L’Église catholique veut relever le défi de la crise écologique

[Athina]

En fait, ce document est un livre vendu en librairie et n'est pas diffusé sur Internet. Je viens de le terminer et je n'ai qu'un seul mot: merci Seigneur

Ce rapport des évêques français sur la crise écologique est traversé par une remise en cause radicale (au sens étymologique terme: à la racine) de notre mode de vie et d'un système économique basé sur la croissance infinie. Mais ce n'est pas uniquement une "dénonciation", c'est une invitation à la conversion personnelle et collective, à une vie spirituelle qui redécouvre ses liens avec la Création ("Il y a donc à entreprendre un travail de valorisation de la dimension écologique de la liturgie", p 40), au changement et à l'action personnels et collectifs.

Chaque phrase est intéressante, mais on peut relever quelques extraits.

"Le modèle de croissance de la consommation des pays développés et depuis quelques années des pays émergents n'est pas "durable". Il conduit à l'épuisement des ressources naturelles, au changement de climat, à la perte de la biodiversité et à la destruction des écosystèmes." Première phrase de l'avant-propos de Mgr Marc Stenger, président du groupe de travail Environnement et Écologie qui a rédigé ce rapport.

"L'homme n'a-t-il pas vocation à être autre chose qu'un grand prédateur à l'égard de la nature et des ressources mises à sa disposition?"

"C'est en ce sens que nous affirmons que la crise écologique introduit une nouveauté radicale dans la manière de penser le vivre-ensemble: la prise de conscience du caractère non-durable de notre modèle de développement actuel et le fait que sa poursuite met gravement en danger les possibilités de vie des générations futures."

Le document contient également des propositions pour agir en chrétien, individuellement et collectivement, qui sont annoncés comme des axes que l'Église de France va développer (le texte souligne d'ailleurs que l'écologie est un des thèmes de réflexion majeurs de l'Église de France et va continuer à l'être).
1- Développer une théologie et une catéchèse de la Création.
2- Développer des formations qui seront proposées dans les centres diocésains de formation, dans les séminaires, dans les établissements catholiques d'enseignement et dans les universités.
3- Célébrer Dieu créateur.
4- S'informer sur les questions environnementales. Des documents, par exemple sur les gaz de schistes ou les marées vertes, sont déjà rédigés et diffusés sur le site Internet du Conseil Famille et Société.
5- Organiser des relations avec les acteurs de l'environnement.
6- Offrir des lieux d'écoute et de dialogue, par exemple pour accompagner le monde rural dans les situations difficiles qu'il vit aujourd'hui et favoriser des ponts et des solidarités entre les producteurs et les consommateurs, et promouvoir la prise de conscience des responsabilités écologiques partagées.
7- Être exemplaire dans nos choix, dans nos actions et nos modes de consommations. Exemples des chantiers de rénovation ou de construction des bâtiments diocésains, du mode de fonctionnement des lieux d'accueil chrétiens, de l'organisation des réunions d'Église ...
8- Inciter les chrétiens à s'engager dans la construction d'un "développement durable" (ne vous arrêtez pas sur le terme, le texte précise ensuite que cela suppose "une conversion de nos mentalités marquées par l'individualisme et le consumérisme").
9- Proposer à la réflexion des chrétiens une parole d'Église sur les questions d'écologie et d'environnement.

Je ne cite pas toutes les phrases qui méritent qu'on les relève, sinon je citerais tout le livre. Mais j'en ajoute quand même une:

"L'expérience monastique d'équilibre économique et social, spirituel et environnementale, autrement dit de "sobriété heureuse", doit être mise en valeur comme mode de vie alternatif."

Le rapport se termine par des réflexions sur l'écologie humaine.

Merci mon Dieu, et merci à nos évêques pour ce rapport qui fera date (et qui va être regardé bizarrement dans les milieux chrétiens si j'en juge par la réaction des petites sœurs d'une librairie dont on ne citera pas le nom quand Phylloscopus leur a demandé si elles l'avaient: ça ressemblait à "jamais ce brûlot gauchiste ne franchira les portes de notre librairie")! Quelle bouffée d'air frais!

[serge lellouche]

Merci Marie pour ce CR plus qu'instructif : Ca va souffler dans les chaumières et dans les narines. J'aime ça !
Encore un ouvrage qui va être clé pour nous, notamment d'un point de vue pédagogique ET politique, car c'est bien de cela qu'il s'agit!
Un petit compte-rendu en une du site, ça serait vraiment pas mal. On peut aussi se contenter d'une photo du bouquin en une, avec seulement quelques lignes de présentation. En tout cas, on se doit de le mettre en valeur d'une façon ou d'une autre.
Petite question : le thème de l'option préférentielle pour les pauvres est-il explicitement abordé dans l'ouvrage, si oui, aurais-tu la bonté de me/nous faire part du ou des extraits concernés. Merci .

[Athina]

Merci Marie pour ce CR plus qu'instructif : Ca va souffler dans les chaumières et dans les narines. J'aime ça !
Encore un ouvrage qui va être clé pour nous, notamment d'un point de vue pédagogique ET politique, car c'est bien de cela qu'il s'agit!
Un petit compte-rendu en une du site, ça serait vraiment pas mal. On peut aussi se contenter d'une photo du bouquin en une, avec seulement quelques lignes de présentation. En tout cas, on se doit de le mettre en valeur d'une façon ou d'une autre.
Petite question : le thème de l'option préférentielle pour les pauvres est-il explicitement abordé dans l'ouvrage, si oui, aurais-tu la bonté de me/nous faire part du ou des extraits concernés. Merci .

C'est prévu, et ça sera même un compte-rendu détaillé (j'essaie de faire ça dans la semaine).

Sur l'option préférentielle pour les pauvres, je m'y replonge tout à l'heure et je te dis ça.

[Athina]

Le compte-rendu du document des évêques est en ligne :

Un nouvel horizon socio-économique et un nouvel élan pastoral et spirituel : voilà ce que propose le rapport du groupe de travail Écologie et environnement de la Conférence des évêques de France, Enjeux et défis écologiques pour l’avenir, disponible en librairie depuis le 27 avril. Fruit de deux ans de travail, ce texte propose une lecture chrétienne de la crise écologique, des pistes concrètes d’action, individuelles et collectives, et une réflexion sur l’écologie globale qui est un appel à convertir notre rapport à la nature, à l’homme, à Dieu.

Un nouvel horizon socio-économique, car les évêques de France s’inscrivent résolument dans la lignée de Jean-Paul II et de Benoît XVI en affirmant qu’il n’est pas possible de concilier notre modèle économique de développement et le respect de la Création, don de Dieu, auquel nous sommes appelés en tant que catholiques (...)

la suite sur http://www.chretiensindignonsnous.org/2012/05/leglise-catholique-veut-relever-le-defi-de-la-crise-ecologique/

[Feld]

Vincent Cheynet était bien au courant de la publication du document de la CEF. Il l'évoque dans le dernier numéro de La Décroissance. Je cite :

" Sans surprise

Le groupe de travail "Ecologie et environnement "de la Conférence des évêques de France vient de publier son rapport Enjeux et défis écologiques pour l'avenir. C'est plein de bons sentiments qui n'engagent à rien et ne fâcheront personne, complètement claquemurés dans le développement durable, sans aucune attention à la réflexion de la décroissance. Mais peut-on attendre autre chose d'une Eglise dont les membres pratiquants ont voté à 79% (...) pour le candidat du "travailler plus pour gagner plus", du bling-bling et de l'"option préférentielle pour les riches" ? Pourtant ces gens sont au courant puisque dans le même temps, une revue catholique (dont nous ne sommes pas ici assez experts pour connaître toutes les tendances ), Kephas, publie, elle, un dossier solide sur la décroissance et l'écologie, loins des mièvreries habituelles de la presse chrétienne grand public."

[Contenu sponsorisé]