Apocryphes bibliques
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Apocryphes bibliques
Je n'ai pas eu l'impression que ce sujet existait déjà.
J'aimerai connaître votre avis sur le degré de fiabilité "historique" des textes apocryphes.
Dans l'évangile selon Philippe par exemple, il y ait donné une toute autre image de Marie Madeleine. Qui n'est alors pas le personnage secondaire et pécheresse que l'Eglise donne mais plutôt la disciple la plus proche de Jésus et celle qui semble avoir le mieux compris son message.
Qu'en pensez vous ?
J'aimerai connaître votre avis sur le degré de fiabilité "historique" des textes apocryphes.
Dans l'évangile selon Philippe par exemple, il y ait donné une toute autre image de Marie Madeleine. Qui n'est alors pas le personnage secondaire et pécheresse que l'Eglise donne mais plutôt la disciple la plus proche de Jésus et celle qui semble avoir le mieux compris son message.
Qu'en pensez vous ?
Materia- Messages : 1206
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Date d'inscription : 02/05/2011
Age : 40
Localisation : Sarthe France
Re: Apocryphes bibliques
Le Christ est ressuscité !
Bonjour Materia
Difficile de définir un apocryphe…
Les textes apocryphes représentent une nébuleuse vaste et diverse.
Tant par la forme, le contenu, la date probable de rédaction, etc.
Il faut trois beaux volumes de la Pléiade pour en rassembler l'essentiel. (2 tomes pour ce qui n'est "pas trop" gnostique, 1 autre tome pour ce qui est davantage marqué "gnostique")
Il y a des textes qui ressemblent à nos évangiles canoniques ou aux actes des apôtres, d'autres qui ressemblent à des recueils de logia ou à des dialogues, d’autres à des apocalypses, ... etc. toutes les formes littéraires semblent représentées.
Il y a des textes qui sont restés de "bon usage" dans certaines Églises, et d'autres qui ont été exclus.
Certains témoignent, du moins en partie, de Traditions vénérables perpétuées par certaines Églises, d’autres témoignent de leur singularité…
Bref ! il y a des textes apocryphes qui sont restés dans la mouvance chrétienne (ils n’ont pas été canonisés car ils mélangent le bon et le moins bon, le vrai et le merveilleux, l’orthodoxe et l’hérétique… mais ils ont toujours été lus) et d’autres qui s’en sont écartés.
Si un texte n’a été conservé par aucune des Églises chrétiennes (je parle de conservation et non pas de canonisation), cela jette une certaine suspicion.
Pourquoi les Églises l’ont ignoré ? ou négligé ? voire proscrit ?
Nous savons que, dès le début, les Églises naissantes ont été confrontées à d’innombrables communautés qui récupéraient tel ou tel élément de la Bonne Nouvelle pour écrire leur enseignement.
Bien sûr, on peut soupçonner les Églises d’avoir écarté des textes embarrassants mais sont-ils vraiment embarrassants ?
Et puis si on soupçonne les Églises alors il faut aussi soupçonner les textes canoniques qu’elles ont retenus.
Il y a un moment où il faut choisir entre la confiance et le soupçon, entre le canonique et l’apocryphe.
Dans cet esprit, si on accepte l’autorité des textes canoniques on ne peut pas très facilement attribuer une grande crédibilité à un apocryphe qui entrerait en contradiction frontale avec les canoniques même s’il s’autoproclame comme le seul conforme au « véritable enseignement du Christ ».
Même si on n’a pas une grande confiance dans les Églises, il n’y a aucune raison de prendre pour argent comptant tout ce qui est appelé "apocryphe", ce n’est pas un label d’authenticité.
Alors comment accorder un certain crédit « historique » à un texte écarté par les Églises ?
Les garanties que l’Église ne donne pas il est nécessaire de les chercher ailleurs.
Et notamment chez les spécialistes qui s’efforcent de situer le texte dans le temps, l’espace, la communauté… et qui peuvent le mettre en perspective avec d’autres textes et d’autres communautés.
Pour accorder un certain crédit « historique » à un texte, c’est-à-dire pour pouvoir le considérer non comme une allégorie mais comme un témoignage crédible de faits réels ou de propos réellement prononcés, je pense qu’il faut que ce texte plonge ses racines dans le premier ou le second siècle.
Ce n’est pas une condition suffisante mais elle me paraît nécessaire.
Au-delà de cette période il me semble que nous n’avons plus affaire à des témoignages historiques mais à des enseignements spirituels qui utilisent le procédé de l’imitation et/ou de la pseudépigraphie.
Même s’ils ne sont pas chrétiens, les textes tardifs sont tout à fait respectables comme enseignements spirituels mais ils ne sont pas crédibles quand ils brossent un portrait inattendu de notre Seigneur, des apôtres ou des premières communautés.
Pour en revenir à l’évangile selon Philippe,
- Il est plutôt tardif.
- Il nous dépeint une communauté plutôt en décalage par rapport à ce que nous savons des communautés juives et à ce que nous présentent les livres canoniques au sujet des apôtres.
- Le vocabulaire se distingue par une terminologie très singulière, judéo-chrétienne et/ou gnostique.
- Les thèmes abordés et la théologie sous-jacente ne s’harmonisent guère avec ce que nous savons du message du Christ.
Rien de tout cela ne plaide pour l’historicité ni de ce qui est décrit ni de ce qui est mis dans la bouche des différents protagonistes.
Je concède volontiers que c’est un livre très intéressant et très instructif.
Il peut être médité avec profit.
Néanmoins à mes yeux il n’a aucun rapport ni avec le Christ, ni avec les apôtres, ni avec le Christianisme.
Très cordialement
Votre sœur Pauline
Bonjour Materia
Materia a écrit:
J'aimerai connaître votre avis sur le degré de fiabilité "historique" des textes apocryphes.
Dans l'évangile selon Philippe par exemple, il y ait donné une toute autre image de Marie Madeleine. Qui n'est alors pas le personnage secondaire et pécheresse que l'Église donne mais plutôt la disciple la plus proche de Jésus et celle qui semble avoir le mieux compris son message.
Qu'en pensez-vous ?
Difficile de définir un apocryphe…
Les textes apocryphes représentent une nébuleuse vaste et diverse.
Tant par la forme, le contenu, la date probable de rédaction, etc.
Il faut trois beaux volumes de la Pléiade pour en rassembler l'essentiel. (2 tomes pour ce qui n'est "pas trop" gnostique, 1 autre tome pour ce qui est davantage marqué "gnostique")
Il y a des textes qui ressemblent à nos évangiles canoniques ou aux actes des apôtres, d'autres qui ressemblent à des recueils de logia ou à des dialogues, d’autres à des apocalypses, ... etc. toutes les formes littéraires semblent représentées.
Il y a des textes qui sont restés de "bon usage" dans certaines Églises, et d'autres qui ont été exclus.
Certains témoignent, du moins en partie, de Traditions vénérables perpétuées par certaines Églises, d’autres témoignent de leur singularité…
Bref ! il y a des textes apocryphes qui sont restés dans la mouvance chrétienne (ils n’ont pas été canonisés car ils mélangent le bon et le moins bon, le vrai et le merveilleux, l’orthodoxe et l’hérétique… mais ils ont toujours été lus) et d’autres qui s’en sont écartés.
Si un texte n’a été conservé par aucune des Églises chrétiennes (je parle de conservation et non pas de canonisation), cela jette une certaine suspicion.
Pourquoi les Églises l’ont ignoré ? ou négligé ? voire proscrit ?
Nous savons que, dès le début, les Églises naissantes ont été confrontées à d’innombrables communautés qui récupéraient tel ou tel élément de la Bonne Nouvelle pour écrire leur enseignement.
Bien sûr, on peut soupçonner les Églises d’avoir écarté des textes embarrassants mais sont-ils vraiment embarrassants ?
Et puis si on soupçonne les Églises alors il faut aussi soupçonner les textes canoniques qu’elles ont retenus.
Il y a un moment où il faut choisir entre la confiance et le soupçon, entre le canonique et l’apocryphe.
Dans cet esprit, si on accepte l’autorité des textes canoniques on ne peut pas très facilement attribuer une grande crédibilité à un apocryphe qui entrerait en contradiction frontale avec les canoniques même s’il s’autoproclame comme le seul conforme au « véritable enseignement du Christ ».
Même si on n’a pas une grande confiance dans les Églises, il n’y a aucune raison de prendre pour argent comptant tout ce qui est appelé "apocryphe", ce n’est pas un label d’authenticité.
Alors comment accorder un certain crédit « historique » à un texte écarté par les Églises ?
Les garanties que l’Église ne donne pas il est nécessaire de les chercher ailleurs.
Et notamment chez les spécialistes qui s’efforcent de situer le texte dans le temps, l’espace, la communauté… et qui peuvent le mettre en perspective avec d’autres textes et d’autres communautés.
Pour accorder un certain crédit « historique » à un texte, c’est-à-dire pour pouvoir le considérer non comme une allégorie mais comme un témoignage crédible de faits réels ou de propos réellement prononcés, je pense qu’il faut que ce texte plonge ses racines dans le premier ou le second siècle.
Ce n’est pas une condition suffisante mais elle me paraît nécessaire.
Au-delà de cette période il me semble que nous n’avons plus affaire à des témoignages historiques mais à des enseignements spirituels qui utilisent le procédé de l’imitation et/ou de la pseudépigraphie.
Même s’ils ne sont pas chrétiens, les textes tardifs sont tout à fait respectables comme enseignements spirituels mais ils ne sont pas crédibles quand ils brossent un portrait inattendu de notre Seigneur, des apôtres ou des premières communautés.
Pour en revenir à l’évangile selon Philippe,
- Il est plutôt tardif.
- Il nous dépeint une communauté plutôt en décalage par rapport à ce que nous savons des communautés juives et à ce que nous présentent les livres canoniques au sujet des apôtres.
- Le vocabulaire se distingue par une terminologie très singulière, judéo-chrétienne et/ou gnostique.
- Les thèmes abordés et la théologie sous-jacente ne s’harmonisent guère avec ce que nous savons du message du Christ.
Rien de tout cela ne plaide pour l’historicité ni de ce qui est décrit ni de ce qui est mis dans la bouche des différents protagonistes.
Je concède volontiers que c’est un livre très intéressant et très instructif.
Il peut être médité avec profit.
Néanmoins à mes yeux il n’a aucun rapport ni avec le Christ, ni avec les apôtres, ni avec le Christianisme.
Très cordialement
Votre sœur Pauline
Invité- Invité
Re: Apocryphes bibliques
Merci de ta riche analyse
Cependant, j'aurai une remarque concernant un point que tu as mis en évidence.
Tu dis :
"Il nous dépeint une communauté plutôt en décalage par rapport à ce que nous savons des communautés juives "
Mais le message de Jésus n'était il pas lui même un peu en décalage vis à vis des croyances juives à l'époque ?
Je ne trouve, par exemple, pas si erroné l'image d'une femme comme disciple préférée de Jésus et caché par la suite quand on sait que l'autorité y était fortement masculine.
Mais ce n'est qu'une appréciation personnelle.
Cependant, j'aurai une remarque concernant un point que tu as mis en évidence.
Tu dis :
"Il nous dépeint une communauté plutôt en décalage par rapport à ce que nous savons des communautés juives "
Mais le message de Jésus n'était il pas lui même un peu en décalage vis à vis des croyances juives à l'époque ?
Je ne trouve, par exemple, pas si erroné l'image d'une femme comme disciple préférée de Jésus et caché par la suite quand on sait que l'autorité y était fortement masculine.
Mais ce n'est qu'une appréciation personnelle.
Materia- Messages : 1206
Réputation : 2
Date d'inscription : 02/05/2011
Age : 40
Localisation : Sarthe France
Re: Apocryphes bibliques
Lien pour lire "l'évangile de Philippe" : http://www.naghammadi.org/traductions/textes/evangile_philippe.asp
_________________
...S'il me manque l'amour, je suis un métal qui résonne, une cymbale retentissante (1 Cor XIII, 1)
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Re: Apocryphes bibliques
Le Christ est ressuscité !
Bonjour Materia
En tant que femme et féministe je serais volontiers d'accord avec vous si nous avions d'autres témoignages, canoniques cette fois, du "décalage féministe" que l'évangile de Philippe met en scène.
On a plutôt des témoignages du contraire... et même ailleurs que dans la littérature canonique.
Donc c'est possible... mais cela serait un surprenant isolat.
Fort sympathique mais cela ne suffit pas.
Puis, il reste le souci de la date probable de rédaction...
Pourquoi faut-il attendre le quatrième siècle pour que la place d'une femme soit ainsi magnifiée ?
On rêverait toutes d'un Christ aussi décalé… mais je n'y crois pas.
Très cordialement
votre soeur Pauline
Bonjour Materia
Materia a écrit:Je ne trouve, par exemple, pas si erroné l'image d'une femme comme disciple préférée de Jésus et caché par la suite quand on sait que l'autorité y était fortement masculine.
Mais ce n'est qu'une appréciation personnelle.
En tant que femme et féministe je serais volontiers d'accord avec vous si nous avions d'autres témoignages, canoniques cette fois, du "décalage féministe" que l'évangile de Philippe met en scène.
On a plutôt des témoignages du contraire... et même ailleurs que dans la littérature canonique.
Donc c'est possible... mais cela serait un surprenant isolat.
Fort sympathique mais cela ne suffit pas.
Puis, il reste le souci de la date probable de rédaction...
Pourquoi faut-il attendre le quatrième siècle pour que la place d'une femme soit ainsi magnifiée ?
On rêverait toutes d'un Christ aussi décalé… mais je n'y crois pas.
Très cordialement
votre soeur Pauline
Dernière édition par pauline.px le Jeu 17 Mai - 22:30, édité 1 fois
Invité- Invité
Re: Apocryphes bibliques
...Visible ne serait-ce que dans la façon dont il pioche selon le caprice du moment dans les synoptiques ou dans les lettres de Paul...pauline.px a écrit:il reste le souci de la date probable de rédaction...
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