Statut des mosquées en Algérie
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Statut des mosquées en Algérie
Un article plutôt négatif sur Le Nouvel Observateur Rue89 a attiré mon attention sur le sujet... Je le posterai en dernier, je préfère commencer par deux autres articles trouvés depuis. Voici le premier :
http://lequotidienoran.wordpress.com/2013/12/28/un-decret-publie-sur-le-journal-officiel-la-mosquee-a-son-statut/La mosquée dispose désormais d’un statut, d’une nature juridique et d’un code de «déontologie». Un décret exécutif n°13-377 du 9 novembre 2013 portant statut de la mosquée est publié à cet effet dans le Journal officiel n°58.
«La mosquée est la Maison d’Allah, où se réunissent les musulmans qui y font leurs prières, récitent le Saint Coran et apprennent tout ce qui leur est bénéfique en matière de leur religion et de leur vie présente», stipule l’article 2 du décret qui souligne dans le même cadre que la mosquée est une «institution religieuse et sociale» qui assure une mission de service public.
Elle a pour objectif de promouvoir les valeurs de la religion musulmane. L’article 3 explique que «la mosquée est un bien wakf public. Elle ne relève que de l’Etat qui est dûment responsable de son intégrité, de sa gestion, de son indépendance dans l’accomplissement de sa mission et la concrétisation de ses fonctions»
Dans son chapitre 2, consacré à la «déontologie de la mosquée», le décret y consacre trois articles expliquant que «toute action contraire à la mission de la mosquée, ou susceptible de porter atteinte à son intégrité ou à son statut sacré, est interdite». «Il est interdit d’exploiter les mosquées aux fins de réaliser des objectifs illicites soit personnels soit collectifs ou à des fins purement matérielles», tout comme «il est interdit d’exploiter les mosquées en vue de porter préjudice à des personnes ou à des groupes». Il faut relever qu’en ce qui concerne ces trois articles, la loi ne mentionne pas clairement l’interdiction formelle d’utiliser les lieux de culte à des fins politiques ou politiciennes. On a du mal à croire qu’il s’agit là d’un simple oubli, sachant que les mosquées sont très souvent mises à contribution pour faire passer les «orientations» des pouvoirs successifs en Algérie (...)
Le décret exécutif classe les mosquées algériennes en trois catégories, à savoir des «mosquées historiques», pour leur spécificité archéologique, des «mosquées principales» considérées comme des «pôles d’excellence» implantées dans les chefs-lieux de wilaya, d’une capacité de plus de 10.000 fidèles, disposant d’une école coranique, d’une bibliothèque, d’une salle de conférences, d’espaces d’activités d’orientation et de culture, de logements de fonction, d’espaces verts et enfin des «mosquées nationales» d’une capacité d’accueil de plus de 1.000 personnes (...)
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Re: Statut des mosquées en Algérie
Deuxième article :
http://www.liberte-algerie.com/actualite/la-mosquee-a-son-statut-un-decret-vient-d-etre-promulgue-212958(...) D’emblée, l’article 2 du décret n°13-377 du 9 novembre 2013 définit la mosquée comme “la Maison d’Allah”. Plus qu’un lieu de culte, l’article 4 stipule ensuite que “la fonction de la mosquée est déterminée par le rôle qu’elle assure dans la vie spirituelle, éducative, scientifique, culturelle et sociale de la vie de la Oumma”
En matière de savoir, une valeur sur laquelle insiste particulièrement la religion musulmane, le décret dispose en son article 6 que “la mosquée assure une fonction éducative et pédagogique, qui consiste notamment dans l’organisation des cercles de récitation et de mémorisation du Saint Coran et l’enseignement des psalmodies et de l’exégèse, l’apprentissage des sciences islamiques conformément aux programmes de l’école coranique, l’organisation de concours de récitation du Saint Coran, de psalmodie et de l’exégèse, ainsi que la mémorisation et l’interprétation de la Sainte tradition du Prophète ; l’organisation de cours de soutien dans les différents paliers d’enseignement selon les programmes en vigueur dans les établissements de l’éducation et de l’enseignement, la contribution à l’organisation des cours d’alphabétisation, la sensibilisation des pèlerins, la dispense de cours de morale et d’éducation religieuse et civique”
Sur ce dernier point, il reste à la société de trancher si elle préfère un bon croyant ou un bon citoyen. Mais ceci est un autre débat. L’essentiel est que nos imams puissent en débattre en toute liberté. Car sur ce plan, la mosquée doit jouer aussi un rôle primordial dans la lutte contre la propagation des idées islamistes extrémistes et la violence politique sous-jacente (...)
L’article 8 du décret rappelle, ainsi, que “la mosquée assure une fonction d’orientation qui consiste à ordonner le bien et à proscrire le mal”. À ce titre, elle doit “contribuer notamment à renforcer l’unité religieuse et nationale, à préserver la société contre les idées fanatiques, extrémistes et exagérées, à enraciner et consolider les valeurs de tolérance et de solidarité au sein de la société, à lutter contre la violence et la haine et à contrer tout ce qui pourrait porter atteinte au pays”
Sur le plan culturel (et non plus seulement cultuel), la mosquée est appelée à assurer cette fonction notamment par “l’organisation de conférences et séminaires pour la diffusion et la vulgarisation de la culture islamique, la commémoration des fêtes et cérémonies religieuses et nationales, la promotion des bibliothèques de mosquées et leur gestion pour en tirer le meilleur profit, l’organisation d’expositions consacrées au livre et aux arts islamiques, l’organisation de concours culturels” (...)
Dans sa mission de service public et en vertu de l’article 9, la mosquée doit assurer “une fonction sociale qui consiste notamment au règlement des différends entre les citoyens, au développement du sens civique, de l’esprit citoyen et de la solidarité sociale, à la protection de la société des fléaux sociaux, à la contribution — aux campagnes sociales, nationales et locales — à la protection de l’environnement — aux campagnes de sensibilisation sanitaire en coordination avec les services compétents — au développement de la zakat et de l’action de constitution des wakfs”
S’il n’interdit pas formellement la vente et les activités commerciales aux abords des mosquées, l’article 11 proscrit, par ailleurs, l’exploitation de ces lieux de culte “aux fins de réaliser des objectifs illicites soit personnels, soit collectifs ou à des fins purement matérielles”. Enfin, ce décret exécutif vient instaurer, comme pour les établissements hôteliers, un classement. L’article 12 prévoit, en effet, que “les mosquées sont classées selon leurs implantations, leurs fonctions, leurs capacités et les spécificités historiques et architecturales qui les caractérisent”. Comme l’on peut s’en douter, dans ce classement trône en bonne place la Grande Mosquée d’Alger appelée officiellement dans le décret “Jamaâ El-Djazaïr” (...) Cet édifice, en cours de réalisation dans la capitale, est à l’origine d’une grande controverse, notamment sur son coût et sur son opportunité (...)
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Re: Statut des mosquées en Algérie
Pour finir, le billet évoqué en introduction...
http://www.rue89.com/2014/01/05/algerie-islamisation-rampante-248776(...) La mosquée n’est plus uniquement un lieu de culte religieux, mais «elle est (en plus) une institution religieuse et sociale qui assure une mission de service public. Elle a pour objectif de promouvoir les valeurs de la religion musulmane» (art.2)
De plus, ses fonctions se sont élargies «dans la vie spirituelle, éducative, scientifique, culturelle et sociale de la vie de la Oumma» (art.4). Pis, l’article 9 qui réglemente la fonction sociale de la mosquée, «qui consiste notamment : au règlement des différends entre les citoyens ; au développement du sens civique, de l’esprit citoyen et de la solidarité sociale», est en contradiction avec la Constitution algérienne.
Ceci dit, la mosquée, selon ce décret, peut subordonner la mairie (APC), la justice, les services sociaux, l’école, etc. Doit-on s’alarmer ou se féliciter de cette évolution ? Un homme politique algérien a vu juste quand il déclara (en 2012) dans un colloque : «Quand les islamistes seront au pouvoir, ils vont chômer, car tout a été déjà fait par leur prédécesseur !»
Effectivement, selon ce rythme, les confusions entre le religieux (croyant) et le politique (citoyen) se confirment. L’actuel gouvernement veut-il se déresponsabiliser du social et de l’éducatif ? Ou l’utilise-t-il comme une stratégie pour contrôler un éventuel soulèvement ou une protestation populaire où les imams vont jouer le rôle des pompiers et d’intermédiaires ?
La mosquée pourrait-elle jouer un rôle dans l’éducation civique sans un dogme religieux, qui est légitime de sa part ? La mosquée pourrait-elle jouer un rôle pour régler les différends entre les citoyens, si un des citoyens n’est pas croyant ou d’une autre confession (à moins que l’esprit du législateur parte du principe que tous les Algériens sont de la même religion) ?
L’école qui est le temple de la nation, se voit vidée de ses prérogatives sociales, éducatives et civiques. Nous savons déjà que certaines mosquées remplissent le vide qui existe dans le préscolaire, où des familles désorientées confient leurs enfants (entre 4 et 5 ans) aux imams, sans aucune pédagogie d’enseignement, ni de connaissances sur la psychologie de l’enfant, ni un environnement propice pour une scolarisation adéquate (...)
Ce décret confirme que le gouvernement veut se désengager des maux qui l’atteignent, au lieu de trouver les remèdes et de renforcer l’état de droit et surtout d’inculquer les valeurs civiques et citoyennes par les institutions de la République, il les cède à l’institution religieuse.
De plus, l’Etat affiche son impuissance face aux problèmes qui gangrènent la société algérienne. Après avoir fragilisé les institutions de l’Etat –de la justice à l’éducation, en passant par la fonction publique– on vide maintenant la République de sa substance, c’est-à-dire les valeurs citoyennes et républicaines. Et nous nous éloignons de plus en plus de la sécularisation des institutions de l’Etat.
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Re: Statut des mosquées en Algérie
Et alors?
Yazid Haddar émet des critiques qui ont l'air plutôt sensées même si il surjoue un peu le probléme et en fait des kilos.
L'état algérien patine, comme la plupart des états . Même en occident cela patine sec...
Si j'ai des réflexions d'algériens je ferais passer!
En attendant un article d'El Watan:
L'article me semble gentiment critique , voir ironique.
Je ne suis pas sur que ce décret va changer grand chose...
Yazid Haddar émet des critiques qui ont l'air plutôt sensées même si il surjoue un peu le probléme et en fait des kilos.
L'état algérien patine, comme la plupart des états . Même en occident cela patine sec...
Si j'ai des réflexions d'algériens je ferais passer!
En attendant un article d'El Watan:
"Adoration, spiritualité et autres fonctions de la mosquée en Algérie.
La mosquée assure, précise le décret exécutif, une fonction éducative et pédagogique
Les fonctions de la mosquée fixées par décret exécutif, en plus de son rôle spirituel, l’Etat assigne à la mosquée d’autres fonctions, tant sociales que «scolaires», voire même politiques.
Le décret exécutif, signé par le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, et publié au Journal officiel en date du 18 novembre 2013, aborde divers aspects tels que la déontologie de la mosquée, le classement et la gestion de ces entités et biens, ou encore la construction, l’entretien et la dénomination des mosquées.
Il a, évidemment, abordé le volet spirituel de la mosquée «déterminé par le rôle qu’elle assure dans la vie spirituelle, éducative, scientifique, culturelle et sociale de la oumma». La mosquée assure aussi, affirme le décret, une fonction éducative et pédagogique. Entre cercles de récitation et de mémorisation du Saint Coran et autres contributions à l’organisation des cours d’alphabétisation, il est accordé aux lieux de culte, selon le texte, la latitude d’organiser des «cours de soutien dans les différents paliers d’enseignement selon les programmes en vigueur dans les établissements de l’éducation et de l’enseignement». Maths, physique ou sciences islamiques ? Le texte ne le précise pas, laissant ainsi un vide juridique dans lequel certains pourraient s’engouffrer sans scrupules.
Mais le rôle le plus important qui semble être accordé à la mosquée par l’Etat est son rôle «d’orientation». Que cela soit à l’échelle de l’individu, et ce, en contribuant au règlement des différends entre les citoyens, en aidant au développement du sens civique, de l’esprit citoyen et de la solidarité sociale ou encore en œuvrant à la protection de la société des fléaux sociaux.
«Relais» des voix officielles
De même, il est assigné à la mosquée un rôle de «relais» des voix officielles, dans «l’ordination du bien et la proscription du mal», mais aussi et surtout dans le «renforcement de l’unité religieuse et nationale par l’orientation et la prédication religieuse». «Préserver la société contre les idées fanatiques, extrémistes et exagérées. Enraciner et consolider les valeurs de tolérance et de solidarité au sein de la société et lutter contre la violence et la haine», est-il énuméré. Plus éloigné de la vie spirituelle, l’Etat exige des mosquées de «contrer tout ce qui pourrait porter atteinte au pays», responsabilité d’ordinaire dévolue au politique, voire même au militaire. Les imams se doivent aussi d’apporter leur aide et leur contribution aux différentes campagnes sociales, nationales et locales. N’a-t-on pas vu des hommes de culte appeler leurs fidèles à voter en masse lors des élections législatives de 2012 ? Selon ce décret, cela peut avoir trait à la protection de l’environnement ou à des campagnes de sensibilisation sanitaire.
Mais toujours en coordination avec les services compétents, car il n’est pas évident que tous les imams aient des connaissances approfondies en médecine ou en biodiversité… Pour ce qui est de la déontologie, le décret interdit, entre autres, l’exploitation des lieux de culte en vue de porter préjudice à des personnes ou à des groupes. Dernier point : le classement, selon leurs caractéristiques et leurs spécificités. La Grande Mosquée, «Jamâa El Djazaïr», avant même sa construction, jouit ainsi d’un rang et d’un statut unique, sans aucune forme d’explication, contrairement aux autres historiques ou principales mosquées…
Ghania Lassal- El Watan
L'article me semble gentiment critique , voir ironique.
Je ne suis pas sur que ce décret va changer grand chose...
Idriss- Messages : 7075
Réputation : 35
Date d'inscription : 25/05/2012
Re: Statut des mosquées en Algérie
Pour ma part : "et alors... rien de particulier"Idriss a écrit:Et alors?
...J'ai lancé ce sujet par curiosité, suite à la lecture du billet le plus critique, j'ai eu envie d'en savoir plus
Merci d'avance !Idriss a écrit:Si j'ai des réflexions d'algériens je ferais passer!
On a pu voir que le deuxième article en proposait une...La Grande Mosquée, «Jamâa El Djazaïr», avant même sa construction, jouit ainsi d’un rang et d’un statut unique, sans aucune forme d’explication
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Re: Statut des mosquées en Algérie
Ceci est impossible ,du fait que la mosquée a une mission celle d'assoir les assises de l'islam .Or nous avons remarqué qu'en Algérie les conversions au christianisme son très poussées surtout en Kabylie.«il est interdit d’exploiter les mosquées en vue de porter préjudice à des personnes ou à des groupes»
Sauf en cas d'élections (ou l'on doit pas prendre partie aux personnes candidats ) les mosquées sont toujours des lieux où la politique et le religieux sont unis pour un même but celui de servir l'Islam et la communauté musulmane .
Pour ce qui est de l'enseignement les imams (au Maroc ne sont plus d'autrefois )ils sont des gens cultivé (licenciés au moins)sinon ils ont leur doctorat en sciences religieuses et ont été formé pour leur services et prêches .
Au Maroc toujours ,des enseignants qualifiés apprennent aux jeunes aussi bien aux illettrés le coran et l'enseignement primaire essentiel .
Je ne sais pas ce qui se passe en Algérie,mais l'expérience au Maroc a depuis des années donnée des résultats encourageant .
ASHTAR- Messages : 881
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Date d'inscription : 08/03/2011
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