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Marcel Jousse, découvreur du style oral

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Marcel Jousse, découvreur du style oral Empty Marcel Jousse, découvreur du style oral

Message  Roque Lun 5 Mai - 20:15

Ce post vient en appui au sujet sur la rhétorique sémitique : https://dialogueabraham.forum-pro.fr/t2289-la-rhetorique-semitique

Marcel Jousse est précurseur à plusieurs titres :

- Il est l'initiateur d'une science nouvelle : l'Anthropologie du Geste ;
- Il est le penseur de la tradition orale avec ses lois et mécanismes universels : bilatéralisme, rythme, formulisme, colliers, comptage, sériage, ordrage, agrafage, etc .. ;
- Il définit la « stylistique orale » par ces différents procédés conscients et structurés par opposition au « bouche à oreille », non maîtrisé et déstructuré correspondant, dans les faits, à des racontars aléatoires ;
- Il a décrit l’utilisation des notions de « colliers-compteurs » et de « perles leçons » dans le milieu ethnique palestinien, donc en araméen.

Nous devons l’essentiel de ce post à Yves Beaupérin, directeur pédagogique de l'Institut de Mimopédagogie Marcel Jousse.


I. L’homme (1886 - 1961)

Si on doit résumer « l’homme » à gros traits, c’est un enfant nourri par la tradition orale sarthoise en France. Marcel Jousse est de ces rares hommes, dont la réflexion au plus haut niveau universitaire est uniquement une « prise de conscience » et une restitution de son expérience d’enfant.

UN ENFANT GRANDI DANS LA TRADITION ORALE:

Dans son enfance, il parle le sarthois et non le français.

Ecolier, collégien, puis petit séminariste …il faut des études brillantes, il commence l’étude de l’araméen et de l’hébreu à 12 ans (4) est ordonné prêtre, puis entre dans la Compagnie de Jésus et fait toute la guerre de 1914-18.
Ses périodes d’enseignement : Sorbonne, Amphithéâtre Turgot de 1931 à 1945, puis de 1952 à 1957 ; Ecole d'Anthropologie, 1932-1950 ; Ecole des Hautes Etudes, 1933-1945 ; Ecole d'Anthropo-biologie, 1948 et Laboratoire de Rythmo-pédagogie, 1933-1940


II. Les questions posées par Marcel Jousse
« Si nous voulons définir en quelques mots l’orientation de l’œuvre de Marcel Jousse nous pourrions dire qu’elle vise à répondre essentiellement à trois questions :

« Comment l’homme, placé au milieu d’innombrables actions de l’univers, réagit-il à ces actions, et comment s’y prend-il pour conserver en lui le souvenir de ces actions et le transmettre fidèlement, de génération en génération à ses descendants ?

Dans cette question, trois problèmes sont posés : Comment réagit-il ? C’est le problème de la connaissance. Comment en conserve-t-il le souvenir ? C’est le problème de la mémoire. Comment le transmet-il ? C’est le problème de l’expression en tant que transmission du savoir. Voilà pourquoi on peut synthétiser l’objet des recherches anthropologiques de Jousse, en disant qu’il est à la recherche des mécanismes vivants de connaissance, de la mémoire et de l’expression humaine.
» (1, page 90).

III. Les lois et mécanismes de la tradition orale (5)

Ces lois et mécanismes de la tradition orale sont ce qu’il y a de plus novateur et opérationnel dans la pensée de Marcel Jousse.

1. Le rythmisme est la loi du « geste global », mimique et rythmique

a. Le mimisme.

JEU, REJEU, GESTES GLOBAUX ET MIMEMES (5):

b. Le rythme

Dans le spoiler : gestes énergétique et rythmiques, gestes interactionnels ; l’ensemble se cristallise en un rythmo-mélodisme sémantique : geste corporel et geste laryngo-buccal. (5).

LE RYTHME DANS LES GESTES (5):

2. Le bilatéralisme

Le bilatéralisme est la loi physiologique de l’exploration de l’homme et la loi également de son rejeu, de sa prise de conscience, de sa mémorisation, de son expression et de sa transmission (5)

LE BILATERALISME (5):

3. Le formulisme

Le formulisme est la loi du stéréotype. L’homme ne pouvant vivre dans une créativité permanente a tendance à reproduire les gestes qu’il a déjà posés. (5)

LE FORMULISME (5):

4. Les moyens mnémotechnique du geste (5) : comptage, sériage, ordrage et agraphage

LES MOYENS MNEMOTECHNIQUES (5):


IV. L’anthropologie soutenant ces lois et mécanisme de la tradition orale.

Marcel Jousse est, d’abord, un expérimentateur qui murira très lentement les réponses fondamentales ; il a beaucoup enseigné et n’a commencé à rédiger la synthèse de sa pensée que très tardivement. Cette synthèse finale de son œuvre restera malheureusement inachevée parce qu'il sera malade dans les 5 ou 6 dernières années de sa vie. Toutes les publications issues directement de ses travaux (L'Anthroplogie du Geste, La Manducation de la Parole, Le Parlant, la Parole et le Souffle) sont posthumes. La plupart de ses très nombreux cours ont été transcrits, mais n’ont pas été exploités que très partiellement pour publication.

Marcel Jousse a une vision globale de l’homme – ce qui veut dire qu’elle ne repose pas sur la dualité corps-esprit ou sur une conception de fonctions supérieures, par exemple : cognitives par opposition à des fonctions inférieures, par exemple : celles du corps.

Ensuite, l’homme ne reçoit pas passivement son environnement, il le capte activement, il « l’intussusceptionne », c’est-à-dire que l’homme a la capacité de porter quelque chose du dehors vers le dedans.

L’homme capte donc activement son interaction avec environnent par une action propre que Jousse appelle un « geste ». Bien plus, c’est un « geste global », ce qui veut dire que tous les organes récepteurs de l’homme ouverts au monde qui l’entoure subissent des modifications internes, parfois microscopiques, d’ordre musculaire, chimique ou électrique. Cette perception met en jeu la totalité du corps, elle est globale. Ce qui est perçu par le corps et qui déborde le domaine de la perception verbale, cognitive est appelée perception « chosale ».

L’homme « intussusceptionne » ses interactions avec son environnement, il stocke ces interactions comme des unités de mémorisation ou « mimèmes » qui peuvent être récupérés, à des degrés divers par la conscience. Quand il prend conscience du « geste » qui se « joue » en lui, il va tenter de l’exprimer en le « rejouant » dans sa globalité. La dimension fondamentale de la capacité de l’homme est le « mimisme », comme expliqué plus haut.

Une dernière notion est très importante : l’interaction, elle-même, est perçue sous ses trois modalités coordonnées. Elle est perçue comme « triphasée », c’est-à-dire comme composition coordonnée d’un « agent - agissant - un agi » (1, 5 et 7)  Cette triple modalité articulée de « l’agent – agissant – agi »  – abstraite et complexe - va également être « rejouée » dans l’expression humaine à travers le rythme (voir plus haut) : rythme , dans le « rejeu » corporel-manuel - ou gestes du corps et des mains - et dans le « rejeu » laryngo-buccal - ou gestes du larynx et de la bouche.

Nous avons préféré faire nous-mêmes cet essai de synthèse de ce qu'il nous semble avoir compris de l'anthropologie de Marcel Jousse - plutôt que de reprendre des synthèses disponibles sur le net (12, 13) qui nous ont semblé discutables parce que mettant l'accent sur une théorisation excessive et reprenant les travaux de Marcel Jousse dans un cadre analytique inapproprié. Ces analyses reposant sur une connaissance superficielle de l'œuvre de Marcel Jousse ne peuvent que nuire à la compréhension de cette œuvre. Nous en donnons un exemple dans le spoiler, ci-dessous - commenté par Yves Beaupérin.

EXEMPLE D'ANALYSE SUPERFICIELLE:


Marcel Jousse a une pensée très singulière. Il est plus facile de recenser ce qui a pu l’influencer que de le positionner par rapport à d’autres penseurs ou classer sa discipline dans le panorama intellectuel contemporain. Il est à la confluence de trois cultures : la culture de style oral du milieu paysan sarthois ; la culture de style écrit véhiculée par l’Ecole de Jules Ferry et la culture de style audio-visuel. Il va donc être l’initiateur d’une discipline nouvelle difficilement classable, située aux confins de la psychologique, de l’ethnologiques et de la pédagogie. Il lui donnera lui-même de nom d’ « Anthropologie du geste »


V. L’apport de Marcel Jousse concernant précisément le système des « colliers » et les « perles » de la tradition orale.

« Alors que Pierre Perrier et Frédéric Guigain ne parlent que de « colliers », spécialement à propos des Evangiles, Marcel Jousse parle plus souvent de « colliers- compteurs ». Mais la filiation entre Pierre Perrier et Marcel Jousse est évidente : le premier a repris les intuitions du second en les développant, en particulier, en mettant en évidence les différents « colliers évangéliques » qu’une étude de la Peshitta et de la Peshitto par Frédéric Guigain a confirmé. » (3)
Marcel Jousse fait plusieurs fois référence à la notion de « comptage » dès 1925 et à la notion de « colliers » dès 1934 et l’expression « colliers compteurs » « ordrés et comptés » retrouvés « dans tous les milieux de style oral » est bien présente dans sa synthèse finale restée inachevée.
« Tous les milieux de Style oral ont eu et ont encore des aide-mémoire favorisant la mémorisation et le transport de leurs traditions. Dans certaines civilisations, on a des colliers matériels avec des signes concrets : des figurines, des encoches, pour servir de points de repère et d’orientation pour l’enchaînement des récitations. (3)

« Israël n’a jamais sculpté qu’en soi-même et ses aide-mémoire sont des outils intellectuels, non pas des colliers matériels et morts, mais colliers-compteurs mémoriels et vivants. Et c’est le Séder-Séfer ou Ordeur-Compteur que nous voyons dès le début de la Genèse. Nous sommes toujours dans les lois de la mémoire vivante et gestuelle. »
Antrhopologie du Geste, 1978, p. 235.
 
C’est dans ces Dernières Dictées que Marcel Jousse s’attarde longuement sur le rôle des Apôtres dans la composition des colliers-compteurs et, particulièrement, sur le rôle de l’apôtre Pierre qui a reçu de Jésus le pouvoir de lier et de délier, c’est-à-dire de choisir, dans l’ensemble de ce que Jésus a enseigné ou fait, ce qui sera retransmis à l’Eglise. (3)
« Et voilà pourquoi nous avons affaire à des Sôferim ou Compteurs qui vont compter jusqu’aux plus infimes éléments des Récitations : ils vont compter les brefs ensembles propositionnels qui constituent la « Formule ethnique », toutes les variations possibles d’une voyelle qui donnent un sens différent à la Formule. Ils vont compter les « Balancements ». Ils vont compter des « Récitatifs » ou ensembles de balancements. En même temps, ils vont compter un nombre caractéristique de Récitatifs dans une même « Récitation », et un nombre caractéristique de Récitations dans un Séder- Séfer ou « Collier-compteur de Perles-leçons ». » Anthropologie du Geste, 1978, p. 240.
 

En résumé, la notion de « colliers-compteurs » et « des perles-leçons » chez Marcel Jousse vient essentiellement de l’observation des récitations transmises par le milieu ethnique palestinien – donc dans la tradition araméenne.

Sources

Nous devons l’essentiel de cet exposé à Yves Beaupérin, directeur pédagogique de l'Institut Européen de Mimopédagogie Marcel Jousse. Nous avons principalement eu recours à un de ses articles (1), à un de ses livres (2), à son aimable communication sur « La notion de « colliers compteurs » dans l’anthropologie du geste de Marcel Jousse » (3) et au site de l’Institut de Mimopédagogie (5)

1. http://mimopedagogie.pagesperso-orange.fr/Beauperin/Presentationgenerale/AuconfluentSOetSE.pdf
2. Le rabbi Iéshoua de Nazareth. Yves  Beaupérin. Ed. Désiris. 2001.
3. La notion de « colliers-compteurs » dans l’Anthropologie du geste de Marcel Jousse. Document aimablement communiqué par Yves Beaupérin ;
4. http://www.marceljousse.com/biographiepetit.htm
5. http://mimopedagogie.pagesperso-orange.fr/presentationMJ.htm
6. http://www.pictogrameditions.qc.ca/pages/evancal2.html
7. http://carmina-carmina.com/carmina/musicotherapie/textmusico/jousseg.htm
8. http://www.interbible.org/interBible/cithare/recitatif/2014/recitatif_140328.html
9. http://pierre-janet.com/JSarticles/2006/rg06.doc
10. http://www.marceljousse.com/PedagogieDuCorps.htm
11. http://www.scopalto.com/nunc/25/marcel-jousse
12. http://questionsdecommunication.revues.org/7296
13. http://semioticon.com/seo/J/jousse.html


Dernière édition par Roque le Mer 7 Mai - 21:15, édité 2 fois (Raison : Ajout d'un schéma)

Roque

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Message  DenisLouis Mar 6 Mai - 9:56

Tout à fait intéressant pour moi, je vais regarder plus en détail. Ca me semble en rapport avec certaines approches du langage comme mouvement du corps plus ou autant qu'activité de l'esprit ; en fait il y a toujours les deux, même dans la lecture visuelle les yeux effectuent des mouvements qui ne sont sont pas les mêmes dans la lecture d'un livre, d'un parchemin ou de l'écran de l'ordinateur ( ou le regard tend à s'éclater en une multiplicité de points avec une grande rapidité, menaçant même la cohérence du message, alors que dans la lecture du livre il y a des mouvements d'allers-retours réguliers le long des lignes).
Quand on voit les juifs lire la Thora, il y a un balancement du corps, qui se retrouve aussi chez les lecteurs du Coran (même dans la lecture à voix basse, les lettres sont articulées par la bouche).

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Message  Roque Mer 7 Mai - 13:36

Jean-Rémi LAPAIRE de l’Université Bordeaux-Montaigne interviewe : Edgard SIENAERT de l’Université du Free State, Bloemfontein, Afrique du Sud sur un livre qu’il vient de faire paraître sur la pensée de Marcel JOUSSE.
https://www.youtube.com/watch?v=dnybyYzM_90


Vidéo à 23mn20 : « Ce sont les étudiants [zoulous] qui m’ont appris à comprendre Jousse parce que, eux, je n’ai pas eu à les enseigner. Il [Jousse] est en eux, c’est évident. Ils ont la tradition orale, ils la connaissent. La seule chose en quoi je peux les aider, c’est de montrer que ce n’est pas ethnique, que c’est anthropologique. »

Vidéo à 25mn00 : « Le livre sur l’oralité de Marcel Jousse de 1925 [« Le style oral rythmique et mnémotechnique chez les verbo-moteurs »] est le seul où l’oralité est vue de l’intérieur. »

Quelques phrases de l’animateur, extraites de Jousse, pour relancer le débat et questionner Edgar SIENAERT :

« Toute pensée est gestuelle. »
« Le geste est le mouvement intelligé par un être vivant. »
« Le style c’est l’homme tout entier qui s’offre au réel, qui reçoit le réel, qui rejoue le réel. »

SIENAERT répondant à cette dernière citation situe très clairement le conception du " réel " de Jousse et permet d'éviter toute fausse interprétation sur la prétendue vision métaphysique ou philosophique des relations entre le Cosmos et l'Anthropos de Jousse - de commentateurs n'ayant qu'une connaissance superficielle de sa pensée comme cette assimilation de la pensée de Jousse à la philosophie de Bergson dans le spoiler qui suit (de même que le dernier spoiler du premier post).

AUTRE COMPREHENSION SUPERFICIELLE DE JOUSSE:

Vidéo à partir de 57mn00 :
SIENAERT a écrit:« Quelqu’un m’a demandé un jour mais qu’est-ce que c’est que le réel ? Le réel pour Jousse … il n’y a pas de réel en dehors, bon … pour être provocateur : il n’y a pas d’intérieur et il n’y a pas d’extérieur, il n’y a que ce qui est entré en vous. Ce qui n’est pas entré en vous n’existe pas. Ça semble provocateur, mais en fait ça ne l’est pas, c’est tout à fait vrai. Ce qui n’est pas entré en vous n’existe pas. Cela doit être entré en vous d’une façon ou d’une autre par un de vos sens, sinon le chose n’existe pas. Donc tout ce qui est extérieur : mouvement par exemple ou action … disons ce que nous appelons action cosmique : un agent agissant un agi, tout est interactionnel, ça n’existe qu’au moment où ça rentre en vous.

A ce moment Jousse appelle cela non plus un mouvement ou une action, mais un geste, c’est à dire que c’est sur la voie de la conscienciation. Le geste est mimique, ce qui, en fait, est un pléonasme parce que le geste est nécessairement mimique. Le mimisme est la conscienciation du Cosmos par l’Anthropos. C’est pour ça que j’ai dit que le geste de Jousse c’est cela [ici  SIENAERT fait un large mouvement de la main droite : d’abord un arc de cercle vers le bas qui se complète dans le sens horaire et qui remonte ensuite plus haut que la position de départ de la main] … geste, c’est-à-dire que vous avez le réel, les objets, le cosmos, l’autre … tout ce que vous voulez, il entre en vous et vous le conscienciez, ce sera peut-être subconscient, ce sera peut-être inconscient, ça va vers la conscientiation, c’est ça le mécanisme. La fonction de l’homme dans l’univers c’est de consciencier l’univers. C’est tout. Un homme qui ne … c’est vrai qu’aujourd’hui, il est plus facile de parler d’Anthropos que d’Homme … un anthropos qui ne consciencie pas son univers, son cosmos ne joue pas sa fonction. Donc, il retombe dans la biologie ou la zoologie ; ce n’est pas de l’anthropologie.

Etre un anthropos, c’est consciencier, ça va donc au mime, on intellige, on propositionne et finalement – si vous voulez suivre Jousse jusqu’au bout - ça sublime. Donc un homme mimeur, intelligeur, propositionneur, sublimeur … [ici  SIENAERT refait le large mouvement de la main décrit plus haut] … et le geste va vers l’infini. Ça c’est toute la cosmologie de Jousse. Il dit : ça n’est pas une question religieuse, c’est une question d’anthropologie, vous êtes propulsés et la propulsion ne s’arrête nulle part. Si vous voulez la faire arrêter à la mort et vous ne voulez pas aller dans l’invisible, ça c’est votre décision. Il dit : « pour moi le choix est fait, vous le suivez jusqu’au bout ou non, je ne suis pas un convertisseur ».

Mais ce qui est anthropologique c’est que tous les hommes ont en eux un sens de l’invisible. Ceux qui sont tout à fait rationnels vont chercher l’invisible, vous cherchez à rendre ce qui est invisible, pour le moment, visible par le microscope pour l’infiniment petit, par des macroscopes l’infiniment grand. Ils vont à rendre visible ce qui, pour le moment, est invisible et quelque part, un jour nous saurons. Pour les gens qui sont dans les sciences de la révélation, ils commencent par l’invisible donc le visible est la réflexion, l’image ou l’écho. Ils commencent là où les autres veulent finir. C’est  vous de choisir, Jousse parle de sa voie scientifique, c’est-à-dire une science qui mène nécessairement vers l’invisible. Mais, encore une fois, c’est pas une question religieuse, c’est une question anthropologique, il faut bien s’entendre là-dessus.

« Je ne suis pas un convertisseur. ». D’ailleurs il ne m’a pas encore converti. C’est là que je bute contre Jousse. Je ne vais pas jusque-là. »

Cette dernière précision permet d'éviter la confusion entre démarche religieuse et anthropologique. SIENAERT précise que lui-même - bien que " joussien " (il a consacré 35 ans de sa vie a étudier Marcel Jousse) - n'est pas croyant.

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Message  lhirondelle Jeu 8 Mai - 15:59

Il y a une trentaine d'années de cela, j'ai participé à un groupe de rythmo-catéchèse, basée sur les travaux de Marcel Jousse. On apprenait des paraboles et l'évangile de Marc, par coeur, sur des mélodies très simples, en se balançant et en faisant des gestes. Eh bien, je connais encore de longs passages, tant d'années plus tard.
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Message  Roque Jeu 8 Mai - 17:54

lhirondelle a écrit:Il y a une trentaine d'années de cela, j'ai participé à un groupe de rythmo-catéchèse, basée sur les travaux de Marcel Jousse. On apprenait des paraboles et l'évangile de Marc, par coeur, sur des mélodies très simples, en se balançant et en faisant des gestes. Eh bien, je connais encore de longs passages, tant d'années plus tard.
Chère lhirondelle, je crois comprendre pas mal de chose sur le plan théorique de ce que dit Jousse. Mais il y a le côté pratique que je ne saisis pas.

Peux-tu nous expliquer, puisque tu en as l'expérience, comment les gestes, le balancement et la mélodies peuvent aider à mémoriser ces textes ? Et est-ce que cette mémorisation change la rapport au texte ?

De toute façon les conditions de mémorisation en français ne sont pas celle de l'araméen. Les textes français traduits sur le grec n'ont (évidemment pour moi) pas les mêmes rythmes, symétries, assonances, rimes, longueur de souffle, etc. ... que les textes araméens conçus au départ dans la tradition orale.

https://www.youtube.com/watch?v=vzkfXNiQT9M

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Message  lhirondelle Sam 10 Mai - 17:32

Comment ? Ça, je n'en sais rien ! Je sais juste que ça fonctionne.
Le balancement, c'est le premier "plaisir" que nous connaissons. Il paraît que ça vient du temps où nous étions dans le ventre de notre mère, quand elle marchait. Le fait de se bercer, de se balancer nous relierait à cette époque de notre existence.
Associer une parole à un geste aide à se rappeler. C'est ainsi que j'ai appris à lire : une lettre, un geste !
Je ne sais pas si le balancement à un effet hypnotique, mais je pense qu'il y a quelque chose du genre qui doit intervenir. Peut-être que cela induit une détente qui rend l'esprit réceptif.
Pour ce qui est de la rythmique du texte, celui que l'on apprend en rythmo-catéchèse est justement conçu pour pouvoir coller au balancement.
Quand tu chantes une chanson bien écrite, la mélodie soutient le rythme du texte.
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Message  Idriss Lun 9 Nov - 21:52

DenisLouis a écrit: Ca me semble en rapport avec certaines approches du langage comme mouvement du corps plus ou autant qu'activité de l'esprit ;
Quand on voit les juifs lire la Thora, il y a un balancement du corps, qui se retrouve aussi chez les lecteurs du Coran (même dans la lecture à voix basse, les lettres sont articulées par la bouche).


Nous sommes habitué aujourd'hui à entendre le Coran psalmodié suivant un "modèle" oriental.
Le modèle traditionnel Marocain  est très rythmé (  ici  faute de mieux, j'ai pas trouvé plus caractéristique...) Cela ressemble plus à une litanie genre "mantra"...on voie aussi la participation du corps ( contenu, on sent qu'ils se retiennent!

Plus "populaire":
Spoiler:

Cette tradition tend à se perdre, le modèle "oriental" hégémonique  prenant le dessus!
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Message  Idriss Dim 29 Nov - 19:58

Australie : la mémoire des Aborigènes remonte à plus de 7000 ans

http://espace-temps.blogs.nouvelobs.com/archive/2015/09/18/australie-la-memoire-des-aborigenes-remonte-a-plus-de-7000-a-569690.html

Certaines civilisations n'écrivent pas leurs légendes, leurs souvenirs, leur histoire. Cela ne les empêche pas pour autant de les transmettre, de bouche à oreille, pendant des générations. Des centaines de générations, voire des milliers. C'est le cas des Aborigènes d'Australie qui, selon une étude qui vient d'être publiée dans la revue Australian Geographer, perpétueraient des récits vieux d'au moins 7000 ans.

Patrick Nunn, professeur de géographie à l'université de Sunshine Coast (Australie), aidé du linguiste Nick Ried, a recueilli des récits aborigènes de 21 sites le long de la côte australienne, qui décrivent une époque où le niveau des mers était beaucoup plus bas qu'aujourd'hui.

Les histoires aborigènes, qui se recoupent, évoquent des détails du paysage aujourd'hui sous les eaux. Ils parlent de bandes de terre permettant de passer d'un point à un autre, d'îles aujourd'hui disparues... tout ceci pouvant être mis en correspondance avec ce que nous connaissons du niveau des mers avant leur montée (provoquée par la fonte des glaces après la dernière période glaciaire).

"Ces histoires parlent d'un temps où la mer a commencé à s'avancer et recouvrir les terres, et des changements que cela a provoqué pour le mode de vie des gens, les changements dans le paysage, dans l'écosystème et les problèmes que cela a causé dans leur société", explique Patrick Nunn. Et il ne s'agit pas d'un ou deux cas isolés : "Il est important de noter que ce n'est pas juste une histoire qui décrit ce processus. Il y a beaucoup, beaucoup d'histoires, toutes constantes dans leur narration, dans 21 sites situés tout au long de la côte australienne".

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Message  -Ren- Dim 29 Nov - 20:18

Wow ! Merci pour ce partage, je viens de faire une découverte :shock:

_________________
...S'il me manque l'amour, je suis un métal qui résonne, une cymbale retentissante (1 Cor XIII, 1)
>> Mon blog change d'adresse pour fuir la pub : https://blogrenblog.wordpress.com/ <<
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Message  Roque Lun 30 Nov - 13:59

Le même lien dit également ceci :
Patrick Nunn pense que " ces histoires ont été transmises depuis aussi longtemps en partie à cause de la rudesse de l'environnement naturel australien, qui impliquait que chaque génération doive transmettre ses connaissances à la suivante de manière systématique afin d'assurer sa survie.
Je suppose que cette transmission n'a pu être continue sur une aussi longue période sans l'appui sur des " métiers de la transmission " et même des fonctions dévolues par la structure socio-politico-religieuse de la cité ou du peuple (c'est à dire par des institutions) - même si la survie était en jeu.

Je fais cette supposition à partir de l'histoire juive de l'AT où le support de transmission a été selon les époques successivement aux mains des juges, des rois, des prophètes, des sages ou des prêtres. Chaque institution a été prise en relai par une autre à chaque fois qu'elle a été défaillante (destruction du Temple, disparition de la royauté, etc ...). Cette transmission sur la longue durée n'a jamais été aux seules mains des individus (parce que cette notion n'existait pas) ou même d'une famille et d'une seule tribu.

Roque

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