Avicenne de Omar Merzoug
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Avicenne de Omar Merzoug
Remarquable à la fois par l'élégance de l'écriture et par la manière il expose les idées d'Avicenne sans tomber dans le jargon philosophique. Le plan suit la biographie d'Avicenne.
Il y a eu plusieurs approches de la philosophie en islam, d'une certaine l'indépendance par rapport à la religion jusqu'à la réfutation par Ghazali.
Avicenne considère qu'il n'y a pas de contradiction parce que le Coran enjoint de réfléchir. Cependant les techniques exactes de la réflexion ne sont pas précisées dans le Coran, qui contient surtout des exemples, paraboles, et des analogies.
Les premiers à utiliser les règles du syllogisme telles qu'elles ont été développées par les Grecs ont été les théologiens-juristes, par la suite les philosophes , peut-être Al Fârâbî le premier, ont jugé ainsi : le Coran conseille la réflexion, les théologiens ont utilisé les méthodes du raisonnement logique tels que définies par les Grecs, leur démarche a été reconnue par la communauté, il est donc permis et permis d'utiliser ces outils pour la réflexion en général.
Avicenne avait une capacité de travail et une mémoire prodigieuses, il connaissait le Coran par coeur à 10 ans. Son grand ouvrage le "Livre de la guérison" est une encyclopédie qui touche à tous les domaines, on pouvait encore à cette époque connaître toutes les sciences.
Ce qu'on ignore c'est sa position par rapport au soufisme, à part un petit traité sur la science des lettres il n'a pas écrit sur le sujet, ni je n'ai pas vu d'indice de rattachement à une voie.
Peut-être le dernier livre qu'il projetait et qui n'a pas vu le jour aurait traité du sujet, car il avait dit que ce livre serait totalement différent de ce qu'il avait écrit avant qui n'aurait été qu'une préparation.
Pour être accessible à d'autres catégories de lecteurs, il eut l'idée de composer trois récits en substituant aux concepts des personnages et des séquences narratives :
https://www.amiscorbin.com/wp-content/uploads/2012/05/Corbin-1955-Le-symbolisme-dans-les-re%CC%81cits-visionnaires-d%E2%80%99Avicenne.pdf
Comme il pensait que la tâche du philosophe était aussi de s'intéresser à la vie politique, et par obligation morale envers son protecteur (Avicenne a passé une partie de sa vie à fuir Mahmoud de Ghazni qui voulait l'accaparer et l'utiliser et à voyager au gré des évènements politiques), il accepta une charge de ministre, mais comme il voulu mettre fin à 'l'accaparement des finances par les militaires, qui vivaient de pillages et d'exactions, ces derniers le traitèrent en ennemi et obtinrent sont incarcération, il put en sortir grâce à ses talents médicaux dont le roi avait besoin.
C'est grâce à son disciple et scribe qui l'a suivi partout et qui notait tout Al Jawzajânî que l'on connaît aussi bien sa vie, ses pensées et son œuvre.
Sur la création son point de vue est original :
« Ainsi, les philosophes français croient que dans la doctrine d’Avicenne sur une l’émanation, le caractère primordial et éternel du monde, mais également dans la co-éternité de Dieu avec le monde, Avicenne a perçu pour l’essentiel et a développé les idées des auteurs de la Grèce ancienne, en particulier de Plotin. Selon Avicenne, Dieu crée le monde non pas par désir personnel (comme le fait Allah), mais par nécessité. D’autre part, le problème de la création dans le système philosophique d’Avicenne se réalise sur la base des catégories de " cause et effet". Dieu est compris comme la cause et le monde comme son effet. Étant donné que la cause et l’effet se passent simultanément, le Dieu et le monde, sont tous deux primordiaux et éternels. De ce point de vue, certains chercheurs ont supposé que la philosophie d’Avicenne était dualiste, mais Louis Gardet n’a jamais été d’accord avec les partisans de cette idée en expliquant que les philosophes, aussi bien du Levant que du Maghreb, n’enseignaient jamais les prétendues « deux vérités ». Selon al-Fârâbî et surtout Avicenne, il semble bien qu’il s’agisse d’une seule vérité, mais saisie selon deux formes différentes. «
Sokiboy SULTONOV
Université d’Etat pédagogique du Tadjikistan Sadriddin Ayni,
Département de philosophie
Guénon dit aussi qu'il n'y a pas de différence entre possible et réel, toute possibilité se réalise, mais selon différentes modalités :
"La distinction du possible et du réel, sur laquelle maints philosophes ont tant insisté, n’a donc aucune valeur métaphysique : tout possible est réel à sa façon, et suivant le mode que comporte sa nature ; autrement, il y aurait des possibles qui ne seraient rien, et dire qu’un possible n’est rien est une contradiction pure et simple ; c’est l’impossible, et l’impossible seul, qui est, comme nous l’avons déjà dit, un pur néant. Nier qu’il y ait des possibilités de non-manifestation, c’est vouloir limiter la Possibilité universelle ; d’autre part, nier que, parmi les possibilités de manifestation, il y en ait de différents ordres, c’est vouloir la limiter plus étroitement encore."
https://ia600208.us.archive.org/3/items/ReneGuenonFR/Rene%CC%81%20Gue%CC%81non%20-%20Les%20Etats%20multiples%20de%20l%27e%CC%82tre%20-%2073%20pages%20-%202011%2005%2017.pdf
Il y a eu plusieurs approches de la philosophie en islam, d'une certaine l'indépendance par rapport à la religion jusqu'à la réfutation par Ghazali.
Avicenne considère qu'il n'y a pas de contradiction parce que le Coran enjoint de réfléchir. Cependant les techniques exactes de la réflexion ne sont pas précisées dans le Coran, qui contient surtout des exemples, paraboles, et des analogies.
Les premiers à utiliser les règles du syllogisme telles qu'elles ont été développées par les Grecs ont été les théologiens-juristes, par la suite les philosophes , peut-être Al Fârâbî le premier, ont jugé ainsi : le Coran conseille la réflexion, les théologiens ont utilisé les méthodes du raisonnement logique tels que définies par les Grecs, leur démarche a été reconnue par la communauté, il est donc permis et permis d'utiliser ces outils pour la réflexion en général.
Avicenne avait une capacité de travail et une mémoire prodigieuses, il connaissait le Coran par coeur à 10 ans. Son grand ouvrage le "Livre de la guérison" est une encyclopédie qui touche à tous les domaines, on pouvait encore à cette époque connaître toutes les sciences.
Ce qu'on ignore c'est sa position par rapport au soufisme, à part un petit traité sur la science des lettres il n'a pas écrit sur le sujet, ni je n'ai pas vu d'indice de rattachement à une voie.
Peut-être le dernier livre qu'il projetait et qui n'a pas vu le jour aurait traité du sujet, car il avait dit que ce livre serait totalement différent de ce qu'il avait écrit avant qui n'aurait été qu'une préparation.
Pour être accessible à d'autres catégories de lecteurs, il eut l'idée de composer trois récits en substituant aux concepts des personnages et des séquences narratives :
https://www.amiscorbin.com/wp-content/uploads/2012/05/Corbin-1955-Le-symbolisme-dans-les-re%CC%81cits-visionnaires-d%E2%80%99Avicenne.pdf
Comme il pensait que la tâche du philosophe était aussi de s'intéresser à la vie politique, et par obligation morale envers son protecteur (Avicenne a passé une partie de sa vie à fuir Mahmoud de Ghazni qui voulait l'accaparer et l'utiliser et à voyager au gré des évènements politiques), il accepta une charge de ministre, mais comme il voulu mettre fin à 'l'accaparement des finances par les militaires, qui vivaient de pillages et d'exactions, ces derniers le traitèrent en ennemi et obtinrent sont incarcération, il put en sortir grâce à ses talents médicaux dont le roi avait besoin.
C'est grâce à son disciple et scribe qui l'a suivi partout et qui notait tout Al Jawzajânî que l'on connaît aussi bien sa vie, ses pensées et son œuvre.
Sur la création son point de vue est original :
« Ainsi, les philosophes français croient que dans la doctrine d’Avicenne sur une l’émanation, le caractère primordial et éternel du monde, mais également dans la co-éternité de Dieu avec le monde, Avicenne a perçu pour l’essentiel et a développé les idées des auteurs de la Grèce ancienne, en particulier de Plotin. Selon Avicenne, Dieu crée le monde non pas par désir personnel (comme le fait Allah), mais par nécessité. D’autre part, le problème de la création dans le système philosophique d’Avicenne se réalise sur la base des catégories de " cause et effet". Dieu est compris comme la cause et le monde comme son effet. Étant donné que la cause et l’effet se passent simultanément, le Dieu et le monde, sont tous deux primordiaux et éternels. De ce point de vue, certains chercheurs ont supposé que la philosophie d’Avicenne était dualiste, mais Louis Gardet n’a jamais été d’accord avec les partisans de cette idée en expliquant que les philosophes, aussi bien du Levant que du Maghreb, n’enseignaient jamais les prétendues « deux vérités ». Selon al-Fârâbî et surtout Avicenne, il semble bien qu’il s’agisse d’une seule vérité, mais saisie selon deux formes différentes. «
Sokiboy SULTONOV
Université d’Etat pédagogique du Tadjikistan Sadriddin Ayni,
Département de philosophie
Guénon dit aussi qu'il n'y a pas de différence entre possible et réel, toute possibilité se réalise, mais selon différentes modalités :
"La distinction du possible et du réel, sur laquelle maints philosophes ont tant insisté, n’a donc aucune valeur métaphysique : tout possible est réel à sa façon, et suivant le mode que comporte sa nature ; autrement, il y aurait des possibles qui ne seraient rien, et dire qu’un possible n’est rien est une contradiction pure et simple ; c’est l’impossible, et l’impossible seul, qui est, comme nous l’avons déjà dit, un pur néant. Nier qu’il y ait des possibilités de non-manifestation, c’est vouloir limiter la Possibilité universelle ; d’autre part, nier que, parmi les possibilités de manifestation, il y en ait de différents ordres, c’est vouloir la limiter plus étroitement encore."
https://ia600208.us.archive.org/3/items/ReneGuenonFR/Rene%CC%81%20Gue%CC%81non%20-%20Les%20Etats%20multiples%20de%20l%27e%CC%82tre%20-%2073%20pages%20-%202011%2005%2017.pdf
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Re: Avicenne de Omar Merzoug
"Saint Thomas d’Aquin (1225-1274) a témoigné d’un grand respect et d’une réelle estime pour Avicenne dont l’œuvre et la pensée ont exercé sur lui une influence féconde. Il le considère comme un Maître et se réjouit de constater une parenté de pensée et, sur certains points, l’accord de la doctrine du philosophe musulman avec sa foi chrétienne...
[P. M.-D. Roland-Gosselin ] : Ce dernier analyse deux points particulièrement importants de la métaphysique avicennienne communs aux deux auteurs : le principe d’individuation et la distinction réelle entre l’essence et l’existence...[St Augustin et St Thomas]...
L’ouvrage d’Aimé Forest, La structure métaphysique du concret d’après saint Thomas , mettait l’accent à son tour sur l’apport de la pensée d’Avicenne en citant un grand nombre de textes, près de deux cent cinquante, où est mentionné ce dernier. La thèse de Marie-Amélie Goichon, La distinction de l’essence et de l’existence d’après Ibn Sina (Avicenne, cite quarante textes de saint Thomas se rapportant à l’œuvre d’Avicenne...
Louis Gardet, dans La pensée religieuse d’Avicenne compare avec fruit les deux pensées. Il est impossible ici de citer les nombreux articles qui complètent cette littérature avicenno-thomiste. Après cette première génération de chercheurs, il faut mentionner particulièrement les travaux du P. Georges C. Anawati...
Parmi les notions et les conceptions avicenniennes que Thomas fait siennes se trouvent celles d’essence et d’être, la doctrine selon laquelle l’être est ce qui tombe en premier dans l’esprit, celle de la distinction réelle entre l’être et l’essence dans la créature et de leur identité en Dieu. Mais il donne à cet héritage sa couleur propre...
Il est donc plus approprié de parler d’émanation que de création. Cette émanation est éternelle. En affirmant, dans la perspective plotinienne héritée de la lecture de la Théologie d’Aristote, que de l’Un ne procède que ce qui est un, Avicenne construit sa conception de l’émanation à partir d’un Dieu de qui procède un Premier Intellect, puis un deuxième, jusqu’au dixième d’où procèdent l’Âme du monde et le corps du premier ciel, puis les concepts universels des hommes et la matière des choses physiques. Saint Thomas en saisit parfaitement le sens
Cependant :
"Pour Avicenne, la création est donc une série d’émanations. Mais, pour Thomas, la création résulte d’une causalité efficiente pure. C’est la raison pour laquelle il pense que cette conception émanatiste, malgré l’admiration dont il témoigne pour son auteur, ne peut tenir : « hoc non potest stare ». Elle ne peut tenir pour deux raisons : premièrement, parce que la création est strictement l’œuvre de Dieu seul, qu’il ne peut pas partager avec d’autres ; deuxièmement, parce que si tout doit être voulu et fait par Dieu, une causalité instrumentale, ou disposante, exercée par des créatures, est impossible"
https://journals.openedition.org/noesis/5019
Et contraire à la foi aussi bien musulmane que chrétienne, problème de la volonté divine, mais il y a plusieurs manières de tourner la question, y-a-t-il un seul monde ? Encore plusieurs réponses, rien que pour le monde terrestre les hindous disent que notre terre actuelle n'est qu'une des terres les autres n'étant pas perceptibles, il y aurait 6 terres autour d'une terre centrale, chacune apparaissant lors d'une phase cyclique.
[P. M.-D. Roland-Gosselin ] : Ce dernier analyse deux points particulièrement importants de la métaphysique avicennienne communs aux deux auteurs : le principe d’individuation et la distinction réelle entre l’essence et l’existence...[St Augustin et St Thomas]...
L’ouvrage d’Aimé Forest, La structure métaphysique du concret d’après saint Thomas , mettait l’accent à son tour sur l’apport de la pensée d’Avicenne en citant un grand nombre de textes, près de deux cent cinquante, où est mentionné ce dernier. La thèse de Marie-Amélie Goichon, La distinction de l’essence et de l’existence d’après Ibn Sina (Avicenne, cite quarante textes de saint Thomas se rapportant à l’œuvre d’Avicenne...
Louis Gardet, dans La pensée religieuse d’Avicenne compare avec fruit les deux pensées. Il est impossible ici de citer les nombreux articles qui complètent cette littérature avicenno-thomiste. Après cette première génération de chercheurs, il faut mentionner particulièrement les travaux du P. Georges C. Anawati...
Parmi les notions et les conceptions avicenniennes que Thomas fait siennes se trouvent celles d’essence et d’être, la doctrine selon laquelle l’être est ce qui tombe en premier dans l’esprit, celle de la distinction réelle entre l’être et l’essence dans la créature et de leur identité en Dieu. Mais il donne à cet héritage sa couleur propre...
Il est donc plus approprié de parler d’émanation que de création. Cette émanation est éternelle. En affirmant, dans la perspective plotinienne héritée de la lecture de la Théologie d’Aristote, que de l’Un ne procède que ce qui est un, Avicenne construit sa conception de l’émanation à partir d’un Dieu de qui procède un Premier Intellect, puis un deuxième, jusqu’au dixième d’où procèdent l’Âme du monde et le corps du premier ciel, puis les concepts universels des hommes et la matière des choses physiques. Saint Thomas en saisit parfaitement le sens
Cependant :
"Pour Avicenne, la création est donc une série d’émanations. Mais, pour Thomas, la création résulte d’une causalité efficiente pure. C’est la raison pour laquelle il pense que cette conception émanatiste, malgré l’admiration dont il témoigne pour son auteur, ne peut tenir : « hoc non potest stare ». Elle ne peut tenir pour deux raisons : premièrement, parce que la création est strictement l’œuvre de Dieu seul, qu’il ne peut pas partager avec d’autres ; deuxièmement, parce que si tout doit être voulu et fait par Dieu, une causalité instrumentale, ou disposante, exercée par des créatures, est impossible"
https://journals.openedition.org/noesis/5019
Et contraire à la foi aussi bien musulmane que chrétienne, problème de la volonté divine, mais il y a plusieurs manières de tourner la question, y-a-t-il un seul monde ? Encore plusieurs réponses, rien que pour le monde terrestre les hindous disent que notre terre actuelle n'est qu'une des terres les autres n'étant pas perceptibles, il y aurait 6 terres autour d'une terre centrale, chacune apparaissant lors d'une phase cyclique.
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