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Génocide Vendéen - L'ombre d'un doute

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Message  Ghazali Ven 16 Aoû - 3:27

Génocide Vendéen - L'ombre d'un doute

Documentaire sur le "génocide vendéen" diffusé sur FRANCE 3 :





https://www.youtube.com/watch?v=KASEg3IR-xU
Ghazali
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Message  -Ren- Ven 16 Aoû - 9:10

Première remarque (sans avoir vu cette vidéo) : le problème posé par l'utilisation du mot "génocide"
Pour une fois, je vais citer Wiki qui fait état du débat :
Le terme «génocide» est créé en 1944 par Raphaël Lemkin, professeur de droit américain d'origine juive polonaise, afin de tenter de définir le crime contre l'humanité perpétré par les nazis contre les peuples juif et tzigane durant la Seconde Guerre mondiale. Il écrit : «De nouveaux concepts nécessitent de nouveaux mots. Par génocide, nous entendons la destruction d'une nation ou d'un groupe ethnique» (...) e terme est défini officiellement par l'assemblée générale des Nations unies dans l'article 2 de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide, adoptée le 9 décembre 1948 (...) Plus récemment, l'article 6 du statut de la Cour pénale internationale définit le crime de génocide, qui se distingue par l'intention d'extermination totale d'une population, d'une part, la mise en œuvre systématique (donc planifiée) de cette volonté, d'autre part (...)

Le débat autour de l'hypothèse d'un génocide vendéen est apparu dans la communauté universitaire dans les années 1980, en particulier avec les travaux engagés par Pierre Chaunu et Reynald Secher. Le caractère sanglant et massif de la répression de l'insurrection en Vendée n'est contesté par personne, même si les chiffres demeurent imprécis et discutés (...) et si les descriptions traditionnelles d'un massacre comme celui des Lucs ont été remises en cause par la recherche historique. En revanche, les volontés délibérées d'extermination des populations vendéennes par les autorités républicaines et le caractère génocidaire des massacres commis par les agents qui exécutaient leurs ordres, font l'objet de contestations importantes

L'une des sources employées par les tenants de l'idée d'un génocide vendéen, en plus des directives et des ordres qui se trouvent aux archives du ministère de la Guerre, est un pamphlet de Gracchus Babeuf (...) En 1794, sous la Convention thermidorienne, Babeuf publie un pamphlet, Du système de dépopulation ou La vie et les crimes de Carrier, dans lequel il dénonce les exactions commises par Jean-Baptiste Carrier lors de sa mission à Nantes, dont il affirme (dans le paragraphe IV) qu'elles renvoient à un système de dépopulation qu'il nomme «populicide» (...) «populicide» est utilisé pour désigner ce qui cause la mort ou la ruine du peuple (...)

Dans son texte, le «système de dépopulation» concerne l'ensemble de la France, et non la seule population vendéenne. Dans son pamphlet, Babeuf, reprenant les critiques des Enragés qui défendaient l’application immédiate de la constitution de l'an I, dénonce la Terreur, qu'il juge responsable des massacres commis en 1793-1794 (...) Cette mise en accusation est appuyée sur la mise au jour, après Thermidor, des exécutions, des massacres et des destructions de la guerre civile et de la Terreur. Avec d'autres pamphlétaires, Babeuf reprend les accusations du journal La Feuille nantaise qui, dans son numéro du 5 brumaire an III, accuse l’Incorruptible d'avoir voulu «dépopuler» le pays (...) Leur analyse aurait été fondée, selon lui, sur les réflexions des philosophes politiques du XVIIIe siècle (comme Jean-Jacques Rousseau), qui considéraient que l'établissement de l'égalité nécessitait une population moindre que celle de la France de l'époque (...) Suivant cette théorie, la guerre civile dans l'Ouest (avec la mort dans la bataille des Blancs et des Bleus) et la répression des insurrections fédéralistes et royalistes auraient été l'outil de ce programme de dépopulation de la France, dont Carrier, à Nantes, n'aurait été qu'un agent local. Les défaites des troupes républicaines face aux insurgés royalistes auraient été organisées par le comité de salut public afin d'envoyer à la mort des milliers de soldats républicains, puis il aurait mis en place un plan d'anéantissement des Vendéens, que Babeuf met en parallèle avec la répression de l'insurrection lyonnaise, attribuée au seul Collot d'Herbois (...)

En 1986, Reynald Secher fait paraître La Vendée-Vengé, Le génocide franco-français, ouvrage dans lequel il étudie les rapports entre la Révolution et les Vendéens depuis 1789 et s'efforce de faire le bilan de la répression de l’insurrection vendéenne, en tentant d'obtenir le rapport entre les naissances dans les années 1780 et celles dans les années 1800 et en essayant de répertorier les destructions et reconstructions. À partir de ces données, il explique dans sa conclusion générale pourquoi il est convaincu que les massacres commis lors de la guerre de Vendée constituent, à ses yeux, un génocide (...) La thèse de Reynald Secher a été reprise et soutenue particulièrement par Pierre Chaunu, professeur émérite de l'université Paris IV-Sorbonne, qui faisait partie du jury devant lequel le jeune doctorant soutenait sa thèse, dans un article paru dans La Croix le 29 juin 1986.

D'autres historiens ont employé le terme de «génocide» pour qualifier les massacres commis pendant la guerre civile dans le camp républicain. On peut citer Jean Tulard, Emmanuel Le Roy Ladurie ou Stéphane Courtois, directeur de recherches au CNRS, spécialiste de l'histoire du communisme. Ce dernier explique que Lénine a comparé «les Cosaques à la Vendée pendant la Révolution française et les a soumis avec plaisir à un programme que Gracchus Babeuf, l'"inventeur" du Communisme moderne, a qualifié en 1795 de populicide»

Les travaux de Reynald Secher ont également connu un certain retentissement hors du monde universitaire et ont été repris dans les médias. Le 28 janvier 2000, en conclusion du Stockholm International Forum of the Holocaust, Michael Naumann, délégué du Gouvernement fédéral allemand à la culture et aux médias de 1998 à 2000 et ancien rédacteur en chef de Die Zeit, affirme : «Le terme français "populicide" a été parfois employé avant que le terme de "génocide" ait été inventé. Il a été inventé par Gracchus Babeuf en 1795 et décrivait l'extermination de 117 000 fermiers de Vendée. Ce secteur fertile dans l'ouest de la France est en effet demeuré pratiquement inhabité pendant 25 années»

De même, l'écrivain Michel Ragon, dans 1793 l'insurrection vendéenne et les malentendus de la liberté (1992), dont l'argumentaire reprend largement les éléments mis en avant par Secher, s'est efforcé de démontrer la réalité de la programmation des massacres et d'intentions officielles d'extermination d'un peuple. Dans son livre, il s'attache à l'ensemble de la répression de l'insurrection vendéenne (...) D'autres régions de France ont vu le développement d'insurrections (royalistes ou fédéralistes) contre la Convention en 1793. Selon les cas, les envoyés en mission avaient une attitude conciliante (comme en Normandie) ou menaient une répression ponctuelle, d'autres avaient une attitude plus répressive. Certains se sont livrés à de vraies exactions, comme Barras et Fréron à Toulon, Collot d'Herbois et Fouché à Lyon ou Tallien à Bordeaux. Dans le cas de la guerre de Vendée, Michel Ragon tente de prouver que les exactions commises par les envoyés en mission correspondaient aux exigences du comité de salut public, et même de la Convention (...)

Le 21 février 2007, neuf députés français de droite, se fondant explicitement sur les travaux de Reynald Secher et de Michel Ragon, ont déposé une proposition de loi à l'Assemblée nationale visant à la «reconnaissance du génocide vendéen». En 1987, Jean-Marie Le Pen avait déjà déposé un amendement visant à reconnaître un crime contre l'humanité dans les massacres de Vendéens. Le 6 mars 2012 est déposée une proposition de loi similaire («visant à reconnaître officiellement le génocide vendéen de 1793-1794»), à nouveau par neuf députés de droite237, et à nouveau par une alliance de l’UMP et du FN. Par ailleurs, le 23 février 2012, une proposition de loi «tendant à abroger les décrets du 1er août et du 1er octobre 1793» a été déposée par 52 sénateurs de droite et du centre. Le 16 janvier 2013, Lionnel Luca dépose un texte, cosigné notamment par Marion Maréchal-Le Pen, consistant en un article unique : «La République française reconnaît le génocide vendéen de 1793-1794». Cette proposition soulève des réactions surtout à gauche, comme celle du Secrétaire national du Parti de gauche Alexis Corbière, qui voit dans cette proposition de loi «un acte grossier de manipulation historique». Pour lui, «ce vocabulaire inadapté est une vieille ruse idéologique de l’extrême droite pour calomnier la Révolution française et banaliser les génocides bien réels du XXe siècle»

À l'opposé, la thèse du « génocide vendéen » a été rejetée par la plus grande partie du monde universitaire, qui la considère comme la manifestation d'un passé qui ne passe pas.

Elle a ainsi été critiquée par l'Australien Peter McPhee, professeur à l'université de Melbourne, spécialiste de l'histoire de la France contemporaine, qui revient sur l'influence de Chaunu dans l'affirmation d'un lien entre la Révolution française et le totalitarisme communiste, relève les faiblesses de l'analyse de Secher sur le nombre de victimes ou le regard des révolutionnaires sur l'insurrection vendéenne, remet en cause la «description des structures économiques, religieuses et sociales» de la Vendée prérévolutionnaire et des causes de l'insurrection par Secher, note le peu d'importance donné aux massacres de républicains par leurs voisins insurgés dans son livre ; en outre, il soutient que Reynald Secher, dans ses travaux suivants, n'a tenu aucun compte des travaux universitaires postérieurs nuançant ou contredisant ses analyses (...)

De même, parmi ceux qui ont refusé d'adhérer à la thèse du génocide, on compte le Gallois Julian Jackson, professeur d'histoire moderne à l'université de Londres, l’Américain Timothy Tackett, professeur à l'université de Californie, l’Irlandais Hugh Gough, professeur à l'université de Dublin, les Français François Lebrun, professeur émérite d'histoire moderne à l'université de Haute-Bretagne-Rennes II, Claude Langlois, directeur d'études de l'École pratique des hautes études, directeur de l'Institut européen en sciences des religions et membre de l'Institut d’Histoire de la Révolution française, Paul Tallonneau, Claude Petitfrère, professeur émérite d'histoire moderne à l'université de Tours ou Jean-Clément Martin, professeur à l'université Paris I-Panthéon-Sorbonne.

Entre autres arguments, Jean-Clément Martin note que, dans son ouvrage, Reynald Secher, qui pratique «une écriture d'autorité, condamnant l'histoire qui ne se soucie pas de vérité absolue», ne commente ni ne discute le mot «génocide». Or, pour lui, la question se pose «de savoir quelle est la nature de la répression mise en œuvre par les révolutionnaires». Il explique, à la suite de Franck Chalk et de M. Prince que «sans l'intention idéologique appliquée à un groupe bien délimité, la notion de génocide n'a pas de sens. Or il n'est possible ni de trouver une identité "vendéenne" préexistante à la guerre, ni d'affirmer que c'est contre une entité particulière (religieuse, sociale… raciale) que la Révolution s'est acharnée» (...)
:arrow: la suite sur http://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_de_Vend%C3%A9e#.C2.AB_G.C3.A9nocide_.C2.BB_:_un_d.C3.A9bat_historique_r.C3.A9cent

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Message  Spin Mar 20 Aoû - 9:50

Le problème est que le mot "génocide" est devenu diabolisant, donc il est tentant de le balancer pour soutenir une cause contre une autre en biaisant le sens. Or il a un sens juridique précis, qui suppose l'intention d'exterminer la catégorie ethnique visée, et un commencement d'exécution (aucun des grands génocides du vingtième siècle n'a été mené à terme).

Pour l'anecdote, il m'a été donné d'entendre une Corse soutenir sérieusement que la France se livre à un génocide en Corse...:8s

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Message  -Ren- Mar 20 Aoû - 11:11

Spin a écrit:Le problème est que le mot "génocide" est devenu diabolisant, donc il est tentant de le balancer pour soutenir une cause contre une autre en biaisant le sens
Je pense que le fait de vivre dans une "médiacratie" joue également beaucoup : nous sommes habitués de plus en plus à une langue vidée de son sens, où l'on utilise les mots pour leur charge émotionnelle et non en se souciant de la réelle adéquation du terme à la réalité décrite.

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Message  Spin Mar 20 Aoû - 11:30

-Ren- a écrit:Je pense que le fait de vivre dans une "médiacratie" joue également beaucoup : nous sommes habitués de plus en plus à une langue vidée de son sens, où l'on utilise les mots pour leur charge émotionnelle et non en se souciant de la réelle adéquation du terme à la réalité décrite.
Ben oui, et si le langage judiciaire parait souvent pompeux et suranné, c'est qu'il doit maintenir le sens de ses mots et expressions.

"Mal nommer les choses, c'est ajouter au malheur du monde" (Albert Camus).

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Message  Spin Mar 20 Aoû - 11:34

Et pour revenir au sujet, il semble qu'on ait voulu, à un certain niveau de décision, exterminer la population de certaines régions, mais pas une ethnie en tant que telle. Je n'ai lu nulle part que les Vendéens se trouvant à Paris ou mobilisés à l'armée aient été inquiétés en tant que Vendéens. Des Tziganes mobilisés dans la Werhmarcht, parfois décorés parait-il, ont été liquidés parce que tziganes et rien d'autre.

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Message  Parzival Mer 9 Avr - 19:19

Pour compléter ce sujet, je me permets de mettre un lien vers mon propre article au sujet de l'utilisation du terme de génocide pour la Vendée:
http://www.histoire-pour-tous.fr/histoire-de-france/4119-un-genocide-vendeen-.html
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