Croyance
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Croyance
Un entretien passionnant avec Jean-Claude Carrière, ce matin sur France Culture:
http://www.franceculture.fr/emissions/les-racines-du-ciel/grands-temoins-jean-claude-carriere-0
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Re: Croyance
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...Merci d'avoir lancé le sujet ! A vos claviers maintenant
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Re: Croyance
Je vois que personne n'accroche à ce thème, alors voici un texte que j'ai pondu il y a quelque temps déjà:
Croyance et foi
Le savoir diffère de la croyance en ce qu'il est ouvert, la réponse à une question fait surgir mille autres questions. La croyance est fermée, le croyant interdit qu'on mette le dogme en questions et à la limite, c'est lui qui vous soumet à la question (Allez voir sous l'inquisition). S'il accepte, parce qu'il est bon bougre, il a réponse à tout. Poussé dans ses retranchements, il invoque le mystère.
Le croyant est psychologiquement fragile, il a besoin d'être conforté dans sa croyance en faisant des adeptes. Il est fermé à l'épreuve du réel et l'interprète à sa façon. Il a peur et en quelque sorte il est ligoté par sa peur. A l'opposé, le non croyant est ouvert à l'épreuve du réel, mais de ce fait c' est aussi un croyant: il croît au réel. Lui aussi a peur, longtemps il s'est accroché à l'idée que les atomes sont les particules ultimes de la matière. Ça rassure de croire que quelque chose de solide existe de toute éternité. On sait ce qu'il en est de cette solidité. Maintenant on s'accroche à la notion de réalité. Mais même dans les milieux scientifiques cette notion de réel est très controversée. Bernard d'Espagnat a écrit un livre intitulé "à la recherche du réel". La seule chose que je sache, c'est qu'il existe entre mes perceptions, des relations pourvues d'une certaine cohérence et d'une certaine durée. De là, j'infère qu'une réalité les sous-tend, mais ce n'est en aucune façon une certitude, c'est un credo. Et ce credo me rassure, il répond à un besoin psychologique. Je n'en ai en aucune façon une nécessité logique. Je crois au réel parce que j'ai peur d'être seul. En ce sens, la croyance diffère de la foi.
La croyance est le refuge de ceux qui n'ont pas la foi. La foi est en effet pour moi, affaire de confiance, profonde, totale en la vie. La croyance a toujours un objet, la foi n'en a pas, elle vient de l'intérieur. Vous me direz que la croyance aussi vient de l'intérieur. Oui, mais elle a un objet qui vient de l'inconscient. Dieu, par exemple, est le substitut du père, c'est une réponse à l'angoisse de la solitude, du vide laissé par le père disparu (réellement ou symboliquement). La croyance vient pour combler un vide, un attachement à l'enfance. La foi par contre accepte la solitude, mais elle émane d'une grande puissance de vie et elle emplit la solitude. C'est en quelque sorte, le plein dans le vide. Là où il y a foi, il y a absence de peur.
Le réel est ce qui reste quand on a laissé derrière soi toute croyance.
Nous venons de voir que la croyance et la foi diffèrent, l'une est une réponse à la peur, l'autre une curiosité insatiable, un appétit de vivre. Mais paradoxalement, elles diffèrent et pourtant elles sont de même nature. La foi est aussi une croyance mais une croyance à l'état pur, une croyance sans objet. La croyance serait en quelque sorte un point qui se déplace entre la superstition et la foi. La croyance et la foi diffèrent en ce qu'elles sont séparées comme deux points, qui sont de même nature, mais qui diffèrent parce qu'ils sont distants l'un de l'autre. Comme un point sur une droite, la foi serait une croyance à l'infini c'est-à-dire une croyance en rien ou une croyance en tout, comme on voudra, selon qu'on est pessimiste ou optimiste.
Pour prendre une autre image, les croyances sont comme des îles. Je suis libre de passer d'une île à une autre encore faut-il que je sache nager et que je sois assez résistant pour tenir la distance. Si c'est le cas, je concrétiserai ma liberté, sinon je resterai sur l'île. Nous sommes le plus souvent plusieurs sur une île. Un jour l'un d'entre nous s'exclame: "et s'il y avait d'autres îles par delà l'horizon?"Beaucoup répondront "mais non, il n'y a qu'une île, la nôtre!"parce qu'ils sont peureux ou faibles. D'autres diront "peut-être"et partiront. Ceux qui sont partis, à force d'aller d'île en île, prendront des forces, de la technique, de la confiance et un jour, ils n'auront plus envie d'une île, ils prendront leur plaisir à nager, ils seront libres, comme des dauphins. Ceci dit, ceux qui restent sur l'île peuvent l'embellir, ( les cathédrales, les livres, les symphonies, les peintures d'inspiration religieuse) et peut être sans le vouloir, en inciter d'autres à chercher de nouvelles îles. De ce fait, je respecte ceux qui pensent qu'il n'y a pas d'autre île que la leur, parce que je respecte leur peur ou leur faiblesse. La question est, pourquoi mettent-ils tant d'énergie à ne pas voir leur faiblesse. Où trouvent-ils assez de force pour tuer ceux qui ne pensent pas comme eux ?
Cet attachement à quelque chose de solide est dénoncé par Alan Watts, dans son livre « Etre Dieu »: La croyance en un Christ objectif et définitif, sur lequel on peut s'appuyer est l'antithèse de la foi: c'est une attitude rigide, ni confiante ni souple. La piété chrétienne abonde d'ailleurs en images de rigidité:
« Le Christ est fondation sûre, Le Christ est pierre d'angle » ou comme le dit Samuel Johnson: « En vain, le choc coléreux de la vague, en vain l'envahissement du sable, intangible sur son roc éternel, se dresse la cité éternelle » ou encore Luther « Notre Dieu est forteresse puissante, un rempart qui jamais ne cède. »
Croyance et foi
Le savoir diffère de la croyance en ce qu'il est ouvert, la réponse à une question fait surgir mille autres questions. La croyance est fermée, le croyant interdit qu'on mette le dogme en questions et à la limite, c'est lui qui vous soumet à la question (Allez voir sous l'inquisition). S'il accepte, parce qu'il est bon bougre, il a réponse à tout. Poussé dans ses retranchements, il invoque le mystère.
Le croyant est psychologiquement fragile, il a besoin d'être conforté dans sa croyance en faisant des adeptes. Il est fermé à l'épreuve du réel et l'interprète à sa façon. Il a peur et en quelque sorte il est ligoté par sa peur. A l'opposé, le non croyant est ouvert à l'épreuve du réel, mais de ce fait c' est aussi un croyant: il croît au réel. Lui aussi a peur, longtemps il s'est accroché à l'idée que les atomes sont les particules ultimes de la matière. Ça rassure de croire que quelque chose de solide existe de toute éternité. On sait ce qu'il en est de cette solidité. Maintenant on s'accroche à la notion de réalité. Mais même dans les milieux scientifiques cette notion de réel est très controversée. Bernard d'Espagnat a écrit un livre intitulé "à la recherche du réel". La seule chose que je sache, c'est qu'il existe entre mes perceptions, des relations pourvues d'une certaine cohérence et d'une certaine durée. De là, j'infère qu'une réalité les sous-tend, mais ce n'est en aucune façon une certitude, c'est un credo. Et ce credo me rassure, il répond à un besoin psychologique. Je n'en ai en aucune façon une nécessité logique. Je crois au réel parce que j'ai peur d'être seul. En ce sens, la croyance diffère de la foi.
La croyance est le refuge de ceux qui n'ont pas la foi. La foi est en effet pour moi, affaire de confiance, profonde, totale en la vie. La croyance a toujours un objet, la foi n'en a pas, elle vient de l'intérieur. Vous me direz que la croyance aussi vient de l'intérieur. Oui, mais elle a un objet qui vient de l'inconscient. Dieu, par exemple, est le substitut du père, c'est une réponse à l'angoisse de la solitude, du vide laissé par le père disparu (réellement ou symboliquement). La croyance vient pour combler un vide, un attachement à l'enfance. La foi par contre accepte la solitude, mais elle émane d'une grande puissance de vie et elle emplit la solitude. C'est en quelque sorte, le plein dans le vide. Là où il y a foi, il y a absence de peur.
Le réel est ce qui reste quand on a laissé derrière soi toute croyance.
Nous venons de voir que la croyance et la foi diffèrent, l'une est une réponse à la peur, l'autre une curiosité insatiable, un appétit de vivre. Mais paradoxalement, elles diffèrent et pourtant elles sont de même nature. La foi est aussi une croyance mais une croyance à l'état pur, une croyance sans objet. La croyance serait en quelque sorte un point qui se déplace entre la superstition et la foi. La croyance et la foi diffèrent en ce qu'elles sont séparées comme deux points, qui sont de même nature, mais qui diffèrent parce qu'ils sont distants l'un de l'autre. Comme un point sur une droite, la foi serait une croyance à l'infini c'est-à-dire une croyance en rien ou une croyance en tout, comme on voudra, selon qu'on est pessimiste ou optimiste.
Pour prendre une autre image, les croyances sont comme des îles. Je suis libre de passer d'une île à une autre encore faut-il que je sache nager et que je sois assez résistant pour tenir la distance. Si c'est le cas, je concrétiserai ma liberté, sinon je resterai sur l'île. Nous sommes le plus souvent plusieurs sur une île. Un jour l'un d'entre nous s'exclame: "et s'il y avait d'autres îles par delà l'horizon?"Beaucoup répondront "mais non, il n'y a qu'une île, la nôtre!"parce qu'ils sont peureux ou faibles. D'autres diront "peut-être"et partiront. Ceux qui sont partis, à force d'aller d'île en île, prendront des forces, de la technique, de la confiance et un jour, ils n'auront plus envie d'une île, ils prendront leur plaisir à nager, ils seront libres, comme des dauphins. Ceci dit, ceux qui restent sur l'île peuvent l'embellir, ( les cathédrales, les livres, les symphonies, les peintures d'inspiration religieuse) et peut être sans le vouloir, en inciter d'autres à chercher de nouvelles îles. De ce fait, je respecte ceux qui pensent qu'il n'y a pas d'autre île que la leur, parce que je respecte leur peur ou leur faiblesse. La question est, pourquoi mettent-ils tant d'énergie à ne pas voir leur faiblesse. Où trouvent-ils assez de force pour tuer ceux qui ne pensent pas comme eux ?
Cet attachement à quelque chose de solide est dénoncé par Alan Watts, dans son livre « Etre Dieu »: La croyance en un Christ objectif et définitif, sur lequel on peut s'appuyer est l'antithèse de la foi: c'est une attitude rigide, ni confiante ni souple. La piété chrétienne abonde d'ailleurs en images de rigidité:
« Le Christ est fondation sûre, Le Christ est pierre d'angle » ou comme le dit Samuel Johnson: « En vain, le choc coléreux de la vague, en vain l'envahissement du sable, intangible sur son roc éternel, se dresse la cité éternelle » ou encore Luther « Notre Dieu est forteresse puissante, un rempart qui jamais ne cède. »
gad- Messages : 993
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Re: Croyance
C'est là qu'est peut-être votre illusion : vous croyez en effet connaître ce qui est " réel ".gad a écrit:Le réel est ce qui reste quand on a laissé derrière soi toute croyance.
Mais pour poser cette affirmation qui vous paraît élémentaire - vous devez passer rapidement sur quelques a priori ou postulats tout à fait dicutables.
Et vous pouvez chercher à les connaître ou non ... au gré de votre désir d'approfondir ou non votre conviction.
C'est précisément sur ce point que je vous questionne dans le sujet suivant que j'avais ouvert à votre destination :
https://dialogueabraham.forum-pro.fr/t2849-qu-est-ce-qui-est-reel
La question qui vous est posée par Platon - à 2400 ans de distance (!) - pourrait être celle-ci : « Qu'est-ce qui vous permet de présumer que vous avez un accès direct, immédiat au « réel » - à la différence de ces hommes enchaînés qui ne voient que des ombres projetées sur le fond de la caverne ? »
Roque- Messages : 5064
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Date d'inscription : 15/02/2011
Age : 79
Localisation : Paris
Re: Croyance
Ben non, je ne connais rien du réel, ou peu de chose, puisque je n'ai pas encore laissé derrière moi toute croyance. La seule réalité que je connaisse, mal d'ailleurs, c'est moi-même.
gad- Messages : 993
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Date d'inscription : 26/12/2015
Age : 88
Localisation : L'univers
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