Clarifications : les 3 grands courants bouddhiques actuels
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Clarifications : les 3 grands courants bouddhiques actuels
Article du journal Le Monde du 4/10/07
Bouddhisme : les trois grandes écoles
Bouddha a vécu quatre-vingts ans - dont quarante de prédication -, mais n'a jamais nommé de successeur. Cette absence d'autorité suprême et l'éparpillement des communautés ont donné leur marque au bouddhisme naissant. Son histoire est faite d'une longue série d'emprunts aux traditions locales - chamanisme ou tantrisme hindou -, de divisions et de schismes. Même si les frontières sont poreuses, le bouddhisme se répartit aujourd'hui en trois écoles principales, correspondant à trois zones d'implantation géographique en Asie.
L'ÉCOLE THERAVÂDA
C'est la "voie des Anciens", encore appelée l'"école du Sud", puisqu'elle est implantée dans le sud-est du continent : au Sri Lanka, en Birmanie (où elle s'impose au XIe siècle), au Cambodge, en Thaïlande, au Laos et au Vietnam pour partie seulement (à cause de l'influence chinoise).
Ecole la plus ancienne et la plus proche du bouddhisme primitif, le theravâda - dont les textes sacrés sont en langue pâli - propose un enseignement traditionnel pour avancer sur la "voie de l'Eveil", dont l'étape de perfection ultime (nirvana) se traduit par le dépouillement de tout lien de souffrance ou de désir. L'objectif est de se libérer du samsara, le "cycle des renaissances". Etre sauvé signifie être libéré d'un monde terrestre réduit à des réalités "phénoménales" ou "impermanentes".
Pour ne plus mourir, il ne faut plus renaître... D'où le développement d'une spiritualité, dans le theravâda, du "non-attachement", puissante chez les moines, qui s'interdisent toute activité mondaine. Ils ne travaillent pas, ne reçoivent aucun argent, ne se font pas à manger. Ils sortent chaque matin pour mendier leur nourriture et dépendent intégralement des laïcs. Ils pratiquent de manière radicale le Noble Octuple Chemin ("parole juste, acte juste", etc.) pour développer cette attitude mentale de "non-attachement".
L'ÉCOLE MAHAYANA
Elle est née en Inde au début de l'ère chrétienne. C'est le bouddhisme "du Nord" : celui de la Chine (dès le Ier siècle), du Japon (VIe siècle), de la Corée et d'une partie du Vietnam. Cette réforme de l'enseignement primitif est fondée sur la notion de bodhisattva ("l'être voué à l'Eveil"), c'est-à-dire celui qui renonce à son propre nirvana pour pratiquer au plus haut degré la vertu de don et conduire à la délivrance de tous les êtres. Le bodhisattva accepte de rester dans le "cycle des existences", donc dans le monde de la souffrance, pour vivre une dimension de compassion totale.
L'école mahayana se fait appeler "Grand Véhicule", par opposition à l'école theravâda, qu'elle qualifie d'une notion péjorative : le "Petit Véhicule", soupçonné de ne chercher que le salut individuel. Entre les deux écoles, la dimension intérieure change, mais la vie monastique est presque identique. Dans la tradition mahayana, la figure du moine est moins idéalisée que dans la première. En Chine et au Japon par exemple, des moines se font à manger, ce qui est une hérésie pour un moine theravâda, birman ou sri-lankais. Dans tous les cas, les moines ne font pas de voeux perpétuels (puisque le monde est "impermanent"). Ils entrent et sortent du monastère, lieu de l'initiation de la plupart des jeunes.
L'ÉCOLE VAJRAYANA
Elle est aussi appelée "Véhicule du diamant", ou "Véhicule des formules" (mantrayana), ou "bouddhisme tantrique" (tantrayana, inspiré des tantras hindous, mot qui signifie "ouvrages explicatifs").
Il s'agit ici du bouddhisme tibétain, très minoritaire dans le bouddhisme mondial, mais le plus connu et pratiqué en Occident. L'école du "diamant" (le diamant est le symbole de la force qui détruit les illusions) est née également dans le nord de l'Inde et s'est développée, entre les IIIe et Ve siècles, au Tibet, en Mongolie et au Bhoutan.
Elle emprunte aux deux précédentes écoles, pénétrant même le "Grand Véhicule" de Chine et du Japon. Le zen japonais (chan en chinois), également connu et pratiqué aux Etats-Unis et en Europe, incorpore, par exemple, des éléments tantriques, ces techniques d'invocation de divinités et de récitation de formules rituelles, capables de provoquer une "transmutation" intérieure. Le but est d'acquérir l'état d'éveil dès cette vie, et non sur un parcours étendu à de nombreuses existences. Le maître spirituel (guru) y tient une place essentielle.
Ce bouddhisme a inspiré au Tibet un système théocratique fondé, depuis le milieu du XVIIe siècle, sur le pouvoir des lamas ("maîtres"). Le dalaï-lama est le maître dont la sagesse est aussi vaste que l'océan (dalaï). L'actuel dalaï-lama, Tenzin Gyatso, a dû quitter son pays occupé par les Chinois en 1959.
Il s'agit ici du bouddhisme tibétain, très minoritaire dans le bouddhisme mondial, mais le plus connu et pratiqué en Occident. L'école du "diamant" (le diamant est le symbole de la force qui détruit les illusions) est née également dans le nord de l'Inde et s'est développée, entre les IIIe et Ve siècles, au Tibet, en Mongolie et au Bhoutan.
Elle emprunte aux deux précédentes écoles, pénétrant même le "Grand Véhicule" de Chine et du Japon. Le zen japonais (chan en chinois), également connu et pratiqué aux Etats-Unis et en Europe, incorpore, par exemple, des éléments tantriques, ces techniques d'invocation de divinités et de récitation de formules rituelles, capables de provoquer une "transmutation" intérieure. Le but est d'acquérir l'état d'éveil dès cette vie, et non sur un parcours étendu à de nombreuses existences. Le maître spirituel (guru) y tient une place essentielle.
Ce bouddhisme a inspiré au Tibet un système théocratique fondé, depuis le milieu du XVIIe siècle, sur le pouvoir des lamas ("maîtres"). Le dalaï-lama est le maître dont la sagesse est aussi vaste que l'océan (dalaï). L'actuel dalaï-lama, Tenzin Gyatso, a dû quitter son pays occupé par les Chinois en 1959.
Chiffres
Dans le monde. Il y a 400 millions de bouddhistes. Ils représentent plus de 50 % de la population au Japon, au Laos, au Cambodge, en Thaïlande, en Birmanie, au Sri Lanka, au Vietnam. En Birmanie, la population (48 millions) est très majoritairement bouddhiste et compte entre 300 000 et 500 000 moines.
En Occident. Depuis les années 1970, l'intérêt pour le bouddhisme a beaucoup augmenté aux Etats-Unis, en Allemagne et en Grande-Bretagne. Les formes les plus pratiquées sont le zen puis le bouddhisme tibétain. L'implantation des écoles bouddhiques suit les vagues d'émigration d'origine vietnamienne, chinoise, laotienne, cambodgienne, birmane.
En France. Le pays compte quelque 300 centres bouddhiques. On estime entre 20 000 et 30 000 le nombre de Français d'origine non asiatique devenus des pratiquants réguliers. S'y ajoutent les centaines de milliers de fidèles des diasporas asiatiques en France.
En Occident. Depuis les années 1970, l'intérêt pour le bouddhisme a beaucoup augmenté aux Etats-Unis, en Allemagne et en Grande-Bretagne. Les formes les plus pratiquées sont le zen puis le bouddhisme tibétain. L'implantation des écoles bouddhiques suit les vagues d'émigration d'origine vietnamienne, chinoise, laotienne, cambodgienne, birmane.
En France. Le pays compte quelque 300 centres bouddhiques. On estime entre 20 000 et 30 000 le nombre de Français d'origine non asiatique devenus des pratiquants réguliers. S'y ajoutent les centaines de milliers de fidèles des diasporas asiatiques en France.
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