Marko Rupnik, nouveau scandale catholique
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Marko Rupnik, nouveau scandale catholique
https://www.lefigaro.fr/actualite-france/marko-rupnik-le-nouveau-scandale-qui-eclabousse-l-eglise-et-le-pape-francois-20221225(...) Rupnik avait une notoriété internationale. Il était demandé partout dans le monde. Jean-Paul II lui avait confié, en 1996, les mosaïques de la chapelle Redemptoris Mater, dans les palais du Vatican. Quelle raison lui vaut une telle disgrâce ? À 68 ans, ce prêtre artiste, ami du pape François, vient de tomber très bas : il est accusé de multiples agressions sexuelles sur des religieuses d’un ordre qu’il avait fondé en Slovénie, la communauté de Loyola. Deux cas sont référencés par la justice ecclésiale, sept autres pourraient suivre. L’une de ses accusatrices parle même d’une « vingtaine de victimes » religieuses (...)
Le scandale a ensuite rebondi, car le supérieur général des Jésuites, le père Arturo Sosa, a menti publiquement sur le dossier, le 7 décembre. Il en fait lui-même la démonstration, le 14 décembre, en se contredisant, preuve qu’il avait intentionnellement caché la vérité pour couvrir la gravité des faits. C’est le pape François qui a levé la sanction à son égard. Le pape, qui est d’ailleurs l’unique autorité légitime pour décider en ce domaine (le site Il Sismografo)
L’indignation s’est encore accrue car le père Rupnik a bénéficié d’une impunité : en mars 2020, il a prêché la retraite de carême au Vatican, devant le pape, alors que, en janvier 2020, le procès canonique à son encontre, au sein de la Congrégation pour la doctrine de la foi, compétente en ce domaine, avait «unanimement» voté et conclu à sa culpabilité. L’exaspération a culminé quand il a été révélé que cette même Congrégation pour la doctrine de la foi, pilotée par un autre jésuite, le cardinal Ladaria Ferrer, a prononcé une excommunication à l’égard du père Rupnik, en mai 2020, avant d’être curieusement levée le même mois.
Exprimant publiquement ce que tout le monde pense tout bas à Rome, Il Sismografo, un site de référence sur le Vatican, a affirmé ce 23 décembre que le religieux avait donc été protégé en haut lieu (...)
L’affaire Rupnik a pris un tournant décisif le dimanche 18 décembre, quand le très sérieux journal Domani, positionné à gauche, a publié l’interview d’une des premières religieuses victimes du père Rupnik. Elle a décrit dans le détail la «stratégie» d’un manipulateur visant à soumettre pour obtenir ce qu’il voulait. Le prénom, Anna, est fictif, mais le témoignage est corrosif. Avec les précautions d’usage sur un récit anonymisé, il faut reconnaître que sa précision est accablante. Anna, 58 ans aujourd’hui, n’a pas été démentie, ni le journal inquiété.Depuis, Anna a été auditionnée par le dicastère pour la Doctrine de la foi (le 10 décembre 2021). Mais elle n’a «jamais reçu de réponse» à une lettre qui résumait cet enfer, envoyée en juin 2022, au supérieur général des Jésuites et à plusieurs hauts responsables de cet ordre. Dont le père Hans Zollner, pourtant connu pour ses responsabilités mondiales de lutte contre les abus sexuels et ses multiples leçons données aux évêques en la matière. Interrogé par la presse sur ce cas, ce jésuite allemand a gardé une froideur et une distance étonnantes, tout en concédant : «Je peux comprendre la souffrance des victimes. » Les jésuites ont cependant lancé un appel à témoins.
- Spoiler:
En 1985, elle est étudiante en médecine à Rome. Elle raconte comment la passion de l’art et les premières conversations avec celui qui était alors un illustre inconnu, prêtre, travaillant seul dans un atelier, Piazza del Gesù, à côté de l’église mère des jésuites, se transforment en cauchemar. Avec «dépression profonde» et tentative de suicide.
De «baisers» ou «étreintes» après la confession, sous prétexte d’«union» mystique, s’ensuivent des actes sexuels que le prêtre absout par une autre confession, sous le couvert d’un «don spécial du Seigneur», seulement pour «eux deux». Ces faits, le prêtre les a reconnus. C’est cette «absolution du complice», selon les mots du droit canonique, qui a valu l’excommunication de Rupnik - automatique en ce cas -, mais qui a été presque aussitôt levée.
Il y eut, à chaque étape de résistance de la jeune femme, un autre comportement, haineux celui-là, selon elle: menaces «agressives», chantage à l’abandon. Il y eut enfin le dévoiement de «l’accompagnement spirituel» du jésuite, qui imposa la rémission totale de la volonté de cette femme pour une «obéissance» au religieux. La «disponibilité et (l’)obéissance absolue» l’obligèrent parfois «à regarder des films pornographiques» ainsi qu’à avoir des relations sexuelles avec une «autre religieuse», en sa présence, sous prétexte d’union «trinitaire».
Celle qui passa ensuite un doctorat de philosophie résume l’histoire ainsi : « Ce fut vraiment et proprement un abus de conscience. Son obsession sexuelle n’était pas fortuite mais profondément liée à sa conception de l’art et sa conception théologique. Le père Marko s’est lentement et doucement infiltré dans mon monde psychologique et spirituel, s’appuyant sur mes incertitudes et fragilités, et utilisant dans le même temps ma relation avec Dieu pour me pousser à pratiquer des expériences sexuelles avec lui. »
Le bras cassé d’une autre religieuse dont il abusait - elle se serait débattue en voulant s’échapper - fut un déclic pour Anna. Elle s’opposa alors frontalement à ces pratiques et s’entendit répondre: «Personne ne te croira, je te ferai passer pour folle.» Ce qui se produisit effectivement. Échappée de la communauté religieuse, elle dénonça le prêtre à sa mère supérieure, à l’évêque. Ce fut le mur du «silence». Elle s’adressa aux jésuites, l’ordre religieux du père Rupnik, et on «refusa de l’entendre», même «en confession», dit-elle. Elle dénonce aujourd’hui: «Il était protégé par tous.» C’est en s’associant à une autre religieuse abusée qu’elle parvint à déchirer cette camisole ecclésiale. Elle apprendra qu’elle avait été déclarée, urbi et orbi, «schizophrène» par sa congrégation religieuse... fondée par Rupnik.
Au-delà du scandale de la propre vie de ce jésuite, il est donc apparu que le premier communiqué de la Compagnie de Jésus, le 2 décembre, ne mentionnait aucunement l’excommunication qui avait frappé le père Rupnik, en mai 2020, avant d’être très vite levée. Il précisait que les faits ne concernaient pas des «mineurs». Qu’ils étaient «prescrits» et que des «mesures de précautions» avaient été prises.
Le 7 décembre, en visite au Portugal, le supérieur des Jésuites, le père Arturo Sosa, dans une interview à la presse locale, détaillait même ces éléments en affirmant : « Nous n’avons rien caché ! » C’est seulement sous la pression des questions d’Associated Press, le 14 décembre, à Rome, que le père Sosa reconnaîtra qu’il y avait eu une sanction d’excommunication. Mais qu’elle était liée à une «autre» victime du père Rupnik et que la mesure avait été aussitôt levée parce que ce prêtre avait «reconnu le fait» - avoir confessé la religieuse qu’il venait d’abuser sexuellement - et qu’il s’en était «formellement repenti», deux conditions pour que l’excommunication soit levée (...)
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Re: Marko Rupnik, nouveau scandale catholique
https://www.cath.ch/newsf/affaire-rupnik-nouveaux-indices-de-dissimulation/(...) Anna assure que personne ne l’a aidée. «Ni la supérieure Ivanka Hosta, à qui j’ai fini par m’adresser, ni les autres sœurs de la communauté. Pas même les supérieurs jésuites de Rupnik, ni l’archevêque Sustar (Mgr Alojzij Sustar, archevêque de Lubljana et garant de la communauté de Loyola, décédé en 2007, ndlr). En 1994, alors que des élections internes sont prévues dans la communauté et qu’elle tente à nouveau d’évoquer les abus, la supérieure l’évince du vote en affirmant qu’elle est dangereuse et sous l’influence du diable. Anna quitte la communauté pour de bon dès le lendemain.
Le Père Rupnik a pu continuer à commettre des abus
Après sa démission, elle souffre longtemps de dépression, se retrouve incapable de nouer des relations affectives et de fonder une famille. Deux ans après son départ, la supérieure Ivanka Hosta lui a écrit pour lui demander pardon. Mais aucune nouvelle de l’Eglise ni de l’ordre des jésuites, qui ne prendront aucune mesure contre le Père Rupnik avant 2019.
Anna assure pourtant que ces deux institutions «étaient au courant des faits depuis 1994, lorsque j’ai personnellement apporté ma demande de dispense de vœux à l’archevêque de Ljubljana, dans laquelle je dénonçais les abus du Père Rupnik». L’ancienne religieuse affirme également qu’une autre religieuse non impliquée mais connaissant les faits a informé en 1998 le Père Francisco Egana, à l’époque délégué pour les maisons internationales de la Compagnie de Jésus à Rome. Qui l’a écoutée mais n’a rien fait. Anna a été entendue dans le cadre de l’enquête préliminaire en décembre 2021. Elle déplore le fait que le Père Marko ait pu continuer à commettre des abus pendant 30 ans (...)
Le récit d’Anna apparaît cohérent avec nombre de points déjà connus sur l’affaire et corrobore une «protection» en haut-lieu du Père Rupnik. Une attitude expliquée par la vaticaniste Lucetta Scarafia dans un éditorial paru le 20 décembre dans le journal italien La Stampa. « L’affaire Rupnik révèle grossièrement comment les hiérarchies ecclésiastiques peinent à comprendre le problème des abus sexuels sur les religieuses (…) Pour l’institution ecclésiastique, les abus sexuels sur des femmes adultes, comme les religieuses, n’existent pas: ces événements sont en effet classés comme des transgressions sexuelles commises par les deux parties »
Lucietta Scarafia souligne toutefois : « Heureusement, les temps ont changé, car aujourd’hui les religieuses prennent courage, elles vont dénoncer les prélats puissants, qui bénéficient d’un soutien élevé dans l’Eglise et enfin demander justice »
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Re: Marko Rupnik, nouveau scandale catholique
l'intégralité à lire sur https://www.lavie.fr/christianisme/eglise/comprendre-laffaire-rupnik-en-six-grandes-questions-85968.phpQuelles mesures ont été prises par l’Église ?
Concernant la première affaire, c’est-à-dire l’agression commise en 2015, la victime fait remonter les faits aux Jésuites en 2018. L’ordre procède alors à de premières sanctions disciplinaires, comme l’interdiction de confesser et d’accompagner spirituellement des femmes. Marko Rupnik est également démis de sa fonction de directeur du Centre Aletti deux ans plus tard, en 2020.
En juillet 2019, le Dicastère pour la doctrine de la foi (DDF, sorte de « ministère » du Vatican qui détient une compétence judiciaire exclusive pour ce genre de cas graves) demande à la Compagnie de mettre en place une procédure pénale contre Marko Rupnik dans le cadre de l’absolution de la personne agressée lors de la confession. En effet, en droit canonique, l’absolution du « complice » (en l’occurrence, une victime) par son abuseur dans le cadre du sacrement de réconciliation entraîne automatiquement l’excommunication. En janvier 2020, les juges du DDF, tous extérieurs à l’ordre des Jésuites, disent à l’unanimité qu’il y a bien eu absolution d’un « complice ».
Quelques mois plus tard, en mai 2020, le DDF déclare que l’absolution d’un complice a eu lieu et que Marko Rupnik est en état d’excommunication. Cette sanction n’est pas rendue publique. Elle est levée par un décret du DDF plus tard au cours du même mois. Toujours en droit canonique, une excommunication peut être levée, mais « la personne concernée doit reconnaître et se repentir formellement, ce qui a été fait pour Marko Rupnik », a expliqué Arturo Sosa, le supérieur général de l’ordre des Jésuites, lors d’une conférence de presse à Rome, le 14 décembre.
En avril 2021, l’ordre des Jésuites reçoit un signalement concernant des gestes déplacés et des abus spirituels commis à l’encontre d’une deuxième femme, proche de Marko Rupnik. En juillet 2021, Daniele Libanori, jésuite et évêque auxiliaire de Rome, se rend dans la communauté slovène de Ljubljana pour une visite apostolique… et recueille les témoignages glaçants de plusieurs religieuses affirmant avoir subi des agressions sexuelles par le prêtre, notamment dans le cadre de la confession, faisant ainsi émerger la « deuxième » affaire Rupnik. Sur demande du DDF, les jésuites commissionnent une enquête et lui transmettent les conclusions. Mais les faits sont alors prescrits. L’ordre des Jésuites tente de lever la prescription. Sans succès. En octobre 2022, le DDF clôt le dossier des sœurs slovènes d’un point de vue pénal, sans aucun commentaire, empêchant l’ouverture d’un procès canonique.
De leur côté, les jésuites ont pris des mesures disciplinaires, qui ont seulement été rendues publiques quand la presse italienne s’en est fait l’écho, début décembre. Le mosaïste ne peut désormais plus confesser, ni accompagner spirituellement des personnes, ni animer des retraites ou des exercices ignatiens, et doit demander l’autorisation au supérieur jésuite local s’il souhaite faire un discours public ou une conférence… Des sanctions jugées légères au regard des actes commis, et surtout non respectées par Marko Rupnik qui, avant que les accusations le concernant soient rendues publiques, prévoyait d’animer des retraites et prêchait toujours sur Internet. (...)
Un appel à témoignages auprès de potentielles autres victimes de Marko Rupnik a finalement été lancé par l’ordre des Jésuites le 18 décembre. « La Compagnie de Jésus, comme le demande la 36e Congrégation générale, veut créer une culture de la protection, et nous nous engageons à respecter les normes les plus élevées dans l’exercice de notre ministère. Nous essayons d’exclure la possibilité que quiconque coure le risque d’être blessé dans l’un de nos apostolats »
Qui savait ?
Dans un communiqué publié le 23 décembre, le cardinal Angelo De Donatis, vicaire du diocèse de Rome dont le pape François est l’évêque, dit avoir découvert en même temps que le grand public les accusations contre le prêtre mosaïste (...) Selon Anna, l’ancienne religieuse interrogée par Domani, l’Église et l’ordre des Jésuites étaient au courant des faits depuis 1994 (...) L’ancienne religieuse affirme également qu’une autre sœur, non victime mais informée des faits, a évoqué en 1998 les agressions commises par Marko Rupnik avec Francisco J. Egaña, à l’époque délégué pour les maisons internationales de la Compagnie de Jésus à Rome, « qui l’a écoutée, mais n’a rien fait. [Rupnik] était protégé par tous » (...) Or, selon la chronologie des événements rendue publique par les Jésuites, l’ordre n’a pas pris de sanction directement liée à la « deuxième affaire Rupnik » avant la visite apostolique faite dans la Communauté de Loyola en… 2021 (...). Fait encore plus troublant, Marko Rupnik avait été invité en mars 2020 par le pape à prêcher devant lui et la Curie lors la retraite de carême au Vatican… soit deux mois après que les juges du DDF ont jugé le mosaïste coupable de l’absolution d’un « complice », et deux mois avant son excommunication (...)
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