Comité de Vigilance contre les Usages publics de l'Histoire
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Comité de Vigilance contre les Usages publics de l'Histoire
Il serait temps de les présenter
Article Wiki : http://fr.wikipedia.org/wiki/Comit%C3%A9_de_vigilance_face_aux_usages_publics_de_l'histoire
http://cvuh.blogspot.fr/p/vie-de-lassociation.htmlLe CVUH est né en réaction au vote de la loi du 23 février 2005 dont l'article 4 insistait sur les "effets positifs de la colonisation" et en prescrivait l'enseignement. Réunissant enseignants du supérieur, du secondaire, et des citoyens, les membres de l'association souhaitent exercer leur vigilance et porter un regard critique sur les usages et mésusages publics de l'histoire
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Re: Comité de Vigilance contre les Usages publics de l'Histoire
Leur Manifeste (datant de 2005) :
http://cvuh.blogspot.fr/2007/02/manifeste-du-comite-de-vigilance-face.htmlEn tant que chercheurs et enseignants en histoire, notre rôle principal consiste à élaborer et à transmettre des connaissances rigoureuses sur le passé. Celles-ci résultent d’une analyse critique des sources disponibles, et répondent à des questions qui ont pour but de mieux comprendre les phénomènes historiques et non pas de les juger. Mais les historiens ne vivent pas dans une tour d’ivoire. Depuis le XIXe siècle, le contexte politique et social a joué un rôle essentiel dans le renouvellement de leurs objets d’étude. Les luttes ouvrières, le mouvement féministe, la mobilisation collective contre le racisme, l’antisémitisme et la colonisation, ont incité certains d’entre eux à s’intéresser aux « exclus » de l’histoire officielle, même si la France est restée à la traîne de ces mutations.
Il y a donc un rapport étroit entre la recherche historique et la mémoire collective, mais ces deux façons d’appréhender le passé ne peuvent pas être confondues. S’il est normal que les acteurs de la vie publique soient enclins à puiser dans l’histoire des arguments pour justifier leurs causes ou leurs intérêts, en tant qu’enseignants-chercheurs nous ne pouvons pas admettre l’instrumentalisation du passé. Nous devons nous efforcer de mettre à la disposition de tous les connaissances et les questionnements susceptibles de favoriser une meilleure compréhension de l’histoire, de manière à nourrir l’esprit critique des citoyens, tout en leur fournissant des éléments qui leur permettront d’enrichir leur propre jugement politique, au lieu de parler à leur place.
Les enjeux de mémoire aujourd’hui
Les tentatives visant à mettre l’histoire au service de la politique ont été nombreuses depuis un siècle. Le nationalisme et le stalinisme ont montré que lorsque les historiens et, au-delà, l’ensemble des intellectuels renonçaient à défendre l’autonomie de la pensée critique, les conséquences ne pouvaient être que désastreuses pour la démocratie. Au cours de la période récente, les manipulations du passé se sont multipliées. Les « négationnistes », ces « assassins de la mémoire » (Pierre Vidal Naquet), ont cherché à travestir l’histoire de la Shoah pour servir les thèses de l’extrême droite. Aujourd’hui, l’enjeu principal concerne la question coloniale. Dans plusieurs communes du sud de la France, on a vu apparaître des stèles et des plaques célébrant des activistes de l’OAS qui ont pourtant été condamnés par la justice pour leurs activités anti-républicaines. Tout récemment, le gouvernement n’a pas hésité à adopter une loi (23 février 2005) exigeant des enseignants qu’ils insistent sur « le rôle positif » de la colonisation.
Cette loi est non seulement inquiétante parce qu’elle est sous-tendue par une vision conservatrice du passé colonial, mais aussi parce qu’elle traduit le profond mépris du pouvoir à l’égard des peuples colonisés et du travail des historiens. Cette loi reflète une tendance beaucoup plus générale. L’intervention croissance du pouvoir politique et des médias dans des questions d’ordre historique tend à imposer des jugements de valeur au détriment de l’analyse critique des phénomènes. Les polémiques sur la mémoire se multiplient et prennent un tour de plus en plus malsain. Certains n’hésitent pas à établir des palmarès macabres, visant à hiérarchiser les victimes des atrocités de l’histoire, voire à opposer les victimes entre elles. On voit même des militants, soucieux de combattre les injustices et les inégalités de la France actuelle, se placer sur le terrain de leurs adversaires, en confondant les polémiques sur le passé et les luttes sociales d’aujourd’hui. Présenter les laissés pour compte de la société capitaliste actuelle comme des « indigènes de la République », c’est raisonner sur le présent avec les catégories d’hier, c’est se laisser piéger par ceux qui ont intérêt à occulter les problèmes fondamentaux de la société française, en les réduisant à des enjeux de mémoire.
Il existe beaucoup d’autres domaines où les historiens sont confrontés à ces logiques partisanes. La multiplication des « lieux de mémoire » dénonçant les « horreurs de la guerre » ou célébrant « la culture d’entreprise » tend à imposer une vision consensuelle de l’histoire, qui occulte les conflits, la domination, les révoltes et les résistances. Les débats d’actualité ignorent les acquis de la recherche historique et se contentent, le plus souvent, d’opposer un « passé » paré de toutes les vertus, à un présent inquiétant et menaçant : « Autrefois, les immigrés respectaient « nos » traditions car ils voulaient « s’intégrer ». Aujourd’hui, ils nous menacent et vivent repliés dans leurs communautés. Autrefois, les ouvriers luttaient pour de bonnes raisons, aujourd’hui ils ne pensent qu’à défendre des intérêts « corporatistes », encouragés par des intellectuels « populistes » et irresponsables »
Nous en avons assez d’être constamment sommés de dresser des bilans sur les aspects « positifs » ou « négatifs » de l’histoire. Nous refusons d’être utilisés afin d’arbitrer les polémiques sur les « vraies » victimes des atrocités du passé. Ces discours ne tiennent compte ni de la complexité des processus historiques, ni du rôle réel qu’ont joué les acteurs, ni des enjeux de pouvoir du moment. Au bout du compte, les citoyens qui s’interrogent sur des problèmes qui les ont parfois (eux ou leur famille) directement affectés, sont privés des outils qui leur permettraient de les comprendre.
La nécessité de l’action collective
Il est vrai qu’un certain nombre d’entre nous ont tiré depuis longtemps la sonnette d’alarme dans des livres ou des articles de presse. Mais ces réactions individuelles sont aujourd’hui insuffisantes. L’information-spectacle et l’obsession de l’audimat poussent constamment à la surenchère, valorisant les provocateurs et les amuseurs publics, au détriment des historiens qui ont réalisé des recherches approfondies, prenant en compte la complexité du réel. Pour résister efficacement à ces entreprises, il faut donc agir collectivement. C’est pourquoi nous appelons tous ceux qui refusent que l’histoire soit livrée en pâture aux entrepreneurs de mémoire à rejoindre notre Comité de vigilance. Deux domaines de réflexion et d’action nous semblent prioritaires :
1. L’enseignement de l’histoire. Le débat actuel sur l’histoire coloniale illustre un malaise beaucoup plus général concernant l’enseignement de notre discipline, et l’énorme décalage qui existe entre les avancées de la recherche et le contenu des programmes. Il faudrait commencer par établir un état des lieux, pour réduire le fossé entre recherche et enseignement, réfléchir à une élaboration plus démocratique et transparente des programmes, pour que les différents courants de la recherche historique soient traités de façon équitable.
2. Les usages de l’histoire dans l’espace public. Il va de soi que notre rôle n’est pas de régenter la mémoire, Nous ne nous considérons pas comme des experts qui détiendraient la Vérité sur le passé. Notre but est simplement de faire en sorte que les connaissances et les questionnements que nous produisons soient mis à la disposition de tous. Pour cela il faut ouvrir une vaste réflexion sur les usages publics de l’histoire, et proposer des solutions qui permettront de résister plus efficacement aux tentatives d’instrumentalisation du passé.
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Re: Comité de Vigilance contre les Usages publics de l'Histoire
Tribune de l'Association des Professeur d'Histoire-Géographie suite aux propos de F.Fillon sur l'enseignement de l'Histoire :
http://www.francetvinfo.fr/politique/les-republicains/primaire-de-la-droite/tribune-non-a-l-instrumentalisation-de-l-histoirepar-les-politiques-l-association-des-professeurs-d-histoire-geo-replique-a-francois-fillon_1938327.htmlEtrangement, à chaque campagne électorale, des candidats se penchent avec une dérangeante et inopportune sollicitude sur l'enseignement de l'histoire : programmes, méthodes pédagogiques font l'objet de déclarations à l'emporte-pièce, d'affirmations péremptoires, de références à un passé qui n'est plus d'actualité... d'autant plus malvenues que ces nouveaux procureurs n'ont la plupart du temps jamais lu les programmes (...)
Cette méconnaissance profonde des questions enseignées, cette défiance permanente à l'égard de tous les professeurs d'histoire-géographie, ignorent purement et simplement leur investissement auprès des élèves, le travail quotidien, les projets menés pour faire de nos disciplines une des clefs de la compréhension du monde. Former des citoyens nous oblige à l'objectivité et au développement du sens critique. C'est le premier rempart face aux prosélytismes de tous bords et aux entreprises de destruction d'une nation fondée sur la diversité, les principes qui nous rassemblent et l'adhésion à un projet commun (...)
La France, ses territoires, ses populations, ses régimes successifs, sont une construction progressive, un emboîtement de processus politiques, sociaux, économiques. Pas une création ex nihilo.
Enseigner son histoire, c'est toujours la relier au contexte général de chaque période, aux grands mouvements qui dépassent le seul cadre français. La France a certes une histoire, mais elle n'est pas un isolat. Nous avons à transmettre des savoirs structurés et clairs, afin de permettre à nos élèves de tous âges de se repérer dans le temps et l'espace, de comprendre les liens entre passé et présent (...)
On enseigne une histoire "vraie", c'est-à-dire celle qui s'appuie sur les sources. Pas une histoire qui relèverait de l'invention ou du roman. Si récit il doit y avoir, il ne peut être que celui qui prend en compte tous les acteurs de cette histoire, et tous ses aspects, les moments où la France est du côté du progrès comme ceux où elle vit des heures sombres. Apprendre le passé n'est pas le transformer.
Aucun professeur n'enseigne une histoire honteuse. Doit-on passer sous silence les parts d'ombre de notre histoire ? Aujourd'hui plus que jamais, notre métier réclame de la lucidité. Nous laissons pour notre part la fiction aux romanciers, en demandant que l'histoire demeure de la compétence des historiens.
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Re: Comité de Vigilance contre les Usages publics de l'Histoire
Communiqué du CVUH relatif à la présidentielle française :
http://cvuh.blogspot.fr/2017/05/lurgence-de-lhistoire.htmlIl est temps pour nous, membres du CVUH, de prendre position à une semaine du second tour de l'élection présidentielle, dans un climat politique singulièrement inquiétant, et tout particulièrement à gauche. Le CVUH n'est pas un mouvement politique ni un syndicat, mais il a une fonction à la fois savante et critique depuis sa fondation. Une des raisons fondatrices du CVUH, en 2005, est le rapport à l'instrumentalisation de l'histoire de la colonisation de l’Algérie. Rappelons-le : il s'agissait pour nous initialement de récuser l'idée de devoir enseigner sous injonction ministérielle les aspects positifs de la colonisation, comme le formulait le second alinéa de l'article 4 du projet de loi : « les programmes scolaires reconnaissent en particulier le caractère positif de la présence française outremer et notamment en Afrique du nord ». C'était une proposition de Jacques Chirac, mais dont il était assez évident qu'elle cherchait à séduire l'électorat d'extrême droite, nostalgique de l'Algérie coloniale et les milieux qui entreprenaient déjà une réhabilitation publique de l'OAS.
Nous sommes dans une situation infiniment pire, et qui nous requiert pour les mêmes raisons : le FN et sa candidate ne cessent d'instrumentaliser l'histoire, celle de la colonisation, celle de l'immigration, celle de la déportation et de l'extermination des juifs, celle de l'occupation, celle du protestantisme, celle de l'Islam, celle de l'Europe, etc. - la liste est longue. Cela au nom de la « patrie », au nom du « peuple », au nom d'une conception fermée, xénophobe et agressive de la « France », et de la « fierté nationale » qu'il faudrait restaurer. Et il faut s'attendre à des projets de loi beaucoup plus graves et injonctifs concernant l'enseignement de l'histoire, dans le primaire, le secondaire et le supérieur.
Bien sûr, nous constatons l'usage et l'instrumentalisation du drapeau tricolore, de ces mêmes mots de peuple, de patrie, de France, chez la plupart des partis politiques et des candidats à l'élection présidentielle. Et bien sûr, en tant que citoyens d'opinions diverses, nous pouvons nous inquiéter de certaines propositions du candidat d'En marche concernant la sécurité sociale et la loi travail, entre autres.
Mais, sauf à tout confondre, le danger n'est pas comparable. Un pouvoir exécutif contrôlé par l'extrême droite ne produit pas les mêmes effets de censure et d'action policière que le même pouvoir exécutif contrôlé par des libéraux. Le gouvernement hongrois dirigé par Victor Orban qui censure les médias, fait emprisonner les manifestants en dehors des lois, réhabilite le régime fascisant et antisémite de l'amiral Horthy tout en criminalisant les réfugiés qui tentent d'échapper à l'extrême violence de la guerre en Syrie et en Irak, nous rappelle au présent la nature du danger. S'agissant du seul domaine de l'histoire, les historiens spécialistes peuvent discuter de l'utilisation de l'expression de « crimes contre l’humanité » par Emmanuel Macron pour désigner l'ensemble de la colonisation, incontestablement ponctuée de ce type de crimes. Mais ce sont bien des dirigeants et des responsables FN qui célèbrent la mémoire de Pétain, nient l'extermination des juifs par les chambres à gaz, remettent en question le droit de pratiquer librement ses croyances. C'est bien la candidate du FN qui propose de supprimer le droit du sol, élément fondamental du droit républicain de la nationalité depuis 1889, et qui cherche à rendre plus difficile la vie quotidienne de millions de Français en prétendant distinguer les « vrais Français » et les autres. C'est elle qui prétend arrêter toute immigration, proposition absurde et régressive, inapplicable, pour qui connaît l'histoire de l'immigration et pour qui reconnaît le droit élémentaire de la vie en commun (...)
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