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Un collège domicinain des années 60

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Message  Jans Mer 1 Juin - 23:29

Sans doute n'est-il pas inutile que quelques témoignages vécus apportent une information fiable sur la réalité de certains collègues dominicains des années 60, ceux de mes 14, 15 ans.
Je ne nommerai pas le lieu, ni les noms. Disons qu'il s'agit dune grande ville, fréquentée par la bonne bourgeoisie (surtout commerciale, pas des intellectuels).
La confession hebdomadaire est obligatoire. On remplit un papier : "l'élève X désire se confesser au Père Y". Que doit-on lui raconter ? le mien a 60 ou 70 ans, c'est la vielle école ; ce qui l'intéresse ? si l'on a manqué la messe, et surtout tout ce qui concerne la "pureté", donc le sexe. Avec le recul, je suis obligé de dire ou qu'il ne sait rien d'un adolescent, ou qu'il applique des schémas dépassés voire absurdes, puisqu'il me dit que "la masturbation peut rendre fou". Quand je lui dis que "je me suis touché", à 11 ans, (sans rien de particulier), il me déclare que "ma confession solennelle n'est pas valide", je ne sais qu'en penser avec mes 14 ou 15  ans.
Un jour, il me demande de l'embrasser, ce que je fais sur la joue. Je n'y comprends rien. Sauf que les pulsions sexuelles sont impératives, ce que aujourd'hui on comprend, et qu'à l'époque cela passait presque pour de la perversion. Dire qu'on est loin de l'évangile, est une évidence ; dire que quelque chose ne fonctionnait pas dans ce collège de dominicains est évident.
Avec le temps, on se rend compte que certains dominicains ont leur chouchou (homophilie simple, sans suite pénale), ainsi que certains directeurs laïques : Comment voulez-vous qu'il en soit autrement, quand on passe sa vie à se dévouer à des jeunes ? Il faut une motivation profonde, au-delà et très en-deçà de l'inspiration du Saint-esprit ! Pourquoi croyez-vous que tant d'aumôniers scouts soient impliqués dans des histoires avec des scouts ? parce qu'ils suivaient leur pente naturelle, de façon à demi inconsciente, l'homophilie, voire envers des très jeunes, est irrésistible, il faut constater, pas condamner. Les rivalités font qu'un dominicain me dit que le "directeur laïc" a des relations avec des élèves" et le directeur me dit la même chose du dominicain en question. Qui n'a probablement rien fait, mais sa façon de parler de certains jeunes est claire aujourd'hui : "mon Christian" (élève de 5ème). Il était très attaché à lui, disons-le de façon neutre. Quand j'ai pu dire cela sur internet au Christian adulte, il a été étonné, ne s'étant rendu compte de rien.
Donc, les révélations fracassantes ne m'ont qu'à moitié étonné : Le prêtre est nimbé d'une auréole qui l'élève au-dessus de tous, aucun de ses actes ne peut être répréhensible, il est sacré. L'homophilie, quand elle existe, c'est du dévouement envers les jeunes...
Alors quel est le plus grave dans tout cela ? C'est que l'évangile de Jésus-Christ n'est pas été transmis, seulement un ensemble de rites destinés à nous purifier (mais de quoi ? nous n'étions que des garçons de 15 ans), une mécanique cultuelle où l'eucharistie était la clé de tout... et en fait un dévoiement de l'évangile quand on le comprend en grec dans la culture d'origine : il n'y a pas de sacrement dans le judaïsme auquel Jésus appartient, et prendre des paroles métaphoriques à la lettre, c'est tellement contraire à la culture juive ("ceci est mon sang") qu'on se dit après une solide formation sociologique et anthropologique qu'il faut que 50 ou 70 ans se soient écoulés et la culture juive perdue pour en arriver à une telle déformation.
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Message  Spin Jeu 2 Juin - 5:57

Deux remarques :

1) Qu'est-ce que j'ai eu de la chance avec mes maristes ! Mais ça ne dit pas ce qui est règle et ce qui est exception.
2) Tu présupposes, en tout cas ça y ressemble, qu'il y a forcément un message évangélique originel pur et sans équivoque qu'il suffirait de suivre, à la lettre puisque tu préconises de le lire dans le texte d'origine. Je suis sceptique.
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Message  Jans Jeu 2 Juin - 11:58

Ce ne sont certes que mes opinions. On peut nuancer en ajoutant que l'Église primitive a été inspirée de développer une structure théologique sacramentelle, et une hiérarchie sacerdotale qui n'est pas dans l'évangile — même si je n'y adhère pas, mais chacun croit ce qu'il peut. Est-il besoin d'ajouter que le "Tu es Pierre et sur cette pierre..." ne peut pas être pris au pied de la lettre, Jésus n'a jamais voulu fonder d'Église, et le ekklesia signifie assemblée, tout au plus ... à supposer que Jésus ait vraiment dit ces paroles, ce dont doutent bien des exégètes.
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Message  Spin Jeu 2 Juin - 20:26

Jans a écrit:Est-il besoin d'ajouter que le "Tu es Pierre et sur cette pierre..." ne peut pas être pris au pied de la lettre, Jésus n'a jamais voulu fonder d'Église, et le ekklesia signifie assemblée, tout au plus ... à supposer que Jésus ait vraiment dit ces paroles, ce dont doutent bien des exégètes.
Il y a bien d'autres raisons d'en douter, et même plus. Elles ne figurent pas dans les passages correspondants de Marc 8 et Luc 9, ou on ne sent aucune rupture. Elles cassent maladroitement le rythme et le ton du récit. Et puis enfin, un supposé fondateur qui ne prononcerait qu'une seule fois, dans les milliers de mots qu'on a de lui, le nom de sa supposée fondation...

Enfin, les Eglises chrétiennes ont fait beaucoup de bricolages, bons ou mauvais. Mais il en aurait fallu de toute façon si on tenait à pérenniser l'élan initial.
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Message  Jans Jeu 2 Juin - 22:49

Enfin, les Eglises chrétiennes ont fait beaucoup de bricolages, bons ou mauvais. Mais il en aurait fallu de toute façon si on tenait à pérenniser l'élan initial.
C'est peut-être une façon un peu cavalière de qualifier un situation complexe chez des humains encore plus complexes ? Les besoins humains ne sont pas infinis : protection, sécurité, guérison, salut, pardon, besoin de sortir du quotidien, angoisse devant une condamnation possible...

Mais la spiritualité envisagée à la fois comme le besoin gratuit de transcendance, de dépassement d'un quotidien trop limité et que l'on perçoit comme vision limitée du réel et le désir de se rapprocher du divin a toujours existé, partout, et c'est finalement cela le feu sacré des religions. S'y ajoute un sens spirituel particulier, une perception fine d'un réel au-delà du réel, voire des événements vécus sortant du quotidien ou de la simple statistique... J'ai connu cela, on ne peut plus se contenter du quotidien. Renvoyer l'individu devant le psychiatre est une démarche dépourvue de bon sens, les malades mentaux peuvent avoir des délires religieux, mais ce sont précisément des délires, identifiés comme tels.

Nous en sommes aux textes, hélas tellement décevants, à la fois dans l'original (vu les ajouts successifs) et les traductions, Saint Jérôme ayant servi de phare au catholicisme jusqu'au XXè siècle, un peu révisé, tout de même... mais quand on se colle aux originaux à comprendre dans sa langue maternelle — et qu'en plus on est passé par un institut de traduction — on est là stupéfaits de  ce que tu appelles "bricolages" ! Comment a-t-on pu oser traduire en langage restreint religieux l'original ouvert vers l'universel ? le péché, peccatum, est une invention linguistique de Jérôme pour traduire hamartia, l'erreur au sens large, l'égarement, le ratage de cible ; tentationem est une traduction trop restreinte de peirasmos, l'épreuve au sens large. Déjà, la Septante traduisant l'hébreu de l'Ancien Testament en grec au IIè siècle avait fait de Marie, jeune femme une vierge :  parthenos, comme Athena (d'où le Parthénon), avec des conséquences incalculables pour la théologie catholique, qui a poussé l'idée si loin de rendre Marie (Myriam) vierge avant, pendant et après !! Ce qui, au passage, contredit l'image de Jésus vrai homme, mais on n'en est pas à une contradiction près.

Et dans tout cela, que dire à ceux qui s'épanouissent dans des chemins balisés ou de côté, dans ou sans les sacrements, dans la vie rituelle et figée des cérémonies religieuses, ou ceux qui voient leur frère dans le voisin et appliquent  un christianisme manifestement plus social du protestantisme ? Rien, que chacun vive sa vie. Mais entre la radio catholique qui parle toujours du salut individuel et du saint de jour, terminant comme toujours par un appel aux dons (ils ont toujours besoin de bcp d'argent), et les protestants parlant de l'aide à apporter à autrui et ne demandant rien pour soi, on comprend qu'il y a un problème... Un dernier mot : pour qui a un peu étudié la psychologie, l'obsession séculaire du catholicisme pour la "pureté" et les énormes abus constatés ne sont que les faces d'un même problème, propre d'ailleurs au catholicisme. On ne fait que sembler traiter à l'extérieur un problème qui est un cancer au dedans de soi, et la soif de l'argent reprochée aux juifs relève du même principe... qui déforme la réalité mais dont on n'est pas vraiment conscient.
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Message  Spin Ven 3 Juin - 13:07

Jans a écrit:Renvoyer l'individu devant le psychiatre est une démarche dépourvue de bon sens, les malades mentaux peuvent avoir des délires religieux, mais ce sont précisément des délires, identifiés comme tels.
Je rebondis sur ce point particulier. J'en ai peut-être déjà parlé sur ce forum, mais j'ai eu l'occasion de discuter avec une psychiatre (je précise que c'était une conversation de salon, je n'étais pas psychiatrisé :mm: ) en HP. Elle s'angoissait à l'idée que les patients dont elle soignait les supposés délire mystiques pouvaient être d'authentiques mystiques.

Je me souviens d'un dessins, présenté dans une revue (plutôt confidentielle) de parapsychologie, dont il était dit que l'auteur savait de quoi il parlait. On y voyait donc un "psychotique", furieux, sanglé dans une camisole de force, et un "mystique", visage épanoui, suspendu tout nu par un pied. Et cet échange (bulles) :
- Pourquoi vous appelle-t-il mystique et moi psychotique ?
- Un mystique sait à qui ne pas parler.
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Message  Jans Ven 3 Juin - 15:12

On pourrait dire sommairement que le mystique sait qu'il vit dans deux mondes, deux dimensions à la fois, alors que le schizophrène délirant ne vit plus que dans un seul monde, le sien. J'ai connu cela dans ma propre famille, étant le tuteur d'une tante aliénée. je suis allé deux fois lui montrer les photos de toute sa famille, tous décédés, je le lui précisais, elle était âgée, et me disait les reconnaître. Au moment de se séparer, elle me disait : "alors, quand vais-je retourner dans la villa familiale ?" (celle qu'elle avait quittée à 22 ans pour être internée) ; elle n'avait pas (ré)intégré la réalité. À son décès, on m'a transmis ses carnets ; elle écrivait par exemple de longues colonnes de chiffres en précisant que la date réelle n'était pas le 20 mars 2005, mais le 15 janvier 2235, et ajoutait : "les gens ne savent pas que j'ai deux agrégations de mathématiques". Les récits de mystiques sont tout autres — mais on est bien d'accord, on n'aura jamais accès à leur réalité.
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Message  -Ren- Mar 7 Juin - 21:16

Merci pour ce témoignage :jap:

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Message  Jans Mer 8 Juin - 9:04

Si les humains savaient les souffrances tues par ceux qui semblent avoir eu une "belle vie", ils éprouveraient moins de jalousie, d'envie. Les problèmes psychiques graves sont nombreux dans ma famille, alors que vu de l'extérieur nous faisons partie de la couche intellectuelle privilégiée. Le seul avantage, c'est d'être rendu hypersensible à la souffrance d'autrui. Je me souviens d'un 31 décembre à Madrid avec un groupe, il était 8h du soir, nous allions dans un bon restaurant. Sous les arcades proches de la Plaza Mayor, j'ai vu un SDF couché dans des chiffons sales et se protégeant du froid comme il pouvait avec de méchants cartons. Quelle tristesse. Quand je lis que la police enlève les sacs de couchage aux migrants à Calais, je suis outré.
Je sais bien que cela ne m'empêche pas d'être parfois rude ici...
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Message  DenisLouis Mer 8 Juin - 10:37

Je suis en train de lire une biographie romancée écrite par Michel de Castillo : "La religieuse de Madrigal",  il met d'abord en garde contre le roman historique en disant qu'il est impossible de restituer  psychologiquement les choses d'une manière adéquate à des siècles d'intervalle et qu'il s'agit donc de reconstitution approximative, les ambiances mentales étant totalement différentes (également  d'ailleurs pour une même époque dans des pays ou lieux/institutions différents).
Aussi il essaie de comprendre les sentiments d'une fille de famille noble mise au couvent (Ana d'Autriche),  pour cacher l'origine d'une naissance entre autres, de toute façon pour les enfants de grande famille qui n'étaient pas destinés à la politique ou aux dignités ecclésiastiques c'était une voie normale, sauf que leur origine leur assurait un traitement de faveur par rapport à leurs collègues.

https://www.babelio.com/livres/del-Castillo-La-religieuse-de-Madrigal/9713


Comme il a lui-même vécu dans des institutions religieuses et qu'il en a gardé des souvenirs amers, il essaie de se représenter les choses à partir de son expérience.
"Oraisons, méditations, cantiques, adhérait-t-elle à ces  liturgies rituelles ? Les subissait-t-elle avec ennui ? Les détestait-elle ? Pour tenter de le comprendre je dois en appeler à mes propres émotions quand je vivais partagé entre la haine que ces cérémonies cléricales levaient en moi et une sorte d'abandon aux paroles que j'entendais, qui me pénétraient et dont, à mon insu, toute ma personne s'imbibait. On subit le catholicisme, on se console avec la figure du Christ. On vit dans une double conscience, celle de l'esprit qui s'insurge contre cette religion imposée par la contrainte, qui rejette la comédie du culte, celle du coeur qui entend, derrière les prêches et les sermons, une parole de vie et de liberté. Le sentiment se maintient dans une foi délivrée des hypocrisies cléricales, la raison abhorre la machinerie de l'Eglise.
Source d'angoisse et de désarroi, cette conscience à deux niveaux permet seule de survivre dans une société totalitaire , qu'elle soit religieuse ou laïque. Le sujet se partage entre ce que les sens lui révèlent d'une réalité insupportable et ce que le discours, généreux et enthousiaste, lui annonce et lui promet.  Par cette gymnastique, il parvient à se tenir dans un équilibre instable. Sa raison lui montre chaque jour le mensonge et la violence ; son coeur se laisse amollir et bercer pas les illusions lyriques. Comment s'étonner que la jeunesse soit la plus sensible à ces emportements fervents ?"

J'y vois une problématique plus générale, le lien entre la liberté des individus et la rigidité des institutions,  qu'elles soit sociales, politiques ou religieuses, qu'elles apparaissent comme nécessaires ou qu'elles s'imposent par la contrainte, ce qui est souvent le cas dans le domaine de l'éducation.

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Message  Jans Ven 10 Juin - 17:21

On pourrait dire trivialement "il en faut pour tous les goûts". Mais il est vrai que la vie religieuse cloîtrée pose bien des questions, d'autant plus qu'elle est souvent présentée ou ressentie comme un de sommets de l'élévation catholique. Plus largement, on constate que les fondateurs de religions insistent souvent sur un esprit et une vie pratique dans le siècle, en se méfiant d'une prépondérance cultuelle voire "sacramentelle".
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Message  DenisLouis Ven 10 Juin - 18:06

Il y a aussi ce livre écrit par le prieur général de la Grande Chartreuse :

"Risques et dérives de la vie religieuse" :

https://cathomeaux.fr/wordpress/abus-dans-leglise-le-prieur-des-chartreux-sort-de-son-silence/?print=pdf

https://www.cath.ch/newsf/dom-dysmas-la-victime-nest-pas-une-menace-mais-un-medecin/


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Message  Jans Ven 7 Oct - 13:36

Quoi qu'on fasse, il faut bien admettre que la vie consacrée est un refuge idéal pour tous ceux qui ont un problème de confrontation au réel en tant qu'obligation de rentrer dans une certaine norme : pas de femme, pas de violence, abri, douceur, tranquillité, protection, rôle social positif voire protecteur, ou même considéré comme intouchable, ambiance de coloration plutôt féminine, contact privilégié avec des garçons...
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Message  Spin Ven 7 Oct - 15:16

Au passage, un médecin un peu marginal (mais médecin quand même !), le Dr Michel Moirot, a soutenu l'idée que l'origine des cancers est essentiellement psychique. Pas le sujet ici, et ce n'est vraiment pas le paradigme dominant, donc on en pensera ce qu'on voudra. Le point, ici, est qu'il a donné comme exemple le taux de cancers très élevé chez des religieux cloitrés.

Cancer et communautés religieuses
Pour approfondir ses recherches, le Dr Moirot s’intéressa à des groupes humains vivant ensemble de la même façon depuis des années dans un environnement non pollués (tabac, amiante, benzopyrène, dioxines, etc), sur le même sol, mangeant les mêmes aliments, buvant la même eau et soumis aux mêmes influences telluriques, atmosphériques et climatiques. Il s’est donc adressé aux seuls groupes humains remplissant ces conditions, c’est-à-dire les communautés religieuses. Ces investigations en France, Luxembourg, Espagne et Israël se sont intéressés aux Chartreux, Trappistes, Carmélites, Clarisses, Rédemptoristes.
Qu’a-t-il découvert ?
Un pourcentage plus élevé de décès par cancer chez les cloitrés, hommes et femmes, chez qui les règles de vie en communauté sont plus strictes. Il remarqua que le taux de mortalité augmentait vers le Nord, à l’exception de la Corse, seul pays du Sud où les règles monastiques sont aussi sévères que dans le nord. Dans ces cancers, il trouve un taux élevé de cancers du sein, des organes sexuels, de la prostate et du larynx. Il en a déduit que le cancer traduit l’autodestruction d’un sujet somatisé dans un organe cible capable d’incarner cette destruction. Le profil du cancéreux est, remarque-t-il, une rigidité psycho-affective qu’il ne peut éliminer ou changer de peur de se détruire lui-même. Il en conclut : « Le cancer est la somatisation, au moyen d’un vecteur inutile à l’ensemble de l’organisme (donc en dehors du « schéma corporel ») d’une tendance autodestructrice latente chez un sujet mal conditionné au point de vue affectif, et qui se trouve subitement rejeté de la Société où il a été élevé. Ce réflexe de survie est celui-là même qui, paradoxalement, met sa vie en danger. Il va jusqu’à dire : « Si le cancéreux pouvait devenir fou, il guérirait de son cancer ».
Cette dernière assertion reprend l'idée d'une corrélation négative entre psychose (au sens strict, maladie mentale affectant la perception du réel) et cancer, signalée notamment par Henri Laborit.

https://www.neosante.eu/le-dr-michel-moirot-et-lorigine-psychosomatique-des-cancers/

Et pour télécharger gratuitement le livre : http://www.a-la-sante-globale.info/dr-michel-moirot/ A discuter ailleurs si on en a envie, je l'ai cité pour la partie sur les communautés cloitrées.
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Message  Jans Ven 7 Oct - 18:12

Intéressant, merci !
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Message  titinette Dim 9 Oct - 11:07

il trouve un taux élevé de cancers du sein, des organes sexuels, de la prostate et du larynx.

Je veux bien le croire, m'étant moi aussi posé la question, mais pas chez les cloitrés, chez des religieux(ses) apostoliques.

La raison que j'ai trouvée, c'est qu'il faut passer par le ou la supérieur(e) pour voir un médecin et que ce n'est pas toujours facile.

J'ai connu une soeur (dans les années 70) qui avait un cancer des intestins, mais n'a pu consulter que le jour où elle n'a pas pu se lever tellement elle avait mal et comme c'est elle qui préparait le petit déjeuner avant Laudes, la supérieure a dû aller voir ce qui se passait... prendre un RV chez le généraliste, etc... mais c'était trop tard pour qu'elle guérisse.
Donc... offrir sa souffrance est sans doute plus facile que la dire :o
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Message  Jans Dim 9 Oct - 11:25

Même cas : mon neveu a épousé une Togolaise ayant passé 10 ans dans une communauté religieuse à Paris ; elle était chargée de la comptabilité. Surprise : au fil des années, elle constate que la supérieure et son adjointe vont consulter un médecin dix fois plus que les autres religieuses. Explication trouvée : On laisse le plus possible les religieuses avec leur souffrance, cela fait partie de leur parcours spirituel ! Suite à quoi, ma nouvelle nièce est partie...
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Message  Spin Dim 9 Oct - 11:37

Il y aurait tant à dire sur les religieux cloitrés, Je me souviens d'un cas entendu il y a longtemps (donc de mémoire, désolé), de quelqu'un qui était entré dans un monastère pour une retraite de quelques jours, et qui s'est trouvé absorbé embrigadé façon Moon.

Mais autre sujet. On l'ouvre (si ce n'est pas déjà fait) ?
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Message  Jans Dim 9 Oct - 16:03

Les religieux cloîtrés, ce serait intéressant ; mais disposons-nous d'informations religieuses solides là-dessus ? Comment distinguer l'authentique de l'inauthentique, au sens du parfaitement sain d'esprit de son contraire ? De toute façon, il faudrait mobiliser à la fois la psychologie et la psychiatrie même dans leurs composantes de cas normaux, sains, car personne ne fait rien au hasard, sans autre motif que de se consacrer à Dieu : il y a mille façons différentes de le faire ! Il existe donc des raisons précises d'entrer dans un monastère, fondées, bien que, forcément échappant à 95% à la conscience. Il nous faudrait convoquer Sigmund Freud, C.G. Jung, Alfred Adler (qui a ma préférence aujourd'hui) et sans doute de classique structures psychiatriques (schizoïdie, hystérie, paranoïa, obsessionnel, dépressif, l'épileptoïde..). Sans parler de l'éternel débat entre l'inné et l'acquis.
Se cloîtrer, c'est forcément vouloir échapper au monde habituel, mais pourquoi — je veux dire au-delà d'un appel spirituel puissant, qui aurait pu prendre d'autres formes ?? On a une idée de ce qui a pu provoquer la vocation d'officier de marine de Pierre Loti ou pourquoi Léonard de Vinci a amené avec lui en France de jeunes élèves, mais ensuite ?
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Message  DenisLouis Lun 10 Oct - 14:12

Il y a surement quelque chose qui vient de la forme chrétienne et du rôle de la douleur.
Chez les taoïstes les pratiques (ou certaines pratiques), que l'on vive seul(e) ou en communauté, visent plutôt la santé et même à prolonger la vie (histoires des immortels taoïstes).
L'être est un tout, esprit, âme, corps, il  doit y avoir une harmonie entre les trois, qui se retrouvent dans la forme extérieure du corps (tête: ciel, bas du corps : terre), les exercices visent à harmoniser ces trois parties.
La vie en communauté, et même en famille,  peut entrainer des effets nuisibles à la santé, si on considère que chaque individu a des besoins propres, que ce soit en nourriture, habitudes de vie, sommeil. Pour équilibrer on peut dire aussi que la vie solitaire dans le monde actuel a des effets négatifs sur la santé et sur le psychisme.
Un déficit en sommeil (qui est une ascèse répandue et  pas seulement chez les moines) peut entrainer des problèmes de santé, inversement trop de sommeil est lié à des prédispositions envers certaines maladies chroniques (mais je pense qu'il ne s'agit pas d'une causalité, plutôt une corrélation, des êtres plus faibles ayant besoin de plus de sommeil).
L'islam ne conseille pas le monachisme, il considère qu'il s'agit en somme d'une pratique surérogatoire, inventée par les hommes, qui peut avoir des mérites pour certains êtres (il y a eu des sortes de monastères pour surveiller les frontières entre autres). Le Coran dit que le monachisme n'a pas été prescrit par Dieu, que ce sont les hommes qui l'ont inventé (toléré donc dans la mesure où il s'agit d'un choix d'adoration pour quelques un(e)s qui pourrait être considéré comme une "innovation louable").  Il est dit ensuite qu'ils ne l'ont pas pratiqué comme ils auraient dû le faire, cependant aucune précision n'est apportée sur les manquements. S'agit-t-il des déviations concernant certains ordres, et qui ont été corrigées par des réformes (les Bénédictins par les Cisterciens, puis par eux-mêmes, vie monastique trop relâchée, mais c'était plus tard, cela aurait visé des pratiques du temps de l'islam) ?

DenisLouis

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Message  Jans Jeu 13 Oct - 23:14

Nous en sommes à examiner le christianisme ;; vous m’avez lu ou pas ? Je me fous de ce que pense le taoïsme ou l’islam c’est Votre Opinion qui m’intéresse.
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Message  DenisLouis Ven 14 Oct - 12:06

Justement mon opinion vient de la comparaison entre différentes pratiques, j'ai connu le christianisme, je n'ai pas souffert comme ceux qui ont été dans des pensionnats, j'ai juste fréquenté en primaire une école chrétienne, rien à signaler de particulier, si ce n'est le souvenir d'un instituteur remplaçant qui devant être mal payé avait des habits misérables,  les enseignants n'étaient pas religieux, mais j'ai suffisamment de témoignages directs pour le reste, et j'ai plus ou moins directement approché d'autres pratiques ailleurs ce qui me permet d'avoir une vision plus large.
Les raisons de vivre en ermite ou en communauté ne sont peut-être pas propres au christianisme, c'est ça qu'il faudrait examiner sur le plan humain en général, en plus d'être prescrites, tolérées ou conseillées ou non par le ou les fondateurs.
Les abus ne sont pas non plus propres au christianisme, puisqu'il y a pratiquement les mêmes dans les communautés bouddhistes.
Et puis soyez courtois, vous n'êtes pas seul sur le forum, moi je me "foutais" de Loti jusqu'il y a peu, parce que j'en avais une image d'orientaliste dans le mauvais sens, dans le sens de "jouer à l'oriental", mais il y a un peu plus que ça, ce n'est pas que la question d'être l'officier de marine,  c'est aussi l'intérêt qu'il portait à des peuples non européens.

DenisLouis

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