1984 (George Orwell)
4 participants
Page 1 sur 1
1984 (George Orwell)
Bonjour,
Je viens d'y faire allusion sur un fil, et ça suscite des commentaires. Alors pourquoi ne pas en parler pour lui-même ? https://fr.wikipedia.org/wiki/1984_(roman) C'est donc essentiellement une caricature de l'URSS. Aussi une réflexion sur le phénomène appelé totalitarisme, qui bousculait tous les paradigmes : on se figurait que les régimes les plus oppressifs et agressifs devaient être motivés par l'intérêt personnel, cupidité, luxure, des dirigeants. Et on devait faire face à tout autre chose.
On le dit visionnaire pour sa vision (justement) d'un contrôle de plus en plus étroit des activités des gens. Or, à l'époque, c'était largement fondé sur une incompréhension totale (pas spécifique à l'auteur). On se figurait que, pour avoir pu arrêter par millions des "ennemis du peuple" en si peu de temps, le GPU puis NKVD devait disposer de moyens d'investigation performants, et d'autant plus terrifiants qu'on avait du mal à les expliquer. En fait, il n'y en avait pas. Outre les opposants déclarés et les dénonciations souvent intéressées, les victimes étaient le plus souvent raflées au hasard, pour remplir des normes quantitatives d'élimination d'"ennemis du peuple". Gare à l'instance régionale ou locale du GPU puis NKVD qui ne remplissait pas les normes, et démerdez-vous.
La fin est un lavage de cerveau forcené du héros, qui en arrive à, on ne peut plus sincèrement, "aimer Big Brother", et à admettre aussi sincèrement que "deux plus deux égalent cinq". Autre incompréhension. Soljenitsyne a expliqué depuis qu'en général on se fichait pas mal de rééduquer les zeks, les internés du Goulag, qu'ils pouvaient même souvent s'exprimer bien plus librement et avec bien moins de craintes que quand ils étaient "libres". Il cite même quelque part le cas d'un pilote militaire qui, débarquant dans une cellule déjà pleine où on ne le connait pas, exprime son regret de pas avoir, lors d'un défilé au-dessus de la Place Rouge, mitraillé ou bombardé "notre père à tous" (de mémoire).
Mais je le trouve fascinant, ce lavage de cerveau. Il ressemble à une initiation. La phase décisive ressemble à un "insight", une prise de conscience, brutale et accablante en même temps que libératrice, qui conclut une psychanalyse réussie (j'y suis passé, du côté de chez Jung). Concrètement, le brave Winston prend conscience qu'il est en fait disposé à faire bouffer à sa place Julia, la femme qu'il aime, par des rats dont il a une peur pathologique. Désolé si j'ai gâché le suspens à qui ne l'aurait pas encore lu (ou pas encore eu son "insight" ?).
Dans le détail, quelques bizarreries. Le système métrique est rejeté quelque part. Difficile de faire plus fièrement british pour le héros principal, surtout en 1948, que Winston Smith. Que le méchant principal porte le patronyme on ne peut plus irlandais d'O'Brien, bon, enfin, passons...
Je viens d'y faire allusion sur un fil, et ça suscite des commentaires. Alors pourquoi ne pas en parler pour lui-même ? https://fr.wikipedia.org/wiki/1984_(roman) C'est donc essentiellement une caricature de l'URSS. Aussi une réflexion sur le phénomène appelé totalitarisme, qui bousculait tous les paradigmes : on se figurait que les régimes les plus oppressifs et agressifs devaient être motivés par l'intérêt personnel, cupidité, luxure, des dirigeants. Et on devait faire face à tout autre chose.
On le dit visionnaire pour sa vision (justement) d'un contrôle de plus en plus étroit des activités des gens. Or, à l'époque, c'était largement fondé sur une incompréhension totale (pas spécifique à l'auteur). On se figurait que, pour avoir pu arrêter par millions des "ennemis du peuple" en si peu de temps, le GPU puis NKVD devait disposer de moyens d'investigation performants, et d'autant plus terrifiants qu'on avait du mal à les expliquer. En fait, il n'y en avait pas. Outre les opposants déclarés et les dénonciations souvent intéressées, les victimes étaient le plus souvent raflées au hasard, pour remplir des normes quantitatives d'élimination d'"ennemis du peuple". Gare à l'instance régionale ou locale du GPU puis NKVD qui ne remplissait pas les normes, et démerdez-vous.
La fin est un lavage de cerveau forcené du héros, qui en arrive à, on ne peut plus sincèrement, "aimer Big Brother", et à admettre aussi sincèrement que "deux plus deux égalent cinq". Autre incompréhension. Soljenitsyne a expliqué depuis qu'en général on se fichait pas mal de rééduquer les zeks, les internés du Goulag, qu'ils pouvaient même souvent s'exprimer bien plus librement et avec bien moins de craintes que quand ils étaient "libres". Il cite même quelque part le cas d'un pilote militaire qui, débarquant dans une cellule déjà pleine où on ne le connait pas, exprime son regret de pas avoir, lors d'un défilé au-dessus de la Place Rouge, mitraillé ou bombardé "notre père à tous" (de mémoire).
Mais je le trouve fascinant, ce lavage de cerveau. Il ressemble à une initiation. La phase décisive ressemble à un "insight", une prise de conscience, brutale et accablante en même temps que libératrice, qui conclut une psychanalyse réussie (j'y suis passé, du côté de chez Jung). Concrètement, le brave Winston prend conscience qu'il est en fait disposé à faire bouffer à sa place Julia, la femme qu'il aime, par des rats dont il a une peur pathologique. Désolé si j'ai gâché le suspens à qui ne l'aurait pas encore lu (ou pas encore eu son "insight" ?).
Dans le détail, quelques bizarreries. Le système métrique est rejeté quelque part. Difficile de faire plus fièrement british pour le héros principal, surtout en 1948, que Winston Smith. Que le méchant principal porte le patronyme on ne peut plus irlandais d'O'Brien, bon, enfin, passons...
Re: 1984 (George Orwell)
Merci d'avoir lancé ce sujet !
...à mon sens, en discuter, c'est non seulement discuter du livre initial et de son auteur, mais aussi des œuvres qu'il a fait naître...
Et là, je pense immédiatement à l'un de mes films de référence, "Brazil" de Terry Gilliam, dont le titre de travail était "1984 1/2"
...à mon sens, en discuter, c'est non seulement discuter du livre initial et de son auteur, mais aussi des œuvres qu'il a fait naître...
Et là, je pense immédiatement à l'un de mes films de référence, "Brazil" de Terry Gilliam, dont le titre de travail était "1984 1/2"
_________________
...S'il me manque l'amour, je suis un métal qui résonne, une cymbale retentissante (1 Cor XIII, 1)
>> Mon blog change d'adresse pour fuir la pub : https://blogrenblog.wordpress.com/ <<
Re: 1984 (George Orwell)
je penses que 1984 démontre bien l'extrémisme ''théo'' logique.
C'est à dire la dérive de la hiérarchisation excessive des relations humaines basées sur la domination des classes sociales dites ''supérieures'' sur celles dites ''inférieurs... et des outils et moyens de contrôle pour la maintenir.
C'est à dire la dérive de la hiérarchisation excessive des relations humaines basées sur la domination des classes sociales dites ''supérieures'' sur celles dites ''inférieurs... et des outils et moyens de contrôle pour la maintenir.
indian- Messages : 2844
Réputation : 1
Date d'inscription : 10/10/2014
Suleyman- Messages : 1441
Réputation : 1
Date d'inscription : 21/02/2019
Age : 45
Localisation : Paris
Re: 1984 (George Orwell)
Intéressant, mais je trouve que le fait de le parler, au lieu de simplement montrer le texte (on sait lire, enfin, on arrive même à écrire, ici ! ), fait par lui-même un peu propagande... Big Brother aussi veut qu'on entende, pas simplement qu'on lise...Suleyman a écrit:
Re: 1984 (George Orwell)
Spin a écrit:
Intéressant, mais je trouve que le fait de le parler, au lieu de simplement montrer le texte (on sait lire, enfin, on arrive même à écrire, ici ! ), fait par lui-même un peu propagande... Big Brother aussi veut qu'on entende, pas simplement qu'on lise...
Oui tu as raison, c'est aussi une forme de propagande et pourtant nous sommes bien obligé d'admettre une réalité de plus en plus totalitariste qui s'inscrit dans nos sociétés dites civilisés et technologiques, moins de liberté pour plus de securité et de confort.
Faut bien trouver un moyen de controler pour les politiques les dizaines voir les centaines de millions d'habitants dans nos sociétés.
La liberté est une utopie des démocraties modernes : parlons plutot de liberté surveillé.
Fut un temps, dans l'esprit des gens, Dieu controlait tout et force est de constater que des hommes veulent devenir des dieux en surveillant et en dirigeant tous nos faits et gestes : big brother, appareils de télé-communication, ocean du net, reseau sociaux, mise sur ecoute satellite, suveillance video, fichage informatique, document d'identité avec empreinte digital, examen medicaux, course à la consommation, etude sociologique sur les comportements, institut de sondage influençant nos choix,....
On peut en dire beaucoup, non ?
Respectueusement,
Suleyman
Suleyman- Messages : 1441
Réputation : 1
Date d'inscription : 21/02/2019
Age : 45
Localisation : Paris
Re: 1984 (George Orwell)
Ce sont, en gros, les dérives en attendant les horreurs du consumérisme mercantile forcené, vraiment pas ce que décrit le roman, où on vit plutôt dans l'austérité (moins quand même que dans l'URSS réelle du temps pour le peuple supposé roi). Mais, bon, on n'en finit pas de se rendre compte que les extrêmes opposés donnent les mêmes résultats, qu'on crève de froid comme de chaleur...Suleyman a écrit:Fut un temps, dans l'esprit des gens, Dieu controlait tout et force est de constater que des hommes veulent devenir des dieux en surveillant et en dirigeant tous nos faits et gestes : big brother, appareils de télé-communication, ocean du net, reseau sociaux, mise sur ecoute satellite, suveillance video, fichage informatique, document d'identité avec empreinte digital, examen medicaux, course à la consommation, etude sociologique sur les comportements, institut de sondage influençant nos choix,...
Big Brother a aussi lancé la "Ligue anti-sexe des juniors", et les "Cinq minutes de haine", quotidiennes.
De même,Suleyman a écrit:Respectueusement,
Suleyman
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum