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"ceux qui ont encouru la colère" et "égarés", "Singes" et "porcs"

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Message  Isabelle Dim 22 Jan - 9:40

On peut rajouter ce hadith dans ce fil :
Le messager d’Allah a dit :
- Un groupe des Banû Israël était perdu. Je ne sais pas ce qui leur est arrivé, mais je pense qu’ils se sont transformés en rats. ” (récit d’Abu Huraira, Muslim XLII 7135 et Bukhari LIV 524)


Ce n'est pas insultant envers tous les Juifs en général, mais malheureusement, beaucoup utilisent ces hadiths pour attiser leur haine envers les Juifs d'aujourd'hui...

Isabelle

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Message  red1 Dim 22 Jan - 22:17

Ce n'est pas insultant envers tous les Juifs en général, mais malheureusement, beaucoup utilisent ces hadiths pour attiser leur haine envers les Juifs d'aujourd'hui...

Oui beaucoup utilisent ce genre de hadiths pour attiser leur haine , décidément ce que nous essayons de coller à l'islam est finalement à mettre sur les hommes en général . Combien manipule le coran et les hadiths pour attiser la haine de l'islam et du coran ? Combien cherchent sur le net des hadiths douteux qui entrent exactement dans sa vision de l'islam ? Combien de hadith ne sont pas utilisés car ils risqueraient de donner une bonne image de l'islam ? Combien et combien de co....ies pouvons nous lire au sujet des autres...

La haine du juif a pourtant été monnaie courante en occident , tout comme la haine du noir , des maures ... l'apartheid n'a rien à voir avec l'islam je pense , la discrimination ne se retrouve pas qu'en islam , devons nous alors condamner tout le système occidental ? Ce stratagème nous pouvons le retrouver côté musulman ....

Finalement la haine n'est pas une question de religion mais une question humaine . L'homme est finalement mauvais non ?

[95.4] Nous avons certes créé l'homme dans la forme la plus parfaite
[95.5] Ensuite, Nous l'avons ramené au niveau le plus bas,
[95.6] sauf ceux qui croient et accomplissent les bonnes oeuvres: ceux-là auront une récompense jamais interrompue.


red1

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Message  -Ren- Lun 23 Jan - 6:56

red1 a écrit:La haine du juif a pourtant été monnaie courante en occident
De toute façon, tu sais que ce fil à un sujet-miroir dans "Enseignement du christianisme" : https://dialogueabraham.forum-pro.fr/t355-serpents-race-de-viperes-et-autres-noms-d-animaux

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Message  -Ren- Ven 22 Fév - 15:33

Retour sur la question des "égarés" avec un article du GRIC de Tunis :
Depuis notre jeune âge, on nous enseigne à l’école que le dernier verset de la Fatiha porte directement sur «les gens du livre» mais qui ne sont ni musulmans ni des infidèles ! C’est presque une évidence pour les musulmans récitant cette sourate tant de fois dans leur vie (prière, mariage, enterrement…) que les juifs sont ceux qui ont mérité la colère de Dieu «al maghdhoubi alayhem» et que les chrétiens sont les égarés «Al Dhalline».

Toutefois, la lettre des 138 théologiens musulmans de différentes écoles et rites adressée, le 17 octobre 2007, au Pape et aux responsables religieux chrétiens, argumente le rapprochement par la Fatiha y compris le dernier verset (...) Bien qu’il soit dans l’ordre des choses que les rédacteurs de la lettre des 138 –œuvrant pour le dialogue– se taisent sur le sens commun du dernier verset, ce fait reste révélateur. Des théologiens et des penseurs libres musulmans de tout rite et de plusieurs nationalités se sont mis d’accord pour dépasser ce stéréotype et ouvrir la voie à une autre conception de l’autre (...)

Le terme «al-dhalâl» (égarement) et ses dérives a été cité plusieurs fois dans le Coran dans des contextes différents. Mais l’idée prédominante c’est l’opposition entre «al-houda», le fait d’être bien dirigé et «al-dhalel», écartement de la bonne voie (...) D’après le dictionnaire du Coran «l’égarement qualifie toutes sortes d’erreurs, minimes ou graves, de l’inadvertance ou l’oubli simple jusqu’au polythéiste, considéré par la loi musulmane comme le péché suprême. Ainsi, l’égarement qualifie les infidèles : les polythéistes, les gens du Livre et les hypocrites, mais il peut aussi qualifier les fidèles, les simples croyants ou même les prophètes». Muqâtil Ibn Sulaymân relève huit significations pour le mot «al-Dhalel» dans le Coran :
1- La mécréance : «Allah l’a (le Diable) maudit et celui-ci a dit : certainement, je saisirai parmi Tes serviteurs, une partie déterminée. Certes, je ne manquerai pas de les égarer, je leur donnerai de faux espoirs, je leur commanderai… » (4, 118-119).
2- Eloigner quelqu’un de la vérité : «Et n’eût été la grâce d’Allah sur toi (Mohamed) et sa miséricorde, une partie d’entre eux t’aurait bien volontiers égaré. Mais ils n’égarent qu’eux-mêmes, et ne peuvent en rien te nuire » (4, 113).
3- La perdition : «Et dans la ville, des femmes dirent : la femme d’Al-Azize essaye de séduire son valet ! il l’a vraiment rendue folle d’amour. Nous la trouvons certes dans un égarement évident » (12, 30).
4- La malédiction : «invente-t-il un mensonge contre Allah ? ou bien est-il fou ? mais ceux qui ne croient pas en l’au-delà sont voués au châtiment et à l’égarement lointain » (34, 8 ).
5- L’abolition : «Ceux dont l’effort, dans la vie présente, s’est égaré, alors qu’ils s’imaginent faire le bien » (18, 104).
6- Le fait de manquer le but : «Peu s’en est fallu qu’il ne nous égare de nos divinités, si ce n’était notre attachement patient à elles ! cependant, ils sauront quand ils verront le châtiment, qui est le plus égaré en son chemin » (25, 42).
7- L’ignorance : «Je l’ai fait, dit Moïse, alors encore du nombre des égarés » (26, 20).
8- L’oubli : « Faites-en témoigner par deux témoins d’entre vos hommes ; et à défaut de deux hommes, un homme et deux femmes d’entre ceux que vous agréez comme témoins, en sorte que si l’une d’elles s’égare, l’autre puisse lui rappeler » (2, 282) (...)

Parmi les premiers exégètes, on cite l’irakien Souleyman Ibn Moukatel. Il a vécu entre Basra et Bagdad au 8e siècle (M. 150/772). Accusé de mensonge en ce qui concerne les hadiths, il interprétait le Coran en faisant recours à ce qu’on appelle «al-israiliyat». Dans son interprétation du dernier verset qui nous concerne ici il applique les deux expressions respectivement aux juifs et aux chrétiens considérant ces derniers comme des polythéistes Mushrikoun par opposition au verset précédent portant sur «al sirat al moustakim» la voie droite.

Un peu plus tard, vers le 10e siècle, deux exégètes, l’un sunnite, l’autre chiite, confirment l’interprétation de leurs prédécesseurs. Le premier est Muhammad ben Jarîr ben Yazîd al-Imâm abû Ja`far at-Tabarî (839-923)[6], l’un des plus célèbres historiens et exégètes du Coran. Le deuxième est Ali Ibn Ibrahim Al-Qummi. Contemporain du 11e Imam chiite, Hassan Al-Askari, il est le plus ancien des exégètes chiites.

Tout en invoquant un certain nombre de Hadiths d’ordre général, utilisant les procédés linguistiques, Tabari appliqua les deux descriptions coraniques aux juifs et aux chrétiens. Il confirme son interprétation par un Hadith spécifique, clair et expresse en la matière.

Al-Qummi, quant à lui, élargit l’interprétation pour inclure ceux qui refusent d’admettre l’Imamat de Ali et de sa descendance, les égarés seront ceux qui ne connaissent pas leur Imam. En d’autres termes, ceux qui ont mérité la colère de Dieu ainsi que les égarés sont les sunnites qui refusent d’admettre la doctrine chiite.

Au 12e siècle, Al Zamakhchari, et Al-Tobrossi, deux exégètes d’écoles différentes font l’unanimité autour de la question. Abu al-Qasim Mahmud ibn Umar al-Zamakhshari (1143-1174), un théologien mutazilite, grammairien et moraliste musulman, célèbre commentateur du Coran –contrairement à Tabarî qui cite un hadith expresse– il justifie son interprétation par d’autres versets coraniques d’ordre général. Al-Tobrossi, l’un des grands Ulémas chiites, suit Al-Tabarî mais en invoquant d’autres Hadiths.

C’est pour la première fois, vers le 13e siècle, qu’un commentateur du Coran, nuance cette interprétation constante depuis des siècles. Il s’agit de Fakhr ad-Dîn ar-Râzî (...) Tout en rappelant que la plupart des commentateurs appliquent le verset aux juifs et chrétiens, il souligne la faiblesse de cette interprétation car ce sont les adeptes de deux religions monothéistes et ils ne sont guère des polythéistes. Ceux qui méritent la colère de Dieu sont les infidèles, les égarés sont les hypocrites.

A la fin du 19e et début du 20e siècle Rachid Ridha (1865-1935) passe en revue la doctrine en la matière, reprenant ce qui a été dit auparavant en soulignant qu’elle se fonde sur le Hadhith. A la même époque, Mohamed Hasine Tabataba’i (1892-1981), le grand théologien chiite interprète le verset sans faire référence au juifs et aux chrétiens, même par les Hadiths qu’il cite en la matière. Même approche empruntée par l’islamiste Saïd Qotb dans son livre « fi dhilal al koran » écrit en prison peu avant son exécution dans les années 60 du siècle précédent.

Le commentaire de Mohamed Housine Fadhlala, le théologien chiite libanais est fort intéressant en la matière. Fadhlallah ne nie pas la référence aux juifs et aux chrétiens dans certains Hadhiths. Mais il essaie de trouver des explications pour relativiser ces accusations séculières d’un côté et il élargit le champ de bataille d’un autre. D’après lui, contrairement aux juifs, les chrétiens sont plus proches des musulmans. Ils sont égarés car ils n’ont pas accepté la prophétie de Mohamed et professent la trinité. Ceci dit, aujourd’hui, l’islam est confronté à de nouveaux courants doctrinaux et idéologiques s’inscrivant directement dans le cadre de ce verset coranique. Faut-il aussi distinguer les ennemis de l’islam agressifs et violents, des courants intellectuels différents mais qui acceptent le dialogue ? Cette distinction nécessaire est selon lui le premier pas sur le chemin du dialogue, religieux ou intellectuel (...)

Le tour d’horizon des différentes interprétations du dernier verset de la Fatiha nous éclaire sur l’origine de l’image de l’autre intériorisée par les musulmans et explique en partie le malaise que peuvent vivre les deux communautés confrontées au vivre ensemble. Un musulman, en tant qu’individu ou communauté, peut s’entendre avec un chrétien : partager l’espace, la culture, l’histoire avec lui, et des faits le prouvent (exemple de l’Andalousie, de l’Irak, du Liban, de la Syrie… pendant certaines périodes) tout en refoulant un tas de stéréotypes au fond de sa mémoire collective. Mais aux moments de crise –avec Soi (crise identitaire) ou avec l’Autre– tout remonte en surface. C’est ainsi que nous avons aujourd’hui besoin de creuser au fond de la mémoire collective pour la débarrasser des conceptions « faussement sacralisées » de l’autre (...)
:arrow: http://gric-international.org/2013/publications-du-gric/gric-de-tunis/les-egares-dans-le-coran/

Pour ma présentation de la "Lettre des 138", cf http://blogren.over-blog.com/article-20799202.html

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Message  Ghazali Ven 22 Fév - 17:43

L'interprétation classique est valable d'un point de vue partiel et relatif (car il est évident que des groupes de juifs et de chrétiens sont mécréants, aussi bien du point de vue islamique que de leur propre tradition, de même qu'au niveau de l'essence commune à toute tradition spirituelle), car sinon le Qur'ân aurait été bien plus précis et catégorique en désignant explicitement l'ensemble des juifs et des chrétiens.
Or, dans le Qur'ân, il est dit que, il existe encore des juifs et des chrétiens croyants selon leur propre tradition, restés fidèles aux enseignements traditionnels.
De plus, que fait-on des autres non-musulmans alors ? (Bouddhistes, hindous, confucianistes, etc.) ?
Le Qur'ân parle aussi des pseudo-musulmans hypocrites et déviants, tout comme dans la Sunnah.
Donc celui qui est sur la Voie Droite, est tout simplement celui qui a la conscience de l'Unicité Divine, tout en étant pieux et vertueux.



Michel Vâlsan : Les notes relatives au « Juifs » et aux « Chrétiens » dans « Le Commentaire de la Fâtiha ».

Michel ValsanNote 1. La correspondance établie ici, et qui est de style dans les Tafâsir (commentaires), se base sur des hadiths prophétiques proprement interprétatifs de cette sourate ; en voici un transmis par ‘Adî Ibn Hâtim : « Ceux sur qui est la Colère divine sont les Yahûd ». On rappelle d’ordinaire au même propos un verset de la Sourate de « La Table » qui, parlant des Gens du Livre, fait référence aux Yahûd en ces termes : « Ceux qu’Allâh a maudit et contre lesquels Il est en colère » (Cor.5.60). Nous faisons remarquer que – en toute rigueur – on ne peut traduire Yahûd (pour le sing. on emploie l’adjectif Yahûdî) qui, dans le Coran et les hadiths pour commencer, est toujours péjoratif, par « Juifs », qui, dans la terminologie judéo-chrétienne et occidentale, garde un sens très général et quelque fois même d’excellence (par rapport aux Gentils, par exemple). Pour ce qui est de ce dernier sens, il est facile de constater que le Coran use du nom collectif Hûd, ou de l’expression alladhîna hâdû = litt. « ceux qui reviennent à résipiscence » (d’où un sens dérivé : « ceux qui pratiquent le Judaïsme »), ce qui reste assez proche de la racine hébraïque (« confession », « louange »), et alors les Juifs ne sont jamais pris résolument en mauvaise part ; au contraire, désignés ainsi, on leur reconnaît, chose qui n’arrive jamais quand ils sont désignés par le terme Yahûd, certains droits et mérites, tout en leur contestant, le cas échéant, la prétention majeure de constituer le peuple élu. C’est aux seuls Banû Isrâ’îl (« Fils d’Israël ») que, lexicalement, est reconnu, tant dans le Coran que dans les hadiths, le privilège de la communauté primitive et, symboliquement, de l’élite initiatique. Ainsi ces diverses appellations, comme celle des Ahl al-Kitâb (« Gens du Livre ») appliquée également aux Chrétiens, désigne des degrés qualitatifs très variés qui peuvent s’appliquer sur une même lignée traditionnelle et historique, mais qui ne se confondent jamais. Enfin, il est à peine besoin de le souligner, jamais les désignations de Yahûd, Hûd, alladhîna hâdû, Banû Isrâ’îl, etc., ne sont prises dans un sens raciste ou nationaliste, mais toujours dans un sens religieux ; cela, certes, est en rapport avec le statut traditionnel qui définit objectivement les communautés, mais vise, au fond, toujours la valeur effectivement atteinte par celles-ci dans le cadre de leur statut.



Note 2. Cette autre correspondance dérive également des hadîths prophétiques, dont un, transmis par le même ‘Adî Ibn Hâtim, dit : « Ceux qui sont dans l’égarement sont les Nasârâ ». Au même propos, on rappelle un verset de la sourate de « La Table » qui désigne ceux-ci comme étant « ceux qui se sont égarés précédemment, qui en ont égarés beaucoup d’autres et qui errent hors de la Voie du Milieu » (Cor.5.77), et c’est à ce verset, d’ailleurs que le commentateur emprunte la notion de « Voie du Milieu ». Ce qui peut sembler étrange, à première vue, c’est que, malgré les termes nets du Coran et des hadiths sur ce point, Al-Qashânî place les Nasârâ dans une perspective somme toute favorable, puisqu’il leur attribue une orientation qui serait d’ordre ésotérique, dirait-on : c’est que l’ « égarement » en question est effectivement dans le domaine intermédiaire. Le cas de ceux que le Coran appelle les Nasârâ ou qui sont dits s’appeler eux-mêmes Nasârâ (il y a plus qu’une nuance qu’il ne faut pas négliger éventuellement) semble donc être au fond celui de toutes les organisations qui dans leurs orientations et disciplines de vie intérieure ne s’appuient plus sur le support législatif initial et « optime » de leur forme traditionnelle, et qui débordent alors dans les adaptations plus ou moins irrégulières ; ils peuvent d’ailleurs obtenir des statuts réguliers nouveaux mais à des degrés inférieurs et limités (Cf. Coran 5, 14, le cas du mîthâq, « pacte divin », pris sur certains des Nasârâ et qui , d’ailleurs, en « oublièrent » une part) ; tel aurait été dans une certaine mesure, peut-être, dans l’histoire de l’Islam même, le cas des organisations qu’on inclut sous le titre général des Bâtiniyyah, les « Intérioristes » (pour ne pas employer en ce cas la traduction « Esotéristes »). Or, les déficiences dont il est fait état dans le cas présent, qui sembleraient devoir être cependant, d’une importance plutôt secondaire, sont en réalité l’expression perceptible d’une perte, plus difficilement saisissable, de conscience effective dans l’ordre des vérités purement métaphysiques, nonobstant d’ailleurs la conservation des textes doctrinaux de base : à leur tour, elles constituent une cause de dégénérescence progressive, tant que des interventions réparatrices et revivificatrices ne se produisent et ne réussissent pas. C’est là, du reste la raison pour laquelle le commentateur attribue à la réunion des deux aspects « extérieur » et « intérieur », représentés ici par les voies distinctives des Yahûd et des Nasârâ, une valeur qui dépasse la simple somme des valeurs particulières respectives. Le « Chemin Droit » interprété métaphysiquement comme « Sentier de l’Unité Pure ou de l’Identité » (Tarîq al-Wahdah), n’a pas de commune mesure avec les voies particulières qu’il inclut cependant toutes, pour ce qu’elles ont de positif, dans une synthèse suprême, et le commentaire l’affirmera d’ailleurs encore très clairement à la fin.



Du fait de l’interprétation certaine des « égarés » comme étant les Nasârâ, il résulte que, de toute façon, ceux-ci ne peuvent correspondre à la première génération chrétienne, contemporaine du Christ, car celle-là était, selon le Coran, cette part des Banû Isrâ’îl véritables qui avaient cru et accepté l’envoyé divin, et qui de ce fait, en terminologie technique coranique, correspondent au cas des « Musulmans », les « Soumis » à la volonté et à l’autorité divine représentés par l’envoyé. D’après le symbolisme de leur nom, cependant les Nasârâ (sing. Nasrânî) sont une forme spirituelle secondaire, lointainement dérivée de la notion des premiers Ansâr (Auxilliaires) d’Allâh auprès de Jésus, et qui étaient plus précisément les Hawâriyyûn les « Blancs » ou plutôt les « Candides » qui répondirent positivement au Christ : « Nous sommes les Auxilliaires d’Allâh » (Cor.61.14), « Nous croyons en Allâh ! Témoigne que nous sommes des musulmans, etc. » (Cor.5.111). Mais la voie des Nasârâ, ne correspondant pas à une tradition régulière et intégrale, ne peut désigner non plus le Christianisme dans toute sa carrière historique car celui-ci a, certes, connu des époques de « complétude » aussi bien sur le plan ésotérique que sur le plan exotérique ; en outre, cette voie telle qu’elle est définie dans le commentaire d’Al-Qashânî ne saurait avoir qu’un rapport fort éloigné avec les applications extérieures, politiques et sociales, que le Christianisme a connues ou qu’il connaît encore de nos jours. Ainsi ce que l’on désigne dans la terminologie sacrée par Yahûd ou Nasârâ ce ne sont pas des traditions intégrales proprement dites mais des types spirituels limitatifs du monde traditionnel en général.



Note 3. Ajoutons cette dernière glose de caractère à la fois plus général et récapitulatif. Selon l’interprétation constante d’Al-Qashânî dans tout son commentaire, qui observe essentiellement une démarche tripartite quelque peu systématique (ce qui rappellera le style de pensée de St Denis l’Aréopagite, de certains Victorins et de St Bonaventure en Occident), le Paradis des Yahûd est du domaine extérieur, correspondant au Monde du Royaume sensible (‘âlam al-Mulk), et il constitue le séjour cherché par l’âme individualiste (an-nafs) ; c’est cependant le Paradis des Actes (Jannah al-Af’âl), entendant par cela aussi bien le domaine des Actes divins que le fruit des actes individuels, mais qui, en tant que « Paradis », ne peut tout de même, revenir en réalité qu’aux Hûd, aux Juifs au sens non péjoratif. Le Paradis des Nasârâ est bien du domaine intérieur et correspond au monde de la Royauté (‘âlam al-Malakût) qui, dans un premier sens, est le domaine subtil, mais qui, en tant qu’intermédiaire, dans cette tripartition constante, peut s’entendre quelques fois comme incluant la manifesté informel, intermédiaire entre le non-manifesté (ghayb) et la manifestation sensible (shahâdah = mulk) ; il constitue le séjour cherché par le cœur (al-qalb). C’est même le Paradis des Attributs (Jannah as-Sifât) « intermédiaire », en un sens « optime » alors, entre le Paradis des Actes et celui de l’Essence pure ; mais il ne doit revenir normalement qu’aux meilleurs des Nasârâ, ceux qui sont « les plus proches (en amour) des vrais Croyants » (Cor.5.82), qui sont caractérisés par les « règles de vie » des « Qissisîn (« Pasteurs ») et des Ruhbân (« Moines ») et qui ne s’enorgueillissent pas » (Cor.5.82). Enfin le Paradis des « Muhammadiyyûn véritables » est celui de l’Unité non-manifestée (‘âlam al-ghayb al-mutlaq) qui est cherché par l’Esprit pur (ar-Rûh). C’est proprement le Paradis de l’Essence Suprême (Jannah adh-Dhât), but du Sentier de l’Union (Tarîq al-Wahdah), tout en tenant compte de ce qu’a de purement analogique une telle expression quand il s’agit de la conception constante, universelle et absolue de l’Identité.



Ainsi qualifiées par leurs caractères distinctifs, ces trois communautés de « Juifs », de « Chrétiens » et de « Muhammadiens » désignent plutôt trois classes fondamentales d’êtres traditionnels, qui, tout en étant, dans un certain sens typologique, représentées par des formes historiques particulières de la Tradition générale, logiquement peuvent se trouver aussi à l’intérieur de chaque tradition particulière, et qui ont certainement leur équivalent en Islam même. Notre commentateur déclare d’ailleurs lui-même, une chose de ce genre, en commentant le verset suivant de la sourate de « La Génisse » :



Texte : « Les Yahûd disent : Les Nasârâ ne reposent sur rien (de valable) ! Et les Nasârâ disent : Les Yâhûd ne reposent sur rien (de valable) ! » (Cor.2.113)



Commentaire : « Chacun est voilé par sa religion particulière : Les Nasârâ sont voilés par l’ « intérieur » à l’encontre de l’ « extérieur », et les Yahûd par l’ « extérieur » à l’encontre de l’ « intérieur », tel que nous voyons l’état des écoles doctrinales (madhâhib) de nos jours en Islam ».



Texte : « alors qu’ils récitent le Livre »



Commentaire : « « Livre » dans lequel se trouve ce qui peut les conduire à l’enlèvement du voile et à la vision de la vérité (légitimité, haqq) de toute religion (dîn) et de toute école doctrinale (madhhab), et à la constatation que la « vérité » intrinsèque de telle religion ou de telle doctrine n’est pas devenue vaine par l’effet de l’attachement de fidèles à leur forme de croyance particulière. Or quelle différence il y a entre le cas de ces détenteurs d’un livre sacré et celui de ceux qui n’ont aucune science (‘ilm) ni livre sacré (kitâb), comme les païens associateurs (mushrikûn) ! Car ceux-ci professent, certes, les mêmes opinions (exclusivistes) que ceux-là, mais ils sont plus excusables que les autres, car ils n’ont contre eux que l’argument de l’intelligence, alors que les savants détenteurs d’un livre révélé ont contre eux aussi bien l’argument de l’intelligence (al-‘aql) que celui de la loi sacrée (ash-sha’r) (contenue dans le livre reçu par eux) ».



(Michel Vâlsan, Le Commentaire de la Fâtiha – Etudes Traditionnelles n° 376, Mars-Avr. 1963, notes relatives aux « Juifs » et aux « Chrétiens »).

http://esprit-universel.over-blog.com/article-michel-valsan-les-notes-relatives-au-juifs-et-aux-chretiens-dans-le-commentaire-de-la-fatiha-70000154.html
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