Re: Que choisir Allah,Dieu ou God

Jans Lun 8 Mai - 9:55

Pourquoi devoir choisir ? Il suffit que l'on s'accorde sur la définition : la Source intelligente et éternelle créatrice de tout, dont nous sommes les enfants (ou les émanations pour les néo-platoniciens), qui règne sur le visible et l'invisible. Les catholiques devraient être prudents en traitant certains de païens, quand on voit le culte des Rois Mages à Cologne (trois blancs jusqu'au XVè siècle, puis un est devenu noir !) ou la renommée de Chartres, fondée sur une relique curieuse : la robe que portait Marie le jour de l'Annonciation.... Vous avouerez, tout de même..

DenisLouis Lun 8 Mai - 10:45

Le Coran dit "appelez Allah ou appeler al Rahmân, traduit souvent par Le Tout Miséricordieux, à lui sont les noms les plus beaux", il semble que al Rahmân était un nom utilisé par les arabes. Rahmân signifie que tout, bon ou mauvais selon nous, procède de la miséricorde, c'est un point de vue universel, alors que rahîm traduit est traduit pas simplement "miséricordieux", une des idées, c'est que dans ce cas la miséricorde est conditionnée à l'observance de la loi (ou d'une loi divine ou même en poussant plus loin d'une loi morale) alors que le premier nom englobe tous ce qui existe, bon mauvais et même toute chose crée.
Il y a aussi une parole qui dit "rahîm pour ici-bas, rahmân pour l'au-delà". Pour la traduction il faut voir que le racine RHM est liée à l'idée de matrice, de maternité, d'où la traduction de Chouraqi qui fait un peu bizarre "le Matriciel", en fait on rejoint l'idée de la mère divine ou de matière primordiale sans condition ou distinction.
Mais on dit aussi et pas que chez les Juifs, que son véritable nom est soit inconnu, soit imprononçable (que ce soit une interdiction ou une constatation), il y a des litanies avec des milliers de noms dans l'hindouisme.
Soit on pense que le nom désigne le nommé, en admettant qu'il y a une correspondance réelle et non conventionnelle, mais alors on trouve les différences entre les langues ou les religions, qui ont des noms divers, et on se trouve dans les problèmes linguistiques, soit le nom correspond à la qualité visée dans son intention par celui qui prie ou qui pense, ou la qualité qui résulte de sa propre situation existencielle, de son état, de ses déficiences etc

DenisLouis Lun 8 Mai - 11:00

Pour ce qui est de l'islam il y a 99 noms, plus un, les listes ne sont pas identiques pour certains noms.
Il y a aussi les pronoms personnels, "Je", "Nous", "Lui" qui désignent des degrés spécifiques, par exemple "Lui" sera une désignation du Non-Etre (dans la mesure où on peut en parler) ou d'un point de vue "objectif", alors que "Je" peut désigner le dieu particulier d'une révélation, il y a aussi les noms qui sont déductibles des actions.
Par exemple "Al Latîf", اللطيف, le "ta" est emphatique, n'existe pas en français, traduit en autres par le Subtil, est fréquemment invoqué en cas de problèmes ou pour dénouer des noeuds psychiques ou dans le soufisme d'une manière technique. Cela signifie-t-il que cet aspect est absent dans le christianisme ? Je ne pense pas mais il n'est pas caractérisé par un nom particulier, plutôt déductible des actions ou des qualités de certains êtres ou représentable dans l'art, pour ceux qui croient à la présence divine dans les rites, il est présent d'une manière subtile, ce nom est aussi en rapport avec les djinns.
Dans l'islam comme dans le judaïsme il y a une valeur numérique attachée aux lettres et donc chaque nom divin a un nombre,
Allah = 66, selon une interprétation on peut le comprendre comme Adam (45) et (6) Eve (15).
Certains parlent de nominalisme, dans la mesure ou le nom est censé dans sa forme même représenter ce qu'il désigne, la pratique des mantras ou du dhikr repose sur cette idée, de même la récitation des textes sacrés, mais ni les mantras ni les "adhkârs", pluriel de dhikr, invocations, ne sont opératifs sans transmission ou permission, dans ce cas on les considère comme dangereux pour certains noms, soit comme de simples formules de bénédictions sans effets profonds.

DenisLouis Mar 9 Mai - 8:29

Pour ce qui est du nominalisme, le point 1 élimine cette possibilité, c'est tiré d'un livre de Chittick sur le soufisme et Ibn Arabi, c'est transcrit comme citation dans le livre d'Abdellah Penot sur "les Révélations de La Mecque" :
"Que sont les Noms de Dieu ? Plusieurs points méritent d'être clarifiés :
1. Les Noms sont distincts des mots que nous employons pour les désigner.
2.Les Noms sont des relations (ou des liens entre nous et Dieu), non des entités ou des choses existantes en propre.
3.Chaque Nom se réfère à la fois à l'Essence et à un sens spécifique qui lui est propre.
4.Le sens spécifique d'un Nom peut être appelé sa "réalité" ou sa "racine".
5.La réalité du Nom détermine les "effets" ou les "propriétés" des Noms au sein du cosmos"

Donc et là je me souviens d'une phrase d'Ibn Arabi les noms du langage ordinaire sont les noms des Noms. Chaque nom peut désigner la fois la réalité suprême, mais a aussi un sens spécifique, là on peut probablement inclure toutes les désignations de Dieu dans les différentes religions, dans chaque religion il y a des résonances, une chambre d'échos, particulières, liées à telle ou telle révélation, des mots appartenant à une certaine langue, et, à l'intérieur de chaque révélation/religion, les différents noms désignent à la fois un caractère divin particulier et Dieu lui même en tant que Principe unique, si je dis "Sauveur", je mets en évidence ce qui relève de l'éloignement d'un danger, si je dis "Savant" je mets en évidence ce qui relève de la science etc, mais à chaque fois j'absolutise mon point de vue, je vise l'Absolu ou je réduis l'Absolu à cette qualité spécifique.

Spin Mar 9 Mai - 12:10

"Le nom qu'on lui donne [au Tao] n'est pas son vrai nom". Autre traduction : "Les noms peuvent être dits, mais pas le Nom Éternel". (Lao Tseu ou Laozi, 1).

DenisLouis Mar 9 Mai - 14:30

Toute coagulation formelle est un nom en quelque sorte, que ce soit une statue ou même un mouvement/rite répertorié, bien que le nom soit surtout associé à une forme sonore, ce n'est pas le cas de l'écriture chinoise, qui, même si elle est associée à un langage vocal (variable selon les régions) a une logique propre, indépendante du son, donc appeler Dieu dans ce cas c'est écrire ou dessiner une forme ou contempler/lire cette forme, qui est souvent une alliance d'écriture et de peinture et à l'intérieur c'est un jeu entre le plein et le vide (l'absence qui peut suggérer ce qui ne peut être montré).

**Idriss** Mar 9 Mai - 20:53

Spin a écrit:"Le nom qu'on lui donne [au Tao] n'est pas son vrai nom". Autre traduction : "Les noms peuvent être dits, mais pas le Nom Éternel". (Lao Tseu ou Laozi, 1).

https://dialogueabraham.forum-pro.fr/t2661-theologie-negative#55304

**-Ren-** Mer 10 Mai - 14:12

DenisLouis a écrit:il semble que al Rahmân était un nom utilisé par les arabes

Tout comme ar-Rahim ; les sources historiques nous montrent que les dénominations de la basmallah islamique étaient utilisées en Arabie pré-islamique, l'une au Nord (Allah), l'autre au Sud (cf https://dialogueabraham.forum-pro.fr/t2892-origine-geographique-du-coran#62306 ), le Coran opérant l'union des deux pratiques (...ce qui a mes yeux a toujours été un argument de poids face aux révisionnistes niant l'idée de la naissance de l'islam à La Mecque)

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