Abus sexuels dans l'Eglise : rapport McCarrick et rapport Sauvé
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Abus sexuels dans l'Eglise : rapport McCarrick et rapport Sauvé
Le ménage avance dans l'Eglise... mais que de drames, et de chemin restant à faire !
Commentaire depuis le Vatican :
la suite sur https://www.la-croix.com/Religion/McCarrick-longue-liste-signalements-ecartes-Vatican-2020-11-10-1201123984 (pour abonnés)Après deux ans d’enquête, le Vatican a publié, mardi 10 novembre, un long rapport concernant sa gestion de la carrière épiscopale du cardinal déchu Theodore McCarrick. Il apparaît que malgré de nombreux signalements répartis sur plusieurs décennies, ceux-ci n’ont pas suffi à mettre un terme à ses ambitions.
Comment un tel fiasco a-t-il pu se produire ? Comment un homme qui a usé pendant des années de son statut de prêtre puis de son autorité d’évêque pour abuser de jeunes hommes a-t-il pu poursuivre une carrière ecclésiastique remarquable, jusqu’à devenir archevêque de Washington et cardinal ? Telles sont les questions qui se posent depuis la révélation en juin 2018 d’affaire d’abus sexuels concernant celui qui est désormais l’ex-cardinal Theodore McCarrick (...)
Commentaire depuis le Vatican :
la suite sur https://www.vaticannews.va/fr/vatican/news/2020-11/vatican-rapport-theodore-mccarrick-abus-etats-unis-pape.htmlLe rapport McCarrick, une page douloureuse dont l'Église tire les leçons
Lors de la nomination de l'archevêque de Washington Theodore McCarrick en 2000, le Saint-Siège a agi sur la base d'informations partielles et incomplètes. Des omissions et des sous-évaluations se sont malheureusement produites, des choix qui se sont révélés par la suite erronés ont été faits, notamment parce que, au cours des vérifications demandées par Rome à l'époque, les personnes interrogées n'ont pas toujours dit tout ce qu'elles savaient. Jusqu'en 2017, aucune accusation fondée n'a jamais concerné abus ou harcèlement à l’encontre de mineurs: dès que la première plainte d'une victime, mineure au moment des faits, est arrivée, le Pape François a agi rapidement et de manière décisive contre le vieux cardinal (...)
En soi, le rapport, par son extension et son contenu, répond ponctuellement à l'engagement pris par le Pape François d'enquêter de manière approfondie sur l'affaire McCarrick et de publier les résultats de l'enquête. Le rapport représente également un acte de sollicitude et d'attention pastorale du Pape envers la communauté catholique américaine, blessée et déconcertée par le fait que Theodore McCarrick ait pu atteindre des positions aussi élevées dans la hiérarchie. L’enquête, menée ces deux dernières années, a débuté à la fin de l'été 2018, au cours de semaines de vive tension, qui ont culminé avec l’intervention de l'ancien nonce apostolique à Washington Carlo Maria Viganò, qui, par le biais d'une opération médiatique internationale, en était arrivé à demander publiquement la renonciation du Pape régnant (...)
Dernière édition par -Ren- le Mar 5 Oct - 12:00, édité 1 fois
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Re: Abus sexuels dans l'Eglise : rapport McCarrick et rapport Sauvé
Une analyse que je trouve très juste :
https://blogs.mediapart.fr/lu-gouguenheim/blog/151120/le-seisme-mccarrickLe séisme McCarrick
(...) Il faut avoir le cœur bien accroché pour lire le rapport McCarrick. Commandé il y a deux ans par le pape François afin de comprendre comment un tel prédateur a pu faire carrière jusqu’à devenir cardinal de la Sainte Église romaine, ce rapport de la Secrétairerie d’État montre les implications diverses tant à la Curie qu’au sein de la Conférence épiscopale nord-américaine. Le Vatican a décidé d’être transparent en publiant les différents éléments dont il disposait sur l’ex-archevêque de Washington (2001-2006), renvoyé de l’état clérical en février 2019. Nous devons saluer cet effort qui tente de répondre à certaines questions. Mais cela suscite maintes réflexions sur l’Église et son avenir.
Prêtre new-yorkais, Theodore Edgar McCarrick devint évêque auxiliaire de New York au printemps 1977 sur décision de Paul VI. À l’époque, nul ne savait qu’il avait déjà abusé d’un mineur, ni à Rome ni au sein de la hiérarchie nord-américaine même si la mère du mineur avait sonné l’alerte, sans succès. Au contraire, il était considéré comme dynamique, zélé, travailleur, assez pastoral pour accéder à l’épiscopat. Quatre ans plus tard, en novembre 1981, Jean Paul II créa le diocèse de Metuchen (New Jersey), suffragant de Newark, et y nomma son premier évêque : Theodore McCarrick (...)
Le rapport nous apprend qu’il fut pressenti pour devenir archevêque de Chicago en 1997, archevêque de New York en 1999 et archevêque de Washington au printemps 2000. En effet, McCarrick était devenu un personnage-clé de l’épiscopat nord-américain, très efficace pour lever des fonds aussi bien pour son diocèse de Newark que pour le Vatican. N’avait-il pas créé la Fondation papale dont le ticket d’entrée – en échange d’une rencontre avec le pape – s’élève à 100 000 $ ? Par ailleurs, il se démenait aussi à l’extérieur des États-Unis en assumant un rôle plus ou moins diplomatique auprès de différents gouvernements (...)
En 1999, alors que Rome souhaitait nommer ce dernier sur le siège new-yorkais, le cardinal-archevêque de New York, Mgr O’Connor, bientôt retraité (il mourut en mai 2000), avait rédigé un rapport reprenant les accusations empêchant la nomination de McCarrick (...) Ce rapport avait été envoyé à la nonciature apostolique des États-Unis, laquelle l’avait transféré au pape polonais. C’est ainsi que le siège de New York échappa à McCarrick.
On reparla à Rome de McCarrick pour la succession de l’archevêque de Washington au printemps 2000. On fit de nouveau état des accusations pesant sur lui et Jean Paul II demanda une enquête au nonce apostolique aux États-Unis, Mgr Monsalvo. Les évêques du New Jersey furent interrogés (...) Le pape polonais appréciait l’archevêque de Newark qu’il avait connu dès les années 1970 et qu’il avait visité en 1995 lors de son sixième voyage aux États-Unis. McCarrick faisait des prêtres en nombre, était présenté comme sûr doctrinalement (n’avait-il pas repris en main le séminaire de Newark dans un sens conservateur ?), signait de gros chèques pour les œuvres du pape et de son entourage. La lettre décida Jean Paul II de le nommer dans la capitale nord-américaine en novembre 2000 (...) Le rapport précise que le pape polonais avait connu ce genre d’accusations portées de l’autre côté du Rideau de Fer par les pouvoirs communistes au sujet d’ecclésiastiques et qu’il avait balayé les accusations contre McCarrick.
Élu pape en avril 2005, Benoît XVI accepte de prolonger McCarrick sur le siège de Washington deux années au-delà des fatidiques 75 ans, âge auquel tout évêque remet sa charge. Mais dans l’intervalle, un nouveau prêtre accuse McCarrick, ce qui entraîne un rétropédalage du Vatican : l’archevêque de Washington voit sa démission acceptée en avril 2006 (...) Mgr Carlo Maria Viganò, prépare deux rapports en 2006 et 2008 dans lesquels il propose de lancer une procédure canonique à l’encontre de McCarrick. Mais Benoît XVI rechigne : McCarrick était désormais retraité, les accusations dataient et il n’y avait pas eu à sa connaissance d’abus sur mineurs. C’est ainsi que McCarrick poursuivit ses activités aux États-Unis et en dehors puisqu’il n’y avait pas eu d’instructions formelles de la part du Vatican (...)
En 2011, un nouveau nonce aux États-Unis est nommé : Mgr Viganò, lequel reçoit en 2012 les confidences d’un prêtre abusé par McCarrick. La Congrégation pour les évêques, informée, incite le diplomate à enquêter, mais celui-ci ne bouge pas le petit doigt. Au contraire, il participe à différentes cérémonies auprès de McCarrick pour lequel il a beaucoup de prévenance. L’élection de François en 2013 ne change pas la donne ; si le nouveau pape entend lui aussi des « rumeurs », il s’en remet aux jugements de ses prédécesseurs et ne prend aucune autre mesure… jusqu’en 2017 : l’archevêché de New York reçoit en effet une plainte d’abus sur mineur et enquête sur les faits et gestes de l’archevêque émérite de Washington, jugeant les faits crédibles. C’est alors que François bannit McCarrick du collège des cardinaux puis le renvoie de l’état clérical après une procédure canonique.
Le rapport McCarrick ne parle pas seulement de l’homme, mais aussi de l’institution. Il éclaire d’un jour nouveau les prises de décisions et leurs processus au sein de la Curie. Il en dit long sur le fonctionnement de cette administration. L’Église catholique, en effet, est dirigée selon les principes de la monarchie absolue. S’il y a différents dicastères – ministères –, les préfets n’en répondent que devant le pape. Il n’y a pas de conseil des ministres au sein de la Curie, ce qui peut expliquer pour partie les erreurs de jugement au sujet de McCarrick, voire l’ignorance de ses responsables qui ne débattent jamais entre eux sous la présidence du pape des problèmes de l’Église (...)
Par ailleurs, des évêques nord-américains s’interrogent sur la Fondation papale et se demandent si McCarrick a pu acheter des fonctionnaires et employés de la Curie. Il serait en effet intéressant de « suivre l’argent » afin de mieux comprendre les mécanismes internes de couverture et de dissimulation (...)
Si François a engagé une réforme de la Curie, celle-ci n’a pas avancé d’un pouce et pour cause : les mentalités ne changeront que quand les structures auront changé. Vouloir faire l’un sans l’autre sera un coup d’épée dans l’eau et laissera le champ libre à tous les McCarrick dans l’Église, aujourd’hui et demain. Ce rapport est certes un pas important et déjà des chrétiens demandent des rapports du même type, tant au Chili qu’en Argentine par exemple. Mais il ne servira à rien s’il ne signe pas une véritable réforme structurelle, à tous les étages, dans l’Église.
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bonjour
c'est trop tard tant qu'ils ont mis tout ce temps pour réagir mais il n'est jamais trop tard pour bien faire.. pour ces victimes peut être que le temps effacera les blessures mais j'en doute fort..
oumaazedine- Messages : 38
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Re: Abus sexuels dans l'Eglise : rapport McCarrick et rapport Sauvé
Il faut savoir, pour y avoir été confronté, que dans les années passées le prêtre représentait Dieu sur terre, il était auréolé, quasiment intouchable et pour des ados, sa parole et se actes étaient intouchables. C'est lui qui délivrait le Corps et le Sang du Christ (les fidèles ne savaient pas qu'il s'agissait d'une élaboration théologique tardive, inconnue de Jésus), capable de les sauver (en fait, Jésus proclame que le Dieu miséricordieux pardonne à tous, donc nul be soin de sacrifice sanglant ni de rite spécial).
Par ailleurs, la tradition multiséculaire de l'Église avait pour pratique de juger selon ses propres tribunaux, auxquels les autres n'avaient pas accès : d'où l'omerta).
L'époque moderne n'avait pas connaissance de cette réalité ecclésiastique, d'où le choc, l'incompréhension, les drames. Et l'Église elle-même n'avait pas compris que se réfugiaient en elle bien des hommes ayant un profil propre à faciliter la pédophilie, l'homosexualité (qui ne doivent pas être confondues), la femme étant soit indifférente soit hostile, soit redoutée. Le même phénomène s'observe aussi dans certains ordres religieux, ce qui n'a rien d'étonnant (lisez l'intéressant François Boespflug "pourquoi j'ai quitté l'ordre et pourquoi il m'a quitté", J.C. Béhar). Qui veut faire l'ange fait la bête.
Mais dégâts psychologiques immenses chez des gamins de 13, 14, 15, 16 ans.
Par ailleurs, la tradition multiséculaire de l'Église avait pour pratique de juger selon ses propres tribunaux, auxquels les autres n'avaient pas accès : d'où l'omerta).
L'époque moderne n'avait pas connaissance de cette réalité ecclésiastique, d'où le choc, l'incompréhension, les drames. Et l'Église elle-même n'avait pas compris que se réfugiaient en elle bien des hommes ayant un profil propre à faciliter la pédophilie, l'homosexualité (qui ne doivent pas être confondues), la femme étant soit indifférente soit hostile, soit redoutée. Le même phénomène s'observe aussi dans certains ordres religieux, ce qui n'a rien d'étonnant (lisez l'intéressant François Boespflug "pourquoi j'ai quitté l'ordre et pourquoi il m'a quitté", J.C. Béhar). Qui veut faire l'ange fait la bête.
Mais dégâts psychologiques immenses chez des gamins de 13, 14, 15, 16 ans.
Jans- Messages : 3566
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Re: Abus sexuels dans l'Eglise : rapport McCarrick et rapport Sauvé
Plutôt qu'ouvrir un autre fil, je remonte ce sujet.
https://www.lemonde.fr/societe/article/2021/03/02/au-moins-dix-mille-victimes-d-abus-sexuels-dans-l-eglise-de-france-depuis-1950_6071705_3224.htmlAu moins dix mille victimes d’agressions sexuelles dans l’Eglise de France depuis 1950
(...) Selon une estimation encore provisoire, le président de la commission indépendante mandatée par la hiérarchie de l’Eglise catholique pour faire la lumière sur les violences sexuelles commises depuis 1950 par des clercs sur des mineurs et des personnes vulnérables a jugé, mardi 2 mars, que le nombre de victimes pourrait atteindre « au moins dix mille ».
La commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Eglise (Ciase) avait initialement évalué le nombre de victimes à « au moins trois mille », en juin, selon une première estimation issue de l’exploitation d’un appel à témoignages mis en place en juin 2019 via une plate-forme d’écoutes téléphoniques.
Mais cet « appel à témoignages ne rend certainement pas compte de la totalité et il est possible que ce chiffre atteigne au moins dix mille », a déclaré Jean-Marc Sauvé, le président de cette commission, après avoir fait un point d’étape de ses travaux devant la presse (...)
En juin, M. Sauvé, avait également estimé à 1 500 le nombre d’agresseurs, mais il n’a, cette fois, pas avancé d’estimation. « Il y a eu dans un certain nombre d’institutions catholiques ou de communautés religieuses un véritable système d’abus, mais en petit nombre. (…) Cette situation représente une toute petite minorité des cas dont nous avons eu connaissance », a-t-il, par ailleurs, déclaré.
La commission Sauvé, mise en place en 2018 par l’épiscopat et les instituts religieux après plusieurs scandales, a d’autres travaux en cours (recherches sur différentes archives, entretiens, étude sur un échantillon de population générale). Elle a prévu de remettre son bilan et ses préconisations fin septembre (...)
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Re: Abus sexuels dans l'Eglise : rapport McCarrick et rapport Sauvé
il faut bien voir quand meme qu’une communaute d’hommes qui se lient par des liens d’entraide absolue, ayant leurs propres lois, etrangere aux milieux feminins et meme permettant d’y echapper sous une façade respectable et protegee attire necessairement ces profils, qu’ils en aient pleine conscience ou pas. Quand le religieux devient aumonier de scouts, le danger et la tentation sont au maximum.
Jans- Messages : 3566
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Re: Abus sexuels dans l'Eglise : rapport McCarrick et rapport Sauvé
https://www.huffingtonpost.fr/entry/le-rapport-sauve-a-recense-330000-victimes-de-pedocriminalite-dans-leglise-francaise_fr_615c02f6e4b0487c8562f57bLe rapport Sauvé estime à 216.000 le nombre de personnes de plus de 18 ans ayant fait l’objet de violences ou d’agressions sexuelles pendant leur minorité de la part de clercs ou de religieux catholiques en France de 1950 à 2020, selon ses conclusions rendues publiques ce mardi 5 octobre.
Le nombre de victimes grimpe à “330.000 si l’on ajoute les agresseurs laïcs travaillant dans des institutions de l’Eglise catholique” (aumôneries, enseignants dans les écoles catholiques, mouvements de jeunesse) (...) “Ces nombres sont bien plus que préoccupants, ils sont accablants et ne peuvent en aucun cas rester sans suite”, a déclaré Jean-Marc Sauvé.
Une autre donnée avait déjà été révélée dimanche par le président de la Ciase : le nombre de prédateurs, évalué entre “2900 à 3200”, hommes - prêtres ou religieux - entre 1950 et 2020, une “estimation minimale”.
Résultat de deux ans et demi de travaux de la Ciase, le rapport était remis publiquement mardi matin à Paris, à l’épiscopat français et aux ordres et congrégations religieuses, en présence de représentants d’associations de victimes. “Vous apportez enfin aux victimes une reconnaissance institutionnelle de toute la responsabilité de l’Église, ce dont les évêques et le pape n’ont pas été capables à ce jour”, a publiquement lancé en préambule François Devaux, cofondateur d’une association de victimes (...)
La Ciase a fait de la parole des victimes “la matrice de son travail”, selon Jean-Marc Sauvé. D’abord avec un appel à témoignages, ouvert dix-sept mois, qui a recueilli 6.500 appels ou contacts de victimes ou proches. Puis en procédant à 250 auditions longues ou entretiens de recherche. Elle a aussi effectué une plongée dans de nombreuses archives, de l’Église, des ministères de la Justice ou de l’Intérieur, de la presse...
Une fois le diagnostic posé, la Commission a énuméré plusieurs dizaines de propositions dans plusieurs domaines: écoute des victimes, prévention, formation des prêtres et des religieux, droit canonique, transformation de la gouvernance de l’Eglise... Elle a aussi préconisé une politique de reconnaissance, puis une réparation financière propre à chaque victime (...)
L’épiscopat a pris des mesures au printemps, promettant non pas des réparations mais un dispositif de “contributions” financières, versées aux victimes à partir de 2022, qui ne fait pas l’unanimité chez ces dernières ni chez les fidèles, lesquels sont appelés à contribuer aux dons.
La Corref s’est, pour sa part engagée en interne dans une démarche de justice “réparatrice” et attend les conclusions du rapport Sauvé pour prendre des décisions. Les premières réponses de la Conférence des évêques de France et de la Corref seront annoncées en novembre, date à laquelle les deux institutions se réuniront en assemblées plénières (...)
Créée à l’automne 2018, la Ciase est composée de 22 membres, bénévoles, aux compétences pluridisciplinaires. Elle a été financée par l’épiscopat et les instituts et congrégations religieux à hauteur de 3 millions d’euros.
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Re: Abus sexuels dans l'Eglise : rapport McCarrick et rapport Sauvé
Malheureusement, pour avoir fréquenté un collège catholique et les scouts durant 9 ans, je ne suis pas étonné. Prêtre ou religieux, on ne se tourne pas vers l'éducation ou les mouvements de jeunesse sans raisons profondes, les unes belles, les autres moins, et très souvent à l'insu de l'intéressé lui-même. De même que choisir une profession où on peut éviter les contacts féminins et éluder la question d'une union hétérosexuelle sans dommage social, ne relève pas du hasard. Et il serait méchant et injuste d'y voir un calcul, du cynisme ou de la duplicité : les choses se mettent le plus souvent en place d'elles-mêmes, l'inconscient en sait plus long que nous et sait où l'on doit aller. Pierre Loti n'est pas devenu officier de marine par hasard, ni Jouhandeau professeur dans un collège catholique.
Jans- Messages : 3566
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Date d'inscription : 21/03/2018
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Re: Abus sexuels dans l'Eglise : rapport McCarrick et rapport Sauvé
Personnellement, je n'ai jamais oublié la prédication du cardinal Ratzinger lors du dernier Chemin de Croix du pontificat de Jean-Paul II : "Que de souillures dans l’Église, et particulièrement parmi ceux qui, dans le sacerdoce, devraient Lui appartenir totalement !" (9e station, 2005)Jans a écrit:Malheureusement, pour avoir fréquenté un collège catholique et les scouts durant 9 ans, je ne suis pas étonné
...Comme beaucoup de catholiques à l'époque, j'ai vécu ce moment comme une annonce du grand ménage à faire, grand ménage lancé depuis par Benoît XVI et François.
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Re: Abus sexuels dans l'Eglise : rapport McCarrick et rapport Sauvé
https://fr.zenit.org/2021/10/05/france-remise-du-rapport-de-la-ciase-communique-de-la-cef-et-de-la-corref/Honte, gratitude, détermination.
Au nom de la Conférence des évêques de France et de la Conférence des Religieux et Religieuses de France, nous avons reçu aujourd’hui le rapport rédigé par la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église (CIASE) que nos Conférences avaient demandé à M. Jean-Marc Sauvé, vice-président honoraire du Conseil d’État, de présider, constituer et piloter.
Nous voulons avant tout remercier M. Sauvé et l’ensemble de la commission, ainsi que les équipes qu’elle s’est adjointes, pour leur immense et indispensable travail. Nous mesurons combien il a pu éprouver chacune et chacun. Ses résultats sont extrêmement lourds. Ils montrent une réalité effroyable que nous ne pouvions imaginer en termes de nombre de victimes, de pourcentage de prêtres et religieux auteurs de ces crimes, de défaillances qui ont rendu possible que certains parviennent à sévir durant des décennies et que si peu soient poursuivis.
Devant tant de vies brisées, souvent détruites, nous avons honte et sommes indignés.
Notre pensée et notre immense peine, comme femmes et hommes, comme évêques ou supérieures et supérieurs d’instituts religieux, vont avant tout aux personnes victimes ; celles qui ont pu parler, celles qui n’ont pu le faire encore ou ne le pourront jamais et celles qui sont mortes. Rien ne peut justifier qu’elles n’aient pas été entendues, crues, soutenues, ni que la plupart des coupables n’aient pas été signalés et jugés.
Nous mesurons plus que jamais le courage des personnes victimes qui ont osé parler et nous exprimons notre profonde reconnaissance à celles et ceux qui ont accepté de travailler à nos côtés.
Nous redisons solennellement notre détermination à mettre en œuvre les orientations et les décisions nécessaires afin qu’un tel scandale ne puisse se reproduire. Nous remercions vivement celles et ceux qui nous y aident.
Nous savons que le chemin est encore long pour espérer mériter le pardon des victimes et qu’il nous faut « faire nos preuves ».
Nos deux conférences, celles des évêques et celle des religieuses et religieux, vont chacune étudier ce rapport et l’ensemble des 45 recommandations de la CIASE. L’assemblée plénière des évêques et l’assemblée générale de la CORREF qui se tiendront au mois de novembre permettront d’adopter les mesures qui paraîtront justes et nécessaires en fonction des décisions déjà prises par chacune de nos conférences.
Nous encourageons vivement l’ensemble de l’Église catholique en France, paroisses, mouvements, communautés religieuses, etc., à prendre connaissance du rapport de la CIASE, aussi douloureux soit-il, et à inviter leurs membres à en parler les uns avec les autres. C’est là notre devoir moral pour les personnes victimes et leurs proches et aussi pour les générations à venir : regarder cette terrible réalité pour pouvoir ensemble y faire face et travailler à une Église plus digne de l’humanité et du Christ qu’elle annonce.
Monseigneur Éric de Moulins-Beaufort,
archevêque de Reims,
président de la Conférence des évêques de France (CEF)
Soeur Véronique Margron, op,
présidente de la Conférence des religieux et religieuses de France (CORREF)
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Re: Abus sexuels dans l'Eglise : rapport McCarrick et rapport Sauvé
la suite (pour abonnés) sur https://www.lemonde.fr/societe/article/2021/10/05/pedophilie-dans-l-eglise-la-predation-clericale-demeure-a-un-niveau-significatif-quoique-moins-eleve-que-dans-les-premieres-decennies-de-la-periode-analysee_6097204_3224.htmlMembre de la commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Eglise catholique (Ciase) et directeur d’études à l’Ecole pratique des hautes études, le sociologue et historien Philippe Portier a conduit, à partir des archives, une enquête sociohistorique sur les violences sexuelles commises par des prêtres ou des religieux sur des mineurs et des majeurs vulnérables.
Avec son équipe de recherche composée de Paul Airiau, docteur en histoire religieuse, Thomas Boullu, docteur en histoire du droit, et Anne Lancien, docteur en science politique, il a eu accès aux archives des diocèses (un seul leur en a refusé l’accès), des congrégations religieuses, aux archives nationales de l’Eglise ainsi qu’à celles de la justice (...)
"Nous avons cherché à savoir combien on pouvait repérer de prêtres et de religieux abuseurs certains depuis 1950, à travers les archives de l’Eglise, les témoignages à la Ciase et les dossiers judiciaires. Ils sont à peu près 3 000, dont on connaît l’identité et dont les agissements sont avérés. Sur ces 3 000, l’Eglise en connaissait nommément 1 800, présents dans les archives. Depuis 1950, l’Eglise compte à peu près 110 000 prêtres et religieux – les religieuses sont très peu nombreuses parmi les abuseurs sexuels, une dizaine. Cela donne un taux d’abuseurs d’environ 3 %" (...)
"On repère trois périodes. La première court jusqu’au début des années 1970. C’est la période culminante des abus. Puis vient une phase de déclin du nombre d’abuseurs repérés ; elle dure jusqu’au milieu des années 1990. On trouve enfin une stabilisation, avec une pente légèrement ascendante dans les années 1990-2010, sans que l’on n’atteigne jamais, très loin de là, le niveau des années 1950-1960. Il y a donc, en 2010-2020, beaucoup moins d’abuseurs déclarés ou repérés" (...)
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Re: Abus sexuels dans l'Eglise : rapport McCarrick et rapport Sauvé
https://www.lavie.fr/christianisme/eglise/jean-marc-sauve-notre-rapport-cest-lhistoire-dun-naufrage-78189.phpIl a pris la parole régulièrement, mais peu à propos de son propre ressenti. Tout juste Jean-Marc Sauvé, président de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église (Ciase), a-t-il avoué ces derniers mois combien la confrontation à la parole des victimes l’avait touché au cœur. « J’ai eu besoin d’être aidé », avait-il reconnu en dévoilant qu’un suivi psychologique a été mis en place à mi-parcours pour tous les membres de « sa » commission.Que retenez-vous de vos deux ans et demi d’enquête ?
- Spoiler:
Cet ancien haut fonctionnaire a aussi été bouleversé dans son histoire personnelle : au début de l’appel à témoignage lancé par la commission qu’il préside, un ancien camarade de classe lui a écrit, dévoilant avoir été agressé sexuellement par le professeur d’orgue que Jean-Marc Sauvé, enfant, a côtoyé durant de longs week-ends. C’est toute une vie à regarder, alors, d’un œil différent. À l’occasion de la sortie du rapport de la Ciase, celui qui a failli devenir religieux avant de se diriger vers l’Éna et d’être successivement secrétaire général de cinq gouvernements puis vice-président du Conseil d’État, se livre. En homme de mission, en citoyen, en catholique.
Notre commission a fait un travail en profondeur, et c’est un travail à la fois abrasif et accablant.
- Spoiler:
On évalue à environ 216 000 le nombre des personnes agressées pendant leur minorité par un membre de l’Église (clerc, religieux ou religieuse). Même si l’on sait que cela ne représente « que » 4 % de toutes les victimes d’agressions sexuelles sur mineurs en France ces 70 dernières années, ce chiffre est terrifiant. Quand je l’ai appris, j’en ai été atterré, car l’appel à témoignages n’avait conduit à identifier « que » 2 700 victimes et l’évaluation issue des archives donnait un nombre de l’ordre de 4 800 victimes. Nous arrivons à des conclusions que je reconnais n’avoir pas anticipées (qui l’aurait pu ?), mais c’est l’épreuve de la vérité.
Nous avons été au sein de la Ciase des « hommes et des femmes de bonne volonté » (au sens du Gloria), de tous les horizons, professionnels comme confessionnels, et notre rapport a été adopté à l’unanimité, sans compromis ou tractations finales.
Le constat est accablant : les abus sexuels dans l’Église sont massifs, ils ne sont pas terminés et nous devons en tirer toutes les conséquences pour que le terreau qui les a nourris disparaisse. Il faut aussi réparer, autant que possible, le mal fait.
Quelles sont les caractéristiques des violences sexuelles en milieu ecclésial ?
Les chiffres montrent que plus de la moitié des abus (56 %) ont eu lieu avant 1970, il y a plus de 50 ans. Mais après une baisse importante dans les années 1970, ils se stabilisent jusqu’à aujourd’hui. Contrairement à ce que pensent les évêques, nous ne sommes pas face à un problème du passé. Contrairement à ce que l’on a pu penser, nous ne sommes pas non plus face à un problème trouvant ses racines dans la libération sexuelle prônée par Mai 1968.
- Spoiler:
Les analyses de victimologie et celles concernant les auteurs d’agressions, contenues dans le rapport, ont dévoilé que les violences sexuelles perpétrées par des clercs sont le fait d’hommes qui ont très majoritairement (à près de 80 %) ciblé des garçons prépubères de 10 à 13 ans. Dans la littérature médicale, c’est un profil connu, celui du prédateur pédophile qui cherche à travailler au contact d’enfants pour assouvir ses pulsions. Autre caractéristique : les abus ont souvent duré dans l’Église plus longtemps que dans un autre contexte social – plusieurs mois, voire plusieurs années. Enfin, on pensait que les agressions sexuelles dans l’Église étaient moins graves que dans le reste de la société, qu’il s’agissait le plus souvent de « gestes déplacés ». Certes, la proportion des viols y est un peu moindre (32 % contre 38 %), mais l’écart n’est pas si important.
En quoi la culture ecclésiale a-t-elle été un facteur déterminant ?
La morale sexuelle de l’Église n’a pas protégé contre les violences sexuelles, au contraire : adossée à une vision excessivement taboue de la sexualité, elle a empêché de nommer le mal, puis de discerner entre un mal absolu et un mal relatif ; c’est ainsi que les agressions sexuelles sur mineurs et majeurs vulnérables sont vues comme des « péchés de chair » ou des offenses à la chasteté des clercs, et non pour ce qu’elles sont, c’est-à-dire des atteintes à l’intégrité physique et psychique de la personne.Si le célibat n’est pas la cause des abus (il faut le dire clairement), le regard porté sur lui a pu constituer un facteur aggravant : il y a une héroïsation du célibat qui contribue à mettre le prêtre sur un piédestal et à favoriser des rapports de dépendance.
- Spoiler:
Les agresseurs se sont appuyés sur les ressorts de la foi pour commettre et justifier leurs exactions : ils ont perverti les enseignements et la doctrine de l’Église. Abus dans l’accompagnement spirituel qui ne devrait jamais être une domination ; abus du sacré avec un dévoiement des charismes, et de la grâce sacramentelle amenant un prêtre à agresser un enfant avant d’aller tranquillement célébrer la messe ; dévoiement des Écritures, bien au-delà du fameux Cantique des cantiques ; détournement des sacrements, notamment celui de la pénitence.
- Spoiler:
La sacralisation excessive de la figure du prêtre ne date pas d’hier. Voyez ce Nouveau manuel de civilité chrétienne qui date de 1913, qui appartenait à mon beau-père : « Respect envers les ecclésiastiques. Les prêtres dans l’exercice de leur saint ministère tiennent auprès de nous la place de Dieu. Ils doivent être à ce titre l’objet d’une vénération toute particulière. » Je ne soutiens pas le contraire. Mais ce type de discours a facilité les entreprises de prédateurs qui se sont abrités derrière lui.
Quel a été le rôle de l’environnement ecclésial, à savoir l’organisation même de l’Église ?
Ne nous y trompons pas : sur les violences sexuelles sur mineurs, il y a une faillite générale des institutions et des politiques publiques, dans tous les milieux, ces 70 dernières années. Une fois que cela a été dit, faire la vérité implique de regarder les défaillances propres à l’Église.Nous avons trouvé la trace de prêtres qui sur plus de 40 années de ministère ont, dans chacune de leurs affectations, commis des actes pénalement répréhensibles. Notre rapport, c’est la description de la face sombre de l’Église. C’est l’histoire d’un naufrage. Il y a eu une passivité coupable dans le traitement des violences sexuelles.
- Spoiler:
D’abord, longtemps, les victimes n’ont pas existé, et c’est encore parfois le cas. Dans les archives les plus anciennes, on trouve des allégations selon lesquelles l’enfant a pu provoquer, séduire le clerc…
Quand les autorités ecclésiales locales ont parfois reconnu une faute de la part du prêtre, elles ont fait signer des protocoles aux victimes en leur faisant jurer sur l’Évangile qu’elles acceptaient une aide de l’Église en échange d’un silence perpétuel. Quand la justice était saisie, elle était dans le même registre : j’ai vu un courrier entre un évêque et un procureur dans lequel ce dernier expliquait qu’il allait encore une fois classer sans suite une plainte, mais que le prélat devait agir, c’est-à-dire déplacer le prêtre.
Jusqu’au milieu des années 2010, l’attachement au pardon et à la miséricorde, couplé avec les liens confraternels entre clercs, a obscurci le jugement des responsables d’Église, les a empêchés de prendre des décisions fortes et de faire la place qui convenait à la sanction, comme à l’application de la loi de l’État. Quand, en 2001, le cardinal Louis-Marie Billé, président de la Conférence des évêques de France, revient dans son diocèse de Lyon après l’assemblée plénière de Lourdes qui a décidé du principe de la « tolérance zéro » et adopté une charte de lutte contre la pédophilie, il rencontre Bernard Preynat… mais ne fait rien.
En quoi cela a-t-il aggravé les choses ?Dans l’Église catholique, le problème est que les décisions ont souvent été tardives, prises en réaction aux événements, et dans certains cas mal appliquées.
- Spoiler:
Le nombre des prêtres et religieux abuseurs est limité : entre 2900 et 3200, soit près de 3 % de l’effectif total des prêtres et des religieux sur la période allant de 1950 à 2020. La réalité est probablement supérieure. Mais si l’on s’en tient à ces chiffres, on arrive à une soixantaine de victimes par agresseur… Même si les profils sont différents, entre des prédateurs compulsifs et les prédateurs dits « occasionnels », on reste dans des dossiers de criminels en série selon les critères juridiques purs. C’est énorme…L’une des difficultés de l’Église, et elle seule y est confrontée, est de conjuguer son inscription dans une société dont les lois doivent être respectées sans barguigner, surtout celles qui protègent la personne, avec l’économie de la grâce et du salut, qui fait qu’un pécheur peut être pardonné et accéder à une vie nouvelle. Je crois en la miséricorde divine et au pardon, et pas à demi ! Mais il faut aussi une rétribution et une sanction pour les fautes commises : Dieu peut pardonner, mais il n’a jamais demandé de faire l’impasse sur la vérité et la justice. Or l’Église a parfois été d’une naïveté dévastatrice en croyant les excuses des agresseurs ou en se fiant trop à leurs bonnes résolutions.
- Spoiler:
Quand on met en cause un service public pour des faits d’il y a 25 ou 50 ans, les personnes en place peuvent dire que c’était la faute de la gauche ou de la droite alors au pouvoir, ou que ça ne relevait pas de leur compétence… Bref, les responsables présents ne sont jamais touchés par les fautes de leurs prédécesseurs. En revanche, dans l’Église de Jésus-Christ, les fautes d’hier rejaillissent sur les responsables présents. C’est cela aussi la succession apostolique : l’évêque d’aujourd’hui porte la responsabilité de son diocèse, d’hier à demain, et assume au moins symboliquement des manquements pouvant remonter à un demi-siècle. Pour le pape, c’est même plusieurs siècles.
Indépendante, votre commission l’est depuis le début ; vous avez régulièrement souligné que cela faisait partie du « cahier des charges ». Pourtant, vous avez vous-même envoyé des courriers à des évêques pendant votre mission. Pourquoi ?
J’ai écrit plus de 40 fois à des évêques ou des supérieurs majeurs, notamment pour signaler à la demande de la victime des faits d’agressions sexuelles prescrits dont l’évêque ou le supérieur général de communauté devait être informé. Je suis aussi intervenu dans le soutien de victimes, pour qu’elles puissent être reçues et pour savoir si l’Église « avait su », si elles étaient seules, si des mesures avaient été prises…
Dans un cas, vous avez écrit pour intercéder pour un prêtre mis en cause pour des agressions sexuelles lors d’accompagnements spirituels, encore dans l’attente d’un jugement canonique, qui a finalement décidé d’un renvoi de l’état clérical…À chaque fois, j’ai voulu souligner mon incompréhension face à une procédure juridique opaque. J’ai essayé d’être toujours dans une démarche de médiation face à une interpellation adressée à la Ciase, et non de pression, sans parti pris sur l’innocence ou la culpabilité des uns et des autres, mais en découvrant avec stupéfaction la manière dont la justice de l’Église fonctionne.
- Spoiler:
J’ai en effet envoyé un message à un évêque pour souligner l’importance, dans une procédure juridique, que le prêtre mis en cause pour des abus sexuels ait connaissance des faits qui lui étaient reprochés pour pouvoir se défendre utilement. J’étais conscient du caractère paradoxal de ma lettre, j’en ai pesé les termes. Je reconnais que j’ai été touché, après cette missive, de voir que d’autres témoignages contre ce prêtre avaient été produits.
Mais j’ai tout autant écrit à un évêque pour une victime qui n’a jamais reçu le jugement du procès canonique qu’elle avait déclenché contre son agresseur.
La refondation de cette « justice de l’Église » fait partie des recommandations de la Ciase. Quelles sont les réformes à faire qui vous tiennent à cœur ?
Dans l’Église, des choses utiles ont déjà été faites – les propositions des évêques de France dévoilées en mars dernier comme un service national pour les victimes, un lieu de mémoire, une restructuration des cellules d’écoute, entre autres, vont dans le bon sens. Elles sont évaluées et saluées dans notre rapport. La transformation en profondeur du fonctionnement de la justice de l’Église est effectivement un axe fort : la création d’un tribunal pénal unique pour tous les diocèses de France, en communiquant sur l’accès au droit à partir de cette structure, peut régler une bonne partie des blocages récurrents actuels.
L’Église doit entreprendre, au-delà de l’indispensable reconnaissance de sa responsabilité dans les drames passés, la réparation, autant qu’il est possible, des conséquences des violences qui ont été commises en son sein.
- Spoiler:
Il faut qu’elle s’en occupe avant même que l’État se saisisse de cette question, et qu’elle mesure bien qu’il ne s’agit pas de consentir des secours, mais de s’acquitter d’une dette : les personnes victimes ont une créance sur elle.
Il est par ailleurs souhaitable que l’État crée un fonds d’indemnisation des victimes de violences sexuelles dans le prolongement des travaux de la Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise), lancée par le président de la République début 2021.
C’est désormais à l’Église, c’est-à-dire aux évêques, aux supérieurs majeurs, aux fidèles, et parfois même à la société, de s’en saisir. Que l’Église catholique qui a eu le courage d’instituer cette commission s’empare de nos réflexions et propositions et qu’elle ait l’audace d’agir. Ce travail est nécessaire pour qu’elle retrouve pleinement la confiance des chrétiens et le respect de la société française dans laquelle elle a tout son rôle à jouer.
Et vous ?
Nous avons plaidé dans ce rapport pour la séparation des pouvoirs et des responsabilités : c’est pourquoi je ne serai pas de ceux qui mettent en œuvre les recommandations que j’ai formulées, c’est à d’autres de s’y atteler.
- Spoiler:
Je pense aussi qu’après l’Église il convient que l’ensemble des institutions publiques ou privées engagent un travail similaire sur ce qui s’est passé en leur sein et en répondent. Les violences sexuelles sont une bombe à fragmentation dans notre société : si l’Église catholique est aujourd’hui en première ligne, les institutions publiques et privées ne pourront faire l’économie d’un retour sur elles-mêmes et devront aussi répondre de leurs actes ou de leur abstention.
Vous terminez transformé de cette expérience ?
Oui… je suis profondément bouleversé par ce que j’ai découvert. Mon lien à l’Église, mon rapport à l’Écriture, ma relation à la prière ne sont plus les mêmes. J’ai redécouvert à quel point le lest de ma foi est dans la parole de Dieu, dans l’Évangile. Ce qui a été fait et largement couvert pendant des décennies est aux antipodes du message dont nous, chrétiens, sommes les porteurs et les témoins.
Le mal, dans notre affaire, a emprunté des chemins d’une grande habileté et perversité, il a investi les hommes élus et choisis par Dieu (car c’est bien cela, être prêtre) non pour apporter la vie, mais pour perpétrer une œuvre de mort ! Nous avons assisté au retournement complet de ce en quoi nous croyons : il faut savoir le reconnaître et même le confesser. Depuis 50 ans, nous avons tendance à tenir un discours ecclésial selon lequel tout le monde serait beau et gentil… C’est faux. Il y a le bien et le mal. Et le mal qui se déguise sous les oripeaux du salut est le pire. Je n’aurais pas osé imaginer cela, surtout à cette échelle.
Face aux témoignages des victimes, brisées, en larmes devant nous, on ne peut s’empêcher de se demander : où était Dieu ? Il était là, je le crois, présent dans ces enfants face à leurs bourreaux.
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Re: Abus sexuels dans l'Eglise : rapport McCarrick et rapport Sauvé
Point de vue catholique :
http://plunkett.hautetfort.com/archive/2021/10/05/rapport-de-la-ciase-le-cataclysme-6341734.htmlPatrice de Plunkett a écrit:Il y a d'abord les chiffres : énormes, terribles, irréfutables et admis "avec accablement" par Mgr de Moulins-Beaufort (commanditaire de cette enquête, ne l'oublions pas).
Il y a l'ensemble des diagnostics du rapport Sauvé – que chaque catholique français doit lire : c'est un devoir spirituel, intellectuel et moral.
Il y a l'appel de Jean-Marc Sauvé à des changements structurels dans l'Eglise, qui entrent en résonance avec la critique du "cléricalisme" (le sacerdoce dégénérant en pouvoir) ouverte par le pape dans sa Lettre au peuple de Dieu de 2018.
Et il y a une donnée chronologique très instructive : la commission Sauvé et les experts qui l'ont aidée constatent que les violences sexuelles dans l'Eglise, enregistrées nombreuses depuis 1950, avaient décliné après 1969. Ainsi s'effondre l'excuse (alléguée par certains) d'une influence de "l'esprit de 68" sur l'Eglise ; voire le fantasme d'une "décadence due au concile" !
Et la commission ajoute que les violences sexuelles dans l'Eglise ont cessé de diminuer à partir de 1990 : au moment où les catholiques de la fameuse "génération Jean-Paul II" croyaient vivre une sortie du tunnel...
On peut en déduire que les abus sexuels dans l'Eglise ne sont pas du tout une question de climat idéologique : nombreux avant 68 (et avant Vatican II), ils ont décru après. Mais cessé de décroître dans la période où beaucoup pensaient vivre une sorte de "restauration"...
Conclusion : Mgr de Moulins-Beaufort a eu raison de valider sans discussion les recommandations de réformes – assez radicales – formulées par la commission Sauvé.
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Re: Abus sexuels dans l'Eglise : rapport McCarrick et rapport Sauvé
Mais c'est logique : les mêmes structures, les mêmes hommes, les mêmes situations s'affermissant, les actes contre les garçons qui leurs sont confiés augmentent aussi. Le rapport a souligné la fréquence de ces actes parmi les groupes ou chapelles les plus strictes, apparemment les plus sévères et traditionalistes : On peut s'indigner : c'est là où la foi semble la mieux ancrée, la plus ferme ! mais non, c'est là où le prêtre est tellement au-dessus des mortels que tout ou presque devient possible à certaines natures.Mais cessé de décroître dans la période où beaucoup pensaient vivre une sorte de "restauration"...
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Re: Abus sexuels dans l'Eglise : rapport McCarrick et rapport Sauvé
...ce que les milieux en question ne pardonnent pas à ce rapport, puisqu'est remis en question leur raccourci idéologique habituel "tout est de la faute à Vatican II et à Mai 68" (sic.) !Jans a écrit:Le rapport a souligné la fréquence de ces actes parmi les groupes ou chapelles les plus strictes, apparemment les plus sévères et traditionalistes
Ce rapport, essentiel, pointe clairement des problèmes systémiques ; mais depuis une semaine, je vois surtout des réactions de rejet et de déni, qui sont pour moi une nouvelle insulte à la souffrance des victimes.
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Re: Abus sexuels dans l'Eglise : rapport McCarrick et rapport Sauvé
Un article allant dans le sens de mon point de vue :
https://www.la-croix.com/amp/1201179588Il existe une tentation assez forte de suivre le conseil bien connu de Giuseppe Tomasi di Lampedusa, et de consentir à quelques changements pour mieux éviter de changer. Cadrer les abus sexuels comme un problème marginal causé par des individualités déviantes est la meilleure des justifications à cette fin.
- Spoiler:
Les affaires « Preynat », « Castelet », « Philippe », « Labaky » ont pu longtemps laisser croire qu’il ne s’agissait que d’une série de déviances personnelles. Des actes certes épouvantables mais exceptionnels. La CIASE annonce au moins 216 000 victimes de prêtres, certes un chiffre massif, mais qui finalement peut être relativisée en rappelant qu’il s’agit des victimes d’une minorité de prêtres (3 % environ durant la période étudiée) particulièrement nuisibles (63 victimes par prédateur selon un calcul sordide). Par ailleurs, la période haute des abus cesse au début des années 1970 et même si le taux de prévalence ne recule plus dans les institutions catholiques aujourd’hui, elle est devenue comparable aux autres instances en charge de la jeunesse. Puisque l’exception confirme la règle, l’institution ecclésiale pourrait donc tourner la page avec quelques cellules d’écoute et autres procédures adaptées pour signaler et sanctionner immédiatement les individus déviants.
Ce raisonnement, je l’ai entendu suffisamment de fois ces derniers jours pour y prendre garde. Non pas qu’il soit faux, mais il est partiel.
Reste qu’anticipant sans doute ce type d’interprétation limitée de son travail, la CIASE l’a rendu impossible avec un mot : « systémique ». Sociologiquement, la vérité d’une institution s’observe dans les rôles, les formes de hiérarchisation et de classement déployées par ses autorités pour perpétuer l’ordre qui la fonde. En qualifiant de « systémique » l’incapacité des autorités ecclésiales à gérer les prêtres prédateurs, la CIASE a mis en lumière que l’invisibilisation des abus sexuels, aussi minoritaires soient-ils, n’a rien d’accidentelle. C’est la manifestation quasi-routinière de l’envers du fonctionnement de l’ordre catholique. Car c’est la prétention à un accès privilégié à la vérité divine qui a conduit une caste sacerdotale à organiser l’occultation des abus.L’institution catholique diffuse la vérité de Dieu du sommet vers la base. La discipline des fidèles est la condition du reflux du mal et du règne de Dieu.
- Spoiler:
L’ordination fait du prêtre un homme devenu ontologiquement différent des autres membres de l’Église. Sa relation au Christ est plus forte puisqu’il a été appelé personnellement par celui-ci. Les prêtres abuseurs ont longtemps bénéficié d’une présomption de redressement pour cette raison. Et comme dans l’Évangile de saint Luc, les évêques pensaient manifester la miséricorde de Dieu par leur paternelle sollicitude pour ces fils prodigues. Car il est saisissant de se rappeler de la confiance renouvelée dont les déviants ont longtemps bénéficié en étant déplacés d’une paroisse à une autre, sans sanction. Les abus dévoilent ainsi une ecclésiologie et une théologie biaisées qui pour mieux « protéger l’Église du scandale », atténuent les fautes des déviants, invisibilisent les risques encourus par les laïcs à leurs contacts, enfin rendent inaudibles la souffrance des victimes.Il est grave aujourd’hui d’entendre que tous les catholiques devraient se sentir concernés ou responsables de l’omerta qui a rendu invisible la gravité des abus sexuels commis. Car l’institution ecclésiale est un système de domination qui repose sur les hiérarchisations superposées des clercs sur les laïcs, des hommes sur les femmes, des parents sur les enfants. Le silence sidéré des enfants est la manifestation extraordinaire du détournement pervers de cet ordre. Le silence docile des laïcs est la manifestation routinière de la domination du clergé. Le silence des évêques la condition de la perpétuation de cette domination.
- Spoiler:
Beaucoup de victimes n’ont rien attendu des évêques, ayant trop peur d’être mis en doute par ces ministres de la vérité divine. Mieux valait pour eux disparaître et se laisser dévorer par la honte de ce qu’ils ne pouvaient avouer. À peine les familles les plus courageuses étaient-elles remerciées de protéger l’Église du « scandale » en acceptant de se taire. Les évêques n’ont eu qu’à activer une fois de plus la disposition à la remise de soi que les catholiques ont intériorisé depuis leur enfance. L’abbé est en effet plus qu’un père auquel l’obéissance serait due. Il rend Dieu présent par ses gestes et ses paroles, il en est le médiateur autorisé. Et c’est donc à l’autorité des prêtres que les catholiques apprennent à s’en remettre pour plaire à Dieu. La culture de la docilité a longtemps structuré le catholicisme. Toute critique se trouvait alors inhibée à la fois par le défaut d’instance où l’exprimer et par la culpabilisation d’un acte de division qui ne pouvait que favoriser « les ennemis de l’Église ».Ce sont les fondements même du fonctionnement ordinaire de l’institution catholique qui se trouvent radicalement questionnés par le rapport de la CIASE. Car c’est en cherchant à faire bien, à préserver les conditions du bien identifiés abusivement au bien du corps sacerdotal, qu’un mal profond a été commis et Dieu profané. Nul catholique ne peut plus se satisfaire de la générosité des idéaux revendiqués par l’appareil ecclésiastique. Réfléchir sur les causes structurelles et idéologiques qui ont produit un résultat identique aux États-Unis, en Irlande, en Australie ou en France est la condition non pas seulement de la fin des abus sexuels, mais aussi d’une restauration de la vérité de l’Église.
- Spoiler:
Par leurs négligences et leurs stratégies de dissimulation, les autorités ecclésiales se sont gravement compromises en cherchant à protéger une Église qu’ils étaient incapables de penser indépendamment des intérêts de leur corps. Pourtant c’est bien l’Église entière du peuple de Dieu qui a été ébranlée par l’interprétation oligarchique de leur ministère. Les laïcs sont floués. Ce sont eux-mêmes ou leurs enfants qui ont été abusés ; ce sont leurs consciences qui ont été corrompues par un silence exigé au nom des intérêts de Dieu ; c’est la grande majorité de leurs prêtres qui se trouvent regardés avec soupçons ; leurs engagements ridiculisés, leur foi discréditée. Et maintenant quoi ? Il faudrait qu’ils se reconnaissent responsables et contribuent à l’indemnisation des victimes ? Une telle proposition révolte tant elle est porteuse d’un opportunisme sans borne, comme souvent, dissimulé derrière l’angélisme le plus pur.
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Re: Abus sexuels dans l'Eglise : rapport McCarrick et rapport Sauvé
Tu as raison, et merci pour ces verbatim ; mais comment réformer en profondeur sans transformer le catholicisme en structures qui finiraient par ressembler aux protestantes ?
J'avoue que pour ma part cela me serait totalement égal ; la spiritualité authentique existera toujours.
P.S.: il est évident que les victimes ne seront pas indemnisées : à 10 000€ par victime, on arrive à trois millards.
P.S.2: Quand vous visitez le Vatican, vous voyez que les oeuvres d'art accumulées au fil des siècles doivent atteindre une valeur incommensurable, ne serait-ce que les peintures et les sculptures... Mais on ne va pas vous le dire !
Un des archevêchés les plus riches d'Europe, celui de Cologne, a un revenu annuel à gérer d'un milliard d'€.
J'avoue que pour ma part cela me serait totalement égal ; la spiritualité authentique existera toujours.
P.S.: il est évident que les victimes ne seront pas indemnisées : à 10 000€ par victime, on arrive à trois millards.
P.S.2: Quand vous visitez le Vatican, vous voyez que les oeuvres d'art accumulées au fil des siècles doivent atteindre une valeur incommensurable, ne serait-ce que les peintures et les sculptures... Mais on ne va pas vous le dire !
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Re: Abus sexuels dans l'Eglise : rapport McCarrick et rapport Sauvé
N'est-ce pas tomber dans l'excès inverse que de considérer la pédophilie comme quasiment une singularité catholique (parce que si on parle de "systémique"...) ? Elle peut se rencontrer partout où des adultes s'occupent d'enfants (si je reparle des madrassas on va encore m'accuser d'étaler mon obsession).-Ren- a écrit:Un article allant dans le sens de mon point de vue :https://www.la-croix.com/amp/1201179588Réfléchir sur les causes structurelles et idéologiques qui ont produit un résultat identique aux États-Unis, en Irlande, en Australie ou en France est la condition non pas seulement de la fin des abus sexuels, mais aussi d’une restauration de la vérité de l’Église.
S'il y a une spécificité catholique pour cette question, je la vois plutôt dans l'affaiblissement général et continu, qui d'une part ne permet plus d'étouffer les affaires comme avant, et d'autre part démoralise les prêtres.
Re: Abus sexuels dans l'Eglise : rapport McCarrick et rapport Sauvé
Mais qui dit cela ? elle est fréquente au sein des familles. Cela dit, plusieurs éléments "favorables" vont dans le même sens :pas tomber dans l'excès inverse que de considérer la pédophilie comme quasiment une singularité catholique
- la prêtrise comme refuge à certains immatures (sexuels ou autres) : bénéfice d'une position sociale où on est pris en charge, on entre dans une grande famille, on est épaulé, y compris spirituellement, la Vierge Marie est notre mère ; on vit dans un monde second, aseptisé, de tonalité féminine, on évite les conflits du monde ;
- la prêtrise comme refuge (conscient ou pas) de qui fuit un contact féminin par attirance homophile : personne ne vous demande pourquoi vous n'êtes pas marié ;
- le prestige lié au statut de clerc consacré : il est intouchable, sacré, il est le représentant du Christ, il ne peut avoir de mauvais buts, on peut lui confier nos enfants ;
- le prêtre se sachant couvert par sa hiérarchie (pas de scandale, ce ne fut qu'une faute ponctuelle, je ne le ferai plus, je suis pécheur comme chacun, je reste fidèle à l'Église...)
- Le prêtre comme aumônier ou animateur de groupe de garçons, scouts ou autres : durant un camp de 3 semaines, les activités ouvrent bien des portes et des tentations.
Il faut souligner combien il est fréquent que l'intéressé n'en ait pas ou peu conscience.
Ouvrage fondamental : "les fonctionnaires de Dieu" de Eugen Drewermann.
Jans- Messages : 3566
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Re: Abus sexuels dans l'Eglise : rapport McCarrick et rapport Sauvé
Ce n'est pas le sens du mot "systémique" ; "systémique", cela implique qu'il y a dans la structure même de l'Eglise des éléments qui la transforme en "structure de péché" (selon la formule de Jean-Paul II : https://www.doctrine-sociale-catholique.fr/les-textes-officiels/191-sollicitudo-rei-socialis#p36 )Spin a écrit:N'est-ce pas tomber dans l'excès inverse que de considérer la pédophilie comme quasiment une singularité catholique (parce que si on parle de "systémique"...) ?
L'excès inverse dont tu parles est évidemment présent dans l'opinion publique ; mais en tant que catholique, ce n'est pas mon problème. Pour moi, il n'y a que 2 choses qui compte : se soucier des victimes, et réformer ce qui, structurellement, ne va pas dans l'institution ecclésiale.
Quand on voit que c'est lorsque l'institution ecclésiale était la plus forte (n'en déplaise aux tradis) qu'il y a eu le plus de victime, je ne risque pas de regretter cet "affaiblissement". Car de toute façon, "Quand je suis faible, c'est alors que je suis fort" (2 Co XII,10).Spin a écrit:S'il y a une spécificité catholique pour cette question, je la vois plutôt dans l'affaiblissement général et continu, qui d'une part ne permet plus d'étouffer les affaires comme avant, et d'autre part démoralise les prêtres.
Jans a écrit:Cela dit, plusieurs éléments "favorables" vont dans le même sens :
- la prêtrise comme refuge à certains immatures (sexuels ou autres) : bénéfice d'une position sociale où on est pris en charge, on entre dans une grande famille, on est épaulé, y compris spirituellement, la Vierge Marie est notre mère ; on vit dans un monde second, aseptisé, de tonalité féminine, on évite les conflits du monde ;
- la prêtrise comme refuge (conscient ou pas) de qui fuit un contact féminin par attirance homophile : personne ne vous demande pourquoi vous n'êtes pas marié ;
- le prestige lié au statut de clerc consacré : il est intouchable, sacré, il est le représentant du Christ, il ne peut avoir de mauvais buts, on peut lui confier nos enfants ;
- le prêtre se sachant couvert par sa hiérarchie (pas de scandale, ce ne fut qu'une faute ponctuelle, je ne le ferai plus, je suis pécheur comme chacun, je reste fidèle à l'Église...)
- Le prêtre comme aumônier ou animateur de groupe de garçons, scouts ou autres : durant un camp de 3 semaines, les activités ouvrent bien des portes et des tentations.
Il faut souligner combien il est fréquent que l'intéressé n'en ait pas ou peu conscience.
Ouvrage fondamental : "les fonctionnaires de Dieu" de Eugen Drewermann.
...A lire également la thèse de doctorat de Josselin récemment publiée :
https://dialogueabraham.forum-pro.fr/t4377-des-soutanes-et-des-hommes
EDIT : répondant à vos messages, j'allais oublier de vous faire part de ma colère du jour (tristement prévisible hélas...) :
je rentre de la messe, à l'instant, "messe des familles" avec tous les parents et enfants du caté...
...
....sans surprise (sic.), pas un mot sur le rapport, même pas une intention de prière pour les victimes (le rapport avait été rapidement évoqué dimanche dernier avant sa sortie, c'est tout).
Et là, on est totalement dans l'un des problèmes systémiques : le silence sur les sujets gênants.
Alors qu'au contraire, je trouve qu'aujourd'hui bien plus qu'un autre jour, compte tenu de tous les enfants présents, c'était LE jour pour en parler et pour prier.
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Re: Abus sexuels dans l'Eglise : rapport McCarrick et rapport Sauvé
Merci pour ces références. On ne souligne pas assez que pour un grand nombre de clercs ordonnés devenant coupables d'actes envers des prépubères ou pubères jusqu'à 14 ans (plus âgés, ils se rebiffent ou échappent à l'emprise), la vocation est réelle et la spiritualité affirmée ; mais elles sont inconsciemment (ou consciemment, en pensant qu'on résistera) en accord avec leur nature homophile.
Des articles cités, je note aussi qu'on souligne ce qui est manifeste quand on a connu ces milieux : C'est dans la bourgeoisie plutôt, voire très aisée, ayant relations et réputations, avec ses réseaux, que les ados homophiles voient les conflits familiaux potentiels les plus aigus et dramatiques, tant le culte de la famille hétérosexuelle en tant que perpétuant honneur et bien-être est élevé, voire impossible à remettre en question. Mais c'est aussi en leur sein que les contacts avec les écoles catholiques et les religieux d'enseignement ou d'aumônerie, de scoutisme, seront les plus grands, et donc l'idée d'une vie consacrée peut germer. Ajoutons que dans ces structures l'homosexualité (souvent passagère pour la plupart) entre adolescents est assez fréquente, ce qui fait apparaître aux yeux de l'ado homosexuel un monde double : celui idéal de la haute religion ascétique (où il pourrait se réfugier) et celui de la réalité de ses pulsions, dont il voit que finalement beaucoup s'accommodent. En confession, on parle certes beaucoup de sexualité, mais la catéchèse met fortement l'accent sur l'orthodoxie dogmatique et la pratique des sacrements. Ce schéma se poursuivra d'ailleurs une fois ordonné : s'il a une "bonne amie" ou "un très bon copain", l'évêque fermera les yeux si tout le reste est orthodoxe. Système qui, soit dit en passant, convient très bien au grand nombre de prêtres africains (et maronites) hétérosexuels qui assurent une partie de la relève.
Des articles cités, je note aussi qu'on souligne ce qui est manifeste quand on a connu ces milieux : C'est dans la bourgeoisie plutôt, voire très aisée, ayant relations et réputations, avec ses réseaux, que les ados homophiles voient les conflits familiaux potentiels les plus aigus et dramatiques, tant le culte de la famille hétérosexuelle en tant que perpétuant honneur et bien-être est élevé, voire impossible à remettre en question. Mais c'est aussi en leur sein que les contacts avec les écoles catholiques et les religieux d'enseignement ou d'aumônerie, de scoutisme, seront les plus grands, et donc l'idée d'une vie consacrée peut germer. Ajoutons que dans ces structures l'homosexualité (souvent passagère pour la plupart) entre adolescents est assez fréquente, ce qui fait apparaître aux yeux de l'ado homosexuel un monde double : celui idéal de la haute religion ascétique (où il pourrait se réfugier) et celui de la réalité de ses pulsions, dont il voit que finalement beaucoup s'accommodent. En confession, on parle certes beaucoup de sexualité, mais la catéchèse met fortement l'accent sur l'orthodoxie dogmatique et la pratique des sacrements. Ce schéma se poursuivra d'ailleurs une fois ordonné : s'il a une "bonne amie" ou "un très bon copain", l'évêque fermera les yeux si tout le reste est orthodoxe. Système qui, soit dit en passant, convient très bien au grand nombre de prêtres africains (et maronites) hétérosexuels qui assurent une partie de la relève.
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Re: Abus sexuels dans l'Eglise : rapport McCarrick et rapport Sauvé
Merci de pointer en premier lieu la sincérité de la vocation initialeJans a écrit:Merci pour ces références. On ne souligne pas assez que pour un grand nombre de clercs ordonnés devenant coupables d'actes envers des prépubères ou pubères jusqu'à 14 ans (plus âgés, ils se rebiffent ou échappent à l'emprise), la vocation est réelle et la spiritualité affirmée ; mais elles sont inconsciemment (ou consciemment, en pensant qu'on résistera) en accord avec leur nature homophile.
...Dans l'état actuel de notre société, avide de trancher "tout noir/tout blanc", la complexité de l'être humain est rejetée.
Alors que reconnaître la sincérité initiale n'est pas absoudre le criminel ; c'est reconnaître la complexité de l'humain.
A ne pas perdre de vue cependant : je suis le seul à poster des articles, je le fais donc en fonction de ma sensibilité propre... celle d'un breton mi-rural, mi-bourgeois, antifa repenti et catholique "reconverti".Jans a écrit:Des articles cités, je note aussi qu'on souligne ce qui est manifeste quand on a connu ces milieux
D'autres catholiques posteraient sans doute d'autres articles.
D'un autre côté, c'est cette sensibilité qui m'est propre qui fait que je suis globalement d'accord avec votre analyse (ce qui n'est pas, à mes yeux, une nouveauté, mais ce que, pour une fois, vous entendrez peut-être ?)
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Re: Abus sexuels dans l'Eglise : rapport McCarrick et rapport Sauvé
Ma formulation fut peut-être peu claire : je voulais dire que ce qui est mis en exergue dans les articles que vous citez correspond à ce que j'ai vécu plusieurs années et bien placé pour en parler. Mais vos propos eux-mêmes sont intéressants — sauf bien sûr quand ils disent des méchancetés sur ma personne (mais je ne dirai pas que tout est faux...).
Bien sûr que la sincérité de 80% ou 90% d'entre eux n'a pas à être mise en doute, surtout quand on les a connus. Une vocation est faite d'idéalisme, de pureté d'intention, de flamme, de spiritualité, d'appel pressant bien que souvent indistinct — et va aussi vers le chemin où nous guide notre inconscient, qui n'a qu'un but, si je puis dire, puisque c'est un mécanisme, pas une instance de décision : procurer à la totalité de la personne le plus grand bien-être et épanouissement, pulsions de toute nature y compris — dont les plus "scandaleuses" ou inacceptables pour l'être civilisé et éduqué (et donc susceptibles de mettre son équilibre en grave danger psychique) sont justement bloquées avant de parvenir à la claire conscience — en tout cas pour un certain temps et dans certaines conditions. Mais c'est une illusion de la psychanalyse freudienne de croire qu'elle peut faire parvenir beaucoup d'éléments au conscient par la parole.. et Freud a beaucoup menti.
Bien sûr, Ren, que nous avons des points communs. Même si je n'ai rien de rural au départ et suis issu de la bonne bourgeoisie d'horizons géographiques divers, celle qui met ses enfants dans le privé catholique avant de les envoyer à l'université.
Bien sûr que la sincérité de 80% ou 90% d'entre eux n'a pas à être mise en doute, surtout quand on les a connus. Une vocation est faite d'idéalisme, de pureté d'intention, de flamme, de spiritualité, d'appel pressant bien que souvent indistinct — et va aussi vers le chemin où nous guide notre inconscient, qui n'a qu'un but, si je puis dire, puisque c'est un mécanisme, pas une instance de décision : procurer à la totalité de la personne le plus grand bien-être et épanouissement, pulsions de toute nature y compris — dont les plus "scandaleuses" ou inacceptables pour l'être civilisé et éduqué (et donc susceptibles de mettre son équilibre en grave danger psychique) sont justement bloquées avant de parvenir à la claire conscience — en tout cas pour un certain temps et dans certaines conditions. Mais c'est une illusion de la psychanalyse freudienne de croire qu'elle peut faire parvenir beaucoup d'éléments au conscient par la parole.. et Freud a beaucoup menti.
Bien sûr, Ren, que nous avons des points communs. Même si je n'ai rien de rural au départ et suis issu de la bonne bourgeoisie d'horizons géographiques divers, celle qui met ses enfants dans le privé catholique avant de les envoyer à l'université.
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Re: Abus sexuels dans l'Eglise : rapport McCarrick et rapport Sauvé
Si j'étais méchant, vous ne seriez plus là depuis bien longtemps...Jans a écrit:des méchancetés sur ma personne
...hélas, vous avoir gardé nous a coûté la présence de pauline.px, mais l'espoir m'anime toujours de discussions constructives avec vous.
Pour en revenir au sujet, autre réaction -d'un blogueur breton, dsl, plus fort que moi :
http://www.koztoujours.fr/la-verite-la-vie
C’est une épreuve, tout de même, que d’être né en ce temps. Un temps où nous lirons encore, dans le rapport de la Commission Sauvé, qu’en plus des crimes commis contre des enfants, des évêques qui devraient vivre de l’amour du prochain, et singulièrement des plus petits d’entre les leurs, ont manqué à leur égard d’une élémentaire empathie. Certes, en toute rigueur, il faudrait séparer la foi et les fautes. Mais reconnaissons que si l’on peut trouver la foi par des chemins imprévus, il n’y aurait rien d’inattendu à ce que, à cette lecture, certains perdent cette foi qui est aussi confiance.
Pourtant, avec qui était-Il ? Dans la longue file passant devant le corps supplicié d’un enfant dans un camp et à la question « Où donc est Dieu ? », Elie Wiesel avait répondu : « Il est pendu ici, sur cette potence. » Aujourd’hui, avec qui peut être Jésus, sinon avec chaque enfant, là, sur cette croix, martyrisés ensemble par les nouveaux grands prêtres – et par le peuple ? En regardant vers le Christ par-delà les faillites de l’institution, nous rejoignons les victimes. Lui tenir rigueur de ces fautes serait finalement confondre à nouveau le prêtre et le Christ, l’institution et l’Église.
Nous ne pouvons pas craindre la vérité ou sinon, pour paraphraser saint Paul, vaine est notre foi. En somme, si la vérité devait suffire à détruire l’institution, c’est qu’elle mériterait de disparaître. Jean Paul II avait eu cette formule, à d’autres égards : « La vérité ne peut pas contredire la vérité. » Il en est de même ici : accepter la vérité que comportera ce rapport ne peut nuire à la Vérité.
Si nous sommes les disciples de la Vérité, nous devons marcher résolument avec Celui dont nous avons entendu, il y a quelques dimanches, qu’il dessillera les yeux des aveugles, ouvrira les oreilles des sourds et fera parler les muets. Il y en eut tant, des aveugles, des sourds et des muets, volontaires ou forcés, dans ces affaires. Et alors, dit le texte, « la terre brûlante se changera en lac, la région de la soif, en eaux jaillissantes » (Isaïe 35, 7).
C’est un temps d’épreuve, accessoire par rapport à celle que subissent les victimes, mais il n’y a pas de doute sur notre devoir : faire la vérité pour hier, aujourd’hui et pour demain. « Il est bien vrai le dicton : “l’un sème, l’autre moissonne” » (Jean 4, 37). Nous ne verrons probablement pas la moisson, mais il nous appartient de semer, même si la terre est aride.
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Re: Abus sexuels dans l'Eglise : rapport McCarrick et rapport Sauvé
Je n'ai pas compris le départ de pauline, bien que je me souvienne de mon exaspération à la voir toujours répondre à côté de la question posée. je sais bien que j'ai été très dur. Mais elle m'avait aussi traité d'apostat, ce qui en disait long sur la main de fer dans un gant de velours. Elle avait choisi une position très inconfortable : répondre par des arguments linguistiques et socio-culturels assez spécieux et des circonvolutions — une immense culture ! — à des questions d'exégèse dérangeantes pour l'orthodoxie la plus rigide mais parfaitement cernées depuis longtemps, alors que seule sa foi nouvelle comptait et qu'elle se fichait au fond du contenu de la phrase grecque — et surtout qu'il lui était impossible d'admettre que des considérations théologiques et sociologiques des années 80 ou 90 passent au milieu de récits datant des années 28-30. Bon je m'égare. Souhaitons qu'elle veuille revenir.
Les évêques ont réagi comme leurs prédécesseurs, comme toute la hiérarchie, comme toutes les hiérarchies : pas de scandale, pas de drame, rien qui puisse affaiblir l'Église ; et d'ailleurs, ne s'agissait-il pas souvent à leurs yeux de péchés ponctuels ? les témoignages étaient-ils si graves ? des attouchements, qu'est-ce donc au juste ? On peut porter un jugement plus sévère à partir des années 95, quand la gravité se précise, la répétition est patente, le prêtre gravement mis en cause, et les dégâts psychiques et spirituels d'une ampleur inimaginable. Voilà, je pense une pensée équitable, surtout venant de moi, qui ai été manipulé assez gravement par des dominicains chez qui je suis resté 9 ans et qui ne pensaient qu'au pouvoir qu'ils avaient sur de jeunes garçons — toutefois rien de sexuel.
Ren, nous sommes gens à nous parler, et même à nous comprendre, puisque nous savons tous deux que l'univers spirituel invisible dépassera toujours le visible matériel.
Les évêques ont réagi comme leurs prédécesseurs, comme toute la hiérarchie, comme toutes les hiérarchies : pas de scandale, pas de drame, rien qui puisse affaiblir l'Église ; et d'ailleurs, ne s'agissait-il pas souvent à leurs yeux de péchés ponctuels ? les témoignages étaient-ils si graves ? des attouchements, qu'est-ce donc au juste ? On peut porter un jugement plus sévère à partir des années 95, quand la gravité se précise, la répétition est patente, le prêtre gravement mis en cause, et les dégâts psychiques et spirituels d'une ampleur inimaginable. Voilà, je pense une pensée équitable, surtout venant de moi, qui ai été manipulé assez gravement par des dominicains chez qui je suis resté 9 ans et qui ne pensaient qu'au pouvoir qu'ils avaient sur de jeunes garçons — toutefois rien de sexuel.
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