Calligraphie pour un rapprochement
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Re: Calligraphie pour un rapprochement
Un Ayatollah iranien, réformiste et assez influent, l'Ayatollah Abdol-Hamid Masoumi-Tehrani, vient de prendre position pour un rapprochement avec les bahaïs et une amélioration de leur condition de vie en dessinant symboliquement une belle calligraphie persane du texte sacré le plus important du bahaïsme, le Ketāb-e aqdas.
Ça a eu un certain impact sur le web iranien. Voici une traduction du beau texte qu'il publia sur son site :
Une interview en anglais qu'il a accordé :
Ça a eu un certain impact sur le web iranien. Voici une traduction du beau texte qu'il publia sur son site :
Quelques images de la calligraphie en question :Abdol-Hamid Masoumi-Tehrani a écrit:Au nom de Dieu, le Miséricordieux, le Compatissant.
Au cours de leur histoire et à la différence des nations voisines, les Iraniens n’ont jamais fait preuve d’animosité, de brutalité envers leur propre peuple et n’ont jamais méprisé les droits de l’homme. On connaît de nombreuses situations dans le passé qui démontrent que leur sens de l’unité et de communauté les a sauvés, grâce à l’espoir, à de durs efforts et à une foi résolue, des calamités de la corruption et de l’oppression qui sont d’origine humaine.
Il fut un temps où les différentes religions et confessions, malgré leurs diverses croyances et pratiques, jouissaient de relations sociales et de coexistence tolérante, chacune croissant et agissant à sa manière, mais profitant et se renforçant les unes des autres. C’est bien de cette manière que notre caractère humain peut, dans le cadre de la société s’épanouir et se manifester.
Que s’est-il passé pour qu’aujourd’hui cette ancienne culture ait été abandonnée, que la tradition d’amour et de fraternité soit morte dans les cœurs et que le droit à la vie et le droit à la propriété, à la dignité humaine et à l’honneur, soient si dévalués ? Et cela à tel point que non seulement nous avons des lois basées sur l’ignorance qui violent les valeurs humaines fondamentales, mais que nos traditions humanitaires et altruistes sont tombées si bas que certains font la queue pendant des heures dès l’aurore afin que, comme aux époques primitives, ils puissent assister à l’exécution d’un condamné et qu’ailleurs un citoyen prend en otage un concitoyen, le pend par le cou et qu’une famille provoque une tragédie pour ses propres membres au milieu des festivités. Qui a gommé les valeurs humaines et le droit d’être humain pour écrire à leur place des vers inhumain d’hostilité ?
En créant l’humanité, Dieu, le Très-Sage, a glorifié l’être humain et lui a donné le droit à la vie, non à cause de la forme extérieure de cet être, mais en vertu de la sainteté de son esprit et des qualités humaines que Dieu lui a inspirées. Ce droit de vivre dont chaque être humain libre doit jouir dans sa patrie, afin qu’il bénéficie des potentialités qu’offre la société, ne devrait jamais être profané ou restreint par des idées, des croyances ou des lois qui sapent cette idée fondamentale. Il va sans dire qu’en cette époque moderne l’apartheid religieux ne devrait pas exister et les mensonges, les tromperies, les trahisons, les haines, les diffamations et les sévices ne devraient pas pouvoir détruire l’honneur d’un homme et monter un frère contre un autre.
La société iranienne d’aujourd’hui, et particulièrement sa jeunesse, souffre d’anxiété et d’une dépression ruineuse. Les valeurs comme la fraternité et l’amitié, la sincérité et l’honnêteté, la gentillesse et la fiabilité, la modestie et la pureté d’esprit, l’altruisme et la compassion, la réciprocité et la gentillesse, l’esprit de sacrifice et le dévouement, le soin et l’aide aux autres, l’humilité et la droiture ont disparu de nos rangs et sont devenues des slogans ou des poses. Ces valeurs sont remplacées par la division et la dispute, le mensonge et la tromperie, la trahison et l’agressivité, la duplicité et la fraude, la prétention et la malhonnêteté, la cruauté et la grossièreté, l’écrasement des faibles et leur exploitation.
En vérité, les traditions et la morale du peuple de notre pays furent rabaissées par quelques érudits et ceux en charge de la promotion de la moralité ont souillé les valeurs humaines de l’honneur et de la religion par la poussière de la tromperie, du mensonge, de la tyrannie, de l’immoralité, du bavardage et des promesses vides pour poursuivre leur profit matériel.
Modestement, j’ai appris dans l’Ancien Testament : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même.» Et dans le Nouveau Testament j’ai appris : «Tu aimeras ton prochain comme toi-même» et « Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous maltraitent et qui vous persécutent » [3] Dans le saint Coran j’ai lu : « Dieu ne vous défend pas d’être bienfaisants et équitables envers ceux qui ne vous ont pas combattus pour la religion et ne vous ont pas chassés de vos demeures. Car Dieu aime les équitables. » [4] et : « En vérité, le plus honorable aux yeux de Dieu est celui qui le craint le plus. » [5] puis j’ai appris dans la culture persane si riche et si ancienne :
«Les fils d’Adam sont membres d’un même corps
car ils sont créés du même argile…
Toi, indifférent à la souffrance des autres
Tu ne mérites pas le nom d’être humain.» [6]
Ainsi, ressentant le besoin d’agir d’une manière symbolique et pratique qui rappellerait l’importance du respect des êtres humains, de la coexistence pacifique, de la coopération et de l’aide mutuelle, et l’importance qu’il y a à éviter la haine, l’inimitié et les préjugés religieux aveugles, j’ai réalisé une calligraphie enluminée d’un verset du Kitáb-i-Aqdas des bahá’ís. Je l’ai fait comme un symbole durable du respect pour la dignité innée des êtres humains, pour créer un sentiment de fraternité et de relations pacifiques en oubliant affiliation religieuse, congrégation ou croyances.
Au début de cette année 1393 (2014) j’offre ce symbole précieux – expression de sympathie et de sollicitude de ma part et au nom de tous mes concitoyens larges d’esprit qui respectent les autres pour leur humanité et non pour leur religion ou la manière dont ils prient – à tous les bahá’ís du monde et particulièrement aux bahá’ís d’Iran qui ont souffert de tant de manières des préjugés religieux aveugles. J’avais le désir de faire une copie enluminée de tout le Kitáb-i-Aqdas, comme le Coran, la Torah, les Psaumes, le Nouveaux Testament et le Livre d’Ezra mais malheureusement ma condition physique et mes ressources financières ne l’ont pas permis.
J’ai l’espoir que cette œuvre, humble mais profondément spirituelle, qui sera gardée par la Maison universelle de justice, sera un témoignage de l’ancienne et riche tradition iranienne d’amitié et de sa culture de coexistence, et j’espère que ses nombreux défauts de réalisation seront ignorés par le regard de la gentillesse.
Avec la plus fraternelle amitié, cet être faible en appelle à tous mes chers concitoyens de chaque religion, chaque croyance, chaque rang social qui peuvent entendre mes paroles et je leur demande de faire preuve d’amour et d’affection, d’amitié et de gentillesse, de miséricorde et de compassion, de pardon et d’empathie, de sollicitude et de solidarité, de prévenance et de soutien, et de respecter la vie, les possessions et la dignité des autres.
Nous sommes aujourd’hui au début d’un nouveau printemps, il nous incombe de scruter nos manières de penser et de nettoyer cette boue qui est la tendance à se considérer les un les autres à travers des stéréotypes ; il nous faut aussi tendre la main de l’amour et du soutien vers ce qui est humain en chacun de nous et qu’ainsi, nous considérant tous comme des citoyens, nous puissions récolter – comme les générations à venir – les bienfaits qui résultent de la solidarité, de la coexistence pacifique, ainsi que les bénédictions et la force vitale qu’ils procurent. Rejetons ceux qui par leur richesse, leur pouvoir et leur duplicité essaient, de diverses manières, de faire de nous des ennemis les uns des autres et nous encouragent à respectivement violer nos possessions, nos vies et notre dignité. Je suis humblement heureux de croire que des grandes initiatives pratiques peuvent éliminer la culture de conflit de notre société et encourager plutôt l’amour, l’amitié, la solidarité et l’altruisme dont a de plus en plus besoin cette société qui a sombré dans les divisions et la haine.
Salut à ceux qui suivent la direction divine.
http://www.bahai.fr/IMG/pdf/2014_05_Traduction_du_message_poste_sur_le_site_internet_de_l_Ayatollah_iranien_Abdol.pdf
Une interview en anglais qu'il a accordé :
You recently wrote a calligraphic rendering of a passage from Kitáb-i-Aqdas (Book of Aqdas) and donated it to the Bahá’ís of the world. You’ve also called for equal rights for Iran’s Bahá’í community, who make up the country’s largest religious minority. What you’ve done has jolted Iran’s civil society and the country’s power structure. It also has contributed to renewed debates about the rights of religious minorities in Iran. Please explain how you see the impact of you’ve made.
From this point I can only see positive impact. The way I see it, it has opened new debates in our society including among our religious class. I live in a religious neighborhood, where, as a result of what I’ve done, people have felt more comfortable talking about religious minorities and their civil rights. And I think in long-term, it will have its impact felt more visibly. This is just the start in our civil rights movement. The important thing is for such actions to take place.
The general public welcomes such moves, but not those who, in one way or another, are connected to a political faction in the government because they have vested interests in the status quo. In Iran, as you know, we call such connected people ahleh bond-baazi, people who are part of a band, or faction. I firmly believe that we will see the impact of what I’ve done and similar acts on these people, but at a slower pace.
What kind of reaction have you seen from the Iranian clergy and the country’s power elite?
I have not seen a negative reaction coming from the traditional religious class, who happen to be mostly unhappy with the country’s current political environment. For example, Ayatollah Seyyed Hussein Ismail Al-Sadr in Najaf, Iraq, is a grand ayatollah and the most prominent Shiite cleric after Ayatollah Sistani. He has talked about the Bahá’í community very transparently. He has called for Muslims to treat the Bahá’ís the same way as others.
However, the religious leaders in Iran, for obvious reasons, do not express their mind as openly as those outside of the country, but the same clerics in Iran have shown privately their tacit support for equal treatment of the Bahá’ís. However, there are senior clerics in the government who have complained about what I’ve done and called it a step too far. The likes of Ayatollah Sanei and Makarem Shirazi, whom I personally know and have respect for, directly and indirectly told me that presenting the gift was a step too far, but they think defending the rights of the Bahá’ís is something that deserves support.
This is not the first time I have presented a gift to followers of a religion other than Islam. For example, in 2005, four years after the September 11 attacks, I presented a gift of calligraphic rendering of Psalm in honor of those lost in the attacks. This work currently sits in the Library of Congress, which I believe due to political reasons, some American authorities chose not to publicize it as widely as they should have. My action at the time in 2005 was met with criticism by certain clerics, but I told them that this is an expression of respect by Iranians to Christians in the U.S. who suffered a great loss. For me, it was much better than the images of Muslims beheading Christians; images that Americans see on their TV screens all the time.
I think the reaction to my work from the government authorities would come later. They will wait for a while before taking action because they don’t want to appear weak and against the civil society and religious minorities.
Do you believe that based on principles of state ideology in Iran there could be any room, however limited, for reconciliation with the country’s Bahá’í community?
No, I don’t think so. You see, Iran’s ruling elite have a particular reading of Islam, which is based on Shiite Jurisprudence of Velayat’eh Faqih. Forget about the Bahá’ís, they don’t even tolerate my views as a dissenting voice within the community of Shiite clerics. I have been stripped of my authority to lead prayers in the mosque and you expect them to accommodate the Bahá’ís? Let me put it this way, as long as this religious state ideology rules our government institutions, the rights of minorities will not be recognized and exercised unless the civil movement becomes strong enough to force the ruling elite to change their behavior and policies.
Is there any potential to reduce the ideological tension that the Iranian state has with the Bahá’í community by making amendments to the Iranian constitution?
To be honest with you, I don’t think it will happen. The Iranian constitution is very problematic. It is fraught with “ifs” and gray areas. To accommodate the rights of religious and ethnic minorities, we have to make changes to the constitution.
Let me give you an example, the constitution grants the right for public gatherings as long as they are commensurate with the country’s Islamic norms and laws. I believe these gray areas were inserted into the constitution to intentionally prevent certain social and political rights from becoming exercised. Only comprehensive changes to the Iranian constitution would make the development of a healthy social and political environment possible. We have, for example, the Guardians Council, which is another undemocratic institution that prevents the development of a democratic socio-political environment. So I think that in order to guarantee our rights, not just the Bahá’ís, but everyone’s rights, we need to make serious changes to our constitution.
There’s also the issue of separation of powers. The separation of powers in Iran is fraught with gray areas. The Iranian clerics are pretty good at twisting the facts and presenting them to the public as truth and reality. That’s how you see the clerical influence in our constitution. That’s why our constitution resembles a Tozi’hol-Masaa’el, books on religious guidance written by Shiite clerics.
We have to accept that the clerics don’t belong to politics. The clerics should go back to their mosques. They have been in charge of running this country for 35 years and their record is pretty clear to everyone.
I’ve heard that Ayatollah Makarem Shirazi has stated that Islam has a plan for everything. Are you kidding with me?! What plan? on the economy? finance? management? Well, I don’t see any of those plans.
Do you see a solution, either based on religious laws or civil laws, to the seemingly never-ending controversy around women’s compulsory wearing of Islamic Hejab in Iran?
This issue goes back to the kind of power structure and the political ideology we have in our government. As long as we don’t have a change in our political ideology, we can’t solve the issue of Hejab.
Fortunately, in the post-revolutionary period, our religious seminaries have extensively debated the Hejab and nearly all have agreed that it should be free and left to a woman’s choice and desire. For example, there are interpretations of the scripture (Koran) and their relevance to our time and day and how these new interpretations can be used to reflect modern day life and politics. If our hardworking clerics want to publicize their work about the Hejab, they will run into trouble and that’s why you don’t see their debates on such a sensitive issue as Hejab take place in public domain.
These are important developments taking place in our seminaries. I see the issue of Hejab as resolved. It’s just these developments have not made it to our legislative body and have not been adopted by our political elite, who have their own interpretation of religious laws with no room for debate and compromise. As long as we don’t see a change in our state political ideology, we will not see any resolution around sensitive and politically charged issues like Hejab and the rights of religious minorities.
How would you assess the future direction of Iran’s state ideology? Could there be a gradual adoption of a more Iranian nationalist tone as opposed to one based on principles of Shiite Islam?
Living under a religious ideology, many ordinary people have found a desire to nurture their nationalist sentiments. But I don’t see a change in state ideology based on Iranian nationalism. But the important thing about the state ideology in Iran is that it has turned into a tool for political manipulation. Even the ruling power elite do not believe in their ideology; they need it because it serves their interests.
For the adoption of an Iranian nationalist tone by the state we need change. I personally feel some kind of change is near, but I don’t know what shape it will have. The country’s socio-political atmosphere is very conducive to change, that’s for sure.
Is there a crisis of ethical values in today’s Iran? If there is one, do you see a way out of it?
I would not call it a crisis, but there is clearly a decline in our ethical values. People in Iran are frustrated; frustrated with economic difficulties in their lives, with the widespread corruption in the country’s management system. These are facts of life in our society. The question is how we change this situation and the answer lies in our civil movement and continuation of efforts in our civil society. What the Iranians have seen from the clergy is nothing but hypocrisy, lies, and double-standards. Through our civil society we can change this type of behavior.
I have warned those hardliners who desecrate the Bahá’í cemeteries. I’ve told them that one day it could happen to them. This is not civil and right. Through our civil movement we can teach them and educate them that these types of behavior are wrong and detrimental to the whole society.
For a long period of time in the United States, there was widespread racial prejudice against blacks, but the civil society changed that. The prejudice still exists, but it is not the way it was in the 50’s and the 60’s. Americans did not have the clerics we have in Iran who could procrastinate social change and insert gray areas in the American constitution and slow the pace of reform. So the Americans are lucky in that sense. In Iran we say “OK, the Bahá’ís are inferior, but we should recognize their rights”. It doesn’t work that way. In our constitution, we should recognize their civil rights as well as those of all other minorities as being equal by law.
We need action, not just talk. This is not right. When you make a promise, you have to execute on your promise. When you deliver on your promises, it leaves a long-lasting impact on people and they start to trust you.
Our problem in Iran is that we have incompetent rulers, who through their actions, have lost the trust of people and become symbols of ethical decline.
http://foreignpolicyblogs.com/2014/05/28/a-candid-discussion-with-ayatollah-abdolhamid-masoumi-tehrani/
Ishraqi- Messages : 530
Réputation : 0
Date d'inscription : 07/06/2013
Re: Calligraphie pour un rapprochement
Je suis plutôt admiratif de ces courants arabo-persans plutôt dans l'activisme (culturel, politique, économique ect) que dans l'attentisme de plus en plus présent chez les sunnites (maison-Mosquée, Mosquée-maison, quémander toujours plus d'argent pour construire des Mosquées républicaines, en attendant les fêtes agrémentées de salons merguez).
Calligraphie pour un rapprochement
Merci pour cette information !
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...S'il me manque l'amour, je suis un métal qui résonne, une cymbale retentissante (1 Cor XIII, 1)
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