Nouvelles de Palestine et d'Israël
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Re: Nouvelles de Palestine et d'Israël
Cisjordanie : le jour où la vie de Rami Damanhouri a basculé
Par Gwenaelle Lenoir 16 novembre 2024
En Cisjordanie, nul n’est à l’abri, ni de la violence des colons ni de celle de l’armée israélienne. Mediapart a recueilli l’histoire d’un directeur d’école attaqué et battu par les colons, puis arrêté et torturé par l’armée israélienne dans la foulée.
Jéricho, Mu’arrajat (Cisjordanie).– Trois semaines après les faits, Rami Damanhouri est encore perclus de douleurs. Il marche difficilement, le dos raide, les hanches bloquées, il a mal aux bras et aux poignets, il souffre de céphalées. Quant au moral, il évite d’en parler. Mais il n’est pas sûr de reprendre un jour son poste à l’école élémentaire Arab Al-Ka’abneh.
Il en est le directeur, depuis quatre ans. L'école n’a rien de prestigieux. Elle accueille 80 élèves, filles et garçons âgé·es de 6 à 15 ans, de la communauté bédouine voisine de Mu’arrajat, lovée dans un repli des collines arides de Cisjordanie, à proximité immédiate de l’oasis de Jéricho. C’est la seule école à des dizaines de kilomètres à la ronde.
Les enseignant·es et le personnel administratif, seize adultes en tout, viennent de Jéricho ou de Toubas, beaucoup plus au nord. À ces derniers, il faut au minimum une heure et quart pour venir, parfois quatre, en fonction du nombre de barrages militaires et de routes fermées par l’armée.
Combien vont accepter de rester ? Combien d’enfants auront-ils face à eux dans les prochains mois ? Certains sont déjà partis.
L’école est pourtant plutôt bien pourvue, avec une équipe pédagogique investie, une pièce informatique avec des ordinateurs, une bibliothèque et une classe spécialement équipée pour les enfants présentant des retards dans l’apprentissage.
Seulement, l’environnement de l’école est dangereux, et l’état de Rami Damanhouri en apporte la preuve.
Sous contrôle israélien
Depuis plusieurs années, des colons israéliens ont décidé de s’installer comme bergers dans les collines de Cisjordanie et font tout pour en chasser les éleveurs bédouins.
L’un d’eux, dans la vallée qui jouxte Mu’arrajat, est décrit par les Bédouins comme très agressif, prompt à rameuter d’autres colons pour des expéditions de harcèlement.
L’école est située, comme le campement de Mu’arrajat et toutes les collines arides alentour, en zone C, donc sous contrôle complet des autorités israéliennes, selon le découpage géographique issu des accords d’Oslo. Ni la défense civile palestinienne ni même le Croissant-Rouge ne peuvent intervenir sans autorisation israélienne. L’armée et la police israéliennes sont dès lors censées assurer la tranquillité publique et la sécurité de tous et toutes. Ce qui n’est pas le cas.
L’école Arab Al-Ka’abneh est une cible facile. Un peu à l’écart des tentes des Bédouins et des enclos du bétail, près du château d’eau, cachée à la vue de ceux qui passent sur la route, elle est constituée de conteneurs transformés les uns en salles de classe, les autres en bureaux, organisés en U autour d’une petite cour tout en longueur où les gamins jouent sur un gazon artificiel. Quelques arbres, à un bout de la cour, offrent un peu d’ombre. Dessous sont installés des bancs et des tables. Le tout est ceint d’un grillage d’un mètre environ, très abîmé par endroits et facilement franchissable.
Rami Damanhouri a cherché à sécuriser son école. En juillet 2023, il a lancé des travaux pour ériger une vraie enceinte. Les colons sont intervenus, suivis de près par des jeeps de l’armée israélienne. Le chantier a été stoppé et les matériaux confisqués.
La seule piètre protection qui est restée à l’école Ka’abneh était les cinq caméras de surveillance, disposées de façon à filmer le portail, la cour, le bureau du directeur, le secrétariat et l’administration.
L’attaque
Lundi 16 septembre 2024, peu après le début du deuxième cours de la journée, à 9 h 30, une mère d’élèves s’est précipitée dans l’école, hurlant : « Les colons arrivent ! », raconte Mohamed Fasa’il, dans le petit bureau du principal, rempli de dossiers et de livres, où il officie désormais.
Certains enfants ont eu à peine le temps de fuir, et d’autres de se réfugier, avec des enseignant·es, dans une des classes, tandis que plusieurs hommes, trois ou quatre, armés de longs bâtons, faisaient irruption dans la cour et frappaient tous ceux qui se trouvaient sur leur passage. Puis un pick-up a pilé devant le portail, déversant d’autres assaillants. En tout, une douzaine d'hommes ont investi l’école.
Sur les vidéos filmées par des professeur·es, on voit, à travers les fenêtres grillagées des classes, des hommes jeunes, certains masqués, déambuler, taper contre les murs des conteneurs. On voit aussi les enfants collés les uns aux autres, dans leurs uniformes blanc et bleu d’écoliers, terrorisés. On entend leurs pleurs convulsifs, et les voix des adultes qui s’efforcent d’être rassurantes mais ne le sont guère.
[Les colons] m’ont battu à coups de batte de baseball renforcée de métal. Ils m’ont traîné sur le sol, des graviers se sont incrustés dans mon dos, je saignais.
Rami Damanhouri, directeur d’école
On voit enfin plusieurs des attaquants s’acharner sur un homme.
Cet homme, c’est Rami Damanhouri, le directeur. « Ils sont entrés dans mon bureau avant que je ne puisse fermer la porte à clé, il y avait avec moi Nancy, une enseignante, et un enfant. J’ai juste eu le temps de cacher l’élève sous mon bureau. Ils m’ont frappé, ils ont frappé Nancy et ils m’ont jeté dehors », raconte-t-il, assis dans son salon à Jéricho. Son épouse, très pâle, les traits tirés, et ses deux filles écoutent en silence cette histoire mille fois entendue.
Une fois dehors, les coups continuent de pleuvoir sur Rami Damanhouri : « Ils m’ont battu à coups de batte de baseball renforcée de métal. Ils m’ont traîné sur le sol, des graviers se sont incrustés dans mon dos, je saignais. »
« Ils insultaient sa mère, sa sœur, dans un arabe bédouin parfait », se souvient Nancy Hamdan, 37 ans, qui s’est protégée tant bien que mal avec une chaise et a eu, ensuite, trois semaines d’arrêt à cause des coups reçus.
« Nous voulions nous porter à son secours, reprend Mohamed. Mais nous avions les enfants à protéger. » Et, sans doute avec raison, extrêmement peur.
https://www.mediapart.fr/journal/international/161124/cisjordanie-le-jour-ou-la-vie-de-rami-damanhouri-bascule?
Idriss- Messages : 7127
Date d'inscription : 25/05/2012
Re: Nouvelles de Palestine et d'Israël
Comme si Gaza n'avait de frontière qu'avec Israël.Idriss a écrit:Israël officialise que Gaza est une prison à ciel ouvert !
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