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"Les 3 piliers de l'Islam : lecture anthropologique du Coran"

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Message  -Ren- Dim 24 Avr - 11:45

Alors que le Coran fait l’objet, dans les courants salafistes et dhjihadistes, d’une interprétation atemporelle et anhistorique, cet ouvrage passionnant a l’ambition de donner à comprendre ce que le discours coranique de Mahomet, qui était alors loin d’être fixé par écrit, a pu signifier pour ceux qui l’ont entendu, dans la société sans livre qu’était l’Arabie du début du VIIe siècle.

L’originalité de cette approche consiste ainsi à déchiffrer le Coran à la lumière d’un contexte historique et anthropologique précis, celui de tribus vivant selon des rapports de solidarité et d’alliance pour faire face à l’environnement éprouvant du désert. Jacqueline Chabbi montre avec brio, et une connaissance approfondie de la langue coranique, que les trois caractéristiques principales du divin correspondent aux trois piliers de la société tribale : l’alliance, la guidance et le don. Pour ce groupe humain patriarcal du désert, Dieu est représenté avant tout comme celui dont l’alliance, la guidance et le don répondent aux nécessités vitales imposées par l’environnement.

Outre que cet éclairage permet d’élucider un nombre considérable de notions et de distinguer celles qui sont d’origine biblique, il renouvelle totalement le sens de celles qui ont été figées par une certaine doctrine musulmane (djihâd, charia notamment). Car il ne s’agit pas, en découvrant des significations en relation avec un terrain chronologiquement premier, de figer les mots dans leur sens d'origine mais au contraire de faire apparaître combien ils ont pu évoluer au fil du temps et des transformations sociales.
http://www.seuil.com/livre-9782021231014.htm

Aperçu de ce livre qui vient de sortir sur Google Books : https://books.google.fr/books?id=ymTlCwAAQBAJ&printsec=frontcover&hl=fr#v=onepage&q&f=false

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Message  -Ren- Dim 24 Avr - 11:52

Interview de J.Chabbi :
Pourquoi ce titre «les Trois Piliers de l'islam», alors que les musulmans en reconnaissent généralement cinq ? Est-ce une provocation ?
En effet. J'attaque frontalement les cinq piliers de l'islam parce que ce sont des notions idéologiques apparues quand la religion se dogmatise et efface le passé, à partir de la seconde moitié du VIIIe siècle et surtout au IXe siècle, mais qui n'existent pas au commencement. Il s'agit donc de casser ce modèle idéologique qui bloque le raisonnement pour avoir accès à une vision véritablement historique des premiers temps de l'islam.

Au fond, avec ce livre, je m'intéresse au moteur, c'est-à-dire au fonctionnement de la société d'origine dans le Coran: c'est ce qui est constamment présent, mais qui ne s'affiche pas à la surface du texte, parce que ça se vit (...)

Faute d'archives écrites ou de monuments, on en est souvent réduit à poser des hypothèses sur ce qu'a pu être la société du début du VIIe siècle. Nous savons néanmoins qu'elle est organisée sur le mode tribal de familles patriarcales. Et notre chance, c'est qu'elle a des caractéristiques très spécifiques liées aux contraintes vitales dues à un espace aride. On a donc affaire à une société de l'urgence, focalisée sur les moyens de survie.

Aussi, lorsque le Coran emprunte des éléments au monde biblique, il les transpose dans son imaginaire. Par exemple, l'enfer des flammes devient naturellement un enfer solaire, car le soleil peut tuer dans ces régions désertiques (...)

Le premier principe de fonctionnement de cette société où l'on est constamment en danger, vulnérable face à l'aléatoire, c'est l'«alliance» qui assure le lien de solidarité des hommes entre eux et des hommes avec les dieux. L'alliance, en outre, se conclut avec le dieu utile, car, comme les hommes, les dieux doivent faire leurs preuves dans le concret.

Le deuxième principe, que je considère comme le pilier central parce qu'il est tout à fait propre à cette société, c'est la bonne «guidance». Car, si tous les chemins mènent à Rome, en Arabie il n'y en a qu'un seul et, si on ne trouve pas la bonne piste, on meurt. Guider vers la vie pour éviter la mort est donc la principale fonction du dieu protecteur. Autant dire que les outrances actuelles qui assurent préférer la mort dans la voie de Dieu en croyant prendre appui sur le passé premier sont en totale contradiction avec la parole coranique telle qu'elle s'adressait aux hommes de son temps.

Enfin, vous trouvez la fonction du «don»: dans un système de solidarité, on partage le surplus des biens avec ceux qui ont moins que soi à l'intérieur de son groupe tribal. A condition bien sûr d'entretenir d'abord sa famille et de ne pas s'appauvrir pour donner, charité bien ordonnée commence par soi-même… Dans cet esprit, l'usure est dénoncée comme un refus de solidarité.

Et l'hospitalité dans le désert, considérée comme un devoir: à son arrivée dans un campement, une personne doit être accueillie au moins durant trois jours, le temps de se restaurer et de digérer. La zakât, l'aumône légale, découle aussi de ce principe. A Médine, Mahomet exhorte les gens à la générosité et à ne pas laisser tomber les orphelins et les pauvres, lui-même étant orphelin et ayant été dans une situation d'abaissement au sein de sa tribu, contrairement à ce que la tradition dira plus tard pour le glorifier.

En quoi l'anthropologie historique renouvelle-t-elle nos vues sur le Coran ?

Elle permet de redonner sa dimension humaine à l'islam des origines. Et par là même de contrer bien des fantasmes. L'étude de la société première nous donne accès à une autre compréhension des mots, qui sont souvent piégés pour nous parce qu'ils ont été recouverts de significations qu'ils n'avaient pas au départ. Le mot «charia» par exemple n'est utilisé qu'une seule fois dans le Coran, et pas du tout pour désigner un quelconque système juridique, mais dans le sens de la «voie à suivre».

Le mot «oumma», qu'on traduit de nos jours par «communauté», est originellement lié à l'idée de guidance. Il a trois sens dans le Coran: celui de «groupe organisé bien guidé», celui de «bonne voie» et celui de «guide». On dit ainsi dans le texte qu'«Abraham est une oumma». Certains traducteurs ont cru bon de traduire «Abraham est un peuple» ou «une communauté», alors que cela signifie simplement «Abraham est un bon guide»!

Il y a également un passage du Coran où il est dit qu'il faut suivre la voie de Mahomet, qu'il est le «modèle». En réalité, cela signifie qu'il faut choisir la même alliance que lui, ce n'est pas du tout une incitation à l'imitation de ses faits et gestes. Un homme de tribu n'aurait d'ailleurs jamais accepté de singer qui que ce soit. L'idée d'avoir un modèle est totalement aberrante dans ce type de société (...)
:arrow: la suite sur http://bibliobs.nouvelobs.com/idees/20160422.OBS9050/sur-l-islam-les-manuels-d-histoire-sont-epouvantables.html

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Message  -Ren- Dim 24 Avr - 12:12

-Ren- a écrit:Aperçu de ce livre qui vient de sortir sur Google Books : https://books.google.fr/books?id=ymTlCwAAQBAJ&printsec=frontcover&hl=fr#v=onepage&q&f=false
...Je suis en train de découvrir l'intro, elle y évoque les travaux de Cuypers ^^

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Message  -Ren- Dim 8 Mai - 7:50

M'étant évidemment procuré le livre (elle en sort un tous les 10 ans, c'est un plaisir auquel je ne peux résister ^^ ), je tombe sur un petit passage (p.101) où elle donne son avis sur la position de G.Dye (qu'elle cite) et consorts :
Nous nous inscrivons donc en faux contre la tendance qui conduirait à "externaliser" la thématique coranique, en suivant des thèses, très en faveur aujourd'hui, qui voient la naissance de l'islam dans un milieu spécifique -arabique ou non, selon certains, mais qui serait en tout cas à peu près complètement "biblisé"- en évacuant toute croyance qui relèverait d'un fond de croyance locale et spécifique. Ainsi a-t-on récemment pu écrire que "l'émergence et le développement de l'islam [devrait] davantage à des débats internes au monothéisme biblique qu'à une prédication adressée à des Arabes païens".

S'il s'agit de cibler la phase coranique proprement dite, on se trouve alors en présence d'un raisonnement que l'on peut dire circulaire, car il s'auto-justifie et ne prend pied à aucun moment dans l'ancrage d'un quelconque réel historique et sociétal. En effet, selon une perspective de cette sorte, l'historiographie musulmane postérieure se trouve totalement récusée. Elle ne peut plus faire l'objet d'une approche critique car elle est tenue comme relevant d'une histoire totalement fictionnelle. Cette fictionnalité finit par se projeter rétrospectivement sur le corpus coranique lui-même, qui est ainsi exclu de son époque et de son milieu pour migrer dans l'espace imaginaire que se construit le chercheur. Pourtant, le pouvoir centenaire des Mekkois omeyyades en Syrie (661-750) ne peut passer pour une vue de l'esprit.

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Message  -Ren- Mar 10 Mai - 15:27

Aujourd’hui, les jihadistes revendiquent un islam pur qui serait celui des origines. Quels sont les points communs entre les combattants de Daech et ces premiers «musulmans» ?
Aucun. Les jihadistes ont une représentation sacralisée du passé. La communauté musulmane idéale qu’ils imaginent, formée de pieux compagnons, n’a jamais existé (...) Malheureusement, on ne peut pas accéder à une factualité concernant cette période, il s’agit donc de séparer le mythique de l’historique. Je travaille sur les imaginaires et les représentations, mais à partir d’indications concrètes dans les textes qui renvoient à la vie matérielle (...)

C’est ce que vous appelez le «hiatus chronologique» sur lequel repose le récit coranique…
La difficulté face à cette réécriture du passé est de décrypter les intentions des auteurs des textes pour tenter de retrouver une vraisemblance historique. Le Coran reflète une société traditionnelle tribale qui était extrêmement pragmatique. Mais quand l’islam intègre au IXe siècle des populations extérieures, il entre dans un tout autre modèle social (...)

A quoi ressemblait la société de cet islam premier ?
Le but premier des familles patriarcales que sont les tribus est de survivre en milieu hostile. Il n’y a pas de structure contraignante : ni police ni tribunaux. L’environnement du désert fait que leur mode de vie est cantonné aux problèmes pratiques. Marquées par un imaginaire de survie, les tribus sont donc régies par des rapports de solidarité et d’alliance (...) Si l’islam était resté dans ce système d’alliances consensuelles, il n’existerait plus aujourd’hui. La sortie d’Arabie, ce sont des conquêtes de razzias. Leur but n’était pas de convertir le monde à l’islam mais de faire du butin. Il fallait que cela leur rapporte ici et maintenant.

Certains analystes font de la violence une caractéristique intrinsèque à l’islam…
On peut faire dire ce que l’on veut à un texte sacré. On pourrait tout aussi bien appliquer cette idée au judaïsme, l’Ancien Testament contient beaucoup de violence. Cette violence reflète en effet les conflits terribles entre Babyloniens, Assyriens, Achéménides, pharaons… Mais les écrits anciens donnent aussi à lire un discours violent qui ne correspond pas à l’action réelle. Cette représentation de la violence est souvent dans la surenchère afin de compenser une action impuissante. On ne fait pas ce que l’on dit. Quand les tribus sortent d’Arabie, elles ne massacrent pas, non pas pour des raisons morales, mais parce que leur culture, leur mentalité, est de laisser en vie pour que cela rapporte. Et aussi parce que les hommes d’Arabie étaient soumis à la loi du talion. Donc on ne tue pas, sinon on risque un autre crime en retour. Les premiers «musulmans» voulaient juste que les populations se tiennent tranquilles et leur payent un tribut. Ce qu’elles pensaient ou ce à quoi elles croyaient ne faisait pas partie de leurs préoccupations. Pendant un siècle et demi, les conquis ne pouvaient même pas se convertir. Pour devenir musulman, il fallait être accepté comme membre rattaché dans une tribu issue de la péninsule Arabique ; devenir musulman, c’était entrer dans une alliance d’abord sociale, ce qui n’était évidemment pas donné à tout le monde.

Que désigne le jihad dans le discours coranique d’origine ?
Il n’y a pas de notion de guerre sainte pour les califats arabes, Omeyyades ou Abbassides, mais seulement une guerre classique entre des empires. Au départ, jihad est un mot très ordinaire qui signifie «faire un effort pour aboutir à un résultat». La première allusion dans le Coran parle de parents qui font le jihad contre leurs enfants afin qu’ils ne rejoignent pas Mahomet. Il y a deux versets très clairs à ce sujet. Quand le Prophète arrive à Médine, il a besoin de volontaires pour mener une action, le jihad devient alors «faites un effort pour me rejoindre» ou «soyez volontaire». Mais cela ne doit reposer que sur la volonté de l’individu. Certains, même, s’engagent puis trouvent cela trop dangereux et abandonnent. Le jihad devient alors une sorte de serment pour faire une action déterminée.

Vous remettez également en question l’image d’un Mahomet chef de guerre…
Il faut envisager Mahomet non comme un prophète mais avant tout comme un homme de tribu. Peut-être était-ce un illuminé, en tout cas un homme habité par des convictions qui souhaitait faire rentrer sa tribu dans la bonne alliance. La société tribale était, par ailleurs, très égalitaire : ni titres ni seigneurs, tout le monde est habillé de la même façon et s’appelle «untel fils de untel». Il existe quelques préséances, mais qui se décident à partir d’une généalogie, d’un charisme, et aussi par une prédisposition à convaincre. Le chef tribal n’est pas un chef de guerre, il doit être avant tout un conciliateur, être capable de faire accepter les compromis. L’Amir [l’émir, ndlr], celui qui mène les opérations guerrières n’est pas le chef tribal. Il n’est Amir que le temps de mener l’action qui lui a été confiée. Il occupe une fonction temporaire. Il faut rappeler que ce sont des sociétés où n’existe aucun pouvoir de contrainte. Tout repose sur le consensus. Un autre attribut du chef est la faculté de distribuer, de donner. Cela se retrouve dans le devoir de partage et de générosité, qui est très important dans l’islam.

Comment les interprétations ont-elles pu changer à ce point ?
Ce sont les conquêtes qui les ont obligés à penser autrement. Ce qui a été défini par une société première qui a disparu est réécrit par une autre société, non pas celle des Bédouins, mais celle des convertis. Ce sont les Abbassides qui vont rompre avec le modèle tribal et instaurer une logique impériale, avec donc une hiérarchie, des contraintes, une idéologie et un dogmatisme qui ne donne plus la préséance aux tribus. C’est seulement à ce moment-là que se construit l’islam tel que nous en avons l’image aujourd’hui. Les convertis ont aussi transformé le modèle originel car ils ont une pratique religieuse antérieure qui va influencer leur façon de pratiquer l’islam. Beaucoup sont d’anciens chrétiens et trouvent ainsi un espace dans lequel on parle quand même de la Bible, de Jésus… Ils vont importer dans l’islam leur manière de penser et de vivre le religieux.

Pourquoi seulement trois piliers de l’islam dans votre ouvrage, et non les cinq que l’on connaît (profession de foi, prière, don, jeûne, pèlerinage) ?
Les fameux cinq piliers n’existent pas historiquement. C’est une représentation dogmatique qui date du IXe et du Xe siècle (...)

La guidance joue un rôle fondamental dans l’environnement hostile que vous décrivez…
L’Arabie occidentale, où se trouve La Mecque, est une région reculée, entre mer et montagne, loin des routes commerciales. La guidance est donc un thème spécifique à ce terrain contrairement à l’alliance qu’on trouve dans d’autres milieux. On ne s’aventure pas facilement dans le désert. En Arabie, tous les chemins ne mènent pas à Rome, il n’y a qu’une route possible, et si on ne la trouve pas, on est mort (...)
http://www.liberation.fr/debats/2016/05/06/jacqueline-chabbi-le-coran-reflete-une-societe-traditionnelle-tribale-qui-etait-extremement-pragmati_1451004

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Message  Idriss Lun 10 Oct - 18:35

Jacqueline Chabbi était sur France culture dimanche matin:

L'approche de l'historienne Jacqueline Chabbi

La révélation coranique orale, plus tard fixée et consignée par écrit, sera un texte qui ne pourra pas « franchir » la barrière anthropologique de son temps. C’est cette approche que Jacqueline Chabbi propose avec son triptyque composé de l’alliance, de la guidance et du don. Ces trois volets tenaient compte de la psychè des Arabes dans leur péninsule avant la prédication mohammadienne. Ils constituent les trois piliers de l’exégèse coranique moderne tout comme les cinq piliers connus de l’islam composent l’ossature de la pratique cultuelle.

Salam -Ren-


J'ai entendu la fin ....dont son interprétation  du terme: Oumma.

Ton historienne préférée par sa méthodologie  met à mal  les élucubrations thèses du  père Gallez.
Si Olaf et compagnies étaient des chercheurs honnêtes méthodiques , soit ils contre argumenteraient l'argumentation de J. Chaabi...soit il l'intégrerait pour proposer de nouvelles hypothèses compatible avec les contraintes mises en évidence par J. Chaabi.


La dichotomie Dieu pasteur , Dieu Guide c'est le point qui m'a le plus intéressé.
Son interprétation des circombulations autour de la Kaaba dans la période pré-islamique  aussi .
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Message  -Ren- Lun 10 Oct - 19:10

Idriss a écrit: Ton historienne préférée par sa méthodologie  met à mal  les élucubrations thèses du  père Gallez
...sans pour autant le cibler, et tout en acceptant d'avance toute critique historienne de ses thèses : comme déjà évoqué, c'est cette acceptation d'emblée de la critique de son travail qui me fait apprécier sa démarche (même si je ne suis pas toujours d'accord)

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Message  -Ren- Mar 22 Nov - 10:24


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Message  Idriss Mar 22 Nov - 18:50

J. Chabbi a écrit:Pendant un siècle et demi, les conquis ne pouvaient même pas se convertir. Pour devenir musulman, il fallait être accepté comme membre rattaché dans une tribu issue de la péninsule Arabique ; devenir musulman, c’était entrer dans une alliance d’abord sociale, ce qui n’était évidemment pas donné à tout le monde.

Bonjour -Ren-
Sur quels éléments factuels J.Chabbi se base pour affirmer cela?
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Message  -Ren- Ven 25 Nov - 14:04

Idriss a écrit:Sur quels éléments factuels  J.Chabbi se base  pour affirmer cela?
Je peux déjà te répondre à la question "à quoi fait-elle précisément référence" en reprenant son livre Le Seigneur des Tribus :

"c'est le mot mawlâ qui désignera les convertis à l'islam hors de l'Arabie durant un peu moins d'un siècle et demi, après le début des conquêtes arabes ; cette qualification disparaîtra à l'époque 'abbaside tandis qu'émergera la notion indifférenciée ethniquement de musulman" (p.634, notice WLY)

"Avant que les conversions ne deviennent massives et ne rendent obsolète le système ancien de l'agrégation tribale par rattachement à un clan, les convertis devaient être intégrés individuellement sur le mode tribal ; la conversion religieuse ne suffisait donc absolument pas ; tout converti ancien devait ainsi être 'tribalisé' pour exister socialement ; il recevait le statut symbolique de mawlâ, c'est-à-dire d'affranchi, comme s'il constituait un esclave que son maître avait libéré de sa servitude ; ce statut semble avoir perduré jusqu'à la fin de l'époque omeyyade, dans des conditions qu'il faudrait s'efforcer de préciser" (p.578, note 420)

"Le converti, souvent un captif de la guerre des conquêtes que sa conversion affranchissait, était formellement affilié par walâ' (...) à un lignage tribal dont il portait dorénavant le nom ; celui-ci était cependant précédé de la mention mawlâ Banî... (...) pour bien marquer qu'il ne s'agissait pas d'une parenté par le sang (...) La plupart des figures de 'doctes' revendiquées par la tradition musulmane à haute époque renvoient à des mawlâ ou a des fils de mawlâ" (p.489, note 98)

...Je l'ai déjà lu ailleurs (ce fonctionnement 'arabe' limitant les conversions est considéré par beaucoup comme l'une des raisons du renversement des Omeyyades), il faudrait que je retrouve ça pour sourcer ces propos.

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Message  -Ren- Ven 25 Nov - 18:56

De Prémare sur la question soulevée :
AL de Prémare a écrit:On peut remarquer en effet la fréquence des noms propres étrangers à l'arabe dans les chaînes de transmission ou de rédaction des textes, donc la fréquence des origines étrangères chez les intellectuels musulmans de la deuxième génération puis des générations qui suivirent. Ces gens faisaient généralement partie, au début, de ceux que l'on appelait les "Clients" (Mawâlî) : anciens captifs ou descendants d'anciens captifs byzantins, persans, coptes, etc., ayant souvent bénéficié de l'affranchissement par suite de leur conversion à l'islam. Ils demeuraient, eux et leurs descendants, agrégés aux clans arabes de leurs anciens "patrons" par le lien de "clientèle" (walâ'), et ils étaient à leur service. Le nom clanique de leurs patrons figurait même dans leur identité onomastique : Ibn Is'hâq (...) était le petit-fils de Yasâr, un Persan fait captif lors de la conquête de l'Irak. Il était appelé Muttalibî, agrégé au clan arabe issu du grand-père du prophète 'Abd-al-Muttalib, en tant que fils d'un ancien captif de ce clan.
 :arrow: p.187 du pdf https://fr.scribd.com/doc/21438933/Rica-Franceza-Fundamentele-Islamului-Alfred-Louis-de-Premare

L'article Wiki se réfère au Dictionnaire Historique de l'Islam aux PUF : https://fr.wikipedia.org/wiki/Mawali

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Message  Anoushirvan Ven 25 Nov - 20:27



S'il s'agit de cibler la phase coranique proprement dite, on se trouve alors en présence d'un raisonnement que l'on peut dire circulaire, car il s'auto-justifie et ne prend pied à aucun moment dans l'ancrage d'un quelconque réel historique et sociétal. En effet, selon une perspective de cette sorte, l'historiographie musulmane postérieure se trouve totalement récusée. Elle ne peut plus faire l'objet d'une approche critique car elle est tenue comme relevant d'une histoire totalement fictionnelle.

Je comprends un peu le désarroi de cette dame.

Car si on enlève l'historiographie musulmane, qui a été développée essentiellement à partir du IXeme siècle, on se retrouve pratiquement avec rien, aucun matériau pour expliquer l'apparition du Coran, ou de l'Islam.

Sébéos, c'est bien, mais c'est un peu court pour faire carrière juste avec ce texte. Tandis qu'avec Tabari, Ibn Ish'aq, Bukhari, etc. il y en a pour des siècles de thèses universitaires à élaborer et de livres d'histoire à écrire.

Quant au Coran, il est lu avec de telles œillères idéologiques qu'il est impossible d'en extraire des informations pertinentes sur son contexte historique (alors que de mon point de vue, il y en a plein).

Résultat, les chercheurs préfèrent encore s'appuyer sur l'historiographie musulmane, malgré ses imperfections, pour leurs études plutôt que de devoir changer de domaine.


Il est possible, et même intéressant, pour l'historien d'appuyer son étude sur l'historiographie musulmane, mais pour cela, il faut commencer par se poser quelques questions basiques, du genre, le personnage principal, Mohamed, décrit dans ces sources a-t-il réellement existé tel que le racontent ces sources ?
Ne pourrait-il pas être le résultat d'un amalgame de plusieurs personnages ?
Est-ce bien le même qui a écrit le Coran ?
L'origine de l'Islam est-elle la même que l'origine du Coran ?
Etc.

Les thèses et ouvrages que j'ai lus sur ce sujet éludent très souvent ces questions fondamentales. Pourtant les réponses peuvent être très intéressantes.

Quant à celles qui se veulent révolutionnaires et avancent des origines judéo-nazaréennes au Coran, elles se fondent quasi-exclusivement sur le personnage de Jésus/Isa dans le Coran et surtout un contresens (de mon point de vue) à son sujet.
Autant dire qu'en abordant le sujet par le petit bout de la lorgnette, le tableau général leur échappe.



Cette fictionnalité finit par se projeter rétrospectivement sur le corpus coranique lui-même, qui est ainsi exclu de son époque et de son milieu pour migrer dans l'espace imaginaire que se construit le chercheur. Pourtant, le pouvoir centenaire des Mekkois omeyyades en Syrie (661-750) ne peut passer pour une vue de l'esprit.


Qu'en sait-on que les Omeyyades étaient Mecquois d'origine ?

Anoushirvan

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Message  -Ren- Sam 3 Déc - 18:43

Anoushirvan a écrit:Qu'en sait-on que les Omeyyades étaient Mecquois d'origine ?
Afin de pouvoir lui consacrer toute l'attention nécessaire, la réflexion sur cette question est désormais sur https://dialogueabraham.forum-pro.fr/t3007-sd-origine-mecquoise-des-omeyyades
Merci de votre compréhension :jap:


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Message  da_niel Ven 9 Déc - 1:16

Ce que je trouve intéressant dans la lecture de J.Chabbi, c'est qu'elle implique une chose avec laquelle je suis d'accord mais pour d'autres raisons : les "musulmans" n'ont rien compris au Coran. Autrement dit, quand ils affirment qu'ils ont une tradition exégétique remontant jusqu'à l'auteur du texte, c'est inexact. Ils "croient" en avoir une, mais c'est une erreur.

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