L'écologie humaine ?
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L'écologie humaine ?
la suite sur http://www.chretiensindignonsnous.org/2013/04/de-quelle-ecologie-humaine-parle-t-on/L’écologie humaine, si elle n’est pas un vain mot, nous appelle à une transformation radicale de notre regard porté sur l’ensemble de la création et à une compréhension profondément renouvelée de ce que signifie et implique la centralité de l’homme en son sein, jusque dans nos choix de société.
Tout en distinguant ces différents registres, elle réarticule, en pensée et en acte, des niveaux à la fois théologiques, anthropologiques et politiques. Vaste chantier qu’il va falloir ouvrir et auquel nous prendrons part. L’écologie humaine nous appelle à retrouver la cohérence et l’unité de notre foi et de nos engagements.
Il n’est plus tenable de s’en référer à une théologie de la création faisant de l’homme l’humble gardien de la création sous le regard du créateur tout en continuant de s’aveugler au délire productiviste dans lequel nous sombrons collectivement et qui est destruction concomitante de la nature végétale et animale ET auto-destruction de la nature humaine.
La centralité de l’homme implique-t-elle un droit divin accordé à l’homme d’exercer sa toute puissance d’exploitation, de transformation et de standardisation du vivant ? Ou, tout au contraire, l’élu qu’est l’humanité au sein du vivant est-il placé face à son immense responsabilité de gardien et serviteur respectueux de la création ?
Notre centralité voulue par le créateur fait-elle de nous des dominateurs ou des évangélisateurs de la création ? Les maîtres souverains et tout-puissants de la nature ou ses jardiniers en paix avec elle, sous le regard réjoui de Dieu ?
Entre l’agroécologie et l’agriculture productiviste, où est notre dignité humaine d’humbles gardiens de la création ?
Entre le choix collectif d’une grande sobriété énergétique, ou la préservation du mensonge autour de l’industrie nucléaire et de la menace que celle-ci fait peser sur la vie terrestre, où est notre dignité humaine d’humbles gardiens de la création ?
Nous catholiques, sommes-nous vraiment au clair avec ces questions?
Ne voyons-nous pas que le programme de standardisation et d’eugénisation de la vie humaine qui se déploie sous nos yeux derrière la PMA, la GPA et la recherche sur l’embryon, a d’abord été, et continue d’être, expérimenté dans ces « labos » que sont devenus nos champs appauvris sous le règne destructeur de l’agriculture productiviste ? La plante, sélectionnée pour son potentiel productif et commercial, dopée aux engrais chimiques, remodelée génétiquement pour devenir objet de performance agro-athlétique, n’est-elle pas la préfiguration « dans la nature », le signe avant-coureur de cette réduction de l’homme à ses performances économiques et biologiques ? Les sombres voies du transhumanisme ne s’enracinent-elles pas dans le même fantasme démiurgique que celui d’une nouvelle création high- tech appliquée au vivant végétal et animal? Sommes-nous en phase sur cette question des OGM avec le cardinal Turkson et ses virulentes prises de positions contre Monsanto et le colonialisme agricole des multinationales en Afrique et ailleurs ou avec les représentants de l’industrie agro-alimentaire qui sans relâche impriment le mensonge selon lequel seuls les OGM nourriront les humains ?
La façon abjecte avec laquelle nous traitons les animaux dans les élevages industriels concentrationnaires, manifeste-elle notre dignité humaine ou l’effondrement moral et spirituel d’une humanité livrée au règne assassin de sa toute-puissance prométhéenne sur le vivant ?
Où est la défense de la dignité humaine en la matière, au delà de nos belles paroles affichées ?
Que disons-nous au sujet des semences paysannes ? Dans son combat admirable pour préserver ce qui peut l’être encore de la biodiversité agricole, envers et contre tous les procès qu’elle subit, l’association Kokopelli défend-elle « la nature au détriment de l’homme » ou la dignité de l’homme, de sa vocation d’humble gardien des foisonnantes et merveilleuses richesses vivantes de la création ?
C’est également la dignité de l’homme dans son sens des limites et du respect de la biodiversité qui guide l’action des militants écologistes et des populations locales à Notre-Dames des Landes (...)
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Re: L'écologie humaine ?
Un article paru dans le journal La Vie :
L’écologie humaine cherche une nouvelle voie
Le 22 juin, à Paris, a lieu le premier rendez-vous d’un mouvement visant à repenser l’écologie. Autour de quel contenu ? Enquête.
Dans la salle paroissiale du Bon Conseil, dans le VIIe arrondissement de Paris, une centaine de jeunes, la plupart arborant des sigles (sweats, badges, autocollants) de la Manif pour tous, sont venus écouter Tugdual Derville discourir sur l’écologie humaine. Écologie humaine ? L’expression, présente aussi bien dans le domaine scientifique que dans la catéchèse des papes depuis Jean Paul II, a connu un regain de popularité au coeur des manifestations contre le mariage homosexuel. Ancien responsable d’une association d’accueil des handicapés et des Petits Frères des pauvres, Tugdual Derville est délégué général d’Alliance Vita, association fondée par Christine Boutin en 1993, qui vise à «promouvoir la protection de la vie humaine et le respect de la dignité de toute personne»
«La loi Taubira a créé à son corps défendant un grand courant d’écologie humaine, affirme-t-il. Ce ne sera pas un mouvement de plus, mais un courant de pensée. Il aura pour base non seulement le respect de la vie, de la filiation, mais de tout l’homme. Nous voulons, en effet, nous libérer de la tenaille libérale-libertaire qui asservit l’homme. Ce qui s’est passé était une sorte de galop d’essai, le début d’une contre-révolution culturelle par rapport à mai 68. D’ailleurs, nos adversaires ne sont pas des personnes mais des idéologies»
Après plus d’une heure d’exposé, les questions fusent. Toutes cherchent à préciser ce concept d’écologie humaine. Faut-il aller chercher des alliances avec les écologistes décroissants ? Faut-il investir le champ politique ? Faut-il être des « poissons roses » de droite ? Patiemment, Tugdual Derville répond que le processus n’en est qu’à ses débuts et qu’il va falloir «travailler dans le cadre d’une démarche participative». Que le 22 juin, lors du premier rendez-vous public à Paris, il s’agira surtout «d’écouter des témoignages de vie, comme cet aide-soignant qui travaille dans une unité de soins palliatifs». Un long processus qui doit aboutir aux premières assises de l’Écologie humaine, à l’automne 2014. À la fin de la conférence, une jeune fille s’approche : «Je suis intéressée par votre idée d’écologie humaine. Mais je ne comprends toujours pas très bien ce que c’est»
Pour en savoir plus, il faut aller à la source. Celle, d’abord, des textes publiés sur le site www.ecologiehumaine.eu (à ne pas confondre avec le site de la Société d’écologie humaine, fondée en 1987 par des scientifiques : www.ecologie-humaine.eu), plutôt consensuels. Exemples : « Pour une école de la confiance », « Pas d’art, pas d’humanité », « Éduquer au don ». Mais aussi, celle de la tribune parue dans La Croix le 21 mars 2013 et intitulée : « L’écologie humaine : un projet de société »
Les trois signataires, Tugdual Derville, Pierre-Yves Gomez (économiste, directeur de l’Institut français de gouvernement des entreprises / EM Lyon) et Gilles Hériard-Dubreuil (directeur de Mutadis, une société qui intervient sur la gouvernance des zones à risques technologiques, notamment dans le nucléaire) précisent leur pensée dans ce paragraphe central : «Dès lors que l’homme n’est qu’un matériau, il est utilisé au nom de la performance économique ou biologique pourvu que cela comble certains désirs ; le Parlement légifère sur la nature humaine au gré de groupes d’intérêts ou de théories qu’on nommera “sens de l’Histoire” ; les entreprises considèrent l’être humain comme une variable d’ajustement de l’efficacité ; les politiques environnementales en viennent à protéger la nature au détriment de l’homme (…) »
Dans le petit milieu des chrétiens écologistes, c’est ce dernier passage qui fait le plus débat. À noter d’ailleurs qu’un nombre non négligeable d’entre eux avait manifesté son opposition à certains aspects de la loi Taubira (adoption et filiation) et surtout ses suites possibles (PMA et GPA). Pourquoi établir une distinction, voire une opposition entre écologie humaine et écologie environnementale ? Le journaliste et blogueur Patrice de Plunkett avoue sa perplexité : «L’écologie humaine est un chantier à peine ouvert, dont on ne sait pas quelle direction il va prendre. Il y a deux tendances. Une qui existe déjà et qui prend au sérieux les textes de Benoît XVI et du pape François, qui, eux, ne font pas de distinction entre l’écologie humaine et environnementale. Et l’autre tendance, assez liée aux milieux libéraux patronaux, surreprésentée dans le catholicisme français, et pour qui l’écologie est un diable gauchiste. Au milieu de tout cela, vous avez l’écologie humaine. Qui ressemble pour le moment à une promenade dans Londres un jour de brouillard». Avec son groupe de la Fraternité des chrétiens indignés, il attendait de voir si les animateurs du site Écologie humaine accepteraient de publier prochainement une de ses contributions. «Mais, précise-t-il, ce qui compte, c’est les réponses qu’ils vont y apporter car, sinon, on en restera soit au stade des bons sentiments, soit d’une Alliance Vita continuée par d’autres moyens»
Même prudence du côté de Dominique Lang, assomptionniste et animateur du site Églises & Écologies (www.ecologyandchurches.wordpress.com) : «Après avoir animé un débat avec eux aux Bernardins, je trouve qu’il y a une intuition intéressante dans l’écologie humaine qui est d’interpeller l’écologie politique, souvent très conservatrice sur le plan environnemental et très libérale sur le plan sociétal, ce qui est une vraie contradiction. Par contre, je suis plus circonspect sur l’arrière-plan politique de cette initiative. Pour moi, plus qu’avec la bioéthique, il faut lier l’écologie aux questions de solidarité et de pauvreté. C’est ce que font le CCFD ou Emmaüs, et qui est très présent dans les discours du nouveau pape François»
D’autres sont plus réticents. Laura Morosini est une des animatrices du groupe des Chrétiens unis pour la terre. Elle est titulaire d’un diplôme d’écologie humaine, une approche scientifique de la place de l’homme dans l’environnement enseignée à l’université de Bordeaux, obtenu en 1992. «On trouve dans la tribune de La Croix beaucoup d’humain, ou plus exactement de bioéthique, mais très peu d’écologie. Ce qui est sous-jacent, c’est que, selon eux, il existerait dans l’écologie une sorte de divinisation de la nature, une deep ecology, ce qui est un pur fantasme en France. Pour nous, la priorité, c’est de ne pas créer une nouvelle chapelle mais que l’Église puisse travailler avec les milieux écologistes existants, qui accomplissent sur le terrain, depuis 40 ans, un travail fantastique»
Jacques Muller, maire Vert de Wattwiller, dans le Haut-Rhin, a signé l’«Appel des maires contre le mariage pour tous». Mais il tient à garder ses distances : «Moi qui ne suis pas d’accord avec de nombreuses positions de mon parti, Europe Écologie-Les Verts, sur les questions bioéthiques, je ne peux pas laisser dire que l’écologie en France chercherait à protéger la nature au détriment de l’être humain. Nous portons, au contraire, une critique de la civilisation de consommation et du productivisme, qui nous mènent droit dans le mur, y compris au plan éthique. En plus, le fait que l’un des signataires du texte soit le directeur du cabinet Mutadis, un médiateur soft du nucléaire, ne va pas les aider à attirer des écolos, quelles que soient leur spiritualité ou leur philosophie». L’action de Mutadis à Tchernobyl a, en effet, fait l’objet de sévères critiques à la fin des années 1990 de la part d’organismes spécialisés sur ces questions.
Au cours de sa conférence au Bon Conseil, Tugdual Derville a également cité Jean-Claude Guillebaud, à l’appui de ses critiques contre le libéralisme libertaire. Auteur de nombreux essais et chroniqueur au Nouvel Observateur et à La Vie, ce dernier ne s’en étonne pas : «Je sais que Derville et ses amis de la Manif pour tous s’appuient beaucoup sur le chapitre 3 d’un de mes récents livres, la Vie vivante, publié en 2011, et qui porte sur les études du genre. Mais en oubliant de dire que, de mon point de vue, les deux camps qui s’affrontent sur le genre, les pro et les anti, ont tous les deux torts. C’est aussi pour cette raison que j’attends de voir ce que sera l’écologie humaine avant de me prononcer»
Olivier Nouailla
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Re: L'écologie humaine ?
Sur le blog de Patrice de Plunkett :
http://plunkett.hautetfort.com/archive/2013/06/23/hier-lancement-du-courant-pour-une-ecologie-humaine.htmlHier à Paris s'est tenue la journée de lancement du "courant pour une écologie humaine" annoncé depuis janvier par Tugdual Derville. J'y ai pris part comme invité. Cinq cents personnes de tous âges, venues de 55 départements, se sont rencontrées pour clarifier la démarche : il ne s'agira pas d'un mouvement au sens habituel, mais de "bouillonnement" et de "foisonnement" ("germination" et "diversité croissante", a dit TD). Ce "courant" s'oriente vers l'entraide, le soin des "vulnérabilités", dans la proximité et les "engagements concrets". Si le projet paraît flou, ont souligné ses initiateurs, c'est que "le flou est inhérent à la méthode du foisonnement" : "on découvre les perspectives en avançant et en s'aidant mutuellement"
Il s'agit de "renouveler nos modes de pensée", a souligné Tugdual Derville. Qu'il me permette alors de faire une suggestion : sous cet angle du renouvellement, l'une des "perspectives" (cruciale) à "découvrir" est le lien vital entre l'écologie humaine et... l'écologie tout court, la protection du vivant dans tous les domaines de la biosphère dont nous sommes responsables – et dont dépend d'ailleurs l'existence humaine. De cela il ne fut pas question durant cette journée, au moins en séance plénière, et cette lacune n'est pas restée inaperçue.
Mais l'un des ateliers par thèmes s'intitulait "Nature et environnement". Je m'y suis inscrit. Plusieurs des participants pensaient comme vous et moi. Lors du tour de table, j'ai indiqué aux autres un certain nombre de données (dont notre blog a souvent parlé) à propos d'écologie et d'écologistes. J'ai insisté sur l'urgence – pour les défenseurs catholiques de "l'humain" – de découvrir qu'ils ne sont pas seuls dans ce combat ; qu'un certain nombre d'écologistes radicaux (loin d'être la caricature qu'on imagine à droite) sont très conscients des menaces envers l'humain ; et que ces écologistes discernent la cause (économique) des menaces, mieux que beaucoup de catholiques qui se contentent de déplorer des effets... J'ai donc proposé, parmi les urgences pratiques, d'aller à la rencontre de ceux qui – venant d'horizons tout autres – ont beaucoup à dire. L'idée a été bien accueillie, et c'est un signe encourageant.
Le courant lancé par Tugdual Derville n'est pas confessionnel, mais son socle est visiblement constitué de catholiques (de nuance "classique"). Rendons hommage à leur dynamisme et à leur sincère cordialité. Constatons que les événements des derniers mois ont élargi leur vision des choses. Constatons aussi que certains d'entre eux prennent conscience de la véritable nature des puissances qui menacent, inséparablement, l'homme et le reste de la création... Cette prise de conscience du "tout-est-lié" se diffusera par la force de son réalisme, même si un courant voué aux actions chaleureuses de proximité n'est pas enclin aux analyses de fond.
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