L'islam en Afrique
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L'islam en Afrique
A propos de l'intervention au MALI, je viens de lire un article fort intéressant, malgré son ton polémique. Il met en cause la façon dont l'islam est vécu par les populations africaines du sud et le regard semble-t-il condescendant que porteraient les musulmans arabes sur cette façon particulière de vivre l'islam.
Certe il est un des grands principes de l'islam de bannir le racisme. Mais ce principe est souvent malmené consciemment ou non dans la pratique, et dévié par des a-priori culturels. Un des exemples les plus connus de ce regard détourné par les a-priori culturels ( et que l'on a également vu en chrétienté) se trouve chez Ibn Khaldûn.
Ce débat doit rester purement interne à l'islam et je ne souhaite pas voir les autres croyants s'y immiscer dans un esprit polémique. Ce que je souhaite voir débattre ici, dans le respect mutuel, c'est la manière dont vous, musulmans regardez ce phénomène de l'islam en Afrique noire , aussi bien au niveau religieux que culturel.
Pour lancer le débat, voici l'article dont je suis parti:
Occupation du Nord-Mali : L’autre vrai paternalisme
Ne voulant pas voir disparaître le lien, l'article est recopié ci-dessous:
Certe il est un des grands principes de l'islam de bannir le racisme. Mais ce principe est souvent malmené consciemment ou non dans la pratique, et dévié par des a-priori culturels. Un des exemples les plus connus de ce regard détourné par les a-priori culturels ( et que l'on a également vu en chrétienté) se trouve chez Ibn Khaldûn.
Ce débat doit rester purement interne à l'islam et je ne souhaite pas voir les autres croyants s'y immiscer dans un esprit polémique. Ce que je souhaite voir débattre ici, dans le respect mutuel, c'est la manière dont vous, musulmans regardez ce phénomène de l'islam en Afrique noire , aussi bien au niveau religieux que culturel.
Pour lancer le débat, voici l'article dont je suis parti:
Occupation du Nord-Mali : L’autre vrai paternalisme
Ne voulant pas voir disparaître le lien, l'article est recopié ci-dessous:
- Spoiler:
Samedi 26 Janvier 2013
Occupation du Nord-Mali : L’autre vrai paternalisme occulté par Tariq Ramadan
Notre site se veut un lieu de débats et d'échanges. Dans cette optique, nous publions ci-dessous la réaction de l'islamologue sénégalais, Bakary Sambé, à l'article de Tariq Ramadan sur l'intervention française au Mali. Sa réaction peut paraître à certains moments "virulente", mais cela ne doit pas voiler le fond de son argumentation.
Par Dr. Bakary Sambé – Enseignant Chercheur au Centre d’Etudes des Religions (CER), UFR des Civilisations, Religions, Arts et Communication - Université Gaston Berger, Saint Louis du Sénégal
A supposer que Tariq Ramadan ait un différend personnel voire politico-idéologique avec la France, cela frôle l’indécence de vouloir régler ses comptes pendant que se déroule sous nos yeux un véritable drame du peuple malien. Il a saisi cette opportunité pour s’attaquer à la politique africaine de la France, dont l’armée s’est mobilisée pour libérer le Nord-Mali à une période cruciale. Sans prendre la défense d’un pays qui a ses choix et ses orientations que nous ne partageons pas totalement, il faut tout de même admettre que si la France n’était pas intervenue, il aurait fallu deux jours de plus pour que les troupes d’occupation sous couvert d’« islamisation »arrivent à prendre Bamako et continuer allègrement leur chemin afin d’instaurer, sur une bonne partie de l’Afrique de l’Ouest, l’émirat « islamique » longtemps rêvé par Mokhtar Belmokhtar.
Pour dire que l’enjeu majeur pour nos pays n’est pas la résurgence de ce discours refuge de Ramadan cherchant habilement à rallier aussi bien la gauche traditionnelle africaine que les néo-islamistes galvanisés par les victoires en demi-teinte des Frères musulmans du Maghreb et de l’Égypte. Peut-être ignorait-il que la nouvelle génération africaine avait dépassé ce débat et se préoccupait plus d’avenir.
Un impérialisme idéologique
L’article de Tariq Ramadan est, certes, intéressant sous plusieurs aspects, y compris, la critique du suivisme intellectuel de nos élites et de la faiblesse de nos États et régimes qui ont fait qu’avec tout le poids historico-symbolique nous ayons encore besoin de la France pour libérer le Nord du Mali. Mais je reste persuadé que François Hollande, sous le feu des critiques de la presse française et d’une certaine opinion, avait tellement à faire en politique intérieure qu’il se serait bien passé d’une guerre dans un contexte aussi morose. La réflexion de Tariq Ramadan serait plus complète et crédible s’il avait, avec la même vigueur, dénoncé le processus historique et les constructions idéologiques qui amenèrent Ansar Dine et ses membres à s’attaquer au patrimoine de Tombouctou.
Mais il n’a pas pu ni voulu dénoncer avec la même vigueur cet impérialisme idéologique des pays et organisations du monde arabe, qui, sous couvert, d’islamisation de l’Afrique, financent et appuient des mouvements et ONG remettant, aujourd’hui, en cause l’existence même de l’État malien. Et, on peut légitimement se demander, à qui le tour demain ?
Il faut garder présent à l’esprit que des mouvements comme Ansar Dine et leurs alliés d’AQMI ont pour but déclaré de réislamiser le Sahel africain comme si l’islam ne s’y était pas répandu depuis le Moyen Âge dans le cadre d’un long processus constructif et harmonieux attesté par toutes les sources historiques.
C’est cette croyance à une infériorité spirituelle du musulman africain qui est à la base de l’activisme de nombre d’ONG et de pays arabes au « secours » de l’« Afrique musulmane ». En d’autres termes, un impérialisme sur le lit d’un paternalisme d’un autre genre que Tariq Ramadan n’a pas voulu dénoncer. Peut-être même ne le perçoit-il pas, certainement emporté par les lieux communs de l’idéologie d’une « internationale musulmane », dont les adeptes africains sont aussi des inféodés d’un autre impérialisme.
L’infériorisation du nègre dans l’historiographie arabe
L’attaque au patrimoine de Tombouctou par des phalanges venues du nord du Sahara est un retour de l’Histoire. Elle s’inscrit dans la même logique que celle qui avait animé le sultan marocain Mansour Al-Dhahabi, en 1595, lorsqu’il mobilisa son armée pour, disait-il, islamiser le Songhaï alors que Tombouctou était le centre d’un bouillonnement intellectuel depuis le XIIe siècle. L’épisode qu’en a retenu l’historiographie arabe est encore plus sinistre et plus révélateur de l’état d’esprit d’infériorisation du nègre : les armées d’Al-Mansour capturèrent comme esclave l’un des plus grands oulémas de son temps, Ahmed Baba, déporté finalement à Marrakech. Mais, au-delà des faits, ce sont le discours et l’idéologie qui sont tout aussi « impérialistes » et réducteurs. En réalité, dans le subconscient arabe, au Maghreb comme au Machrek, il n’a jamais été considéré que l’Africain puisse être « bon » musulman. La perception « folklorique »qu’avaient donnée à l’islam « noir » certains commis coloniaux devenus « chercheurs » dans l’Afrique de l’entre-deux-guerres, perpétuée, ensuite, par des africanistes hexagonaux et certains de leurs disciples africains, a fortement déteint sur la manière qu’ont les Arabes musulmans de regarder leurs « frères » du sud du Sahara.
Mieux, l’image d’une Afrique « sans civilisation, terre de l’irréligion » (ad-dîn ‘indahum mafqûd) rejointe par les théories de la tabula rasa, véhiculée par Ibn Khaldoun (Muqaddima) et noircie par l’intellectuel syrien Mahmoud Shâkir, dans son Mawâtin shu’ûb al-islâmiyya, est restée intacte dans certains imaginaires. Ce dernier auteur, à titre d’exemple, présente le Sénégal, qu’il n’a peut-être jamais visité, comme un pays avec ses « sauvages et cannibales » dépourvu de toute pratique ou pensée islamique « respectables ».
Le massacre du patrimoine de Tombouctou par ces bandes armées financées par des pays et organisations arabes me conforte davantage dans l’idée que, derrière le bannissement systématique des pratiques religieuses des communautés originaires d’Afrique, il y avait le mépris d’une catégorie de musulmans qui n’auraient que le choix d’une posture mimétique s’ils voulaient rester « dans la communauté ». L’expression la plus parfaite de la négation de l’apport de l’Afrique à la civilisation islamique. On dirait revivre les pires moments de la théorie ayant orienté l’entreprise coloniale, dont Tariq Ramadan critique sélectivement les résidus. Mais il ne s’attaque pas à la substance de ce paternalisme arabe sous couvert d’islamisation qui veut arriver à bout des équilibres sociaux comme de l’harmonie longtemps louée des sociétés africaines musulmanes.
En fait, il est passé parmi les choses admises qu’il y a une éternelle mission islamisatrice dont les Arabes, cette minorité dominante du monde musulman, seraient naturellement investis. Le Qatar a son « croissant rouge », qui appuie Ansar Dine à Gao, et le Koweït son Agence des musulmans d’Afrique comme l’Arabie Saoudite pilote, par milles officines, la World Association of Muslim Youth (WAMY), généreuse donatrice de la célèbre mosquée de Goodge Street, à Londres, bastion du jihadisme européen.
Un islam « africain » plus « folklorique » ?
Cette croyance est tellement ancrée qu’elle marque l’attitude de mépris de la part des intellectuels du monde arabe vis-à-vis de l’islam africain et de sa production. J’en fus témoin irrité, c’est dans l’enceinte de la prestigieuse université de Californie, à Los Angeles, qu’un haut responsable de l’Union des organisations islamiques de France (UOIF), dont Tariq Ramadan est la star préférée, avait laissé entendre que l’islam « africain » était plus « folklorique » que « spirituel », répondant, ainsi, à un chercheur américain encore intéressé par l’enrichissante diversité de l’islam ! Le plus grave est que ce paternalisme arabe sur les musulmans de « seconde zone » que seraient éternellement les Africains se nourrit d’un vieil imaginaire savamment entretenu. C’est incroyablement, encore Ibn Khaldoun, pourtant esprit éclairé de son temps, qui les traitait de « wahshiyyûn » (sauvages) cannibales « ya’kulu ba’duhum ba’dan » ignorant toute notion de civilisation « tamaddun, hadâra ».
La pensée religieuse n’a pas été en reste lorsque dans la Risâla d’ibn Zayd al-Qayrawânî, faisant encore curieusement référence dans nos pays, il fut mentionné dans un esprit foncièrement esclavagiste qu’il était banni (yuharramu) de commercer avec les habitants du Bilâd Sûdân (pays des Noirs) qui sont des « impies » (kuffâr).
Comme aujourd’hui, l’Afrique subsaharienne d’alors devait être le dindon de la farce théologico-politique entre le kharijisme « banni » et un sunnisme dominant contrôlant les points d’eau sur les routes du commerce caravanier. Dans des relents de pure nostalgie Khalîl al-Nahwî pleure encore l’Afrique musulmane qui ne saurait avoir de personnalité propre que par les « profondes influences » de ce qu’il appelle la « civilisation arabo-musulmane »(Ifrîqiyya-l-Muslima ; Al-Huwiyya-d-dâ’i‘a ; L’Afrique musulmane, l’identité perdue).
L’avenir de l’Afrique subsaharienne
C’est cette vision qui accompagne l’entreprise de déstabilisation de l’Afrique de l’Ouest par la prédication d’une forme de religiosité née des contradictions ayant eu cours dans un monde arabe qui a longtemps valsé entre arabisme et islamisme pour en arriver à sa présente impasse. Je crois personnellement qu’il était mal venu de la part de Tariq Ramadan de vouloir transposer ses différends avec la France ou l’Occident qu’il dit « meurtri et mourant de ses doutes et des crises économiques, politiques et identitaires qui le traversent ». Soit.
Mais le véritable enjeu pour les pays africains, loin des idéologies importées et des modèles qu’on voudrait y plaquer, est une réflexion sur l’avenir des entités politiques aujourd’hui menacées par cet activisme dont ne parle point Tariq Ramadan.
Pouvait-il ignorer ce vieux projet de zone d’influence d’un islam wahhabite radical clairement identifiable aujourd’hui ? Cette ligne Érythrée-Khartoum encerclant l’Éthiopie « chrétienne », en passant par Ndjaména et traversant les actuelles provinces du Nord-Nigeria appliquant la « sharî‘a », le Niger et le Mali, sous effervescence islamiste, pour aboutir au Sénégal, seul pays d’Afrique noire ayant accueilli par deux fois le sommet de l’OCI et siège régional de la Ligue islamique mondiale entre autres ? Ou bien, dans la démarche ramadanienne, la critique et la dénonciation des complots et conspirations sont aussi sélectives ?
À moins qu’on accorde à Tariq Ramadan le bénéfice d’un doute sur sa connaissance des réalités subsahariennes !
Mais serait-ce même la seule raison si l’on sait que, sur cette question précise de l’intervention française au Mali, Tariq Ramadan adopte la même position que le chef spirituel et idéologue d’Ennahda, le tunisien Rachid Ghannouchi, le Premier ministre marocain Benkirane, le président égyptien issu des Frères musulmans Mohamed Morsi, rejoints plus tard par l’emblématique Yusuf Qaradâwî, le prédicateur sous les ordres du Qatar, qui a financé Mokhtar Belmokhtar le nouvel émir autoproclamé de l’Afrique subsaharienne ?
En tout état de cause, dans cette prise de position énigmatique de Ramadan, aussi bien l’occultation du paternalisme arabe savamment drapé du prétexte d’islamisation que la troublante coïnci-concordance avec les déclarations des leaders du panislamisme les plus en vue donnent le tournis aux plus optimistes quant à sa sincérité.
* Dr. Bakary Sambe est enseignant-chercheur au Centre d’études des religions (CER), UFR des Civilisations, Religions, Arts et Communication, université Gaston Berger, Saint-Louis du Sénégal.
Re: L'islam en Afrique
Salam aleykum,
D'après moi, je ne crois pas qu'il y est de débat à avoir la dessus.
Une bonne partie des arabes (des "pays arabes") sont racistes, que ce soit avec les berbères, les sub-sahariens ou encore les kurdes; c'est indéniable et c'est un fléau.
Alors que pour la plupart son issues de mélange entre la population locale et les arabes; il suffit de comparer un marocain à un yéménite ou un omanais à un égyptien; ou encore un libyen et un syrien pour se rendre compte qu'être arabe ne veut pas dire grand chose en dehors de la péninsule, qu'il n'existe pas de "peuple arabe" homogène.
Ensuite, on ne doit adorer que Dieu; et savoir qu'aucun homme, qui plus est mort ne peut exaucer nos invocations. Si ces mausolées ne sont que des lieux pour honorer des érudits, héros, etc comme on visite la tombe d'un membre de sa famille alors je ne vois pas où est le problème.
Mais si dans ces mausolées, les morts qui s'y trouvent sont littéralement prier par des gens qui espèrent que ceux ci intercéderont en leur faveur ou exauceront leurs voeux; alors il faut les fermer au public et faire un travail de sensibilisation auprès de ces populations, car c'est le devoir de tous musulmans, qu'il soit noir, blanc, jaune ou marron.
Je ne comprend pas trop le focus sur Tariq Ramadan dans cet article.
D'après moi, je ne crois pas qu'il y est de débat à avoir la dessus.
Une bonne partie des arabes (des "pays arabes") sont racistes, que ce soit avec les berbères, les sub-sahariens ou encore les kurdes; c'est indéniable et c'est un fléau.
Alors que pour la plupart son issues de mélange entre la population locale et les arabes; il suffit de comparer un marocain à un yéménite ou un omanais à un égyptien; ou encore un libyen et un syrien pour se rendre compte qu'être arabe ne veut pas dire grand chose en dehors de la péninsule, qu'il n'existe pas de "peuple arabe" homogène.
Ensuite, on ne doit adorer que Dieu; et savoir qu'aucun homme, qui plus est mort ne peut exaucer nos invocations. Si ces mausolées ne sont que des lieux pour honorer des érudits, héros, etc comme on visite la tombe d'un membre de sa famille alors je ne vois pas où est le problème.
Mais si dans ces mausolées, les morts qui s'y trouvent sont littéralement prier par des gens qui espèrent que ceux ci intercéderont en leur faveur ou exauceront leurs voeux; alors il faut les fermer au public et faire un travail de sensibilisation auprès de ces populations, car c'est le devoir de tous musulmans, qu'il soit noir, blanc, jaune ou marron.
Je ne comprend pas trop le focus sur Tariq Ramadan dans cet article.
Walid- Messages : 85
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Age : 31
Re: L'islam en Afrique
C'est parce que cet article réagit à ce billet de T.Ramadan : https://dialogueabraham.forum-pro.fr/t1470p30-islamistes-au-mali#35045Walid a écrit:Je ne comprend pas trop le focus sur Tariq Ramadan dans cet article.
C'est un peu sévère pour Ibn Khaldûn... Tout en n'échappant pas totalement aux a priori de son époque, c'est quand même le premier à tenter de sortir de l'idéologie raciale commune autour de lui (la malédiction de Sem, "à la mode" parmi les musulmans médiévaux) pour tenter de définir une vision s'appuyant sur des facteurs extérieurs : http://blogren.over-blog.com/article-l-esclavage-des-noirs-66644982.htmlYahia a écrit:il est un des grands principes de l'islam de bannir le racisme. Mais ce principe est souvent malmené consciemment ou non dans la pratique, et dévié par des a-priori culturels. Un des exemples les plus connus de ce regard détourné par les a-priori culturels ( et que l'on a également vu en chrétienté) se trouve chez Ibn Khaldûn
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Re: L'islam en Afrique
Oui concernant Ibn Khaldûn et tout autre auteur de l'époque, il faut faire attention de ne pas juger et d'avoir une vision anachronique du contexte (bien que Walid soulève un vrai problème persistent).
C'est la même chose pour Ibn Battûta lorsqu'il voyage au Soudan et l'on peut lire dans la progression de son périple, une évolution dans sa vision des choses.
Walid écrit:
"Alors que pour la plupart son issues de mélange entre la population locale et les arabes; il suffit de comparer un marocain à un yéménite ou un omanais à un égyptien; ou encore un libyen et un syrien pour se rendre compte qu'être arabe ne veut pas dire grand chose en dehors de la péninsule, qu'il n'existe pas de "peuple arabe" homogène."
C'est d'autant plus surprenant que la tradition islamique le dit explicitement qu'il y a des Arabes "arabisés" (ismaéliens) et de souche, sans parler des Arabes "mythiques" comme le peuple de Thamud. Donc même avant le développement de l'Islam hors de l'Arabie, ce "peuple arabe homogène" n'existe pas.
C'est la même chose pour Ibn Battûta lorsqu'il voyage au Soudan et l'on peut lire dans la progression de son périple, une évolution dans sa vision des choses.
Walid écrit:
"Alors que pour la plupart son issues de mélange entre la population locale et les arabes; il suffit de comparer un marocain à un yéménite ou un omanais à un égyptien; ou encore un libyen et un syrien pour se rendre compte qu'être arabe ne veut pas dire grand chose en dehors de la péninsule, qu'il n'existe pas de "peuple arabe" homogène."
C'est d'autant plus surprenant que la tradition islamique le dit explicitement qu'il y a des Arabes "arabisés" (ismaéliens) et de souche, sans parler des Arabes "mythiques" comme le peuple de Thamud. Donc même avant le développement de l'Islam hors de l'Arabie, ce "peuple arabe homogène" n'existe pas.
Doute-Pieux- Messages : 243
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Date d'inscription : 26/04/2012
Re: L'islam en Afrique
Auriez-vous une source plus précise ?Doute-Pieux a écrit:C'est la même chose pour Ibn Battûta lorsqu'il voyage au Soudan et l'on peut lire dans la progression de son périple, une évolution dans sa vision des choses
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Re: L'islam en Afrique
Je te comprends. J'espère cependant que tu ne m'en voudras pas de poster quelques articles qui me semblent liés au sujet ?Yahia a écrit:Ce débat doit rester purement interne à l'islam et je ne souhaite pas voir les autres croyants s'y immiscer dans un esprit polémique
http://www.lescahiersdelislam.fr/Un-ministre-Noir-Tunisien-Yes-we-can-No-we-don-t-want--Questionnement-identitaire-en-Tunisie-post-revolutionnaire_a192.html(...) Comptant une très faible présence de berbérophones, la Tunisie est sous le joug d’un discours d’une homogénéité sans faille le laissant apparaitre comme «le pays du Maghreb le plus homogène» (...) Pourtant, une pluralité d’appartenance côtoie la citoyenneté nationale, comme l’appartenance lignagère (...) Les médias ont nommé «rivalités tribales» les conflits meurtriers qui ont sévi dans le Sud tunisien dans les mois qui suivirent le 14 janvier 2011 : des groupes de parenté s’étaient imposés dans la région de Gafsa, alors légitimés par une venue antérieure aux autres et une distinction nomade-sédentaire. En fait, il s’agissait des conséquences d’affrontements socio-économique dus à des quotas d’embauche au sein de la CPG (...)
En contrepoint, la question de la «diversité» en Tunisie a toujours été politiquement utilisée : basée sur une pluralité antique et ancestrale, l’ancien régime annonçait une unité nationale. La reconnaissance d’une diversité historique apparaissait comme un gage de démocratie aux yeux du reste du monde (...)
De son côté, la question de la couleur de peau est restée un véritable tabou qui renvoie à l’histoire esclavagiste, et aujourd’hui à un groupe «marginalement intégré», une «minorité silencieuse» (...) C’est une sorte de différentiation sourde qui caractérise les relations Noirs/Blancs en Tunisie : «On a toujours ce regard de différentiation ; le noir est le second, c’est un citoyen second, devant la loi on est égaux mais les Tunisiens s’en fichent de la loi. Tous les Noirs ont bien compris ça. On a même adopté cette mentalité des Blancs, on a toujours vécu avec des Blancs, on était une minorité mais pas une communauté; on a commencé à voir le Noir avec leur yeux» [propos d'une tunisienne noire, créatrice d’un groupe Facebook dédié à la discrimination de couleur en Tunisie]
Parallèlement, cette différenciation de couleur de peau découle d’une distinction régionale, celle d’une survalorisation du Sahel (les régions côtières plus industrialisées et développées) au dépit des régions plus marginalisées du centre et du Sud : «Venir du Sud» apparait alors comme une origine péjorative, un stigmate repérable aux noms, à l’accent voire au faciès, à l’instar des critiques émises à l’encontre du nouveau président de la république Moncef Marzouki (élu le 13 décembre 2011) qui vient du Sud et à qui l’ont reproche sa teinte de peau «bronzée» (asmar). De plus, l’imaginaire national attribue aux Noirs une origine géographique située dans les régions Sud du pays, puisque tous sont assimilés à des descendants d’esclaves (traite transsaharienne). Ces régions détiennent bien une forte concentration de populations noires (à Arram, Gabès, Gbili, Djerba, etc.) mais tous ne proviennent pas de ces régions et tous ne sont pas issus du commerce esclavagiste. Dans les zones rurales, depuis les années 1970, les populations noires jusque là défavorisées rachètent des terres et brisent la relation de domination entretenue jusqu’alors avec les Blancs, parfois leur ancien maitre. L’«émancipation» s’effectue aussi par le biais des études et par l’émigration des années 1970 en Europe puis au Canada (...)
Ce questionnement sur l’appartenance africaine de la Tunisie est aussi lié au devenir du Maghreb comme terre d’immigration en provenance du Sud du Sahara donc à la présence concrète d’une immigration africaine qui en Tunisie endosse principalement la figure du cadre international (avec l’installation de la Banque Africaine de Développement à Tunis depuis 2003) et de l’étudiant en école privée. Ces présences africaines au statut social relativement aisé bouleversent la représentation tunisienne de l’ «Africain» jusque là accolée à la misère et au sous-développement (...)
...Si cet article n'a pour toi pas sa place ici, préviens-moi, je le déplacerai !
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Re: L'islam en Afrique
Ce n'est pas tant l'aspect racial inconscient qui m'intéresse, que la vision de l'histoire et de la sensibilité particulière du développement d'un islam au contact constant avec l'animisme, et fort influencé par les marabouts, de rites et une magie particulière , voire du syncrétisme, de la même manière semble-t-il que le christianisme dans la même région ?
Re: L'islam en Afrique
-Ren- a écrit:Auriez-vous une source plus précise ?Doute-Pieux a écrit:C'est la même chose pour Ibn Battûta lorsqu'il voyage au Soudan et l'on peut lire dans la progression de son périple, une évolution dans sa vision des choses
Bien-sûr ! J'ai une édition française des Voyages d'Ibn Battûta donc je pourrai vous citer notamment ces premières réactions puis une analyse plus nuancée sur ce qu'il a apprécié et regretté (notamment les femmes dénudées à la cour du roi).
Après cette édition n'est pas une simple traduction car la narration est faîte pour être comprise à un grand public donc peut-être que la chronologie n'est pas rigoureuse. De plus, il est connu que l'auteur prend des informations de ses prédécesseurs. Voilà pour nuancer mes propos.
Je vous apporte cela dès que possible, je suis en déplacement.
Bien à vous.
Doute-Pieux- Messages : 243
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Re: L'islam en Afrique
Merci d'avanceDoute-Pieux a écrit:Je vous apporte cela dès que possible, je suis en déplacement
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Re: L'islam en Afrique
-Ren- a écrit:Merci d'avanceDoute-Pieux a écrit:Je vous apporte cela dès que possible, je suis en déplacement
Me revoilà !
Ce qu'Ibn Battûta a trouvé de louable:
"Parmi les belles qualités de cette population, nous citerons les suivantes:
Le petit nombre d'actes d'injustice que l'on y observe; car les nègres sont de tous les peuples celui qui l'abhorre le plus. Leur sultan ne pardonne point à quiconque se rend coupable d'injustice.
La sûreté complète et générale dont on jouit dans tout le pays. Le voyageur, pas plus que l'homme sédentaire, n'a à craindre les brigands, ni les voleurs, ni les ravisseurs.
Les Noirs ne confisquent pas les biens des hommes blancs qui viennent à mourir dans leur contrée, quand même il s'agirait des trésors immenses. Ils les déposent au contraire, chez un homme de confiance d'entre les Blancs, jusqu'à ce que les ayants droit se présentent et en prennent possession.
Ils font exactement les prières; ils les célèbrent avec assiduité dans les réunions des fidèles, et frappent leurs enfants, s'ils manquent à ces obligations. Le vendredi, quiconque ne se rend point de bonne heure à la mosquée ne trouve pas une place pour prier, tant la foule est grande. Ils ont pour habitude d'envoyer leurs esclaves à la mosquée étendre leurs nattes qui servent pendant les prières, dans le lieu auquel a droit chacun d'eux, et en attendant que le maître s'y rende lui-même. Ces nattes sont faites avec les feuilles d'un arbre qui ressemble au palmier, mais qui ne porte pas de fruits.
Les nègres se couvrent de beaux habits blancs tous les vendredis. Si par hasard, l'un d'eux ne possède qu'une seule chemise, ou tunique usée, il la lave au moins, il la nettoie, et c'est avec elle qu'il assiste à la prière publique.
Ils ont un grand zèle pour apprendre par coeur le sublime Coran. Dans le cas où leurs enfants font preuve de négligence à cet égard, ils leur mettent des entraves aux pieds et ne les leur ôtent pas qu'ils ne le sachent réciter de mémoire. Le jour de la fête, étant entré chez le juge, et ayant vu ses enfants enchaînés, je lui dis: "Est-ce que tu ne les mettras pas en liberté ?" Il répondit: "Je ne le ferai que lorsqu'ils sauront pas coeur le Coran." Un autre jour, je passai devant un jeune nègre, beau de figure, revêtu d'habits superbes, et portant aux pieds une lourde chaîne. Je dis à la personne qui m'accompagnait: "Qu'a fait ce garçon ? A-t-il assassiné quelqu'un ?" Le jeune nègre entendit mon propos et se mit à rire. On me dit: "Il a été enchaîné uniquement pour le forcer à apprendre le Coran de mémoire.""
Doute-Pieux- Messages : 243
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Re: L'islam en Afrique
Ce qu'il a trouvé de blâmable:
"Les servantes, les femmes esclaves et les petites filles paraissent devant les hommes toutes nues, et avec les parties sexuelles à découvert. J'en ai vu beaucoup de cette manière pendant le mois de Ramadhân; car c'est l'usage chez les nègres que les commandants rompent le jeûne dans le palais du sultan, que chacun d'eux y fasse servir ses mets, qu'apportent ses femmes esclaves, au nombre de vingt ou plus, et qui sont entièrement nues.
Toutes les femmes qui entrent chez le souverain sont nues, et elles n'ont aucun voile sur leur visage; ses filles aussi vont toutes nues. La vingt-septième nuit du mois de Ramadhân, j'ai aperçu environ cent femmes esclaves qui sortaient du château du sultan, et elles étaient nues. Deux filles du souverain, douées d'une forte gorge, les accompagnaient, et elles n'avaient non plus aucun voile sur elles.
Les Noirs jettent de la poussière et des cendres sur leur tête pour montrer de l'éducation, et comme signe de respect.
Enfin, un bon nombre de nègres mangent des charognes, des chiens et des ânes."
Ibn Battûta, Voyages III (p.426-428) Éditions la Découverte.
"Les servantes, les femmes esclaves et les petites filles paraissent devant les hommes toutes nues, et avec les parties sexuelles à découvert. J'en ai vu beaucoup de cette manière pendant le mois de Ramadhân; car c'est l'usage chez les nègres que les commandants rompent le jeûne dans le palais du sultan, que chacun d'eux y fasse servir ses mets, qu'apportent ses femmes esclaves, au nombre de vingt ou plus, et qui sont entièrement nues.
Toutes les femmes qui entrent chez le souverain sont nues, et elles n'ont aucun voile sur leur visage; ses filles aussi vont toutes nues. La vingt-septième nuit du mois de Ramadhân, j'ai aperçu environ cent femmes esclaves qui sortaient du château du sultan, et elles étaient nues. Deux filles du souverain, douées d'une forte gorge, les accompagnaient, et elles n'avaient non plus aucun voile sur elles.
Les Noirs jettent de la poussière et des cendres sur leur tête pour montrer de l'éducation, et comme signe de respect.
Enfin, un bon nombre de nègres mangent des charognes, des chiens et des ânes."
Ibn Battûta, Voyages III (p.426-428) Éditions la Découverte.
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Re: L'islam en Afrique
C'est un plaisir !Doute-Pieux a écrit:Me revoilà !
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Re: L'islam en Afrique
Juste comme cà en passant.
http://www.lescahiersdelislam.fr/Tombouctou-Ces-manuscrits-qui-ne-racontent-pas-leur-histoire_a199.html
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Re: L'islam en Afrique
MerciYahia a écrit:Juste comme cà en passant
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Re: L'islam en Afrique
Soufisme Peul
Le Soufisme en pays Peul avec Salamatou Sow
Salamatou Sow, sociolinguiste, spécialiste de langue, culture et sociétés peules, est enseignant-chercheure à l'Université Abdou Moumouni de Niamey (Niger), et Membre-Associée du Département Langue-Culture-Environnement du LACITO (Laboratoire de Langues et Civilisations à Tradition Orale) du CNRS.
http://www.franceculture.fr/emission-les-racines-du-ciel-le-soufisme-en-pays-peul-avec-salamatou-sow-2013-06-30
Le Soufisme en pays Peul avec Salamatou Sow
Salamatou Sow, sociolinguiste, spécialiste de langue, culture et sociétés peules, est enseignant-chercheure à l'Université Abdou Moumouni de Niamey (Niger), et Membre-Associée du Département Langue-Culture-Environnement du LACITO (Laboratoire de Langues et Civilisations à Tradition Orale) du CNRS.
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