Soufisme et Quête spirituelle avec les "Sagesses d'Ibn ’Atâ’ Allâh al-Iskandarî"
Page 1 sur 1
Soufisme et Quête spirituelle avec les "Sagesses d'Ibn ’Atâ’ Allâh al-Iskandarî"
Bonjour à Toutes et tous,
Ibn ’Atâ’ Allâh al-Iskandarî est un juriste, théologien et cheikh soufi sunnite de renom (1259-1309). Il fait partie de ceux qui ont pu le mieux exprimer la voie du soufisme sunnite, en particulier dans son livre "Les Sagesses" (Al Hikam). Même si ce domaine ne s'apprend pas dans les livres mais par la pratique (puisqu'il s'agit d'être et non pas seulement de savoir), ça permet tout de même de rapprocher un peu la chose. "Les Sagesses" consistent en une liste de brefs et percutants aphorismes, que j'ai étudié dernièrement et que je souhaite partager avec vous.
A noter que si on ne connait pas ce domaine et n'est pas habitué au "langage" soufi, il n'est pas toujours facile de comprendre. On pourrait même y voir (à tort) des contradictions, si on ne tient pas compte de l'angle à partir duquel l'idée est exprimée.
Je vais donc lister certains de ces aphorismes, et si quelqu'un en fait la demande, je pourrai (incha'Allah, et après la traduction du texte d'Ibn Al Qayyim pour Ren) apporter des explications à partir de celles des autres cheikhs soufis ayant expliqué le livre.
A noter : n'ayant pas ce livre en français mais seulement en arabe, j'ai récupéré la traduction comme je peux d'Internet : je ne peux donc pas totalement la garantir (mais ça semble ok) :
- C'est signe que l'on compte sur ses propres œuvres que d'espérer moins (de la Miséricorde divine) lors d'un faux-pas.
- Ton désir de dépouillement (tajrîd), lorsque Dieu te maintient dans l'activité, provient d'un appétit caché. Désirer t'adonner à l'activité quand Dieu te maintient dans le dépouillement, c'est t'abaisser et abandonner un haut dessein.
- L'effort que tu déploies pour obtenir ce qui t'es garanti, et ta négligence à t'acquitter de ce qui t'est demandé montrent l'obscurcissement de ta clairvoyance.
- Que le délai mis à t'accorder ce que tu as demandé par des prières insistantes ne cause pas ton désespoir ; l'exaucement de tes prières t'es garanti pour les choses qu'Il a choisi de t'accorder, et non pas pour celles que tu as choisies pour toi-même ; et elles te seront accordées au moment où Il le veut, et non pas au moment que tu souhaites.
- Les œuvres se différencient selon la diversité des états qui se présentent.
- Les œuvres sont des silhouettes dressées dont l'âme est la pureté d'intention.
- Enfouis ton existence sous le sol d'une vie obscure ; le germe issu d'une graine non enfouie ne parvient pas à produire des fruits.
- Rien n'est plus profitable au cœur que l'isolement ; par lui, il entre dans l'arène de la méditation.
- Comment un cœur pourrait-il être illuminé tant que les formes des choses existantes se reflètent dans son miroir ?
- ou comment pourrait-il entreprendre son voyage vers Dieu, s'il est entravé par la concupiscence ?
- ou comment désirerait-il ardemment entrer dans la présence de Dieu sans s'être purifié de la souillure de son insouciance ?
- ou comment espérerait-il comprendre la subtilité des mystères avant de s'être repenti de ses moindres fautes ?
- L'univers tout entier est ténèbres ; seule l'éclaire l'appariation en lui de Dieu Réalité.
- Qui regarde l'univers et ne voit Dieu Réalité ni en lui, ni près de lui, ni avant lui, ni après lui, est dépourvu de toute lumière : le soleil de la Connaissance est voilé pour lui par des nuages (que sont à ses yeux) les traces (de l'acte créateur).
- Une des preuves de la Puissance victorieuse du Très-Haut est le fait qu'Il se voile à toi par ce qui n'a pas d'être en dehors de Lui.
- Comment pourrait-on concevoir que quelque chose Le voile alors que c'est Lui qui manifeste toute chose ?
- Comment pourrait-on concevoir que quelque chose Le voile alors qu'Il se manifeste par toute chose ?
- Comment pourrait-on concevoir que quelque chose Le voile alors qu'Il se manifeste en toute chose ?
- Comment pourrait-on concevoir que quelque chose Le voile alors qu'Il se manifeste à toute chose ?
- Comment pourrait-on concevoir que quelque chose Le voile alors qu'Il est le Manifeste (az-zâhir) avant l'existence de toute chose ?
- Comment pourrait-on concevoir que quelque chose Le voile alors qu'Il est plus manifeste que toute chose ?
- Comment pourrait-on concevoir que quelque chose Le voile alors qu'Il est l'Unique, et qu'avec Lui n'existe nulle chose ?
- Comment pourrait-on concevoir que quelque chose Le voile alors qu'Il est plus proche de toi que toute chose ?
- Comment pourrait-on concevoir que quelque chose Le voile alors que, sans Lui, ne serait manifestée l'existence d'aucune chose ?
- O merveille : comment peut apparaître l'Etre dans le néant ?
- Ou encore, comment peut subsister le transitoire à côté de Celui qui a pour attribut l'Eternité (al-qidam, l'antériorité absolue) ?
- Parfait ignorant est celui qui veut qu'à l'instar présent advienne autre chose que ce que Dieu y manifeste.
- Remettre les bonnes œuvres au temps du loisir, c'est une faute qui vient de la mollesse de l'âme.
- Ne demande pas à Dieu qu'Il te sorte d'une situation pour t'employer dans une autre ! S'Il le voulait, Il t'y aurait employé sans te faire quitter la première.
- Chaque fois que l'aspiration spirituelle de celui qui suit la voix s'arrête aux révélations qui lui sont faites, les voix de la réalité essentielle l'appellent et lui disent : "Ce que tu cherches est au-delà". Chaque fois que la beauté apparente des choses créées s'offre à ses regards, leur réalité essentielle lui crie :"Nous ne sommes que séductions, ne sois donc pas impie !" (Qur'an II, 102).
- Adresser une demande à Dieu, c'est douter de Lui. Si tu Le cherches, c'est qu'Il est absent pour toi. Chercher un autre que Lui, c'est insolence à Son égard, et si tu adresses à autre que Lui une demande, c'est la preuve que tu es éloigné de Lui.
- A chaque souffle que tu émets, Il réalise en toi un de Ses décrets.
- N'attends pas d'être débarrassé de tes tracas, car cela t'empêche d'être attentif à Lui dans la situation qu'Il t'a assignée.
- Ne t'étonne pas de l'assaut des tracas tant que tu résides en cette demeure (terrestre) ; celle-ci ne peut procurer que ce qui convient à sa nature et répond à sa qualité.
- Il n'y aura pas d'obstacle à l'obtention de ce que tu recherches en Dieu ; mais difficilement tu obtiendras ce que tu recherches pour toi-même.
- C'est signe annonciateur du succès dans les dernières étapes que de s'en remettre à Dieu dès les premières.
- Si tes débuts sont lumineux, la fin le sera également.
- Ce qui est caché dans le tréfonds du cœur apparaît dans les manifestations extérieures.
- Qu'il y a loin de celui qui Le (Dieu) prend pour preuve, à celui qui cherche à Le prouver ! Celui qui Le prend pour preuve, connaît la réalité conformément à son rang : il déduit toute chose de son origine. Ne cherche à Le prouver que celui qui n'est pas parvenu jusqu'à Lui : quand donc est-Il disparu qu'il soit nécessaire de Le prouver ? Quand s'est-il éloigné pour que ce soient les traces de Son action qui nous fassent parvenir jusqu'à Lui ?
- "Que celui qui est dans l'aisance donne selon son aisance" (Qur'an LXV, 7) : tels sont ceux qui sont arrivés jusqu'à Lui. "Et que celui dont les ressources sont mesurées (donne selon ses moyens)" : tels sont ceux qui voyagent vers Lui.
- Ceux qui voyagent vers Lui sont guidés par les lumières de leur orientation (tawajjuh). Ceux qui sont arrivés à Lui possèdent les lumières de la contemplation immédiate (muwâjaha). Les premiers appartiennent aux Lumières, tandis que les seconds possèdent les lumières, car ils appartiennent à Dieu et à nul autre. "Dis : Dieu; et laisse-les s'amuser au milieu de leurs occupations futiles" (Qur'an VI, 91).
- Observer les défauts cachés en toi vaut mieux pour toi que scruter les mystères qui te sont voilés.
- Dieu Réalité ne t'est pas voilé. C'est toi qui es couvert d'un voile qui empêche ton regard de L'atteindre. En effet, si quelque chose pouvait Le voiler, ce voile Le couvrirait. Or, s'il était possible que quelque chose Le couvrît, son Etre serait limité comme par une enceinte. Or, qui cerne vainc. "Et c'est Lui l'Invincible qui domine Ses serviteurs" (Qur'an VI, 18).
- Arrache-toi aux attributs de ta nature humaine (bashariyyah), qui s'opposent à ta qualité de serviteur parfait (ubûdiyyah), afin que tu puisses répondre à l'appel de Dieu Réalité et être proche de Sa présence.
- La source de toute désobéissance, de toute négligence, de toute concupiscence, c'est le fait d’être satisfait de soi-même.
- Mieux vaut pour compagnon un ignorant mécontent de soi plutôt qu'un savant satisfait de lui-même. Que peut être la science d'un savant satisfait de lui-même, et quelle ignorance est celle de l'ignorant qui est mécontent de lui-même ?
- Le rayonnement du cœur (baçîra) te fera constater Sa proximité de toi : l'œil de cette intelligence te fera constater ta non-existence ('adam) en face de Son Etre et l'essence même de cette intelligence te rendra témoin de Son Etre. Tu ne verras alors ni ta propre existence, ni ta non-existence.
- Dieu était et aucune chose avec Lui ; et Il est maintenant tel qu'Il a toujours été.
- N'expose pas à autre que Lui un besoin qu'Il t'a envoyé. Comment un autre que Lui pourrait-il enlever ce que Lui t'a imposé ? Celui qui ne peut se délivrer lui-même (d'un tourment), comment pourrait-il en soulager autrui ?"
- Si tu ne présumes pas de la bonté de Dieu pour la seule raison que la bonté est un de Ses attributs, reconnais-la dans la façon dont Il te traite ! T'a-t-il accoutumé à autre chose qu'à Ses bienfaits ? T'a-t-il accordé autre chose que Ses grâces ?
- Ne voyage pas d'un monde créé à l'autre, car tu serais semblable à l'âne du moulin : il marche et rejoint le point d'où il est parti. Mais voyage, et quitte les mondes créés pour leur Créateur. "Certes, c'est auprès de ton Seigneur qu'est le point d'arrivée" (Qur'an LIII, 43).
- Pense à ces paroles du Prophète : "Quiconque quitte son pays en vue de Dieu et de Son prophète parviendra jusqu'à eux.
- Qui le quitte visant un avantage de ce bas monde, l'obtiendra. Qui le quitte désirant une femme, l'épousera. Son exil atteindra le but qu'il s'est proposé en émigrant."
- Comprends bien ces paroles du Prophète : "Son exil atteindra le but qu'il s'est proposé en émigrant". Réfléchis à cela, si tu es intelligent et doué de compréhension !
- Ne prends pas pour compagnon celui dont l'état ne te stimule pas, et dont les paroles ne te montrent pas la voie vers Dieu !
- Il se peut que tu sois mauvais et que la fréquentation d'un homme plus mauvais que toi t'amène à te complaire à la pensée des bonnes actions que tu as accomplies.
- Il n'est pas mince le mérite d'une bonne œuvre émanant d'un cœur ayant renoncé (aux biens de ce monde).
- Il n'est pas considérable le mérite d'une bonne œuvre émanant d'un cœur désirant ardemment (ces biens).
- La beauté des actions provient de la beauté des états d'âme (hâl), et la beauté des états d'âme vient de la confirmation dans les stations (maqâmât) où descendent sur les cœurs les faveurs divines.
- N'abandonne pas l’invocation (dhikr) pour la raison que pendant que ta langue mentionne Dieu ton cœur n'est pas présent. En effet, plus grave serait l'absence complète de la mention de Dieu que sa mention sans participation du cœur.
- L'un des signes de la mort du cœur, c'est l'absence de tristesse après avoir négligé l'accomplissement d'un devoir, et l'absence de regret après avoir commis une faute.
- Ne t'exagère pas l'énormité d'un péché au point que cela te fasse douter de la miséricorde de Dieu à ton égard. En effet, qui connaît le Seigneur considérera son péché comme petit en face de la générosité de Dieu.
- Il n'est pas de faute légère en face de la justice de Dieu ; il n'en est pas de grande en face de Sa grâce.
- Nulle bonne œuvre n’a plus d'espoir d'être agréée de Dieu que celle que tu oublies et dont tu fais peu de cas.
- Dieu ne t'envoie l'inspiration (wârid) qu'afin par celle-ci tu t'avances vers Lui.
- Il t'envoie cette inspiration pour t'affranchir de la main des altérités et te libérer de l'esclavage des choses créées.
- Il t'envoie l'inspiration pour te sortir de la prison de ton être vers le libre espace de la contemplation de Dieu.
- Les Lumières sont les montures des cœurs et des consciences intimes (asrâr).
- La Lumière est l'armée du cœur, de même que l'obscurité est l'armée de l'âme passionnelle. Lorsque Dieu veut faire triompher Son serviteur, Il envoie à son secours l'armée des Lumières et détourne de lui le torrent des ténèbres et des tracas.
- La Lumière permet le dévoilement ; à la vue intérieure (baçîra) appartient le jugement, et au cœur la décision d'avancer ou de reculer.
- Ne te réjouis pas d'une bonne œuvre pour la raison qu'elle émane de toi ; mais réjouis-toi de ta bonne action pour la raison qu'elle résulte de la faveur que Dieu t'as accordé. "Dis : De la faveur de Dieu, de Sa grâce, que de tout cela se réjouissent (les hommes) : cela vaut mieux que ce qu'ils amassent" (Qur'an X, 59).
- Au gens de la Voie (sâ’ir), et à ceux qui sont parvenus au But (wâçil), Dieu a voilé la vue de leurs propres bonnes actions et de leurs états spirituels (hâl) : à ceux de la Voie parce qu'ils ne sont pas certains d'avoir avec une parfaite sincérité envers Dieu ; à ceux qui sont parvenus au But, parce qu'Il a détourné leur regards de ces œuvres en leur accordant la faveur de Le contempler.
- L'avilissement de l'âme est un arbre qui a pour semence la cupidité.
- Rien de tel pour t'entraîner que la conjecture.
- Tu es libre à l'égard de ce dont tu désespères, tu es l'esclave de ce que tu désires.
- Qui ne progresse pas vers Dieu en considération de la faveur des bienfaits qu'Il lui accorde est traîné vers Lui par la chaîne des épreuves.
- Qui ne rend pas grâce à Dieu pour Ses bienfaits s'expose à en être privé ; qui Lui en est reconnaissant les entrave à son profit.
- S'Il continue à t'accorder Ses bienfaits pendant que tu persistes à mal agir avec Lui, crains qu'il n'y ait là un retrait graduel de Ses faveurs : "Nous leur retirerons graduellement Nos faveurs de telle façon qu'ils ne s'en apercevront pas". (Qur'an LXVIII, 44).
- Si ayant violé les règles de respect (envers Dieu), l'aspirant voit le châtiment tarder à venir, c'est ignorance de sa part de dire : "Si j'avais violé les règles de respect, les faveurs divines se seraient interrompues et, nécessairement, j'aurais été puni par l'éloignement de Dieu". Il est possible que ces faveurs lui soient retirées d'une manière dont il n'a pas conscience, et ne fût-ce qu'en le privant de tout surcroît.
- Ainsi tu seras dans la station (maqâm) de l'éloignement sans que tu t'en aperçoives, et ne fût-ce qu'en te complaisant à la satisfaction de tes désirs.
- Si tu vois un serviteur de Dieu maintenu par Celui-ci dans l'accomplissement régulier des exercices spirituels (awrâd) et favorisé d'une aide divine prolongée, ne mésestime pas les dons que Dieu lui a accordé pour la raison que tu ne vois en lui ni la marque des gnostiques (al-'ârifîn), ni la splendeur de ceux qui aiment Dieu (al-muhibbîn). S'il n'avait pas d'inspiration (wârid), il ne persisterait pas à pratiquer les exercices spirituels (wird).
- Certains, Dieu Réalité les a installés dans Son service ; à d'autres, Il a particulièrement attribué la fonction qui consiste à L'aimer. "Les uns et les autres, Nous les aidons des dons de ton Seigneur ; les dons de ton Seigneur ne sont pas limités". (Qur'an XVII, 21).
...
(vous en trouverez d'autres traduits ici : http://www.yabiladi.com/forum/sagesses-allah-sakandari-4-3967326.html)
A bientôt
Ibn ’Atâ’ Allâh al-Iskandarî est un juriste, théologien et cheikh soufi sunnite de renom (1259-1309). Il fait partie de ceux qui ont pu le mieux exprimer la voie du soufisme sunnite, en particulier dans son livre "Les Sagesses" (Al Hikam). Même si ce domaine ne s'apprend pas dans les livres mais par la pratique (puisqu'il s'agit d'être et non pas seulement de savoir), ça permet tout de même de rapprocher un peu la chose. "Les Sagesses" consistent en une liste de brefs et percutants aphorismes, que j'ai étudié dernièrement et que je souhaite partager avec vous.
A noter que si on ne connait pas ce domaine et n'est pas habitué au "langage" soufi, il n'est pas toujours facile de comprendre. On pourrait même y voir (à tort) des contradictions, si on ne tient pas compte de l'angle à partir duquel l'idée est exprimée.
Je vais donc lister certains de ces aphorismes, et si quelqu'un en fait la demande, je pourrai (incha'Allah, et après la traduction du texte d'Ibn Al Qayyim pour Ren) apporter des explications à partir de celles des autres cheikhs soufis ayant expliqué le livre.
A noter : n'ayant pas ce livre en français mais seulement en arabe, j'ai récupéré la traduction comme je peux d'Internet : je ne peux donc pas totalement la garantir (mais ça semble ok) :
- C'est signe que l'on compte sur ses propres œuvres que d'espérer moins (de la Miséricorde divine) lors d'un faux-pas.
- Ton désir de dépouillement (tajrîd), lorsque Dieu te maintient dans l'activité, provient d'un appétit caché. Désirer t'adonner à l'activité quand Dieu te maintient dans le dépouillement, c'est t'abaisser et abandonner un haut dessein.
- L'effort que tu déploies pour obtenir ce qui t'es garanti, et ta négligence à t'acquitter de ce qui t'est demandé montrent l'obscurcissement de ta clairvoyance.
- Que le délai mis à t'accorder ce que tu as demandé par des prières insistantes ne cause pas ton désespoir ; l'exaucement de tes prières t'es garanti pour les choses qu'Il a choisi de t'accorder, et non pas pour celles que tu as choisies pour toi-même ; et elles te seront accordées au moment où Il le veut, et non pas au moment que tu souhaites.
- Les œuvres se différencient selon la diversité des états qui se présentent.
- Les œuvres sont des silhouettes dressées dont l'âme est la pureté d'intention.
- Enfouis ton existence sous le sol d'une vie obscure ; le germe issu d'une graine non enfouie ne parvient pas à produire des fruits.
- Rien n'est plus profitable au cœur que l'isolement ; par lui, il entre dans l'arène de la méditation.
- Comment un cœur pourrait-il être illuminé tant que les formes des choses existantes se reflètent dans son miroir ?
- ou comment pourrait-il entreprendre son voyage vers Dieu, s'il est entravé par la concupiscence ?
- ou comment désirerait-il ardemment entrer dans la présence de Dieu sans s'être purifié de la souillure de son insouciance ?
- ou comment espérerait-il comprendre la subtilité des mystères avant de s'être repenti de ses moindres fautes ?
- L'univers tout entier est ténèbres ; seule l'éclaire l'appariation en lui de Dieu Réalité.
- Qui regarde l'univers et ne voit Dieu Réalité ni en lui, ni près de lui, ni avant lui, ni après lui, est dépourvu de toute lumière : le soleil de la Connaissance est voilé pour lui par des nuages (que sont à ses yeux) les traces (de l'acte créateur).
- Une des preuves de la Puissance victorieuse du Très-Haut est le fait qu'Il se voile à toi par ce qui n'a pas d'être en dehors de Lui.
- Comment pourrait-on concevoir que quelque chose Le voile alors que c'est Lui qui manifeste toute chose ?
- Comment pourrait-on concevoir que quelque chose Le voile alors qu'Il se manifeste par toute chose ?
- Comment pourrait-on concevoir que quelque chose Le voile alors qu'Il se manifeste en toute chose ?
- Comment pourrait-on concevoir que quelque chose Le voile alors qu'Il se manifeste à toute chose ?
- Comment pourrait-on concevoir que quelque chose Le voile alors qu'Il est le Manifeste (az-zâhir) avant l'existence de toute chose ?
- Comment pourrait-on concevoir que quelque chose Le voile alors qu'Il est plus manifeste que toute chose ?
- Comment pourrait-on concevoir que quelque chose Le voile alors qu'Il est l'Unique, et qu'avec Lui n'existe nulle chose ?
- Comment pourrait-on concevoir que quelque chose Le voile alors qu'Il est plus proche de toi que toute chose ?
- Comment pourrait-on concevoir que quelque chose Le voile alors que, sans Lui, ne serait manifestée l'existence d'aucune chose ?
- O merveille : comment peut apparaître l'Etre dans le néant ?
- Ou encore, comment peut subsister le transitoire à côté de Celui qui a pour attribut l'Eternité (al-qidam, l'antériorité absolue) ?
- Parfait ignorant est celui qui veut qu'à l'instar présent advienne autre chose que ce que Dieu y manifeste.
- Remettre les bonnes œuvres au temps du loisir, c'est une faute qui vient de la mollesse de l'âme.
- Ne demande pas à Dieu qu'Il te sorte d'une situation pour t'employer dans une autre ! S'Il le voulait, Il t'y aurait employé sans te faire quitter la première.
- Chaque fois que l'aspiration spirituelle de celui qui suit la voix s'arrête aux révélations qui lui sont faites, les voix de la réalité essentielle l'appellent et lui disent : "Ce que tu cherches est au-delà". Chaque fois que la beauté apparente des choses créées s'offre à ses regards, leur réalité essentielle lui crie :"Nous ne sommes que séductions, ne sois donc pas impie !" (Qur'an II, 102).
- Adresser une demande à Dieu, c'est douter de Lui. Si tu Le cherches, c'est qu'Il est absent pour toi. Chercher un autre que Lui, c'est insolence à Son égard, et si tu adresses à autre que Lui une demande, c'est la preuve que tu es éloigné de Lui.
- A chaque souffle que tu émets, Il réalise en toi un de Ses décrets.
- N'attends pas d'être débarrassé de tes tracas, car cela t'empêche d'être attentif à Lui dans la situation qu'Il t'a assignée.
- Ne t'étonne pas de l'assaut des tracas tant que tu résides en cette demeure (terrestre) ; celle-ci ne peut procurer que ce qui convient à sa nature et répond à sa qualité.
- Il n'y aura pas d'obstacle à l'obtention de ce que tu recherches en Dieu ; mais difficilement tu obtiendras ce que tu recherches pour toi-même.
- C'est signe annonciateur du succès dans les dernières étapes que de s'en remettre à Dieu dès les premières.
- Si tes débuts sont lumineux, la fin le sera également.
- Ce qui est caché dans le tréfonds du cœur apparaît dans les manifestations extérieures.
- Qu'il y a loin de celui qui Le (Dieu) prend pour preuve, à celui qui cherche à Le prouver ! Celui qui Le prend pour preuve, connaît la réalité conformément à son rang : il déduit toute chose de son origine. Ne cherche à Le prouver que celui qui n'est pas parvenu jusqu'à Lui : quand donc est-Il disparu qu'il soit nécessaire de Le prouver ? Quand s'est-il éloigné pour que ce soient les traces de Son action qui nous fassent parvenir jusqu'à Lui ?
- "Que celui qui est dans l'aisance donne selon son aisance" (Qur'an LXV, 7) : tels sont ceux qui sont arrivés jusqu'à Lui. "Et que celui dont les ressources sont mesurées (donne selon ses moyens)" : tels sont ceux qui voyagent vers Lui.
- Ceux qui voyagent vers Lui sont guidés par les lumières de leur orientation (tawajjuh). Ceux qui sont arrivés à Lui possèdent les lumières de la contemplation immédiate (muwâjaha). Les premiers appartiennent aux Lumières, tandis que les seconds possèdent les lumières, car ils appartiennent à Dieu et à nul autre. "Dis : Dieu; et laisse-les s'amuser au milieu de leurs occupations futiles" (Qur'an VI, 91).
- Observer les défauts cachés en toi vaut mieux pour toi que scruter les mystères qui te sont voilés.
- Dieu Réalité ne t'est pas voilé. C'est toi qui es couvert d'un voile qui empêche ton regard de L'atteindre. En effet, si quelque chose pouvait Le voiler, ce voile Le couvrirait. Or, s'il était possible que quelque chose Le couvrît, son Etre serait limité comme par une enceinte. Or, qui cerne vainc. "Et c'est Lui l'Invincible qui domine Ses serviteurs" (Qur'an VI, 18).
- Arrache-toi aux attributs de ta nature humaine (bashariyyah), qui s'opposent à ta qualité de serviteur parfait (ubûdiyyah), afin que tu puisses répondre à l'appel de Dieu Réalité et être proche de Sa présence.
- La source de toute désobéissance, de toute négligence, de toute concupiscence, c'est le fait d’être satisfait de soi-même.
- Mieux vaut pour compagnon un ignorant mécontent de soi plutôt qu'un savant satisfait de lui-même. Que peut être la science d'un savant satisfait de lui-même, et quelle ignorance est celle de l'ignorant qui est mécontent de lui-même ?
- Le rayonnement du cœur (baçîra) te fera constater Sa proximité de toi : l'œil de cette intelligence te fera constater ta non-existence ('adam) en face de Son Etre et l'essence même de cette intelligence te rendra témoin de Son Etre. Tu ne verras alors ni ta propre existence, ni ta non-existence.
- Dieu était et aucune chose avec Lui ; et Il est maintenant tel qu'Il a toujours été.
- N'expose pas à autre que Lui un besoin qu'Il t'a envoyé. Comment un autre que Lui pourrait-il enlever ce que Lui t'a imposé ? Celui qui ne peut se délivrer lui-même (d'un tourment), comment pourrait-il en soulager autrui ?"
- Si tu ne présumes pas de la bonté de Dieu pour la seule raison que la bonté est un de Ses attributs, reconnais-la dans la façon dont Il te traite ! T'a-t-il accoutumé à autre chose qu'à Ses bienfaits ? T'a-t-il accordé autre chose que Ses grâces ?
- Ne voyage pas d'un monde créé à l'autre, car tu serais semblable à l'âne du moulin : il marche et rejoint le point d'où il est parti. Mais voyage, et quitte les mondes créés pour leur Créateur. "Certes, c'est auprès de ton Seigneur qu'est le point d'arrivée" (Qur'an LIII, 43).
- Pense à ces paroles du Prophète : "Quiconque quitte son pays en vue de Dieu et de Son prophète parviendra jusqu'à eux.
- Qui le quitte visant un avantage de ce bas monde, l'obtiendra. Qui le quitte désirant une femme, l'épousera. Son exil atteindra le but qu'il s'est proposé en émigrant."
- Comprends bien ces paroles du Prophète : "Son exil atteindra le but qu'il s'est proposé en émigrant". Réfléchis à cela, si tu es intelligent et doué de compréhension !
- Ne prends pas pour compagnon celui dont l'état ne te stimule pas, et dont les paroles ne te montrent pas la voie vers Dieu !
- Il se peut que tu sois mauvais et que la fréquentation d'un homme plus mauvais que toi t'amène à te complaire à la pensée des bonnes actions que tu as accomplies.
- Il n'est pas mince le mérite d'une bonne œuvre émanant d'un cœur ayant renoncé (aux biens de ce monde).
- Il n'est pas considérable le mérite d'une bonne œuvre émanant d'un cœur désirant ardemment (ces biens).
- La beauté des actions provient de la beauté des états d'âme (hâl), et la beauté des états d'âme vient de la confirmation dans les stations (maqâmât) où descendent sur les cœurs les faveurs divines.
- N'abandonne pas l’invocation (dhikr) pour la raison que pendant que ta langue mentionne Dieu ton cœur n'est pas présent. En effet, plus grave serait l'absence complète de la mention de Dieu que sa mention sans participation du cœur.
- L'un des signes de la mort du cœur, c'est l'absence de tristesse après avoir négligé l'accomplissement d'un devoir, et l'absence de regret après avoir commis une faute.
- Ne t'exagère pas l'énormité d'un péché au point que cela te fasse douter de la miséricorde de Dieu à ton égard. En effet, qui connaît le Seigneur considérera son péché comme petit en face de la générosité de Dieu.
- Il n'est pas de faute légère en face de la justice de Dieu ; il n'en est pas de grande en face de Sa grâce.
- Nulle bonne œuvre n’a plus d'espoir d'être agréée de Dieu que celle que tu oublies et dont tu fais peu de cas.
- Dieu ne t'envoie l'inspiration (wârid) qu'afin par celle-ci tu t'avances vers Lui.
- Il t'envoie cette inspiration pour t'affranchir de la main des altérités et te libérer de l'esclavage des choses créées.
- Il t'envoie l'inspiration pour te sortir de la prison de ton être vers le libre espace de la contemplation de Dieu.
- Les Lumières sont les montures des cœurs et des consciences intimes (asrâr).
- La Lumière est l'armée du cœur, de même que l'obscurité est l'armée de l'âme passionnelle. Lorsque Dieu veut faire triompher Son serviteur, Il envoie à son secours l'armée des Lumières et détourne de lui le torrent des ténèbres et des tracas.
- La Lumière permet le dévoilement ; à la vue intérieure (baçîra) appartient le jugement, et au cœur la décision d'avancer ou de reculer.
- Ne te réjouis pas d'une bonne œuvre pour la raison qu'elle émane de toi ; mais réjouis-toi de ta bonne action pour la raison qu'elle résulte de la faveur que Dieu t'as accordé. "Dis : De la faveur de Dieu, de Sa grâce, que de tout cela se réjouissent (les hommes) : cela vaut mieux que ce qu'ils amassent" (Qur'an X, 59).
- Au gens de la Voie (sâ’ir), et à ceux qui sont parvenus au But (wâçil), Dieu a voilé la vue de leurs propres bonnes actions et de leurs états spirituels (hâl) : à ceux de la Voie parce qu'ils ne sont pas certains d'avoir avec une parfaite sincérité envers Dieu ; à ceux qui sont parvenus au But, parce qu'Il a détourné leur regards de ces œuvres en leur accordant la faveur de Le contempler.
- L'avilissement de l'âme est un arbre qui a pour semence la cupidité.
- Rien de tel pour t'entraîner que la conjecture.
- Tu es libre à l'égard de ce dont tu désespères, tu es l'esclave de ce que tu désires.
- Qui ne progresse pas vers Dieu en considération de la faveur des bienfaits qu'Il lui accorde est traîné vers Lui par la chaîne des épreuves.
- Qui ne rend pas grâce à Dieu pour Ses bienfaits s'expose à en être privé ; qui Lui en est reconnaissant les entrave à son profit.
- S'Il continue à t'accorder Ses bienfaits pendant que tu persistes à mal agir avec Lui, crains qu'il n'y ait là un retrait graduel de Ses faveurs : "Nous leur retirerons graduellement Nos faveurs de telle façon qu'ils ne s'en apercevront pas". (Qur'an LXVIII, 44).
- Si ayant violé les règles de respect (envers Dieu), l'aspirant voit le châtiment tarder à venir, c'est ignorance de sa part de dire : "Si j'avais violé les règles de respect, les faveurs divines se seraient interrompues et, nécessairement, j'aurais été puni par l'éloignement de Dieu". Il est possible que ces faveurs lui soient retirées d'une manière dont il n'a pas conscience, et ne fût-ce qu'en le privant de tout surcroît.
- Ainsi tu seras dans la station (maqâm) de l'éloignement sans que tu t'en aperçoives, et ne fût-ce qu'en te complaisant à la satisfaction de tes désirs.
- Si tu vois un serviteur de Dieu maintenu par Celui-ci dans l'accomplissement régulier des exercices spirituels (awrâd) et favorisé d'une aide divine prolongée, ne mésestime pas les dons que Dieu lui a accordé pour la raison que tu ne vois en lui ni la marque des gnostiques (al-'ârifîn), ni la splendeur de ceux qui aiment Dieu (al-muhibbîn). S'il n'avait pas d'inspiration (wârid), il ne persisterait pas à pratiquer les exercices spirituels (wird).
- Certains, Dieu Réalité les a installés dans Son service ; à d'autres, Il a particulièrement attribué la fonction qui consiste à L'aimer. "Les uns et les autres, Nous les aidons des dons de ton Seigneur ; les dons de ton Seigneur ne sont pas limités". (Qur'an XVII, 21).
...
(vous en trouverez d'autres traduits ici : http://www.yabiladi.com/forum/sagesses-allah-sakandari-4-3967326.html)
A bientôt
Muslim3- Messages : 120
Réputation : 0
Date d'inscription : 29/05/2011
Re: Soufisme et Quête spirituelle avec les "Sagesses d'Ibn ’Atâ’ Allâh al-Iskandarî"
Je crois bien que ce hadith résume le tout :
Au nom d’Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux.
L'Envoyé de Dieu (paix et bénédictions sur lui) a dit:
Allah Le très haut a dit : « Mon amour s'impose pour ceux qui s'aiment en Moi. Mon amour s'impose pour ceux qui se rendent visite pour Moi. Mon amour s'impose pour ceux qui s'entraident pour Moi. Mon amour s'impose pour ceux qui deviennent amis par amour pour Moi. »
(Rapporté par Ahmad et At-Tabarânî)
http://www.hadithdujour.com/hadiths/hadith-sur-Chaque-fois-que-deux-hommes-s-aiment-pour-Dieu_373.asp
Au nom d’Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux.
L'Envoyé de Dieu (paix et bénédictions sur lui) a dit:
Allah Le très haut a dit : « Mon amour s'impose pour ceux qui s'aiment en Moi. Mon amour s'impose pour ceux qui se rendent visite pour Moi. Mon amour s'impose pour ceux qui s'entraident pour Moi. Mon amour s'impose pour ceux qui deviennent amis par amour pour Moi. »
(Rapporté par Ahmad et At-Tabarânî)
http://www.hadithdujour.com/hadiths/hadith-sur-Chaque-fois-que-deux-hommes-s-aiment-pour-Dieu_373.asp
Invité- Invité
Sujets similaires
» Le Soufisme
» documentaire « En quête de sens »
» La « pérégrination » comme méthode spirituelle
» Réflexion humaine, spirituelle et philosophique du moment
» Dans la voie spirituelle, des sacrifices sont-ils légitimes ?
» documentaire « En quête de sens »
» La « pérégrination » comme méthode spirituelle
» Réflexion humaine, spirituelle et philosophique du moment
» Dans la voie spirituelle, des sacrifices sont-ils légitimes ?
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum