Comment les réfugiés vivent leur foi en France (le monde des religions)
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Comment les réfugiés vivent leur foi en France (le monde des religions)
Comment les réfugiés vivent leur foi en France
Après avoir fui les bombes syriennes ou l’oppression en Afghanistan, les musulmans qui trouvent refuge en France doivent en outre se familiariser avec le principe de laïcité. Trois Afghans et une Syrienne témoignent de cette nouvelle façon de vivre leur foi.
Après avoir fui les bombes syriennes ou l’oppression en Afghanistan, les musulmans qui trouvent refuge en France doivent en outre se familiariser avec le principe de laïcité. Trois Afghans et une Syrienne témoignent de cette nouvelle façon de vivre leur foi.
- Spoiler:
- Hamid, Jihane, Mohmed et Nawid* ont fui la Syrie et l'Afghanistan afin de commencer une nouvelle vie en France loin des guerres et de l’oppression. Après une vie sous le joug de la loi islamique, ces réfugiés ont dû appréhender un nouveau cadre juridique : la laïcité. Outre le choc culturel, ces trois hommes et cette femme ont découvert un pays où la religion ne fait pas la loi et où leur pratique ne ponctue plus leur quotidien. Ils sont invités à vivre dans une « République indivisible, laïque » qui « assure l'égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d'origine, de race ou de religion, [respectant] toutes les croyances » et à quitter la République islamique d'Afghanistan, où le préambule de la Constitution précise : « Nous, le peuple de l'Afghanistan : croyant fermement en Dieu Tout-Puissant, en s'appuyant sur sa volonté divine et adhérant à la religion sainte de l'Islam. » Un grand écart non dénué de sens et de conséquences pour leur présent et leur avenir.
Hamid, Mohmed et Nawid ont quitté l'Afghanistan en 2016. Malgré leur appartenance à des ethnies différentes – Mohmed et Nawid sont pachtouns –, ils ont tous les trois grandi dans un pays islamique. En islam, la sharia désigne la voie à suivre par les musulmans. Leur quotidien était rythmé par la religion. Le vendredi, par exemple, est férié en Afghanistan et dans beaucoup d'autres pays régis par cette loi. Après l'école coranique, Hamid et Mohmed sont entrés à l'université. En plus de leurs cours d'économie et de sciences, des cours de religion étaient obligatoires. Exclusivement de religion musulmane, les autres croyances étant omises.
Hormis le symbole de la croix, Nawid et Mohmed ne connaissaient ni le christianisme ni le judaïsme, qu’ils ont découverts une fois arrivés en France. Hamid, lui, en a pris connaissance sur Internet : « En Afghanistan, on parle très peu des autres religions. J'ai appris leur existence grâce à mes recherches et à mes lectures. Je passais mon temps à critiquer ce manque d'ouverture. Quand j'allais à la mosquée, j'embêtais mes professeurs en leur demandant pourquoi ils en connaissaient autant sur l'islam et si peu sur les autres religions. Les savants islamiques doivent connaître autre chose que l'islam. »
L’intox des médias afghans
Hamid a manifesté durant plusieurs semaines, à l'université, pour encourager une ouverture d'esprit, ce qui l'a finalement obligé à quitter le pays. Pour lui, si la sharia n'est pas une solution, le vrai danger proviendrait des hommes : « Ceux qui veulent devenir imams partent un à deux ans à la frontière du Pakistan et ne font qu'apprendre le Coran. Ils deviennent imams alors qu'ils n'ont aucune connaissance, aucune formation légitime. Les mêmes publient ensuite des vidéos sur Internet expliquant qu'apprendre des langues étrangères ou voyager fait de toi un mauvais musulman. Le problème est identique en Europe avec les imams dits prédicateurs. Malgré la laïcité, le gouvernement français devrait s'entretenir avec les représentants religieux et créer un vrai programme de formation. »
La France s'est alors révélée comme un autre monde, où la religion devient une affaire personnelle et non plus étatique. Malgré leur faible appétence pour le religieux, ces Afghans avaient une idée préconçue de l'Europe : « Dans un pays islamique, on nous apprend très rapidement que l'islam n'a pas sa place en Europe. Du moins, les médias nous le font croire. Ils nous montrent des images de personnes habillées différemment, de manière parfois choquante. Je me suis rendu compte que c'était bien la réalité, mais aussi que les musulmans ont leur place et peuvent vivre librement », explique Hamid. Nawid et Mohmed, eux, ont appris l'existence du terme « laïcité » à leur arrivée en France.
Nawid, jeune Pachtoun de 15 ans, est arrivé seul et s'est trouvé confronté brutalement à cette réalité : « Les premiers jours ont été très difficiles. J'observais et je me rendais compte que personne ne pratiquait publiquement et que les gens travaillaient le vendredi. J'ai donc demandé à Allah de me protéger et j'ai décidé de ne dire à personne que j'étais musulman. J'avais peur de la réaction des gens, car je ne savais pas quelle place avait l'islam en France. »
Jihane, Syrienne arrivée en 2016, a, pour sa part, été bouleversée par cette liberté de pratique : «Peu importe ta religion, personne n'interfère dans ta croyance. Que tu portes le voile ou non, que tu fasses le Ramadan ou pas, ça n'intéresse personne. Tu es libre de tes choix. En Syrie, les gens commentaient chacun de tes actes, ça m'épuisait».
Des couples fragilisés
Selon le père Antoine Paumard, directeur du Service jésuite des réfugiés France, les couples rencontrent parfois des difficultés supplémentaires : « L'exil peut être un facteur important dans leur relation. La pratique de la religion change beaucoup lorsqu'ils arrivent en France. Parfois, l'un des deux perd la foi tandis que l'autre la conserve. De nouvelles craintes apparaissent. Un mari peut demander à sa femme de porter le voile alors qu'elle ne le faisait pas dans son pays. »
Le principe de laïcité peut également, selon Hamid, bloquer certaines personnes. Parmi ses amis, des pères de famille ont décidé de retourner en Afghanistan. Conscients de la réalité française, ils ont préféré élever leurs enfants dans un pays islamique, plus conforme à leur mentalité : « J'en connais deux ou trois qui sont partis parce qu'ils ne pouvaient vivre leur foi comme ils le voulaient. Ils ont été clairs : s’ils avaient été célibataires, ils seraient restés. Mais comme ils sont mariés, ils veulent rentrer. Par exemple, ils ne souhaitent pas que leurs filles soient mélangées aux garçons. S'ils les ramenaient en France, ils perdraient le contrôle sur elles. »
En outre, les réfugiés prennent conscience des problèmes qu'ils peuvent rencontrer en tant que musulmans en France et en Europe. Hamid, Mohmed ou Nawid expliquent qu’ils doivent se justifier en permanence quant à leur statut. Les trois hommes sont catégoriques : les terroristes ne représentent nullement l'islam. Selon Hamid, encore une fois, tout est une question d'éducation : « Il faut expliquer clairement que Daesh et les musulmans n'ont aucun lien. Quand les terroristes disent se battre pour l'islam, il ne faut pas les laisser faire. Lorsqu'ils tuent en Afghanistan, en France ou ailleurs, ils ne font pas de distinction entre musulmans ou chrétiens. »
Après plusieurs années dans l’Hexagone, Jihane reste néanmoins hantée par de nombreuses scènes d'exécutions ou de tortures en Syrie. Selon elle, il n'est pas question de religion mais d'instrumentalisation à des fins politiques. Elle regrette ces amalgames qui accentuent un peu plus le traumatisme des réfugiés.
Le père Antoine Paumard a également vécu plusieurs années en Afghanistan. Conscient de la situation, il tient un discours catégorique : « Les musulmans de ces pays en guerre ont été les premières victimes des persécutions par d'autres musulmans. J'ai vécu à Kaboul du temps des Talibans, j'ai une idée assez précise de ce qu'ont vécu les Afghans que l'on rencontre en Europe. Les musulmans provenant de l'Afrique sub-saharienne sont également traumatisés par leur passage en Libye. La grande majorité n’a pas du tout envie de vivre dans un espace public tenu par la sharia. »
Le rôle des associations
À leur arrivée en France, Mohmed et Nawid ont reçu l'aide de plusieurs associations. En plus du secours matériel, celles-ci organisent des rencontres avec d'autres réfugiés grâce auxquels ils ont obtenu l'adresse d'une mosquée fréquentée par la communauté afghane. Depuis, Mohmed se rend à la mosquée presque quotidiennement : « En Afghanistan, l'appel à la prière coupait court à toute occupation. Je ne sens pas trop la différence ici, hormis le fait que je ne peux aller à la mosquée le vendredi car je travaille. Mais je m'arrange pour décaler mes prières. Je vis mieux sans la sharia , je me sens plus indépendant, plus libre, même dans ma foi. »
Mohmed et Nawid ont également dû renoncer à porter leur tenue traditionnelle. « En arrivant en France, j'avais l'habitude de porter des tenues traditionnelles. Mais après m’être fait arrêter plusieurs fois, j'ai décidé de ne la porter que pour aller à la mosquée. Ça me manque un peu car pour moi, cela fait partie de mon identité, de ma religion. »
Jihane n'a jamais été très pratiquante, même lorsqu'elle vivait en Syrie. Elle estime que la religion doit être personnelle et que la sharia ne fait qu'embrigader dans de fausses réalités. Durant plusieurs minutes, cette professeure d'anglais cherche un mot qu'elle estime comme le fondement
indian- Messages : 2844
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Date d'inscription : 10/10/2014
Re: Comment les réfugiés vivent leur foi en France (le monde des religions)
Ils sont invités à vivre dans une « République indivisible, laïque » qui « assure l'égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d'origine, de race ou de religion, [respectant] toutes les croyances » et à quitter la République islamique d'Afghanistan, où le préambule de la Constitution précise : « Nous, le peuple de l'Afghanistan : croyant fermement en Dieu Tout-Puissant, en s'appuyant sur sa volonté divine et adhérant à la religion sainte de l'Islam. » Un grand écart non dénué de sens et de conséquences pour leur présent et leur avenir
Ici au Canada, pays aussi laïc, le préambule de notre Charia canadienne des droit et libertés se lit comme suit :
http://laws-lois.justice.gc.ca/fra/Const/page-15.html
CHARTE CANADIENNE DES DROITS ET LIBERTÉS
Attendu que le Canada est fondé sur des principes qui reconnaissent la suprématie de Dieu et la primauté du droit :
indian- Messages : 2844
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Date d'inscription : 10/10/2014
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