Chéma Israël (Dt VI, 4)
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Chéma Israël (Dt VI, 4)
A part de façon "anecdotique" ( https://dialogueabraham.forum-pro.fr/t483-anecdotique-le-chema-israel-chante-par-les-papous ), nous n'avons pas ouvert de fil sur un sujet de base du judaïsme : le Chéma Israël. Alors voilà, je rattrape le retard !
ד שְׁמַע, יִשְׂרָאֵל: יְהוָה אֱלֹהֵינוּ, יְהוָה אֶחָד
Shemaʿ Yisrā'ēl YHWH elohénou YHWH eḥāḏ
Ecoute, Israël : l'Éternel est notre Dieu, l'Éternel est un !
Voici un fil pour discuter de la place de ces paroles dans le judaïsme, etc.
Fiche Wiki : http://fr.wikipedia.org/wiki/Chema_Isra%C3%ABl
En ce qui me concerne, ma première question (liée au sujet https://dialogueabraham.forum-pro.fr/t1208-sourate-le-monotheisme-pur ) est sur le dernier mot : אֶחָד
J'aurais besoin d'en savoir le maximum sur ce terme
ד שְׁמַע, יִשְׂרָאֵל: יְהוָה אֱלֹהֵינוּ, יְהוָה אֶחָד
Shemaʿ Yisrā'ēl YHWH elohénou YHWH eḥāḏ
Ecoute, Israël : l'Éternel est notre Dieu, l'Éternel est un !
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Re: Chéma Israël (Dt VI, 4)
Fiche Wikipédia sur la récitation du Shema : http://fr.wikipedia.org/wiki/Lecture_du_shema
-Ahouva-- Messages : 881
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Re: Chéma Israël (Dt VI, 4)
L'article du BDB consacré à echad peut être consulté via ce lien : http://concordances.org/hebrew/259.htm
Ce terme, qui a plus de 900 occurrences dans les Écritures, fait parfois référence à l'idée de composé (Ex.: Genèse I:15) mais plus souvent à l'idée d'absolu, dans une sorte de synonymie avec yachid ("unique") dont il partage la racine. C'est ce sens qui est employé en Deutéronome VI:4, l'idée d'un absolu singulier dans lequel il n'y a aucune pluralité, et c'est également, me semble-t-il, le sens retenu pour le terme arabe équivalent dans le Coran.
Ce terme, qui a plus de 900 occurrences dans les Écritures, fait parfois référence à l'idée de composé (Ex.: Genèse I:15) mais plus souvent à l'idée d'absolu, dans une sorte de synonymie avec yachid ("unique") dont il partage la racine. C'est ce sens qui est employé en Deutéronome VI:4, l'idée d'un absolu singulier dans lequel il n'y a aucune pluralité, et c'est également, me semble-t-il, le sens retenu pour le terme arabe équivalent dans le Coran.
-Ahouva-- Messages : 881
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Re: Chéma Israël (Dt VI, 4)
C'est ce que j'ai constaté, d'où le détour de ma réflexion par ici-Ahouva- a écrit:l'idée d'un absolu singulier dans lequel il n'y a aucune pluralité, et c'est également, me semble-t-il, le sens retenu pour le terme arabe équivalent dans le Coran
Ton lien me montre que c'est le même terme dans Za XIV, 9 :
ט וְהָיָה יְהוָה לְמֶלֶךְ, עַל-כָּל-הָאָרֶץ; בַּיּוֹם הַהוּא, יִהְיֶה יְהוָה אֶחָד--וּשְׁמוֹ אֶחָד
L'Eternel sera roi sur toute la terre ; en ce jour, l'Eternel sera un et unique sera Son Nom.
...Y a-t-il des commentaires rabbiniques sur ce terme précis ?
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Re: Chéma Israël (Dt VI, 4)
Pour commencer, Rashi sur Deutéronome VI:4 : Hachem, qui est notre Eloqim maintenant, et non celui des nations idolâtres, deviendra un jour « Hachem un », comme il est écrit : « Car je convertirai alors les peuples à une langue pure pour qu’ils invoquent tous le Nom de Hachem » (Tsefania 3, 9), et : « En ce jour-là Hachem sera un et Son nom sera un » (Zekhariya 14, 9).-Ren- a écrit:...Y a-t-il des commentaires rabbiniques sur ce terme précis ?
-Ahouva-- Messages : 881
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Re: Chéma Israël (Dt VI, 4)
Dans les sidourim (livres de prière) le "ayin" de la fin de chema et le dalet qui termine eh'ad ont une graphie particulière : l'ensemble forme le mot ED : témoin.
HANNAT- Messages : 1103
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Re: Chéma Israël (Dt VI, 4)
Définir l'unicité de D. est un sujet de prédilection pour les penseurs juifs. Ce mot "e'had" a fait couler beaucoup d'encre. Déjà dans le talmud il en est question. Mais ce n'est qu'à travers les explications des différents maîtres que nous pouvons esquisser les contours de ce terme.
Le premier à s'être attelé à cette tâche est le rav Saadia Gaon dans Emounot vedeot (il me semble qu'il existe une traduction en français sous le titre "la foi et la raison" ou quelque chose comme ça. A vérifier)
Pour ma part je vais vous donner l'explication du Rambam (Maimonide) telle qu'il la donne dans son commentaire du chapitre X (ou XI suivant les éditions) du traité Sanhédrin, d'où ressortent les fameux 13 articles de foi de Maimonide.
Traduction:
Le deuxième fondement: L'unicité de D. c-à-d que nous croyons que celui qui est cause de tout [NDT: tel qu'expliqué dans le premier fondement] est unique il n'y a pas un autre comme lui, il ne ressemble à aucune autre espèce et n'est pas comme un homme unique différent des autres nombreux hommes en tant que corps fini dénombrable qu'on peut différencier à l'infini. Mais D. est Un dans une unicité qui n'est pas comme les autres unicités et ce deuxième fondement est enseigné comme il est dit "Ecoute Israel l'Eternel est notre D., l'Eternel est Un".
Ce qu'il ressort de ce que dit Maimonide (Et repris par la suite par l'ensemble des commentateurs): D. est Un mais son unicité n'existe nulle part ailleurs. On pourrait traduire "Hachem E'had" par D. est Un d'une unicité particulière. D'ailleurs le nom "particulier" en hébreu se dit "Ya'hid" et en tant qu'adjectif se dit "meyou'had". Il est issu de la même racine que E'had (les lettres 'Het et Dalet formant le mot 'had qui signifie un en araméen).
A travers ce mot E'had, c'est un ensemble de termes qui est employé pour qualifier D.. "Il est unique parce que..." peut être décliné à l'infini. Or comme l'explique Rav Saadia Gaon, définir D. par ce qu'il est est une tâche infinie. Il faut donc définir D. par ce qu'il n'est pas.
Le premier à s'être attelé à cette tâche est le rav Saadia Gaon dans Emounot vedeot (il me semble qu'il existe une traduction en français sous le titre "la foi et la raison" ou quelque chose comme ça. A vérifier)
Pour ma part je vais vous donner l'explication du Rambam (Maimonide) telle qu'il la donne dans son commentaire du chapitre X (ou XI suivant les éditions) du traité Sanhédrin, d'où ressortent les fameux 13 articles de foi de Maimonide.
Traduction:
Le deuxième fondement: L'unicité de D. c-à-d que nous croyons que celui qui est cause de tout [NDT: tel qu'expliqué dans le premier fondement] est unique il n'y a pas un autre comme lui, il ne ressemble à aucune autre espèce et n'est pas comme un homme unique différent des autres nombreux hommes en tant que corps fini dénombrable qu'on peut différencier à l'infini. Mais D. est Un dans une unicité qui n'est pas comme les autres unicités et ce deuxième fondement est enseigné comme il est dit "Ecoute Israel l'Eternel est notre D., l'Eternel est Un".
Ce qu'il ressort de ce que dit Maimonide (Et repris par la suite par l'ensemble des commentateurs): D. est Un mais son unicité n'existe nulle part ailleurs. On pourrait traduire "Hachem E'had" par D. est Un d'une unicité particulière. D'ailleurs le nom "particulier" en hébreu se dit "Ya'hid" et en tant qu'adjectif se dit "meyou'had". Il est issu de la même racine que E'had (les lettres 'Het et Dalet formant le mot 'had qui signifie un en araméen).
A travers ce mot E'had, c'est un ensemble de termes qui est employé pour qualifier D.. "Il est unique parce que..." peut être décliné à l'infini. Or comme l'explique Rav Saadia Gaon, définir D. par ce qu'il est est une tâche infinie. Il faut donc définir D. par ce qu'il n'est pas.
mr_icks- Messages : 27
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Re: Chéma Israël (Dt VI, 4)
HANNAT a écrit:Dans les sidourim (livres de prière) le "ayin" de la fin de chema et le dalet qui termine eh'ad ont une graphie particulière : l'ensemble forme le mot ED : témoin.
Même dans le Sefer Torah le Ayin et le Dalet sont écrits plus gros. S'ils ne l'étaient pas le rouleau serait impropre à la lecture publique.
mr_icks- Messages : 27
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Re: Chéma Israël (Dt VI, 4)
Merci pour ces pistes de réflexion
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Re: Chéma Israël (Dt VI, 4)
Je me permets d'illustrer ton propos :HANNAT a écrit:Dans les sidourim (livres de prière) le "ayin" de la fin de chema et le dalet qui termine eh'ad ont une graphie particulière : l'ensemble forme le mot ED : témoin.
J'avais vu une vieille traduction sous le titre de Livre des croyances et des opinions pour ma part.mr_icks a écrit:le rav Saadia Gaon dans Emounot vedeot (il me semble qu'il existe une traduction en français sous le titre "la foi et la raison" ou quelque chose comme ça. A vérifier)
-Ahouva-- Messages : 881
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Re: Chéma Israël (Dt VI, 4)
un commentaire d'Alexandre Adler
« Chema Israël, Adonaï Elohenou, Adonaï Ehad ». C’est par cette citation du Deutéronome que commence le premier chapitre : « écoute, Israël, le Seigneur est notre Dieu, le Seigneur est un ». Ehad, l’unicité de Dieu est aussi son unité, au sens numérique du terme : Dieu est aleph, le chiffre 1. C’est pour cela que la création commence, non pas par l’aleph indicible et inaccessible, mais par le beth (b ou 2 comme on voudra) de Berechit (la Genèse).
Cette tension vers l’Un, ce dépassement harmonique de la dualité symbolise, selon Adler, tout le dynamisme de la pensée juive. Dans le monde créé, tout est duel : ciel/terre, homme/femme, ici-bas/ au-delà ; et même à l’intérieur de l’histoire juive : deux pères – Avraham abenou, Moché rabbénou –, deux royaumes – Israël et Juda -, et, après la destruction du second Temple, deux entités distinctes : Eretz Israël, la terre d’Israël et la diaspora (la Gola, exil, en hébreu). Retrouver l’unité, c’est procéder à cette réparation du monde (tikkun olam) dont parle le rav Isaac ben Solomon Louria dans la kabbale : après l’ek-stase divine qu’a constitué l’acte créateur, Dieu s’est retiré, contracté. Cette contraction de Dieu, qui est désormais le Dieu caché, l’Ein Sof, a entraîné une brisure ontologique, la chevira. C’est cette brisure du monde que le Judaïsme entend soigner.
http://www.refletsdutemps.fr/index.php?option=com_zoo&task=item&item_id=1400
« Chema Israël, Adonaï Elohenou, Adonaï Ehad ». C’est par cette citation du Deutéronome que commence le premier chapitre : « écoute, Israël, le Seigneur est notre Dieu, le Seigneur est un ». Ehad, l’unicité de Dieu est aussi son unité, au sens numérique du terme : Dieu est aleph, le chiffre 1. C’est pour cela que la création commence, non pas par l’aleph indicible et inaccessible, mais par le beth (b ou 2 comme on voudra) de Berechit (la Genèse).
Cette tension vers l’Un, ce dépassement harmonique de la dualité symbolise, selon Adler, tout le dynamisme de la pensée juive. Dans le monde créé, tout est duel : ciel/terre, homme/femme, ici-bas/ au-delà ; et même à l’intérieur de l’histoire juive : deux pères – Avraham abenou, Moché rabbénou –, deux royaumes – Israël et Juda -, et, après la destruction du second Temple, deux entités distinctes : Eretz Israël, la terre d’Israël et la diaspora (la Gola, exil, en hébreu). Retrouver l’unité, c’est procéder à cette réparation du monde (tikkun olam) dont parle le rav Isaac ben Solomon Louria dans la kabbale : après l’ek-stase divine qu’a constitué l’acte créateur, Dieu s’est retiré, contracté. Cette contraction de Dieu, qui est désormais le Dieu caché, l’Ein Sof, a entraîné une brisure ontologique, la chevira. C’est cette brisure du monde que le Judaïsme entend soigner.
http://www.refletsdutemps.fr/index.php?option=com_zoo&task=item&item_id=1400
HANNAT- Messages : 1103
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Re: Chéma Israël (Dt VI, 4)
Si quelqu'un a ce livre...-Ahouva- a écrit:J'avais vu une vieille traduction sous le titre de Livre des croyances et des opinionsmr_icks a écrit:le rav Saadia Gaon dans Emounot vedeot (il me semble qu'il existe une traduction en français sous le titre "la foi et la raison" ou quelque chose comme ça. A vérifier)
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Re: Chéma Israël (Dt VI, 4)
La réponse est dans le mot "maximum".-Ren- a écrit: אֶחָד J'aurais besoin d'en savoir le maximum sur ce terme
Tsiyon- Messages : 199
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