Médias et religions

[-Ren-]

Un article qui pose une question intéressante :

(...) Pour le journaliste et écrivain Bernard Lecomte, les musulmans sont aujourd’hui confrontés à ce que les autres grandes religions de France subissent depuis longtemps. Il accuse notamment le manque de culture religieuse, visible aussi bien chez les journalistes que chez le grand public (...)

Pour Dominique Greiner, rédacteur en chef religieux de La Croix, l’expérience religieuse que peut avoir un journaliste est d’ailleurs un atout considérable quand il traite des autres religions. Pour lui, le problème vient moins d’une hostilité à l’égard des religions que d’une difficulté à les comprendre ; les journalistes restent à la surface sans être mal intentionnés (...)

Bernard Lecomte pointe le fonctionnement même de la machine médiatique dont les informations sont placées sous le signe de la rapidité. Les médias ne peuvent prendre le temps de s’attarder sur la complexité des questions religieuses, soit parce qu’ils n’ont pas ce temps, soit parce que, de toute façon, exposer cette complexité c’est prendre le risque d’ennuyer le lecteur ou le spectateur habitué au sensationnel. Il explique qu’un spécialiste des religions qui rappellerait que telle ou telle question est compliquée se condamne à ne pas être réinvité. Car «les médias fonctionnent de façon binaire et simpliste» (...) Les intellectuels musulmans sont obligés de s’exprimer à travers des formules courtes, voire des slogans. Car ils doivent obéir à la «dictature de l’émotionnel» propre à la culture du zapping. C’est en ce sens que la rapidité se situe en amont et en aval de l’information (...) L’ancien rédacteur en chef du Figaro Magazine ne croit pas à l’idée d’une spécificité islamique. Il explique que le véritable problème vient des préjugés contre les religions, que subissent également les chrétiens pratiquants. «Quand il lit les journaux, un chrétien pratiquant est aussi horrifié qu’un musulman pratiquant» nous confie-t-il (...) Il constate seulement une différence de degré dans le problème de l’image de l’islam et des autres religions, les musulmans étant aujourd’hui plus présents et visibles. Mais cela peut également jouer en faveur de l’islam étant donné qu’«une plus grande attention est faite au phénomène musulman». Une attention due, selon lui, à la conjoncture politique générale (...)

Pour Thomas Deltombe (...) il y a bien une spécificité islamique dans le traitement de l’information religieuse. Rappelant le passé colonial de la France, il explique en quoi le discours méprisant à l’égard des «Arabes» et de «l’islam» continue aujourd’hui de façon inconsciente (...) «De façon très similaire à ce qui se produisait dans les colonies à l’époque coloniale, on a assisté depuis 30 ou 40 ans à l’institutionnalisation forcée de l’islam de France pour répondre à la demande, non pas des musulmans, mais des autorités politiques et médiatiques» (...) «Dans l’ensemble, commente-t-il, les journalistes n’essaient de donner une « bonne image » de l’islam que pour contrebalancer le flot continu d’images dépréciatives qu’ils donnent de la religion musulmane et pour (se) donner l’impression qu’ils sont neutres et équilibrés»

http://fr.zaman.com.tr/fr/newsDetail_getNewsById.action?newsId=5152

[-Ren-]

Mardi prochain, à Paris, aura lieu une conférence sur ce thème :

«Médias et religions : Quels rôles, quels impacts ? Notre affaire à tous»
MARDI 7 Juin 2011, de 18h30 à 20h30

Maison des Associations de Solidarité
10, rue des Terres au curé
75013 Paris
(Métro Olympiades ou Porte d’Ivry)

Depuis ces dernières décennies les médias connaissent une grande mutation. Le développement d’internet, les réseaux sociaux et l’ «explosion» de la communication soulèvent de nombreuses questions sur les pratiques médiatiques face aux bouleversements de la société et sur l’action des médias dans ce domaine. Quel rôle jouent-ils et quel impact ont-ils dans la construction de l’opinion publique ? Quelles logiques régissent en particulier le traitement par les médias du fait religieux et quelles en sont les conséquences en termes d’image et de représentation ?

Pierre Servent, journaliste, chroniqueur et essayiste, Vincent Geisser, sociologue et politologue, chargé de recherches au CNRS, Tareq Oubrou, théologien et imam de la mosquée de Bordeaux et Rafael Liogier, professeur d’Université et directeur de l’Observatoire du religieux, tenteront en interaction avec le public de répondre à ces questions et d'élaborer une nouvelle vision commune.

Nous vous remercions de bien vouloir remplir le formulaire d'inscription : http://bit.ly/imrUhj

[-Ahouva-]

Il accuse notamment le manque de culture religieuse, visible aussi bien chez les journalistes que chez le grand public (...)

En Belgique, l'organisation chargée de représenter les musulmans (Exécutif des musulmans de Belgique) a opté pour les chaines satellitaires plutôt que de bénéficier d'une programmation sur les chaines publiques, ce qui jouerait un rôle dans ce manque de culture religieuse de la part du grand public qui ne regarde pas nécessairement les chaines arabes grâce à une parabole.

[Roque]

Je trouve ces journalistes bien indulgents avec leur profession. mais je suis tenté d'y aller. C'est près de Paris !

[-Ren-]

l'organisation chargée de représenter les musulmans (Exécutif des musulmans de Belgique) a opté pour les chaines satellitaires plutôt que de bénéficier d'une programmation sur les chaines publiques

Remarque intéressante... à creuser

[-Ahouva-]

l'organisation chargée de représenter les musulmans (Exécutif des musulmans de Belgique) a opté pour les chaines satellitaires plutôt que de bénéficier d'une programmation sur les chaines publiques

Remarque intéressante... à creuser

Voici un éclairage donné par les sociologues Ural Manço et Maryem Kanmaz :

Un quota de temps pour les programmes musulmans est légalement mis à disposition sur les chaines de télévision et les radios publiques francophones et néerlandophones, mais il n'est pas employé dans sa totalité par la population musulmane. La paralysie et la désorganisation de l'EMB et la difficulté de trouver des professionnels musulmans qualifiés expliquent sans aucun doute cette situation.

[-Ren-]

La paralysie et la désorganisation de l'EMB

C'est sans doute l'un des aspects, en effet. En France, nous avons le CFCM... qui ne vaut guère mieux, puisqu'imposé par l'Etat, au lieu d'être une organisation créée par les musulmans de France eux-mêmes ( https://dialogueabraham.forum-pro.fr/t219-rejet-du-conseil-du-culte-des-musulmans-de-france )

[-Ahouva-]

qui ne vaut guère mieux, puisqu'imposé par l'Etat, au lieu d'être une organisation créée par les musulmans de France eux-mêmes ( https://dialogueabraham.forum-pro.fr/t219-rejet-du-conseil-du-culte-des-musulmans-de-france )

C'est également le cas chez nous : l'EMB est une volonté de l’État et non des musulmans.

[-Ren-]

C'est également le cas chez nous : l'EMB est une volonté de l’État et non des musulmans

Il serait intéressant de creuser le sujet sur le lien que j'ai donné relatif au CFCM

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