Lettre au père Noel.
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Lettre au père Noel.
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MAIS le père Noël s'appelait Laurette
MAIS le père Noël s'appelait Laurette
- Spoiler:
CHRONIQUE / Jean-Louis Blouin avait 10 ans, il en avait assez d’avoir une orange pour Noël, quand il avait une orange.
Il a écrit au père Noël.
Du village de Saint-Louis-de-Blandford où il habitait avec ses neuf frères et sœurs, il est tombé sur une page du Soleil, où on invitait les enfants à envoyer une lettre pour demander ce qu’ils souhaitaient. Le 14 décembre 1942, Jean-Louis a pris un crayon de plomb et une petite feuille de papier ligné
«Bon père Noël,
J’ai trouver un morceau de gazette du Soleil et vous étiez dessus, maman a dit que vous étiez à Québec et que vous allez rien que dans les grande ville. Pourquoi que vous pas icitte aussi nous donner du bonbon? On a jamais rien nous autres à Noël et on des bon petit enfant pourtant. Mais on é pauvre. Pourquoi que vous allé juste sus le monde riche, ces pas note faute si on é pauvre. Je prie bien le petit Jésus pour qui vous dise de venir. Si vous êtes pas capable de venir envoyez nous vos servants. On est 10 enfants, je m’appelle Jean-Louis Blouin, j’ai 10 ans.
Bonsoir bon père Noël pensez à nous autres»
Vous savez quoi?
Le père Noël a répondu.
Plus que ça, il a envoyé au bureau de poste de Princeville une grosse boîte avec des bonbons et des jouets dedans.
Jean-Louis a tout de suite repris son crayon de plomb, du papier pas ligné, pour lui dire merci. «Cher bon père Noël, je suis assez content des bel affaire que vous nous avez envoier que je sais pas comment vous dire ça pour vous dire gros des fois merci.»
Sa mère Bertha lui a écrit aussi. «Vous auriez dû voir Jean-Louis, et les autres aussi, comment il était content, il sautait de joie de voir toutes ces belles choses. [...] Ils priaient bien à tous les ans, mais que voulez-vous, on ne pouvait rien leur donner à ces pauvres petits.»
Sans aucun doute, le père Noël existait.
Ces lettres sont parvenues jusqu’à moi grâce à la fille de Jean-Louis, Nancy, qui les a conservées précieusement. Je l’ai rencontrée dans un café à Montréal, elle m’a parlé de cette magnifique histoire.
Et elle ne s’arrête pas là. L’année suivante, Jean-Louis a repris son crayon de plomb, il a réécrit au père Noël pour qu’il ne les oublie pas. «Père Noël, c’est votre petit Jean-Louis qui vous écrit cette année encore...»
Une autre boîte est arrivée.
Jean-Louis en a reçu une aussi pour sa fête, avec des crayons et du matériel scolaire. Sa mère en a reçu une avec une nappe et des vêtements. Une des sœurs de Jean-Louis a même pu aller à l’école.
Pendant plus de 10 ans, le père Noël du Soleil n’a pas raté un Noël ni une fête, il est devenu le confident de Bertha, qui lui racontait la maladie de son mari, la pauvreté, presque l’indigence. Elle le remerciait de lui envoyer du «gruau, de la farine, des biscuits thé et tout le reste.»
Avec, toujours, une promesse de prières.
Le père Noël répondait toujours, avec une calligraphie soignée. Le 13 juillet 1952, il a envoyé une carte postale du Banff Springs Hotel. «Voilà où le père Noël est en vacances. Je suis encore au Canada, mais vers l’Océan Pacifique. [...] Regarde les jolies montagnes derrière, il y a de la neige éternelle.»
Puis, un jour de décembre 1952, le père Noël a révélé un secret à Jean-Louis. «Cette année, je vais te dire que je ne suis pas un homme mais une dame, ou une maman si tu aimes mieux, qui aime beaucoup les petits enfants qui sont bons pour leurs parents. Le secret de la lettre est celui-ci. Mon papa travaille au journal Le Soleil et c’est par lui que j’ai reçu ta première lettre il y a de ça 10 ans. Te souviens-tu?»
Elle a signé, comme toujours, «père Noël».
À Bertha, elle avait déjà révélé qui elle était. Fille d’un typographe du Soleil, Laurette Dulac était mariée à un chapelier de la rue Saint-Jean.
Laurette s’est dévoilée de plus en plus, elle lui a donné son adresse, s’est présentée à la maison de Bertha et d’Ovila. Elle a pris des photos, Nancy me les a montrées. «Elle est venue visiter la famille, mais il n’y avait pas d’adulte ce jour-là. Elle a pris des photos des enfants, elle est repartie.»
Jean-Louis n’a jamais revu Laurette, ils se sont écrit des lettres jusqu’en 1956, il avait déménagé à Montréal pour travailler.
Il était presseur dans une manufacture de nylon.
Laurette n’a pas eu d’enfants, elle a conservé toute sa vie les lettres de Jean-Louis et de Bertha. «Ma grand-mère a gardé ses lettres, Laurette avait celles de l’autre côté, alias “père Noël Soleil”. Elle les a remises à une femme avant de mourir, à la dernière résidence où elle habitait. C’est cette femme-là qui me les a remises, elle m’a dit “elle vous a attendue longtemps, elle aurait tellement aimé vous raconter”...»
Nancy regrette de ne pas l’avoir rencontrée de son vivant.
Elle aurait eu tellement de questions à poser, sur l’époque, sur sa vie. «D’un côté il y a ma grand-mère qui élève ses 10 enfants, de l’autre côté il y a cette femme de la ville, chapelière. Deux femmes qui vivent dans une période difficile, la guerre et l’après-guerre. Laurette n’était pas nécessairement riche, mais elle a voulu aider.»
Deux vies qui se sont croisées. «Ce sont deux femmes que rien n’unissait, qui venaient de milieux complètement différents.»
Tout ça grâce à un morceau de gazette.
Et un p’tit gars qui voulait des bonbons.
indian- Messages : 2844
Réputation : 1
Date d'inscription : 10/10/2014
Re: Lettre au père Noel.
MERCI 'TIT FRÈRE DE FOI.
Incognito- Messages : 145
Réputation : 0
Date d'inscription : 20/05/2018
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