caractéristiques exégétiques de l’ismaélisme et des mouvements hétérodoxes.
3Les deux premières séances ont été consacrées à une introduction détaillée du sujet accompagnée de lectures de textes sélectionnés. Les deux autres séances étaient dédiées intégralement à une lecture analytique de textes exégétiques ou de textes doctrinaux à portée exégétique.
4L’ampleur de la littérature exégétique varie considérablement selon les courants shi‘ites. Une distinction peut être établie entre les courants duodécimain/imamite et ismaélien d’un côté et entre les deux autres religions émergeant du shi‘isme, à savoir le nusayrisme/‘alawisme et le druzisme, de l’autre. Bien entendu, il faut distinguer également les duodécimains des ismaéliens eux-mêmes et c’est ce qui va être effectué dans le cadre des remarques méthodologiques.
5Tout d’abord, la distinction entre les courants duodécimain et ismaélien. Le premier se caractérise dès l’origine par la grande ampleur de son corpus exégétique : des écrits exégétiques partiel, à savoir des commentaires se focalisant sur certains parties du Coran et tout particulièrement sur les parties dans lesquelles les commentateurs croient trouver des allusions aux thèmes et concepts shi‘ites. L’exégèse shi‘ite avant la grande Occultation (ghayba) qui a eu lieu en 329/941 se caractérise par la tendance à commenter partiellement les textes coraniques afin de mettre en avant la dimension shi‘ite que l’exégète est censé trouver dans le Coran. Les écrits exégétiques majeurs de la période d’après l’Occultation – comme ceux d’Abû Ja‘far al-Tûsî (m. 460/1067) et Abû ‘Alî al-Fadl b. al-Hasan al-Tabrisî (m. 548/1153) – se caractérisent quant à eux par leur intérêt pour le Coran dans son intégralité.
6Cependant, à ma connaissance, le courant ismaélien ne nous a pas laissé un commentaire consacré au Coran dans son intégralité. Soit les œuvres exégétiques ismaéliennes commentent une certaine sourate ou un ensemble de sourates, soit elles présentent certaines doctrines en se fondant sur des versets coraniques. La doctrine de l’imamat y occupe une place centrale. L’œuvre illustrant le mieux ce genre est le Asâs al-ta’wîl d’al-Qâdî al-Nu‘mân (m. 363/974), un des grands propagandistes (du‘ât) ismaéliens. Une synthèse des caractéristiques de l’exégèse ismaélienne est présentée dans mon article « Outlines of Early Ismâ‘îlî-Fatimid Qur’ân Exegesis », Journal Asiatique 296 (2008), p. 257-296.
I. Le tafsîr comme genre et le tafsîr dans les sources non-exégétiques
7L’exégèse shi‘ite du Coran, spécialement celle des courants duodécimain et zaydite, est de trois types : premièrement, les œuvres exégétiques proprement dites, divisées elles-mêmes en deux sortes : (a) les commentaires intégraux dans lesquels le texte du Coran tout entier est interprété verset par verset ; (b) les commentaires qui se focalisent exclusivement sur les versets dans lesquels le commentateur trouve des allusions aux thèmes shi‘ites. Deuxièmement, de petits traités commentant une ou plusieurs sourates. Enfin, on trouve de la matière exégétique dans des œuvres non exégétiques appartenant à la littérature religieuse.
8Dans ces derniers écrits (qu’ils soient juridiques, historiques ou doctrinales), les auteurs utilisent des passages coraniques comme preuves argumentatives. Parfois, ces passages constituent un axe autour duquel s’articule toute la discussion. Par exemple, les anciens ouvrages de Hadîth duodécimain sont remplis de commentaires de versets coraniques. Le Kitâb al-mahâsin d’Ahmad b. Muhammad al-Barqî (m. ca. 274/887-8 ou 280/893-4), les Basâ’ir al-darajât d’Abû Ja‘far Muhammad al-Saffâr al-Qummî (m. 290/902-3) sont des recueils doctrinaux de traditions remontant aux Imams. Mentionnons aussi al-Kâfî, la compilation monumentale du Hadîth duodécimain d’Abū Ja‘far Muhammad b. Ya‘qūb al-Kulaynî (d. 328 or 329/939-40 or 940-4). De même, on peut évoquer le Asâs al-ta’wîl d’al-Qâdî al-Nu‘mân. Bien que son titre suggère une composition exégétique, il s’agit plutôt d’un écrit doctrinal centré sur le rôle des prophètes et des Imams dans la doctrine ismaélienne. L’élaboration des concepts repose sur une centaine de versets coraniques et l’intégralité du travail peut, sans aucun doute, être utilisée comme base pour définir les méthodes et le contenu de l’herméneutique ismaélienne.
9Ce qui distingue l’exégèse duodécimaine et zaydite d’une part et l’exégèse ismaélienne d’autre part, est l’absence totale dans l’Ismaélisme de commentaires intégraux verset par verset. L’écart entre l’emploi très fréquent du Coran dans les écrits ismaéliens et l’absence de commentaires intégraux s’explique de deux façons : la pérennité de l’activité de l’imam, sa présence constante et l’institution de l’imamat dans l’ismaélisme (contrairement au shi‘isme duodécimain avec sa croyance en un imam caché, dont l’autorité a été partiellement déléguée aux ‘ulamâ’). Dans cette perspective l’imam constitue une autorité toujours accessible pour interpréter la parole de Dieu à l’attention des croyants. Ce rôle réduit ipso facto le besoin d’une exégèse intégrale écrite. Ensuite, une distinction se fait jour entre les interprétations ésotérique et exotérique. Cette distinction est essentielle dans la mesure où elle est la base de la littérature ismaélienne en général et de l’exégèse ismaélienne du Coran en particulier. L’exégèse ismaélienne est confiée aux imams ou à leurs propagandistes (du‘ât). Il s’agit avant tout de révéler la signification cachée du Coran. L’exégète n’est pas censé interpréter les parties du Coran qui peuvent être comprises littéralement. En d’autres termes, étant donné que de nombreux passages du Coran ne nécessitent pas une interprétation ésotérique, il n’y a, de fait, pas besoin de commentaires intégraux et systématiques. Il me semble que c’est la raison pour laquelle les croyants ont le droit d’utiliser d’autres commentaires existants même non-ismaéliens. L’effort en vue d’atteindre le ta’wîl jouit d’un très grand prestige. Cette opinion est explicitée par les mots d’al-Qâdî al-Nu‘mân : « Nous mettons de côté ce qui est manifeste (i.e. exotérique), car ce caractère manifeste est suffisant pour nous et la plupart des gens peuvent le reconnaître » (Asâs al- ta’wîl, manuscrit 1148 de l’Institut d’études ismaéliennes à Londres, folio 414, lignes 4-6 ; Voir aussi l’édition de ‘Arif Tamer, Beyrouth 1960, p. 214).
II. La place du Coran parmi les groupes hétérodoxes issus du shî‘isme
10Les nusayrites-‘alawites et les druzes sont des exemples appropriés de religions indépendantes issues de « sectes » dites « hétérodoxes ». Le Coran détient une place prépondérante dans leurs écrits comme on l’a déjà dit. Néanmoins, ces religions se caractérisent par un manque d’intérêt pour la composition de commentaires intégraux sur le Coran. Leurs textes exégétiques livrent souvent de fascinantes interprétations ésotériques en accord avec leurs concepts doctrinaux spécifiques. Cependant, il faut préciser que ces deux groupes ne révèrent pas spécialement le Coran dont la relative marginalisation semble être liée à deux aspects. Premièrement, les fidèles ne considèrent pas le Coran comme le plus sacré ou le plus important des écrits. Deuxièmement, le Coran ne joue pas un rôle majeur dans leur vie religieuse.
III. Œuvres exégétiques proprement dites
11Le dénominateur commun à ces groups religieux est le fait que le Coran tient une place majeure dans leurs écrits religieux. En effet, leurs écrits non-exégétiques sont remplis de citations coraniques. Ces versets sont cités soit afin d’illustrer un sujet traité de façon non élaborée, soit des versets qui sont commentés de manière détaillée. Concernant les courants qui ne nous ont pas laissé d’écrits exégétiques comme les nusayrites-‘alawites et les druzes et – dans une certaine mesure – les ismaéliens, il est possible de reconstituer leur mode d’exégèse à partir des écrits doctrinaux. Ainsi les textes nusayrites-‘alawites comme al-Risâla al-râstbâshiyya, l’œuvre quasi canonique d’Abû ‘Abd Allâh al-Husayn b. Hamdân al-Khasîbî (m. ca 346/957) ou bien le Kitâb al-ma‘ârif et le Kitâb majmû‘ al-a‘yâd d’Abû Sa‘îd Maymûn b. Qâsim al-Tabarânî (m. 420/1034-35) peuvent constituer une base pour la reconstitution des modes d’exégèse de la religion nusayrite-‘alawite ancienne. En ce qui concerne la religion druze on peut se servir de Rasâ’il al-hikma dont une grande partie a été récemment éditée et traduite en français par Daniel de Smet. En effet, ces écrits et bien d’autres contiennent un grand nombre de versets coraniques reflétant les modes d’interprétation du Coran. On peut, avec chacun de ces groupes, faire un travail similaire de celui qu’a effectué Daniel Gimaret dans son ouvrage superbe Une lecture mu‘tazilite du Coran, Le Tafsîr d’Abû ‘Alî al-Djubbâ’î (m. 303/915) partiellement reconstitué à partir de ses citateurs. Un autre exemple, fourni par les études juives cette fois-ci, est Maïmonide. Ce grand penseur juif du moyen âge nous a laissé une pléthore d’écrits dans des domaines aussi divers que la philosophie, la jurisprudence, la médecine ou encore l’interprétation de la Loi orale. Bien qu’il se fonde énormément sur les textes saints de judaïsme et qu’il les commente abondamment, Maïmonide n’a pas laissé un seul commentaire systématique de la Bible. Mordechai Cohen, grand spécialiste de l’exégèse juive médiévale, a récemment écrit un excellent ouvrage intitulé Opening the Gates of Interpretation : Maimonides’ Biblical Hermeneutics in Light of His Geonic-Andalusian Heritage and Muslim Milieu. Cohen nous y propose une reconstitution fascinante du Maïmonide commentateur de la Bible.
IV. Méthodes et techniques d’exégèse
12La dernière séance a été partiellement consacrée à l’étude de quelques méthodes et techniques d’exégèse, dont les principales sont les suivantes :
1 « Variant readings and additions of the Imâmî-Shî’a to the Qurân », Israel Oriental Studies 13 (1 (...)
13– Qirâ’ât (variantes de lectures) : une méthode employée afin de « compléter la partie manquante » du Coran en présentant la version considérée par la tradition shi‘ite comme étant originelle. J’ai traité cet aspect dans mon article sur les variantes de lectures shi‘ites1. Le sujet est maintenant traité en détail dans l’œuvre magistrale d’Etan Kohlberg et Mohammad Ali Amir-Moezzi, Revelation and Falsification : The Kitâb al-qirâ’ât of Ahmad b. Muhammad al-Sayyârî (Leyde 2009)
– Qalb/taqlîb : découvrir la dimension shi‘ite du texte coranique par le biais d’une lecture inversant l’ordre des mots canoniques (qalb). Nous avons lu et étudié deux exemples de cette technique chez Abû Ya‘qûb al-Sijistânî (m. ca. 361/971) dans son Kitâb al-iftikhâr, au sein de son commentaire de Q. 5 : 55 et Q. 108
– calcul de la valeur numérique des lettres : cette technique est tout d’abord appliquée aux fameuses « lettres mystérieuses » (fawâtih al-suwar) qui apparaissent en tête des 29 sourates.
– écriture secrète (en particulier dans l’ismaélisme).
14L’étude de l’exégèse shi‘ite dans l’ismaélisme et dans les groupes hétérodoxes émergeant du shi‘isme constitue un chapitre important de l’historie de l’herméneutique islamique du Coran en général. Il reste beaucoup à faire dans ce domaine et le séminaire que j’ai donné n’est qu’un premier pas dans cette direction.
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Re: Le chiisme ismaélien
Merci !
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