L'architecture du mépris
2 participants
Page 1 sur 1
L'architecture du mépris
Dans son encyclique Laudato Si, le pape François évoquait l'architecture dans sa réflexion sur l'écologie du quotidien :
Je reviens sur ce point suite à la lecture de cet article :
http://www.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html(...) 147. Pour parler d’un authentique développement il faut s’assurer qu’une amélioration intégrale dans la qualité de vie humaine se réalise ; et cela implique d’analyser l’espace où vivent les personnes. Le cadre qui nous entoure influe sur notre manière de voir la vie, de sentir et d’agir. En même temps, dans notre chambre, dans notre maison, sur notre lieu de travail et dans notre quartier, nous utilisons l’environnement pour exprimer notre identité. Nous nous efforçons de nous adapter au milieu, et quand un environnement est désordonné, chaotique ou chargé de pollution visuelle et auditive, l’excès de stimulations nous met au défi d’essayer de construire une identité intégrée et heureuse (...)
150. Étant donné la corrélation entre l’espace et la conduite humaine, ceux qui conçoivent des édifices, des quartiers, des espaces publics et des villes, ont besoin de l’apport de diverses disciplines qui permettent de comprendre les processus, le symbolisme et les comportements des personnes. La recherche de la beauté de la conception ne suffit pas, parce qu’il est plus précieux encore de servir un autre type de beauté : la qualité de vie des personnes, leur adaptation à l’environnement, la rencontre et l’aide mutuelle. Voilà aussi pourquoi il est si important que les perspectives des citoyens complètent toujours l’analyse de la planification urbaine (...)
Je reviens sur ce point suite à la lecture de cet article :
la suite sur https://usbeketrica.com/article/l-architecture-du-mepris-a-des-effets-sur-nous-tous« L'architecture du mépris a des effets sur nous tous »
Usbek & Rica : Le sous-titre de votre livre emploie un terme très fort, « l’architecture du mépris ». Comment du simple mobilier et des décisions urbaines peuvent-elles « mépriser » et qui sont les victimes de cet ostracisme ?
Mickaël Labbé : Cette formule n’est pas de moi, mais de Georges Pérec dans son livre Espèces d’espaces (éd. Galilée, 1974). Elle correspond aussi aux travaux du philosophe et sociologue allemand Axel Honneth, qui travaille sur la notion de reconnaissance. Ce que j’observe récemment, c’est qu’un certain design, un mobilier urbain et une production de formes urbaines agissent sur la formation d’identités individuelles et collectives. Au fond, un certain type d’architecture agit sur les identités et façonne ceux qui se sentent légitimes, ou non, à être là. Souvent, on analyse la ville en des termes macroscopiques : les inégalités économiques, la répartition par CSP, ou encore l’injustice spatiale et juridique. Cela donne un type de vision qui n’est pas inexact, mais on passe à côté d’un mode d’action négatif des villes. Ces dernières sont obsédées par leur image, qui est leur outil de valorisation le plus important. Aussi, puisqu’elles ne peuvent ouvertement ségréger, elles signifient spatialement le mépris par une architecture excluante. Cela peut passer par du mobilier urbain, type banc à SDF, soit par de larges projets privatisés comme EuropaCity (dont l’abandon a été acté en novembre dernier par le gouvernement, ndlr) ou le réaménagement de la Gare du Nord, où on signifie aux individus que ce qui nous intéresse chez eux, c’est leur part de consommateur. Dès lors qu’ils ne peuvent l’être car ils sont insolvables, ils comprennent de facto qu’ils ne sont pas les bienvenus (...)
_________________
...S'il me manque l'amour, je suis un métal qui résonne, une cymbale retentissante (1 Cor XIII, 1)
>> Mon blog change d'adresse pour fuir la pub : https://blogrenblog.wordpress.com/ <<
Re: L'architecture du mépris
Bonjour Ren
Je suis très surprise et très ravie que le Pape François parle de ce sujet.
Cela me fait songer à "l'Internationale Lettriste", puis "l'Internationale Situationniste", de bienheureuse mémoire, qui se sont préoccupées très tôt de l'urbanisme. Elles prônaient des balades urbaines (je ne me souviens plus du nom technique donnée à cette activité révolutionnaire) pour percevoir une réalité qui nous échappe naturellement.
Dans la balade on distingue aisément l'urbanisme choisi de l'urbanisme imposé, l'urbanisme du bien-être de celui que l'habitant veut fuir, l'urbanisme qui vise un projet de résidence de celui qui veut simplement loger. L'urbanisme de l'affinité et celui de la relégation.
Et pourtant à cette époque où les bidons-villes étaient encore nombreux les grands ensembles semblaient une excellente solution au mal logement.
J'ai vécu un temps dans une des deux grandes tours de l'allée du Rouaillier à Clichy-sous-Bois, de là-haut on y perçoit vite l'image concentrique du "centre-périphérie-exclusion".
Pour aborder un autre thème, c'est un de gros enjeux de la décroissance : l'abandon des zones invivables à celles et ceux qui n'ont pas le même droit de vivre… et l'accueil des migrants...
Très cordialement
votre sœur
pauline
Je suis très surprise et très ravie que le Pape François parle de ce sujet.
Cela me fait songer à "l'Internationale Lettriste", puis "l'Internationale Situationniste", de bienheureuse mémoire, qui se sont préoccupées très tôt de l'urbanisme. Elles prônaient des balades urbaines (je ne me souviens plus du nom technique donnée à cette activité révolutionnaire) pour percevoir une réalité qui nous échappe naturellement.
Dans la balade on distingue aisément l'urbanisme choisi de l'urbanisme imposé, l'urbanisme du bien-être de celui que l'habitant veut fuir, l'urbanisme qui vise un projet de résidence de celui qui veut simplement loger. L'urbanisme de l'affinité et celui de la relégation.
Et pourtant à cette époque où les bidons-villes étaient encore nombreux les grands ensembles semblaient une excellente solution au mal logement.
J'ai vécu un temps dans une des deux grandes tours de l'allée du Rouaillier à Clichy-sous-Bois, de là-haut on y perçoit vite l'image concentrique du "centre-périphérie-exclusion".
Pour aborder un autre thème, c'est un de gros enjeux de la décroissance : l'abandon des zones invivables à celles et ceux qui n'ont pas le même droit de vivre… et l'accueil des migrants...
Très cordialement
votre sœur
pauline
Invité- Invité
Re: L'architecture du mépris
Demat !
Reste ensuite aux catholiques comme moi à y revenir, à le faire vivre... Vaste chantier !
Laudato Si est un texte d'une extrême richesse, d'où ma joie lors de sa parution il y a 4 ans.pauline.px a écrit:Je suis très surprise et très ravie que le Pape François parle de ce sujet.
Reste ensuite aux catholiques comme moi à y revenir, à le faire vivre... Vaste chantier !
_________________
...S'il me manque l'amour, je suis un métal qui résonne, une cymbale retentissante (1 Cor XIII, 1)
>> Mon blog change d'adresse pour fuir la pub : https://blogrenblog.wordpress.com/ <<
Re: L'architecture du mépris
Dans le même registre (ça vient d'être diffusé) : https://www.les-crises.fr/villes-intelligentes-et-racisme-automatise/
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum